Jon s'accordait quelques moments en compagnie de son épouse, il tenait à la surveiller personnellement quand il n'avait que peu de chose à faire pour pouvoir s'assurer qu'elle ne manquait de rien. Il n'était pas certain que son épouse voyait les choses ainsi, peut-être estimait-elle au contraire qu'il était pesant pour elle d'être ainsi surveillé ou que son époux manquait cruellement de conversation. Ce n'était nullement contre son épouse, mais il venait tout juste de revenir de Fort-Darion et entre la fatigue physique qui semblait l'avoir fait vieillir un peu plus et sa gestion de Winterfell en tant que souverain à présent, il était toujours aussi préoccupé à chaque heure du jour et de la nuit. Pour le moment, il pouvait se féliciter de réussir à faire des nuits complètes, sans que son esprit ne vienne à le perturber et alors à le réveiller en plein dans son sommeil à plusieurs intervalles. Il ne savait combien de temps cela ne pourrait durer, mais il continuait à en profiter autant qu'il le pouvait. Alors il venait, il venait jusqu'à la chambre conjugale, là où il avait installé un petit bureau pour pouvoir poursuivre son travail, répondant à son épouse quand elle le sollicitait ou alors il lisait notamment les corbeaux qu'il recevait des familles du Nord ou alors de Westeros.

Bien qu'il était à présent loin de Fort-Darion, il se devait de prendre des nouvelles de ce qui se passait au cœur même de l'Empire, les informations notamment que son grand-père, Aymond Karstark, ou que la sœur de Bowen, Alysanne Manderly, venaient à lui transmettre, tous deux étant les ambassadeurs du Nord au cœur du Collège Impérial. Il se faisait donc discret, au fond de la pièce, comme il savait si bien le faire quand il voulait qu'on vienne à oublier sa présence. Être là sans s'imposer, mais ainsi pouvoir observer à loisir. Observer était souvent la clé, et s'il avait bien compris une chose, c'est que tout semblait se compliquer avec son épouse dès qu'il venait à ouvrir la bouche, ce qui ne pouvait empêcher Jon de grimacer à cette simple idée, et puis tout cela n'était bon pour personne, pour leur couple ni pour leur enfant à venir. Il se demandait sincèrement si la naissance de leur enfant pourrait apaiser les choses une bonne fois pour toute.  Cependant, alors que le Mestre faisait son entrée dans la chambre conjugale, Jon préféra quitter les lieux et aller dans son bureau où il serait bien plus simple de travailler sans que sa présence ne pèse sur son épouse. Il venait à peine de s'installer dans les lieux qu'on lui signala alors la venue de Lyam Mormont. Il avait un instant oublié que les deux hommes avaient rendez-vous, il fit signe qu'il acceptait et attendit donc qu'on fasse entrer l'homme dans la pièce. Il le regarda entrer et il fit un signe de la tête dans sa direction. « Lord Mormont. C'est un plaisir de vous voir. Vous avez demandé à me voir, que puis-je faire pour vous ? »

Être de nouveau à Winterfell provoquait chez le Jeune Loup, différentes émotions et rappelaient à son esprit divers souvenirs. La forteresse du Nord n'avait pas réellement changé quand on regardait simplement l'aspect extérieur, les murs étaient toujours debout, les pièces n'avaient pas été modifié, ou si peu qu'il connaissait encore chaque recoin du château de ses ancêtres. Mais dans le fond, plus rien n'était identique. Walton était devenu un jeune homme même du haut de ses treize ans, c'était l'impression qu'il renvoyait à son aîné. Jeyne n'était plus là, ses appartements avaient été complètement vidés, et sans doute que ce serait là que l'héritier du trône viendrait à être installé. Son père, Torrhen, était à présent à des semaines de voyage et s'il avait toujours son implication dans les affaires du Nord car il était l'empereur, Jon de son côté avait le désir de prendre sa place en temps que roi et plus seulement comme général militaire leurs des batailles du Conflans. Il fallait juste qu'il prenne ses marques à Winterfell, dans le Nord et auprès de son peuple qu'il chérissait déjà quand il n'était encore que prince. L'arrivée prochaine d'un héritier à la maison Stark serait une preuve forte pour son épouse et pour lui. Et c'était cette pensée qui l'avait accompagné quand il avait quitté les appartements royaux pour pouvoir rejoindre son bureau attenant à sa chambre princière qu'il avait décidé de garder à sa disposition pour diverses raisons. La gestion du royaume du Nord l'attendait et il ne pouvait rester éternellement auprès de la reine, s'il ne voulait pas l'indisposer dans les derniers semaines de cette grossesse, qui était déjà bien assez compliquée depuis l'annonce de l'arrivée futur d'un nouveau loup dans la meute.

Il venait de pénétrer dans son bureau, quand on vint alors à le prévenir de l'arrivée de Lord Mormont. Ami de son père, fier combattant du Nord, il avait récemment tout perdu à cause d'une nouvelle attaque des Fer-Nés contre sa terre, l'île aux Ours. Jon avait mis en place de nombreuses actions pour pouvoir reconstruire l'île mais il ne pourrait en aucun cas ramener les vies humaines disparues à la vie. Il faudrait de ce fait, qu'il puisse faire son deuil et peut-être une fois que les plaies seront pansées, il pourrait reconstruire sa maisonnée et sa lignée. Il autorisa alors qu'on le laisse entrer dans le bureau, et Jon le salua alors, se demandant pourquoi l'homme avait fait la demande d'un rendez-vous auprès de son roi. Jon lui indiqua un siège où il pouvait s'asseoir, et il prit place de l'autre côté de son bureau. Jon inclina doucement la tête en sa direction. « Je ne pouvais laisser l'île aux Ours dans l'état dans lequel les Fer-Nés l'ont laissé. Nous n'avons malheureusement rien pu faire pour pouvoir venir en aide aux vôtres. La météo était bien trop impétueuse pour laisser la possibilité aux nôtres de prendre la mer. Il faudra du temps pour que l'île soigne ses blessures. » Jon espérait que Lord Mormont prendrait également conscience que la couronne ne pouvait assumer seule cette charge et qu'il restait le seigneur de ses terres et qu'il faudrait qu'il participe également à l'effort de reconstruction. Les Fer-Nés avaient fait plusieurs incursions dans le Nord alors que la plupart des hommes du royaume étaient partis au combat dans le Conflans. De nombreuses personnes auraient besoin de lui et de ressources. Jon croisa les bras, tout en observant Lord Mormont. « Nous sommes à Winterfell depuis moins d'une semaine que vous me demandez déjà ce qu'il va se passer pour notre prochaine campagne dans le Conflans ? L'hiver est encore bel et bien là, le printemps n'est pas encore annoncé. Rien n'est encore prévu. Nous venons de passer deux mois à regagner Winterfell dans la neige et dans le froid, ne voulez-vous pas rentrer chez vous avant de repartir ? »

Lord Mormont s'était rapidement présenté à l'entrée de ses appartements pour pouvoir rejoindre son bureau. Ils avaient passé de long moment, bien loin de Winterfell et bien loin du Nord, à combattre ensemble toujours plus au Sud de Westeros. Laissant d'une certaine façon, le Nord et les leurs dans une défense toute relative. Si Winterfell avait été tenue, la forteresse se tenant au cœur même du royaume, il en était tout autre de l'île aux Ours, pour laquelle les Stark avaient toujours eu un certain attachement. Sans doute que Nelya Mormont, devenue depuis Nelya Corbois et enfin Nelya Omble, n'était sans doute pas indifférente à cette attachement. Les rumeurs pouvaient être choses tenaces. Oui dans le cas de l'île aux Ours, elle se trouvait pile dans la trajectoire que les Fer-Nés semblaient vénérés pour venir piller les côtes du Nord et tout ravager sur leur passage. Pour autant, sans doute que si la tempête n'avait pas été si violente, si le blizzard n'avait pas empêché les milices du Nord de monter sur un bateau pour pouvoir leur venir en aide, une partie peut être de la famille de Lord Mormont aurait eu la possibilité de s'en sortir. Malheureusement, il était totalement impossible de refaire l'histoire, de revenir en arrière et quand les éléments se déchaînaient ils étaient difficiles de pouvoir les contrecarrer. Même s'il avait eu un des dragons de sa belle-mère à sa disposition, il n'aurait pu rien faire d'autre que de constater les dégâts que les Fer-Nés avaient causé sur les terres. Par de trop nombreuses fois, ces maudits marins étaient venus attaquer son peuple, ses terres et provoquer toutes les souffrances qui allaient de pair avec leurs actions. Il s'était juré qu'un jour il viendrait à les faire tous brûler un à un et leur rendre au centuple toutes les peines causées au Nord.

« Renvoyer les Fer-Nés dans leurs îles. Voilà un châtiment que j'estime bien trop doux à leur égard. Le Nord se souvient, et j'espère que quand nous aurons réglé toutes les questions du Conflans, les Fer-Nés acculés sur leur île paieront par le fer et par le sang de leurs agissements contre mon royaume et mon peuple. Je n'accepterai pas un autre compromis que celui-là. » Pour autant, l'homme ne semblait pas vouloir passer beaucoup de temps sur son île à reconstruire ce qu'il avait perdu, même s'il ne pourrait pas faire revenir les siens d'entre les morts. Jon haussa tout simplement les épaules. La réponse, il ne l'avait pas. Ils venaient de faire deux longs mois de traverser de la moitié de Westeros, partant de Fort-Darion pour rejoindre Winterfell. Il ne se voyait en aucun cas repartir immédiatement. De plus, avait-il conscience que l'hiver était toujours là et qu'il ne semblait pas prêt à dire son dernier mot ? Le vent glacial sifflait contre les fenêtres et certains couloirs de la forteresse étaient complètement gelés quand on venait à les traverser. « Et bien essayez de poser la question aux Anciens Dieux, peut-être qu'ils vous répondront. Mais nous ne pouvons pas dire quand les choses changeront et quand le printemps fera son retour. Je n'en sais rien pour vous dire. Cela n'est en aucun cas de mon ressort. Si je le savais je vous le dirai, mais cela serait un affront certain pour les vôtres comme pour moi que vous préféreriez rester à Winterfell plutôt que de tenter de rentrer chez vous. Dès que j'aurai l'information de la part de l'Empereur, mon père, je ne manquerai pas de vous la transmettre aussi rapidement que possible. »

La guerre reviendrait bien assez vite. Bien sûr les populations qui se trouvaient dans le Nord étaient protégées par le fait que le front était bien loin des frontières du royaume. Mais le Nord avait toujours connu des attaques venues d'ailleurs. Les sauvageons n'avaient pas assez des terres au-delà du Mur pour ne pas venir de temps en temps faire des incursions, et de perpétrer tous les crimes qu'ils pouvaient sur sa terre. Puis par la mer, venaient alors les raides des fer-nés, qui n'avaient de cesse de venir et revenir pour piller les côtes. Malgré la guerre, il y avait des hommes qui patrouillait sur la côte. Lord Glover avait fait le nécessaire pour qu'une milice s'occupe de protéger l'endroit après une nouvelle attaque de leur part. Cependant, pour l'île aux ours, ils n'avaient rien pu faire. Les Fer-Nés s'étaient repliés sur l'île, et alors ils étaient restés bloquer dessus alors que les Nordiens ne pouvaient pas prendre la mer pour venir défendre les leurs. La guerre reprendrait un jour. Seul l'hiver maintenait une certaine stabilité au cœur de Westeros, mais quand le printemps allait faire son retour, il faudrait alors reprendre la route et le Nord, le Nord devrait encore mobiliser des hommes, des pères, des fils, des frères, qui allaient verser leur sang pour leur royaume ou pour l'Empire. Battre les fer-nés était l'étape d'après, les réduire à néant était son objectif, pouvoir voir les Îles de Fer seraient sans doute un grand contentement pour le jeune roi.  Il sourit doucement à l'attention du Lord face à lui. « Voilà qui me ravit de l'entendre, Lord Mormont. J'espère que nous y arriverons, que les Hoare comme les Fer-nés auront disparus de Westeros et que nous pourrons enfin profiter sans inquiétude de nos terres. »

Mais Jon savait que les choses seraient sans doute plus douloureuses pour le Mormont. Après tout, il avait perdu sa femme dans le drame de l'île aux Ours. Jon ne savait pas quel genre de relation il entretenait avec son épouse, de plus cela ne le regardait aucunement, mais dans tous les cas, à moins de détester profondément cette personne, on venait rarement à espérer sa mort. « J'espère qu'il ne sera pas trop dur pour vous de vous rendre là-bas. Je prierai les Anciens Dieux pour le salut de l'âme de vos proches. Si vous avez besoin d'aide pour pouvoir organiser votre voyage jusqu'à l'île aux Ours n'hésitez pas. » Il inclina doucement la tête. « Si vous n'avez pas d'autre question, ou envie de parler d'autre chose je ne vous retiens pas alors cher Lord. »