L’armée impériale était arrivée en vue d’Harrenhal en fin de journée. Quelques jours après la bataille d’Eysines. La garnison connaissait déjà le résultat de la bataille. L’armée Braenaryon défila sous les murs de la cité, et une délégation menée par l’Empereur en personne alla apporter à la capitale du Royaume du Sel et du Roc une offre de reddition. Fut proposée la reddition avec les honneurs, départ pour le sud avec armes et bagages et parole et parade militaire. Il y eut également l’alternative de rejoindre l’armée impériale, de se battre pour un nouveau Conflans, ou pour les quelques fer-nés qui avaient suivi Lord Salfalaise dans sa trahison du Sel et du Roc. L’Impératrice vint soutenir en personne cette motion. Tant de prises de risques par l’Empereur et l’Impératrice donnèrent quelques cheveux blancs à leur Garde Demalion, emportée par l’écuyère impériale, Leslyn Raybrandt. Il n’y eu pas d’incidents notables pendant la négociation.
La garnison prit le temps de réfléchir. D’en discuter. D’en débattre. Certains chevaliers du Conflans prirent presque aussitôt leurs cliques et leurs claques. Harren mort, son héritier disparu avec les débris de l’armée, quel espoir restait-il ? L’Empire avait des dizaines de milliers d’hommes tout autour, et même Salfalaise avait trahi leur cause, lui qui avait tant combattu avec eux. Beaucoup n’acceptèrent pas dans un premier temps l’idée de se rendre. Et bientôt les bousculades s’entamèrent. Un grand nombre de nobles dont les fiefs étaient déjà sous occupation Tully ou Braenaryon prirent alors sur eux de rassembler leurs hommes d’armes et de partir. En fin d’après-midi, les portes s’ouvrirent. La majorité des soldats sortait sans armes. Les nobles, leurs fanions et étendards en berne. Les Braenaryon tinrent parole, et formèrent avec leurs cohortes une haie d’honneur pour ces hommes qui préférèrent se constituer prisonniers, ne voyant plus d’issue à leur lutte après les carnages à répétition de l’année écoulée. Les mercenaires impériaux, autrefois sous commandement Hoare avant Eysines, prirent possession de la Porte principale et de plusieurs poternes pendant la confusion de l’hommage militaire. Il restait quelques centaines d’hommes à l’intérieur. Et les mercenaires découvrirent aussi des cadavres de riverains et de fer-nés. Visiblement, les irréductibles n’avaient pas hésité à chercher à punir les traîtres… Et s’étaient réfugiés dans le dernier cercle de fortifications.
L’essentiel s’était rendu. Pas les derniers défenseurs. Un héraut impérial vint rappeler que l’assaut ne tarderait pas à être donné. On lui répondit par une volée de flèches. Ferme, l’Empereur prit le commandement des opérations, à distance pour une fois, depuis le corps de garde intérieur. L’Impératrice, enceinte, fut ramenée en arrière. Et séparée de son dragon, qui prit péniblement son envol et disparut dans les nuages. L’armée de mercenaires impériaux prit position sur le cercle défensif extérieur, et assembla échelles et béliers pour forcer les portes intérieures et les coursives qui permettaient aux différentes épaisseurs de murailles de communiquer. L’assaut fut donné dans un vacarme effroyable alors que le crépuscule amenait quelques flocons. Encadrés par les troupes Braenaryon, l’Empereur usa des mercenaires ayant changé de camp en cours de compagne pour assaillir les murs intérieurs. Plus de deux mille hommes en attaquaient moins de quatre cent sous une grêle de tirs. Les combats à bout portants étaient très violents. Mille tireurs impériaux supplémentaires appuyaient l’assaut depuis les toits des maisons et le sommet des tours extérieures. Le combat fut effroyable. On s’étripait sur les remparts et autours de poternes au couteau, à la hache et au glaive, et l’endroit baigna de sang. Le combat s’éternisa des heures durant, et les combattants ne furent pas séparés par l’obscurité, car des escouades de piquiers Braenaryon ne soutenant pas l’assaut commençaient déjà à incendier les quartiers désertés par les combats. A la lueur des torches et des incendies, les combats perdurèrent. Jusqu’à ce que le capitaine des gardes d’Harren le Noir remarqua que ses archers étaient réduits au silence, que plus aucun trait ne pleuvait vers les porteurs de torches en contrebas. Les trois tours qu’il tenait encore étaient incendiés, leurs combles ravagés par les flammes.
Les cris de panique se répandirent. Dragon ! L’assaut impérial fut renouvelé avec les deux tiers de l’armée qui n’avaient pas encore été engagés, pendant que la terrifiante Meraxès incendiait toute une section de remparts, accrochée au toit de la grande salle de la forteresse. Plusieurs dizaines de soldats furent incinérés mais tous cherchèrent à s’enfuir. En vain. Les portes incendiées, l’armée Braenaryon se répandit dans la cour. Un fer-né du nom de Thorgen vit que sous ses protections de cuirs, le dragon saignait par plusieurs blessures apparemment mal soignées. Eysines ? Il n’y était pas, il n’en savait rien. Il asséna un terrible coup de hache à deux mains pour briser l’aile du monstre, dans un bond héroïque depuis une barbacane. Vif comme un serpent, le dragon avait esquivé en partie le coup, mais se fit trancher deux ergots dans l’attaque avant de dépecer le héros à coups de griffes, et de se repaître de ses organes dévoilés par une cage thoracique arrachée. Meraxès avait accompli péniblement son rôle de diversion, et avait attendu la nuit pour planer, incapable de manœuvres complexes depuis Eysines. La pénombre avait été son alliée, mais il était clair que la dragonne gardait des séquelles de la bataille précédente. Les soldats Hoare n’avaient malgré tout plus aucune chance contre une telle masse de troupes. Les derniers défenseurs furent massacrés là où ils se retrouvèrent submergés, sans la moindre pitié. L’Empereur fit constater à ses officiers et à sa femme la victoire chèrement acquise en près de dix heures de combats.
L’Impératrice, constatant les nouvelles meurtrissures de sa dragonne, déclara avec l’assentiment de son époux que l’endroit était maudit à tout jamais, que du sel serait versé sur ses ruines. Et lorsque le dragon reprit son envol en rugissant, terrifiant les mercenaires victorieux qu’il avait jadis chassés, la dernière de son sang déclara l’endroit Terra Draconis.
L’Antre des derniers de sa race.
Points de l'Empire+35pts, prise de la capitale ennemie et victoire mineure
Points d’Harrenhal -35pts, perte de la capitale et défaite mineure.