A Ride With The Storm Troopers [Tour VII - Terminé]
Sujet: A Ride With The Storm Troopers [Tour VII - Terminé] Dim 28 Avr - 20:58
A Ride with the Storm Troopers
Dovan & Argella
La poignée d'hommes de l'Orage s'était rassemblée à l'aube dans la cour du fortin afin de prendre la route pour Accalmie. Comme à son habitude la Reine était arrivée pile à l'heure et avait marché à grand pas jusqu'à sa jument isabelle pour l'enfourcher et sonner le départ. Elle était vêtue d'une armure de cuir noire aux entrelacs dorés fendue sur une ample robe de velours sombre aux galons de fil d'or, une tresse reposait sur sa lourde cape en fourrure d'ours noir. Le petit groupe traversa Fort Darion au petit trot, l’écuyer de la Reine portant fièrement sa lance dont la flamberge au cerf couronné dansait dans le vent glacé de l'hiver. La brune rabattu la large capuche de sa robe sur sa tête, et, en sortant de la cité, fit signe aux éclaireurs de partir en avant sans un mot. Ils connaissaient le plan de voyage et leur mission et elle connaissait ses hommes.
Lord Penrose avait pris place à côté de Dovan Caron juste derrière la Durrandon entre les deux rangées de chevaliers de la garde personnelle de l'Impétueuse et de leurs écuyers. La route était large à cet endroit et ils purent piquer un petit galop pour réchauffer montures et cavaliers jusqu'au retour des premiers éclaireurs qui firent leur rapport lors d'une courte pause. Les voyageurs en profitèrent pour faire boire les chevaux et certains se dégourdirent les jambes en mettant pied à terre, faisant passer une outre de vin aux épices encore tiède. Argella discutait à part avec son capitaine et les éclaireurs. Deux hommes restaient aux aguets de part et d'autre de la troupe. Puis, les éclaireur repartirent et le temps que tout le monde se remette en selle, les cavaliers de la tempête reprenaient la route au petit trot.
__ Sire Caron, comment c'est passé votre séjour à Fort-Darion ? Demanda Lord Penrose lorsque l'allure leur permit de discuter un peu.
Morne était le ciel, morne fut la journée, sauf lorsqu'un des chevaliers entonnait une chanson paillarde immédiatement reprise en cœur par la troupe. À peu près toutes y passèrent, d'Alysanne au Souper de Madame. Les soldats s'amusèrent à changer quelques paroles de la très fameuse Épouse du Dornien pour faire allusion à leur Reine entre éloge et grivoiserie ce qui la fit beaucoup rire. Lances de Fer fut chanté à tue tête même par Argella qui profita du refrain final pour partir au grand galop pour la deuxième et dernière fois de la journée sur sa gracieuse jument. Dame Hélion était plus endurante que les lourds Destriers qui l'entouraient, mais aussi beaucoup plus petite, ce qui faisait passer la Reine presque inaperçue au milieu des fiers chevaliers. Le fin coursier de Dorne aurait pu galoper ainsi encore longtemps, mais apercevant un peu plus loin, une petite colline en contre haut de la route, le capitaine leva la main pour faire repasser la troupe au pas. Un des éclaireurs confirma qu'il s'agissait du lieu préalablement repéré afin d'établir le campement pour la nuit. Le soleil hivernal déclinait dangereusement et ils avaient bien avancé, ils laissèrent donc marcher les chevaux quelques minutes avant de s'arrêter près d'un ruisseau pour faire boire les chevaux et prendre de l'eau. Arrivés en haut de la butte ils mirent pied à terre et tandis que les écuyers s'affairaient avec les chevaux, les chevaliers s'organisaient pour la défense du camp et les tours de garde. Un grand feu fut allumé au milieu de la tente qui enfuma quelque peu l'endroit, piquant les yeux et le nez pendant quelques temps jusqu'à ce que la fumée s'échappe par les quelques orifices laissés ouverts à dessein. On ferma ensuite le tout pour garder la chaleur et limiter la visibilité due au feu qui serait éteint dès que la température intérieure deviendrait acceptable. La Reine s'assit sur une grosse bûche et partagea un frugal et rapide repas froid avec ses hommes qui discutaient tranquillement et s'adressaient à la brune aux yeux azurs en faisant fi de l'étiquette. Lord Penrose, pourtant habitué à ces familiarités, fronçait les sourcils. Mais il existait une sorte d'accord tacite entre la Reine Guerrière et les hommes de sa garde rapprochée. S'ils se comportaient avec toute la déférence due au rang de leur maîtresse en public afin de préserver les apparences, les civilités n'avaient plus lieu d'être lorsqu'il n'y avait d'autres témoins que ses plus proches amis. Elle n'avait que peu de goût pour les convenances, même si elle était consciente de leur utilité et que, par son éducation elle se refusait à les abandonner elle même en public. Ce voyage serait donc une occasion rafraîchissante de n'être presque qu'un soldat parmi les autres et, vue la guerre à venir, cela lui ferait le plus grand bien. D'ailleurs, pour voyager léger, les chevaux ne portaient à eux tous qu'une seule tente et la "chambre" de la Reine n'était séparée du reste que par un rideau.
À part les quatre hommes qui montaient la garde, personne ne s'attarda dans la nuit glaciale. Mais tandis que les conversations allaient bon train, que le pain et le fromage terminés, les outres de vin circulaient, la Durrandon se leva. Elle posa une main sur l'épaule de Dovan et lui glissa à l'oreille :
__ Venez Sire.
Un des chevaliers se leva prestement pour protéger sa Reine où qu'elle aille, mais tout en remettant sa cape elle lui fit signe de se rasseoir et indiqua avec calme.
__ Je suis armée et il y a quatre hommes dehors, je devrais pouvoir me passer d'escorte. __ Mais… __ C'est un ordre.
L'homme se rassit, sachant parfaitement qu'il était inutile d'argumenter avec une telle tête de mule. Argella se dirigea vers la porte en s'adressant au Seigneur de Séréna.
__ Lord Penrose m'a dit que vous souhaitiez vous entretenir avec moi. Allons faire quelques pas dehors.
Sujet: Re: A Ride With The Storm Troopers [Tour VII - Terminé] Mer 1 Mai - 17:34
Dovan Caron a écrit:
A Ride with the Storm Troopers
Dovan & Argella
Dovan attendait ce jour depuis la tombée de la nouvelle. Le Tigre venu d'Essos avait choisi les Terres de l'Orage pour déchaîner sa fureur à présent légendaire. Pour le Lord de Séréna, c'était un affront impardonnable, mais inévitable. Tôt ou tard cette armée allait s'abattre sur Westeros, et agir. Il était dissimulé au milieu des soldats, aussi invisible qu'il l'aurait souhaité. On lui avait offert l'immense honneur de marcher avec la même troupe que sa reine, qu'il avait, depuis tout petit comme sacralisé. Dans la famille Caron, l'honneur était omniprésente, et son père en était le représentant ultime. Dovan était cependant le moins honorable des adultes de sa famille, mais il n'avait pas à rougir face à n'importe quel soldat. Bien qu'il haïssait son père, ce principe lui était inculqué profondément, coulait dans ses veines, le mot résonnait dans sa tête. Et de cet honneur, il en était extrêmement fier, mais il restait cependant très modeste. Il était entouré d'assez simples soldats, mais ils avaient tous l'habitude d'être aux côtés de la Reine, et rien que pour cela, Dovan se sentait affreusement moins important qu'eux, au point d'en être intimidé.
La Reine arriva au moment décidé, aucun retard, aucun manque de respect... C'est comme cela qu'il se l'était figuré. Il l'avait déjà vu, ils s'étaient déjà parlé, mais à chaque fois très brièvement. Dovan était le fils d'Hobert, et le petit frère d'Howard et de Ronel. Il n'était jusque là pour ainsi dire anecdotique. Mais les batailles et les contextes l'ont mené là, seul, et avec le titre provisoire de Lord de Séréna, dirigeant toute la partie Sud des marches de Dorne. Séréna est un point stratégique des plus important. La ville est légèrement située en hauteur, protégée des soldats dorniens par le récif montagneux, et surveillant à l'Ouest le Bief. Mais ce dernier avait honteusement conquis la place, profitant des tristes aléas qu'elle avait subit, et certainement de la mort de feu Lord son père.
Le moment était venu de partir. Il ne laissait derrière lui qu'une lettre pour son ami Bowen, qu'il avait confié à un ami archer qui était sommé de rester à Fort-Darion. Il enfourcha un cheval gigantesque, autant que celui de Lord Penrose, mais qui était aussi stupide et empoté que son actuel propriétaire. Hormis sa taille, il passa relativement inaperçu, sa robe était marron clair parsemé de taches blanches, comme bon nombre de chevaux de la troupe. On lui avait dit de se placer aux côté du Lord Penrose, et de suivre directement sa reine. Après en avoir rougi d'orgueil, il exécuta les ordres et se plaça. Il se sentait en sécurité, avec d'une part et d'autre un groupe de soldats armés et semble-t-il, doués.
La route commençait rapidement à se faire pénible. Le temps était digne de la fin de l'automne, si triste qu'il aurait presque préféré un peu de neige pour égayer la route. Cela n'aurait pas été un problème, de toute façon, une bonne partie du sol était gelée, si bien que les chevaux semblaient se concentrer pour ne pas glisser. Dovan s'ennuyait à de nombreuses reprises, et il comblait son malaise en tendant l'oreille un peu partout, mais un détail particulier, très intéressant, retint l'attention du jeune Orageois. Il ne sut d'où cela venait, mais il entendit deux hommes, un soucieux de se battre contre Dorne et le Tigre, et l'autre lui donnant une information capitale pour le rassurer.
__ Dorne ne sera certainement pas de la partie. Le Tigre a laissé le peuple des sables à son triste sort. Sinon, le Tigre ne serait pas là, pas déjà, les préparatifs auraient été plus longs, j'imagine.
Dovan se réjouissait. Il avait eu comme idée de se rallier à Dorne il y a longtemps, mais leur alliance avec l'armée d'Essos, et surtout, la déclaration de guerre, avait anéanti tous ses rêves. Mais là... Tout pouvait se relancer. C'était une occasion inespérée. Seulement... Que Dorne soit ou non dans le camp de l'ennemi, il était toujours perplexe. Comment vaincre un ennemi aussi puissant ?
Après une halte, Dovan entendit quelqu'un qui s'adressait à lui. Il fut d'abord surpris, mais ne s'étonna pas au final de voir Lord Penrose.
__ Sire Caron, comment c'est passé votre séjour à Fort-Darion ?
Etant d'abord décontenancé, il se resaisit et répondit aussitôt. Cet homme était digne de confiance, il l'appréciait, et il s'imaginait que cela était réciproque.
__ J'en garde d'heureux souvenirs. Et vous ?
__ Que de bons souvenirs également ! S'établir là bas a été une merveilleuse opportunité d'établir de liens fort avec tout l'Empire. Une occasion presque inespérée !
Dovan ne pouvait qu’acquiescer. Lors de toutes les précédentes batailles ou durant de tels rassemblement, il n'avait jamais établi de tels lien d'amitié, de camaraderie et de simple sympathie. Et cela n'avait pas échapé à Lord Penrose.
__ Je vous ai vu quelque fois. Vous sembliez bien occupé. Vous qui étiez si introverti autrefois, suivant vos frères tête baissée... Jusqu'à ce qu'on vous nomme « l'oiseau à trois têtes », j'aurai juré que vous étiez l'écuyer de l'un d'eux.
Le jeune lord ne pris pas cela comme un compliment, mais il sut que l'approche de l'autre était maladroite. Il ne pensait évidemment pas à mal.
__ Lorsque j'étais seul avec mes frères, je ne me comportais pas ainsi. Nous étions tous les trois très lié, et il n'y avait pas de courbettes entre nous. Mais je vous avoue que lorsque nous traversions des troupes entières de soldats tels que vous, je me faisais chaque fois discret, je m'effaçais, seul. En revanche mes deux aînés étaient très sociables. L'un était fier et l'autre très amical. Alors le fluet Dovan Caron paraissait ne pas être là...
__ Oh, mais vous n'êtes pas fluet messire ! Du moins, vous ne l'êtes plus ! Vous vous êtes enforci depuis....
Autre maladresse. Dovan passa outre, il avait appris à le faire.
__ Depuis la mort de mon père, et celle de Ronel, oui. Je suis désormais le seul à pouvoir porter au nom de la Reine le nom de Caron. Nous formions un trio indissociable, mais aujourd'hui, je dois être trois fois plus fort que le plus fort de mes frères.
__ Et pourtant ! Depuis que nous sommes parti vous semblez soucieux... Vous n'avez prononcé mot depuis notre départ.
Et soucieux il l'était. Dovan passait le plus clair de son temps à s'entraîner, une fois à la cible pour devenir fort, une fois à chasser pour la précision... Quelques fois il s'entraînait à l'épée, d'autres fois à la dague. Il était polyvalent, mais son point fort était incontestablement l'arc. Et c'était de là que venait ses tracas. Il passait beaucoup de temps avec ses camarades, avec qui il a forgé pour certains une profonde amitié. Pour d'autres en revanche, cela n'était pas le cas, et le problème n'était pas Dovan. A ses yeux, c'était eux ! Certains étaient ivrognes, indisciplinés, et surtout très incertains. Il lui arrivait parfois de découvrir de nouvelles têtes aux entraînements, tant ils préféraient entretenir leur foie dans les auberges plutôt que leur agilité au camp. Et il n'était pas certain de sortir vivant de ce futur affront. Il n'était pas certain que quiconque le soit. Il fit part de ses peurs dans la dernière lettre qu'il fit à Bowen. La peur de mourir, mais encore pire, la peur de voir l'Orage succomber.
__ Je... Oui... Je suis soucieux messire. Loin de moi l'envie de critiquer nos stratégies, nos armées... Cependant... Je ne nous pense pas assez préparé pour cette, ou voire même CES futures batailles. J'ai passé nombre de temps au camp d'entraînement, et j'y ai vu l'insouciance dans sa définition la plus brute. Aussi, je crains qu'au vu des différents dangers qui acculent l'Empire, nous ne soyons pas assez fort. Nous aurions mérité d'être plus... Nombreux.
Cela faisait un très long moment qu'il souhaitait se confesser ainsi, à quelqu'un d'autre que ses amis archers ou qu'à Bowen dans ses nombreuses lettres. Il espérait le revoir un jour, d'ailleurs. Il se sentit d'abord honteux, mais aux premiers instants, il avait voulu en parler à Torrhen lui même, puis il renonça, voulant en parler à sa Reine. Il n'osa jamais. La peur du jugement le submergeait, jusqu'à ce que, en se retournant, il croisa un petit sourire du lord avec qui il partageait ses craintes. Il semblait comme satisfait. Il tourna la tête, et pris un peu d'avance sur la route. Il n'échangèrent plus le moindre mot.
La journée continuait, et entre quelques chansons paillardes avec quelques soldats que Dovan commençait à apprécier, et entre quelques pauses, Dovan plongea dans ses pensées. « Pas assez nombreux » pensa-t-il. Il n'avait pas employé les mots justes. L'Empire était grande, mais géographiquement, elle était fragile. Les ennemis Hoare étaient tenaces, et une des priorités de l'Empire, et ils s'étaient allié au Bief, un Royaume surpuissant, riche, qui entretenait une relation assez amicale avec une autre grande Région de Westeros, l'Ouest. Cette guerre interminable n'était rien d'autre qu'un jeu d'Alliance qui, à force d'orgueil, allait être perdu. Dovan ne pouvait se résoudre à coopérer avec le Bief. Ils étaient bien trop fourbes, trop manipulateurs, trop opportunistes. Les Hoare auraient selon lui été un choix judicieux, mais tout avait commencé par eux, ils étaient imprévisibles. Cependant... Dorne... Le Royaume ennemi juré des Caron était selon lui la clé pour récupérer ses terres perdues, elle était l'élément indispensable pouvant faire pencher une balance en leur faveur. Elle était par contre presque aussi imprévisible que les îles de Fer. Les Dorniens sont aussi sanguins que l'était Howard, et pourtant... La venimosité entre l'Orage et Dorne n'était peut-être parti de pas grand chose, et selon lui, malgré leurs arrangements passés avec le Tigre, il était possible une fois la bataille finie de pactiser avec eux. Et pourquoi pas dès aujourd'hui ? L'Empire pourrait les aider à récupérer les terres conquises au Nord, jusqu'à Séréna. En échange, Dorne leur permettrait d'avantage de trafic, de commerce, mais aussi dissuaderait le Bief d'empiéter plus sur le territoire.
La journée fut longue à cheval, les douleurs dues au voyage se faisaient pénibles, et la fatigue ressentir, et la décision de faire une halte pour la nuit fut perçue comme une véritable libération. Pendant que certains posaient le campement, Dovan nourrissait les cheveux des autres, leur donnait à boire, et s'assurait de soulager leurs douleurs musculaires. Il occupa cette bien basse besogne volontairement, les fidèles soldats de la Reine ne devaient pas s'y abaisser. La tente se profila doucement. Il n'y en avait qu'une, mais elle fut la plus grande que Dovan n'aie jamais vu, et encore moins dans laquelle il avait pénétré. Il avait rejoint ses nouveaux camarades à l'intérieur, avec la Reine. Ils partagèrent ensemble un repas des plus chaleureux, dans la détente mêlée à la fatigue pesante du voyage. Certains sous le coup de l'alcool se laissaient aller plus que d'autres, l'épuisement ne les ayant pas aidé à tenir suffisamment. L'ambiance était presque à la fête, et Dovan ne put que constater une chose : ces gens s'appréciaient. Pendant le repas, certains s'étaient même permis des familiarités avec la souveraine. Il trouva cela irrespectueux, inadmissible, impardonnable, il eut envie de se lever pour partir, de peur de se frotter à ces derniers, mais il vit rapidement qu'Argella n'était pas dérangée. Elle souriait. Le jeune homme était complètement perdu, décontenancé, assourdi de voir cela. « Peut-être que père lui parlait aussi ainsi, quand il commandait l'infanterie ? ». Il pris alors sur lui.
Le ton et les blagues se dissipèrent cependant alors que la fatigue commençait à gagner son duel face à l'euphorie. Dovan lui-même s'endormait assis, mais fut réveillé en sursaut par une main sûre posée sur son épaule. C'était Argella, elle était plus proche que jamais. Elle le sommait de la suivre, il voulut protester par modestie mais se retint. Ce n'aurait pas été une bonne idée de jouer la carte de l'humilité , pas avec la femme qu'il a vu ce soir-ci. Elle n'aurait été nullement flattée. Dovan se leva alors docilement, et l'accompagnait vers la sortie, provocant quelques gloussements de deux ou trois soldats présents sous la tente.
__ Lord Penrose m'a dit que vous souhaitiez vous entretenir avec moi. Allons faire quelques pas dehors.
Le lord avait littéralement vendu la mèche. Il ne sut d'abord pas si cela était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Il attendait ce moment depuis longtemps, au moins pour faire part à sa reine de son envie de retrouver sa ville, de retrouver ses frères, ses sœurs... Et il se souvint de Lord Penrose, son sourire. Dovan n'avait pas à avoir peur. Pas face à cette personne qui partageait son repas avec ses hommes avec tant de complicité.
__ Je n'ai pas eu le courage, pour être franc, de demander un entretien avec vous majesté. Ca, c'est Lord Penrose qui vous l'a romancé. J'avais osé espérer qu'il vous en parle directement.
"Il avait décidément jugé bon que je lui en parle moi même. Pour quelles raisons ?" Dovan y voyait deux issues, la première étant de lui donner une leçon, lui faire comprendre de rester à sa place, lui, et ses idées, ses pulsions chevaleresques désirant ramener l'ordre au sein d'une armée qui ne lui appartenait pas. La seconde possibilité était moins probable selon lui... Il aurait pu, peut-être, être intrigué par la suggestion de Dovan. Peut-être l'aurait-elle apprécié.
__ Majesté, pour éviter un malentendu, je vais vous répéter ce que j'ai dit à Lord Penrose... Même si mes mots étaient durs.
Dovan avait eu le réflexe de se dire que Penrose avait tout dit à Argella, et qu'elle voulait juste que ce dernier assume ses dires. Ils passèrent la porte à ce moment, et le froid mordant de la nuit les agressa, telle une gifle. Le vent soufflait assez fort, mais le pire était les petits grêlons, assez légers pour se faire porter par le vent, mais assez gros et pointus pour déchirer la joue.
__ Majesté. Je veux vous faire part de mes craintes quant à la bataille à venir. Je ne nous pense pas prêt.
Les mots étaient lancés, Dovan ne s'arrêta plus.
__ La vérité est que dans nos troupes, dans l'Orage, peut-être même l'Empire tout entier, l'ivresse de victoires, les chants fraîchements composés pour nos soldats héroïques, tout cela nous a rendu plus faibles. Pour atteindre mes objectifs j'ai passé beaucoup de temps au camp de tirs, derrière les portes de Fort-Darion. Quelques uns venaient tout comme moi chaque jours, mais les autres... La plupart, venaient soient ivres, soit désintéressés. Nos soldat, du moins nos archers ont pris trop de confiance. Cela me rappelle un événement. Une fois j'ai ressenti cette ivresse. Avec mes frères, nous commencions à nous faire appeler l'oiseau tricéphale, bien que ce titre aussi honorifique qu'officieux soit du aux prouesses de mes frères et non des miennes, je ressentais une immense fierté. A cette époque, nous nous mimes tous trois à moins nous entraîner. Puis est venue la bataille de Beaupré, avec les conséquences que j'imagine, vous connaissez concernant la famille Caron.
Le stress remontait... Il avait presque tout dit... Presque... Il restait le plus dur à annoncer. Il devait assumer, tant pis pour lui. Pourtant il savait. Il savait à quel point Dorne avait mis sa Reine hors d'elle à l'époque de sa rupture avec l'Orage.
__ Majesté... Je vis dans la peur de voire mon Royaume tomber aux mains des étranger ou des traîtres Bieffois. Aujourd'hui nous sommes en guerre contre Essos, demain nous le serons contre les îles de fer, puis contre le Bief. L'Ouest se trouvant entre ces deux derniers, ils n'est pas improbable qu'ils rejoignent eux aussi l'alliance et... Si nos rapports avec Dorne continuent à se déterriorer ainsi, nous courrons à notre perte. Nous serons accablé.
Son cœur battait la chamade, ses lèvres étaient sèches, il avait fait par de ses craintes comme il aurait exécuté un condamné, d'un coup bref, vif et franc.
__ Majesté, nous devons recouvrer nos relations avec Dorne.
Sujet: Re: A Ride With The Storm Troopers [Tour VII - Terminé] Ven 3 Mai - 16:36
A Ride with the Storm Troopers
Dovan & Argella
La nuit tombait déjà sur les Terres Impériales quand Argella, après avoir donné ses directives quant à la défense du camp pour la nuit s'octroya quelques minutes de contemplation d’un coucher de soleil rougeoyant. Elle apperçu Lord Caron qui s’assurait que les chevaux avaient à boire et se demanda quel était ce Lord qui jouait les palefreniers. Techniquement, dans une troupe aussi réduite, tout le monde mettait la main à la patte, ecuyers, eclaireurs, chevaliers, ils trouvaient chacun quelque chose à faire et il n’y avait pas de basses besognes, certainement pas s’occuper des chevaux qui étaient leur précieux moyen de transport. Tout le monde sauf elle, pas parce qu’elle était la Reine, quoi que cela pouvait jouer, mais parce qu’elle avait d’autres choses à faire, comme superviser l’ensemble et donner ses ordres au Capitaine de sa garde ou encore deviser avec Lord Penrose. Ce dernier s’approcha d’elle et regarda quelques instants le soleil sombrer dans une lumière incandescente qui embrasa l’horizon avant de disparaître totalement.
__ Votre majesté, Lord Caron souhaite s’entretenir avec vous.
L’Impétueuse se tourna lentement vers son conseiller et sourit avec un signe de tête pour lui faire comprendre qu’elle avait bien entendu la requête. Cela tombait bien, elle serait ravie d’avoir une petite conversation avec le Sire de Séréna, provisoire ou non. Son silence signifiait qu’elle donnerait suite sans le concours du Seigneur de Parchemin. Et dès le repas terminé, c’est ce qu’elle fit sans perdre de temps. Ils n’étaient certes qu’au premier jour d’un voyage fastidieux, pas encore épuisés par le froid et la chevauchée, mais elle savait qu’elle devait se reposer quand elle le pouvait pour tenir la distance. Mais c’était bien que cette entrevue ait lieu maintenant, alors que, malgré le froid cuisant du dehors, elle n’en était pas encore réduite à prier tous les Dieux pour pouvoir rejoindre sa paillasse au plus vite. C’est donc curieuse de ce que voulait lui dire Dovan qu’elle lui posa la main sur l’épaule et lui proposa d’aller dehors pour discuter en privé. La tente n’offrait aucune intimité, même si une partie des cavaliers étaient sur le point de dormir et ses quartiers privés étaient trop petits et cela pourrait faire jaser, sans compter que, de toute façon, on entendait tout. Cependant, ses précautions ne suffirent pas totalement à éviter les quolibets. La brune aux yeux céruléens lança un regard mauvais aux soldats qui gloussaient comme des donzelles devant un jouvenceau et ils s’arrêtèrent aussitôt.
Se détendre autour d’un bon feu et d’un repas bien mérité en chantant quelques chansons paillardes et en échangeant quelques familiarités avec des amis quel que soit leur rang était une chose. Se moquer de leur Reine ou d’un de ses vassaux en était une autre, et ils le savaient parfaitement. Les limites n’étaient pas toujours claires pour eux, parce que la jeune femme avait un sens de l’honneur et du respect somme toute personel, mais en revanche, ils savaient très bien lorsqu’ils les avaient atteinte et ce regard ne laissait pas place au doute. Ils savaient aussi qu’elle n’était pas femme à avertir deux fois et encore moins à supporter bien longtemps ce qui lui déplaisait. Elle ignorait pourquoi exactement ils riaient, mais elle n’en avait cure. Peut-être était-ce dû à sa réputation de mangeuse d’homme, un réputation méritée, mais dont elle n’avait pas honte. Elle était certes femmes,mais elle était un soldat comme les autres, elle avait besoin de se détendre de temps en temps. Mais ils étaient bien idiots s’ils s’imaginaient qu’elle pensait à autre chose qu’à simplement discuter avec Dovan. Elle était Reine de l’Orage et le Seigneur d’une cité tombée aux Mains de l’ennemi demandait audience, le sujet de la conversation ou des silences ne serait certainement pas son séant ni sa poitrine, les deux de toute façon bien emmitouflés à présent dans sa cape. Elle soupira, désappointée, songeant qu’ils auraient peut-être dû profiter d’avantage des prostituées de Fort-Darion avant de partir pour deux mois de chevauchée entre hommes.
La brune aux yeux azur reporta son attention sur Lord Caron. Ce dernier répondit, mais il semblait gêné et très confus, si bien qu’elle ne comprit pas grand chose à ce qu’il voulait dire et ne voyait pas bien ce que Lord Penrose aurait pu lui raconter. Le mystère s’assombrit encore lorsque Dovan dit que ses mots étaient durs et la Durrandon trouvait qu’il tournait beaucoup trop autour du pot. Il semblait avoir peur et elle ne comprenait pas de quoi il avait peur, ni de quoi il parlait, ni rien de toute cela. Elle écarta un pan de la porte de la tente, une bourrasque de vent glacial chargée de grêlons fondus s’engouffra dans la tente et fit voleter sa cape. Elle sortit et retint la porte un instant pour laisser passer Dovan avant de le laisser se refermer, vérifiant que le vent ne pouvait plus entrer. Dans la bise mordante à vous faire pleurer, parsemée de lames de glace qui vous fouettaient le visage, elle s’arrêta et fit face au jeune homme en plissant les yeux pour les protéger du froid et dit avec calme et fermeté :
__ Il m’a juste dit que vous vouliez me parler, alors parlez.
Que n’avait-elle pas dit ! Pour parler il parla ! Et la Reine Guerrière écouta, non sans réagir, mais en gardant le silence, excepté quelques grognements qui lui échappèrent.Elle fit une première grimace quand il lui dit que l’Orage n’était pas prêt et que les victoires les avaient rendus faibles, une autre quand il lui dit que les soldats de l’Empire n’étaient qu’un ramassis de soudards. Elle fronça les sourcils tandis qu’il racontait l’anecdote et ses conséquences à la bataille de Beaupré. D’après les rapports, Lord Caron avait réussi à prendre la colline et les archers étaient loin d’avoir démérité, même si le Sire de Séréna y avait perdu la vie. Les pertes dantesques l’avaient aussi été pour le Bief et, dans cette bataille improvisée, malgré la mort de trois généraux et une infériorité numérique, les Orageois n’avaient pas plié. Beaupré n’était pas une victoire, mais Argella était fière de ses hommes et tous ceux qui y avaient participé pouvaient être fier d’avoir tenu tête à Caswell et d’avoir fait reculer l’avant garde ennemie. Bien sûr il leur faudrait de véritables victoires pour remplir leurs objectifs, mais elle n'ignorait pas que la guerre serait longue et compliquée, et que bien des hommes tomberaient encore. Elle espérait que les premiers mouvements seraient suffisamment décisifs pour faire plier le Bief rapidement, mais si tel n'était pas le cas, elle ne romprait pas pour autant.
Le vent sifflait aux oreilles de la Durrandon et les fins grêlons faisaient rougir ses joues et son nez mais elle resta longuement impassible fixant seulement le jeune archer avec un regard dur et un visage fermé. Ce ne fut que lorsqu’elle commença à ne plus sentir sa peau qu’elle se rendit compte qu’il était urgent qu’elle relève sa capuche. Elle ne desserra pas les dents pour autant et Dovan donna le coup de grâce en parlant de la Principauté où était retourné son ex époux l’abandonnant enceinte en pleine guerre pour secourir son royaume de naissance plutôt que celui qui l’avait accueilli comme Prince Consort. Elle comprenait très bien la décision du Martell, mais ça n’en était pas moins une trahison et la fin de leur alliance ainsi que de tout espoir qu’il devienne Roi de l’Orage, un Roi digne de la Maison Durrandon.
L'Orageuse se balança d’un pied sur l’autre les sourcils froncés et le poing serré, mais elle retint la droite qu’elle avait envie de lui envoyer dans la mâchoire. Maintenant elle comprenait pourquoi il avait peur, pourquoi il avait mis si longtemps à accoucher. Ce qu’il avait à dire piquait au vif l'orgueil de la jeune femme, mais était-ce faux pour autant ? Elle savait bien que non. Alors, elle desserra le poing, et joignant ses mains dans son dos, elle se remit à marcher en silence. Peu importe qu’il la suive ou non, il fallait qu’elle réfléchisse et qu’elle pèse ses mots… après les avoir trouvés. Lorsque se fut le cas, elle lui fit à nouveau face et parla d’un ton martial.
__ C’est l’hiver Messire, et nous sortons d’une longue année de guerre. Vous êtes peut-être comme moi un acharné de l'entraînement, mais sachez que la plupart des hommes ont besoin de se reposer et ils ont gagné le droit de savourer leur victoire. La guerre reprendra bien assez tôt, et nous serons prêts. Rassurez vous, nous ne sommes pas faibles, nous allons récupérer Séréna et tout ce que ce putain d’enfoiré de merde nous a pris. Je le jure sur la tombe de mon père, je le jure sur mon honneur et à la mémoire de tous les soldats tombés contre le Bief.
Se disant l'Impétueuse avait posé la main sur la garde de son épée et fixait un point invisible comme si le Hightower s’y trouvait, prête à en découdre.
__ Cependant, n'imaginez pas que nous ne connaîtrons que des victoires franches et décisives, n’espérez pas gagner sans sacrifices. Si c’est là ce que vous voulez alors vous auriez dû rester en sécurité à Fort Darion, car Messire nous partons pour la guerre, une guerre que nous pouvons perdre effectivement, une guerre qui ne se gagnera que si nous gardons la tête froide et les nerfs solides.
La Durrandon prit fermement les épaules du jeune homme entre ses mains gantées et ajouta.
__ Nous sommes les Cavaliers dans la Tempête, les gardiens sur la falaise, les boucliers du Royaume, la foudre de nos épées qui s’abat sur l’ennemi et le tonnerre qui annonce l’Orage. Nous nous tenons debout Messire, dans ce combat et tous les combats à venir, notre est la fureur, pour la gloire et l’honneur.
Sujet: Re: A Ride With The Storm Troopers [Tour VII - Terminé] Mar 21 Mai - 14:06
Dovan Caron a écrit:
A Ride with the Storm Troopers
Dovan & Argella
Le jeune Lord se sentait impuissant face au regard furieux et pénétrant de sa souveraine. Il sentait que, lorsqu'il mettait son cœur à jour, l'orgueil d'Argella était piqué vivement, et elle ne s'en cachait nullement.
__ Nous sommes les Cavaliers dans la Tempête, les gardiens sur la falaise, les boucliers du Royaume, la foudre de nos épées qui s’abat sur l’ennemi et le tonnerre qui annonce l’Orage. Nous nous tenons debout Messire, dans ce combat et tous les combats à venir, notre est la fureur, pour la gloire et l’honneur.
A ces mots résultant presque de la ponctuation compulsive, Dovan se força poliment à s'extirper de ses pensées.
__ Notre est la fureur ! Répondit-il. Il aurait volontiers rajouter le dicton de sa famille mais... « Nul chant n'est si doux » n'était nullement approprié. Il mourait d'envie de modifier cela, ainsi que son atroce blason truffé d'immondes rossignols déplumés qui chantent à l'unisson tels de pathétiques moutons.
Il n'eut pas le temps de chercher dans son être ce qui ferait un meilleur blason cependant. Argella s'était coupé dans son monologue politique, de façon presque brutale, sans aucune transition, et par le biais d'une question qui troubla profondément Dovan. « Qui êtes vous? ».Avait-elle finalement trouvé qu'il s'était montré trop arrogant ? Ou était-ce autre chose ? Elle souriait, pourtant.
__ Je …. Répondit-il un peu sonné.
Il racla sa gorge.
__ Le troisième fils de Lord Hobert Caron, commandant de l'infanterie sous le règne de votre père me semble-t-il... En tout cas, du votre, au jour de sa mort. Je suis l'aîné encore en vie de ma fratrie... Il semblerait.
Il ne l'espérait pas. Howard s'était peut-être guéri miraculeusement de sa fièvre ?
__ Les Caron sont les plus grands défenseurs de l'Orage contre les menaces de Dorne, ils sont pour ainsi dire son bouclier contre les lances.
Plus maintenant, se dit-il avec sarcasme. Mais il reprit.
__ Sur les Terres de l'Orage, je suis le dernier représentant de ma famille. Je remercie les sept de m'avoir gardé loin de l'invasion de Séréna pour rester à vos côtés. Mais... Pour répondre à votre question majesté... Je ne suis qu'un homme. Bon à l'arc certes, mais pas exceptionnel en combat rapproché. Curieux, oui, mais très maladroit dans mes mots. Sage, effectivement, mais très aigri dans mon être. Jovial, mais sarcastique, franc mais introverti, compatissant mais rancunier. Fier mais... Rien, cette fois-ci. F... Fier de Séréna, fier de l'Orage, de mes souverains , je suis fier de tout cela.
Il rajouta pour-lui même qu'il n'était pas fier de lui, cependant.
C'était encore maladroit de sa part mais il ne voyait pas autre chose à dire. Mentir ? Cela avait peu d'intérêt pour lui, il n'était jamais bon de mentir sur soi-même, ces mensonges là sont les plus simples à percer.
Sujet: Re: A Ride With The Storm Troopers [Tour VII - Terminé] Ven 2 Aoû - 3:52
A Ride with the Storm Troopers
Dovan & Argella
Argella regarda avec surprise le jeune homme s’agenouiller devant elle et lui prêter allégeance en lui tendant son arc. Au départ, elle avait ouvert de grands yeux, puis, si elle avait été tenté de lui dire d'arrêter cette mascarade immédiatement et de se lever. Elle se dit que quelque part, elle lui faisait effectivement un grand honneur et que cela devait être important pour lui de renouveler ainsi ses voeux. Alors, elle arqua un sourcil en posant sa main sur l’arc et hocha la tête en guise de remerciement avant de tendre son autre main afin de l’aider à se relever.
__ Je sais cela Sire Caron. Je sais que vous ne me décevrez pas.
La guerrière posa une main sur l’épaule de Dovan et sourit. Elle n’avait aucun doute sur sa loyauté, moins encore après cela, elle était heureuse de constater qu’elle pouvait compter sur les sien et se dit qu’elle devait être une Reine exemplaire afin de mériter un tel honneur et qu’ils pouvaient compter sur elle. Mais qu’elle ne deviendrait pas pour autant un parangon de la Mère d’en Haut et encore moins de la Jouvencelle. Elle était fière d’avoir de tels sujets. Elle ne connaissait pas bien Dovan jusqu’ici et plus elle en découvrait sur lui, plus elle trouvait que c’était un homme bien. Peut-être un peu tendre, mais il était jeune et surtout, bien seul tout d’un coup, alors qu’il avait toujours été accompagné par ses frères. Elle, elle avait l'habitude d’être seule, pas de frères ni de soeurs, pas d’oncle non plus, c’était ce qui faisait d’elle une Reine, une Reine parfois bien solitaire. Mais elle avait des amants, et aussi des généraux, et parfois une seul pour les deux lourdes tâches. C’était ainsi et elle ne pouvait vraiment comprendre la difficulté que c’était de se retrouver ainsi seul représentant de sa Maison. Ou plutôt si, elle ne le comprenait que trop bien, seulement c’était là son lot quotidien, la raison pour laquelle ne pouvait pas toujours faire ce qu’elle aurait voulu faire.
__ Vous ne m'offensez point, Lord Dovan. J’aime que mes conseillers me donnent leur avis avec franchise. J’estime que le respect ne peut se gagner dans l’hypocrisie.
La Reine de l’Orage eut un léger sourire en dardant son regard céruléen dans les yeux du Caron. Elle prenait toujours la décision finale, parfois avec force caractère, comme Argilac son père en son temps, imposant sa vision des choses quand elle pensait qu’elle était la meilleure. Mais elle écoutait souvent, elle prenait en compte ce qu’on lui disait, et les paroles du jeune homme étaient pertinentes. Commes celles de la plupart de ses proches et de ses conseillers. Alors peut-être n’était elle pas si seule au final. Elle les avait eux, tous. Il y avait une grande richesse dans tout ce qu’ils lui apportaient. On aurait pu croire au vue des débuts hésitants du Caron que la conversation serait moins intéressante, mais elle était heureuse de l’avoir eu et heureuse que Lord Penrose lui en ait fait part afin de rendre possible cette entrevue. Elle baissa ensuite la tête et réfléchit. Elle allait parler, mais Dovan reprit avant qu’elle ait pu en placer une. Elle le fixa, les mains derrière le dos avec un sourire amusé.
__ Je pourrais dire que c’était votre idée, mais je suis Reine et nullement obligée de suivre les idées de mes vassaux. Aussi, j’assumerais pleinement mon choix de suivre votre idée et je ferais en sorte que mes nobles n’en soient pas outragés. Il est hors de question que je vous fasse porter la responsabilité de mes actes.
La jeune femme se remit en marche et regarda la nuit noire devant elle tandis qu’elle reprenait le fil de la conversation sur les entraînements et les éventuels absents.
__ Je comprends vos réticences. Nous en parlerons à Ser Trystan, il a plus l’habitude des entraînements que moi et a toujours réussi à gérer les recrues avec poigne et sans faire de vagues pour autant. Cependant, Sire, je vais vous donner mon avis personnel. Ici comme ailleurs, les déserteurs sont puni de mort. Si on leur donne la chance de se racheter avant de les abattre, croyez bien qu’on leur fait un présent précieux, s’ils ne sont pas capable de s’en rendre compte, alors ils ne méritent que d’être tués. L’homme qui ne se lève pas pour aller à un entraînement se lèvera-t-il au matin de la bataille ? Avant l’aurore ? Après avoir parcouru des centaines de milles à marche forcée ? Cet homme messire ne mérite pas de se trouver sur le champ de bataille à côté d’hommes qui pourraient sauver sa vie alors qu’il en est incapable, cet homme mérite mon courroux parce que par sa fainéantise, il met en danger ses camarades, son Royaume, la campagne à venir, tout. Il faut s’appeler Gardenner pour avoir une seconde chance, il faut apprendre avec brutalité la loi de la guerre pour avoir une chance de survie. Et notre survie mon ami, repose sur notre bras mais aussi sur celui de notre voisin.
La brune aux yeux azur fut parcourue d’un frisson. Elle remonta le col de sa cape et ajusta la capuche sur sa tête. Il faisait un froid glacial et le vent de la nuit n’arrangeait rien. La conversation lui sembla terminée, elle décida donc qu’il était temps d’aller se remettre au chaud et de dormir surtout.
__ Rentrons. Nous avons une longue route demain.
La Durrandon fit demi tour et s'assurera que le Caron la suivait. Un cheval s’ébroua et Argella s’arrêta net, essayant de percer l’obscurité et d’écouter si un autre bruit suspect se faisait entendre, la main sur son épée, la respiration lente et silencieuse. La main sur le bras de Dovan afin de lui faire signe de s’arrêter et de ne pas faire de bruit. Mais ce n’était rien de plus qu’un cheval qui s’ébrouait et ils reprirent leur marche vers la tente.