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 Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]

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MessageSujet: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyDim 20 Mai - 20:41

J’inspire longuement, me concentrant sur ma cible alors que j’essaie d’occulter l’agitation autour de nous. Même si le Tournoi s'est terminé depuis plusieurs semaines, j’ai comme l’impression que nombre de jeunes damoiseaux continuent de venir s’entraîner pour être prêts à briller dès que l’occasion leur en sera donnée. Si en soit, je n’ai pas vraiment de problème à voir les nobliaux de la cour devenir utile en cas de combat, j’aimerais qu’ils soient un peu plus concentrés et un peu moins dissipés. A croire que l’endroit est devenu le nouveau lieu à la monde pour discuter des derniers potins. Ce que je déteste plus que tout. Je sais bien que cela ne va durer qu’un temps et que, dans quelques jours, ce sera passé mais, pour le moment, le terrain d’entraînement a quelque chose de passablement agaçant.

Je pousse un soupir agacé alors que je suis bousculé au moment de tirer et je lève les yeux au ciel, inspirant longuement, les doigts serrant avec force mon arc. Je laisse passer le petit groupe, un jeune noble que j’ai aperçu plusieurs fois entouré d’un petit groupe d’admiratrices qui ne manquent pas de me jeter des oeillades intéressées que j’ignore soigneusement, avant de tenter de me concentrer de nouveau sur ma cible. Tout va bien se passer. Ou pas, on ne va pas se mentir. Pour autant, je continue d’essayer, espérant vaguement qu’ils vont se précipiter pour aller déjeuner ou que sais-je du même genre. Tant qu’ils sont loin de là, ça m’arrange.

Et voilà qu’on me touche le dos. Je me retourne, prêt à invectiver l’impudent avant de soupirer et de souffler, mi-figue, mi-raisin. « Ton Altesse… pour un peu, j’étais prêt à faire de toi ma cible avec tout ce qui se passe aujourd’hui. » J’ai un regard alentours, plutôt satisfait de voir qu’il y a brusquement un espace de sécurité qui s’est créé entre nous et le reste des gens. Qui font mine de nous ignorer, comme si de rien était. J’ajoute alors, d’un ton dépité. « Tu crois que si je commence à leur tirer dessus pour de vrai, ils vont s’enfuir en courant ? Je t’avoue que je suis particulièrement tenté là, tout de suite. » J’ai tout de même fini par esquisser un sourire, plutôt content de croiser Lyman à cette heure matinale.

Il faut dire que, depuis notre retour à Castral-Roc, les occasions pour converser tous les deux n’ont pas été nombreuses. Et à chaque fois, il a fallu aborder des sujets officiels, sérieux, sans que nous ayons l’occasion de nous détendre réellement. Sauf cette soirée, datant de plusieurs jours à peine, que je n’ai pas vraiment goûtée comme je l’aurais voulu. Je pense d’ailleurs qu’il est le seul à s’être vraiment rendu compte. Quentyn aussi peut-être, mais il m’a soigneusement évité depuis. Ou il a encore trop mal au crâne pour ça, ce qui n’est pas totalement impossible. A cette pensée, j’ai un bref soupir, le sourire que j’avais à l’attention de mon beau-frère se fanant quelque peu sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Je secoue la tête avant de reprendre, d’un ton léger, même si mon regard s’est quelque peu assombri. « Comment se porte dame ton épouse ? Elle supporte de devoir se reposer ? J’attends le moment où les servantes vont commencer à dire qu’elle dévore tout ceux qui s’approchent trop près soit dit en passant. J’ai même peur d’aller la voir... » Je me suis fait malicieux, mais je réalise alors que je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai vu Lyman aussi... non pas sérieux mais... sombre. Triste. J'ai du mal à le définir en vérité. Et d'un coup, je sens une sorte d'angoisse qui m'étreint et je souffle, d'un ton indécis.  « Lyman... tout va bien ? Il y a un souci ? » On va dire que je n'ai pas assez dormi et que j'imagine des choses. Et qu'il va me rassurer.

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyDim 3 Juin - 22:19

Inspirer, expirer. Encore et encore. Sentir le souffle de vie passer par sa gorge, descendre jusqu’à ses poumons avant de remonter et de retrouver l’air vif du petit matin, pour confirmer que l’existence avait encore un sens, pour être certain que le monde n’avait pas cessé de tourner. L’ouest et l’est se confondaient. Le nord et le sud n’avaient plus lieu d’être. La boussole du cœur de Lyman s’était affolée, pour ne plus jamais retrouver sa bonne direction. Le soleil ne réchauffait plus son visage, et la pluie n’était rien d’autre que l’expression de son cœur meurtri. Le goût du matin ne faisait pas frissonner la langue. Il était mort, alors qu’il vivait, car Nymeria n’était plus, et tout son être pleurait le simple fait de savoir que sa petite sœur qui n’avait pas seize ans était partie avant lui. Les frères aînés ne devraient jamais enterrer leurs benjamines, et pourtant, les Sept avaient décidé que celle qui avait tout pour elle, qui goûtait enfin au bonheur, n’avait plus le droit de rester sur cette terre qui était décidément trop terne sans elle. Nymeria Arryn, née Lannister, ne sentirait plus le soleil caresser sa face aux joues encore légèrement ronde, et les étoiles ne contempleraient plus son sourire espiègle. Le monde continuait. Mais le cœur de Lyman, lui, s’était arrêté. Il ne voyait plus la beauté du Roc, parce que le Roc ne verrait plus jamais la beauté de Nymeria. Petite sœur, pourquoi étais-tu partie ainsi ? Les mots tournaient dans sa tête, et la réponse ne venait pas, parce qu’elle n’existait pas. Les dieux avaient toujours été cruels, et les femmes payaient depuis la nuit des temps le prix de leur féminité. Porter la vie, parfois, c’était se la voir ôtée. La nature faisait son œuvre. Ce cycle était immuable. Mais qu’était-ce cette certitude froide, face à la douleur incommensurable d’un frère ? Qu’était-ce la logique, quand tout une âme hurlait son désespoir ?

Pire que tout, Nymeria était partie sans savoir que son frère l’aimait, qu’il avait toujours veillé sur elle. Il ne le lui avait pas dit, pensant qu’elle le savait, avant de comprendre que ce n’était pas le cas. Et ses regrets ne se faisaient que plus forts, alors que le sentiment âcre de l’échec, du remord, l’emplissait, le chancre putride du mal être grandissant en lui sans cesse, plus lourd et douloureux à chaque seconde. Sa sœur, sa petite sœur était morte, et elle avait rejoint les dieux loin des siens, dans les froides montagnes du Val, sans savoir que Lyman l’adorait, sans entendre le rire de Megara, sans avoir pu être serrée une dernière fois dans les bras de leur père, sans avoir été embrassée par leur mère. Jordane Lannister, la Lionne, la Femme de Fer, avait revêtu les vêtements de deuil, et pour la première fois de son existence, son fils l’avait vu avec les yeux gonflés par le chagrin. Mais Jordane Lannister ne pleurait pas en public. Pour autant, l’espace d’un instant, c’était la mère qui était apparue devant eux, et pas la Reine. C’était la femme qui avait porté et élevé sa petite fille, qui l’avait mariée et l’avait perdue parce qu’elle-même devait à son tour être père. Et il y avait, dans cette tristesse insondable de celle qui ne cillait jamais, toute l’horreur de la perte. La nouvelle arrivée dans la soirée de la veille les avait terrassés. Et puis, lentement, il avait regardé son père, sa mère, et ils avaient cherché comment le dire au reste de la famille.

Voilà pourquoi il se dirigeait d’un pas lent vers le terrain d’entraînement, son regard noir et sa vêture entièrement sombre empêchant quiconque de venir le saluer plus avant ou de quémander une faveur. Ce n’était pas le moment, et manifestement, beaucoup l’avaient compris. Lyman était rarement aussi silencieux et apathique en public. Sans doute, aussi, que par l’entremise des valets et servantes, la nouvelle devait commencer à se répandre. Inexorablement, il continuait sa marche, serrant les dents, incapable de ressentir quoi que ce soit dans ce corps qui ne lui répondait que par automatisme. Quand enfin il arriva près de Gareth, il effleura son épaule, pour le voir se retourner vivement, l’écoutant le saluer avec sa verve habituelle. Et en temps normal, il aurait badiné également, mais rien ne sortait de sa gorge sèche. Il cherchait désespérément comment aborder ce qui l’amenait, comment faire sortir ce roc qui transperçait son être pour l’enfoncer tel un pieu dans le cœur de son ami, pour le crucifier à son tour parce que tel était son devoir, et qu’il savait que rien de ce qu’il pourrait dire ne saurait apaiser la douleur qu’éprouverait Gareth, qui avait toujours eu un lien particulier avec Nymeria. Alors il hocha la tête, incapable de trouver les mots, ces mots qui lui échappaient, parce qu’ils ensanglantaient ses lèvres de leurs poids délétère. Et il n’y arrivait toujours pas, quand Gareth évoque son épouse. Il aimerait lui répondre, plaisanter, il voudrait tellement retrouver ce sentiment que tout est normal, que tout va bien, que la vie est belle. Mais il ne le pouvait pas, parce que la vie n’était pas belle, parce qu’elle était trop amère, parce qu’elle avait perdu son sens. Parce que Nymeria avait disparu.

« Suis-moi, s’il te plaît. »

Il le mena vers le Bois Sacré, certain que là, personne ne viendrait les épier, qu’ils pourraient partager ce chagrin qui l’engloutissait peu à peu sans crainte d’être dérangés. Mais quand il fit face à Gareth, il ne put trouver la force d’enfin parler. Alors, à la place, il fouilla dans son pourpoint et en sortit le corbeau froissé qu’ils avaient reçu de la part des Arryn. Et alors que son meilleur ami le parcourait, il chuchota :

« Je n’arrive même pas à le dire à voix haute … C’est trop réel, alors … »

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyMar 5 Juin - 16:14

Si je pouvais, j’arrêterais le temps maintenant. Juste avant de savoir. Juste avant de voir le regard de Lyman. Ce regard que je ne lui avais encore jamais vu. Quand tout allait encore bien, quand mon plus gros souci dans l’immédiat était de savoir comment me débarrasser des opportuns pour m’entrainer tranquillement.

Si je pouvais, je ne remarquerais pas sa tenue, je ne verrais pas qu’il semble sur le point de s’effondrer, comme si le pire était arrivé. Je ferais comme si tout allait bien, comme si nous allions plaisanter, nous entrainer peut-être et évoquer des problèmes qui, au fond, n’en sont pas vraiment.

Si je pouvais, je ne le suivrais pas. Encore moins dans le Bois Sacré. Parce qu’il y a un caractère solennel qui me déplait au plus haut point.  

Et, si je pouvais, je ne prendrais pas cette lettre. D’ailleurs, je n’en ai pas envie. Je fronce les sourcils quand il me la tend, hésitant de longues secondes avant de finir par me décider. Et là encore, je me contente de la saisir du bout des doigts, inspirant longuement avant de finir par défroisser soigneusement la feuille.

Mais je ne peux pas. Je ne peux pas arrêter le temps, je ne peux pas empêcher Lyman de venir me parler et je peux encore moins lire cette lettre.

Alors je le fais. Je la lis. Une fois. Puis deux. Et encore une troisième.

Je secoue la tête en soufflant un « non… » alors que je m’assois sans même m’en rendre compte sur l’un des petits bancs de pierre, le regard toujours rivé sur la missive. Je ne sais pas combien de temps je reste comme ça, avant de finir par lever les yeux en direction de Lyman, incrédule. « Non… c’est… ils ont dû se tromper. C’est impossible. Elle… non… » Je ne réalise même pas que j’ai froissé la missive en fermant le poing tout en parlant. « Je… je dois encore finir la missive que je suis en train de lui écrire. Elle m’a encore demandé si je m’étais cassé le bras vu que je ne lui réponds jamais. Alors non, c’est… non. » Je me rends compte que je parle beaucoup trop vite, je ne suis même pas sûr d’être totalement compréhensible. Ou même d’être cohérent dans ce que je dis.

Mais, de toute façon, c’est impossible. Tant qu’on ne le dit pas à haute voix, ce n’est pas réel non ? Lyman refuse de le dire, c’est bien pour ça. Et pourtant, cette douleur qui commence à m’enserrer le cœur est tout ce qu’il y a de plus réelle. Alors le reste l’est probablement aussi. Sauf que je refuse de l’admettre. Je ne peux pas. Pas elle. Et je secoue de nouveau la tête, les yeux rivés sur Lyman, comme s’il pouvait m’apporter la preuve que cette missive est totalement fausse. Comme si, en deux mots, il pouvait confirmer que rien de tout cela n’est réel.

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyDim 8 Juil - 22:33

Noires ailes, noires nouvelles, et il était sombre, Lyman, dans ses vêtements de deuil, presque trop sobres pour un homme comme lui, qui aimait les beaux pourpoints et les justaucorps élégants, souvent rebrodés, toujours apprêtés avec le plus grand soin. Il ne dérogerait donc pas au proverbe, à devenir ainsi l’oiseau de mauvaise augure de la famille Lannister. Il se faisait l’effet d’un héron perdu, son beau plumage envolé pour n’être plus qu’une vulgaire copie laide de l’originale, la bête ayant perdu ses couleurs, trempée par la tristesse dans laquelle il se noyait à présent. La vérité le prit à la gorge, lui griffa la pomme d’Adam avant de lui broyer les cordes vocales de sa main d’acier. Il se sentait en apnée, à regarder peu à peu le visage de Gareth se décomposer, à observer son souffle se raccourcir, ses mains se mettre à trembler. Il avait l’impression horrible de se voir en miroir, puis de revoir, dans un cauchemar sans fin et sous un angle différent, la réaction de Megara, celle de Jeyne aussi … C’était comme s’il était condamné à revivre cette annonce encore et encore, buvant le calice de cet enfer jusqu’à la lie. Et il faudrait enfin qu’il trouve le courage de parler, de le dire à voix haute, de matérialiser ce fait qu’il se refusait à admettre : Nymeria Lannister était morte.

Les mots résonnèrent dans sa tête mais ne franchirent pas sa bouche. Alors il se les répéta en silence, encore et encore, pour se forcer, quitte à ce que la nausée le prenne, pour que son esprit consente enfin à accepter l’inacceptable. L’exprimer, c’était le vivre. Le penser, c’était déjà le dire un peu. Le pire ? Sa première réaction, s’il ne s’était pas immédiatement réfrénée, aurait été de répondre à son désormais beau-frère d’un ton persuadé qu’il doutait que la Reine Sharra Arryn soit le genre de femme à envoyer des plaisanteries d’aussi mauvais goût par corbeau officiel, et qu’il était difficile de ne pas reconnaître un cadavre pour ce qu’il était. L’immondice d’une telle pensée l’horrifia. Mais qui était-il donc, ce Lyman qu’il ne reconnaissait presque pas ? Etait-ce donc lui, cet homme qui en arrivait à rire de manière noire, odieuse, sur la mort de sa propre sœur ? Il était abject. Pas étonnant que son beau-père le prenne pour un imbécile de sudier maniéré, que ses sœurs n’aient jamais pensé, manifestement, qu’il les aimait. Il était cet être froid qui n’arrivait pas à parler, à s’épancher auprès de sa propre épouse, ce lâche qui ne pouvait même pas admettre la vérité pour son propre confort. Il se dégoûtait, et paradoxalement, cette répulsion qu’il éprouvait à son propre endroit lui permit de vomir les mots abhorrés, dans une sorte de crachat acide qui lui brûla le palais :

« Si. Elle est morte. Le corbeau est arrivé hier, tardivement. »

Enfin, enfin, il l’avait dit. Curieusement, un poids sembla le quitter, alors que toutes ces paroles qu’il contenait enfermée se déversait en un torrent de boue impossible à arrêter. Il devait aller jusqu’au bout, sinon, il allait s’effondrer. Maintenant qu’il était lancé, rien n’aurait pu le faire taire. Ses poumons expulsaient cet air contaminé par le deuil à grands flots : les vannes étaient ouvertes. Comme tous ceux qui avaient du mal à exprimer leurs sentiments intimes les plus profonds, Lyman avait besoin de tout lâcher, ou au moins, de sortir de sa poitrine tout ce qui l’enserrait à cet instant précis. Impossible de le faire avec ses parents, et sous le choc initial, il n’y avait pas réussi avec Megara ou avec Jeyne. En plus, il se voyait mal infliger cela à deux femmes enceintes, qui devaient ressentir encore plus durement la nouvelle, du fait de leur condition partagée avec la défunte. Mais Gareth … Il pouvait l’écouter, là, tout de suite.

« Je suis allé voir Megara pour lui dire … Hier soir. Tu n’étais pas dans vos appartements. Mais c’est peut-être mieux. Elle avait besoin d’être seule je crois. Moi aussi. Jeyne ne doit pas comprendre, je sais qu’elle ne comprendra pas, que je ne lui parle pas, mais je ne sais pas quoi lui dire, et puis, avec la grossesse … Et là, je parle, je parle, et je ne sais pas ce que je dis, et ça ne s’arrête pas … »

Un rire hystérique le prit, violent, devant cette situation grotesque, où il se plaignait de ne pas savoir parler en parlant trop. Ce rire grinçait. Il avait l’odeur du souffre et de la mort. Il respirait la folie douce des vivants.

« Mon esprit s’égare. »

Il était fou. De douleur. D’incompréhension. De rage. De tout. Et avec fracas, son poing s’abattit sur cet Arbre-Cœur qu’il détestait et qui les regardait de ses grands yeux morts et sanglants. Comme Nymeria.

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyVen 27 Juil - 12:18

Je me souviens quand j’ai appris la mort de mes parents. J’ai eu l’impression que l’on me frappait violemment du plat de la main sur le torse et que j’avais le souffle coupé. Cette sensation a duré pendant des jours, jusqu’à ce qu’elle finisse par s’atténuer, petit à petit. Parfois, quand je pense à eux, elle revient et me donne le sentiment de manquer d’air. Mais depuis que je suis revenu à Castral Roc, j’essaie d’oublier cette impression en prenant ma femme dans mes bras.

Sauf que là, c’est différent. C’est comme si quelqu’un venait de me planter un coup de poignard dans le dos. La douleur est plus franche, plus profonde. Au fil des ans, Nymeria est devenue comme une sœur pour moi et l’affection que j’ai pour elle dépassait de loin les convenances et les limites qui auraient dû s’établir entre la sœur de mon meilleur ami et moi. J’en avais conscience, comme le reste de la famille Lannister. Mais peu importait dans le fond. Une autre petite sœur. Que les dieux viennent de nous arracher. Pour autant, cette pensée refuse de s’incruster dans mon esprit. J’ai trop bu hier soir, je vais me réveiller dans la chambre, Meg me fera un sermon et tout ira bien. Je pourrais encore oublier d’écrire à Nymeria, mon épouse le fera pour moi et se moquera gentiment et notre vie continuera de suivre son rythme, comme si rien de dramatique ne venait de se passer.

Mais c’est le moment où Lyman choisit pour marteler de nouveau l’impensable. Elle est morte. Comment tant de choses peuvent s’écouler avec trois mots à peine ? Comment tout peut changer aussi vite ? J’aimerais m’asseoir, me prendre la tête entre les mains et pleurer, comme j’ai pu le faire lorsque mes parents sont morts. J’aimerais laisser échapper cette colère de l’avoir perdue qui commence à monter et à prendre le pas sur l’incrédulité de la nouvelle. Mais la suite des propos de mon ami me fige totalement. J’aurais dû être là pour Meg, quoi qu’il en dise, mais je suis rentré au petit matin de mon rapide séjour à Kayce. Je voulais être absent le moins longtemps possible pour ne pas qu’elle se sente abandonnée. Une soirée. Il n’a fallu qu’une soirée.

Je n’ai de toute façon pas le temps de dire quoi que ce soit que le rire de Lyman me fait encore plus mal que le reste. Parce que ça veut dire que tout cela est réel. Je ne l’avais encore jamais vu réagir de la sorte. Et, malgré cette douleur qui commence à m’engourdir totalement, malgré mon envie de vouloir frapper tout ce qui se trouve à ma portée, je me rends compte que je n’en ai pas le droit. Pas maintenant. Surtout pas. Je dois oublier ce que je ressens moi dans l’immédiat pour m’occuper de Lyman. C’est mon rôle après tout non ?  Sauf que je ne sais pas quoi dire, je ne sais pas quoi faire.

Je suppose que je devrais arrêter de réfléchir, suivre mon instinct. Sauf qu’il me souffle d’aller me réfugier auprès de Meg alors que mon devoir me rappelle que, là non plus, je n’aurais pas le droit de craquer. J’attrape alors le poing du lionceau, plus pour qu’il évite de se faire mal qu’autre chose et je souffle, d’un ton aussi calme que possible, oubliant cette part de moi qui voudrait réagir comme lui. « Jeyne comprendra. Elle a déjà perdu des proches, elle tient à toi. Elle voudra être là pour toi Lyman, ne la laisse pas en dehors. » Pour un peu, je serais étonné d’avoir des pensées aussi cohérentes. Alors que tout continue de s’effondrer, comme si plus rien n’avait de sens au fond. Ma petite sœur de coeur, cette gamine insupportable que j’ai du entraîner, qui me parlait sans cesse, qui était beaucoup trop curieuse. Elle n’a pas le droit d’être morte. Je chasse de nouveau cette pensée, ce sentiment d’injustice alors que je serre mon ami dans mes bras, dans cette même étreinte fraternelle que j’ai pu avoir avec mon aîné lorsque nos parents son morts.

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyMar 14 Aoû - 19:11

« Quand je la vois, je vois ma sœur morte, en train de se vider de son sang en perdant son enfant. Tu crois qu’elle le comprendra ça ? Qu’elle le supportera ? De savoir que je ne peux pas la voir ? »

Sans s’en rendre compte, Lyman venait d’expliciter la manière dont sa sœur était morte à son ami qui le tenait dans ses bras, et cette cruauté inattendue, impromptue, non-voulue, il ne la remarqua même pas, tant il avait lâché les maux et les mots qui le dévoraient avec un dégoût non feint de sa propre personne, de ses pensées délétères, de cette incapacité qu’il avait à voir la vie grandir dans son épouse, une vie qu’il avait contribuée à créer, alors que sa sœur en était décédée. Il avait le même problème avec Megara, et ne parvenait pas à s’expliquer cette dichotomie dans son esprit, comme si son cerveau refusait de comprendre que certaines grossesses se finissaient ainsi, que, de tout temps, les femmes avaient donné leur vie pour perpétuer la lignée des hommes, qu’il s’agissait d’une injustice, et rien de plus, finalement. Mais cela n’avait pas de sens, et ne parvenait pas à l’apaiser, alors qu’il se sentait dévoré par les remords, autant face à son manque de présence auprès de ses sœurs, dans leur jeunesse, qu’auprès de son épouse à cet instant précis. Il n’y pouvait pourtant rien, conscient que durant ces moments, il ne ferait que la blesser, et que se blesser lui-même. Aussi douloureux que cela soit, il avait besoin de cette solitude, de se recueillir en lui-même, de faire son propre deuil de sa sœur et de ce neveu ou cette nièce perdu en même temps, de les dissocier de sa propre famille en formation, pour s’empêcher de les heurter.

« Elle va bientôt accoucher, je ne veux pas … Je refuse que ma présence toxique l’incommode, parce que c’est cela qui va arriver. Et j’ai besoin de … travailler, de les dissocier toutes les deux, avant de … lui expliquer. »

Etait-ce de la prévenance ou de l’égoïsme ? Les deux, bien sûr. Lyman se souciait sincèrement de sa femme et de leur enfant à naître, sachant pertinemment qu’il serait détestable, qu’il n’arriverait jamais à regarder son épouse enceinte normalement dans les quelques heures ou jours qui viendraient. Et en même temps, il avait conscience que son attitude la blesserait également, et qu’il la lui infligeait car il n’arrivait pas à faire autrement. Chacun avait ses lâchetés. Lui avait trouvé les siennes, et n’était pas fier de sa découverte.

« Tu devrais aller voir Megara, tu sais. Elle était vraiment proche de Nymeria … Pas comme moi. »

L’amertume de ses dernières paroles lui vrilla la bouche, et il se maudit presque de les avoir prononcées, parce qu’elle avait l’air d’une plainte égocentrique, d’un petit prince qui n’était pas assez aimé par sa sœur alors que … Qu’elles étaient vraies pourtant ! Il n’avait jamais compris sa benjamine et ses goûts, lui qui aurait tellement donné pour se débarrasser des charges attenantes à son sexe et à sa position. Ils s’étaient côtoyés, n’avaient que très peu joués ensemble, finalement. Il l’avait laissé à ses amusements, fermant les yeux tout en sachant pertinemment que leurs parents les avaient interdits, dans une solidarité muette, parce que ce qu’il ne comprenait pas, ne l’importunait pas pour autant. Ils avaient discuté, plaisanté parfois mais … Au fond, Lyman avait l’impression d’être passé à côté de sa sœur, parce qu’il avait pensé qu’au fond, elle préférait sans doute ne pas l’avoir dans son dos, ne pas vivre dans son ombre pesante, lui qui avait ce à quoi elle aspirait et y était si peu doué, si peu empressé, par peur de lui renvoyer une image douloureuse et injuste de leurs places respectives dans ce monde.

« Même toi, tu as plus de raisons que moi d’être effondré. »

Il se détacha de Gareth et termina dans un souffle, cruel jusqu’au bout, sadique envers lui-même, déterminé à se flageller définitivement, y trouvant une forme de jouissance masochiste dans la douleur qu’il ressentait, et qui lui semblait si déplacée, si malvenue de sa part, presque une imposture.

« Tu as toujours été le frère qu’elle aurait voulu à ma place, Gareth. »

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptySam 18 Aoû - 11:59

A sa réponse, je me fige, les yeux un peu écarquillés alors que je le regarde fixement. Chacun de ses mots fait mal, probablement parce que je ne veux pas encore accepter cette réalité et encore moins savoir comment les choses se sont passées. Et là, je la vois, sans même avoir à fermer les yeux, elle qui détestait déjà quand elle s’écorchait le genou. J’ai du mal à respirer et je suis incapable de le regarder alors que je laisse le silence s’installer entre nous.

Et, même si la douleur semble comme m’anesthésier, je ne peux m’empêcher de remarquer l’amertume de ses paroles, surtout vis-à-vis de Jeyne. Je devrais probablement me taire, il ne va pas aimer que je parle mais, en cet instant précis, qu’il soit Prince ou pas n’a pas la moindre importance. C’est à l’ami que je parle, au frère que j’ai toujours eu et qu’il prenne bien ou mal mes propos n’est que secondaire. « Tu ne peux pas la laisser de côté. Pas pour ça. Elle fait partie de la famille et tu ne l’incommoderas pas… c’est… une mauvaise idée. Tu as besoin de son affection, pas de construire un mur autour de toi.» Parce que c’est ce qu’il est en train de faire, j’en suis persuadé. J’arrive encore à deviner un peu comment il va se comporter, quand bien même je n’ai aucune idée de la façon dont moi, je vais réagir.

Quand il parle de Meg et de sa proximité avec Nyméria, c’est comme un coup qu’il m’assène à l’estomac, surtout quand il continue sur lui… et sur moi. Evidemment que j’étais bien plus proche de sa cadette qu’il a pu l’être. Je savais bien plus de choses sur elle, nous étions amis, complices, elle était une autre petite sœur pour moi. Cette petite sœur insupportable qui me suivait partout dès que j’étais seul, qui me toisait alors qu’elle faisait une tête voire deux de moins que moi, qui ne s’arrêtait jamais parler et qui me sermonnait dès qu’elle en avait l’occasion. Cette enfant que j’ai vu devenir une jeune femme prête à tout pour épouser le Prince de ses rêves. Et pour quoi ? Pour quel résultat ?

Je ne cherche même pas à retenir Lyman quand il se détache, essayant de lutter contre cette sensation que l’on vient de me lester avec tellement de pierres que je ne serais plus jamais capable d’avancer. Parce qu’il a raison, j’ai plus de raisons que lui d’être effondré. Et c’est ignoble d’en arriver à une telle conclusion, surtout en cet instant précis. Alors que mon rôle est de veiller sur lui, de le soutenir dans un moment pareil. Je devrais oublier ma propre peine, m’occuper de la sienne, de celle de mon épouse et du reste de la famille. Rester en retrait, ne pas montrer à quel point je suis affecté, parce qu’elle n’était pas vraiment ma sœur.

Je plisse des yeux dans sa direction, avant de reprendre, sans même réfléchir. Alors que je devrais probablement mesurer mes mots, ou me taire. « Et alors ? Qu’est-ce ça change ? C’était ta sœur, ce n’est pas pour autant que tu as moins le droit que d’autres d’être effondré, d’avoir du chagrin. C’est comme si j’avais dit à mon frère que j’avais moins le droit de pleurer la mort de mes parents parce que je passais moins de temps avec eux. Je n’étais pas le frère qu’elle aurait voulu, j’étais un frère de plus, c’est différent. » J’ai tout de même le bon sens de ne pas lui demander si je dois m’excuser d’avoir été aussi proche de Nyméria, même si je suis à deux doigts de le faire. Et je suis presque soulagé qu’il ne soit pas dans son état normal, cela évitera qu’il ne voit la lueur de colère qui brille dans mes yeux l’espace d’un instant. Parce que je ne sais plus si j’ai de nouveau envie de l’éteindre ou de le frapper, à le voir commencer à se culpabiliser de la sorte au lieu de partager son chagrin.

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyMer 7 Nov - 19:45

Lyman savait qu’il était injuste. Envers Jeyne, et envers Gareth … Par les Sept, il avait conscience de ce qu’il lui infligeait, de la méchanceté de ses reproches, mais il n’y pouvait rien. Dévoré par la tristesse, cet homme si composé se retrouvait comme frappé par la réalité, incapable de sortir la tête de ce limon putride et noir qui lui enserrait l’esprit. Le Lannister était de ces hommes que le chagrin rendait mauvais, tant qu’il n’arrivait pas à remettre son esprit en ordre. C’était pour cela aussi, qu’il voulait s’isoler un temps, parce qu’il savait que sinon, des paroles terribles seraient prononcées, et que peu importe ces sentiments pour eux, ses proches en souffriraient, vu qu’il ne les épargnerait pas. Il était en colère contre les dieux, le monde, tout, et cet amas de haine le consumait sans qu’il ne puisse l’arrêter. Il éprouvait ce besoin vital d’être seul, de hurler contre lui-même sans témoin, de s’apaiser sans craindre de blesser qui que ce soit. Peut-être que c’était égoïste, ou salutaire. Le fait est qu’il ne concevait aucune autre alternative. Actuellement, il n’était qu’une boule de tristesse et de mauvaise foi.

Le Prince se sentait fatigué, et vide. Qu’on le laisse faire ses propres erreurs ! Qu’on le laisse à son deuil ! Il était un frère raté, de toute manière. N’était-ce pas, au fond, ce que Megara lui avait dit ? Qu’elle n’avait jamais senti de sa part un amour fraternel immodéré ? Les mots, encore aujourd’hui, le brûlaient, prenant un sens funeste. Ce qu’il avait toujours cru s’était effrondré, et il n’avait pas eu le temps de dire à Nymeria qu’il l’aimait. Elle était morte … en pensant que son frère ne l’avait jamais estimée à sa juste valeur, qu’il ne s’était pas assez intéressé à elle. Qu’il n’avait pas … d’affection suffisante à son égard. Cette réalité lui tordait les entrailles et lui soulevait le cœur. Il ne pourrait pas lui dire que … c’était faux. Il ne pourrait pas revenir en arrière, tout effacer, tout recommencer. Ah mais, si on lui accordait une heure, une minute, une seconde pour retourner dans le passé et lui dire ces trois mots qui lui brûlaient l’âme et les lèvres ! Juste un peu de temps, un tout petit peu … Juste de quoi le remonter. Mais non, c’était impossible. Sa sœur avait agonisé dans un pays étranger sans qu’il ne soit là pour la bercer, pour lui répéter qu’elle était sa petite sœur, justement, qu’il serait toujours là pour elle, qu’il avait juste … quoi ? Pensé la protéger en restant à l’écart, pour lui permettre de grandir en dehors de son ombre ? D’être plus libre et de s’adonner à des activités qu’il aurait dû condamner, sinon ? Oui, c’était ce qu’il aurait voulu lui dire. Qu’il n’avait pas cessé de l’observer de loin, à s’amuser de son idylle avec Ronnel gentiment … Il était idiot. Stupide. Absorbé par ses devoirs princiers et ses amis, il n’avait jamais compris que ses sœurs aient pu considérer leurs vies parallèles comme un fardeau, lui qui égoïstement y trouvait tant de plaisir. Et aujourd’hui, il s’en mordait les doigts. Il avait perdu son innocence d’homme à la Mort-aux-loups. Maintenant, il perdait celle de Lyman, l’aîné d’une famille en deuil.

« Elle est morte en pensant que je ne me souciais pas assez d’elle.  Meg me l’a dit, quand vous n’étiez pas là. Que c’était … enfin, que j’étais … distant.

J’ai toujours pensé que cela convenait à chacun d’entre nous. Comme ça, l’ombre du Prince n’écraserait aucune de mes sœurs, et chacune pourrait s’adonner aux activités qu’elle voulait, sans craindre des réprimandes qui auraient dû advenir, au nom de la maison Lannister.

Je me suis trompé. Et je n’ai pas eu … le temps de le lui dire. D’envoyer une lettre, pour lui assurer … que ce n’était pas le cas, que je l’ai toujours observée, toujours veillé sur elle …
Elle est morte sans savoir que je l’aimais. Nym est morte dans ces montagnes froides … là où je l’ai envoyée. Sans savoir. Sans savoir … »


Les larmes perlaient à ses yeux, preuve abhorrée de faiblesse, alors qu’il laissait éclater cette culpabilité qui le rongeait. Il répétait ces derniers mots qui le transperçaient, incapable de s’arrêter de bégayer, maintenant qu’il avait enfin laisser éclater ce qui le tourmentait tant. C’était un flot murmuré, une litanie funèbre qui ne pouvait s’arrêter, maintenant que la digue avait cédé. Enfin, peut-être ?

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyMar 27 Nov - 16:59

Jusqu’à ce que nous partions dans le Nord, il m’avait été difficile de voir la portée de mon engagement auprès de Lyman, ce que cela pouvait vraiment signifier, tant pour lui que pour moi. Il avait jusque-là été mon ami, j’avais été un fauteur de troubles, un confident, celui qui était capable de le faire sortir de ses habitudes, de lui faire prendre d’autres routes, avec plus ou moins de succès. C’était facile et, la plupart du temps, amusant.

Mais les choses ont changé. Depuis quelques mois j’ai appris où était vraiment ma place, quel était ce rôle qui était le mien auprès du futur monarque. Dans la douleur physique, lors de la bataille contre les sauvageons et, aujourd’hui, dans la douleur morale. Etre ce Roc dont il a besoin, même si c’est pour l’entendre proférer des paroles blessantes, injustes même. Etre cet ami qui ne le jugera pas, qui ne lui demandera pas d’être fort pour le reste du royaume. M’oublier. L’espace d’un instant, je songe à ma discussion avec le Glover, il y a des mois de cela. La situation aurait presque pu prêter à sourire si elle n’était pas si dramatique, alors que je comprends enfin pleinement la place que j’aurais à occuper dans l’ombre du Roi de l’Ouest.

Sauf que c’est douloureux, encore plus que je l’aurais cru. Que ce soit ses paroles, son amertume ou mon désarroi face à tout cela. Parce qu’il a raison d’une certaine façon, ses sœurs étaient persuadées qu’il ne les aimait pas vraiment, pas autant qu’un frère peut aimer ses cadettes. Nymeria avait reporté son affection sur moi et, alors que je m’interdis de pleurer la perte de cette petite sœur de cœur, que je me verrouille autant que possible pour ne plus rien laisser passer, je cherche les mots pour adoucir la peine de Lyman. « Elles savaient. Que tu jouais ton rôle. Tout comme elles jouaient le leur. Que cette distance n’était pas contre elles, que ce n’était pas volontaire mais ta façon de gérer les choses. » Même si j’ai comme des doutes concernant Meg dont la sensibilité pouvait largement différer de celle de Nymeria. « Tu… tu lui as permis de vivre ce que peu de princesses auraient eu l’occasion de connaître. De connaître l’amour auprès de celui pour qui son cœur battait depuis toujours, malgré son jeune âge. Elle sait ce que cela aurait pu coûter, mais tu l’as fait. Pour elle. Pour la rendre heureuse. Elle en avait conscience. » Même si ça n’a pas marché, même si les Dieux nous l’ont enlevée bien trop tôt. Enfin, j’ai encore du mal à totalement l’admettre pour être parfaitement honnête, même si, aux larmes qui commencent à perle au coin des yeux de Lyman, je ne réfléchis pas et je passe une main autour de ses épaules pour l’étreindre de nouveau, sans lui laisser l’occasion de protester.

Et j’essaie d’oublier la colère, la peine ou tout ce qui pourrait y ressembler de près ou de loin. Parce que je n’ai pas le droit de ressentir tout ça. Pas maintenant. Je me contente de souffler, d’une voix aussi apaisante que possible. « C’était ta sœur, elle savait. Que tu le crois ou non. Il n’y parfois pas besoin de mettre des mots sur les sentiments. Elle savait Lyman, je la connaissais assez pour en être persuadé. » Est-ce que c’est qu’un pieux mensonge ou la vérité ? Pour être parfaitement honnête, je n’en ai pas la moindre idée. Enfin, je ne doute pas de l’attachement de Nymeria pour son frère et sa sœur. Elle les admirait, les enviait parfois de savoir où était leur place alors qu’elle était elle-même si indécise. Et je pense que oui, elle savait qu’ils l’aimaient, tous les deux, à leur façon. Je laisse filer un silence avant de reprendre, toujours sur le même ton. « Tu as encore une sœur Lyman. Et une femme. Sans compter votre enfant à venir. Tu dois te soucier d’eux, ils sont toujours là. » Je suis là aussi, même si je ne saurais plus vraiment dire dans quelle catégorie me placer, s’il doit me considérer comme un frère, un confident ou je ne sais quoi. Après tout, je ne suis pas un Lannister, je ne le serais jamais, et je ne sais pas pourquoi cette réalité me revient soudainement en plein visage, en cet instant précis. Et moi, je n'ai pas le droit de la pleurer comme on pleure une soeur.

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MessageSujet: Re: Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé]   Friends are the family we choose for ourselves...[Tour VI - Terminé] EmptyMer 13 Mar - 23:10

Lyman ne saurait jamais réellement la vérité sur les sentiments profonds de Nymeria à son égard. C’était un fait, parce qu’elle n’était plus là pour les lui expliquer. Ce neveu ou cette nièce valoise n’existerait jamais. C’était aussi un fait, et il ne pouvait plus rien pour l’empêcher, parce que malgré la puissance des Lannister, l’or n’arriverait jamais à corrompre l’Etranger. Même les rois et reines demeuraient soumis aux règles du commun des mortels. Il était néanmoins toujours douloureux d’en faire l’expérience. Sa sœur avait été victime d’un sort terriblement banal, que toute famille avait vu dans ses rangs : celui de la mort par les caprices de la nature, de la défaite dans la bataille pour la vie, comme les hommes tombaient au champ d’honneur. Le seul problème, c’est qu’aucun d’eux ne l’avait anticipé. Arrogants les Lions, qui avaient oublié les contingences de la vie ordinaire, à trop se caler sur l’exemple triomphant d’une Reine féconde et solide, d’un Roi à l’ardeur virile reconnue, à qui tout semblait sourire, comme en témoignaient les ventres arrondis peuplant Castral Roc, et se trouvaient soudainement bien démunis, à contempler leur propre mortalité, et à prendre en pleine figure la réalité de leur famille désunie. La Reine solide était cocue au-delà du possible, le Roi conquérant un lion paresseux, et les lionceaux n’avaient rien d’une meute. Lui-même avait toujours cru que leur famille, malgré ses dysfonctionnements, avait trouvé son équilibre, étrange aux yeux des autres mais stable, avant que le doute ne s’insinue profondément dans son esprit, surtout en voyant l’abattement chez sa mère. Soudainement, il lui semblait voir les petits détails qui lui échappaient sans cesse avant, qu’il jugeait sans importance : les colères maternelles, les renvois de femmes trop proches du Roi, les insinuations qu’il avait entendu, dans le Nord, sur son père, les regards agacés de ses sœurs quand il organisait une petite soirée privée avec ses amis, sans qu’elles n’y soient conviées, et avec l’approbation parentale … Oui, les Lannister avaient leurs propres problèmes, mais engoncés dans leur doux cocon, ils les avaient outrepassés, troquant leurs liens pour leur confort respectif : le pouvoir pour l’une, le sexe pour l’autre, la liberté pour les trois derniers. Le passé était le passé. Mais ils pouvaient agir sur l’avenir.

L’étreinte de Gareth eut cet effet apaisant sur le Prince qui lui manquait tant. Il ne croirait jamais totalement, désormais, dans le lien qui l’avait uni à sa cadette, mais sa culpabilité pouvait devenir aussi un moyen de faire mieux, désormais. Il avait raison, sur toute la ligne : Nymeria avait été libre, c’était cela qu’il fallait retenir, heureuse en amour, ce que des vieillards ne pourraient jamais affirmer. Et Megara était là, Jeyne était là, il aurait bientôt un enfant, et serait oncle. Il aurait besoin de temps, pour transformer cette amertume, cette douleur intense, en une force pour l’avenir, en quelque chose de constructif, et non destructeur. C’était probablement un deuil qu’il devait mener, dans ses débuts, seul, pour éliminer toute cette toxicité en lui, toute cette hargne contre lui-même et ne pas la faire subir aux autres, comme il venait de le faire avec son meilleur ami. Mais après cela, quand il aurait trouvé les clés pour aller de l’avant, alors, il serait différent. Du moins, il ne s’interdirait plus de dire à ceux qu’il aimait qu’ils comptaient à ses yeux. Il ne pourrait sans doute se défaire de son caractère, de la haute importance qu’il accordait à la couronne et à la maison Lannister dans sa représentation. Mais en privé … Il essayerait d’être un peu plus proche, comme il avait commencé avec Megara, comme il l’était avec Jeyne, comme il l’avait toujours été avec Gareth, au fond. Lentement, il se détacha de ce dernier, et lui offrit un pauvre sourire, une ombre de ceux qu’il arborait ordinairement, mais présent tout de même.

« Tu as raison. Je vais avoir besoin d’un peu de temps mais … »

Il ne savait pas exactement comment le dire, comment formuler les pensées désordonnées qui s’entrechoquaient dans sa tête. En fait, il avait l’impression que son cerveau allait exploser à force d’être submergé par des vagues d’émotions aussi puissantes que contradictoires. C’était comme si lire ce parchemin avait anesthésié toute la partie de son être qui le rendait si bon courtisan, pour ne plus laisser qu’une coquille vide qui avait oublié tout son comportement normal. Vaille que vaille, il tenta pourtant d’articuler tout cela.

« Je serai plus présent auprès de Megara, à l’avenir. On peut apprendre de ses erreurs. Même si elles sont douloureuses. »

Sa sœur … Une boule dans sa gorge se forma.

« Toi aussi, tu as une femme et un enfant à naître. Elle va avoir besoin de toi les prochains jours. Plus que n’importe qui. Et toi d’elle, je pense. »

Parce que lui-même ne pouvait pas le soutenir, maintenant.

« Tu devrais vraiment aller la retrouver. »

Lyman avait déjà été trop émotif, trop … faible. Quelqu’un pouvait venir à tout moment, et il n’était du reste pas question qu’un courtisan voit les traces de ses larmes. Pour le meilleur et pour le pire, un Lannister serait toujours en représentation permanente, dans la joie ou dans le deuil. Et en tant qu’homme, on ne lui pardonnerait pas ce qui pouvait encore être toléré chez sa sœur. Il était déjà considéré par certains compagnons de son père comme trop précieux, trop politique et pas assez guerrier, pas question de leur donner davantage d’arguments pour saper sa légitimité. Mais il avait simplement besoin de regagner ses appartements et d’y pleurer tout son saoul, en privé, parce qu’un Lion blessé léchait ses plaies dans la solitude avant de repartir, plus fort et plus conquérant. Cependant … Quand il reviendrait, il penserait aux lionnes et même …

« Gareth … »

Un peu maladroitement, il ajouta :

« Mère aurait dû te proposer de porter le nom de Lannister. Tu fais autant partie de cette famille que nous tous. »

Avant de conclure dans un murmure, davantage pour lui-même, alors qu’il tournait les talons et s’en allait :

« Même si je ne sais pas te le montrer, maintenant. »

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