Septième Bataille de la campagne du Conflans, entre la garnison impériale de Fort-Darion et l’armée de Lord Lyle Salfalaise .L’envoi de toutes les troupes d’importance vers le sud pour poursuivre la campagne contre Harren avait drainé la majeure partie des effectifs impériaux. Des divisions nordiennes tenant Herpivoie et ses ponts, ainsi que Haye-Pierre, étaient parties. De Fort-Darion, la première Cohorte Impériale était partie elle aussi. Ne restait plus que de petites garnisons dans le secteur, souvent renforcées d’effectifs conséquents de miliciens grassement payés en butin ramené des batailles du Conflans. Harren n’avait toutefois pas totalement délaissé la région. Des bandes de « brigands » échappaient aux patrouilles impériales depuis des semaines, et si ces ramassis de « reîtres » étaient sans danger, d’après les éclaireurs de Peyredragon, le Noir comptait bien sur ces troupes pour mener un grand coup pendant que l’Empire était tout occupé à sa propre destruction plus au sud. Rassemblant tout ce petit monde sous le commandement de Lyle Salfalaise, chef fer-né reconnu bien que défait à Moat Cailin –héroïque bien que malheureux à Buron-, il chargea sa troupe de trouver le point faible le plus intéressant à exploiter. Plusieurs pistes intéressantes furent explorées ; Viergétang, les Epois, Darry… Mais Harren lorgnait sur Fort-Darion, anciennement Salins… Petit bourg côtier, situé sur l’embouchure du Trident dans le Détroit. Nouveau point névralgique du ravitaillement impérial, et lieu où la nouvelle capitale de l’Empire serait construite.
Harren conçut un plan audacieux, l’envoyant par estafettes. Celles-ci mirent longtemps à se faufiler entre les lignes impériales et à retrouver la petite troupe de Salfalaise, mais le commandant de l’armée prit acte des directives reçues et fit mouvement, en toute discrétion, vers sa nouvelle cible. Evitant soigneusement les chemins agricoles et les routes vers les grandes villes du sud, Salfalaise parvint à camper dans les marécages au sud de la ville, sans se faire remarquer. Ses hommes commencèrent donc, dissimulant armes et équipements, à s’infiltrer en ville. En barques. Parmi des marchands de la campagne. Au loin dans la Baie des Crabes, on voyait des cogues battant pavillon nordien ou peyredragonien se diriger vers le petit port de la ville pour y déposer des marchandises. Le butin devait être conséquent sur place, et avec tous ces hommes partis au sud… Rusés, discrets, les fer-nés parvinrent à s’infiltrer, individuellement ou en petit groupe, comme ces quatre pirates sapés en septons. Le ver était dans la pomme, et menaçait maintenant l’intégrité de l’arbre. En explorant l’intérieur du bourg en plein développement, les soudards d’Harren constatèrent bien vite que la place était lourdement défendue par ses murs, le fleuve qui passait de part et d’autres de l’île sur lequel le bourg était bâti, mais aussi par une troupe régulière de Peyredragon en sus des miliciens impériaux. Bien peu d’hommes avaient su passer, mais ceux qui y étaient parvenus, une vingtaine, surent se faire discrets jusqu’à ce que la nuit tombe en fin d’après-midi, plongeant la bourgade impériale dans la brume…
Premier Tour ; Ennemi aux Portes ! La nuit tombe sur Salins. Les lanternes accrochées aux entrées des échoppes, bordels et tavernes éclairent les rues d’un halo jaunâtre. Les rues sont animées à cette heure ; un convoi du Train Royal du Nord doit partir ravitailler les armées impériales dans le sud, suite à la réception d’une nouvelle cargaison venue de Lamarck. Les ruelles sont animées. Les soldats et les fêtards, souvent ivres. Un soldat voit plusieurs silhouettes se découper dans la brume, mais sa gorge est tranchée par un insulaire avant qu’il n’ait eu le temps de comprendre ce qu’il se passait. Le petit groupe de guerriers, légèrement armés, se faufile dans les venelles sombres du bourg pour se rapprocher de la porte sud… Tandis que le tocsin sonne, figeant tout le monde. Qui peut bien attaquer ? Les habitants sont tétanisés. C’est la panique. Les fer-nés n’ont pas de flotte dans le Détroit. On n’a signalé aucune armée ennemie dans les parages, et Harren est sensé être loin. Que se passe-t-il ? Le capitaine de la milice, Rollan Lamert, fait sonner le rassemblement. Des dizaines d’hommes sortent aussitôt des portes du Castel, et courent vers les portes nord d’où le tocsin sonne depuis de nombreuses minutes. Que s’y passe-t-il ? La question est sur toutes les lèvres. Les gardes de faction hurlent des cris d’alarme et les premières flèches enflammées sont tirées. Le nord de la ville… Le Val frapperait-il l’Empire dans le dos ? Des flèches répondent au défenseurs. Les murs nord sont sérieusement garnis tandis que des chaloupent tendent de passer le bras nord du fleuve, sous le couvert de quelques dizaines d’archers. Les tirs des défenseurs, peyredragoniens arborant l’emblème du dragon Targaryen, sont précis et mortels, et bientôt plusieurs barques d’assaut sont incendiées tandis que des silhouettes sont abattues de l’autre côté du fleuve. Les défenseurs crient leur victoire quand le courant emmène vers le large les chaloupes restantes, incapables de lutter contre le fort courant du Trident, chargé des lourdes pluies de ces derniers jours…
Mais le Tocsin sonne encore. Au sud cette fois. Du corps de garde sud du bourg, deux hommes sont jetés par les fenêtres. Les lanciers qui gardaient l’arrière de la porte gisent, mutilés ou égorgés. Déjà, les lourdes chaînes baissent le pont levis vers la rive sud. Tout est confus, dans le noir. Un projectile de grande taille, enflammé, passe au dessus des pertes et passe littéralement au travers d’une bâtisse en bois, l’incendiant au passage. Baliste ! Des hurlements de guerre terrifiants s’élèvent des bosquets au sud de la ville, et une vague de silhouettes noires s’élance vers la ville. Déjà, le corps de garde est assailli par les défenseurs qui se reprennent, et le capitaine Lamert, pestant de rage, rameute le gros de ses forces du Mur Nord au Mur Sud. Par sécurité, il fait contrôler les portes du château, à l’extrêmité est du bourg, dominant la ville et le port. C’est l’effervescence sur les quais. Craignant l’attaque, les navires de ravitaillement appareillent en catastrophe. Au corps de garde, plusieurs projectiles enflammés percutent violemment les murs ou les bâtiments derrière, tandis que les archers des murs lâchent des traits enflammés en direction de l’assaillant.
Le Corps de Garde est toujours en proie à de terrifiants corps à corps.
Second Tour ; La Rançon de la Ruse Dame Alysane Manderly est réveillée par la fureur des combats. Venue à la demande de l’Empereur pour lancer la construction de ce qui sera la capitale impériale sur le fleuve, l’épouse du Seigneur de Blancport est reconnue pour ses compétences logistiques et en planification. Son travail allait commencer avec les cargaisons de bois et de pierre reçues depuis l’amont du fleuve… Demandant à l’un de ses hommes d’où vient ce tapage, le soldat lui répond que la ville est attaquée. S’ensuit une vive discussion où Alysane souhaite envoyer tous renforts sur les murs, mais des hommes restent malgré tout pour sa protection. En quête d’une arme et de vêtements de jour, la dame ne peut qu’assister impuissante à la panique en ville, et au son du Tocsin.
Le sergent Molers, tenant l’escouade chargée du corps de garde, se bat comme un lion. Les fer-nés, mal protégés, attaquent sans répit. L’homme d’armes Braenaryon en abat un, puis en estropie un second d’un coup d’épée sur l’avant-bras. Ses hommes se battent et meurent dans l’endroit clos, mais l’ennemi, subitement supérieur en nombre, actionne déjà le levier du pont-levis. Les impériaux crient de rage, de frustration, de panique. Qui a laissé entrer ces chiens ? Un milicien est abattu et jeté par la fenêtre, un autre se fait équarrir à coups de glaives. Molers vend sa vie en abattant un autre pillard, encaisse un coup de hache en pleine cuirasse et agonise, écume sanglante aux lèvres, tandis qu’un fer-né le scalpe à l’aide d’un couteau dentelé en poussant des cris aigus. Sur le bord du fleuve, les échanges de tirs sont terribles. Les archers de Peyredragon et les arbalétriers de la milice impériale fauchent les silhouettes sitôt qu’elles arrivent à distance de vue des remparts, ombres dessinées par les torches qui y trônent. Des soldats sont fauchés par surprise dans la brume, transpercés de traits mortels. Les tireurs poussent des clameurs tandis qu’une compagnie d’hommes d’armes de Peyredragon avance au pas de charge pour libérer le corps de garde.
Trop tard. Le pont levis déjà abaissé, la herse est relevée. Les portes sont tenues par dix fer-nés, opposés à plus de cinq fois leur nombre de soldats de Peyredragon. Les renforts sont sur le pont qui mène aux portes… Un fer-né tombe. Un autre se jette, torse nu et rugissant, à un contre dix et disperse les hommes de la Néra à coups de hache à deux mains, poussant des beuglements terrifiants à chaque moulinet. L’homme tombe, percé de toutes parts et lardé de coups d’épée. Il gagne quelques secondes précieuses pour ses camarades, qui tiennent et meurent sur quelques mètres carrés, dans un espèce si clos que l’on si poignarde et où l’on s’étripe sans pitié. Les hommes de Peyredragon abattent bien vite chacun des fer-nés. Mais trop tard. A peine veulent ils bloquer la porte que la marée humaine venue de l’extérieur les submerge d’une grande clameur. Les combats sont terribles. Les hommes de Peyredragon tiennent bon, passés d’immensément supérieurs en nombre, à gravement inférieurs. Le combat se joue un long moment, plus d’une heure alors que les hommes d’armes de Peyredragon sont rejoints par des unités entières de lanciers impériaux. Mais rien n’y fait. L’ennemi est trop nombreux, trop fort. En plus des fer-nés, experts en combats individuels, des chevaliers riverains à pied rentrent à leur tour. Et les miliciens, sans qualités martiales de premier plan, ne peuvent plus que ralentir l’ennemi, qui paie malgré tout un lourd tribut dans les combats ; les corps tapissent l’entrée du corps de garde et les rues attenantes. Dépassés par l’ennemi, archers et arbalétriers épuisent leurs munitions en faisant grand carnage, abattant à bout portant les soldats ennemis agglutinés sur le pont ou sous le corps de garde, qui peinent à se protéger. Des hommes meurent en quantité… Puis des fer-nés montent les escaliers du Corps de Garde, libèrent les derniers survivants du commando, et sortent par les murs pour y massacrer les tireurs impériaux.
C’est le début de la fin. La fureur des combats est terrible. Les hommes de l’Empire se battent jusqu’au bout malgré l’impression de trahison. Ceux qui s’enfuient sont impitoyablement massacrés. Les fer-nés se diluent alors dans les rues. Des bâtiments sont incendiés dans la fureur des combats et du pillage, des femmes sont traînées dans la rue pour y être violées. La population de Fort-Darion, anciennement Salins, paie le prix de son ralliement volontaire à l’Empire. Salfalaise, couvert du sang de ses soldats et de ses ennemis, mène alors un groupe portant un bélier en direction du castel.
Troisième Tour ; Butin de GuerreLes troupes du Noir se livrent à un abominable pillage dans Fort-Darion, et les troupes sont ralenties dans les assauts du Castel. La colonne qui avance vers le port précipite le sabordement de plusieurs barges fluviales avec leur cargaison, dont les ballots de fourrage flottent vers la mer… Des marins sautent à l’eau malgré l’obscurité, espérant échapper à la vindicte ennemie. Les fer-nés et mercenaires venus chercher les navires passent leur frustration sur ce qui passe à leur portée ; civils, ribaudes du port, bière du Nord et poisson de Lamarck. La fête bat son plein… Au Nord, des défenseurs et civils du bourg tentent d’échapper à leurs assaillants en ouvrant les portes, des familles entières foncent vers l’obscurité et les forêts qui remontent la côte jusqu’au Val et ses Montagnes, mais des cris de guerre retentissent et des dizaines de cavaliers mercenaires chargent Pendant que Lyle Salfalaise mène les troupes encore sous son contrôle contre le Castel, où se trouvent les derniers soldats impériaux et Dame Manderly. Les premiers soldats sont ébouillantés ou écrasés par des pierres jetés des hourds, tandis que des flèches tirées par des serviteurs, armés comme on pouvait, enflamment l’huile. Des pillards sont transformés en torches humaines. D’autres, tentant de grimper par échelles ou grappins, sont abattus à coups de carreaux ou de flèches. Beaucoup de corps restent même agrippés à leur cordage… Mais la résolution de l’assaut ne faiblit pas. Des archers longs du Conflans, grimpés sur des toits non loin, bombardent les créneaux et leurs flèches trouvent souvent gorges et poitrines des défenseurs, dont la vigueur faiblit. La porte craque… Et les assaillants entrent en beuglant, passant les derniers défenseurs au fil de l’épée. Des hommes se rendent et sont faits prisonniers, d’autres essaient de déposer les armes et sont massacrés quand même. Les tueurs emplissent les couloirs du castel et les derniers défenseurs tenant la Grande Salle jurent de protéger Dame Manderly jusqu’à la mort, tandis que le mestre se hâte d’envoyer des corbeaux tout azimut. Les portes sont enfoncés. Les combattants d’élite de Salfalaise, chevaliers riverains, mercenaires et vétérans fer-nés, achèvent le massacre des défenseurs qui se battent et meurent derrière des barricades de tables et de chaises. Plusieurs combattants sont transpercés de flèches lâchées à bout portant par les derniers défenseurs, qui dégainent épées et glaives aux cris de « Pour l’Empereur ! Braenaryon ! L’Impératrice ! ». Digne, Dame Manderly toise les assaillants, qui la contemplent et s’écartent sur Lyle Salfalaise, sourire insolent au visage.
EPILOGUE Lyle Salfalaise, bénéficiant d’une conjoncture extrêmement favorable et d’une chance qui lui sourit à chaque étape, parvient à priver l’Empire de sa capitale. La victoire est avant tout symbolique ; il ne s’agit encore que d’un bourg tout juste rebaptisé, qui ne compte encore aucune nouvelle construction, port mineur et bourg de pêcheurs et d’artisans en bord de mer. Aucune institution impériale ne s’y trouvait encore, ni armée, ni flotte de guerre. Il n’empêche que l’Empire est frappé en plein cœur. Sa garnison est totalement prise au dépourvu par un groupe de soldats passé totalement inaperçu par sa petite taille, et les renforts envoyés par Harren plus au sud. Salfalaise a crapahuté des mois durant en forêt ou dans des marécages, faisant oublier jusqu’à son existence, incapable de menacer les principales artères de la Néra ou du Conflans. Mais aux ordres d’un des plus grands stratèges de notre temps, Salfalaise parvient à remporter un immense succès tactique. Son infiltration n’éveille à aucun moment la méfiance des peyredragoniens et impériaux, son groupe parvient à prendre seul la porte malgré sa défense, et la tient ouverte juste le temps qu’il faut à l’armée pour la rejoindre. Dans le même temps, la diversion tentée fonctionne. Les défenseurs, comble de la malchance, ne peuvent retraiter en bon ordre, et sont tous tués dans la défense, dans leur fuite ou sont faits prisonniers. La population subit aussi la rage de l’armée conquérante.
Des centaines de défenseurs, principalement des miliciens, ont été massacrés. L’assaillant déplore 1200 pertes, soit un peu moins des deux tiers de son effectif de départ ! La boucherie fut telle à la bataille aux portes que seuls les chevaliers riverains et les vétérans fer-nés empêchent la déroute. Des centaines d’hommes sont morts face au mur d’épées et de lances qui les attendait derrière le corps de garde, tandis qu’archers et arbalétriers en abattaient un grand nombre à bout portant, tirant en contrebas des murs encore tenus. Quantité d’assaillants ont été blessés, notamment pendant l’assaut sur le Castel de Fort-Darion. Beaucoup de soldats ont été incinérés vivants par les défenseurs, ou écrasés par les pierres.
Au petit matin, Salfalaise contrôle plus une bande armée qu’une troupe militaire, mais les portes sont à lui, ses cavaliers patrouillent encore les rives des deux côtés du fleuve, et le port est sous son contrôle. Une partie des vivres, du fourrage et de la solde des armées impériales a été prise par les assaillants, mais le bourg avait essentiellement reçu du matériel de construction pour en faire la digne capitale de l’Empire. Salfalaise le sait ; le coup qu’il a porté en plein cœur n’est pas mortel, et va attirer l’attention sur lui. Il ne peut que constater, dès le lendemain matin, que la flotte impériale croise au large. Une galère. Puis deux. Puis dix. De Peyredragon, du Nord, d’autres navires au fanion Braenaryon. La capitale de l’Empire a été prise, et c’est là l’un des plus grands exploits de notre temps, mais combien de temps le bourg pourra-t-il être tenu ? Manderly fait une bonne monnaie d’échange. Belliqueuse et tenace, la Dame de Blancport a tenu la ville jusqu’au dernier homme, avant d’être prise par l’ennemi. Fera-t-elle partie du butin, ou sera-t-elle conservée comme assurance ?
Points de puissance de l’Empire-5pts défaite mineure
-5pts objectif perdu
-2pts bourg perdu
-10pts capitale perdue
Points de puissance d’Harrenhal+5pts victoire mineure
+5pts objectif rempli
+3pts extra-butin
+2 pts bourg pris
+10ps capitale prise