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 Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]

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MessageSujet: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyJeu 14 Mar - 10:56

Elle reposa Les Chansons de Gorne et Gendel : une étude comparée sur ses genoux, sans parvenir à retenir un soupir. Manel avait imaginé en découvrant le petit livre qu’il pourrait être intéressant : un mestre prénommé Yendel se proposait d’étudier toutes les chansons contant l’invasion ratée des sauvageons, puis de les comparer entre elles et enfin de les comparer avec les rares archives, ou archives présumées, qui faisaient cas de cet évènement. C’était si vieux qu’il n’avait réussi qu’à trouver quelques papiers mentionnant l’attaque, aussi l’ouvrage n’était pas bien long, ce que la jeune femme avait pris comme un bon signe. Une grave erreur : le style était soporifique. Seules les chansons avaient réussi à retenir son attention, y compris l’une que mestre Yendel prétendait tenir de sauvageons. Dès que l’homme se mettait à commenter en revanche…

Voilà pourquoi nous n’avons pas une copie à Fort-Terreur, se prit à penser la jeune femme avec un maigre sourire.

La grande brune releva les yeux pour la première fois depuis une heure. Le Bois Sacré s’étalait devant elle. Comme une déchirure à la périphérie de son champ de vision, l’écorce blafard du barral l’appelait, l’obligeait à tourner le regard vers lui, fixant les yeux rouges et morts qui avaient été gravés là, il y a si longtemps. Autour d’elle, quelques bruissements dans le feuillage, mais à part cela un silence presque parfait. Relaxant. Elle ne voulait pas se lever, même si la motivation de lire son livre avait disparue.

Manel s’était installée pour lire une heure plus tôt, s’adossant à un chêne centenaire. Quand elle décidait de s’installer là, elle prenait garde à ne porter qu’une longue jupe brune, qu’elle pouvait salir sans crainte. Son dos était protégé par une longe cape sombre. Seul son bustier donnait donc un indice sur son rang, aux couleurs grises et roses, la silhouette d’un écorché brodé sur la gauche de sa poitrine.

Quelques temps plus tôt, une demi-heure peut-être, elle avait entendu des bruits de pas, s’approchant du barral, mais elle n’avait pas relevé les yeux. L’individu était resté quelques minutes, puis s’était éloigné. En plein milieu de l’après-midi, le bois n’était pas très fréquenté. Et ça lui allait bien comme ça. La jeune Bolton laissait le bruit de la forêt la bercer, si calme et apaisant.

Un croassement.

Manel rouvrit les yeux, prenant alors conscience qu’elle les avait fermés. Les corbeaux de la rookerie n’étaient pas si bruyants en général. Et c’était si proche. Cette fois, elle avait les yeux relevés et fini par trouver la silhouette responsable : elle ne l’avait même pas entendu arriver. Ses grands yeux pâles s’écarquillèrent de surprise, mais un petit sourire étira ses lèvres.

« Shoilleir. Et Lady Harclay. » appela-t-elle, sans oser hausser trop la voix en ces lieux sacrés.

La Bolton se releva doucement, époussetant sa robe d’un geste discret, le livre toujours à la main, avant de s’avancer à petits pas vers la jeune femme. Elle paraissait si menue, peut-être encore plus que dans son souvenir, mais cela faisait des mois maintenant. Poliment, la grande brune inclina la tête. Elle se souvenait qu’Ingheam avait paru surprise qu’elle l’appelle sans cesse Lady Harclay, mais issue des clans des montagnes ou non, c’était une Lady aux yeux de Manel. La dernière des Harclay.

« C’est une surprise de vous revoir, vous et Shoilleir également. Mais une très bonne surprise. »

Stupidement, elle n’avait pas pensé à la petite blonde quand les troupes étaient rentrées. D’abord elle avait songé à Jon, à Bowen, à son père et à ceux qu’elle connaissait depuis toujours, oubliant que la soigneuse était partie avec eux pour le sud. L’expérience avait dû être d’autant plus traumatisante pour elle, ce n’était après tout pas une combattante. La revoir comme ça avait quelque chose d’aussi rassérénant que le vent dans les feuilles, comme une chaleur au creux de son ventre. Manel tenta bien de communiquer son enthousiasme, mais le masque de la Lady ne glissait pas facilement. Tout ce qu’Ingheam pouvait voir était ces yeux pâles et scrutateurs ainsi que des lèvres fines n’arborant qu’un petit sourire.

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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyVen 15 Mar - 15:06



   
   
Une prière pour les corbeaux

   
Manel & Ingheam


 
Sur mes noires ailes volent les sombres nouvelles, dans mon cri l’homme entend la mort qui plane sur sa tête, mais je ne suis qu’un oiseau sans funeste dessein.

   

Comme à son habitude, Ingheam fuyait la foule et avait une fois de plus trouvé refuge dans le Bois Sacré de Winterfell. Ici, au milieu des arbres centenaires voir millénaires pour certains, elle se sentait presque comme chez elle et cette sensation qui la tenaillait dans la grande salle de l'antique forteresse des Rois Loups lui laissait quelque répit. Elle aimait cet endroit, elle le trouvait magnifique, majestueux. Elle pouvait y ressentir toute la puissance des Dieux ici au Nord, rien à voir avec leur présence faiblarde dans le sud. Tout cela lui avait tant manqué qu’en entrant, elle s’était agenouillé devant l’arbre coeur et qu’elle avait posé sa tête sur la terre pour l’écouter battre en harmonie avec l’univers et elle avait pleuré longtemps. Elle n’avait même pas remarqué la jeune femme assise non loin de là, dans sa lecture paisible, un arbre d’un genre nouveau qui ne saurait faire tâche avec l’ensemble parfait que formait ce lieu.

Ce Bois, la jouvencelle y avait déjà passé le plus clair de son temps lors de son premier séjour dans la demeure des Stark. A l'époque, peu après la Bataille de la Mort aux Loups, elle venait pour se retrouver seule quelques heures, dans le silence paisible de ce lieu sacré. Mais surtout pour prier et pleurer les morts d'Iksahkka, ceux de village au Bois, ceux des premières percées sauvageonnes en territoire Nordien et aussi les sauvageons crucifiés après la victoire sans pitié du Roi Torrhen Stark. A la mort aux Loups, elle avait dansé pour lui, afin que les esprits malfaisants qui l’assaillaient laissent place à la vie et libèrent le corps et l’esprit du Sire de Winterfell. Elle avait fait brûler les feuilles des Dieux dans une écuelle où elle avait versé quelques gouttes de son sang et avaient chanté dans leur langue, celle parlée par les Premiers Hommes et les Sauvageons, elle avait dansé autour du feu et mangé des champignons afin d’ouvrir les portes entre le monde des vivants et celui des morts, afin d’entrer en communion avec les Dieux, dans la fumée hallucinatoire et autour du corps qui se vidait de sa vie. Elle avait combattu le poison et la mort avec la chaleur de son corps en transe.

La Sorcière du Bois aux Loups n’avait pas compris tout de suite pourquoi le rituel avait été si éprouvant, et ce n’est que lorsqu’elle était sortie qu’elle avait vu l’horreur sous ses yeux et saisit d’où venaient tous ses esprits vengeurs. Les milliers de sauvageons sacrifiés avaient rendus visite au Roi du Nord entrant par sa blessure empoisonnée étaient venus chercher vengeance, mais elle était néanmoins parvenue à les renvoyer dans le Royaume des Dieux. Cependant, en voyant cela, son ami Bowen aussi furieux et cruel que les autres, son frère y compris, elle s’était un instant demandé si, en sauvant la vie de Torrhen, elle n’avait pas agit contre son serment de protéger la vie à tout pris. Cependant, le mal était fait, et elle comprenait la haine des Nordiens pour le peuple libre qui avait fait subir les pires atrocités aux gens du Nord, particulièrement ceux du Bois aux Loups dont elle faisait partie. De toute façon, elle avait tout fait pour le sauver, mais c’étaient les Dieux qui avaient décidés, ils devaient bien avoir une bonne raison pour cela. Ainsi, elle avait simplement pleuré et prié, pour les morts et aussi pour les vivants qui avaient tous laissés une part de leur âme dans ce terrible massacre.

À cette sombre période, les seules personnes à qui parlait la blondinette étaient sa mère et son frère, mais eux aussi étaient très éprouvés par ce qui s'était passé. Sam déversait sa rage dans l'entraînement et Stewyn pleurait ses enfants massacrés avec tant d'autres. Alors la blondinette parlait à Shoilleir, le corbeau d'Ildegard qui la suivait comme son ombre depuis la mort de cette dernière à Ikksahka. L’oiseau semblait répondre, dans sa langue et elle s’était demandé si sa cousine qui était une change-peau n’avait pas élu domicile dans le corps de son corbeau adoré afin d’accompagner et de protéger la dernière sorcière des Bois du clan Harclay. A mesure que le temps passait depuis la mort d’Ildegard, Ingheam en était de plus en plus convaincue que Shoileir n’était pas un corbeau ordinaire, si tant est qu’il ne l’ait jamais été. Mais elle se gardait bien de le crier sur les toits, on la pensait déjà suffisamment folle pour qu’elle n’en rajoute pas.

C'était étrange, lorsque la guérisseuse suivait l'armée du Nord au sein des mestres et des soignants, qu'elle vivait dans le camp, elle n'avait pas cette appréhension. Concentrée sur sa tâche, elle ne se rendait pas vraiment compte du monde qui l'entourait. Ils étaient des soldats, pour certains des patients et après tous ses mois passés à panser leurs plaies et à chanter pour leurs camarades tombés au champ d'honneur, beaucoup d'entre eux la connaissaient et tous étaient gentils avec elle. Il n'était pas exclu que certains tentent même de la séduire, mais la plupart du temps, elle ne comprenait pas. Quand elle faisait son travail, tout était plus facile, elle savait quoi faire, elle était sûre de ses connaissances. Elle s’occupait à présent des femmes martyrisées par les Sauvageons et là encore, elle trouvait réconfort et sens dans ce travail pourtant éprouvant, écoutant leurs souffrances et leurs peurs, réparant autant qu’elle pouvait les corps meurtris et les esprits traumatisés. Mais cela faisait remonter tellement de choses en elle, comme lorsque Bowen lui avait parlé des mariages décidés pour elle après avoir évoqué le sien et celui de la Harclay. Tant qu’elle pouvait soigner et éviter de parler, tant qu’elle était concentrée, ça allait, mais le soir venu, les angoisses la prenaient violemment. Heureusement elle était souvent trop exténuée pour ne pas s’endormir malgré tout, mais la prière était devenu sa sauvegarde pour ne pas perdre pied. Ceci et l’espoir qui grandissait dans le ventre d’Eléanor Stark.

Comme à son habitude, la Harclay portait un robe de laine colorée, mais simple, bleue ce jour là, comme le turban qui dissimulait ses cheveux. Elle s’approcha du lac tiède qu’alimentaient les sources chaudes passant sous la forteresse et qui permettaient aux Rois du Nord de maintenir une température confortable dans leur demeure, même au plus dur de l’hiver. Elle y avait plongé ses mains pour se rincer le visage, souriant de la beauté de cette nature et de son cher Nord retrouvé. Comme elle avait hâte de retourner à Ikksahka ! Mais elle avait encore fort à faire ici et ne se lasserait jamais du Bois sacré de Winterfell. Elle devait se racheter d’avoir abandonner toutes ses femmes pour aller soigner les soldats, elle ne savait toujours pas si elle avait fait le bon choix, mais elle s’en voulait quoi qu’il en soit. Elle n’avait pas pu assister Maedelyn Glover pour son accouchement, ni les autres, et arrivait trop tard pour certaines, trop tard pour bien des choses qui auraient encore été possibles si elle n’était pas allée au Sud, ce Sud qui lui avait donné le mal du pays. Cependant, elle était arrivée à temps pour s’occuper de la Reine du Nord et de son enfant à venir, de son accouchement.

Ingheam regarda Shoilleir, qui répondit par un croassement sonore.

__ Je sais, je n'ai pas beaucoup d'expérience avec les accouchements.

Dit la blondinette avant d’entendre une voix derrière elle. Une voix qui connaissait son nom et celui de l’oiseau. Elle était toujours accroupie au bord de l’eau et manqua d’y tomber en se relevant et en se tournant brutalement.

__ Man… Lady Bolton !

Pour une surprise c'en était une, et de taille. Mais la jeune écorcheuse avait toujours été si prévenante et respectueuse vis à vis de la fille des Bois et de la Lune qu’elle ne pouvait que la trouver d’une gentillesse absolue et d’une beauté divine, malgré les rumeurs qui couraient sur elle. Le rouge lui monta au joues et elle en oublia de s’incliner.

__ Vous êtes très en beauté Ma Dame. Je suis ravie de vous revoir aussi. Le Nord m’a manqué, le Bois Sacré plus encore, mais peut-être que ce qui m’a le plus manqué, c’est une amie telle que vous.

Sourit la pucelle du Bois aux Loups avec tout l’enthousiasme qui était le sien. Elle savait les véritables Ladies souvent plus froides, mais elle n’en était pas une, pas vraiment, de toute façon elle serait bien incapable de dissimuler ses sentiments. Shoilleir, s’envola et se posa non loin de Manel en sautillant vers elle.
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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyVen 15 Mar - 17:23

Cela ne faisait que quelques mois et pourtant Manel avait failli oublier comment était la petite blonde. Ingheam était une des rares femmes des clans avec qui elle avait parlé et elle ne savait pas à quel point elle était représentative, mais l’adolescente n’était pas comme les autres Lady, c’était certain. Il y avait chez elle une spontanéité qui prenait un peu de court. La jeune Bolton avait oublié que certaines personnes pouvaient dire les choses comme ça, aussi franchement. Car, s’entendre dire que l’on était une bonne amie n’avait rien d’exceptionnel, c’était de courtoisie normale entre femmes. Ingheam le disait pourtant et ses yeux reflétaient la même chose. Elle n’avait pas réfléchi ou pesé ses mots avec soin, elle les avait simplement prononcés. Un exploit.

L’écorcheuse n’en prit le compliment que plus à cœur, oubliant de noter que la jeune femme ne s’était pas inclinée. Elle avait même rougi. La convenance voulait que Manel réponde pas un compliment, mais elle commença par observer la petite blonde. Elle n’était pas exactement belle. Ou plutôt, elle l’était, mais ce n’était ce qui se dégageait d’elle. Surtout ici. Ingheam était habillée modestement, encore plus que Manel, surtout avec ce turban qui lui couvrait les cheveux. Pourtant elle semblait rayonner ici.

Elle est plus chez elle ici que je ne le suis, alors qu’elle n’y a passé que quelques mois.

« Merci, Ingheam. Je pense que vous avez manqué au Bois Sacré plus encore qu’il ne vous a manqué. » observa-t-elle. « Vous le sublimez autant qu’il vous sublime. »

Ses yeux pâles furent attirés par le mouvement du corbeau alors que celui-ci allait se poser au sol, sautillant vers elle. Cette fois, elle s’autorisa un vrai sourire puis, attrapant délicatement les pans de sa robe, elle s’accroupit pour être un tantinet plus proche du corbeau. Les grands yeux noirs semblaient l’observer avec curiosité, mais c’était toujours ce que lui inspirait les yeux de ces oiseaux. Trop curieux, comme les hommes. Mais peut-être était-ce pour cela qu’ils avaient été choisis pour transporter les messages. Assez curieux pour aller visiter le monde entier.

« Je n’ai pas de graine, désolée. » s’excusa-t-elle au corbeau. Hésitante quelques secondes, elle tendit son livre, à plat comme un perchoir.

Les animaux avaient toujours attiré la jeune femme. Loin d’être simples et idiots, ils avaient comme les hommes leurs codes et leurs langages, mais infiniment plus complexes à comprendre pour quelqu’un comme elle. Manel imaginait cependant que la sorcière des bois était bien meilleure qu’elle à ce petit jeu-là.

Elle releva doucement les yeux vers Ingheam, la considérant à nouveau mais différemment. Manel aurait voulu lui poser mille questions, lui demander comment était le sud, ce qu’elle y avait vu, comment étaient les bois là-bas, sans barral sacrés. Comment étaient les gens aussi. Mais elle savait aussi que la réponse commençait et finissait par : la guerre. C’était ce qui avait entraîné Ingheam là-bas, et ce qu’elle avait suivi pendant tout ce temps. Quelques rapports lui étaient parvenus, déformés par les soldats pour certains, ou par son père qui n’osait trop décrire ce qui se passait dans ses lettres.

Peut-être que cela empirait la chose. Manel avait une imagination débordante.

« Je vous submergerais de question, si je m’écoutais. Mais vous devez d’abord me répondre sincèrement. »

Manel tendit son autre main, tentant d’agripper entre les siens les doigts de la jeune femme, et serrant fort. Ses yeux pâles dénotait une véritable inquiétude.

« Est-ce que vous allez bien ? Est-ce que vous vous sentez bien ? »

La Bolton n’avait pas oublié comment elle avait trouvé Ingheam, il y a des mois de cela maintenant, alors que le conflit avec les sauvageons touchait à sa fin… et que son clan aussi. La blonde avait vécu l’enfer et elle n’en était pas ressortie intacte. Même Manel, qui se savait peu doué pour exprimer ces choses-là, s’en était inquiété. Elle ne pouvait qu’imaginer que découvrir la guerre au sud n’avait été qu’un autre enfer. Et elle voulait s’assurer que son amie pouvait, à défaut d’en être guérie, en parler.

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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyDim 17 Mar - 2:26



   
   
Une prière pour les corbeaux

   
Manel & Ingheam


 
Sur mes noires ailes volent les sombres nouvelles, dans mon cri l’homme entend la mort qui plane sur sa tête, mais je ne suis qu’un oiseau sans funeste dessein.

   
Manel fit un compliment à la Sorcière des bois et celle-ci en resta bouche-bée. C'était probablement le plus beau compliment qu'on lui avait jamais fait et qui plus est, il était fort rare qu'on souligne sa beauté. En vérité elle s'en fichait, elle n'y avait jamais attaché grande importance. Un arbre se soucie-t-il se son apparence ? Non, il est et c'est tout, dans toute sa splendeur dressée. D'ailleurs, elle n'était pas certaine que c'était là le sens profond des paroles de son amie. Mais, si elle n'avait pas tout saisi avec sa tête, les mots de la Bolton la toucherent directement au coeur. Ils étaient en eux même presque aussi beaux et majestueux que le Bois Sacré de Winterfell. Son sourire alla s'envoler sur la cime du blanc barral aux feuilles rouge sang. Le souffle glacé de l'hiver s'engouffra dans sa robe et, avec un regard aussi brillant que la glace sous le soleil de printemps, elle murmura simplement :

__ Merci.

Shoilleir observait Manel se toute la profondeur de son regard sombre et hocha la tête lorsqu'elle se baissa pour venir à sa hauteur. Il croassa tandis qu'elle s'excusait de n'avoir point de graines, mais accepta volontiers l'invitation. Il monta sur le livre et goûta en la prenant dans son bec, la saveur de sa couverture. Déçu, il ouvrit ses ailes en croassant à nouveau et s'envola d'un bond en frôlant la joue de la grande brune du bout de ses doigts de plume.

__ Je vais mieux Ma Dame, beaucoup mieux que lors de notre première rencontre et mieux encore depuis que je suis dans le Nord. Je ne suis toujours pas très à l'aise avec l'agitation permanente qui règne à Winterfell, mais j'ai tant à faire avec mon travail que je n'ai pas le temps de trop penser.

Ingheam sourit, il lui arrivait de repenser à tout ça en écoutant avec patience et empathie, la parole des femmes meurtries dans leur chair. C'était éprouvant d'entendre leur récit, mais elle leur devait bien ça et elle n'aurait échangé sa place pour rien au monde. Même si elle se souvenait à présent qu'elle avait bien failli vivre la même chose. Avait elle le droit de se plaindre alors qu'un homme était mort pour lui sauver la vie ? Son traumatisme avait refait surface brutalement à l'évocation des mariages des martyres du Nord par Bowen. Depuis, les images, les sensations lui revenaient parfois par vagues qu'elle tentait de contenir le temps de s'échapper dans le Bois sacré. Ou la nuit dans ses cauchemars. Elle aurait préféré que tout cela reste enfoui dans les méandres insondables de son esprit. Mais qu'était-ce ce qu'elle avait vécu au regard de ce qu'elles avaient vécu. Un mauvais songe tout au plus, un souvenir embrumé que sa pensée peinait à saisir, mais dont son corps semblait garder les traces les plus nettes, sans l'ombre d'une cicatrice visible. Alors non, elle n'allait pas se plaindre pour ce qui la hantait sporadiquement.

__ Lord Glover a fait en sorte qu'Iksahkka soit à nouveau remplie de vie et de rires. Je n'y suis pas encore retournée, mais je suis sûre que je pourrais à nouveau y être heureuse. Presque comme avant, même si Ildegard, Iulia, Ivana, Idalia, et surtout Iseult, me manqueront. Je suis sûre que leurs esprits sont encore là-bas.

La blondinette jeta un coup d'oeil à Shoilleir qui s'amusait à planer sur les courants ascendant d'air chaud venu des sources, il glissait sur l'air presque sans un bruit et semblait, lui aussi, ravi d'être ici. Elle pensa au fait que celui de sa cousine était peut être déjà avec elle depuis tout ce temps dans cet oiseau qui avait été son alter ego ailé jusqu'à sa mort. Son sourire s'élargit. Elle était chez elle, presque, elle était entourée d'arbres et de neige, le vent froid lui fouettait le visage, elle entendait les loups, la nature tout autour, respirait sa magie. Elle avait retrouvé sa terre sacrée du Nord. Elle avait trouvé une nouvelle tâche qui lui rappelait le miraculeux trésor de la vie. Elle voyait le bonheur autour d'elle du foyer retrouvé, des familles réunies. Elle observait la paix gagner les visages et les coeurs. L'espoir dans le crissement doux de la neige, la chanson de l'hiver murmurée dans les frondaisons, la voix des Dieux tout autour d'elle. Elle se sentait aussi bien que possible, mieux que depuis des lustres, mieux que lors de ses mois d'errance sur un territoire baigné par le sang de la vengeance.

__J'ai beaucoup chanté pour les mourants dans le Sud, maintenant je chante pour les vivants.

La jouvencelle serra la main de Manel et plongea son doux regard lunaire dans les yeux pâles de la grande brune.

__ Et vous ? Cette longue attente pour voir revenir un nouveau Roi et une nouvelle Reine fédérés à un Empire naissant. Cela a dû être étrange d'apprendre tout ce qui se jouait pour le Nord si loin de Winterfell.
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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyDim 17 Mar - 9:49

Manel savait que son approche n’était pas digne d’une Lady, ou digne de personne à la cour en fait. Même les nobles les plus bourrus du Nord sauraient sans doute aborder ce genre de question avec plus de tact. Elle savait comment interroger les gens de façon détournée, comment leur poser les questions qui leur permettaient d’avoir l’impression d’y répondre tout en révélant d’autres informations. Mais quand il s’agissait de savoir comment quelqu’un se sentait, comment il se sentait réellement… On n’était censé le faire qu’avec ses amis les plus proches, et même ainsi, il y avait des précautions à prendre. Une façon d’introduire la question. La jeune Bolton n’avait pas la délicatesse nécessaire, elle avait demandé brutalement, stupidement. Alors même qu’il n’y avait sans doute pas de raison de s’inquiéter comme elle le faisait.

Après tout, comme elle l’avait dit : Ingheam avait l’air d’aller beaucoup mieux que le jour de leur première rencontre. Elle l’avait même graciée d’un sourire, un peu plus tôt, au compliment. Un grand et beau sourire, du genre que Manel n’aurait pas espéré à l’époque. La petite blonde venait alors de toute perdre, alors que la brune de tout retrouver. Être face à une telle tristesse alors qu’on ne ressentait que du soulagement avait quelque chose d’extrêmement culpabilisant, mais c’était peut-être en partie pour ça qu’elle avait fait les premiers pas vers la jeune femme, essayant d’apporter un maigre réconfort tout en sachant qu’elle n’était pas la plus douée pour ça.

La grande brune était sincèrement heureuse de voir la jeune femme joyeuse. Elle avait même la bonne humeur communicative, car Manel laissa échapper un rire clair en sentant les plumes du corbeaux effleurées sa joue. Son perchoir ne lui avait pas convenu, mais pouvait-elle s’en étonner ? Elle ramena le livre à elle, observant d’un œil distrait les dégâts faits par le bec. Rien de grave, et c’était tout ce que méritait cette prose soporifique. Son attention revint toute entière à la jeune femme, qu’elle écouta religieusement, toujours accroupie.

Manel afficha même un beau sourire quand le nom de Bowen traversa les lèvres d’Ingheam. Pourquoi n’était-elle pas étonnée que son ami se soit retrouvé impliqué dans tout cela ? Il était beaucoup trop gentil, trop attentionné et maintenant qu’il était Sénéchal, il avait les moyens d’aider ceux qui en avaient besoin. Cela signifierait aussi sûrement que nombreux seraient ceux à lui tourner autour précisément dans cet objectif. Le sourire de la brune disparut quelques secondes à peine après être apparu : elle avait le don de toujours voir le pire dans une situation apparemment. La Bolton tâcha de faire revenir son attention à la jeune femme.

Ingheam paraissait réellement rayonner ici, même Manel pouvait le ressentir. Dans la façon dont elle observait le Bois. Son sourire et ses yeux qui brillaient de concert, suivant le trajet de Shoilleir qui lui-même paraissait heureux ici, à Winterfell.

En se redressant enfin, la grande brune resserra un peu ses doigts sur ceux d’Ingheam. Elle prit le temps de réfléchir à ses questions, mais commença par lâcher, du bout des lèvres.

« J’ose espérer que vous chanterez plus souvent pour les vivants dorénavant. Que ce soit l’essentiel de votre devoir. »

Sans comprendre entièrement de quoi il était question, elle avait suffisamment discuté avec la jeune femme avant son départ pour le sud pour comprendre qu’elle voyait ces rituels comme son devoir sacré. Un dévouement aux traditions des Premiers Hommes et des légendaires Enfants de la Forêt que l’on ne retrouvait plus beaucoup même dans les maisons du Nord les plus traditionnelles. Et si ces rituels fonctionnaient pour soigner les blessés, ou même pour leur apporter un quelconque réconfort, Manel aurait été bien stupide de les juger. La religion des Anciens Dieux était très privée, avait-elle compris du peu d’enseignement dispensé par son père : chacun la pratiquait à sa façon. C’était plus propre, avait-elle décidée enfant : pas de temple ou de septon, aucun intermédiaire. Dans ses bois, il n’y avait que l’homme et ses dieux, face à face. Ingheam avait simplement une relation privilégiée avec ses anciennes puissances, qui vous observaient par les barrals.

Instinctivement, son regard s’était détourné de la jeune femme, cherchant les yeux de sang de l’ancien barral. Sa réponse lui échappa, sans qu’elle y ait pleinement réfléchi, dans un soupir léger comme le vent.

« Pas si étrange que cela. »

Ce n’est que lorsque ses yeux revinrent à Ingheam qu’elle prit conscience d’avoir déjà dit quelque chose. Ses lèvres se pincèrent mais le masque de la Lady ne céda pas. Ce qu’elle avait dit n’avait rien de grave après tout, même si elle n’aimait pas répondre sans réfléchir comme ça. Manel ignorait si c’était l’air paisible du Bois Sacré qui l’avait mené à parler ainsi, ou simplement la jeune femme qui lui faisait face. Ingheam était si spontanée après tout, c’était peut-être contagieux.

« Je veux dire »
reprit-elle, plus posée. « C’est notre lot de femmes, j’en ai bien peur. Nous restons en arrière, attendant des nouvelles de nos pères, nos frères ou nos maris. L’Empire, et même le Nord, deviennent parfois secondaires. J’étais chaque fois soulagée lorsque l’on recevait un corbeau de mon père. »

Son regard s’égara dans les airs, cherchant pendant de longues secondes Shoilleir avant de retrouver la silhouette du corbeau, tournoyant dans un courant d’air ascendant. Elle souriait.

« Imaginez ce que cela a dû être pour cette jeune Reine, découvrant Winterfell seule pendant que son tout récent restait dans le Sud pour guerroyer. Ou pour Maedalyn qui a vu son Sénéchal partir quelques mois à peine après leur mariage. » Puis elle ajouta, sur un ton plus amusé pour que la plaisanterie soit évidente. « Bowen m’avait même demandé de veiller sur elle en son absence. Pauvre femme… »

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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyMar 19 Mar - 16:23



   
   
Une prière pour les corbeaux

   
Manel & Ingheam


 
Sur mes noires ailes volent les sombres nouvelles, dans mon cri l’homme entend la mort qui plane sur sa tête, mais je ne suis qu’un oiseau sans funeste dessein.

   

La jouvencelle regarda dans le vague, comme si elle voyait à nouveau les images que les paroles de Manel venait d’évoquer dans sa mémoire.

__ Oui… je me souviens avoir ressenti ce vide et cette angoisse impuissante la première fois que les hommes de ma famille sont partis guerroyer contre Harren. J’étais toute petite, mais mon coeur savait en voyant les visages des femmes qui restaient en arrière et ceux des hommes qui n’étaient pas certains de revenir dans leur foyer, que c’était un triste moment. Ce que je ne savais pas, c’est que la suite serait pire, les nouvelles arrivaient du front, toujours mauvaises. Le pire restait à venir, car quand ils sont revenus, le groupe avait fondu comme neige au soleil et les veuves n’avaient plus que leurs yeux pour pleurer. Mais ce qui m’a alors le plus attristé, c’est la mort d’Ingrid qui était partie, comme moi, pour soigner les hommes.

Ingheam regarda Shoilleir voler un moment, mais lorsque Manel évoqua le sort des femmes et particulièrement de Maedalyn et Eleanor, elle reporta brusquement son attention sur la belle jeune femme avant de baisser les yeux. Elle rougit et tritura ses doigts. Elle s’en voulait de ne pas avoir été présente pour l’épouse de son ami Bowen et pour sa Reine qui avait été si gentille. Toutes deux auraient mille fois mérité sa présence, et elle n’avait de cesse de se dire qu’elle aurait peut-être été plus utiles ici qu’au Sud. A l’époque, quand elle avait fait ce choix, elle avait fait ce que les Sorcières Harclay faisaient depuis des lustres en envoyant une ou deux femmes pour soigner les blessés dans chaque guerre menée par le Stark de Winterfell. Mais avant, il y avait toujours une Harclay à Iksahkka pour assurer l’enseignement des jeunes apprenties et suffisamment de guérisseuses et de sages-femmes pour assurer aussi les soins des parturientes partout où elles étaient requises. Seule, elle avait fait le choix que lui dictait son devoir, mais avait dû abandonner son autre devoir et elle ne savait toujours pas lequel était le plus important et si elle avait failli, si elle avait trahi son serment. Elle ferait tout pour se rattraper bien sûr, et elle espérait que cela suffirait à réduire sa culpabilité.

__ J’espère que la Reine Eleanor n’a pas eut trop de difficultés à se faire à Winterfell. J’aurais aimé lui être d’un plus grand secours dans cette épopée, mais lorsqu’elle m’a demandé si je venais avec elle, j’ai pensé qu’il serait égoïste de ma part de laisser les soldats mourir sans chanson. Heureusement, nous sommes revenus avant qu’elle accouche et j’espère pouvoir m’occuper d’elle pour la fin de sa grossesse et son enfantement. Ainsi je chanterais pour les vivants et je célèbrerais la vie et le renouveau du Nord.

La blondinette avait cessé de rougir et souriait même à cette idée et au fait que ce petit être à venir serait l’avenir de la Maison Stark et de tous les Nordiens. Il méritait le meilleur accueil en ce monde, avec tout le savoir faire des Sorcières, même si elle était loin d’avoir l'expérience de la matriarche en matière de naissance. Elle ferait du mieux qu’elle pouvait, guidée par les Dieux, par les esprits de ses aïeules et par le corbeau. Elle avait un peu peur, parce qu’elle n’avait pas pratiqué le moindre accouchement depuis des mois, mais elle ne devait en aucun cas transmettre cette peur à la future mère et elle le savait. Quand à Maedalyn, il faudrait qu’elle trouve l’occasion de la voir, mais avec sa dernière rencontre tumultueuse avec Lord Glover, elle n’osait pas trop s’approcher de son épouse. Quoi qu’il en soit, si la Bolton avait des nouvelles, au moins pourrait-elle s’assurer que cette dernière allait bien et ne requérait pas sa présence. Après tout, il était très difficile de voir un époux partir pour la guerre, et les devoirs du Sénéchal du Nord n’allaient pas s’arrêter après cette guerre, loin de là, mais elle n’était pas seule. Manel était une bonne amie, fidèle et sincère, peut-être manquait-elle de tact, mais il valait mieux manquer de tact que de gentillesse, elle avait dû être d’un grand réconfort pour la jeune femme, comme elle l’avait été pour la Harclay lorsqu’elles s’étaient rencontrés environs un an plus tôt dans ce même lieu sacré. La petite blonde se souvenait, pas des mots mais de la présence et de la chaleur humaine qui lui avait fait tant de bien.

__ Comment va Lady Maedalyn et son bébé ?

Ingheam repensa aux propos de la Dame de Fort-Terreur à propos du lot des femmes de rester en arrière à attendre. Posant son regard gris-bleu sur la grande brune, elle se demanda si Manel acceptait ce rôle qui lui était assigné par son sexe, comment elle le vivait. Pour la blondinette, c’était tellement effrayant et inimaginable, qu’elle avait développé une sorte d’aversion pour le mariage. Mis en relation avec son éducation matriarcale et les enseignements d’Iseult, mais aussi des ses cousines plus jeunes, elle en avait conclu que le mariage enfermait les femmes bien plus qu’il ne saurait les protéger, il mettait en danger leur liberté et leur identité. Évidemment, parler de ça à Bowen Glover était une très mauvaise idée, mais il avait mis le sujet du mariage sur le tapis et la pucelle du Bois aux Loups ne savait pas mentir, même par omission. Le Sire de Motte la Forêt était un homme de principe, somme toute très bien dans le fond, mais probablement incapable de comprendre de quoi il retournait pour une femme et particulièrement pour Ingheam. La timide Sorcière des Bois avait désormais tout l’héritage de la lignée matriarcale du clan Harclay sur les épaules et elle se connaissait suffisamment pour savoir qu’elle risquait fort d’oublier ses devoirs envers sa Maison et les Dieux si elle était soumise à l’autorité d’un époux. Elle pressentait qu’il faudrait qu’elle fasse un choix entre servir les Dieux et la vie et servir un homme et c’était un choix qu’elle ne pouvait pas faire, mais elle pouvait en faire un autre, un qui avait choqué le Glover et qui choquerait peut-être d’autres personnes. Car elle ne pouvait pas non plus se permettre de ne pas donner de descendance à son clan.

__ Et heu… vous ? Un mariage en perspective ?

La petite blonde rougit aussitôt la question, qui lui avait presque échappée, posée.
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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyMar 19 Mar - 18:21

Manel s’insulta intérieurement. Pourquoi y avait-il fallu qu’elle parle de cela ? Et pire : qu’elle en parle comme ça. Il était évident que non seulement Lady Harclay était parfaitement familière avec cette sensation, elle l’était bien plus que la jeune Bolton. Ingheam avait vu son clan entier massacré ou réduit à une poignée de survivants. Elle avait dû assister aux départs des combattants, des hommes, avec parmi eux des frères, des pères, des amis… Et Manel l’évoquait comme s’il n’y avait rien de plus normal. Elle-même avait assisté maintes fois au départ à la guerre de son père, toujours avec la peur au ventre. Lorsque les premières nouvelles de La-Mort-Aux-Loups lui étaient arrivées, elle avait senti tous ses organes se pétrifier, son ventre devenir glacé. Mais il était toujours revenu, de même que son demi-frère bâtard.

Son expérience n’avait rien de commun avec la douleur qu’avait connu son amie, mais Manel avait été incapable de le voir.

Elle préféra ne rien ajouter, ne surtout pas surenchérir mais plutôt se cantonner à un rôle qu’elle maîtrisait bien mieux : elle écouta. En silence, son regard étonnamment doux posé sur la jeune femme, attendant qu’elle termine. Manel ne pouvait pas entièrement comprendre ce que décrivait son amie. Les liens entre les gens du clan étaient manifestement très différents des liens entretenus par les membres de la maison Bolton avec leurs armées. Bien sûr qu’elle connaissait les proches de son père, le capitaine de leur garde, ceux qui lui couraient après quand elle était petite. Et elle connaissait un peu la garnison de Winterfell. Mais ce n’était pas de la famille, ce n’était pas un Clan.

Heureusement pour elle, la jeune Bolton n’avait pas juste évoqué l’horreur de la guerre. Elle avait eu l’intelligence, ou la chance, de mentionner également les Ladies Stark et Glover. Manel avait noté que leurs noms semblaient troubler la jeune femme, mais elle ne comprit pas pourquoi jusqu’à ce qu’elle lui dise, à mots hésitants. Il fallut encore quelques secondes à l’écorcheuse pour se souvenir : Ingheam n’était pas seulement capable de soigner les blessés de guerre, ou d’accompagner les mourants. C’était quelque chose qu’elles n’avaient que brièvement abordée, il y a plusieurs mois de cela. Sa spécialité, ce qu’elle savait faire de mieux, c’était les accouchements. Elle comprenait maintenant de quoi voulait parler Ingheam en évoquant un choix difficile.

Elle considéra la petite blonde d’un œil nouveau. Ses lèvres se tordirent quelques secondes alors qu’elle cherchait ses mots, sans être sûre de ce qu’elle pouvait lui dire. Dans son esprit, le choix d’Ingheam avait été le bon, le plus logique, mais elle ne connaissait pas sa situation ou ce qu’on lui avait enseigné, alors pouvait-elle réellement en parler ?

« Je ne sais pas si cela peut vous réconforter, mais je pense que vous avez bien fait. Tant de nos hommes sont partis au sud, et je ne suis sûrement pas la seule heureuse de savoir qu’ils avaient quelqu’un comme vous à leurs côtés pendant cette épreuve. »

Manel détacha sa main de celle de son amie, mais c’était pour la poser sur son épaule, serrant de nouveau. « Lady Stark devait être enchantée d’avoir une guérisseuse Harclay l’accompagner pendant son accouchement. J’espère être là pour entendre cette chanson. »

Mais je n’en suis pas si sûre, ajouta-t-elle en son for intérieur.

Maedalyn serait sûrement encore là, il semblait logique que le Sénéchal du Nord reste auprès de son Roi, au moins pour quelques temps. Elle apprécierait sûrement l’aide de la jeune sorcière. Manel, en tant que vierge, avait été tenue prudemment à l’écart de tout ce qui concernait l’accouchement, comme si le simple fait d’en entendre parler porterait atteinte à sa pureté. Elle ne s’en plaignait pas : Ingheam aurait été sans aucun doute bien meilleure à accompagner Lady Glover. Manel la connaissait depuis longtemps bien sûr, bien avant qu’elle ne s’appelle Glover, mais ça ne la rendait pas plus apte à comprendre ce qu’elle traversait. D'autant que la grossesse n'avait pas été de tout repos, et que la grande brune n'aurait pas trouvé les mots pour aider son amie.

« Maedalyn va bien, elle adore le petit bonhomme, même si sa venue a été compliquée. Et le bébé va bien aussi. Vous avez pu le voir ? Je suis sûre qu'elle serait ravie d'avoir vos conseils. »

Elle avait manqué d’oublier de répondre pour l’enfant. C’est que, si tout le monde s’accordait à dire qu’il était fort mignon, ce que Manel avait le plus retenu des moments passés avec était le sourire de la jeune maman. Maedalyn semblait sincèrement heureuse et c’était après tout sur elle que Bowen lui avait demandé de veiller. Même si le petit Torrhen devait également être surveillé de près, surtout à son âge.

Manel se demanda si les époux Glover aurait aimé que la jeune Harclay veille sur l’accouchement. Elle n’avait pas eu le temps de discuter d’Ingheam avec Bowen avant son départ, et n’en avait pas parlé avec Maedalyn entretemps. La question n’avait guère plus d’importance à présent mais… elle décida que oui, c’était bien dans le genre de Bowen. Et après tout. Et elle jugea plus rassurant d’avoir une femme à ses côtés pendant cet événement que le vieux mestre. Est-ce qu’elle l’aurait préféré ? Aussitôt la question effleura son esprit qu’elle l’évacua. Elle n’en était pas encore là, loin s’en fallait.

D’autant qu’Ingheam s’était décidé à aborder un autre sujet, qui surprit cette fois-ci Manel. Si bien qu’elle en resta bouche-bée quelques secondes, ses grands yeux pâles fixés sur la petite blonde sans la voir. Pourquoi donc était-ce au tour d’Ingheam de lui poser ce genre de question.

Clignant des yeux lentement, la jeune femme finit par perdre son masque de Lady. Ses lèvres s’étirèrent en un beau sourire et elle éclata d’un rire cristallin, qu’elle ne parvint à calmer qu’au bout de longues secondes. « Et dire que je pensais retrouver ma bonne amie, Lady Harclay. Mais c’était vous, père, caché derrière ces jupons ! »

Calmant son hilarité, elle inspira à longues gorgées, ses épaules retombant élégamment. Son sourire finit même par faner un peu alors qu’elle revenait à son amie. Ses mots suivants furent pesés avec beaucoup plus de précaution. « Mon père n’a pas abandonné l’idée de trouver un prétendant à ma hauteur. Il semblerait que son séjour dans le sud lui ait même donné d’autres idées. Après tout, si cet Empire est destiné à durer… »

Elle haussa les épaules et compta un moment s’arrêter là, avant de se raviser. Ingheam était son amie, même si elle ne l’avait pas connue aussi longtemps que Jon, Bowen ou Maedalyn. Et c’était peut-être la personne qui pouvait le mieux comprendre sa situation. « J’ai échangé quelques missives avec un jeune homme du sud, sous son conseil. » finit-elle par confesser, à voix basse.

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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyJeu 21 Mar - 10:58



   
   
Une prière pour les corbeaux

   
Manel & Ingheam


 
Sur mes noires ailes volent les sombres nouvelles, dans mon cri l’homme entend la mort qui plane sur sa tête, mais je ne suis qu’un oiseau sans funeste dessein.

   

Ingheam était bien trop spontanée elle même pour relever un quelconque manque de tact chez quelqu’un d’autre. D’ailleurs, parfois trop prompte à dire ce qu’elle pensait, il lui arrivait souvent de manquer cruellement délicatesse, même si elle essayait toujours de n'offenser personne. Sa conversation avec Bowen était un parfait exemple de son manque absolu de sens de la bienséance et de la diplomatie, elle n’avait pas pourtant souhaité le choquer, mais il fallait bien qu’il sache ce qu’elle pensait du mariage s’il tenait absolument à lui trouver un époux. Concilier sa franchise et son envie de prendre soin de tout le monde n’était pas toujours facile. Cela pouvait même devenir un déchirement intérieur tant elle respectait les gens et leurs sentiments tout en étant incapable de taire sa vérité qui semblait souvent en décalage avec celle des autres.

Quoi qu’il en soit, même si elle avait été profondément blessée, la Harclay aurait été bien incapable d’en vouloir à son amie, tout comme elle n’en voulait pas le moins du monde à Lord Glover. Le ressentiment et la colère ne faisaient pas partie de ses mécanismes relationnels. Elle connaissait le chagrin, mais pas la revanche, elle connaissait la peur, mais pas la haine. N'avait-elle pas prié pour les sauvageons crucifiés après la mort au loup ? Ceux là même qui avaient massacré son clan, tué son petit frère et sa petite sœur sous ses yeux, avant de tenter de la violer. Elle avait supplié Bowen d'arrêter le massacre et elle prié pour eux et pour les Nordiens qui étanchaient ainsi leur soif de vengeance. Elle ne connaissait que la compassion et l'amour, sacré dans toutes ses formes, un don aux Dieux dont le fruit les honoraient, qu’il soit né au sein du mariage ou non, quoi qu’en dise les humains. Elle commençait à comprendre pourquoi Iseult l’avait mise en garde contre toutes les personnes extérieures au Clan Harclay. Elle aimerait tellement pouvoir à présent lui en parler. La vieille Sorcière tatouée jusque sur le visage avait coupé court au débat, préférant probablement ne pas effrayer la jeune fille et ne pas insuffler la méfiance dans son âme encore pure. Mais peut-être aurait-elle dû le faire avant de disparaître, car la blondinette ne se méfiait de personne, et cela pourrait bien lui porter préjudice un jour.

La pucelle du Bois aux Loups sourit à Manel, soulagée par ses paroles lui confirmant qu’elle avait fait le bon choix et que les soldats étaient chanceux qu’elle ait été avec eux pour leur chanter la chanson de la vie et de la mort et leur tenir la main durant le grand voyage. Elle ne savait pas si sa seule présence, ses bons soins ainsi que ses sourires et ses paroles réconfortantes ou ses chansons avaient suffit à les apaiser à l’heure de mourir. Mais elle avait fait de son mieux, comme toujours. Et si l’écorcheuse trouvait cela important, alors cela lui réchauffait le cœur de n’avoir pas été inutile au Sud alors qu’elle aurait pu être encore plus utile au Nord.

__ Merci Ma Dame. Si vous êtes heureuse que je les ai accompagnés, alors j’étais certainement à ma place devant les Dieux.

Toujours avec son sourire franc sur les lèvres et se tordant presque le cou pour regarder la grande brune dans les yeux, la petite blonde ajouta :

__ Je l’espère, je ne lui ai pas encore demandé.

La Sorcière baissa les yeux en se demandant ce qu’elle pouvait bien attendre pour se décider à aller voir Eleanor qui avait été si gentille avec elle lors de leur première rencontre à Vivesaigues et méritait tout le soutien possible sans aucun doute. Évidemment, cette dernière était mariée à Jon Stark, et sa rencontre avec le Roi du Nord avait été nettement moins douce. Elle l’évitait soigneusement depuis ce jour, et pour aller voir son épouse enceinte elle allait devoir faire fi de ses craintes et de son désir de ne pas déranger le Souverain une fois de plus. Elle n’était là que pour aider et servir, les dieux, la vie, les femmes et les hommes. Si sa présence n’était pas la bienvenue, elle se retirait pour faire son travail auprès de ceux qui en avaient vraiment besoin et qui le désiraient. Le respect du refus de l’autre était aussi important que de lui porter assistance.

__ Ce que vous me dites me rassure, mais je vais tâcher d’aller lui rendre visite dans les prochains jours.

Ingheam, ne comprit pas pourquoi Manel riait dans un premier temps, jusqu’à ce que celle-ci n’évoque Lord Bolton. Alors, elle se rendit compte à quel point, sa question, destinée à meubler la conversation et à ne surtout pas aborder sa propre peur du mariage, était déplacée. Elle rougit, mais désarmée par l’humour de la grande brune, elle rit de bon cœur. Leur rire cristallin se répercuta partout dans le Bois aux Loups et les arbres semblèrent eux aussi secoués de soubresauts joyeux dans le vent glacé qui tourbillonnait entre les hauts murs de la forteresse, même le barral parut sourire l’espace d’un instant. Shoilleir accompagna les deux pucelles de plusieurs cris stridents.

__ Je vous prie de m’excuser. A force de n’entendre que ce mot dans la bouche de Lord Glover, je me mets à croire, moi aussi, que c’est, pour nous, l’unique moyen d’exister. Mais…

La blondinette resta un instant interdite.

__ Si vous épousez un homme du Sud, vous allez partir ?!

Si loin !! pensa la Sorcière, préférant taire ce point. Ce n’était pas vraiment une question. Cette réflexion lui avait échappé, d’abord parce que Manel était une amie et qu’elle n’avait aucune envie de la voir quitter le Nord et aller fonder une famille dans le sud. Elle même espérait ne plus jamais avoir à y retourner et elle se demandait comment la jeune femme pourrait y vivre toute sa vie. A chaque fois que les arbres cœurs lui manquaient et que le souvenir du climat rude de sa contrée natal ainsi que son Bois aux Loups lui donnaient le mal du pays, elle se raccrochait à l’espoir d’y retourner dès la fin de la guerre. Elle n’imaginait pas un seul instant le quitter pour toujours et ignorait ce qui serait advenu d’elle si elle y avait été contrainte, si la perspective du retour ne l’avait pas nourrie à chaque pas qu’elle faisait loin de chez elle. Elle se rendit alors compte qu’elle avait une chance inouïe d’être devenue la matriarche du Clan Harclay et de devoir rester à Iksahkka pour que les traditions des Sorcières des Bois perdurent. Elle n’imaginait pas que son père puisse la marier avec un homme du Sud, il était trop attaché au Nord et à ses traditions pour risquer d’éloigner autant sa fille des Anciens Dieux et de la grande famille que formait le clan. De plus, le peu d'éducation de Dame qu’elle avait reçu et le peu de poids du clan Harclay au sein du Nord aurait rendu presque impossible une telle alliance. Mais l’importance de la Maison Bolton justifiait largement un tel choix.

Ingheam serra Manel dans ses bras, oubliant toute retenue.

__ Ma Dame, sachez que si vous partez pour le Sud, il y aura toujours une personne dans le Nord qui priera pour vous devant les Arbres Cœurs d’Iksahkka afin qu’ils vous transmettent leur force chaque fois que les vents du Nord souffleront.
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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyJeu 21 Mar - 19:21

Manel prit grand soin de ne pas le montrer, mais elle commençait à se demander ce qui retenait la petite blonde. Ingheam parlait d’aller voir Lady Stark, et Lady Glover, mais il y avait comme une réticence. Le simple fait qu’elle n’ait pas encore eu l’occasion de le faire était étrange aux yeux de la jeune femme. La sorcière n’était peut-être pas issue d’une famille d’une importance capitale mais les Harclay étaient vassaux des Glover. Et il n’était pas du tout du genre de Bowen de ne pas respecter ses engagements… ni de se montrer irrespectueux. Encore moins avec une jeune femme, elle le connaissait assez pour le savoir.

Ni Bowen, ni Jon ne lui semblaient être particulièrement effrayants. Et c’était encore moins le cas de leurs femmes, Maedalyn était un ange et Eleanor Stark faisait de grands efforts pour assimiler les coutumes du Nord. Pourtant, il y avait un doute chez la petite blonde que Manel n’arrivait pas à cerner. Elle hésita quelques temps, mais se décida à ne pas insister sur la question. Peut-être se faisait-elle des idées. Et si ce n’était pas le cas, cela ne la concernait pas.

Elle se promit tout de même, si elle en avait l’occasion, de reparler d’Ingheam avec Maedalyn. Cela ne pourrait qu’aider si la petite sorcière désirait rencontrer Dame Glover.

« Je ne manquerais pas d’en discuter avec Lady Maedalyn dès que je la retrouverai. » déclara la jeune femme, avant de se rendre compte qu’elle n’avait pas pensé à Bowen. Devrait-elle lui en parler à lui aussi ? Elle avait trouvé parfaitement naturel de s’enquérir de l’avis de Maedalyn mais Bowen était de retour à présent, et il était le père de l’enfant. Bien sûr, il n’avait aucune raison de refuser mais… elle devrait sans doute lui en parler à lui aussi. Si ce n’était pas déjà fait.

Manel se sentit étonnamment soulagée de pouvoir rire sur ce sujet. Malgré tous les amis qu’elle avait ici, le mariage n’était pas un sujet qu’elle pouvait aborder avec autant de légèreté avec eux. Bowen et Jon, en premier lieu. Elle ne fut d’ailleurs pas surprise d’entendre le nom du premier dans la bouche de la petite blonde. La maison Harclay étant sous sa protection, il était presque normal qu’il ait évoqué la question avec elle. Mais Ingheam… Ingheam, bien que plus jeune, était dans une situation similaire à celle de la Bolton.

Un doux sourire se dessinait déjà sur les lèvres de la grande brune, imaginant quel genre de discussion son amie avait bien pu avoir avec Bowen. Le jeune homme était un homme bien, mais il pouvait parfois manquer singulièrement de tact. Le caractère direct des nordiens, dira-t-on. Peut-être était-ce pour cela qu’elle avait hésité à aller voir Maedalyn, d’ailleurs. Mais avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit pour la rassurer, Manel se vit soudain assaillit.

Surprise, elle mit plusieurs secondes à réagir, observant d’abord la jeune femme comme s’il lui était brusquement poussé une deuxième tête. Il fallut qu’elle se force à revenir à elle pour refermer doucement ses bras autour du corps de la blonde. Non que Manel soit étrangère aux démonstrations d’affection, mais elles n’étaient d’ordinaires pas si spontanées. Gênées, elle se sentit rougir, osant à peine toucher la jeune fille. Son regard trouva naturellement le corbeau, qui les observait avec sa curiosité habituelle.
« Je suis touchée, Ingheam. Je n’aurais pu rêver mieux. J’espère que les Anciens Dieux vous entendront, et j’espère qu’ils pourront toujours veiller sur moi, si je dois partir vers le sud. »

Mais ce n’est pas décidé, n’est-ce pas ? Elle avait jusque-là évité d’en parler avec trop de monde, chaque phrase évoquant la possibilité semblait rendre la chose plus réelle et ce n’était pas du tout ce qu’elle désirait. Pourtant, elle savait qu’elle devrait finir par y réfléchir plus que sérieusement. Ses lettres étaient intéressantes après tout et… elle ne pouvait tout simplement plus rester à Winterfell. Ce n’était pas sa place. Elle y était déjà restée trop longtemps, à vrai dire, mais cela était entièrement de sa faute.

« Ce n’est pas encore écrit, Ingheam. » lâcha-t-elle dans un murmure.

Puis, se redressant, elle chercha du regard les yeux de la jeune femme, souriant de nouveau. « Bowen est un homme bon, vraiment. Mais il est un homme. Leur vision du mariage n’est pas la même que la nôtre. Vous ne devez pas lui en vouloir de vous en parler ainsi. »

Elle pensait à son père. Lord Bolton pouvait se montrer un peu insistant et ses dernières lettres mentionnaient toutes un potentiel candidat. Mais au moins faisait-il l’effort d’en parler avec elle, de lui demander son avis. Elle savait que ce n’était pas une chance que toutes les femmes de bonnes familles avaient. Et elle lui en était reconnaissante. Maintenant qu’elle y pensait, son sort était toujours plus ou moins dans les mains de son père. Mais dans le cas d’Ingheam ?

« Qu’a donc fait ce pauvre Lord Glover pour vous embêter avec le mariage ? Vous a-t-il proposé les meilleurs partis du Nord ? » Manel faillit rire de nouveau, elle pourrait presque citer leurs noms par cœur à présent.

Son regard était toujours posé sur la petite blonde. L’écorcheuse avait un mal fou à l’imaginer mariée, mais c’était sans doute du fait de sa jeunesse. Et de son statut. Elle était une sorcière, disait-on, et les sorcières n’avaient pas de maris. En tout cas, dans les contes et les légendes. Elles dispensaient leur sagesse ou leurs malédictions, mais les rares qui les accompagnaient étaient des pantins, pas des égaux et encore moins des seigneurs pour elles. Bien sûr, ce n’était pas le genre d’Ingheam, mais elle restait dépositaire d’un savoir ancestral qui la plaçait – dans l’esprit de Manel – bien au-dessus des considérations simples comme le mariage.

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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyDim 24 Mar - 10:52



   
   
Une prière pour les corbeaux

   
Manel & Ingheam


 
Sur mes noires ailes volent les sombres nouvelles, dans mon cri l’homme entend la mort qui plane sur sa tête, mais je ne suis qu’un oiseau sans funeste dessein.

   

Sans lâcher la Bolton, en la serrant un peu plus fort même, car cette dernière semblait hésiter à se laisser aller dans cette étreinte, Ingheam murmura :

__ Ils seront toujours là Ma Dame, ils nous écoutent toujours et nous parlent dans le vent qui agite les frondaisons d’un Bois, même un bois du Sud. J’ai cru, à Fort-Darion, ne plus les entendre. Mais il m’a suffit de trouver un bosquet pour qu’ils me parlent à nouveau de la vie et de la mort, d’un nouveau cycle à venir et qu’ils me chantent la chanson de l’hiver. J’ai marché pieds nus dans la neige et quand son doux crissement résonnait dans le silence j’ai su qu’ils étaient là.

On pouvait sentir dans les paroles de la douce pucelle, tout le désarroi qu’elle avait connu dans le Conflans, si loin du Bois aux Loups, et tout le soulagement qu’elle avait ressenti dans le bosquet où elle avait fait la rencontre du Roi du Nord. Rencontre étrange s’il en était, car la petite blonde était alors en communion totale avec la nature et elle avait voulu lui faire partager ce pur moment de joie, ce qui lui avait valu une réponse bien froide de la part de Jon. Elle savait que c’était là un comportement normal pour la plupart des Nordiens, vouloir se recueillir en silence et dans le calme. Elle aurait dû se douter que certains chants ancestraux pratiqués par les Sorcières ne conviendrait pas au Stark. Et maintenant elle s’en voulait terriblement de l’avoir dérangé et de l’avoir empêché, par sa présence exubérante, de prier. Elle ne voulait pas le déranger à nouveau. Il en était de même pour Bowen, elle savait que ses propositions de mariage n’étaient pas destinées à l'empêcher de vivre pour les Dieux et la vie et de mener à bien sa mission de Matriarche du Clan Harclay. Elle sentit aussi tout le désarroi de sa compatriote lorsqu’elle souffla que ce n’était pas encore fait.

__ Je vous souhaite le meilleur, où qu’il soit.

La Sorcières du Bois aux Loups pouvait-elle décemment lui dire qu’elle voulait qu’elle reste dans le Nord pour pouvoir la voir toujours alors que la jeune femme serait peut-être obligé de le quitter, à contre cœur, pour le Sud ? Pouvait-elle lui dire que les Nordiennes n’étaient pas faites pour vivre au Sud tandis que, effectivement, pour la Bolton, Dame de haute naissance, un bon parti et une alliance intéressante l’y attendait ? Il y avait des limites à la franchise et en terme de mariage comme obligation pour les femmes afin d’obtenir un statut et monnaie d’échange pour asseoir le pouvoir des hommes, elle venait de les atteindre. Définitivement, le mariage était une machine de la culture patriarcale prête à broyer toute contrevenante et Ingheam ne voulait pas participer à ce jeu là, la duperie n’était que trop pernicieuse.

__ Je ne lui en veut pas du tout. Mais je l’ai blessé sans le vouloir en essayant de lui expliquer mon point de vue sur le mariage et… je crois que je l’ai choqué. Il m’a écrit pour s’excuser et il a été très compréhensif dans sa lettre, mais je n’aurais pas dû lui dire ce que je pensais, j’aurais dû me contenter de refuser ses propositions. C’est le meilleur homme que je connaisse, il ne méritait pas que j’ébranle ainsi ses convictions simplement pour qu’il cesse de me parler mariage. Mais à chaque fois que j'essayais de détourner la conversation, il insistait, il trouvait des idées pour me proposer un bon parti, une bonne alliance. Je me suis sentie… je ne sais pas. Il a parlé des femmes violées par les sauvageons à qui on avait trouvé un époux, et cela a résonné en moi comme un outrage à leur souffrance. J’ai eut l’impression qu’il me forçait la main, qu’il voulait absolument me vendre à quelqu’un pour me faire oublier ce que j’avais vécu et aussi pour des raisons politiques qui me dépassent. Je sais qu’il ne pensait pas à mal, mais… Je suis partie. Je n’arrivais plus à respirer.

La blondinette essuya ses larmes du revers de la manche, le souvenir restait prégnant et plein d’émotions contradictoires dans lesquelles sa raison, son coeur et ses tripes bataillait les unes contre les autres menées par les fantômes d’un passé qu’elle ne comprenait même pas. Comme si elle avait vécu pire que ce qu’elle avait véritablement vécu, comme si elle avait vécu les vies de milliers de femmes. Elle mit quelques instants à reprendre son calme, puis expliqua calmement, sans plus pleurer.

__ Vous savez, en tant que dernière Sorcière des Bois du Clan Harclay formée à Iksahkka, j’en suis devenue la matriarche. Chez moi, un Harclay veille sur les hommes, le village, les terres et les troupeaux et les mène au combat lorsque le Stark de Winterfell nous appelle. Et une femme veille sur les femmes, la vie, le Bois Sacré et la nature. Elle gouverne au même titre que le Seigneur. Les hommes qui épousent les Sorcières des Bois perdent leur nom et leurs droits sur les terres de leur famille et n’héritent pas non plus des terres du Clan Harclay si leur épouse meurt. Moi, étant issue de la branche patrilinéaire, j’aurais dû me marier et quitter Iksahkka avec mes connaissances acquises jusqu’au jour de mon départ. Mais l’extinction de la lignée matriarcale m’a propulsée à la tête de cette lignée et… Je ne suis pas comme Iseult ou Ildegard, je ne suis pas une femme forte avec suffisamment de caractère pour imposer mes choix à un homme Je sais qu’un jour, je devrais faire face à un dilemme entre mon serment de servir la vie et les Dieux et celui d'obéir et de servir mon époux. Ce jour là, il me faudra trahir un serment, et je n’en ai pas le courage. Je n’ai pas été préparée à jouer ce rôle, je ne sais pas quoi faire Manel…

Ingheam espérait pouvoir adopter les jeune filles que Lord Glover lui confierait afin de les former et de les inclure complètement dans le clan Harlcay. Elle pourrait ainsi renoncer aux hommes, mais était-ce ce qu’elle voulait ? Renoncer à l’amour, ce sentiment qui avait commencé à naitre entre elle et son fiancé Lideuil avant qu’il ne soit tué. Renoncer à être une femme dans la chaleur d’une étreinte ? Et surtout, renoncer à donner la vie ? A arpenter elle même ce chemin si incroyable sur lequel elle prétendait guider les parturientes sans l’avoir fait elle même ?
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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyLun 25 Mar - 15:05

Manel Bolton n’était pas à proprement parlé passionnée de religion. Bien sûr, elle avait été initiée très tôt, mais ce qu’elle avait retenu de l’enseignement de son père était que c’était avant tout privé. Chaque prière était une conversation seule à seule. L’homme face aux Anciens Dieux. Ceux-ci écoutaient, surveillaient, mais ils ne fournissaient jamais de réponses directes. C’était l’introspection et la réflexion, effectués le plus souvent face à l’arbre-cœur, qui permettaient de trouver une réponse. Il restait quelque chose de rassurant dans la figure des Anciens Dieux, dans leurs règles simples et, selon Manel, universelle.

Malgré tout, elle ne s’était jamais imaginé qu’elle s’inquiéterait autant de perdre leur regard sur elle. Ce n’est que lorsqu’elle s’était mis à envisager un départ vers le sud que la question l’avait frappée, par surprise. Soudain, elle se demandait ce qu’elle ferait là-bas. Est-ce qu’il restait assez de barrals ? Est-ce que les dévôts des Sept n’avaient pas tout fait pour déraciner l’influence des Ancieux Dieux sur ces terres ? Est-ce qu’on la forcerait à changer de foi ? Elle ne se l’imaginait pas possible, pas réellement. Elle pourrait sûrement prétendre, mais toute son enfance, elle avait prié les anciens.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, il était vraiment rassurant pour la grande brune de parler avec Ingheam. La petite sorcière lui assurait, d’une certaine façon, que les dieux ne la perdraient jamais de vue. Ils n’avaient pas besoin de barral ou même d’un bois sacré pour l’observer, pour être là. Car il était dans la nature des Anciens Dieux d’être présents partout, comme toute force naturelle. Pour autant, cela ne signifiait pas que son départ vers le sud était décidé mais il devenait d’autant plus… tolérable ? Manel avait dit à son amie que ce n’était pas encore définitif, mais c’était surtout pour se convaincre elle-même.

Si elle avait depuis longtemps accepté l’idée qu’elle devait quitter Winterfell pour un autre château, elle avait toujours envisagé qu’il s’agisse d’un château nordien.

« Merci » avait-elle finit par murmurer, les yeux perdus dans le vague. Elle-même ne savait pas alors à quelle phrase de la petite blonde elle répondait. Dans tous les cas, elle méritait au moins des remerciements.

Manel fut tout de même soulagée de voir le sujet de son propre mariage s’éloigner. Même si son inéluctabilité le rendait impossible à évacuer de sa mémoire, elle préférait ne pas l’évoquer sans cesse à voix haute. Cela ne faisait que le rend plus réel… et proche. Alors que l’option que lui avait offert son père lui donnait encore quelque temps avant que les choses ne se figent enfin.

La jeune écorcheuse comprit rapidement que parler du mariage d’Ingheam devait revenir à la même sensation pour la jeune femme. Sans doute même pire. Elle comprenait bien que l’insistance de qui que ce soit, même un ami proche comme Bowen, aurait été en mesure de pousser la sorcière à se montrer un peu plus brute. Bien sûr, elle avait beaucoup de mal à imaginer Ingheam se montrer blessante avec qui que ce soit – la petite sorcière semblait toujours prendre des gants pour parler aux gens – mais elle voulait bien la croire. Elle restait curieuse des circonstances exactes de cette conversation, mais c’était du domaine du privé et elle ne voulait pas raviver de mauvais souvenirs.

Elle écouta, le cœur déchiré en voyant Ingheam essuyer des larmes. Instinctivement, ses bras rattrapèrent la jeune femme et la serrèrent plus fort contre elle. Les problèmes qu’elle rencontrait n’avaient rien de communs avec ceux de Manel. Pour elle, la question de la succession ne s’était jamais posé. Encore moins la question d’un serment fait aux dieux. Elle naviguait en eaux inconnues, mais elle sentait aussi que son amie avait besoin d’être rassurée, pas forcément de réponses toutes faites. En fait, c’était peut-être ce que Bowen avait tenté de faire à sa façon. Le mariage était, somme toute, une façon pour une femme d’être placée sous la protection de son mari. Dans l’esprit de certains hommes, il n’y avait pas plus sûre façon de rassurer une personne du beau sexe. Une erreur commune.

« Ingheam… Vous avez bien fait. » finit-elle par répondre, après un moment de silence assez paisible. Ses yeux pâles cherchèrent le regard de la sorcière, la fixant intensément. Peut-être même un peu trop. « Bowen essayait simplement de vous aider, je le crois sincèrement. Mais vous seule savez ce que vous ressentez. Si ce qu’il vous proposait vous mettait mal à l’aise, vous avez eu raison de partir. Il sera peut-être difficile de lui faire entendre raison sur ce point, mais c’est un homme bon. Il devrait comprendre que vous forcez la main ne fera que vous mettre mal à l’aise. »

Manel était confiante. Elle connaissait Bowen depuis bien trop longtemps. Il pouvait se montrer un peu brut par moment, mais ce n’était pas par méchanceté. Il finirait par accepter, même si il ne pourrait sans doute jamais réellement comprendre ce que ces propositions pouvaient faire ressentir à différentes jeunes femmes. Elle-même n’avait sans doute pas aidé sur ce point. Chaque fois qu’elle avait parlé du mariage, quand elle était plus jeune, c’était en plaisantant, sans jamais évoquer à quel point l’idée même pouvait être effrayante. Alors, dans la situation de la jeune Harclay…

« Je ne peux pas prétendre connaître votre situation, mais il me semble que vous oubliez une possibilité. Vous n’aurez peut-être pas besoin de trahir un serment ou d’imposer vos choix à votre époux. Vous pourriez, je pense, imposer des "conditions" préalables à un mariage. Non pas en imposant, pardon, plutôt… Vous pourriez trouver un époux qui accepte cette situation. Un homme qui comprendre votre position et serait aussi respectueux des dieux qu’il ne l’est de vous. »

Elle se mordit les lèvres, consciente que ce qu’elle décrivait ressemblait beaucoup trop à une situation idéale, romancée. Si c’était quelqu’un d’autre qui lui avait servi la même chose, elle l’aurait sans doute envoyée balader avec une remarque piquante en guise de conclusion à la conversation. Mais placée dans l’autre situation… Elle poussa un soupir délicat.

« Je sais comme cela peut sonner. Mais vous êtes, de fait, la dirigeante du clan à présent. Ce n’est pas une position vide d’influence. Certains hommes pourraient voir en cet union un gain pour eux, même avec vos conditions. Peut-être pas les héritiers les plus influents ou fortunés du Nord, mais tout de même. »

Manel tenta un maigre sourire, se demandant si ce n’était pas dit un peu trop durement. Ingheam n’était pas naïve, elle savait sûrement depuis longtemps que son clan n’avait pas le même poids politique qu’une maison comme les Dustin ou les Omble – ou les Bolton. Alors, elle ne devait pas lui apprendre grand-chose.

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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyMer 27 Mar - 11:25



   
   
Une prière pour les corbeaux

   
Manel & Ingheam


 
Sur mes noires ailes volent les sombres nouvelles, dans mon cri l’homme entend la mort qui plane sur sa tête, mais je ne suis qu’un oiseau sans funeste dessein.

   

Ingheam accepta avec soulagement l’étreinte de Manel et se blottit entre les bras de la grande brune avec chaleur en laissant ses larmes couler sur ses joues quelques minutes avant que son amie ne finisse par prendre la parole. Ce moment de calme, le silence frémissant du Bois Sacré de Winterfell, c’était d’un grand réconfort pour elle, plus douillet qu’une couche recouverte de fourrure. Sereinement, son chagrin d’avoir blessé Bowen, sa peur, ses doutes et ses questions sur ce qu’elle devait faire, coulaient de ses yeux. Les Dieux autour d’elles chantaient une chanson qu’elle connaissait bien, murmurant leurs réponses sans un mot dans le souffle du vent, accompagnés par la mélodie des feuilles et des branches qui s’effleuraient entre elles et qui dansaient dans le ciel gris. La blondinette posa sa tête sur la poitrine de l’écorcheuse et sourit, les yeux clos, sa respiration ralentie pour devenir lente et profonde, comme si elle dormait. Tous ses autres sens étaient en éveille, elle écoutait la musique du cycle de la vie qui battait dans le cœur de la Bolton, elle sentait le sol sous ses pieds et la chaleur d’un être humain qu’elle aimait tout contre elle, elle humait son parfum mêlé à celui de l’humus, tout ceci avait le goût du bonheur tiède et simple d’un moment partagé dans l’amitié.

Lorsqu’elle desserra ses bras et prit quelque distance afin d’écouter la belle jouvencelle, la Sorcière du Bois aux Loups leva sur elle ses yeux doux qui souriaient et elle répondit à l’intensité du regard gris-clair de la brune par la paix et l’amour du sien, sans ciller.

__ Je crois qu’il l’a compris, si j’ai bien lu sa lettre, il ne souhaite pas me forcer la main et il voulait seulement m’aider. J’espère que notre amitié n’en sera pas entachée, Lord Glover est un homme bon et je l'apprécie énormément. Mais je sais aussi qu’en tant que femme, certains de mes choix et certaines de mes paroles pourraient être mal perçus. Aussi, dans un monde idéal, dénué de tout rapport de force, je pourrais trouver un époux qui accepte de n’avoir aucun pouvoir sur mon clan, ni sur ses filles, ni sur moi. Je pourrais en ma qualité de matriarche déterminer au préalable les conditions du mariage et ne jamais avoir à m’imposer pour les faire respecter dans le temps. Mais ce monde n’existe pas. Cependant, cet homme que vous décrivez existe peut-être autre part que dans nos songes de jouvencelles.

La petite blonde sourit en hochant la tête, mais personne ici n’était dupe sur l'existence du Prince Charmant. Évidemment elle avait envie d’y croire, croire à l’amour, aux jolies histoires, mais les femmes du Clan Harclay racontaient des histoires bien différentes des contes de fée que lui lisait sa mère lorsqu’elle était petite. Elles racontaient comment, depuis l’arrivée des Andales à Westeros, sous prétexte de protection, les femmes se soumettaient, de gré ou de force, au joug des hommes sous l’hégémonie paternaliste de la société féodale. Elles racontaient une société des Premiers Hommes très éloignée de celle que la culture transmise depuis des générations décrivait, bien plus égalitaire. Elles racontaient que, même si cette influence sudiste avait mis des siècles à gagner le Nord qui s’était battu farouchement contre l’envahisseur, certains aspects de la civilisation dominante avaient prit place dans l’esprit des Nordiens aussi sûrement que le gui affaiblissait le saule sans le tuer.

Le simple fait que la cérémonie du coucher existe était la preuve que le mariage revêtait des obligations sexuelles à remplir dès la première nuit. Elle ne pouvait pas un seul instant imaginer partager avec qui que ce soit dans de telles conditions, encore moins sous la contrainte, même si elle n’était que sociale et que son époux ne la forçait en rien. Ce n’était pas comme ça qu’elle voulait aimer, surtout pas pour sa première fois. D’ailleurs ce rituel ignoble qui n’amusaient que les hommes n’avait pas cour à Iksahkka et les enlèvements rituels destinés à renouveler le sang des clans n’admettaient aucune violence entre les fiancés. Si le moindre doute subsistait sur le consentement de la mariée, l’homme devait y renoncer de lui même ou être tué par la famille de la jeune fille. Tout du moins était-ce ainsi chez les Harclay. Quand à la première nuit que Bowen comptait abolir, à raison, la pucelle du Bois aux Loups en avait entendu parler, mais aucun des Seigneurs de sa lignée ne l’avait jamais consommée. Pas que les sociétés tribales des Premiers Hommes soient dénuées de violence, loin de là, les viols, les meurtres, les combats pour les territoires existaient déjà, ils n’avaient pas été inventés par les Andales. Il était aujourd’hui difficile de faire la différence entre ce qui relevait du mythe de la nature contre la culture, du sauvage contre l’Homme civilisé ou d’une réalité ancestrale. Mais les Sorcières des Bois avaient transmis à leur apprentie, en plus de la connaissance des plantes et du corps, des capacités des femmes à donner la vie et des dieux à aider la nature à se régénérer, une vision différente des choses, une vision qui avait été un choc pour le Sire de Motte la Forêt.

Bowen avait toujours été le plus doux des hommes dans sa vie, plus même que son père et son frère, une source de réconfort. Mais comme tous les hommes du Nord, il avait changé. Depuis les exactions et les massacres perpétrés par les sauvageons, depuis le début de cette terrible guerre, et avec l’avènement de la guerre contre Harren, puis de l’Empire. Le cœur des hommes du Nord était devenu plus dur que la pierre, plus froid que la glace. Elle n’y trouvait plus la chaleur d’un foyer si agréable à ressentir dans la tempête de neige. Il n’y avait plus de chansons pour les Dieux et pour la vie, seulement la musique de l’acier et de la mort. Iseult avait raison, ils avaient oubliés. Et qui était elle pour leur rappeler la chanson de l’hiver ? La folie avait gagné les hommes et comme toujours c'étaient les femmes qui en faisaient les frais…

__ Mais Ma Dame, en vérité, j’ai fui quelque chose que je n’avais pas fui avant et ce n’était pas Lord Glover et des propositions insistantes. Je crois que je ne vous ai pas raconté la première fois que nous nous sommes rencontrée car je ne me souvenais pas moi même ce qui s’était passé. Lorsque Village au Bois a été attaqué, les sauvageons ont tué mon petit frère et ma petite sœur devant mes yeux alors que j’essayais de les rattraper. C’est alors que l’un d’entre eux, peut-être étaient ils plusieurs je ne me souviens pas, m’a plaquée sur le sol et m’a arraché mes vêtements. Je crois que j’étais tellement choquée par ce que je venais de voir que je ne me suis même pas débattue, tout ce dont je me souviens ensuite, c’est que le sauvageons a été transpercé d’une pique et qu’un cavalier Nordien m’a permis de m’enfuir. Nous avons couru à perdre haleine à travers Bois et nous sommes tombés sur l’armée du Nord avec mère et Sam.

La Harclay était très calme en racontant cela, détachée, elle arrivait à en parler ainsi, même si les souvenirs étaient imprécis, flous et sans visages. Aucun flash ne la fit vaciller parce qu’elle était bien, qu’elle se sentait en parfaite sécurité ici, protégée par les Dieux, par les arbres, par la présence chaleureuse et amicale de Manel et qu’elle savait que la grande brune l'écoutait. Cependant, elle ne lui dit pas tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle ne voulait pas faire la même erreur qu’avec Lord Glover, elle préféra donc taire ses pensées qui divaguaient entre les mots de la missive de son ami et les yeux de la Bolton qui, de par sa naissance n’avait pas le choix que d’épouser un grand nom.

Peut-être qu’aucune Sorcière des Bois ne mérite que des Nordiens se battent pour elles. Peut-être qu’elles méritent de disparaître. Pourtant je crois à ce que mes parents m’ont légués, je n’y suis pour rien s’ils ne m’ont pas transmis la même chose que les autres. Je n’y suis pour rien si nos coutumes font peur. Qu’ais-je donc fait pour qu’on me craigne ? Je n’ai fait que chanter, danser et soigner. Je n’ai tué personne, je n’ai brûlé personne. Ils ont crucifié des sauvageons et c’est moi qu’on craint, est-ce là l’ironie de ma condition Iseult, l’Ironie douce-amère des Sorcières des Bois ? Je n’ai jamais dit que nous étions abâtardis par les coutumes andales, juste que nous pouvions avoir une vision différente du mariage et de la procréation sans pour autant manquer de respect aux Dieux. Ils veulent m’imposer leur vision des choses et le mariage avec sans même en avoir conscience. Mais je n’ai fait qu’exposer la manière dont je voyais les choses, je ne leur impose pas de penser comme moi. Cette pensée n’est pas celle d’une enfant qui a peur, bien sur j’ai peur et à raison. Mais c’est celle qui m’a été transmise par les Sorcières des Bois, par Iseult, Ildegard, Ingrid, Inès, Ivana. Et quoi-que les hommes en pensent, c’est cette connaissance que je transmettrais à mes filles, mes nièces et mes apprenties, parce que telle est la vérité des femmes.
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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyMer 27 Mar - 18:41

Ingheam était très perturbante pour la jeune Bolton. Contrairement à la plupart des jeunes filles qui avaient reçues une éducation noble correcte, elle était apparemment incapable de masquer ses émotions, d’afficher la retenue et le calme qu’on attendait d’une personne de haut rang. Cela ne dérangeait pas Manel, qui appréciait cette franchise et cette spontanéité. Mais la sorcière était aussi, paradoxalement, capable de respirer la douceur en toute circonstance. Même maintenant, alors qu’elle venait de pleurer, de s’épancher même, de confesser des choses que peut-être elle ne voulait pas communiquer à tout le monde.

Elle continuait de regarder Manel avait une douceur qui déstabilisait la grande brune.

Voilà ce qui arrivait quand on était éduqué entre les Bolton et les Stark. Ni Ori Bolton, ni Torrhen Stark n’étaient réputés pour leur chaleur humain et leurs capacités démonstratives.

En fait, Ingheam parvint même à lui arracher un sourire dans ces circonstances. Oui, Manel savait bien qu’elle avait décrit un homme vivant plus facilement dans les contes et les chansons que dans leurs vies, mais que pouvait-elle faire sinon espérer ? Et puis, était-ce si irréel que cela d’imaginer qu’un futur mari puisse respecter les coutumes de sa femme ainsi que les particularités de sa position ? Elle se prit à se demander si Bowen aurait été capable de faire ça, en imaginant qu’il ne soit pas né Glover. Si le jeune homme était né dans un clan ou une famille plus modeste, deuxième fils, aurait-il été capable d’aimer Ingheam et d’accepter la situation ? Elle aurait aimé croire que oui.

Chaque fois qu’elle devait s’imaginait l’homme idéal, étonnamment, elle retombait sur les figures de Jon et Bowen. Alors qu’elle avait toujours été incapable de se voir mariée à l’un d’entre eux, ils étaient une forme d’idéal de respect. Plus encore que son père, dont elle n’avait que très peu de souvenirs en compagnie de sa mère. Et, en toute honnêteté, il lui paraissait souvent assez froid. Ce qui n’avait bien sûr jamais déteint sur elle d’aucune façon que ce soit.

« Eh bien voilà. Je crains que si nous ne trouvions cet homme, nous soyons obligés de le façonner nous-même, mais je ne doute pas que vous, plus que n’importe laquelle d’entre nous, en soyez capable. »

Manel ne faisait pas confiance aux chansons, en règle générale, mais elle avait une confiance relative entre l’être humain. Les gens, même les hommes, étaient capables de s’améliorer et de se respecter les uns les autres. Cela dit… Dès qu’ils s’agissaient de femmes. Inghema avait parfaitement raison quand elle parlait de rapport de force, mais pour Manel c’était aussi naturel que tout le reste. Si il existait des femmes combattantes, comme les réputées guerrière Mormont ou la Reine actuelle de l’Orage, la grande majorité ne pouvait affronter un homme. Il était naturel pour eux de vouloir les placer sous leur protection, aussi dangereuse puisse être cette protection.

En tant que jeune femme issue d’une puissante famille noble, elle n’avait jamais envisagé le mariage comme autrement qu’un outil politique. D’autant que son père, sans lui en parler, avait agi très tôt pour lui faire comprendre la chose. Elle n’avait pas été envoyée à Winterfell uniquement pour faire acte d’allégeance ou faire ami-ami avec Jon Stark. La jeune fille l’avait compris très tôt. De là, elle avait conclu qu’elle pouvait attendre, au mieux, un mari respectueux qu’elle finirait par apprécier ou même aimer. Et ce ne serait déjà pas si mal, en soi. Bien sûr, le pire était un mariage non seulement sans amour ni respect, mais avec violence, au sein d’une famille qui ne l’accepterait jamais réellement. C’était une possibilité à laquelle elle s’était préparée très tôt. Surtout parce que la famille Bolton souffrait encore d’une certaine réputation dans de nombreux fiefs du Nord.

Ce n’était certainement pas Manel qui allait arranger la réputation en question.

Quand Ingheam se remit à parler, ajoutant quelque chose sur le sujet qu’elles venaient d’évoquer ensemble, la grande brune en resta d’abord circonspecte. Elle appréciait de savoir que la petite sorcière se sentait assez bien avec elle pour parler de tout cela, mais elle ne pensait pas qu’il y avait beaucoup à ajouter. Elle se trouva bientôt bouche-bée, son teint d’albâtre plus pâle encore qu’à l’accoutumée. A mesure que la petite blonde continuait son récit, les lèvres de la jeune femme se fermèrent en un trait si fin qu’elles étaient presque invisible, et ses yeux brillaient alors d’une colère froide et contenue.

Elle ne pouvait même pas dire qu’elle était vraiment surprise. Si Ingheam n’avait rien dit lors de leur première rencontre, cela n’avait pas empêcher Manel de supposer, connaissant les sauvageons. Restait un monde entre savoir ou supposer que quelque chose était arrivé et l’entendre raconter de vive voix. Elle faillit même s’exclamer de soulagement quand la blonde expliqua qu’elle avait fini par être sauvée. Son regard était resté fixé sur elle pendant tout le récit et Manel se rendit compte qu’elle tremblait légèrement. En fait, elle paraissait beaucoup moins calme que la sorcière, qui avait parlé d’un ton détaché inhabituel pour elle.

Manel n’osa d’abord pas répondre, ses mots se coinçant dans sa gorge. Elle se savait peu expressive et n’était pas très douée pour apporter le réconfort que l’on pouvait attendre d’elle. Mais elle savait aussi qu’il fallait qu’elle dise quelque chose, qu’elle fasse quelque chose pour son amie. Alors, doucement, comme si elle manipulait une poupée trop fragile, elle apporta ses mains sur les joues de la petite blonde, en une légère caresse, se penchant un peu vers elle.

« Vous n’avez pas à avoir honte de votre réaction, Ingheam. Vous n’avez pas fui. Vous n’aviez pas à affronter ces souvenirs, quels qu’ils soient, lorsque Bowen les a éveillés chez vous. » Elle soupira, les lèvres frémissantes. « Ce qu’à tenter de faire ce sauvageon est une horreur et une insulte pour tous les dieux. Il n’a pas réussi à vous contrôler alors, et il ne réussira pas plus maintenant. Vous pouvez choisir comment et quand vous confronter ce souvenir. Et personne ne doit vous en vouloir pour ça. »

La rapprochant de nouveau d’elle, Manel glissa une main délicate dans les cheveux blonds, la serrant contre sa poitrine.

« Si vous ressentez le besoin de parler de ce moment ou de quoi que ce soit d’autres, n’oubliez pas que je suis encore au château pour quelques temps. Venez me trouver et je saurais me rendre disponible pour vous. »

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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyVen 29 Mar - 12:55



   
   
Une prière pour les corbeaux

   
Manel & Ingheam


 
Sur mes noires ailes volent les sombres nouvelles, dans mon cri l’homme entend la mort qui plane sur sa tête, mais je ne suis qu’un oiseau sans funeste dessein.

   

L’homme idéal pour Ingheam ressemblait effectivement fort à Bowen Glover avec une moindre naissance et un travail moins prenant. Mais ce qui faisait deu Sire de Motte la Forêt ce qu’il était, c’était tout autant lui que son histoire, naissance et titres acquis par ses qualités humaines et martiales compris. La blondinette n’avait jamais imaginé l’homme idéal, et elle voyait depuis toujours en Bowen un ami avec qui il ne lui viendrait pas à l’esprit de s’unir plus avant d’une quelconque manière. Cette relation était précieuse et éternelle à ses yeux, et malgré leurs divergences d’opinion, il était toujours d’un grand réconfort de savoir qu’il existait. Quand à façonner un tel homme, elle hocha la tête ne comprenant même pas ce que Manel voulait dire par là et se sentant bien incapable de façonner qui que se soit alors qu’elle avait toutes les peines du monde à savoir elle même ce qu’elle devait faire. Pourtant, la Bolton semblait dire le contraire et cela l’intrigua grandement.

__ Ah bon ?

Puis, la Sorcière des Bois qui était probablement la dernière pucelle du Bois aux Loups grâce à l’intervention du cavalier nordien qui l’avait sauvée des sauvageons et qui avait donné sa vie afin qu’elle puisse fuir à travers la forêt. Raconta son histoire, ce qu’elle avait vécu plus en spectatrice qu’autre chose, ce dont elle se souvenait, si peu en vérité, mais tout avait été si vite. Quand elle eut terminé, Manel hésita quelques instants, probablement plus affectée, à cet instant, que la petite blonde qui lui sourit avec des larmes dans les yeux. Toutes les femmes étaient capables de ressentir dans leur chair l’horreur d’un tel acte, comme si la mémoire des martyres se transmettait à travers le souffle du vent du Nord. Evidemment l’avoir vécu en vrai était bien différent, et certaines bâtissaient des murs entre ses souvenirs et le monde pour façonner une autre réalité quand d’autres sombraient dans le néant et la culpabilité. Chacune avait sa manière d’en parler ou de se taire, de revivre à chaque fois le drame ou de s’en détacher, chacune avait sa façon de s’en sortir ou d’en mourir et toutes détenaient leur vérité. On ne pouvait qu’admirer leur force quand elles parvenaient à tourner la page, ou compatir à leur souffrance. Elle posa doucement ses mains sur celles de l’écorcheuse, souriant toujours et pleurant un peu.

__ Je crois qu’écouter les témoignages des victimes des Sauvageons m’aide à recoller les morceaux dans ma tête. C’est parfois éprouvant et j’ai fais quelques cauchemars, mais si je ne veux pas que cela gouverne actes et mes paroles, ni mes pensées, il va falloir que je l’affronte, avec tous les sentiments contradictoires qu’il contient.

Avait-elle honte ? Ce n’était pas très clair…
La Harclay avait préféré fuir que de briser sa relation avec Bowen, et c’était mieux ainsi, elle n’en doutait pas, elle avait ressenti ce besoin vital de respirer, de partir, d’aller dehors de courir. Peut-être n’était-ce pas digne d’une Lady mais elle n’était pas une Lady, peut-être que cela était choquant, mais toujours moins que ce qui aurait pu se passer si elle n’avait pas suivi son instinct. La louve en elle avait un besoin irrépressible et le contenir à ce moment, surtout vu le peu d'expérience qu’elle avait en matière de retenue, aurait pu s’avérer dangereux pour elle et pour les autres. En revanche, elle s’en voulait d’avoir blessé Lord Glover à cause de ses sentiments qui se mélangeaient avec ce souvenir et de n’avoir pas alors su trouver les mots pour expliquer son point de vue avec bienveillance. Mais la lettre du Glover lui laissait un espoir de pouvoir réparer leur amitié, même si pour le moment elle sentait encore en elle cette peur trop présente pour aller le voir sans risque de récidive.

__ Merci Ma Dame. Je n’oublierais pas. J’ai beaucoup de chance de vous avoir pour amie, ainsi que Lord Bowen et la Reine Eleanor. Vous êtes tous les trois des personnes merveilleuses.

La blondinette se mit à pleurer sans trop savoir pourquoi. Elle serrait Manel dans ses bras et son coeur était gonflé d’amour pour ses trois personnes qu’elle appréciait tant et qui étaient toujours là pour elle. Elle espérait avoir un jour l’occasion de leur montrer combien elle les aimait. Eux et tant d’autres qui se montraient si gentil à son égard. Elle qui pensait ne jamais pouvoir avoir d’amis en dehors d’Iksahkka, pas que les autres ne l'apprécient point ou qu’ils soient méchants, loin de là, mais parce que sa timidité lui faisait parfois perdre ses moyens devant les gens qu’elle ne connaissait pas. Alors tout ceci, cette invasion terrifiante et sanglante qui avait laissé le sang des clans dans la terre du Nord et la guerre contre Harren, avait au moins apporté un peu de lumière en ce monde. Beaucoup de mort e d’ombre, mais aussi des amitiés qui sans cela n’auraient pas existé. Son lien avec Bowen s’était complexifié, mais en un sens renforcé, et elle avait pu sauver son frère ce qui était un bon début pour lui rendre son amour et sa gentillesse. Elle avait rencontré Manel à Winterfell et la revoyait à présent avec joie, dame promise à un grand avenir certainement, car elle avait le cœur aussi pur que la neige et la clairvoyance d’un vervoyant. Elle s’était liée avec la Reine et espérait lui apporter tout son soutien tant dans cette nouvelle vie de Reine du Nord dont elle était déterminée à apprendre les coutume, que dans le chemin vers la naissance de son premier enfant. La petite sorcière des clans promise à un Lideuil, désormais Matriarche du clan Harclay avait fait du chemin et elle en pris conscience à cet instant, que les Dieux l’avaient mené sur ce chemin pour qu’elle trouve la force et les soutiens dont elle avait besoin pour remplir son rôle.

La Sorcière sourit et les remercia en silence pour toutes les épreuves qu’elle avait traversé et qui l’avait fait grandir, la menant sur le chemin d’Iseult, dernière matriarche du Clan Harclay. Elle savait qu’elle était différente de toutes ses femmes, les filles et petites filles d’Iseult, qu’il faudrait qu’elle fasse avec ces qualités et ses défauts et trace sa propre route à la tête de la lignée matriarcale. Derrière ses yeux clos elle vit le visage ridé et tatoué d’Iseult qui lui souriait. Il y avait aussi sa louve, Inès, Ingrid et elle sentait leur amour et leur force se diffuser en elle comme une remède puissant contre ses doutes. Shoilleir croassa bruyamment et descendit vers les deux jeunes femmes en tourbillonnant avant d'atterrir sur l’épaule d’Ingheam. La peur s’était évanouie et laissait place à la sérénité et à une force renouvelée qu’elle sentait chauffer son cœur, son ventre, son corps tout entier tandis que les larmes continuaient à couler le long de ses joues. Elle avait une furieuse envie de danser et de chanter pour les Dieux, mais cela pouvait attendre...
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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyVen 29 Mar - 19:16

Manel pouvait à peine imaginer ce qu’Ingheam se faisait subir. Pour elle, écouter les témoignages d’autant de victime serait insupportable. Comment ne pas en ressortir dévastée ou enragée ? Même entendre la petite blonde en parler avait transpercé le cœur de la jeune femme, si bien qu’elle trouvait à peine les mots pour la réconforter. Deux victimes et elle serait en larme, ou incapable de parler. Même son masque de Lady, si savamment maîtrisé, ne servirait à rien en pareille circonstance. Il n’apportait ni réconfort ni espoir, et elle doutait d’en être capable. Même ses réponses à Ingheam avaient été prononcée avec assurance, mais étaient en réalité pleines de doutes. Elle ne savait pas comment affronter une situation comme celle-ci, et se sentait idiote de lui donner des conseils, alors elle se contentait de lui dire qu’elle trouverait ce qui lui correspondrait le mieux.

Cela sonnait juste et cela l’était peut-être, mais ça ne donnait pas vraiment l’impression d’aider.

Heureusement, la petite sorcière ne semblait pas avoir le plus besoin de son aide. Peut-être simplement de parler, et ça Manel savait faire. En tout cas, pour un temps. Elle pouvait l’écouter, lui donner les quelques réponses qui lui venait mais surtout lui permettre de faire rebondir ses idées quelque part, parfois le meilleur moyen d’arriver à une solution.

Le cœur de Manel se serra brusquement, ses yeux s’ouvrant en grand, le masque disparaissant quelques secondes. Elle avait été sincèrement prise au dépourvu. C’était étrange de s’entendre ainsi comparée à Bowen Glover et Eleanor Stark. Si la Bolton ne connaissait que trop peu la deuxième, elle était bien assez familière du premier pour prendre la mesure de l’importance de cette comparaison, d’autant plus dans l’esprit d’Ingheam. Mais cela ne faisait que rendre la chose plus absurde : elle n’était qu’une jeune femme, qui n’avait sans doute pas accompli le quart de ce que Bowen ou Eleanor pouvait faire pour la sorcière.

Elle sourit finalement, sans pouvoir trouver rien à redire, sentant la jeune femme blottie contre elle. Si parler avait été suffisant, elle devrait peut-être faire l’effort avec un peu plus de personne, mais cela lui semblait déjà épuisant.

« Vous êtes plus forte que vous ne l’imaginez, Ingheam. » murmura-t-elle distraitement, caressant les cheveux de la jeune femme à travers le turban.

Manel était sincère, profondément sincère. Et elle savait aussi que la sorcière n’en avait pas encore conscience. Preuve en était qu’elle n’avait pas eu l’air d’imaginer pouvoir faire changer quelqu’un, un homme en particulier, quand Manel avait proposé l’idée. Pourtant, elle avait le cœur sur la main et un courage exceptionnel aux yeux de la grande brune. Quelles autres qualités étaient nécessaires pour écouter ainsi le récit des victimes ? Pour en tirer sa force ? Ingheam était encore jeune et elle semblait mature comme une Matriarche devrait l’être. Elle avait sans doute la volonté nécessaire pour faire changer un homme. Mais elle avait aussi l’humilité de ceux qui ne veulent pas faire changer les gens autour d’eux.

Une combinaison étonnamment bénéfique, finalement. Peut-être que Manel devrait commencer à méditer là-dessus.

Elle se recula un peu, voyant que son amie semblait épancher ses larmes et se calmer. La Bolton l’observa de nouveau de ce regard si caractéristique, hérité de son père : ses yeux pâles qui semblaient sonder au plus profond de votre âme. Pour le torturer, diraient certains. Elle cherchait juste à comprendre. Il y avait une force dans ce petit corps qui l’étonnait, mais la rassurait en même temps. Ingheam serait parfaitement capable d’assurer ses fonctions, sans son soutien, ni celui de Bowen, ni celui d’Eleanor, ou même de Jon. Manel en était certaine.

Je suis contente de la connaître, se prit-elle à penser, sincèrement. Ce n’est pas une Lady, pas réellement, mais elle en mérite le respect, sinon plus.

« Je pense que je devrais vous laisser ces bois, au moins pour un temps, pour prier. Qu’en dis-tu, toi ? » demanda-t-elle soudain, levant les yeux vers le corbeau perché sur son épaule. Elle tendit prudemment la main et lissa les plumes noires, revenant même gratouiller sous le bec de Shoilleir.

« A moins… » reprit-elle, prise d’une idée soudaine. « Cela vous embêterait de les partager avec moi ? je me ferais petite… ou à défaut discrète, promis. Par ici. »

Joignant le geste à la parole, la jeune femme se glissa élégamment vers l’arbre qu’elle avait quitté un peu plus tôt. Elle s’assit contre le tronc, rouvrant l’ouvrage qu’elle avait amené avec elle. Le tome n’avait toujours pas l’air d’éveiller le moindre intérêt, mais les chants de la jeune sorcière pourraient peut-être rendre l’épreuve plus agréable. A défaut, ce serait l’occasion d’écouter son amie, et de passer du temps avec elle au moins un peu plus longtemps…

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MessageSujet: Re: Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE]   Une prière pour les corbeaux [Pv : Ingheam Harclay] [Tour VII - TERMINE] EmptyMar 30 Avr - 15:31



   
   
Une prière pour les corbeaux

   
Manel & Ingheam


 
Sur mes noires ailes volent les sombres nouvelles, dans mon cri l’homme entend la mort qui plane sur sa tête, mais je ne suis qu’un oiseau sans funeste dessein.

   

Les témoignages des victimes lui permettaient de relativiser son sort et de pleurer autant pour elle que pour les femmes violées par les sauvageons, ainsi, le chagrin pouvait sortir et quitter son corps et sa tête afin de ne pas se transformer en haine ou en colère. Elle ressentait la douleur et la peur, les accueillait, les embrassait et les laissait s’envoler pour faire place à la joie d’être en vie, au bonheur d’être ensemble, à la sérénité de l’hiver nordien, à l’amour des êtres vivants et à la beauté du monde. Cela faisait partie du cycle de la vie, naître et mourir, partager et souffrir, elle ne refusait rien et ne retenait rien, vivant l’instant présent avec tout son corps et tout son esprit, ici et maintenant. Elle ne perdait pas pour autant la mémoire de chaque chose qu’elle avait vécu et de chaque vécu qu’elle avait entendu, consciente qu’il y avait un avant et un après à chaque instant, même le premier et même le dernier d’une vie. Les souvenirs étaient là, quelque part dans son esprit, et cela nourrissait le ciel et la terre, les humains et les Dieux, les morts et les vivants. Il lui suffisait d’arrêter le temps et de piocher ce dont elle avait besoin, un moment de bonheur, la douceur d’un barral, un serrement de cœur, les cris des villageois. Mais même si tout cela avait été dur à surmonter, même si elle avait beaucoup pleuré avant que le chagrin d’avoir perdu les siens devienne vivable, même si elle avait préféré fuir son village déserté pour la guerre, elle était de retour et elle était prête à renouer avec la vie. Rien n’était dramatique au point d’arrêter de vivre, le temps et la foi guérissait les blessures même les plus profondes.

__ Vous aussi Manel.

Le corbeaux croassa doucement en réponse à la jeune femme et se laissa caresser, ce qui était relativement rare. La blondinette sourit, pour elle, c'était la preuve ultime que la Bolton était une belle personne et qu’elle pouvait lui faire entièrement confiance. Il posa sa tête dans la main de la grande brune et la regarda de son œil sombre quelques instants.

__ Shoilleir veut que vous restiez Ma Dame. Et moi aussi, je serais contente de partager le Bois avec vous.

La Sorcière regarda Manel s’éloigner sans bouger avec un sourire jusqu’à ce qu’elle soit assise, alors, elle leva la main et Shoilleir quitta l’épaule de la brune pour se poser sur la main de sa maîtresse. Les Dieux l’appelaient dans le vent frais et le frémissements des branches, elle les sentait partout autour, et ils entouraient son amie d’une aura particulière. Elle ferma les yeux et, comme une arbre bercé par le vent, les deux bras en l’air, elle se balança d’un pied sur l’autre. L’oiseau sautait d’une main à l’autre, puis, lorsqu’elle écarta les bras il s’envola et monta haut dans le ciel. Elle commença à onduler tout son corps et à chanter en ancienne langue.

La petite blonde leva la tête vers le ciel et inspira profondément, sentant l'air froid et les effluves d'humus boisé s’engouffrer en elle. Elle rouvrit les yeux pendant que le corbeau redescendait en piqué. Il ouvrit ses ailes au dernier moment et vint se poser sur les mains levées de la jouvencelle. Elle s'accroupit et posa Shoilleir sur sa nuque alors qu’elle baissait la tête. Elle leva un bras en observant sa main se déployer, comme si elle regardait un arbre pousser et le corbeau monta le long du bras en sautillant. Elle fit de même avec l’autre, puis elle se remit lentement debout en ondulant, parfois imperceptiblement, parfois comme prise dans une tempête. Les bras écarté, elle jeta plusieurs fois sa tête en arrière comme secouée de soubresauts, mimant un battement de cœur. Elle leva une jambe devant elle très lentement et la tendit peu à peu avant de la faire tourner en l’air autour de sa hanche et elle posa son pied sur son genoux. Elle leva la main du même côté, doucement, paume vers le haut, et comme si elle offrait quelque chose d’invisible, elle écarta la main sur le côté en redressant la tête tandis que le corbeau marchait le long de son bras. Puis elle laissa tomber sa jambe, son pied et sa tête et l’oiseau reprenant sa place sur sa nuque. Elle leva de la même manière l’autre jambe, puis l’autre bras et les laissa tomber à leurs tours tandis que Shoilleir effectuait le même manège lui aussi.

L’oiseau sauta sur la poitrine de la Sorcière qui s’était penché en arrière, se cambrant tant et si bien qu’elle put bientôt poser ses mains sur la neige derrière elle. L’oiseau marcha alors sur son ventre, et, d’un battement d’aile, alla se poser sur son pied au moment ou, avec une impulsion, Ingheam se dressait sur ses mains en envoyant une gerbe de neige dans l’air qui tourbillonnait. L’instant d’après, elle fut à nouveau sur ses pieds et le corbeau planait doucement pour se poser par terre devant elle. Elle pencha son buste en avant et, avec un ample mouvement du bras, balançant tout le haut de son corps de droite à gauche envoyait une nouvelle gerbe de neige voler autour du corbeau Elle leva alors la jambe aussi haut que possible, et l’oiseau noir vint se poser sur son pied. La neige retombait sur elle, elle écarta les bras, laissa sa tête et ses épaules partir en arrière, et l’oiseau sauta de son pied à son épaule alors qu’elle se redressait tout en abaissant sa jambe lentement. Ensuite, elle se mit à tourner les bras écartés et Shoilleir volait autour d’elle dans le sens inverse, elle tourna encore et encore tandis qu’elle chantait. Elle changea de sens et fit à nouveau plusieurs tours sur elle même. Elle tournait de plus en plus vite, changeant régulièrement de sens suivie par l’oiseau dans une parfaite synchronisation harmonisée avec les vocalises de la jeune fille qui s’envolaient dans l’air vif.

La Harclay s’arrêta enfin, les bras toujours écartés. Elle se pencha en arrière et l’oiseau se posa sur sa poitrine. Ce dernier s’envola par dessus la tête enturbannée de la jouvencelle pour atterrir sur le haut de son dos alors qu’elle lançait son buste et ses mains en avant en levant une jambe derrière elle. Elle posa le pied et leva lentement les bras, son noir compagnon monta jusqu’à sa main. Elle avança l'autre pied en s'inclinant d'un côté et baissa le bras du côté ou elle se penchait, puis elle fit un pas de plus avançant l'autre jambe en faisant le même mouvement du buste et de la main, mais de l’autre côté. Elle fit ensuite plusieurs pas chassé en ondulant son buste d’un côté et de l’autre en baissant et relevant ses bras tandis que le corbeau passait d’une main à l’autre quand elles se rejoignent au dessus de la tête de la Sorcière. Une main s’attarda vers le ciel alors que l’autre l’unit gracieusement à la terre dans un geste lent et gracieux. Puis elle écarta les doigts vers le ciel, elle appela le soleil et la lune, les nuages et les étoiles à veiller sur les esprits des hommes et des Dieux. Depuis la main du ciel, Shoilleir alla se poser sur le sol, suivant sa maîtresse en marchant dans ses pas dont elle frappa le sol, faisant craquer la neige. Elle levait les bras d’un coup et frappait le sol du pied en se baissant, puis elle levait à nouveau les bras et frappait le sol avec son autre pied comme si elle cherchait à faire trembler la terre. Elle s’accroupit alors et se pencha légèrement en avant avant de déployer ses bras comme les ailes de l’oiseau désormais posé sur sa nuque qui ouvrit ses ailes à son tour. Elle se releva brusquement en baissant les bras avant de les lever à nouveau comme des ailes tandis que son noir compagnon battait furieusement des ailes pour s’envoler haut dans le ciel.

La pucelle du Bois aux Loups courait et ondulait les bras telle des ailes en dessous du corbeau. Elle fit plusieurs sauts en jetant ses jambes comme pour sauter par dessus une rivière. S’arrêtant au milieu du cercle décrit par l’oiseau qui à présent redescendait en spirale vers sa maitresse, elle se balança d’un pied sur l’autre en levant une jambe puis l’autre et en penchant son buste du côté opposé comme si elle voulait saluer chaque arbre du Bois Sacré. Puis elle s'accroupit, et frôla la neige du bout des doigts tandis que le corbeau se posait sur son épaule. Elle roula sur le côté et il s’envola. Elle se remit sur ses pieds, toujours accroupie et il se posa sur l’autre épaule. Elle tendit un bras devant elle et Shoilleir sautilla jusqu’à sa main. Elle leva la main en se redressant d’un coup comme si elle voulait lancer l'oiseau et il prit son envol. Alors elle courut et fut plusieurs enchainements de sauts. Elle pivotait sur elle même en lançant ses jambes en arrière l’une après l’autre et son noir compagnon sautait d’un mollet à l’autre, puis elle baissait son buste et faisait voler une gerbe de neige que le corbeau traversait en volant avant de se redresser pour reprendre son élan et recommencer. Son ami à plumes se posa sur son épaule alors qu'elle se redressait une dernière fois. Elle écarta un pied, tournant sur elle même et faisant une trace dans la neige avec sa pointe. Dans l’élan, elle avança d’un pas et tourna sur elle même avec un jambe pliée derrière elle tandis que Shoilleir se posait sur sa tête. Elle souleva la neige avec son pied de derrière lancé vers l’avant et fit un nouveau tour en levant les bras au ciel, le corbeau allant se poser sur ses mains unies vers les nuages. La Harclay sautilla, fit quelques pas en courant accompagnée du vol rapide de son oiseau et sauta dans la rapidité de l'enchainement le corbeau qui volait juste au dessus d'elle frôlait la partie la plus haute de la blondinette sans vraiment s'y poser. Elle fit passer ses pieds au dessus de sa tête en tournant sur elle même et frôla la neige d’une main avant d'atterrir sur un pied, puis l’autre et de continuer sa course avec une roue, puis une roulade arrière dont elle se releva en envoyant une gerbe de neige au dessus d’elle qu'elle laissa retomber sur son visage relevé, essoufflée et souriante, son noir compagnon sur l'épaule.
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