Première Bataille de la Campagne de Dorne, entre le Royaume du Bief soutenu par les Croisés des Sept, et la Principauté de DorneAprès plusieurs mois de raids et de conflits frontaliers, le Bief avait enfin choisi l’attaque contre Dorne. La Principauté, bien que disposant de l’initiative au début du conflit, s’était contentée pendant de longues semaines d’envoyer des unités de cavalerie légère, troupes aguerries dans la petite guerre, pour fourrager en territoire ennemi. De longues colonnes de réfugiés bieffois avaient quitté la région et quelques batailles mineures furent livrées, mais sans qu’aucun camp ne prenne l’avantage car pour les deux factions, le théâtre d’opérations de l’Orage fut privilégié. Jusqu’à ce que le Roi parti à la guerre, le Ministre Manfred Hightower n’échafaude un plan en collaboration avec la redoutable commandante de la Flotte de Fer, Eren Hoare. Bieffois et Fer-nés envahirent Dorne par les montagnes et sur la côte, tentant de forcer le passage alors que les dorniens, dispersés sur leur territoire et dans l’Orage, étaient en sous-nombre.
L’armée des Montagnes Rouges avait été éprouvée par les deux camps, dans les semaines qui précédèrent la campagne. Les dorniens avaient perdu une partie non négligeable de leur cavalerie tandis que les bieffois avaient souffert de leurs approvisionnements perturbés par l’action ennemie. En sus, les troupes de Lord Tarly subirent la défection du Prince Kevan Gardener. Toutefois, la reprise en main de l’armée par Lord Cuy, fidèle de Lord Hightower, avait permis de repasser à l’offensive. Lentement, les bieffois progressèrent dans les cols, subissant quelques pertes du fait des troupes légères dorniennes et de pièges élaborés ; notamment des éboulements. L’avancée progressive évita toutefois les catastrophes et l’ennemi fut repoussé sans combat.
Trois forts dorniens protégeaient les principaux cols des montagnes. Ces fortifications de bois, peu durables, étaient néanmoins idéalement placées. Les bieffois pouvaient les éviter, mais en prenant le risque d’avoir des troupes non négligeables sur leurs arrières, détruisant leurs lignes de ravitaillement. Il fallait alors en prendre au moins un avant de pousser sur la ville de Noirmont, au pied des Montagnes. Lorsqu’il fut évident pour les défenseurs que les bieffois s’avançaient sur le fort central, aux Eperons, la cavalerie dornienne s’avança à toute vitesse pour renforcer les défenses, tandis que le gros de l’armée des Montagnes se replie sur Noirmont pour y constituer une réserve.
Le Fort des Eperons fut alors encerclé et ses environs immédiats investis par l’armée du Bief. Des tranchées et des gabions furent préparées tandis que de l’artillerie de siège légère tenta d’abattre les rondins de bois du fortin. Les dorniens ne subirent que des pertes légères, mais au bout de quelques jours de bombardement, une trouée fut obtenue sur un des angles du fort.
Lord Cuy avait pour ordre de fixer l’armée orageoise, mais celle-ci s’étant reculée sur Noirmont, il risquait une forte attrition dans les Montagnes alors que le climat, sec et chaud, pouvait vite propager des maladies ou
Plan de bataille des bieffoisLord Cuy est un stratège minutieux. Malheureusement pour lui, deux éléments lui font mécaniquement presser le pas. Le premier est le climat des Montagnes Rouges. Il fait très chaud et très sec, et les denrées, notamment le fourrage des chevaux, a du mal à passer. Bien sûr le fort dornien a lui-même été bâti près d’une petite rivière, mais il est compliqué d’y faire boire tout le monde ; le risque d’épidémie augmente rapidement. De plus, la présence de croisés au sein de l’armée ne fait rien pour calmer les esprits qui s’échauffent ; la nouvelle de la défaite du Roi à Tinivel, couplée à l’annonce du massacre systématique de tous les soldats bieffois désirant se rendre, a enragé les soldats. La bataille se déclenche même sans l’aval officiel de Cuy, dépassé par les mouvements des premières milices communales qui se mettent en marche en direction de l’escarpement où trône le Fort. C’est finalement 26 000 hommes, croisés, troupes royales et seigneuriales, qui s’ébranlent.
Plan de Bataille des dorniensLes dorniens ont un plan courageux, et tragique. Le fort était tenu par 2 300 soldats légèrement armés des patrouilles frontalières. Dans les montagnes, quelques milliers de tirailleurs mais ceux-ci, repoussés par les dispositions de Lord Cuy, ne peuvent que prétendre s’en prendre à des convois isolés. Sans causer de véritable tord à leur ennemi de manière directe, ces hommes le poussent toutefois à forcer la décision sous couvert de voir leur ravitaillement coupé. Toutefois, la Princesse de Dorne prit une décision lourde de sens, qui aurait des conséquences importantes pour la suite de la campagne. Elle n’érigea pas seulement le Fort des Eperons en ralentisseur des assauts bieffois. Elle l’érigea en pierre angulaire de la fierté et de l’esprit de résistance des dorniens. L’essentiel de l’armée des Montagnes refluait vers Noirmont… Mais pas l’élite de sa chevalerie qui vint renforcer la garnison. Près d’un millier de seigneurs et de leurs fils, de leurs cousins et de leurs hommes. L’élite de la Principauté, sacrifiée dès la première bataille de l’invasion.
Mais au bout de leur pique, les dorniens espéraient embrocher le plus possible d’assaillants.
Premier assaut ; l'AubeA la lueur du jour, les moines-guerriers des Sept passèrent dans les rangs des 600 croisés que comptait l’armée bieffoise, dont 200 Fils du Guerrier arborant la tenue noire de leur macabre office. Ils prièrent et bénirent la Sainte Croisade, sous le regard du reste de l’armée qui s’éveillait. Le Pater Prêcheur, le chef zélote de cette troupe de volontaires, clama alors, sa voix résonnant dans le col, que les dorniens avaient abjuré leur amour des Sept pour se tordre dans leurs fichues bacchanales païennes, que la vertu de la Principauté avait laissé place au chancre de la bâtardise, du stupre et des autres vices terrestres. Les chevaliers se redressèrent en hurlant « Les Sept ! C’est la volonté des Sept ! Villevieille ! » et entrainèrent à leur suite les centaines de Pauvres Compagnons qui les suivaient depuis le Grand Septuaire, des mois plus tôt.
La colonne entama sa progression dans la rocaille et dans les buissons qui encadraient le chemin menant au fort, un vaste fatras de bois et d’épieux doublé d’un fossé poussiéreux. Faible ouvrage défensif que voilà, mais difficile de faire mieux au vu des circonstances. Les bombardements de l’artillerière légère de siège des bieffois continuaient alors que sur tout le pourtour des remblais, les bieffois s’assemblaient en unités. Lord Cuy sortait de sa tente alors que des milliers d’archers, d’archers longs et d’arbalétriers suivaient les croisés sur la pente.
Les tirs des défenseurs ne tardèrent pas à siffler. Les flèches aux pointes crénelées, ou en S pour accroître les blessures. L’outrage de ces projectiles plantés dans le sol ou dans les boucliers fit fulminer les croisés qui attaquèrent encore en direction de la brèche, formant un mur de bouclier pour laisser passer la tempête. Les Pauvres Compagnons tombèrent, fauchés en pleine poitrine ou dans le cou alors qu’ils étaient moins bien protégés que leurs riches « frères ». Le Pater Prêcheur eut une main écrasée par une bille de fronde, mais malgré les dizaines de tués et de blessés, les croisés continuèrent leur avance, ce qui galvanisait les milliers de bieffois qui s’apprêtaient à la bataille. Le cor du fort sonnait, sonnait encore. Créneaux et fourrés étaient criblés de traits mortels, abattant aussi bien les attaquants que les défenseurs.
A l’endroit de la brèche, au milieu des rondins déchiquetés par les piérrières bieffoises, un mur de pointes d’acier. Les terribles piquiers de Dorne tiennent la position et accueillent la charge frénétique des croisés avec discipline. De nombreux dévôts s’empalent sur les pointes, ou trébuchant, sont percés de part en part. Le fanatisme des assaillants est terrible. Alors que des archers leur tirent dessus à bout portant depuis les murs à demi effondrés, les croisés continuent de progresser. Il cassent les hampes des piques dorniennes et traînent au sol leurs porteurs pour les équarrir.
La résolution des guerriers saints vacille et ils refluent en désordre. Il n’est pas encore midi et déjà, des centaines d’hommes sont morts.
Pertes des combats du premier assaut.- Les bieffois perdent 800 hommes, dont 200 archers, 100 arbalétriers, 100 Fils du Guerrier, 300 Pauvres Compagnons
Les croisés sont en désordre.
- Les dorniens perdent 200 hommes dont 100 archers et 100 piquiers.
Second Assaut ; le ZénithQu’à cela ne tienne. Le Pater Prêcheur et ses hommes récupèrent. A l’eau pure, s’il vous plaît. Pas de débauche inutile chez les serviteurs des Sept. Pendant ce temps, des milliers de soldats bieffois s’avancent. Les tireurs déjà, cachés derrière des pavois ou des mantelets. Ils échangent tir sur tir avec les dorniens sur la palissade. Très vite, les bieffois prennent l’avantage. Ils continuent de subir plus de pertes que leurs ennemis, notamment quand ils se rapprochent pour être plus efficaces ; on ne compte plus les épaules ou les avant-bras percés de flèches chez les tireurs de Sa Majesté. En revanche les dorniens sont à moins d’un contre trois dans le domaine des tireurs, et des volées fusent sur les créneaux de bois et par-dessus, frappant durement les lanciers et les piquiers, mais ne font que peu de problèmes aux chevaliers qui attendent toujours, visière baissée. Les échanges de tir s’intensifient alors que les soldats bieffois avancent en rangs serrés, offrant de nouvelles cibles aux dorniens. Les flèches cognent contre les plastrons, certaines traversent même les boucliers de leurs ennemis. Les soldats du Bief s’effondrent par dizaines mais poursuivent l’attaque, subissant et bénéficiant d’un véritable rideau de flèches qui s’échangent au-dessus de leurs têtes. Les bieffois parviennent à prendre pied sur le monticules de gravats et de corps de la brèche. L’irrégularité du terrain de l’affrontement pénalise les piquiers dorniens, qui doivent tirer l’épée. On se bat au corps-à-corps un bon moment, et les hommes sont plus tués par la terrible bousculade que par le talent des combattants.
Des échelles sont hissées sur les murs, et c’est sans doute le point d’orgue de la défense dornienne, étirée sur tout le pourtour de son périmètre. On abat du bieffois à la chaîne et leurs corps jonchent le sol à proximité des corps de garde, attaqués aux béliers. Le fortin tient bon, mais sa construction de bois le rend vulnérable à une telle poussée, si supérieure en nombre et terrifiante de volonté. Les bieffois endurent les pertes, du chevalier à la valetaille et les corps sont enjambés, les portes enfoncées. Aux entrées comme sur les créneaux, les chevaliers dorniens écharpent l’ennemi aux cris de « Dorne ! Lancehélion ! Dayne ! Martell ! ». Ca s’écharpe et ça sonne du cor.
Le mestre de la petite garnison, accompagnant la troupe de chevaliers de la Principauté, s’échine à recopier minute après minute les mêmes messages. « Ennemi aux portes ». « Trente mille bieffois ». « Bombardent le fort avec pierres, carreaux et flèches ». « Brèche dans la palissade ouest ». « Piquiers engagés, brèche colmatée ». « Attaquants sur les murs et aux portes ». « L’ennemi assassine nos montures ». C’est un fait ; tout à la brutalité de leur assaut, les bieffois s’emparent d’une des stalles à côté de la porte est et tuent tous les pur-sangs sur lesquels ils tombent, ceci aussi bien par vengeance des mois de vaches maigres que pour priver l’ennemi de montures au cas où l’assaut serait repoussé.
Ser Gargalèn abat coup sur coup cinq hommes d’armes du Bief qui essayaient d’escalader le parapet, mais debout sur les palissades il est ciblé par plusieurs tireurs ; son corps retombera de l’autre côté des défenses, percé par de multiples carreaux. Un jeune homme du nom de Gauvin se faufilera sous le mur de piques dorniennes et coupera tendons et jarrets des soldats de Dorne, se mêlant aux blessés et aux cadavres sur lesquels se joue le combat.
Des centaines de corps tapissent les pentes du fort. Les bieffois ont payé le prix fort, en particulier face aux murs. Leur ténacité et leur nombre leur permet d’élargir les percées aux portes et à la brèche dans la palissade. Ouvertures agrandies en plein combat à coups de haches. Lord Cuy parviendra, non sans en perdre une vingtaine, à approcher quelques chevaux de la porte est et une fois leurs battants attachés à des grappins, les ouvertures furent plus encore défoncées par la course folle de ces montures blessées et terrorisées.
Pas de limites dans la folie.
Les dorniens, sous la pression, sont écharpés à la porte ouest par les Guisarmiers du Roy, troupe d’élite prêtée à Lord Tarly par le souverain voici plusieurs mois. Les soldats enfoncent le front dornien et tiennent même la dragée haute à de nombreux chevaliers de Dorne, démembrés à coups de fers de hallebardes, répliquant du meilleur acier pour abattre ces gardes en armures lourdes.
Les combats sont gagnés sur les murs, les échelles sont repoussés et les braves de Dorne, exsangues et en sueur, sont éreintés par leur victoire, criblés pendant des heures par les projectiles ennemis. Les dorniens sont toutefois repoussés de la brèche et d’au moins une des deux portes, l’autre étant la proie des flammes, qui fait étouffer de chaleur les centaines de combattants qui s’y étripent.
Les dorniens refluent dans le plus grand désordre des endroits qui lâchent, se repli vers la dernière fortification centrale, guère plus d’un casernement en bois. Les derniers corbeaux sont envoyés ; « C’est la fin. Ils arrivent. Garnison battue, lourdes pertes aux assaillants »
Pertes des combats du second assaut.- Les bieffois perdent 4800 hommes, dont 2000 fantassins moyens, 2000 lanciers, 300 archers, 400 arbalétriers, 100 hallebardiers.
Les croisés sont en désordre.
- Les dorniens perdent 1400 hommes dont 100 fantassins légers, 100 archers, 300 piquiers, 200 chevaliers, 550 lanciers, 150 cavaliers lourds.
Les piquiers, lanciers et tireurs dorniens sont en désordre.
Troisième Assaut ; la fin de journéeLa bataille n’est pourtant pas finie. Les fortifications n’ont certes pas tenu après plus de trois semaines de bombardements ininterrompus. C’était joué d’avance face à des effectifs si supérieurs en nombre ; les dorniens se battent sur le papier à un contre… huit ! Rares sont déjà les guerriers à pouvoir combattre deux adversaires à la fois… Les phases d’approche sont difficiles pour les bieffois, les escarpements sont fatigants et désordonnent les troupes. La palissade elle-même, n’est pas qu’une simple levée d’épieux. Elle est épaisse de plusieurs couches de rondins, ce qui l’a empêchée de se désagréger sous les effets du bombardement, mais ne pouvait tenir la comparaison avec un haut mur de pierre. En sus, la palissade n’est pas assez haute pour décourager les assauts. Les bieffois, fanatisés par les nouvelles reçues tant de leur Grand Septon que du front orageois, ne se sont pas arrêtés après le premier assaut. La mise en ligne de leurs troupes d’élite a permis de mettre un pied dans le fort, puis de progresser à l’intérieur sous le poids du nombre. Le second assaut a duré tout l’après-midi, et les bieffois se rassemblent aux entrées alors que les survivants dorniens. 1500 hommes de la Principauté, à bout de force car se battant depuis plus de dix heures pour certains, assoiffés, affamés et traumatisés, doivent affronter maintenant une force plus de dix fois supérieure.
Les chevaliers de Dorne se battent à pied ; l’intérieur du fort ne se prête pas au virevoltage de la cavalerie de la Principauté. Toutefois, les pertes énormes subies par les piétons bieffois les ont fait reculer, et ce sont maintenant élite à pied du Roy et des seigneurs qui s’avance, mais surtout des centaines de chevaliers et de franc-coureurs du bief. Un bloc de Fils du Guerrier reformés se présente pour l’assaut. Face à la trouée ouest, piquiers, lanciers et ce qu’il reste d’archers dorniens subi le choc de la valetaille bieffoise. Les centaines de combattants s’embrochent à coups de lance et de pique ; les bieffois ont fait grimper des archers sur les créneaux conquis, qui bombardent maintenant les soldats dorniens. Les deux camps, épuisés, se font face. Les chevaliers de Dorne s’avancent. Les croisés aussi. La mêlée est terrible. Elle n’est plus affaire de blocs, mais d’individualités, de duel.
Ser Ronsart défie coup sur coup quatre chevaliers de Lancehélion et les dessoude les uns après les autres. Un chevalier de la maison Ferboy l’égorge et c’est la cohue. Des nobles meurent par dizaines dans ces duels. Les croisés n’accordent aucune pitié, les bieffois font facilement des prisonniers chez les vaincus. Malmenés, bousculés, débarrassés de leurs armes et armures, les vaincus dorniens auront toutefois survécu pour exiger une rançon. Certains lancent qu’ils ne méritent aucune pitié, comme le peuple des Basse-Terre n’en ont eu aucune des mains des cavaliers Martell. D’autres disent que l’armée du Roi a été étripée sans pitié par les orageois ET les dorniens. Les partisans de l’honneur, toutefois, l’emportent. Aucun des prisonniers n’est abattu, malgré les brimades et les coups.
Les duels se poursuivent. Les dorniens restent plus nombreux à choisir la mort. Ser Noirmont, fils du célèbre seigneur, combat en duel Ser Flambert et Ser Dumoutiers, qu’il abat. Il sera tué dans le dos par un quatuor de Fils du Guerrier qui clament qu’aucune pitié ne peut être accordée aux hérétiques. Le semblant de sens qui reste à ces lignes de duel s’estompe et les masses se déchaînent les unes contre les autres. Les derniers combattants dorniens résistent, dos à dos, empilant les cadavres. Pris à revers et encerclés, leurs piétons sont étripés sur place par l’élite bieffoise, qui réduit ensuite les dernières poches de résistance.
La vaillance dornienne a vécu.
Pertes des combats du troisième assaut.- Les bieffois perdent 2400 hommes, dont 800 fantassins moyens, 800 lanciers, 600 chevaliers, 200 cavaliers lourds.
- Les dorniens perdent 1600 hommes, soit la totalité de leurs effectifs restants.
Epilogue :Sitôt pris, le Fort des Eperons était investi par les bieffois, qui brûlèrent les corps des deux partis après la bataille. Seuls les Croisés s’échinèrent deux jours durant à creuser des tombes dans la poussière du col pour leurs frères tombés. Cuy y sécurisa sa position et redistribua le ravitaillement, amélioré par l’abattage des montures des cavaliers dorniens, dont la viande fut prestement séchée.
Cuy trôna en haut de la tour de guet du fort et exhorta son armée, durement éprouvée, à poursuivre l’invasion.
La victoire avait toutefois coûté fort cher. Des milliers d’hommes étaient tombés ; 8 000 pour sa prise, 3 200 pour sa défense. L’armée du Bief perdait un tiers de son effectif avant même d’avoir connu une seule bataille rangée.
L’affaire n’en fut néanmoins pas sérieuse. Dorne perdait une quantité de troupes relativement restreinte vu l’engagement, et vu le rapport de forces. Toutefois, les centaines de chevaliers sacrifiés pèseraient lourd aussi bien sur l’aristocratie de la Principauté que pour le reste de la campagne. Les bieffois, quant à eux, avaient perdu quantité de troupes, et pas seulement de la valetaille, déjà morte en masse, mais accompagnée de centaines de chevaliers ou de soldats d’élite. L’armée apparaissait comme fortement affaiblie, et craignait désormais un retour offensif de l’armée dornienne que l’on disait massée plus en contrebas de la vallée. De plus, les dorniens avaient prouvé leur maîtrise de la défense de simples redoutes, qu’en serait-il de villes ou pire, de forteresses ?
Il restait également la menace de ces centaines de francs-tireurs dorniens sur les flancs et les arrières de l’armée du Bief. Il fallait régler ce problème avant d’assister l’offensive contre les Météores, plus au sud. Lord Cuy présenta donc sa victoire par missive à Lord Hightower, ministre de la guerre, car ses premiers ordres étaient remplis ; fixer la défense dornienne dans les montagnes. Maintenant qu’il y avait une entrée d’ouverte pour Dorne, restait encore à savoir en profiter avec des approvisionnements déjà étirés.
Le gain de temps et d’énergie des défenseurs des redoutes du Fort des Eperons permettra-t-il à la Principauté d’organiser ses défenses ? Plus d’un mois de marche de l’armée du Bief, et elle n’avait avancé que de quelques kilomètres et perdu 8000 hommes. Le pari semblait gagné, au moins pour l’instant.
C’était une victoire à la Pyrrhus, mais une victoire quand même. Eren Hoare et Lord Manfred Hightower, commandant au flanc sud, avaient de nouvelles cartes à jouer par cette ouverture plus au nord.
Points de Dorne-10pts bataille moyenne perdue
- 5pts armée perdue
+5pts objectif remporté
+5pts héroïsme
Points du Bief+10pts bataille moyenne gagnée
+5pts objectif rempli
+5pts armée ennemie détruite