Morgan Lideuil
Petite citation

Salut moi c'est Mith. J'ai connu BC via une recherche Google. Vous figurez sur la première page de résultats.. Le grand plus de BC, c'est à mon avis votre contexte et la construction de vos intrigues.. Par contre je ne suis pas fan de l'écriture en blanc sur du gris/blanc, mais c'est parce que je suis une taupe. Du coup, zoom 125% jusqu'au prochain style :p. Si 7/7 signifie que je peux passer tous les jours, je pense que ma présence sera au minimum de 4/7. Si 7/7 signifie que je peux rp tous les jours, mon activité sera au minimum de 2/7. J'ai un mot à rajouter et c'est pantoufle.. Enfin, je confirme avoir bien lu le règlement.

La guerre commence à toucher la totalité des royaumes... Etes-vous partisan de l'unification de Westeros par l'Empire ou les Puissances Centrales, ou plutôt attaché à l'indépendance de votre Royaume? Pourquoi?

Il ne m'appartient pas de répondre à ces questions. Ce qui se passe dans le sud n'a que peu de conséquences sur moi ou mes gens. Je fais confiance au Stark qui siège à Winterfell pour ces choses. Quelle que soit la décision de celui-ci, il y aura toujours des guerres, guerres dans lesquelles moi et mes hommes serviront fièrement sous la bannière du Loup, par gratitude pour la générosité séculaire des rois du Nord.

Cela dit, le départ du Torrhen pour le sud et son remplacement par le Jon m'inquiètent. Jon semble un jeune homme de qualités, mais il ne possède pas l'expérience de son père. Je crains que cela n'affaiblisse à terme le pays. En plus de cela, Le Torrhen parti pour le sud, j'espère fortement qu'il n'adoptera pas ces nouveaux dieux. Ce serait ouvrir la porte à une invasion dans le Nord, et une trahison faite aux Anciens dieux. Les respect des dieux serait le seul motif qui m'inciterait à préférer de manière certaine l'indépendance.

Néanmoins, je suis plutôt content de la transition de pouvoir entre Torrhen et son fils. Le traitement des prisonniers après la bataille de la Mort-aux-Loups m'est quelque peu resté en travers de la gorge. Que l'on passe tous les envahisseurs au fil de l'épée est une chose qui ne me dérange pas plus que cela. C'est propre, ça envoie le message. Crucifier des femmes des vieillards et des enfants est une toute autre affaire.

De pierre, bois et neige.

Des cris espacés retentissent de manière ponctuelle en provenance de la motte castrale d'Ambrebois. Plus bas, dans le village, des hommes chantent et boivent, célébrant l’événement avant même qu'il ne soit survenu, tandis que les femmes se lancent des regards inquiets. Elles savent que rien n'est gagné d'avance. Brona, la femme du Lideuil, est sur le point de mettre au monde l'avenir du clan.

Dans la chambre, hormis les cris, la seule source de son est Le Lideuil, tournant en rond et demandant de manière incessante à la guérisseuse, qui ne prends même plus la peine de répondre, si il peut aider en quoi que ce soit, et ce depuis bientôt une heure.
Baignée de sueur, le souffle court et la voix rocailleuse, la parturiente s’exclame, exaspérée: -Par les anciens dieux! Cregan, sur ma vie, si je t'entends encore dire un mot je te jure que...
Sa phrase fut interrompue par une nouvelle série de contractions la menant à pousser un énième hurlement. Se reprenant après quelques instants, elle relance d'un ton acerbe: -Si tu avais le moindre doute sur la paternité, sois rassuré! Il n'y a que de toi qu'il puisse tenir une telle résolution à me faire perdre patience!



L'hiver c'était déjà bien avancé dans la région du Bois-au-Loup. Couvert de boue, le jeune représentant des Lideuil s’adonnait à quelques passes d'armes avec le petit Bowen dans la cour, de vapeur s’échappant de leurs bouches. Il avait pris ce gosse un peu maigrelet et à l'air triste en affection. A peine une dizaine d'années, et déjà à devoir officier en lieu et place de Lord Glover, parti pour la guerre. Il n'avait pas vraiment à prendre de décisions, bien entendu, mais il était le visage de la maison en l'absence de son père.

Frustré de ne pas arriver à vaincre l'adolescent, le soldat miniature chargea, épée haute, en direction de son adversaire. D'une glissade sur le coté, Morgan évita le garçon qui alla s’étaler de tout son long dans la boue avant de laisser apparaître une moue triste. Éclatant de rire et s'asseyant à coté de l'enfant, l'adolescent le questionna: -Quelle a été ton erreur?.
Se renfrognant encore plus, le gamin répondit, revêche: -Tu es trop grand!
-Et donc ta solution c'est de m'attaquer le visage alors que mes jambes sont à découvert? rétorqua le jeune homme, un sourire au lèvres. Sourire qu'il perdit bien vite. Sans crier gare, le gringalet lui sauta dessus, le faisant basculer dans la boue. Pris de stupeur l'instant d'une seconde le fils du Lideuil finit par éclater d'un rire incontrôlable, voyant le fier Glover, un air triomphant sur le visage, se tenir glorieusement au dessus de lui.

C'est évidemment ce moment que choisit Lady Alysane pour passer dans la cour. Rouge de honte, et de timidité adolescente, Morgan se redressa d'un bond, cachant derrière lui l'enfant boueux dans un espoir bête qu'elle ne le verrait pas. Il savait à quel point elle couvait son frère, et n'osait même pas s'imaginer les répercussions si elle voyait son cadet dans un tel état. Surtout pour lui.
-Lady Alysane je...
-Bowen, tu vas geler!, dit-elle avec un regard furibond pour l'adolescent dévasté et bégayant, le laissant planté là tandis qu'elle couvrait le gosse de son propre manteau d'un air presque maternel.

Un malheur n'arrivant jamais seul, la mère du jeune homme avait assisté à toute la scène. -Tu es un veau, comme ton père!, s'exclama-t-elle. -Dans quelle monde une danse un soir de réception fait de deux personnes des âmes-sœurs? Si encore tu ne l'avais...
-Mère!
... pas faite tomber devant tout le monde, tu aurais pu avoir une chance. Après tout, tu tiens de moins, pas de ton père pour le physique. Les dieux soient loués! Mais il fallait que tu sois aussi maladroit que lui! continua-telle à jacasser d'un air exaspéré.

La matrone poursuivit ainsi un moment, marchant vers la demeure, son fils à ses cotés, les épaules lourdes face à cet hiver qui s'annonçait long avec cette fille qu'il ne savait comment séduire, tandis que les quelques spectateurs discrets se laissaient aller à rire face à ces déboires connues par tous fut un temps.



-Apporte le lait fermenté, femme! Il a besoin de boisson, pas d'onguent! C'est mon fils, pas un sudien en culotte de soie. s'exclama Vieil Ours Lideuil, le père de Morgan. Suite à cette remarque, il se vit décocher un regard meurtrier que les hommes des clans étaient tellement habitués à recevoir de leurs épouses, aussi dures que leurs homologues masculins. Elle ne répondit pourtant pas et quitta la chambre pour aller chercher le guérisseur de la maisonnée, préférant agir que perdre son temps à discuter.
Retournant son attention sur son fils, un éclat de fierté dans l’œil dissimulé par une mine dure, Le Lideuil dit: -Ton premier ours en solitaire, hein?! Je savais bien qu'il n'y avait pas que ton physique de jolie pucelle que tu tiens d'elle. Tu dois être tout aussi stupide! Après une seconde de silence accompagnée d'un regard lourd, son visage s'illumine complètement et il reprend, sur le ton du murmure, regardant au dessus de son épaule au cas ou sa femme reviendrait: -Tu tiens aussi de sa férocité. La seule prédatrice qu'on puisse trouver dans les Montagnes contre laquelle je n'aurais pas les couilles de lever ma lance!

Ces mots font éclater le jeune homme et son paternel en rires , rapidement arrêtés par le couinement qu'il pousse sous la douleur que lui causent ses côtes brisées.



Depuis trois jours maintenant le groupe d'une quinzaine d'hommes traquaient la petite bande de sauvageons venus piller au sud du mur. Fidèles à eux-mêmes, ces derniers avaient attaqué des fermes et élevages isolés. Le dernier élevage de poneys que Morgan avait passé avec ses hommes avait révélé une scène d'horreur inédite pour le jeune Lideuil. L'homme qui habitait la bicoque en rondins gisait devant la porte, sa hache non loin de lui à coté d'une main tranchée qui n'était pas la sienne. Il avait vendu chèrement sa peau. A l'intérieur, une jeune femme, certainement sa fille, était couverte de sang et empalée sur la table au moyen d'une lance, les jupes remontées sur ses cuisses.

Cette vision n'eut guerre pour effet de démoraliser le groupe, qui au contraire reprit la poursuite avec encore plus d'ardeur, le sang bouillonnant sous l'esprit de vengeance. Les traces de sang laissées dans la neige par l'amputé ne faisaient que faciliter la recherche.
Une heure plus tard environ, Lugos, le vieux traqueur que Cregan avait adjoint à son fils pour sa première mission guerrière, surgit comme il savait si bien le faire de la neige sans crier gare. -Ils sont derrière cet éperon, une trentaine environ., dit-il au jeune chef en devenir tout en pointant une avancée rocheuse quelques centaines de mètres plus loin avec son arc. Le jeune homme hocha la tête: -Très bien. Prend Harad et Jorel avec toi, et faites le tour pour vous placer dans le bosquet non loin. Quand on charge, vous venez finir de leur en mettre une par l'arrière.
Le vétéran fit signe de son assentiment et se dirigea d'un pas léger et silencieux vers son poste, suivi des deux guerriers.

Il ne faut que quelques minutes aux habitués des montagnes pour rejoindre le campement sauvageon. Caché hors de vue de ces derniers, Morgan regarde ses hommes, et voyant qu'ils sont prêts à le suivre se met à courir vers les tentes de fourrure plié en deux pour préserver l'élément de surprise le plus longtemps possible. Arrivé sur place, un premier pillard le voit et se saisit de son arme en hurlant, brièvement, le jeune homme venant de lui ouvrir le crâne en deux à l'aide de son espadon. Le sang gicle, et le jeune Lideuil reste planté quelques instants sur place, inconscient de ce qui se passe autour de lui, sous le choc de cet événement. C'est la première fois qu'il prend une vie humaine. Il reprend ses esprits lorsqu'un nouveau sauvage s’effondre à ses pieds, face contre terre, une flèche dans la nuque. -Du nerf gamin! s'exclame le vieux Lugos tandis qu'il rejoint le combat, maintenant hache à la main.

Se plaçant au coté de ses hommes, le novice taille les envahisseurs qui passent à sa porté, pris d'une frénésie meurtrière incontrôlée. Tout est terminé au bout de quelques minutes, et la réalité commence à faire surface dans la tête de l'enfant devenu homme sur ce bref instant. L'odeur de sang et de boyaux sur la neige est étouffante, et pris de nausée, il se met à vomir et pleurer, non pas de tristesse, mais d'angoisse libérée.
-Bah alors l'Ourson, on est pas taillé pour être un homme? ricane un jeune guerrier du groupe avant de pousser un cri de surprise après qu'une gifle se soit faite entendre. -Tu n'étais pas plus frais il ya deux ans de ça Arnolf. Je bénis encore les dieux pour avoir jugé bon de geler mon nez. Retourner à Ambrebois avec l'odeur de merde qui s'échappait de tes chausses aurais été désagréable., dit le vieux Lugos, ce qui provoqua l'hilarité des autres combattants.
Ayant repris toute la contenance qu'il pouvait, l'héritier demanda: -Tout le monde va bien?



Depuis deux mois maintenant Le Lideuil était pris d'une toux chronique qui l'affaiblissait grandement et le cantonnait à sa demeure. La morosité envahissait le peuple du bourg d'Ambrebois tandis que le castel sombrait dans la tristesse. Ainsi, grande fut la surprise de voir le chef qui venait d'entamer sa cinquante-septième année sur la place de l'agglomération, tout en armes, au soleil couchant, accompagné de sa maisonnée. Manifestement affaibli par la maladie, il se tenait néanmoins fièrement avec toute la dignité qu'il pouvait rassembler. -Lideuils!, lança-t-il d'une voix sifflante, -Pendant deux mois maintenant j'ai lutté. Ce matin, j'ai pris ma décisions. Il est hors de question que je finisse dans un lit. Je pars chasser.

Un silence funeste s'abattit sur la foule assemblée, tandis que Brona baissait la tête, mâchoire serrée mais larmes aux yeux. Morgan, lui avait le regard vide. Tous savaient ce que cela voulait dire. Il entreprenait sa Dernière Chasse, dans le respect des traditions, pour ne plus revenir. L'homme avait convoqué son héritier plus tôt dans la journée pour lui annoncer la nouvelle. Il serait le nouveau Lideuil demain à l'aube.
Après quelques minutes, des murmures désolés commencèrent à s'élever de la population, tandis que les anciens secouaient la tête, conscients qu'ils feraient certainement bientôt de même. D'une voix rugissante que tout le monde lui connaissait, Cregan s'écria: -Alors, on m'enterre ou on prépare une chasse?! Se tournant vers la vieille cuisinière au service de la famille, non loin de là, il termina: -Faites dresser les tables et videz le cellier. Que les dieux me foudroient si une seule personne ici se retrouve le gosier sec pendant la nuit!

La stupeur passée, les guerriers poussèrent une clameur, et se mirent à lancer brasiers et chants en préparation du festin. S'ensuivirent des festivités qui durèrent toute la nuit, chants guerriers résonnant dans le village, bière et lait fermenté coulant à flots. Chacun racontant à son voisin les anecdotes qu'il avait vécues avec le chef, tous allant rendre un dernier hommage respectueux et fraternel à l'homme avant son départ.

L'aube venue, il était temps de partir. On apporta plusieurs poneys des Montagnes, et sous les clameurs, le vieil ours et l'ourson quittèrent les lieux, suivis de quelques guerriers plus en arrière. Le jeune homme n'osait pas regarder son paternel, et, tout en chevauchant à sa hauteur, gardait les yeux fixement pointés vers l'avant.
-Fils, lâcha le malade tout en arrêtant sa monture, regarde moi. La suite s'arrêta quelques mètres à l'arrière par respect pour cette conversation privée que nombre d'entre eux avaient eus bien des années avant avec leur propre père. -C'est mon devoir de quitter le clan. Je suis malade, mourant, et éterniser ma présence ou mon autorité ne fait que consommer des ressources et précariser la famille de manière inutile. C'est ton tour maintenant.

Levant les yeux vers son géniteur, Morgan ne put plus se contenir et se jeta à son cou, le serrant de toutes ses forces, l'émotion lui prenant la gorge. Pendant quelques instants l'ancien lui rendit son étreinte, avant de le repousser d'une main douce mais ferme. -Va maintenant! La route est longue jusqu'à Winterfell, et il faut que tu sois revenu du renouvellement de nos vœux avant l'arrivée des neiges pour mener le clan.

Sans un mot de plus, Cregan s'éloigna au petit trot en direction du nord, vers le cols les plus hauts de leur domaine, tandis que les guerriers regardaient avec un mélange de fierté et de tristesse s'éloigner leur ancien chef, tandis que le nouveau Lideuil restait planté là, quelque peu hagard.



Depuis des jours maintenant Morgan et les meilleurs traqueurs de son clan, une trentaine d'hommes, parcouraient les bois pour harceler les lignes ennemies dans des frappes calculées et rapides. Après la bataille du Bois-au-Loup, Le Lideuil avait convenu avec Lord Flint qu'il tenterait de ralentir au mieux la horde venue du nord. S'en étaient suivis des jours et des nuits sans sommeil pendant lesquels le groupe brûlait les camps, massacrait les retardataires, piégeait les arbres en amont. La seule masse de l'armée Sauvageonne garantissait l'inefficacité de leurs actions sur le plan global. Il ne restait que les talents de chasseurs et la connaissance du terrain des hommes du clan, ainsi que le manque de discipline de leurs adversaires pour les garder en vie. La situation restait tout de même désespérée. Coincés derrière les lignes ennemies, ils ne purent que constater avec désespoir que le siège de Motte-la-Forêt aurait lieu. Le plan était d'attendre que le siège s'installe, avant d'envoyer son meilleur coureur vers Winterfell tandis qu'il rejoindrait les défenses pour renforcer la ville sous le couvert de la nuit.

Tandis que le soir s’amorçait, surgissant du couvert des arbres avec une souplesse déconcertante pour son âge, Lugos s'avança vers son Chef afin de lui faire son rapport. Sa mine renfrognée, du moins plus renfrognée que d'ordinaire, indiquait à Morgan que les nouvelles n'étaient pas bonnes. -Ils n'attendront pas. Les archers sont déjà en place, et les tribus prêtes au massacre. Pas la moindre entrée possible pour nous. Pas sans traverser la horde.

Le Lideuil fronça les sourcils sous la contrariété. Le vieil Olsen devrait pouvoir contenir la première vague. C'est un homme d'expérience, et ces sauvages n'ont aucun équipement et pas de préparation pour lancer l'assaut sur la ville. Se redressant et prenant quelques secondes pour réfléchir à sa décision en contemplant le bois, le seigneur reprit -D'ici, on peut rejoindre la Colline-aux-Pins. Le sommet offre une vue dégagée sur la ville, et de là la course vers les murs n'est que de quelques minutes. On attend la fin de l'assaut et on fonce. Certains hommes grommelèrent face à la déclaration. La chose serait délicate à exécuter, mais Morgan faisait confiance à ses hommes pour y parvenir. Nombre d'entre eux connaissaient par cœur ces bois ou ils avaient passé les hivers de leur jeunesse auprès des gens des Glover. Le groupe se mit en marche.

La clameur des combats en provenance du siège des Glover se faisait de plus en plus intense. Arrivés à leur destination, le guerriers constatèrent avec horreur et fierté la violence des combats. Les portes tenaient bon. Les incendies illuminaient la forteresse d'une aura rouge orangée dans cette nuit d'un noir d'encre qui venait de s'installer, tandis que les torches portées par les membres de l'armée d'envahisseurs signalaient des milliers d'hommes prêts à en découdre. Les corps des sauvages s'entassaient au pied du mur d'enceinte, la milice ne se relâchant pas un seul instant malgré ses morts et ses blessés. La fierté néanmoins ne fut que de courte durée pour les vétérans qui attendaient de pouvoirs aider leurs alliés. En une fraction de secondes, dans un assaut massif, les sauvageons provoquent l'explosion de la porte, un éclair de feu et un tonnerre comme on n'en entend que dans les pires orages percent le ciel. A cet instant, tous dans le groupe savent que la ville est perdue. Il n'aura fallu qu'un seul assaut d'une brutalité incomparable pour faire tomber la fière ville des Nordiens. Une larme vint perler au coin de l’œil droit du Lideuil, seule marque de tristesse exprimée sur ce visage qui montrait haine et colère.

Morgan prit quelques instants pour regarder ses hommes. Brunn était livide. Il avait deux petites Snow présentes dans les murs. Reben était en larmes. Sa vieille mère avait décidé de s'installer définitivement dans le fief des Glover au dernier hiver, trop âgée pour le voyage de retour ver les Montagnes. Le chef n'était pas en reste. La plus grande partie de la Maisonnée de Lord Glover, individus qu'il considérait comme ses cousins, venait de périr sous l'assaut. Poussant un soupir mêlé d'un grognement et serrant l'épaule de Brunn en soutien, affichant l'air austère que ces hommes connaissaient bien lorsqu'il prenait une décision lourde, il lança ses ordres: -On Marche pour Winterfell. Hugar, tu prends le poney qui nous reste et tu rejoins Ironrath au plus vite. Les habitants doivent être prévenus. Jetez tout ce qui n'est pas nécessaire. On voyage léger, on voyage vite.



-Rrraaaarh! Un nouveau sauvageon s’effondrait au pieds de Morgan en deux parties nettes, fauché par un coup d'espadon le taillant du coté droit de la gorge au flanc gauche. Depuis des heures maintenant la bataille faisait rage. La nouvelle de la mort de Brandon Snow avait frappé le troupes, mais au final cet événement ne faisait que renforcer le détermination des Nordiens à obtenir vengeance après le massacre de Motte-la-Forêt.

La situation était critique. Le Lideuil et ses hommes avaient été séparés du reste de la ligne en rejoignant un groupe de hallebardiers dirigés par lord Tallhart afin de leur porter secours. Les deux lords se concertèrent rapidement pour organiser le repli vers les rangs alliés. En un mot lancé par l'homme arborant les trois pins, les soldats réguliers du Nord formèrent un schiltron, les champions des clans se positionnant dans les interstices du mur de hallebardes sur ordre de leur chef. Tout sauvageon qui franchissait le barrage impitoyable d'armes d'hast finissait le crâne fracassé par une hache de guerre. Fort de son bastion humain, Morgan prit quelques secondes pour contempler le champs de bataille. Des milliers de corps recouvraient la plaine, dont une centaine des trois-cents guerriers de sa propre Maison. Chaque fief payerait un lourd tribut en ce jour. Le Lideuil fut néanmoins soulagé de voir la bannière du roi qui flottait toujours, mais surtout de voir au loin sur le flanc droit le gantelet sable sur fond de gueules battre fièrement au vent, suivant la cavalerie dans une nouvelle charge meurtrière. Morgan ne doutait pas de l'ardeur avec laquelle le jeune homme devait se battre, rongé par la vengeance. Ses propres hommes, farouches soldats, avaient scandé la devise de leurs voisins en signe de soutien au début de la bataille, tandis qu'il faisaient pleuvoir les premiers coups de haches et d'épées. "Petit frère si tu tombes au combat, je demanderai expressément aux dieux de te ramener pour pouvoir te tailler un second trou du cul."

Le combat continua encore un bon moment, chaque camp se rendant coup pour coup, jusqu'à ce que les sauvageons finissent par plier, puis céder, aussi bien physiquement que moralement. La bataille était finie, mais pas le massacre. La débandade des tribus d'au delà du Mur permit aux Nordiens de poursuivre, abattant sans pitié tout fuyard. Jusqu'à atteindre leur camp principal. Les prisonniers furent rassemblés, et alors tomba l'ordre fatidique. Clameurs de joie perverse des Skagosis en tête, suivies de grognements de satisfaction de la majorité des autres soldats du Nord, peu nombreuses furent les voix à s'élever contre la crucifixion des vieillards, femmes et enfants capturés. Mais Morgan faisait partie de ceux-là. Regardant ses hommes d'un air sévère, le visage couvert de sang séché, le corps pris d'épuisement, il lâcha brusquement: -Les hommes seront pendus aux arbres. Les femmes et les enfants égorgés. Pas de crucifixion, pas de viols. Si le moindre d'entre vous s'y adonne, je l’exécuterai moi-même. Il est hors de question que l'un des miens nous déshonore de la sorte. Les hommes des clans des Montagnes avaient plus souvent combattus les sauvageons que toute autre maison du Royaume, et si ils n'étaient pas réputés pour être tendres, ils n'étaient pas connus non plus comme cruels. D'un signe de tête, ils se mirent en route pour suivre les ordres, tandis que Le Lideuil rejoignait le campement Nordien.

Arrivé sur place, il ne prit que la peine de lâcher son espadon sur le tapis de fourrure de sa tente avant de rejoindre le bivouac des Glover, où il demanda à l'un des plantons si Bowen était dans les parages.
-Nan m'sire, sa seigneurie est avec les autres pour donner à ces sauvages c'qu'ils méritent m'sire!, lâcha ce dernier avec un regard entendu et un sourire cruel aux lèvres. La déclaration n'arracha qu'un grognement au Lord. Cela lui faisait mal de devoir admettre cette réalité. Le jeune gosse qu'il avait connu dans son adolescence et pris sous son aile avait été définitivement endommagé par la guerre. Il n'était néanmoins qu'a moitié surpris de la nouvelle. Ces derniers jours avaient bien montrés ce qui adviendrait de manière inévitable.



L'air se faisait froid sur le routes du Royaume le soir venu. Enveloppé dans sa cape, Le Lideuil supervisait l'arrêt du convoi pour la nuit. Trois quintaux de grain et une centaine de poneys laineux, qui seraient inestimables pour la reconstruction de Motte-la-Forêt. Ces animaux étaient à l'image des clans: pratiques. Autant source de nourriture et d'étoffes chaudes que transporteurs de lourdes charges, ils aideraient les réfugiés à survivre au froid et au gros oeuvre qu'engendrait la reconstruction de la ville. Demain, le convoi se séparerait en deux. Une partie du groupe continuerait vers le fief des Glover avec les bêtes et le grain tandis que le chef du clan poursuivrait son chemin afin d'assister au mariage de Bowen.

Une fois toutes les tâches exécutées, il se retira dans sa tente et s'affala avec un soupir sur sa couche couverte de fourrures diverses, laissant ses pensées se tourner vers les derniers événements. Revoir les ruines des lieux où il avait passé une partie de sa jeunesse avait été éprouvant, et encore plus pour son frère de coeur. Ses gens vivaient dans la misère, et sa demeure était en ruine, une cicatrice dans l'âme, le fantôme des souvenirs heureux perdus et des violences qu'il ne pouvait que deviner, ajoutant à sa douleur.
Soupirant à nouveau, le regard de Morgan accrocha le coffret d'ambres qu'il avait prévu d'offrir aux mariés. Ressource financière principale du clan, ces pierres de résine se vendaient à prix d'or dans le sud. Il ne faisait aucun doute qu'elles seraient liquidées pour reconstruire le fief en ruines. Il avait donc prévu un exemplaire en particulier qu'il offrirait en privé à Bowen. Une broche d'ambre rouge sang-de-bœuf, agrémentée d'un cœur d'ambre blanche taillée en forme de gantelet, que sa mère avait passé trois semaines à confectionner. Triturant l'objet, un sourire s'afficha sur le visage de l'homme. Il avait offert le même objet, quelques années plus tôt, à Lady Alysane, alors que celle-ci se préparait à devenir une Manderly. Un souvenir à l'honneur de ses couleurs, alors qu'elle serait bientôt unie à une maison dont le Lord la terrifiait. Il entretenait depuis avec la jeune femme une correspondance cordiale dont le sujet principal était son jeune frère et leur inquiétude commune pour son bien-être.

Submergé par la fatigue, Morgan remit la broche dans son coffret et se laissa aller à dormir. La route serait longue, et le peu de répit apporté par les festivités serait vite abrégé par la campagne qui s'annonçait dans le pays des rivières et des collines.


   

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