Sujet: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Sam 2 Mar - 16:02
Catch me if you can !
Siam & Lyderik
Une bonne semaine s'était écoulée depuis que j'avais fait connaissance avec Heda Volmark, le Capitaine du Requin Noir, son navire que je n'avais pas encore eu l'occasion de voir, et pour cause, il était bien loin de Pierremoutier, sans doute cantonné dans une anse des Îles de Fer. J'apprenais doucement à connaître cette femme secrète aux manières rudes et à l'humour quelque peu cynique. Je me familiarisais aussi aux manière brutales des Fer-Nés dont elle avait pris soin de m'avertir. Je m'appliquais à servir au mieux celle à qui je devais deux vies et cela commençait par récupérer toutes mes facultés de combattant pour que mon épée puisse honorer ma parole donnée. Si je n'avais pas encore regagné tout mon poids, l'énergie était bel et bien de retour dans mon corps et la volonté de me battre dans mon cœur.
Quoi de mieux que l'entraînement parmi les rudes Fer-Nés pour redevenir le guerrier accompli que j'étais naguère ? Bien que je ne m'en souvienne que par flashs, il m'arrivait, surtout la nuit de voir des images de combat dont la violence n'avait rien à envier à celle de mes nouveaux compagnons. J'ignorai où ces visions de batailles prenaient place car ma mémoire refusait encore de me revenir, mais j'y prenais bien des vies tandis que je revivais aussi les cuisantes souffrances de blessures dont je cherchais au réveil les cicatrices sur mon corps. Et la plupart du temps, je les trouvais, preuves que ce n'était pas des rêves mais bel et bien des souvenirs qui venaient me hanter la nuit. M'entraîner m'aiderait peut-être également à faire resurgir ces souvenirs fragmentaires et à en faire un tout qui me révélerait enfin mon identité. En tout cas, j'espérais que cela m'éviterait de trop ruminer à ce sujet qui me minait un peu trop l'esprit. L'action est toujours un bon dérivatif aux pensées trop sombres.
Je m'étais donc présenté tôt le matin, après avoir fait les corvées qu'Heda m'avait attribué. J'avais graissé ses cuirasses, ses bottes, sa selle, fourbi les armes qu'elle alignait dans un râtelier, décrotté son cheval qui avait la fâcheuse manie de se rouler dans la boue, et vidé le seau d'aisance dont elle se servait la nuit, secoué sa paillasse à la fenêtre pour l'aérer. Bref tout ce qu'un larbin de confiance peut faire pour son maître ou sa maîtresse. Une mission entre homme de ménage et écuyer. Je m'efforçais de prendre les choses avec humour et j'y arrivais assez bien, faisant rire les servantes que je croisais dans les couloirs en leur répondant avec une voix de fausset et en faisant la révérence comme une femme. Elles adoraient me taquiner au passage sur ma nouvelle fonction, surtout une petite rousse avec une jolie fossette au coin de la joue gauche. Je fronçais les sourcils d'un air faussement outragé, et je disais alors d'une voix gutturale "ma mission est très importante et sachez que je sers le Capitaine du Requin Noir" ce qui avait pour effet de les faire rire de plus belle et me valait d'autres railleries du genre " oui, tu sers son pot de chambre, par exemple mais est-ce que tu lui essuies les fesses ?" A quoi je répondais "Ahaha qui sait ! Jalousie jalousie hein ? "
Quoi qu'il en soit j'avais enfin gagné le droit de m'entraîner et cela allait me changer un peu des corvées domestiques. Tandis que je faisais quelques passes d'armes seul pour m'échauffer, des clameurs me firent m'interrompre et regarder ce qui émouvait ainsi mes compagnons d'entraînement. Un grand gaillard avait maille à partir avec une ... gamine, qui lui donnait bien du fil à retordre. Bien plus puissant qu'elle dans les coups qu'il portait, il était cependant beaucoup plus lourd et lent. De sorte qu'aucun de ses essais pour l'atteindre ne portait. Je me joignis aux autres Fer-Nés pour rire de bon cœur, en voyant la fillette glisser entre les jambes du colosse et se retrouver dans son dos, pour finalement, dans saut très énergique, lui botter le train et le faire basculer en avant la tête dans une flaque. La pointe de l'épée de la jeune fille picotait maintenant la nuque du malheureux.
L'assistance était en joie et des exclamations fusèrent du cercle des guerriers.
- Vas-y Siam ! Coupe lui sa tresse!
- Où autre chose ! Renchérit un autre.
Bien campée sur ses deux jambes, de chaque côté du corps du vaincu étendu sur le ventre, la fameuse Siam arborait un air débonnaire et reprenait calmement son souffle après cet échange très animé. Son épée pointait toujours le cou du malheureux et soulevait la tresse comme pour la soupeser. Un sourire un rien narquois sur les lèvres, l'épée toujours à la main, je pris la parole pour la première fois.
- C'est bien de parvenir à mettre à terre un ennemi plus lent que soi, mais comment te débrouilles-tu avec un adversaire rapide et souple, jeune fille ?
Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Lun 4 Mar - 22:29
catch me if you can
Lyderik & Siam
We carry on through the storm, tired soldiers in this war, remember what we're fighting for.
Meet me on the battlefield.
Ce qu'elle ne pouvait combler par la force, Siam le comblait par la vitesse et l'agilité. Alors oui c'était pratique contre les guerriers en armure qui étaient bien plus protégés qu'elle mais bien moins libres de leurs mouvements, mais tous les ennemis n'étaient pas de cette trempe et Siam en avait bien conscience. Le combat durait depuis quelques minutes déjà et Siam regrettait chaque coup qu'elle n'avait pas pu éviter et qu'elle était obligée de bloquer, parce qu'à chaque fois que l'arme lourde s'écrasait sur sa fine épée, elle avait l'impression que son corps entier vibrait et menaçait de se briser. Voilà pourquoi elle était essoufflée, voilà pourquoi les bruits de l'assemblée ne l'atteignait pas. Parce qu'elle voyait bien toutes les failles de son style de combat et que plus elle y pensait, plus elle se disait qu'elle serait incapable de protéger Heda si le besoin venait à s'en faire sentir. Elle était très utile sur les terrains de bataille parce qu'elle se glissait partout, elle arrivait bien à gérer les duels à un contre un, mais il y avait toujours ce manque de puissance en elle qui lui faisait défaut. Alors comme d'habitude lorsque le combat devenait trop long, Siam usa de perfidie.
Elle se positionna de sorte à ce que le prochain coup vienne d'en haut et lorsque l'épée s'abattit, elle s'écrasa sur le sol. La jeune femme avait lancé son corps entre les jambes écartées de son adversaire et s'était relevée d'un bond. Son pied était alors parti et avait profité de la position encore en avant du guerrier pour s'écraser sur son dos et le pousser face contre terre. La pointe de sa fine épée s'était posée sur la nuque de son adversaire, qui grogna quelque chose à moitié couvert par la boue, sous les rires du groupe qui les entourait. Un sourire s'afficha alors enfin sur les lèvres de Siam qui, malgré sa concentration, ne pouvait pas rester stoïque face à pareille contemplation. C'était risible, et de loin, mais jamais elle n'aurait eu un manque de respect pour son adversaire au point de lui couper la tresse. Elle n'était pas l'ennemi, alors elle retira lentement son épée, laissant retomber les cheveux sur le dos du malheureux, et la rangea dans son fourreau. C'est une voix masculine, qu'elle avait déjà entendu quelques fois, qui attira son attention. "J'improvise." répondit-elle tout bonnement. Ses yeux se posèrent sur Lyderik, qu'elle observa quelques secondes du regard. Elle ne le connaissait pas autrement que comme le larbin de sa soeur, mais si il portait une épée à sa ceinture c'était qu'il devait avoir fait ses preuves. Toujours est-il qu'il avait une certaine carrure lui aussi et que si elle l'envisageait rapide, elle lui devinait aussi une certaine force.
Le guerrier à terre se relevait, le visage couvert de boue, et s'essuya la figure d'un revers de la manche. Il posa d'abord sur Siam un regard colérique, avant de se détendre et de secouer la tête en riant aussi. Il lui mit une tape amicale dans le dos, qui fit presque avancer la jeune fille d'un mètre tellement elle était frêle comparée à cette paluche géante, et s'en alla en compagnie de trois ou quatre partenaires de beuverie. Siam reporta alors son attention sur Lyderik, un sourire paisible et bienveillant sur les lèvres. "Est-ce donc toi que tu qualifies de rapide et souple ? Parce que en général ceux qui portent une épée aussi grosse que la tienne ont quelque chose à compenser." laissa-t-elle sous-entendre avec mesquinerie. Certains prirent ça pour une attaque direct sur la virilité masculine de Lyderik et éclatèrent de rire, d'autres comprirent qu'il ne s'agissait que de combat dont elle parlait malgré ses sous-entendus et lâchèrent quelques sifflements de provocation dans l'attente d'un combat. Siam tira de nouveau son épée et la fit tourner habilement avant de la pointer vers Lyderik, le tout dans une sorte de révérence élégante. "Et si tu me montrais ? Il y a toujours à apprendre d'un duel." A aucun moment Siam n'omettait la possibilité de perdre, au contraire. Elle avait conscience qu'il y avait plus fort, plus rapide, plus agile, meilleur qu'elle, tout simplement. Et du moment que ce genre de personne se trouvait dans ses alliés et pouvait lui apprendre des choses, ça lui allait.
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Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Mar 5 Mar - 20:26
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Siam & Lyderik
La réponse à ma question ne se fit pas attendre. Bien sûr, j'avais conscience, en interpellant une Fer-Née parmi les siens, que je prenais le risque de sortir d'une sorte de cercle d'invisibilité qui est l'apanage des étrangers ou des domestiques dans une telle assemblée. En m'exposant de la sorte, je m'attendais à une tôlée d'invectives et même à me faire rosser par les compagnons d'armes de la jeune femme. D'ailleurs, je m'y étais préparé, bandant, sans rien en laisser paraître, tous les muscles de mon corps. Que n'avais-je fermé ma bouche et assisté en simple témoin à cette joute fort plaisante ? Quel démon m'avait pris ? Sans doute celui des champs de batailles ou des guerriers oubliés !
Elle improvisait, disait-elle. Mais l'improvisation peut tout autant être trait de génie d'un virtuose que faiblesse d'un être négligeant en terme de combat. J'aurais pu opposer cet argument face à cette jeune femme à peine sortie de l'enfance. Mais sa fougue me plaisait au moins autant que sa langue bien pendue de vipère. Sous couvert d'une nonchalance trompeuse, elle recelait des trésors de rouerie et de causticité. Pourtant, son comportement face au vaincu me démontra qu'elle n'était pas de celles qui humilient vainement un adversaire méritant, même après l'avoir défait.
Ce genre d'attitude satisfaisait mon propre code de l'honneur interne. Un code que je sentais préservé en moi, bien que j'en ignore les origines. Je n'aurais pas agi différemment d'elle face à un adversaire et allié à l'entraînement. En situation de réel combat, je n'étais plus sûr de la même chose. Il y avait cette voix en moi qui murmurait tel un mantra "Que les engloutisse ma rage et les brûle ma vengeance!". Cette même certitude que, devant tenir un front, j'aurais décapité l'ennemi, en sus de sa tresse, sans aucun état d'âme. D'où me venait cette certitude importait finalement peu. Seul comptait ce qu'elle ferait de moi sur un champ de bataille.
Dans ce périmètre d'entrainement restreint, presque clanique, railleries et invectives fusaient souvent. Ma personne n'y échappa guère et cela ne me touchait que peu, même si j'en percevais toute l'agressivité larvée. Je choisis, dans un premier temps, l'esquive verbale avant de démontrer cet art par les armes.
- Moi ? Je ne suis qu'un modeste valet, voyons ! Cette épée ? Répondis-je en levant sa pointe vers le ciel, Hé bien elle constitue un bon compromis entre celle qu'on ne manie qu'à deux mains, et la tienne, fort légère pour affronter un gaillard aussi lourdement armé que celui qui tu as pourtant défait.
Je savais, pour l'avoir comparée aux nombreuses armes qu'Heda possédait, durant mes heures à son service, que ma lame possédait un équilibre particulier qu'il n'était pas bon de mettre entre n'importe quelle main. Je poursuivis en m'avançant, mon épée à présent dirigée vers le sol:
- La main n'est rien qui commande à la lame et la Lame n'est rien qui répond à la main. Sois ta lame et laisse-là être toi. Choisis-là et laisse la te choisir, alors tu vaincras.
Ce credo était ancré, enfoui au plus profond de moi et j'étais le premier surpris à l'entendre prendre forme en franchissant mes lèvres. "Tu es la lame et elle est toi. Ses coups ne porteront que si tu vises l'âme. Ne prends pas une vie, mais une âme lorsque tu frappes, alors ta lame t'obéira et sera tienne."
Je n'étais équipé que pour l'entrainement et, contrairement aux autres guerriers assemblés, ne portais aucune armure lourde. Simplement vêtu d'une pante en peau de daim et d'une chemise de lin, sur laquelle j'avais enfilé un plastron de cuir bouilli, je ne représentais guère un danger aux yeux des Fer-nés harnachés et préparés à répondre à tout ordre de mission, mais plutôt une cible vulnérable et toute trouvée. - Je ne pense pas être spécialement rapide ni souple, mais à toi d'en juger ! Voyons plutôt si j'ai quelque chose à apprendre de toi. Répondis-je en souriant sous les sifflements de défi des guerriers assemblés autour de nous.
Je ne les voyais déjà plus, ne les entendais plus, tandis que je tendais mon épée, dirigée vers celle qu'ils nommaient Siam, mais pointe entre ses deux pieds, pour signifier à la foule que je relevais le défi sans pour autant en vouloir à sa vie. Je ressentis la haine, l'adrénaline, le chaos dans un même temps. Des sentiments qui me paraissaient étrangement familiers.
Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Jeu 7 Mar - 10:14
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Lyderik & Siam
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L'insolent avait surtout eu de la chance de n'être pas tombé sur un petit seigneur arrogant qui aurait moqué ses potentielles capacités avant de l'envoyer nettoyer la merde de ses chevaux. Siam était ouverte, nonchalante, elle avait conscience que la hiérarchie entre les personnes devait être tenue pour ne pas perdre l'équilibre précaire que les royaumes maintenaient, mais elle n'était pas de ceux qui voulaient activement participer au rappel à l'ordre des moins chanceux de la naissance. Si le groupe de guerriers autour d'elle ne voyait en Lyderik qu'un valet, Siam percevait un homme courageux qui était dans leur camp. Peu importe ce qu'il faisait, il était avec eux. Il n'y avait aucune raison valable de le jeter dans la boue alors qu'ils étaient en pleine guerre et que chaque Homme avait son importance. « Moi ? Je ne suis qu'un modeste valet, voyons ! [...] lourdement armé que celui qui tu as pourtant défait. » Un rire léger, complètement auto-dérisoire, s'échappa de la bouche de la jeune Volmark. "Mon épée est ajustée à mon propre équilibre. Je perdrais plus de force à soulever ton épée qu'à tuer des ennemis si je l'avais entre les mains." Et ce n'était pas une plaisanterie. Siam avait des muscles fins, plus aptes à éviter et tromper l'ennemi qu'à lui faire réellement face. Elle ne comptait que sur sa vitesse et son agilité pour glisser sa lame entre les failles d'une armure -qui en comportait toujours une, quoi qu'on en dise- et atteindre les points faibles mis à sa disposition. Ca lui demandait plus de réflexion, d'observation et de concentration que la plupart des fer-nés qui adoraient les haches, les lourdes épées et les boucliers, mais ça lui correspondait. Elle n'en demandait pas plus et elle l'assumait. Personne, dans ceux de son entourage, n'osaient se moquer de sa silhouette frêle. Ils savaient qu'elle pouvait faire autant de dégât que n'importe quel autre guerrier. Seule la manière était différente et ce n'était pas ce qui comptait le plus. On ne demandait pas à la cadette d'une famille noble de travailler une image de sauvage rude et belliqueuse.
« La main n'est rien qui commande à la lame et la Lame n'est rien qui répond à la main. Sois ta lame et laisse-là être toi. Choisis-là et laisse la te choisir, alors tu vaincras. » Des éclats de rire gras et moqueurs émanèrent du groupe qui entouraient Lyderik et Siam. L'élan de poésie du valet avait renforcé les raisons de se foutre de lui et nulle doute que beaucoup allaient se servir à l'avenir de cette tirade pour le provoquer. Siam ne faisait pas partie de ceux-là. Elle avait planté son regard dans celui du barbu et une lueur mystérieuse stagnait dans ses yeux. Elle avait un sourire sur les lèvres, discret, paisible, qui ne laissait filtrer aucune des pensées qu'elle aurait pu avoir, mais vraisemblablement elle adhérait aux quelques mots de Lyderik puisqu'elle hocha légèrement la tête en gage d'appréciation. Elle comprenait ce besoin d'être lié à sa lame. De ne faire qu'un avec, comme un prolongement du bras. Plus encore, elle appliquait ceci à sa propre lame et à aucune autre. Si Siam perdait son épée dans la bataille, elle n'était pas sûre de pouvoir se battre avec une autre.
Lyderik n'avait rien d'un être vulnérable aux yeux de la cadette Volmark. Elle savait, par expérience personnelle, que les apparences étaient trop souvent trompeuses, au détriment des vies humaines qui s'envolaient sous l'arrogance des Hommes. Elle avait quelqu'un devant elle qui ne payait pas de mine dans sa tenue de toile, mais qui portait tout de même une épée qu'il n'avait certainement pas obtenu par son talent de videur de pot de chambre. « Je ne pense pas être spécialement rapide ni souple, mais à toi d'en juger ! Voyons plutôt si j'ai quelque chose à apprendre de toi. » Les cris d'encouragement et de moquerie se firent alors puissants autour d'eux, tandis que Siam reprenait une posture un peu plus affirmée, toujours le sourire aux lèvres. Elle avait l'air nonchalant, insouciant, et c'était tout ce qui faisait le charme de la demoiselle qui maintenait pourtant une concentration beaucoup plus forte que ce qu'elle laissait supposer. L'homme s'était mis en place, alors elle fit de même. Elle l'observa pendant quelques secondes, puis elle l'attaqua. Son offensive n'avait pourtant rien d'extraordinaire et il ne suffit que de quelques mouvements pour comprendre qu'elle testait simplement les positions et réflexes de son adversaire. Le but n'était pas pour Siam de foutre à terre son concurrent le plus vite possible, mais de voir ce qu'elle pouvait tirer de lui pour en apprendre d'avantage, et bientôt elle recula. Le cercle se mouvaient à mesure que les deux assaillants se rapprochaient ou s'éloignaient mais la jeune femme se contentait d'esquiver et de parer pour l'instant, toujours dans un esprit d'étude de l'adversaire. Ce n'est qu'après quelques pas de danse de plus qu'elle consentit à entamer un réel combat avec son partenaire, relâchant son sourire pour chercher la victoire.
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Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Ven 8 Mar - 19:47
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Siam & Lyderik
Cette rencontre inattendue dans l'enclos d'entraînement avait quelque chose de très stimulant. Depuis plusieurs jours, je déambulais comme un spectre semblant invisible aux guerriers de Pierremoutier. Je paraissais ne prendre corps que parmi la valetaille et les petites gens qui peuplaient ce fortin. Si me mêler à eux ne me posait pas de difficultés, parce que je trouvais la plupart des problématiques qui jalonnaient leur quotidien tout aussi légitimes et intéressantes que celles des Seigneurs ou guerriers que je croisais, et que ma curiosité naturelle me portait à prêter une oreille attentive aux unes comme aux autres, me manquait pourtant l'occasion d'exprimer un autre pan de ma personnalité. Cette envie d'en découdre, de faire mes preuves armes à la main n'avaient pu vraiment s'exprimer dans les travaux domestiques qu'Heda m'avait tout d'abord attribué. J'étais assez lucide pour deviner qu'elle testait chez moi certains traits de caractère, dont l'abnégation, la patience et le dévouement. Et cela n'était que logique si je considérais le fait que j'avais porté la main sur elle et menacé sa vie lors de notre seconde rencontre, alors que précisément, elle avait sauvé la mienne lors de la première.
Je ne prenais pas cette situation comme une disgrâce, mais plutôt comme une épreuve que je devais surmonter pour avoir le droit de combattre à ses côtés. Me permettre de m'entraîner répondait sans doute à une logique de sa part, de me donner l'occasion de prouver que je pouvais être plus qu'un simple domestique. Cette jeune guerrière qui me défiait m'en offrait l'occasion. Certes je n'allais pas affronter les rudes Fer-nés qui me raillaient ouvertement, mais je ne prenais nullement son défi avec dédain. J'avais pu constater de mes propres yeux que Siam, en dépit de sa corpulence menue et de son jeune âge, n'était pas une adversaire à prendre à la légère. La sous-estimer aurait été une très grossière erreur. Ses propos, pleins de bon sens, au sujet de son épée, ne firent que confirmer ma conviction que je devais l'affronter avec lucidité et sans jamais baisser ma garde. Je me contentai de répondre à son explication en disant
- Alors, je suis honoré de t'affronter, car tu as compris le Chant des Lames.
Le Chant des Lames ? Une musique interieure s'éleva en moi à la seule évocation de ces mots. Une musique venue du plus profond de ma mémoire. Cette résurgence me déstabilisa quelques secondes, tandis que j’entendais, venue du passé, une voix masculine et familière qui s'adressait à moi. Soudain le poids de mon épée me parût tout autre tandis que j'assurai la prise sur sa garde. Qui avais-je été, pour conserver un tel conditionnement malgré mon amnésie ? Quel était mon nom ? Finalement, je n'en avais pas ici et Heda ne m'en avait pas encore octroyé un de substitution. Peut-être était-ce mieux ainsi. Tous me nommaient le larbin, le valet, l'étranger. A présent, je savais que mon passé prenait racine dans ce chant dont je me souvenais, placé devant un adversaire.
Nos premiers échanges ne visèrent qu'à jauger mutuellement la réactivité de l'autre et je parai instinctivement et sans grand effort, ses coups de taille qui n'étaient guère d'une puissance menaçante pour ma garde. Cependant, je devais admettre que mes propres coups étaient pour le moment aussi adroitement invalidés par d'habiles esquives. La garde de la jeune femme, plus basse que la mienne était compensée par une vivacité que je n'avais pas encore récupérée. Je ressentais une certaine raideur dans la cuisse droite, une tension invalidante que le Mestre avait attribué à une vilaine cicatrice certainement due à une mauvaise blessure mal soignée. Si Siam ne pouvait m'atteindre par le haut, je commençai à surveiller ma garde basse, son point d'équilibre étant nettement plus bas que le mien et lui offrant potentiellement des ouvertures sur la partie inférieure de mon corps. Tout guerrier avisé savait qu'il devait préserver autant ses jambes qui portaient sa mobilité sur le terrain que celle des membres supérieurs qui contrôlaient l'attaque et la défense. Nombre de guerriers périssaient d'avoir trop négligé la partie considérée comme la moins noble de leur anatomie.
Mon amplitude de mouvement plus grande que la sienne, était à double tranchant face à la technique ramassée de mon adversaire. Si d'amples mouvements permis par un bras et des jambes plus longues aident à maintenir l'adversaire à distance, ils imposent également plus d'ouverture aux coups d'estoc. Dans un premier temps, nous ne fîmes que nous tourner autour en croisant les tranchants de nos lames. A dessein, je réduisis l'ouverture de mes coups pour la laisser m'approcher. Autour de nous, les rangs de guerriers se détendaient ou se resserraient suivant nos attaques et nos esquives. Elle ne déclina pas mon invite à entrer davantage dans l'affrontement rapproché, et cela, je l'avais prévu, parce que de première évidence, cela semblait en sa faveur. Comme une erreur tactique que j'aurais pu faire.
En réalité, je ne faisais que répondre à une devise assez répandue sur les champs de bataille: "garde des amis près de toi, mais plus encore tes ennemis". Or, dans cette projection du champ de bataille que pouvait être une aire d'entraînement, Siam figurait l'ennemi. Non pas en mon esprit, mais sans nul doute, dans celui de ceux qui assistaient à notre confrontation. J'étais bien conscient que je ne me battais pas tant pour vaincre la jeune guerrière que pour gagner le respect de toute l'assemblée. Savoir comment elle attaquait en proche pouvait beaucoup me prévenir de ses attaques venues de loin. C'était aussi ça, la science du combat. Peut-être avait-elle perçu mes intentions, je l'en croyais fort capable, la sentant rusée comme une fouine. Toujours était-il que son visage s'était fermé, ne laissant plus paraître qu'une concentration extrême. Moi-même, j'avais cessé de fanfaronner pour laisser place au seul chant de ma lame qui fendait l'air.
Notre affrontement prit une autre tournure tandis que nous nous étions rapprochés. Il s'apparentait à une sorte de danse instinctive dans laquelle je commençais à retrouver des réflexes venus d'une longue épopée dont je n'avais encore aucun souvenir. Mais je devenais mon propre ennemi, soudain absorbé par une quête qui ne venait pas au bon moment. Là où son expérience sert un guerrier, elle me paralysait parce que je cherchais à en retrouver les origines. Une infime seconde d'inattention laissa à Siam une ouverture au niveau de mon aine. Je vis trop tard la faille et je sus que la fulgurance d'un éclat métallique pouvait m'atteindre si elle la percevait. Quand bien même le fil redoutable de ma lame venait de toucher son épaule, tranchant dans sa chevelure. J'avais retenu mon coup, bien conscient que j'affrontais une alliée potentielle et non une ennemie véritable. La réciproque n'était pas assurée venant d'une Fer-née, issue d'un peuple sans merci dont Heda n'avait cessé de me prévenir.
Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Dim 17 Mar - 20:53
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Lyderik & Siam
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Boire et se battre. C'était tout ce dont Siam était occupée à faire depuis sa dernière dispute avec Heda. La cadette Volmark était malheureuse, elle n'avait pas envie de se battre pour Yoren et la seule raison de sa présence ici était son aînée idiote amoureuse du roi. Mais après leur engueulade, la jeune Volmark avait remis toutes ses priorités en question. Elle en venait clairement à se demander si Heda la soutiendrait en cas de litige, ou si elle préférerait rester loyale à cet homme qui l'avait pourtant renié. La jeune effrontée n'avait pas participé aux festivités du mariage et s'était éclipsée quelques jours, sans que personne ne remarque vraiment sa présence. Elle n'était que la cadette Volmark, sans titre, sans réelle importance, un autre pion du même gabarie que les soldats tous prêts à être sacrifiés. Quelle importance qu'elle soit là ou non ? Heda l'avait bien prévenu que sa propre absence serait un affront, mais Siam avait l'aubaine de n'être personne, alors elle en avait profité. Elle avait pris un cheval, quelques vivres, et elle s'était barrée au nord de Pierremoutier pendant quelques jours pour prendre l'air, décuver et surtout être certaine de manquer absolument tout de la cérémonie. Mission accomplie, lorsqu'elle était revenue l'ambiance avait repris son attrait normal. Plus de musique, moins d'alcool, de personnes qui parlaient encore et encore de l'événement historique que c'était, et bla, bla, bla... Foutaises. Vu leur état et l'équilibre des troupes, s'ils continuaient sur cette lancée, l'Histoire allait mal se rappeler de ce roi. Elle ne savait pas encore que sa rancœurs envers lui était si forte qu'il l'avait senti.
Les armes s'entrechoquaient, rien d'alarmant. D'ailleurs les deux adversaires prenaient tellement le temps de se jauger que la foule autour d'eux commençait à s'ennuyer. Mais ils ne comptaient pas. A l'entraînement ou pendant les combats, tout ce qui entourait Siam avait une présence minime. Juste de quoi l'alerter si un geste louche s'approchait d'elle, mais rien de plus. Ici, elle avait tout le loisir de se concentrer uniquement sur Lyderik. Aucun fer-né n'oserait lever la main sur elle dans son dos. Pas un de ceux qui avait vu son premier combat, en tout cas. Elle pouvait parfaitement être terrassée, mais pas sans difficulté et sans blessures.
Les quelques minutes à scruter son adversaire avaient permis à Siam de remarquer certains détails qui allaient potentiellement lui valoir la victoire. Tout d'abord un certain manque de liberté au niveau de la cuisse, comme si sa jambe refusait de laisser aller sa souplesse naturelle. Sans doute une ancienne blessure ou même une tendinite récente. Peu importe, le fait est qu'il était moins agile du côté droit. Mais le pire était son manque de concentration. Il avait l'air complètement absorbé par ce qu'il faisait, là n'était pas la question, mais il était justement un peu trop impliqué. Il cherchait quelque chose et ce n'était pas la victoire, comme si il s'évadait, comme si ses émotions prenaient le contrôle. Elle ne comprenait pas tout à fait ce qui se passait, mais elle estimait que c'était d'autant mieux pour elle. Le fait qu'il se rapproche petit à petit ne troublait pas la jeune femme, qui n'avait rien contre une mêlée au corps à corps. C'était même plus simple pour elle de venir à bout de son adversaire comme ça.
La suite alla très vite. Le fil de la lame de Lyderik s'abattit sur l'épaule de Siam qui se pencha juste assez en arrière pour que cette dernière ne la touche pas, sacrifiant une mèche de cheveux qu'elle allait probablement regretter plus tard lorsqu'elle devrait se coiffer. Le guerrier n'avait pas encore relevé son épée qu'elle bondit en avant, se glissant pratiquement contre lui, elle fit tourner son épée pour que la lame se retrouve dirigée dans son propre dos et son pommeau vers le corps de Lyderik. Elle frappa alors un coup sec dans l'aine, tout en tenant fermement son arme pour que sa lame fasse barrage s'il décidait de taper dedans. Elle ne lui laissa pas vraiment le temps de réaliser ce qui se passait, envoyant son genou gauche frapper avec force sur le côté de la cuisse qui semblait tendue pour lui faire au pire perdre l'équilibre, au mieux tomber à genoux, puis elle remonta d'un coup sa lame sous la gorge de son adversaire, s'arrêtant toutefois avant qu'elle ne touche sa peau. Le silence s'était fait dans le groupe d'observateurs, qui avait eu du mal à suivre ce qui venait de se passer. C'était pas franchement ce qu'il y avait de plus traditionnel et de loyal comme combat, mais Siam n'était rien de tout ça.
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Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Dim 17 Mar - 21:56
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Siam & Lyderik
Un homme averti en vaut deux ! Quelle véracité dans cet adage ! J'étais bien conscient de l'état de latence de ma vigilance et de la vivacité de mon adversaire. Je l'avais vu combattre un autre gaillard que moi et je me savais diminué par cette ancienne blessure. Je vis arriver l'échec de ce premier échange avant qu'il ne se concrétise. En fine observatrice, Siam avait su lire dans ma posture, tous les points faibles que les guerriers dans l'assistance n'avaient point manqué de relever également. La conclusion semblait clore le combat et paraissait fatale lors d'un affrontement contre un ennemi. J'avais retenu mon coup pour qu'il ne meurtrisse point son épaule et elle retint son coup pour ne point me trancher la gorge.
C'était là la noblesse et le respect entre combattants d'un même bord. Mais dans les derniers gestes offensifs de Siam, c'était bien le seul qui fut loyal et dans les règles de l'art du combat. Le coup dans mon aine fut rude, même si porté avec le pommeau de son épée, mais j'avais appris à encaisser ce genre de choc qui vous irradie une douleur à couper le souffle. Il en allait tout autrement de son coup de genou dans ma cuisse qui frappa là où mon ancienne blessure stagnait à cicatriser. Sous l'onde douloureuse, je posai un genou à terre, fermant les yeux et serrant les dents. L'instant d'après, je sentis le froid de sa lame à quelques millimètres de ma gorge.
Le silence s'était fait dans les rangs de guerriers qui nous entouraient. Un murmure allait bientôt lui succéder, me désignant comme seul vaincu. Tout, à l'évidence donnait raison à l'assurance d'une victoire si facile que je lisais dans les yeux de mon adversaire et que je sentais dans la foule assemblée autour de nous. J'inspirai une profonde bouffée d'air, les veines de mon cou se rapprochant dangereusement de la lame effilée. J'aurais pu en rester là et laisser choir mon épée dans le sable de l'arène. J'aurais pu ... Si ma vie me paraissait avoir plus de sens, peut-être ou si je n'étais pas lié par un serment envers Heda. Que penserait-elle de moi, si je me laissais vaincre aussi facilement par une jeune fille ? Si hardie et talentueuse fût-elle au combat ? Je gratifiai mon vainqueur dans cette première passe d'un sourire crispé par la douleur, puis, faisant fi de celle-ci, je puisai en moi la force de lancer ma jambe valide et encore semi fléchie dans un mouvement circulaire contre les siennes. Ce faisant je prenais appui sur ma cuisse douloureuse et cela me tira un cri guttural.
Dans le même temps où ma jambe fauchait les siennes, mon corps bascula sur le côté et ma lame s'éleva, enfin libérée. Dans le mouvement de déséquilibre, je sentis le mordant de sa lame entailler mon cou légèrement mais suffisamment pour que je pisse le sang. Je retombai sur le côté pointai sa garde basse au niveau du ventre. J'aurai pu l'embrocher sur l'instant mais je n'en avais nullement l'intention. J'attendais seulement de voir si l'impacte de ma jambe sur les siennes la ferait tomber à terre ou simplement vaciller. Auquel cas, elle pourrait me contrer facilement de taille car je n'avais d'appui à ma lame que mon bras, étant à terre juste le buste appuyé sur mon coude.
Je me préparais aux deux éventualités, un contre à deux bras pour encaisser le coup de taille sur ma lame si elle restait debout, ce qui me ferait abandonner l'appui du coude et me retrouver dos au sol, ou un corps à corps dans lequel nos deux lames seraient de peu d'utilité. Là nous les abandonnerions, selon toute vraisemblance, pour un combat à mains nues.
Quelle que soit l'issue de ce combat, j'apprenais déjà que les règles étaient ici qu'il n'y avait pas de règle, sauf celle de ne pas blesser un allié dans un simple entraînement. Hormis cela, à peu près tous les coups étaient permis. J'imaginais sans peine ce que cela pouvait donner en application dans les rangs Fer-Nés au cours d'une bataille contre un ennemi bien réel.
Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Mar 19 Mar - 14:53
catch me if you can
Lyderik & Siam
We carry on through the storm, tired soldiers in this war, remember what we're fighting for.
Meet me on the battlefield.
La chute fut tellement inattendue qu'elle fut brutale. Siam tomba a moitié sur le dos et à moitié sur les fesses, laissant échapper un grognement de douleur au contact du sol dur. Elle lui avait plaqué sa lame sous la gorge, forcément, elle ne s'attendait pas à ce qu'il poursuive le combat après ça. En fait, si la règle avait été "même si t'es "mort" on continue", elle aurait pu se préparer à ça et aurait probablement sauté au dessus de la jambe faucheuse. Mais il avait été plus ambitieux qu'elle et maintenant elle en payait le prix. La jambe de Lyderik avaient balayé les siennes et elle se retrouvait maintenant en mauvaise position. La pointe de l'épée de Lyderik la menaçait et lorsqu'elle releva la tête pour examiner un peu dans quel état il était, elle décréta qu'il y avait un point partout. Elle laissa retomber sa tête en sol en laissant échapper un petit rire, s'octroyant une petite pause avant de reprendre, lorsqu'une petite forme toute blanche passa au dessus d'elle. Son cerveau comprit aussitôt ce qui allait se passer et elle poussa l'épée de la main pour se redresser. "Nótt, non !"
Le coeur de Siam s'emballa d'un seul coup. Une hermine au pelage entièrement blanc et aux yeux profondément noirs avait bondi par dessus Siam pour se jeter sur Lyderik, et pendant une seconde la Volmark imagina son petit compagnon se faire trancher en deux. Elle ne réfléchit même pas lorsqu'elle se redressa d'un bond, attrapant l'hermine au vol alors qu'elle allait s'écraser sur le visage du guerrier, et elle roula sur le côté en la serrant dans ses bras pour qu'elle ne soit pas blessée par la chute. Siam mit quelques secondes à se remettre de la peur qu'elle venait d'avoir et se laissa glisser sur le dos pour tourner la tête vers Lyderik. Il n'avait pas bougé son épée, juste esquivé l'attaque de l'hermine, et la jeune femme soupira de soulagement. Elle attrapa la bestiole à bout de bras, lui lançant un regard inquiet, mais elle allait bien. Par contre elle était devenue hyper agressive et se tortillait entre les doigts de la Volmark, ses petits crocs pointés vers Lyderik en guise de menace. "Eh, ça va..." Un petit cri très strident s'échappa de sa gueule, toujours en direction de Lyderik, alors que des rires éclataient dans la foule d'observateur. "Nótt !" L'hermine referma lentement sa gueule, tournant sa petite tête vers Siam. "Ca va, je te dis." Elle se redressa pour se mettre assise, le dos et les cheveux couverts de poussière, et caressa la petite tête de l'hermine. "Tout va bien." Puis elle tourna la tête vers Lyderik, un sourire désolé sur les lèvres. "Je suis navrée... Je déclare forfait, ou il va essayer de t'arracher les yeux." Ses yeux se baissèrent vers le filet de sang qui coulaient de la gorge du jeune homme. "Tu devrais faire soigner ça... Viens, je vais m'en occuper." lui proposa-t-elle gentiment. Elle se releva et tapota un peu ses fesses pour en retirer la poussière, mais ce n'était rien comparé à ce qui lui restait sur le reste du corps.
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Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Mar 19 Mar - 17:08
Catch me if you can !
Siam & Lyderik
Contre toute attente, mon sursaut d'énergie et ma feinte avaient payé et j'assistai, non sans qu'un sourire un peu moqueur se dessine sur mes lèvres, à la chute inattendue de Siam, son joli derrière dans la poussière. Bien sûr ma hargne et ma non reddition avaient de quoi surprendre venant d'un guerrier visiblement amoindri par une ancienne blessure. Tous, à commencer par Siam, me donnaient pour perdant et à plate couture. Il est vrai qu'en condition réelle son dernier coup m'aurait tranché la tête. Mais dans ces mêmes conditions, le coup qui précédait de ma lame lui aurait coupé le bras à hauteur de l'épaule, ce qui l'aurait empêché de me trancher la tête, par le fait. Elle m'aurait peut-être tué d'une autre manière mais il lui aurait fallu batailler avec un seul bras et pissant le sang.
Je soufflais encore, récupérant de la douleur qui sourdait dans mon corps, à l'aine, à la cuisse et à présent à la gorge. Ma chemise sous ma cuirasse, commençait à s'imbiber du sang que je perdais. Tout en reprenant mon souffle, j'observais Siam du coin de l’œil, ma lame toujours pointée vers elle, au cas, où elle aussi ne lâchait pas et voulait se lancer dans une troisième passe. Pourtant, tout dans son attitude indiquait qu'elle nous estimait quitte. Sans doute avions nous appris tout deux sur nous-même et sur l'autre durant cet échange et aussi sur l'imprévisibilité du cours d'un combat. Son profil harmonieux se dessinait à travers le nuage de poussière soulevé, tandis qu'elle basculait la tête en arrière, un signe qui avait tout l'air de signifier qu'on en resterait là. Je haussai un sourcil, un rien étonné, lorsque j'entendis son rire léger s'élever au milieu de celui, plus gras, des Fer-nés.
Mais l'objet de leurs rires n'était pas l'issue étonnante de ce combat qui nous avait vu remporter une passe chacun. Non, ce qui provoquait leur hilarité, c'était cette surprenante flèche blanche et poilue qui volait littéralement dans ma direction après être passée par dessus Siam. Je n'eus guère le temps d'identifier mon nouvel agresseur, tout juste parvins-je à l'esquiver en me roulant par terre. Dans le même temps, je vis Siam bondir comme une diablesse pour attraper le projectile en vol. Elle finit dans une chute en boule avec sa prise serrée contre elle, ce qui redoubla la bonne humeur de l'assistance. Interloqué, je me relevai et rengainai mon épée dans mon dos, mon visage affichant une perplexité teintée d'amusement. Était-ce une forme de jeu clôturant un entraînement, une coutume de ces contrées ? On s'amusait à attraper de petits animaux dans l'arène ?
Je m'époussetai en suivant la suite de l'échange entre la petite bête et mon ancienne adversaire et je compris bien vite que quelque chose de spécial se jouait devant mes yeux. Elle s'adressait à l'animal comme à un chien ou un cheval, ou encore, un faucon, un animal apprivoisé en quelque sorte. Un lien particulier existait entre mon agresseur et Siam. Je compris mieux son attaque agressive. J'avais été une menace à ses yeux pour son amie, sa maîtresse. Siam le sermonnait sans grand succès, puisqu'il se contorsionnait entre les mains de la jeune femme, avec la visible intention de planter ses petits crocs pointus dans ma personne. Je souris en voyant la sollicitude de la jeune demoiselle pour le petit animal. Sous ses dehors rugueux et sarcastiques, elle avait donc un cœur! C'était une sorte de bouffée d'air pur que ce spectacle à mes yeux. Certes les Fer-nés étaient très soudés et solidaires entre eux, tout en ne se ménageant guère les uns les autres, mais je n'aurais jamais cru assister, de la part de l'un d'entre eux, à une manifestation d'affection envers un animal. La surprise était plutôt agréable, et même touchante, si je faisais abstraction de la volonté affichée de la petite bestiole de me saigner.
Siam se tourna vers moi et me signifia, non sans humour, que le combat était terminé pour la sauvegarde de mes yeux. Je répondis avec humour également:
- Merci de t'inquiéter de mes yeux, ils me sont utiles, en plus d'être assez appréciés par ceux qui me regardent. Et j'ai même l'impression que ton petit compagnon voudrait achever le travail que tu as commencé et me saigner comme un cochon.
Je la regardai, couverte de poussière, de la tête au pieds, parce qu'elle avait bondi pour protéger son ami, et s'était jetée en boule en le tenant serré contre elle pour ne pas le blesser. Je n'avais pas remarqué à quel point elle était belle avant cela. Certes quand je l'avais vu combattre, il ne m'avait pas échappé qu'elle était, à mes yeux, plus agréable à regarder que son adversaire, mais cette dernière scène la rendait bien plus poignante et fragile, bien plus humaine. Et sa beauté, même couverte de poussière, éclatait différemment. D'ailleurs, j'eus la curieuse sensation que certains de ses traits m'étaient familiers. C'était étrange. Pourtant j'étais certain de ne jamais l'avoir remarquée avant ce jour.
Suite aux derniers mots de Siam, je portai ma main à mon cou. C'est vrai que ça pissait encore le sang, mais rien de méchant, même si ça cuisait un peu. Néanmoins, j'acceptai sa proposition avec plaisir tout en ajoutant:
- Je veux bien que tu me soignes, si après je peux t'offrir une chopine à la taverne pour te remercier de m'avoir sauver des crocs de ton petit flocon de neige, ce sera avec plaisir!
J'ajoutai en m'avançant vers elle et en tendant ma main:
- Au fait, on me nomme Islander, parce que je suis né sur une île, et toi ? Avec qui ai-je eu l'honneur de combattre ?
Dans une tentative de faire la paix en la caressant, je tendis l'autre main pas très rassurée vers la petite tête blanche en disant:
- Et toi, comment t'appelles-tu, fier allié de mon adversaire ?
Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Dim 21 Avr - 18:50
catch me if you can
Lyderik & Siam
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Plutôt bon joueur, l'inconnu accepte l'abandon de sa partenaire. Ils ne sont pas là pour s’entre-tuer, mais Siam a déjà combattu avec d'autres partenaires d'entraînement beaucoup plus hargneux et une fois qu'ils ont commencé, c'est impossible de les arrêter sans les avoir assommé. Des complications bien agaçantes pour un combat amical. Debout et bien en équilibre sur ses pieds, la petite hermine dans ses bras, elle garde une certaine distance de sécurité avec Lyderik. Pas qu'elle craigne qu'il ne frappe encore, loin de là, il a l'air bien plus civilisé que les trois quart des hommes du camp, mais personne, pas même elle, ne pouvait savoir si Nótt allait faire une nouvelle tentative de meurtre ou pas. - Merci de t'inquiéter de mes yeux, [...] me saigner comme un cochon. Un sourire s'installe au coin des lèvres de la jeune femme qui, l'intérêt suscité par les paroles de son compagnon de combat, s'attarde un instant sur ses yeux. Force est de constater qu'il y a un certain charme dans ce regard clair qui illumine l'air ténébreux de l'homme. Siam n'a aucune idée de son âge, elle n'essaie pas de le deviner, de toute façon elle est pratiquement certaine de se tromper. Il inspire une force qui trahit l'expérience mais ses traits n'ont rien de durs ou de vieux. "Tu t'es saigné tout seul comme un cochon. Je ne vise pas la gorge, jamais." réplique-t-elle sans cacher un léger ton moqueur. Une façon détournée de ne pas admettre que oui, son regard est captivant. Il n'y a pas que ça d'ailleurs, son visage et son corps tout entier sont un appel à la débauche, mais ce n'est clairement pas le moment d'admirer l'homme devant elle.
Il s'approche et les yeux verts de Siam se détournent enfin de lui, tandis qu'elle se rend compte qu'elle le toisait du regard. Un regard aussi impoli que traître, qu'elle baisse pour porter son attention sur Nótt afin d'éviter de rougir comme une potiche. Elle est encore jeune après tout, elle n'a pas l'assurance ni la fierté de sa soeur, elle a vécu dans un milieu masculin mais contrairement à Heda n'en a jamais adopté les codes ou les habitudes. - Je veux bien que tu me soignes, si après je peux t'offrir une chopine à la taverne pour te remercier de m'avoir sauver des crocs de ton petit flocon de neige, ce sera avec plaisir! Un nouveau sourire s'installe sur les lèvres de Siam qui relève les yeux vers l'inconnu. "Avec plaisir. Et ne t'en fais pas, ma boule de poil restera sous ma tente." déclare-t-elle en toisant l'hermine, comme si elle lui parlait spécifiquement. La main que lui tend Lyderik surprend un peu Siam, mais elle la lui serre doucement, supposant que c'est ce qu'il veut. Elle n'a pas forcément l'habitude des contacts cordiaux avec les hommes du camp et garde une certaine timidité à ce geste. - Au fait, on me nomme Islander, parce que je suis né sur une île, et toi ? Avec qui ai-je eu l'honneur de combattre ? Siam hausse un sourcil dubitatif, pas trop sûre de comprendre. "Islander ? D'accord, mais ton véritable nom du coup, c'est quoi ? Faut pas les laisser te poser une identité qui n'est pas la tienne, sinon ils vont faire de toi ce qu'ils veulent." A aucun moment elle ne savait à qui elle avait affaire, comment aurait-elle pu imaginer ne serait-ce que l'ombre de l'histoire tragique de cet homme ? "Siam. Siam Volmark." Et vu que personne dans ce foutu camp ne la connait autrement que par "la petite soeur d'Heda", elle se sent obligée de le préciser. "Je suis la soeur cadette de Heda." A elle aussi on lui a pris son identité. A moins qu'elle n'en ait jamais eu. La grande Heda, conseillère du roi, guerrière aguerrie, stratège et femme forte, elle a raflé tous les titres et Siam ne l'envie pas, mais elle commence à avoir l'habitude qu'on ne la reconnaisse que comme la cadette un peu inutile de la famille. Alors maintenant c'est comme ça qu'elle se présente, histoire d'être sûre qu'on retienne au moins son nom de famille.
La main tendue vers l'animal, Lyderik prend des risques et Siam pense qu'il le sait, alors elle ne fait rien pour l'en empêcher. Elle se contente de baisser les yeux vers l'animal, qui se redresse face à cette main qu'il ne connait pas. Mais en voyant que Siam ne fait rien pour la repousser, l'hermine se laisse faire, d'abord tendue, puis en se mettant ensuite à déplier un peu plus son corps comme pour réclamer d'avantage de caresses. Siam sourit alors, assez fière de sa bestiole. "C'est plutôt rare qu'il accepte qu'un étranger le touche, en général il est jaloux." lui explique-t-elle. Elle relève alors ses yeux verts vers l'homme et lui sourit gentiment, elle se sent bien en sa compagnie, il est calme et s'exprime correctement, franchement ça apporte un peu de fraîcheur dans ce camp de brutes. "Il s'appelle Nótt. Allez, viens."
Elle relâche l'emprise de son regard sur celui de Lyderik, se rend vers sa tente dans laquelle elle lâche l'hermine qui fonce pour bondir sur le lit de camp de Siam et se lover sur l'oreiller. "Pas l'oreiller, boule de poils !" Mais la bestiole ne bouge pas, alors Siam l'attrape fermement pour la reposer dans ce qui semble être un petit panier avec une couverture, spécialement pour elle. Nótt aurait pu râler mais il se laisse faire, comme si il avait l'habitude. Elle fait alors signe à Lyderik de s'approcher et l'invite à s'asseoir sur le lit, tandis qu'elle va chercher de quoi nettoyer sa plaie. Elle revient avec des chiffons propres et de l'alcool et s'assoie près de lui, sans rien dire. Elle imbibe le torchon et lui passe l'index sous le menton pour lui relever légèrement la tête, en douceur, avant d'y apposer le chiffon en faisant attention de ne pas lui faire mal. L'alcool le pique forcément, mais ça elle n'y est pour rien, alors elle se contente de tapoter doucement pour essuyer toute trace de sang, jusqu'à ce que ça ne coule plus. Elle sourit alors légèrement en coin, de son petit air moqueur habituel. "Je crois que tu devrais survivre, mais à l'avenir évite de lancer ta gorge sur la lame de tes adversaires." le taquine-t-elle. Elle roule le chiffon tâché de sang qu'elle a utilisé, décidant qu'elle allait s'occuper de sa propre blessure sur l'épaule plus tard, et la pose sur le côté. "Ca va aller ?" demanda-t-elle plus sérieusement.
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Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Lun 22 Avr - 20:31
Catch me if you can !
Siam & Lyderik
J'écoutais d'une oreille les réponses de la jeune guerrière à mes mots. A vrai dire j'étais concentré dans mon approche de mon second adversaire, cette petite boule de poils blancs qui avait voulu me crever les yeux. Je risquais bien d'y gagner une morsure aux doigts, ce qui n'était pas très conseillé parce que ce genre de bestiole pouvait donner des infections. Mais après tout, j'avais survécu à une forte fièvre qui avait duré plusieurs jours, à un amaigrissement assez conséquent du fait de privations qui avaient duré des semaines, à des batailles plus que sanglantes si j'en croyais les cauchemars qui me hantaient la nuit, et pire, j'avais survécu à mon propre désir de mourir, mais ça je l'ignorais. Ce n'était pas une vilaine morsure qui allait me faire passer de vie à trépas. Mais je fus tout de même soulagé quand la flèche blanche qui était roulée en boule dans les bras de sa maîtresse se détendit pour se laisser caresser. La phrase qui accompagna la paix entre nous me fit sourire et je répondis avec une pointe d'amusement à la jeune femme:
- Vraiment, il est jaloux ? Quel vilain défaut ! Je comprends que tu préfères le laisser sous ta tente que de l'emmener à la taverne dans ce cas ! Puis me tournant vers le petit animal, j'ajoutai en continuant à caresser Nott qui prenait ses aises pour se faire cajoler: Alors comme ça Nott, on est jaloux, c'est pas bien du tout, ça, tu sais ! Je ne lui veux que du bien à ta maîtresse, tiens toi le pour dit!
Quiconque me connaissant dans le passé que j'avais laissé derrière moi aurait hurlé de rire en entendant ces mots. Je ne m'en souvenais pas encore, mais j'étais connu pour mes accès de jalousie à l'égard de ma femme. Pas que je fus violent et possessif, non, car j'avais en horreur les accès de violence en dehors des batailles, mais je m'en rendais littéralement malade jusqu'à en perdre l’appétit, ce qui était un comble pour un homme aimant ripailler comme moi. Mais de cela aussi, je ne me souvenais guère même si tôt ou tard cela resurgirait dans mon caractère.
- Je dois être un étranger à son goût alors ! répondis-je à l'étonnement que manifestait la jeune femme face à la sympathie naissante entre Nott et moi.
Puis je fis semblant d'être outré aux mots qu'elle avait prononcés.
- Comment ça, je me suis saigné tout seul ? Non tu ne visais pas la gorge, je n'en doute pas, mais c'est bien la gorge que tu as effleurée. Peut-être ne sais tu pas viser ?
Je me plaisais à la taquiner tandis qu'elle me dévisageait avec une insistance troublante. D'ailleurs le contact avec sa main avait été tout aussi troublant. Ferme et douce tout à la fois. Je me surpris à penser que tout en elle était ainsi. Pour masquer mon embarras soudain d'avoir de telles pensées, je murmurai simplement en la suivant après avoir ramassé quelque chose sur le sol.
- Enchanté Siam.
J'avais remarqué qu'elle esquivait mon regard à présent et cela me tira un sourire pensif. Ainsi elle était la sœur d'Heda. Cela expliquait cette impression de familiarité que j'avais eu en la voyant. Mais si les deux sœurs avaient bien évidemment des traits en commun, la comparaison s'arrêtait à cela et à leur nom de famille. La rudesse et l'humour s'exprimaient bien différemment chez Siam que chez son aînée. J'étais bien placé pour le savoir, étant au service de la dernière depuis presque un mois. Jamais elle n'aurait proposé de me soigner après m'avoir blessé. Elle m'aurait envoyé me faire voir chez le Mestre. L'humour était aussi caustique que celui de la plus âgée mais avec une pointe de gaieté et de malice en plus. Ce qui me plaisait bien parce que j'avais envie de lui répondre sur le même ton et cela ne m'était pas arrivé depuis que j'étais arrivé à Pierremoutier. Je repoussai toutefois à plus tard la réponse à sa question au sujet de mon nom. A vrai dire j'étais lassé de réexpliquer chaque fois que je ne me souvenais pas de mon propre nom, ni de ma famille, ni de mes origines.
Cette amnésie me rongeait de l'intérieur. Heda avait dit qu'elle me trouverait un nom d'emprunt, puis trop prise par sa charge de seconde, elle n'avait jamais vraiment formulé de nom. Peut-être que je n'évoquais rien à ses yeux. Il avait finalement fallu qu mes compagnons d'entraînement m'en donnent un suite à l'évocation de nos terre natales respectives pour que je cesse d'être l'étranger ou l'esclave d'Heda à leurs yeux. Finalement ce surnom ne me déplaisait pas. Il résumait tout ce que j'étais pour le moment. Il n'avait pas été choisi pour se moquer, mais plutôt dans un élan de sympathie rare entre les fer-nés et moi. Il fallait reconnaître qu'ils ne m'épargnaient guère, mais leur dureté m'aidait aussi à avancer, à me reconstruire. Heda me méprisait sans doute à cause de mon amnésie et parce qu'elle m'avait vu dans un état lamentable. Je lui devais deux fois la vie parce qu'elle m'avait sauvé des fer-nés qui voulaient me faire la peau en piquetant mon presque cadavre et une seconde fois de la famine qui m'aurait achevé sous peu après des semaines à me nourrir de baies qui me rendaient malade ou de petits rongeurs en remontant le cour de la Nera.
Même de cette famélique épopée, je ne gardais que des souvenirs partiels. Je me souvenais surtout que j'étais trop faible pour chasser un gibier qui aurait pu me redonner des forces. Avec l'aide du Mestre, je m'efforçais de soir en soir passés sous sa tente de rassembler les bribes de ma mémoire défaillante. Nous avançons pas à pas, mais pas assez vite à mon goût. Ces funestes pensées assombrirent l'espace d'un instant mon regard tandis que Nott bondissait sur l'oreiller de sa maîtresse après qu'elle eut écarté les pans de la tente.
- Je vois qu'il essaie de grappiller quelques privilèges ! Je ne peux pas le lui reprocher. Dis-je en obéissant à Siam qui venait de m'inviter à m'asseoir sur son lit. Décidément, les deux sœurs ne voyaient pas les choses de la même façon. C'était au pied du lit d'Heda que je dormais chaque nuit, sur une paillasse peut-être moins confortable que le panier de Nott. Mais je ne m'en plaignais pas, même si j'aspirai à autre chose. Siam alla cherche le nécessaire pour me soigner et j'en profitai pour détailler l'intérieur de cette tente bien rangée, beaucoup plus rustique que les appartements de la Seconde du Roi. Nott entamait une sieste paisible, preuve qu'il était en confiance avec moi.
Lorsque Siam s'assit à côté de moi pour me prodiguer ses soins, je me laissai faire sans broncher. J'eus droit au contraste entre la douceur de ses doigts qui soulevaient mon menton et l'alcool qui piquait. Ce n'était pas douloureux à mon sens, juste un peu désagréable. Je répondis à son diagnostic.
- Oui, ce n'est rien qu'une petite estafilade, mais ça saigne toujours beaucoup dans cette zone. Ce n'est pas dans mes habitudes de me jeter sur la lame de mon adversaire. J'avoue que je n'ai pas été très brillant. J'étais ... préoccupé ... En pleine bataille, cela aurait pu m'être fatal.
J'acquiesçai à sa question et y répondis par une autre tout en écartant ses cheveux de sa blessure.
- Et toi ? Ton épaule... Il ne faut pas laisser traîner, ça pourrait s'infecter. Aurais-tu un autre linge ? A mon tour de te soigner ...
Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Mar 30 Avr - 22:29
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Lyderik & Siam
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Meet me on the battlefield.
Le guerrier avait su toucher le petit coeur belliqueux de Nótt, et ça c'était quelque chose de vraiment impressionnant. La bestiole n'aimait pas grand monde en dehors de sa sauveuse, il tolérait Heda parce qu'il sentait que Siam lui portait un grand amour, mais lorsque Ivar ou qui que ce soit d'autre approchait, en général il restait méfiant. Il ne refusait pourtant jamais des caresses, mais les autres étaient comme des fantômes pour lui, apparaissant parfois, disparaissant le reste du temps. « Alors comme ça Nott, on est jaloux, c'est pas bien du tout, ça, tu sais ! Je ne lui veux que du bien à ta maîtresse, tiens toi le pour dit! » La demoiselle en question fronça les sourcils, n'appréciant pas particulièrement la nomination de Lyderik. "C'est un animal sauvage qui reste parce qu'il en a envie, pas un chien apprivoisé qu'on attache pour ne pas qu'il s'enfuit ou un cheval qu'on consomme lorsqu'il n'est plus bon à porter... Je ne suis pas sa maîtresse. Et ce n'est pas un animal de compagnie." Si elle avait mieux connu le guerrier, elle aurait précisé qu'ils étaient amis. Mais elle ne savait pas si la moquerie aurait été possible et elle voulait l'éviter, alors elle n'ajouta aucun détail à l’appellation qu'elle préférait. Surtout que les fer-nés n'étaient pas connus pour porter une quelconque affection aux animaux qu'ils utilisaient.
Siam guida Lyderik dans sa tente et s'occupa de la blessure à sa gorge, avec une douceur contrastant avec le piquant de l'alcool. Elle ne doutait pas, pourtant, que le guerrier se laisserait faire. Manquerait plus qu'il encaisse des coups d'épée mais fasse sa donzelle avec un peu d'alcool, tiens. « Oui, ce n'est rien [...] aurait pu m'être fatal. » Par quoi d'autre pouvait-on être préoccupé lorsque la chose qu'exigeait le moment d'un combat était la concentration ? Et bon sang, si il était préoccupé mais qu'il était aussi bon, qu'est-ce que ça donnait comme espèce de bête de combat lorsqu'il était pleinement concentré sur ses mouvements ? La jeune femme se mit à penser qu'elle se serait faite battre en quelques secondes à peine et l'idée lui déplut, pendant une seconde, et puis elle passa à autre chose. Maintenant qu'elle ne "vivait" plus avec Heda et Ivar et qu'elle n'avait pas à subir leurs incessantes journées de mise au point de stratégie, qu'elle s'emmerdait bien comme une conne au fond de sa tente solitaire et qu'en plus de ça elle arrivait peu à dormir la nuit à cause des autres soldats, elle avait tout le temps de s'entraîner. Elle pourrait toujours tenter d'atteindre le niveau de Lyderik et lui demander d'autres combats. « Et toi ? Ton épaule... Il ne faut pas laisser traîner, ça pourrait s'infecter. Aurais-tu un autre linge ? A mon tour de te soigner... » Siam ouvrit la bouche, prête à répliquer qu'elle n'avait pas besoin d'aide et qu'elle pourrait faire ça toute seule, mais la main qu'il passa sur ses cheveux pour les repousser de son épaule lui fit fermer la bouche presque aussitôt. Elle hésita un instant, surtout qu'elle n'avait réellement pas besoin d'aide pour soigner une blessure aussi bénigne, mais finalement elle acquiesça. Elle n'avait aucune idée de pourquoi, mais quelque chose la poussait à accepter la gentillesse de cet homme. Elle se leva pour aller chercher un autre chiffon propre et se remit assise sur le lit, aux côtés de Lyderik. Elle prit ses cheveux et les rassembla dans sa main pour les placer de l'autre côté de son épaule nue et non blessée, le bustier qu'elle portait facilitant clairement l'accès à son épaule. Elle n'avait pas besoin d'ôter un seul pan de vêtement et c'était bien l'une des raisons pour lesquelles elle n'avait pas refusé qu'il s'occupe d'elle. "Je n'aime pas "Islander". Je crois que je vais te trouver un autre nom. Un vrai nom." annonça-t-elle tandis que Lyderik s'occupait de sa blessure. "Mais d'abord j'ai besoin de savoir ce qui te préoccupait pendant notre combat... Pour mieux te connaître." Disons que l'excuse tombait bien pour qu'elle puisse en savoir plus sur cet homme qui l'intéressait. Une chose qu'elle ne pouvait pas se permettre de laisser filtrer et qu'elle masqua maladroitement par son sarcasme habituel. "Vu ton talent à l'épée quand tu es déconcentré, je n'ose imaginer la branlée que tu m'aurais mise si tu avais été complètement là. Ce serait mieux que j'apprenne tes points faibles avant notre prochain combat." dit-elle avec son habituel sourire malicieux au coin des lèvres.
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Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Mer 1 Mai - 17:22
Catch me if you can !
Siam & Lyderik
Siam sembla étonnée de ma proposition et marqua un temps d'hésitation avant d'accepter que je la soigne et d'aller chercher un linge propre. Tandis qu'elle était dans un coin de la tente en train de le chercher, je portai la main à ma ceinture et touchai la longue mèche de cheveux que j'avais ramassée sur le sable de l'arène. Leur contact me tira un petit sourire songeur. J'ignorais moi-même ce qui m'avait poussé à les conserver. Ce n'était pas un trophée mais plutôt un souvenir qui m'aiderait à ne pas oublier ce jour où nous avions combattu pour la première fois. Puis je repris la parole pendant qu'elle cherchait son morceau de tissu.
- Tu as raison Nott est un animal sauvage. Tu n'es pas sa maîtresse mais tu l'as apprivoisé tout comme lui t'a apprivoisé. Tu sais, il en va parfois de même entre certaines personnes un peu sauvages.
Je retirai ma main lorsqu'elle revint près de moi pour s'asseoir et dégagea son épaule blessée pour me la présenter. Prenant le morceau de tissu qu'elle me tendait, je le déchirai en trois bandes que j'alignai à côté de moi sur le lit, puis je pris la fiole d'alcool posée à nos pieds, j'en versai un filet sur la belle entaille qui ne manquerait pas de faire une cicatrice et épongeai le surplus avec un morceau du linge. Elle devait sentir la brûlure de l'alcool versé à même la plaie et je lui expliquai comme pour m'excuser.
- Je sais que c'est désagréable mais c'est ainsi que j'ai appris à nettoyer une plaie. Ainsi on limite le contact avec les fibres du linge et le frottement abrasif des tissus déchirés. Parfois les plaies s'infectent à cause de fragments de linge qui se déposent sur la peau. Quand on a une blessure ouverte, il vaut mieux faire ruisseler le désinfectant pour la rincer, tu comprends.
Prenant le troisième morceau, je le pliai en un petit carré, l'imbibai et l'appliquai sans frotter sur la blessure. Puis je pris la dernière bande et m'en servis pour fixer le pansement sur la plaie. De mes doigts habiles, je fis délicatement le bandage et terminai par un nœud.
- Voilà, il faudra changer ton bandage ce soir avant d'aller dormir et le matin au réveil. Fais cela pendant trois jours. Cela devrait suffire. Après, il vaudra mieux laisser la blessure à l'air libre pour qu'elle sèche et cicatrise. Il faudra bien surveiller qu'il n'y ait pas de rougeur et de chaleur autour. Si cela s'infecte, viens me trouver ou va voir le Mestre, promis ?
Je caressai son bras de mon pouce.
- Je suis désolé pour cette blessure. Tu vas en garder la marque, je le crains. Même si j'ai aimé me battre avec toi, j'aurais quand même préféré te connaître dans d'autres circonstances.
Je la fixai, sourcils froncés et levai ma main pour la porter sur la petite mèche de cheveux qui n'avait plus la même longueur que les autres.
- Je suis désolé pour cela aussi... Tu as de très beaux cheveux, soyeux et brillants.
Soudain un peu gêné, je détournai la tête et ramassai le tissu souillé et la bouteille d'alcool avant de les lui tendre en ajoutant:
- Fais bien tremper dans l'eau froide puis bouillir les tissus tâchés si tu veux les réutiliser pour d'autres soins. Mais j'espère que tu n'en auras jamais plus besoin.
Je savais bien que c'était improbable avec la vie de guerriers qui était la nôtre. Les blessures étaient notre lot inévitable mais je trouvais tellement révoltante cette idée qu'une beauté pareille soit blessée, que sa peau si douce soit lésée. Je savais que les femmes pouvaient être de redoutables adversaires au combat, surtout les fer-nées, mais leur corps n'était pas fait par les Dieux pour se couvrir de balafres comme l'étaient les nôtres. Ils étaient faits pour être aimés et adorés, choyés dans des bains, parés des plus beaux atours. Leur cœur ne devrait jamais être souillé par l'acte de donner la mort, elles qui donnaient la vie. C'était une conviction ancrée en moi mais que je ne sentais pas personnelle mais plutôt culturelle. Une divergence de vue avec ce peuple qui m'accueillait et que je devais taire, de peur qu'elle soit mal interprétée. Y avait-il des femmes guerrières comme Heda ou Siam dans mon peuple d'origine ? J'en doutais fortement mais peut-être me trompais-je. Comment pourrais-je en avoir la certitude? Je soupirai en songeant à la nouvelle allusion de Siam au sujet de mon surnom et en l'entendant se questionner sur ma valeur au combat.
- Tu sais, tes compagnons ne m'ont pas donné ce surnom par mépris. C'est le seul qu'ils ont trouvé judicieux pour me nommer, parce que je n'en ai pas d'autre. J'ai oublié mon nom, Siam. J'ai oublié qui je suis et d'où je viens.
Je baissai les yeux et poursuivis d'une voix nouée par l'émotion.
- J'ignore où j'ai appris ce que je sais, ce qui a fait ce que je suis, j’ignore si je suis un monstre ou un homme juste. Tandis que nous combattions, je m’efforçais de me souvenir où et comment j'avais appris chaque geste que je faisais. J'étais là, face à toi, mais une partie de ma pensée était absorbée par cette quête. Est-ce que tu comprends ? Cela m'obsède et m'empêche de ... Que vaut un homme, même s'il sait se battre, quand il ne sait pas contre quoi il s'est battu ? Et comment veux-tu m’appeler ? Je suis un homme sans passé et sans avenir... Je ne suis rien. Conclus-je en détournant le regard pour masquer mon désarroi.
Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Mer 5 Juin - 22:51
catch me if you can
Lyderik & Siam
We carry on through the storm, tired soldiers in this war, remember what we're fighting for.
Meet me on the battlefield.
C'était assez étrange, cette simplicité qui s'installait entre eux. Siam avait l'habitude des rustres, avec lesquels elle ne parlait pas énormément et qui mataient plus son cul que ses yeux. Elle n'en était pas plus choquée que ça, c'était commun chez elle, voir peut-être même ailleurs dans le monde, mais le fait qu'elle ne s'insurge pas ne voulait pas dire qu'elle l'appréciait, et encore moins qu'elle l'acceptait. Avec Lyderik c'était différent. Il était plutôt doux dans ses gestes, ses paroles suivaient son allure aussi imposante que réconfortante et Siam se sentait à l'aise. Elle ne fut donc pas gênée lorsqu'il dénuda son épaule de ses cheveux pour s'en occuper et le laissa faire. L'alcool ne fut évidemment pas agréable sur sa peau mais elle se contenta de serrer les dents sans émettre un bruit, en digne femme forte des îles de fer. Elle écouta sa leçon de premiers soins avec un sourire légèrement amusé sur les lèvres et haussa nonchalamment les épaules. "J'ai toujours fais à ma manière et jusqu'à maintenant ça a toujours marché." répliqua-t-elle. Mais il avait l'air vraiment inquiet des mauvaises réactions potentielles de la blessure, alors elle lui sourit d'un air rassurant, le regard bien plus doux. "Je te promets que si ça s'infecte, je viendrai te voir. Alors ne pense pas à ça, d'accord ? Ca sera pas ma première cicatrice." Elle suivit la main de l'homme du regard, qui alla soulever la petite mèche coupée d'un mouvement léger, mais les compliments eurent l'effet d'une baffe. Les cheveux... Soyeux et brillants ? La lèvre de Siam de releva légèrement alors que ses sourcils se plissaient dans une expression de profonde perplexité. Est-ce que c'était un moyen de la séduire ça ? Parce que c'était tellement maladroit que c'en était mignon. Il détourna d'ailleurs le regard, lui-même gêné parce qu'il venait de dire, et Siam en fit autant en passant une main embarrassée dans ses cheveux. "Hum... Merci ?" A supposer que c'était la bonne réaction à avoir. Le premier homme à avoir filé des frissons à Siam était Halfjarn et si leurs conversations avaient pu être aussi intéressantes qu'interminables il ne s'était jamais encombré de compliments quelconques. Elle n'avait aucune idée de comment recevoir ce type de louanges. Heureusement que Lyderik changea de conversation parce que c'était le vide intégral dans la tête de la jeune femme qui ne savait plus où se foutre. Alors elle prit volontiers les tissus qu'il lui tendait et hocha la tête. "Je tâcherai de m'en souvenir." Bien étrange cette petite séance de soins.
La jeune femme remonta ses jambes sur son lit, les croisant pour être un peu plus confortable et se tourner vers le guerrier qui semblait avoir le coeur bien lourd. Pas une seule fois elle ne l'interrompit, se contenta de l'observer et d'ouvrir son coeur à toutes les confidences qu'il lui faisait. Siam était plutôt de nature taciturne, mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne s'ouvrait pas aux autres, et elle était une très bonne oreille lorsqu'on voulait se confier. Peut-être un peu trop même, parce qu'elle était toujours à l'écoute des autres mais jamais à l'écoute d'elle-même. Ses pires sentiments restaient au fond d'elle, elle les refoulait, les ravalait, et c'était là que l'alcool entrait généralement en jeu. Ca, où les combats avec d'autres sans aucune raison légitime autre qu'un mauvais regard ou une bousculade maladroite. Elle aimait écouter les autres, leur donner un panel de couleurs nuancées à travers les petits bouts de vie et de réactions qu'ils voulaient partager, et Lyderik était d'autant plus intéressant que le fait qu'il soit un étranger en ces terres rendaient sa façon de penser et ses attentes bien différentes. Elle était tout bonnement incapable de se mettre à sa place, et pourtant elle comprenait son mal-être, à quel point il pouvait être perdu, elle le concevait, l'imaginer, mais elle ne pourrait jamais ressentir ce qu'il ressentait. Alors elle lui prit la main, plongeant dans les yeux de Lyderik un regard bourré d'empathie et de tendresse qui se juxtaposait élégamment avec son visage aux traits doux. "Peu importe ce que tu étais." Elle posa sa seconde main par dessus celle de Lyderik, l'enfermant chaleureusement entre les deux siennes. "Aujourd'hui tu es un homme terrifié à l'idée d'être un monstre, et rien que pour ça fait de toi un homme juste. Je n'ai pas connu la personne que tu étais avant. Je vois juste un homme, au temps présent, qui est prévenant et inquiet, qui s'intéresse aux autres, à ce qu'on peut penser de lui, à ce qui lui semble juste, qui craint de ne plus vivre. Ce n'est pas être rien que d'être humain. La plupart des hommes que tu croises ici sont bien moins vivants... Leur vie entière, passé, présente et future, est déjà toute tracée à l'encre des ordres. Ils suivent aveuglément des instructions pour s'adapter à une société qui attend d'eux la même chose que pour tous les autres, et ça vaut pour tous les royaumes qu'on connait. Toi tu as une grande page blanche devant toi. Quelque chose que tu peux écrire comme bon te semble, parce que tu ne dois rien à personne." Une page blanche qu'elle aurait adoré avoir également. Mais elle était comme les autres, pas plus vivante que n'importe lequel des soldats de ce camp. Un sourire se dessina sur ses lèvres, rassurant, complice. "Je conçois que mes compagnons ne t'aient pas donné ce nom par méchanceté, mais ce n'est pas un nom. Un homme se doit d'avoir un nom pour exister. Et puisque tu ne te souviens pas du tien, je vais t'en trouver un le temps que ta mémoire revienne, qu'en dis tu ?" Elle lâcha enfin sa main pour glisser de chaque côté de ses oreilles ses cheveux, puis reposa ses mains sur ses propres jambes. "Je lisais beaucoup quand j'étais petite, et je me souviens d'une histoire avec un chevalier qui te ressemble. Il était décrit avec de longs cheveux bruns et des yeux clairs, un caractère affirmé mais protecteur, et ce chevalier donnait toute son âme dans ses combats. Alors j'ai bien conscience que tous les chevaliers des livres doivent se ressembler..." ajouta-t-elle d'un ton moqueur envers elle-même. "... mais je trouve que son nom t'irait bien. M'autorises-tu à t'appeler Edwin ?"
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Sujet: Re: Catch me if you can [Tour VII - Terminé] Mer 19 Juin - 18:29
Catch me if you can !
Siam & Lyderik
La douceur d'une aile d'oiseau qui vous frôle ... J'étais en haut d'une falaise... surplombant la mer ... une étendue d'eau déclinant toutes les nuances du saphir, du plus clair ou plus profond lorsqu'elle allait embrasser l'horizon turquoise. Le vent dans mes longs cheveux, ma main en visière au dessus de mes yeux, pour atténuer l'éclat tranchant du soleil si haut dans le ciel. Les odeurs mêlées du sel et des algues. Les embruns qui s'écrasaient au pied de l'à-pic vertigineux, noir du basalte volcanique. J'étais un enfant en haut d'une tour sculptée par le feu, les vents, les tempêtes. Je fermai les yeux, doucement saisi par une vague de nostalgie. J'étais chez moi et l'aile de l'oiseau avait frôlé ma main d'une douce caresse. Puis sa chaleur s'y était nichée, posée dans ma paume. Au loin, cette ligne nette et droite qui m'apportait autant de rêves et d'inspirations que de craintes et de chagrins. J'en rêvais déjà alors que je n'étais qu'un gamin courant dans les dunes de sable blanc, qu'un enfant se battant avec une épée d'entraînement contre un maître d'armes à la peau cuivrée. Lorsque j'écoutais, passionné, les récits de ce vieil homme qui m'enseignait l'Histoire du Monde.
Comment les mains de Siam pouvaient-elles avoir fait surgir ces visions, ces sensations en moi ? Je l'écoutais, troublé et ému tandis qu'elle me parlait de la façon dont, elle, me voyait. Une part de moi avait envie d'adopter cette vision. Ce serait tellement plus simple. Mais je percevais derrière les propos de Siam quelque chose de plus profond, de plus personnel. Comme une envie de ma situation. Je la laissai poursuivre sans l'interrompre. C'était la première fois qu'un être humain à Pierremoutier, me tenait des propos qui touchaient à autre chose qu'à ma valeur de guerrier ou de serviteur, ou à la tentative de me définir comme amical ou ennemi. Heda avait tenté de me rassurer aussi lorsqu'elle avait vu mon désarroi en face, mais elle l'avait fait sur un registre bien plus formel. Sans doute à cause de son statut mais plus sûrement parce qu'elle ne me voyait pas de la même façon que Siam. Pour Heda, j'étais un féal qui lui devait allégeance par le fait qu'elle m'avait sauvé deux fois la vie, la première fois en empêchant ses hommes de m'achever, la seconde en me conduisant au Mestre, en me plaçant tacitement sous sa protection, et donc celle de son Roi. Siam, elle, me voyait comme un guerrier qu'elle avait tenu en respect, auquel elle s'était mesurée mais aussi, et surtout, comme un homme tourmenté et égaré dans une tempête intérieure.
A ses yeux j'étais juste un adversaire qui sait se défendre et a l'avenir devant lui. Un avenir qu'il est libre de choisir. J'étais un homme avec certaines valeurs qu'elle semblait apprécier. Des valeurs que je lui avais laissé entrevoir alors que j'avais surtout démontré une arrogance face à son aînée. Mais les deux femmes ne m'avaient pas abordé sur le même pied et c'était sans doute la raison de cette notable différence. A Heda, je devais la vie, et nos interactions étaient placées sous ce sceau, à Siam, je ne devais rien et notre échange n'existait que parce que nous avions choisi, l'un comme l'autre, de lui laisser libre cours. Siam ne m'évaluait pas à l'aune de ce que j'avais pu être, mais de ce que j'étais à présent, contrairement à sa sœur. Les paroles de la cadette des Volmark étaient comme un baume à mes oreilles, quand celle de son aînée me ramenaient sans cesse à des obligations: respecter ma parole donnée, prouver que je pouvais être utile, et tenter de mériter une once de respect.
Là où je devais le gagner avec l'une, je l'avais de fait avec l'autre. Pour autant, je ne savais pas encore quel parti préférait l'amnésique que j'étais. Choisir de suivre les préceptes d'Heda, c'était une sorte de sécurité toute tracée, enfin, façon de parler, si on considérait qu'elle envisageait probablement de faire de moi un homme armé à sa cause, cause assez désespérée si j'en croyais les rumeurs. Mais au moins une ligne de conduite , un cadre directeur pour les pages que j'écrirais. Si je choisissais le parti de Siam, c'était un saut dans l'inconnu où je pouvais me délier de ce poids d'avoir à me justifier de simplement ... exister. Mais c'était aussi me retirer tout appui possible et choisir la solitude. Face à la page blanche de mon destin. Une perspective qui demandait un certain courage. Étais-je vraiment un homme courageux en dehors des combats armés ?
Je souris aux derniers propos de Siam.
- Est-ce ainsi que tu me vois ? Tu penses que je donne toute mon âme dans mes combats ? J'espère ne jamais démériter à tes yeux ...
Je serrai entre les miens, les doigts fins qui se posaient sur ma main. J'étais plus que troublé et je peinais à affronter le regard de Siam.
- Edwin ... C'est un beau nom qui sonne noblement... J'essaierai de le porter dignement et de lui faire honneur. Peut-être en vous protégeant tous autant que je le peux.
Avoir une dette d'honneur était un engagement, et je saurai le tenir, j'en étais certain. Avoir des liens affectifs avec cette citée en était un autre et je me montrais bien plus hésitant, non pas parce que je n'avais pas confiance en elle, mais parce que ne sachant quel homme j'avais été, j'ignorais ce qui pouvait surgir de mon passé et peut-être blesser Siam. Aussi, malgré l'envie furieuse que j'avais de prendre son visage entre mes mains, et de l'embrasser, je n'en fis rien. Bien sûr, peut-être cette retenue m'épargnait-elle une gifle retentissante, car peut-être était-elle déjà engagée avec un autre ou n'avait cure d'avoir pour prétendant un amnésique sans nom, mais si je m'étais souvenu être un chevalier errant, ou même un ménestrel battant les chemins, j'aurais osé un baiser. Là, je n'osai rien. Que peut promettre un homme sans passé hormis sa protection ? Et cela, je venais déjà de le lui offrir.
Inspirant une grande bouffée d'air pour me donner du courage, je tournai enfin mon visage vers elle pour murmurer:
- Nous reverrons-nous Dame Volmark ? Edwin croisera-t-il encore la course de Siam ? questionnai-je doucement en risquant un regard vers les beaux yeux de biche.
- Je veux dire, au delà des quelques verres que je t'ai promis à la taverne ...