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 Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter.

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MessageSujet: Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter.   Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter. EmptyMer 20 Mai - 16:44

Braenaryon
Torrhen



Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter. Roi_du11


__ Chronologie avant l’Ere des Luttes


An – 36 : Naissance de Torrhen Stark, premier-né du Roi du Nord Jojen Stark. Sa naissance sera très vite suivie de celles de ses frères, Rickard, Weyton et Ryman Stark, ainsi que de son demi-frère Brandon Snow.
An – 30 : Commencement de l’entraînement du jeune prince, à la dure, avec la garde du Roi du Nord. Les gardes ont pour consigne de ne pas lésiner sur les coups et la dureté des leçons.
An – 26 : Premières exécutions capitales menées par les princes du Nord au nom du Roi et des Anciens Dieux.
An – 21 : Envoi de Torrhen et Brandon sur l’Île aux Ours avec des hommes d’armes de Winterfell, pour lutter contre la guérilla orchestrée par des sauvageons débarquant régulièrement. Premiers faits d’armes, découverte des femmes et de la camaraderie militaire. Torrhen se fait connaître pour son courage et son goût pour la fête.
An – 19 : Mort du Roi Jojen et retour de Torrhen, qui se fait couronner au pied du barral de Winterfell. Il prend quelques mois plus tard Sigyn Karstark pour épouse et entame avec sa reine une relation tumultueuse.
An – 17 : Naissance de Jon Stark, premier fils de Torrhen, qui s’absente souvent pour relever les defenses à proximité du Don.
An – 16 : Naissance de Jeyne Stark, fille de Torrhen. A ce moment là, le Roi mène des travaux autour de Blancport pour en agrandir la capacité marchande.
An – 13 : Début de la guerre contre le Royaume du Sel et du Roc. Torrhen mène avec ses frères l’armée du Nord, relève les défenses de Moat Cailin et attaque le Conflans pour provoquer la sédition des seigneurs du Conflans. La face nord des Jumeaux est prise d’assaut, bien que Torrhen y perde son frère Weyton d’une flèche dans l’œil. Malgré la victoire, le Nord ne peut pousser plus au sud et doit se replier devant la menace d’une vaste armée.
An – 12 : Torrhen tient Moat Cailin un moment et laisse le commandement à Brandon qui fait échouer plusieurs assauts ennemis. Naissance de son fils Walton Stark. Rickard Stark, frère du Roi, est tué en même temps que la flotte nordienne est détruite par les Fer-Nés, au large des Rus.
An – 10 : Le Roi du Nord apprend que sa femme l’a trompé depuis un moment avec son demi-frère Brandon, dont il était pourtant le plus proche. Le Roi entre dans une rage noire et retourne se battre dans le conflit contre Harren le Noir avec une énergie renouvelée, bien que confinant à la cruauté.
An – 9 : Torrhen perd son dernier frère, Ryman, qui est blessé à mort durant les raids Fer-Nés dans les Roches et les Rus. Le Roi prend la tête en personne de ses forces qui luttent pour repousser les pillards.
An – 8 : La paix est finalement signee avec le Roi Harren. Torrhen n’a pas perdu une bataille (sauf en mer), mais n’a su vaincre définitivement ses ennemis, trop nombreux. La paix entérine le statu quo. Pourtant, les Fer-Nés ne s’arrêteront jamais vraiment de venir raider le Nord, même à toute petite échelle.
An – 7 : Se rapprochant à nouveau de sa femme après des années d’éloignement, Torrhen la perd finalement de fortes fièvres. Il passera les années suivantes à fuir sa maisonnée pour lancer quantité de travaux dans tout le Royaume.

__ Ere des Luttes


An 0, semaine 1 : Le Roi Torrhen Stark est invité avec sa famille à se rendre au Grand Tournoi de la Reine Arryn. Il va jusque Blancport en convoi, puis en bateau jusque Goeville, dans le Val. Accompagné de ses enfants, il informe notamment Jeyne de son futur mariage possible avec l’héritier de l’Ouest, Lyman Lannister.
An 0, semaine 3 : Arrivée au Val. Le Roi du Nord rencontre Reines et Princesses ; il noue une collaboration étroite avec le Val, se lie avec Peyredragon malgré une rencontre houleuse, et signe un traité avec Dorne. Il se renseigne également sur le parti qu’il réserve à sa fille.


Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter. Torrhen


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I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.




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MessageSujet: Re: Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter.   Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter. EmptyMar 11 Aoû - 23:26



Winterfell, Hiver de l'an -8.

La musique battait son plein. Tambourin et flûtes, des instruments à corde aussi. Le bouge était animé, ce soir. Les putains étaient pour beaucoup déjà à moitié dénudées, beaucoup de soldats mais aussi des marchands et d'autres gens de ma cité les tripotaient au passage, les attiraient sur leurs genoux. Pas moi. Frôlé à plusieurs reprises, je n'étais pas un habitué de cet endroit. J'évitais de me rendre trop souvent dans les mêmes débits de boissons pour éviter le plus possible d'être reconnu lors d'apparitions publiques. Je gardais toujours quelque chose sur la tête. Ce soir, c'était la capuche de ma cape de route. Je buvais un mauvais vin du sud, qui était fort aigre mais qu'importe. Seule comptait l'ivresse. Le bruit de la musique se faisait sourd et pris de frissonnements, je resserrais la cape autour de mon col. Mes fantômes m'assaillait et le souvenir d'elle était trop cuisant, trop douloureux. Une poigne d'acier me serrait le cœur. Une ribaude s'assoit sur le coin de la table. Je ne lui réponds pas. Ils sont là, tout autour de moi. Ryman, Weyton, Rickard. Ils boivent aussi, de grands godets. Ils rient, ils plaisantent. Je ne peux pas les quitter avant que la taverne ne ferme. J'avais besoin de fuir la rigueur de la cour, la froideur de mon propre château. Sigyn m'avait trahi, mais elle était tout ce qui animait ma place forte.


Je sors dans le froid, je titube, ivre. Rickard me raconte sa dernière bataille. Weyton me tape dans le dos. Ryman, lui, me dit que je dois vivre pour les gosses. Et que je dois prendre soin des siens. J'ai aussi des neveux, des nièces. Tous aussi jeunes que les miens, de gosses. Ils n'ont plus de père et les veuves de mes frères comptent sur l'Etat et sur moi pour assurer un avenir à leurs enfants. Pourquoi refuserais-je ? Je promets à mon frère de le faire, je marmonne dans la nuit, déchirant la torpeur éthylique d'un lent débit haché. Je remonte jusqu'au château, empruntant la poterne ouest dont j'ai les clefs autour du cou à chaque sortie du genre. La première depuis des années. Mais pas la dernière. Je sens une ombre, non loin, et j'arrête de parler à mes morts. La silhouette se découpe dans la pénombre, sous les étables. La lumière de la lune se reflète sur la neige de la cour. Je le reconnais, et ne tire pas l'épée. Pourtant, j'hésite un instant.



| Sorti pour t'enivrer? |


Je passe outre et l'évite. Il me saisit l'avant bras pour me retenir, mais même ivre, je suis encore vif. Je  me dégage, mais il m'attrape par le col et me pousse contre le mur de pierre de la forge, ma tête butant durement contre la pierre.


| Fiches moi la paix, Bran, putain de merde! |


Son visage n'est qu'un masque de colère, même bourré je le vois, je le sens. Il serre les dents de rage en me serrant le col contre le mur.


| Jeyne pleure mais elle se cache, tu lui laisses trop de poids sur les épaules. Jon est perdu. Il ne te voit presque plus et ne sait pas quoi faire. C'est Walton qui m'inquiète encore plus. Il ne dit plus rien, il s'enferme dans sa chambre et il est studieux à en faire peur. Il passe beaucoup de temps avec sa grande sœur et j'ai l'impression qu'il la considère comme sa mère. Ca ne va plus Torrhen, par les Anciens Dieux, tu dois te reprendre, sacré bon... |


Coup de tête en plein visage. La douleur est fulgurante et je me frotte le front en gémissant doucement alors que mon frère tombe en arrière sous la vigueur du coup. Même ivre, j'ai des réflexes. J'ai vingt-huit ans et je me suis battu toute ma vie. Même amoindri, je suis encore dangereux. Plus, peut être, car je suis dans un état instable. Mon regard s'écarquille, mes yeux fous dévisageant mon frère alors que je me penche vers lui. Je hurle, ivre et rageur.


| Je suis le Roi du NORD ! |


Le cri de rage déchire la nuit et je sens des regards se river sur nous depuis les remparts, où la patrouille nous surveille mais qu'importe, je suis trop en colère et pas assez sobre pour me réfréner. Cela fait un moment que je me contiens pour Bran, pour les enfants, cela fait des mois, des années, que je menace d'exploser. Depuis que j'ai su tout ce qu'il se passait pendant que je n'étais pas à la maison, suant sang et eau pour faire perdurer dans l'éternité mon nom si glorieux.


| Tu es qui pour me dire ce que je dois faire, hein, tu es QUI ? |


Son visage se pare d'un masque de fureur alors qu'il se redresse, fermement campé sur ses appuis, prêt à se battre.


| Je suis celui qui élève tes enfants à ta place. |


Cri de rage et de frustration et je lui décoche un coup de poing en plein visage, le faisant chuter à nouveau. Je me jette sur lui mais solide, expérimenté et sobre, nous roulons bien vite au sol alors que la patrouille arrive, assiste à quelques mètres à la bagarre et se stoppe, nerveuse, en reconnaissant les deux partis. Nous luttons à même le sol.


| Reviens... A la raison ! Ce n'est pas ce que Sigyn aurait voulu ! Ce n'est pas... |


Amer, vindicatif et plein de haine et de colère, mes mains trouvent son cou et le servent. Mon regard se fait complétement fou, je perds le contrôle et serre de toutes mes forces.


| Toi et moi, on sait très bien ce que ma femme aurait voulu. | lui crachais-je | Il aurait mieux valu que je ne revienne pas. C'est CA qu'elle aurait voulu. Et les enfants aussi. Ils t'avaient TOI, après tout, pendant que j'assistais à la mort de deux de nos frères. | concluais-je, venimeux, avant de le lâcher, comme frappé par la foudre.


Je crachais un glaviot de sang par terre, dans la neige, et poussais les gardes qui étaient dans le coin. Je les laissais à leurs hésitations et pénétrais dans le Bois Sacré. Giflé par les branches basses invisibles dans le noir, je m'approchais du point d'eau en son centre, au pied du barral. Haletant, je me tourne vers l'arbre-coeur, vers son visage dont les contours sont soulignés par l'astre lunaire.


| Pourquoi? |


D'un coup, je perds toute contenance. Mon visage se strie de larmes amères et je tombe à genoux. Je pleure comme je n'avais plus pleuré depuis mes premières années, avant les coups de bâton et l'entraînement du père. Je pousse plusieurs cris inarticulés, rage, détresse, haine, désespoir, tout s'alterne et me rend fou. Mon cœur me fait horriblement mal. Finalement, je me calme, le visage trempé, et lentement, je tire Hurlements du fourreau. Je plaque la garde contre le côté de mon cou, la base de la lame contre la peau et toute proche, l'artère.


| Rendez-la moi. Ma vie contre la sienne. Je peux pas continuer comme ça. Je peux pas continuer comme ça. |


La lame glisse très doucement. Le sang coule le long de la lame.


| Ca ne devait pas se finir comme ça. Ca ne pouvait pas se finir comme ça... Rendez la moi. RENDEZ LA MOI ! |


Je m'effondre sur le côté, lâchant l'épée.


Je ne sais pas que Jeyne a tout vu, alertée et réveillée par les cris dans les cour.


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MessageSujet: Re: Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter.   Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter. EmptyJeu 3 Déc - 23:21



Winterfell, Ete, Année 0, Mois 4.


Je me réveillais en sursaut. La bouche pâteuse, le crâne douloureux. Comme pris d'une douleur sourde. En regardant dehors, je me rendais compte qu'il faisait encore nuit. Tout juste le soleil commençait-il à coloriser le ciel de nuances bleues plus que noires. Je me tirais des peaux de bêtes dans lesquelles je dormais en campagne, me frottant la barbe et le front. Je ne me sentais pas très bien, mais qu'importe. Le souvenir cuisant de mes cauchemars endormis me maintenait toujours dans un état fébrile au réveil : j'avais abondamment transpiré et maintenant, je gelais sur place. L'image, le visage de Sigyn, toujours avec force dans mon esprit, s'estompant dans les limbes de ma conscience. Il n'avait pas fallu longtemps pour que son visage se change en celui de Mathie, en celui de Jon, de Jeyne, de Walton.  Edris dormait encore, je le réveillais en donnant un petit coup du bout du pied contre ses jambes.


| Debout, Allister. C'est l'heure. |


Le gamin, plus enfant mais pas encore tout à fait homme, s'éveilla à son tour. Il m'habilla avant lui, m'aida à enfiler et à nouer mon manteau de mailles, enfilant par dessus la tunique du Loup-Garou et enfilant mes bottes. Il m'accrocha le fourreau de l'énorme Glace dans le dos, car ce genre d'épée ne se portait pas au côté. Je laissais le jeune homme avaler un morceau s'il en était capable ; le goût de bile dans ma bouche ne me laissait guère le loisir de manger quoi que ce fût. Je passais déjà au milieu des rangs de mes soldats. Tous étaient en train de se préparer, enfilant casques, plastrons, ceignant épées et haches, préparent leurs flèches et leurs carreaux. Beaucoup me saluèrent en inclinant la tête, m'envoyant du « Sire », du « Majesté » et tout ce qui s'ensuit. J'échangeais quelques plaisanteries avec ceux que je reconnaissais dans la masse, distribuant claques sur l'épaule, plaisanteries grivoises et blagues de connivence de longue date avec les plus vieux, ceux qui avaient connu mes premières guerres, mais aussi les plus jeunes, que je tançais, que j'exortais. Je passais voir mes fils. Je me fis plus solennel avec Jon qu'avec Walton ; je n'avais pas oublié ses mots et je le traitais plus en homme qu'en fils, tandis que je mettais en garde mon aîné de bien prendre garde à ce que son jeune frère d'écuyer reste en retrait pour lui apporter lances de rechange avant chaque charge et se tienne prêt à organiser les soins des blessés. Walton voulait chevaucher lui aussi, mais j'espérais qu'il avait compris que chaque chose venait en son temps. Non loin de mes enfants, les ouestriens, que je saluais avec politesse, leur donnant quelques mots de courage. Puis, alors que les prévôts et capitaines faisaient avancer la masse des bataillons de mon infanterie vers la plaine, étendards de dizaines de familles claquant au vent, je montais à cheval, sur mon robuste destrier de couleur noire que m'avança mon écuyer. Je rencontrais Brandon, mon frère, avec qui j'échangeais l'habituelle accolade et souhaits de bonne chance. Bran connaissait sa mission, ses missions. Aujourd'hui, il devrait charcuter autant que protéger, et je lui en demandais beaucoup. Je chevauchais bien vite au milieu de ma garde, en parallèle des divisions qui s'assemblaient pour le combat. En remontant les colonnes de mes troupes, une grande clameur saluait la venue du loup alors que de l'autre côté de la vallée, les cors barbares mugissaient le rassemblement d'une armée largement supérieure en nombre.


J'étais inquiet de leurs rassemblements mais alors que mes troupes s'assemblaient au son des tambours, je saluais l'armée. Je galopais de mon aile gauche à mon aile droite, levant le poing et appelant mes loups à la guerre, avant de revenir au centre. Conrad se trouvait déjà au milieu de l'élite de mon armée, infanterie lourde et hallebardiers. Il était à pied, mon Sénéchal du Nord, et portait d'une main la Grande Bannière du Loup, mon étendard personnel, et de l'autre main sa fidèle épée. D'un regard embrassant la plaine, je reconnaissais le déploiement à gauche de Brandon, des princes avec la cavalerie noble et sergents montés. Les deux ailes emplis de cavaliers, de chevaux piaffants et de jeunes nobles prêts à en découdre, alors que des milliers de fantassins adoptaient une formation serrée face à moi. Je reconnaissais plusieurs visages dans la foule. Mon regard se tourne de l'autre côté de la plaine, alors qu'une armée si vaste s'assemble en masses compactes, faisant trembler le sol plus encore que les sabots de nos chevaux. Je me retourne encore, faisant pivoter mon cheval face à l'armée. Je pars d'une voix forte, qui domine la foule.



| Fils du Nord, guerriers du Roi-Loup ! |


La clameur s'élève, pleine de la colère de mes hommes. Stark ! Torrhen ! Le Roi du Nord ! Ils y vont tous, en cognant la hampe de leurs piques contre le sol ou leur épée contre leur bouclier.


| Voyez l'empressement de ces barbares à venir bénir notre bonne vieille terre gelée de leur sang ! Vous les entendez ? C'est le bruit des bottes de ces chiens, qui viennent pour nous, pour nos récoltes, nos maisons, nos familles. Ils viennent pour brûler le Nord après Motte-La-Forêt. Ils nous ont rendu des coups bien cruels mais l'ennemi, dans son arrogance, a oublié qui nous étions... Soldats du Nord, qui êtes-vous? |


Ils scandent nos cris de guerre ancestraux, en cœur, prêts à en découdre.


| Ils se prennent pour des chasseurs, traquant des fermiers et des réfugiés sans défense ! Ils se sont pris pour les prédateurs... Et ils ont oublié dans leur arrogance que NOUS sommes les LOUPS ! |


Clameur, cors de guerre, des dizaines de gorges hurlent leur haine de l'ennemi, cultivée par la constatation des massacres ennemis sur notre route.


| Tenez la ligne ! Gardez vos rangs serrés ! Regardez l'homme à votre droite, celui à votre gauche ! Ce sont vos pères, vos frères, vos fils ! Nous ne reculerons pas, nous nous battrons et nous survivrons ensemble ! Je ne vous mentirais pas, soldats. La bataille sera difficile. L'ennemi est arrogant mais il est nombreux. Nous avancerons droit sur lui, nous lui offrirons notre cou pour l'estocade. Mais quand il fondera sur nous, nous lui montrerons que notre mur est garni de crocs! |


Je descends de cheval. L'armée retrouve le silence. D'ordinaire, il est de coutume que le Roi tienne la réserve de cavalerie lourde, intervienne pour le coup de grâce uniquement. Mais pas là, pas maintenant. Je laisse cet honneur aux Louveteaux, à mon frère, aux Lions. Moi, je dois tenir le centre. Avec Conrad et ma bannière. Je descends de cheval et tire Glace, que je brandis bien haut. Nouvelle clameur. Puis, je me tourne vers l'ennemi. Conrad vient à mes côtés, Edris aussi. Je mets un genoux à terre, pose Glace pointe contre le sol et prie les Anciens Dieux à voix haute, le pommeau de mon épée à deux mains face à mon visage, face à l'ennemi. J'entends mes nordiens faire de même derrière moi, qui reprennent la vieille prière ancestrale en litanie.


| Voyez cela, je vois mon père. Voyez cela je vois ma mère, et mes sœurs et mes frères. Voyez cela, je vois tous mes ancêtres qui sont assis et me regardent. Et voilà. Voilà qu'ils m'appellent. Et me demandent de prendre place à leurs côtés. Dans le palais des Dieux. Là où les braves, vivent pour l'éternité. |


Lorsque je me relève, prière terminée, l'armée clame sa colère et sa soif de sang. Les tambours battent l'avance vers l'ennemi, l'étendard claque au vent. Et la cavalerie prend son élan, alors que le sol tremble de milliers de pas, rythmés par nos tambours. Nous avançons. Devant nous, un écran de tirailleurs de déploie en éventail ; chasseurs et trappeurs du nord, armés de leurs arcs en bois d'if. Vêtus pauvrement, car il ne s'agit pas de troupes de l'armée à proprement parler, mais font partie des milices qui encadrent toujours nos effectifs. En face, des rangs serrés de milliers de barbares. Ils sont innombrables. Les arbalétriers avancent avec nos archers. Sur les flancs, le grondement de la cavalerie. Je sais, dans mon cœur, où en est exactement la bataille ; je sais ce que font les cavaliers. J'adresse une prière informulée aux Anciens Dieux pour mes fils, pour mon frère. Et regarde le soleil monter dans le ciel. Un cri d'avertissement se fait entendre et devant nous, les tirailleurs bandent leurs arcs et épaulent leurs arbalètes. Ils décochent les premiers traits vers l'ennemi. Puis, d'un coup, la ligne adverse ondule alors que des milliers d'archers ont décoché. Les projectiles ne volent pas dans le ciel, il ne s'agit pas de tirs de batterie ou de volée ; ces chiens visent notre écran de tireurs. L'échange de tir se fait intense. Ca et là, des nordiens s'écroulent, poitrine ou cou percé de traits. Ils continuent d'avancer, et le bloc massif de nos vingt et quelques milles fantassins progresse toujours en faisant trembler le sol. Sur les ailes, sonneries de cor et cris de guerre. Puis, un immense fracas. La cavalerie est entrée en action. Je me tourne vers Conrad.


| On nous a volé la primeur du premier sang, mon frère.[/b] |


L'homme rit de son habituel timbre rocailleux.


| Ne t'en fais pas, Majesté, tu feras pisser le sang à pas mal de ces pucelles chevelues d'en face d'ici ce soir. |


Rires de mes hommes. La plaisanterie, à tout autre moment, n'aurait fait rire personne. Mais Conrad, lui, sait comment détendre l'atmosphère alors que beaucoup d'hommes allaient bientôt mourir. Les tambours tonnent. Les Nordiens entonnent sans directives de vieux chants de guerres, dans un langage à demi-oublié. Je sens Eris sous pression, à mes côtés. C'est sa première bataille. Conrad rit et insulte l'ennemi, comme toujours. Pourtant, les tirs de l'adversaire nous ciblent à leur tour, après que nous ayons enjambé les corps des blessés et des mourants de nos propres tireurs. Des flèches se plantent dans le bouclier de mes gardes-loups, d'autres rebondissent ou s'enfoncent dans les mails, engendrant cris et grognements. Un projectile me gifle en plein visage et j'ai une seconde l'impression d'être fendu en deux, mais non. Portant ma main gantée de mailles à ma joue, je sens la chair de ma pommette droite éraflée. Je fronce les sourcils. Ces chiens progressent, alors que nous avançons toujours avec la même cadence, la même fermeté. Plusieurs barbares sortent des sous-bois, lèvent bien haut leurs armes. Des milliers de cris et de rugissements répondent à leurs imprécations. Je devine que la cavalerie a dû se replier. Arrive le choc. Nous avançons encore.


| Voyez comme ces bêtes ont hâte de mourir. Frères, exauçons leur vœu! |


Clameur et charge ennemie. Ils se jettent en masse contre nous, en hurlant, en vociférant, dans le désordre le plus complet. Les nordiens rentrent la tête dans leurs épaules, pointent hallebardes, lances et épées droit sur l'adversaire. Nous ne nous arrêtons pas, jusqu'à ce que Conrad ne souffle du Cor de Winterfell, dont la note grave surpasse celle de tous les autres.


Des milliers d'hommes s'arrêtent au même moment. Ma garde n'a pas besoin d'ordres ; ces combattants professionnels et expérimentés sont des tueurs de première. La piétaille attend, arme pointée. On leur crie la directive « Piques ! », ancien ordre qui les fait serrer leurs rangs et agripper leurs armes. « Basses ! » conclue la manœuvre et les hampes de milliers de lances et de hallebardes sont baissées en attente du choc, alors que les épéistes se tiennent prêts en premier rang ou en réserve. Autour de moi, je sens la rigidité de mes meilleurs guerriers, qui attendent que l'ennemi vienne chercher sa propre mort. Ils arrivent en hurlant. Je pousse un grand cri de guerre à mon tour quand je discerne leur visage, et brandit Glace bien haut, ce qui tend mon bras porteur sous le poids de l'immense lame.


La vague nous percute. Du coin de l'oeil, je saisis que les hallebardiers plus loin sur la ligne ont embroché des ennemis par dizaines et l'écrasent maintenant sous le fer de leurs larges larmes, perçant les boucliers de bois et d'osier, écrasant les cuirs et déchiquetant les chairs. Mes gardes manient de larges épées. Ils s'abritent derrière le temps d'encaisser le choc de la poussée. Puis, rapidement, les épées tranchent les membres, lacèrent les gorges, vident les tripes. L'ennemi est massacré. Je m'avance, résolument. Conrad et Edris sont sur mes talons, connaissant leur affaire.


Je n'ai plus manié Glace à la guerre depuis des années. Elle est extrêmement lourde, presque aussi haute que moi. Large de deux paumes. En acier valyrien. Mon premier coup descendant fend en deux un ennemi, qui éclabousse de son sang les tenues noires et blanches de mes loups. Je serre les dents sous la difficulté de la maneuvre. J'équarris, je disperse dans de grands moulinets l'adversaire. Une fois sur deux en l'absence de protection, je ne sens rien qui arrête la course de mon terrible hachoir mais constate avec une joie malsaine que la lame s'abreuve de sang en quantité et moissonne les membres. Un barbare me cogne de sa masse, que je pare du plat de ma lame avant de lui envoyer ma garde en plein visage. Je fais pivoter ma lame et la lui plante entre les côtes. Un nuage de sang s'échappe de sa bouche et il tombe, les yeux écarquillés. Une guerrière saute dans la mêlée, de plus en plus confuse. Elle me poignarde à l'épaule, mais ne trouve sous sa lame que des mailles. Je lui écrase mon front en plein visage d'instinct, tire mon poignard et lui plante dans l'abdomen, tournant la lame avant de la dégager. Nous piétinons leurs corps. Autour de moi, quantité de mes hommes tombent, submergés et poussés au sol par leurs agresseurs, mais leurs lames continuent de décimer l'adversaire, dont les corps tombent partout autour de moi dans une averse de sang.


Je profite de l'accalmie pour laisser passer Edris et Conrad devant moi, reprenant mon souffle. Depuis combien de temps nous battons-nous ? Je tente de discerner les bannières au loin et vois celles de mes ailes fortement agitées et les clameurs y sont plus féroces. Nous allons être enfoncés. Je me rapproche de Conrad, lui reprend mon cor et posant mon épée pointe vers le bas contre le sol, je souffle à pleins poumons. La cavalerie doit attaquer, sinon nous sommes perdus. Je me retourne vers mes hommes.



| Alors Nordiens, on dirait que vous faiblissez! |


Un « Non ! » général roule sur la plaine. Les cliquetis des épées et les chocs sourds contre la chair ne parviennent pas à le dominer.


| Vous voulez voir Winterfell en flammes? |


Non!


| Vous voulez voir ces sauvages enlever vos filles, violenter vos garçons? |


Non! Ils sont chauds comme la braise, éreintés, couverts de leur sang, de celui de leurs ennemis et de leurs camarades. Mais ils serrent les dents.


| Alors tuons-les jusqu'au dernier, en avant, avec moi, mes frères! |


Je me tourne vers un jeune tambour, perdu, le regard fou.


| Joue petit. Joue aussi fort que tu peux. |


Le gamin me salue, le corps et la discipline répondant bien plus que son esprit, réfugié au plus profond de son âme pour lui éviter de vivre de trop près les horreurs auxquelles il assiste. Son tambour tonne, repris par tous les autres sur la ligne. Tam, tam-tam-tam. Tam, tam-tam-tam. Les cris fusent de partout : « En avant ! Sus ! Sus ! Pour le Loup ! La mort ! Les sauvageons sont bousculés. Leurs rangs arrières poussent ceux de l'avant, mais ceux-ci sont bloqués par notre progression. Comprimés, ils sont prestement mis à mort. Pour ne pas blesser mes compagnons d'armes qui poignardent l'ennemi sans pitié, imbibant le sol de sang et de viscères, je frappe de haut en bas, levant haut au-dessus de ma tête ma terrible épée, fracassant les boucliers, ouvrant les crânes ou les épaules, fendant de la clavicule jusqu'au diaphragme. Plus d'une fois, mon épée se bloque et je la dégage à grands coups de pied. Autour de nous, les fantassins crient, poussent de terribles cris de guerre. La prière des soldats du Nord est entonnée par un cœur de milliers de voix, vibrantes, passionnées, éreintées, brisées, emplies d'un terrible désir de violence. Les sauvages sont hachés menus. Mais ils se battent, malgré leur absence d'armures et d'armes dignes de ce nom. Un de mes hommes et égorgé malgré son casque devant moi, d'un revers de hache. Mon épée le cueille par le travers, lui brise les côtes, déchiquette ses organes et le type s'effondre, du sang lui coulant  flots du nez et de la bouche. Un autre cogne Edris et le fait s'écrouler. De rage, je le frappe d'un coup de talon sur le côté du genou. Ramenant Glace vers le bas, je plante sa pointe et enfonce son épaisseur en plein torse de l'ennemi. Nous continuons notre avance. Et plus nous progressons, moins l'ennemi se fait vaillant. Nous sommes méconnaissables, couverts de sang et d'humeurs. Nous saignons tous par des dizaines d'entailles, mais nous continuons.


J'empale un guerrier ennemi, barbu, au bout de ma lame. Il glisse contre et se rapproche de moi, du sang plein le menton. Il grogne et me cogne en plein visage mais je gronde en poussant ma lame, et lui par la même occasion, de droite à gauche. Le mec finit par s'écrouler et il est piétiné sans pitié par nos bottes alors que nous progressons toujours. Cette fois, j'en suis sûr, j'entends le grondement de la cavalerie. Les sauvageons perdent pied. Ils reculent. Nous combattons encore longtemps avant qu'ils ne s'enfuient tout à fait, alors que nous apercevons au delà de ses lignes brisées les allers-retours de notre cavalerie lourde qui chasse, transperce et piétine sans pitié leurs fuyards. Nous sentons tous dans nos membres raidis par l'épuisement, mais nous continuons. Un bref regard derrière nous, et ce sont des dizaines de milliers de corps qui jonchent la plaine. Mes hommes sont épuisés. Beaucoup sont morts, beaucoup sont blessés, tirés en arrière et évacués par leurs camarades. Les sauvageons, encerclés et isolés, se forment en petites bandes de guerriers luttant dos à dos. Je relève encore mon épée, mais d'une main tremblante après des heures d'efforts et de contributions à notre partition violente du jour.



| Rappelez-vous de Motte-La-Forêt ? Leur ont-ils laissé une chance de se rendre, à nos familles, à nos cousins? |


Question rhétorique. Pas de clameur cette fois. La résignation sourde et le cœur plein de haine, nous avançons. Les blessés sauvageons, maintenant leurs lignes arrières franchies, sont impitoyablement massacrés. Je ne m'abaisse pas à cette tâche, car me baisser avec Glace et mon état de fatigue pourraient me laisser au sol, mais je vois quantité de mes hommes égorger les hommes et femmes estropiés que nous rencontrons par dizaines. Puis, c'est de nouveau le choc. Chaque coup, douloureux, me fait serrer les dents. Ils ne peuvent plus rien faire. J'étripe un homme d'un revers et enfonce le visage d'un autre d'un coup descendant.


| Pas de quartiers! |


coup d'épaule, ma victime chancelle et je lui fais rendre ses entrailles sur le sol.


| Pas de prisonniers! |


J'achève un type à genoux qui se tient le visage en sang de ses mains. Je me retrouve face à un arc tendu, haletant, et lui concentré. Il tire.


Choc en plein torse. Je tombe, le souffle coupé.


Tout devient sombre. Je vois flou au dessus de ma tête. J'entends les chuchotements, les hurlements. La voix de Conrad, qui se veut rassurant.  On me porte. Je le sens. On me porte sur un bouclier, un grand bouclier. Je voix le visage de Conrad au dessus de moi. Il me souffle que mes fils vont bien, que la bataille est gagnée. Une ombre passe sur son visage. Il hésite. Conrad n'hésite jamais. Brandon est mort.


Mes tripes se nouent. Je manque d'air. Mes yeux se rougissent et j'ai l'impression de mourir à nouveau. Brandon est mort. On me porte. En pente, sur une colline. Brandon est mort. Et moi maintenant, je suis tout seul. J'aurais cru jadis que je serais libéré par sa mort, libéré du poids des mensonges, des on-dit, de la trahison. Ce n'est pas le cas. Je ressens un terrible vide. Mon frère, la personne dont j'ai été le plus proche toute ma vie, qui a plus partagé avec moi que n'importe qui, le seul être qui me comprenait... Et celui dont la trahison m'avait fait le plus grand mal. On s'approche. On me dit que l'armée a avancé et pris un grand nombre de prisonniers ennemis, des milliers de guerriers pris et ramenés de force par ma cavalerie, des femmes et des enfants, quelques vieillards. Je ferme les yeux, ravalant les larmes amères. Le messager est agenouillé sur mon côté alors que mes porteurs se tiennent immobiles.



| Crucifiez-les. Crucifiez-les tous. Qu'ils soient la preuve de notre dévouement à nos Anciens Dieux, à nos Ancêtres. Qu'ils soient la preuve pour tout Westeros que le Nord livrera une guerre totale à ceux qui s'élèveront contre lui. Ne pas tous les tuer serait une faute devant l'Histoire. Procédez, messire prévôt. Et amenez moi mes fils... |


[i]L'homme me salue et part en direction de l'infanterie tenant les prisonniers.


Les hurlements qui s'ensuivront pendant des jours et des nuits me hanteront pour toujours, autant que le récit de la mort de Bran. Pourtant, je glissais lentement vers l'inconscience, avec la satisfaction du devoir accompli, et un poids de moins sur les épaules.


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I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.




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Torrhen Braenaryon
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MessageSujet: Re: Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter.   Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter. EmptyDim 27 Nov - 23:31



Paege, non loin de Darry, Ete, Année 0, Mois 9.


La bannière s’agite dans le vent. Le Loup bondit dans les airs, malmené qu’il est par la brise du Conflans. Sa hampe est secouée, elle aussi. Le choc est terrible. J’esquive un coup d’épée par le côté. Glace est pesante. Je renverse de la lame par le côté pour bloquer un coup de lance et j’enfonce la droite de la garde dans le cou d’un homme, dont le sang me couvre les mains. Je dois tenir Glace avec mes deux mains, parce qu’elle est lourde, massive dans son envergure. Si je la tiens à une main, je ne saurais jamais retenir mes coups et je tomberais avec l’épée. Seulement voilà, avoir les deux mains poisseuses de sang, quand on en a besoin, ce n’est pas l’idéal. Une lame ripe sur mon épaulière mais se retrouve bloquée par mon heaume. La bataille n’est plus que cacophonie. Un riverain à moitié édenté et avec une barbe mal taillée me fonce dessus. Trop près pour que Glace me soit utile, et je ne peux manœuvrer avec mes hommes qui se battent avec moi, épaule contre épaule. Je tire mon poignard et lui plante dans la clavicule. Il crache du sang et s’effondre mais voilà qu’un second adversaire pousse le cadavre et me donne un coup de taille depuis le haut ; j’agis par réflexe en voyant son épée s’abaisser. Une vieille lame de mauvaise facture, comme la majeure partie de l’équipement des levées tant alliées qu’ennemies. La lame a déjà mordu dans des armures et en est ressortie abîmée. Au moment où je me fends pour parer remonte à la surface les paroles de mon père, il y avait une vie de cela. « Vous êtes trop tête brûlée, Torrhen. De la concentration fils, de la concentration, ou bien votre piètre compétence vous fera piétiner dans la mêlée ». De la concentration. J’aimerais bien l’y voir, le vieux. J’agis d’instinct et je survis ; d’expérience je sais qu’une épée simple ne perfore jamais une armure de qualité par un coup de taille, encore moins quand le porteur n’est qu’un simple soldat au milieu d’une mêlée terrible. De lui, je n’ai qu’à craindre d’être jeté au sol ou renversé, puis achevé d’un coup d’estoc aux faiblesses mon armure.


Du moins je l’espère, sinon ce que je fais va me tuer.


Le coup d’épée cogne en plein dans mon heaume, en plein front. La lame glisse et ripe ; elle n’est ni assez bonne ni assez lourde pour enfoncer mon casque et le coup se perd contre mon épaulière. Je suis sonné par le coup, mais je repousse l’homme en arrière et le fends en deux d’un coup de taille. L’acier valyrien entre dans les cuirs comme dans du beurre et le type, ou ce qu’il en reste, retombe en arrière dans le sol piétiné de trente mille paires de bottes. Les hallebardiers sur mes côtés poussent, grognent et meurent, mais l’ennemi s’empale sur les pointes des hallebardes, se fait fendre de tous côtés. Il est incapable de percer le mur d’acier de la division. Sur nos côtés immédiats, la cavalerie charge à nouveau et se taille un sanglant passage dans les rangs ennemis ; je vois distinctement les chevaliers de Manderly et ses sergents d’armes perforer de leurs lances les rangs de l’ennemi, dûment piétiné, renversé et étripé. Ses hommes perdent pied et lâchent prise. Le hallebardier à ma droite enfonce les côtes d’un adversaire alors que j’embroche un homme d’armes, le clouant au sol de la pointe de mon épée.


Les nordiens crient victoire. Victoire. Victoire ! La cavalerie lourde reforme les rangs et l’on entend le cri du dragon, du terrifiant Meraxès. Je vois la bête s’envoler et sur son dos, ma promise qui guide son monstre de muscles et de feu vers les arrières ennemis. Autour de moi, l’infanterie lourde exulte. Ils cognent leur hampe contre leur plastron, crient, agitent leurs casques pour saluer la défaite de l’ennemi. Mais quelque chose cloche. Je reprends mon souffle ; j’étouffe sous ce putain de heaume intégral. On me donne une tape contre l’épaule que je sens à peine sous l’armure, mais je ne lève pas mon épée. Le grondement de la cavalerie de Peyredragon sur le flanc gauche s’est tu. Pas le bruit du carnage. Et par-dessus, la sensation sous mes pieds que quelque chose cloche. J’ai vu la cavalerie de Rey se rabattre sur le flanc du Conflans et je sais que mon corps de cavalerie, dispersé sur le front ennemi, est déjà au contact. Ce que je sens…


Ils sont là bas. Par-dessus la cohue des centaines, des milliers d’hommes d’armes du Conflans en fuite, on aperçoit le mur d’une troupe de cavalerie en train de charger. Les hommes en face se poussent, certains sont renversés et piétinés dans leur fuite. Je vois la bannière de Vivesaigues, celle de Darry, celle de Viergétang. Ils sont des centaines. Je clame par-dessus le carnage.



| Reformez la ligne ! Serrez les rangs ! Serrez les rangs par les Anciens Dieux ! préparez-vous ! |


Je me fige en pensant à Rhaenys. Je ne la vois plus avec son dragon. Est-il possible qu’une charge de cavalerie lourde ne renverse un dragon et ne l’abatte à coups de lances lourdes ? Je n’en savais rien. Les hommes à côté de moi resserent leurs rangs. Le premier rang met un genou à terre et cale contre celui-ci la base de la hampe de leur arme d’hast, pour former un mur de pointes, alors que les rangs suivants tiennent leur hallebarde à hauteur de torse, de profil. Le troisième rang appuie leur hampe contre l’épaule du rang précédent. La charge ennemie nous fait tous vibrer au son de la cavalcade. Je lève Glace haut au dessus de nos têtes et lâche un tonitruant cri de guerre, repris par la masse des hommes de Blancport. Les cris de milliers de voix se joignent à la mienne et le vacarme est total quand la ligne ennemie se rue sur nous. Je tiens Glace à la verticale, prêt à frapper. La ligne approche, approche, approche encore.


Elle nous rentre dedans dans un fracas de fin du monde. Un destrier bondit par-dessus le mur d’acier de mes hommes et renverse plusieurs soldats, dont l’un d’eux est désarticulé par l’impact de la lance de cavalerie du chevalier. Un autre cheval chute après avoir rencontré les lames de deux vougiers, qui abattent leurs pesantes armes sur le chevalier qu’ils mettent en pièce. Toute la ligne est secouée par le carnage, la folie, l’héroïsme. Des centaines d’hommes sont blessés ou tués par l’impact. Des hommes s’écroulent, fracassés par les sabots ferrés des chevaux, d’autres percés de lances. D’autres succombent au mur, qui bloque avec les fers de lance avant de tailler en pièces à coups de lames. Je suis plusieurs fois gêné pour frapper dans la bousculade. Un cheval, blessé par un coup de hallebarde, s’écroule, et je décapite le chevalier qui est resté coincé sous le destrier. Un acte presque de compassion, alors que son corps, brisé, ne pourrait plus se soigner. Je frappe de taille pour trancher l’encolure d’un cheval, alors que deux fantassins nordiens cognent en plein plastron le cavalier, puis l’un d’eux enfonce une dague dans la visière du cavalier. Le sergent est sabré par un riverain, que j’empale sur ma lame depuis le dessous du plastron. L’homme glisse de cheval et s’effondre.


Un autre cavalier passe en forçant les rangs, renverse plusieurs de mes hommes et alors que je brandis mon épée pour parer sa lame, celle-ci cogne depuis le bas, rencontre mon heaume sur le coin inférieur et me fait voler le casque. L’espace d’une ou deux secondes, je n’ai pas mal. Je tiens debout. Vaguement sonné, mais je me rends compte que nos lignes ont tenu et ne sont pas brisées, que déjà beaucoup des cavaliers survivants s’enfuient. J’entends mal, autour de moi. Et je tique plusieurs fois, comme si quelque chose me dérangeait. Je tombe à genoux, lourdement. J’entends des cris autour de moi. « Le roi est tombé ! », « il faut sauver le Roi ! », « tue, tue ! ». Je m’effondre pour de bon.



…..


Je suis allongé. Tout vêtu pour la guerre. Le visage colle, du côté droit, comme si ma peau était figé par quelque chose comme de la cire. Du sang. Je le sais. Je connais cette sensation. Elle est là, au dessus de moi. Dans sa longue robe blanche. La couronne sur la tête, au milieu de son abondante crinière noire. Elle pose sa main sur mon plastron. Je me sens sale, je me sens vil. Elle trace la courbe de l’armure sous son doigt, mais elle pourrait tout aussi bien toucher ma peau que la sensation serait la même.


| Regarde un peu ce que tu t’infliges encore… Es-tu plus prêt de lui, aujourd’hui ? |


| Je m’en rapproche chaque jour. | ma voix me semble dure, rocailleuse. | Si je te parle, c’est que je ne suis pas encore mort. Je délire. Je suis encore en vie, même si je suis dans un sale état. |


Elle hoche la tête, pensive.


| Ta volonté est forte, c’est vrai. Tu as toujours été têtu et obstiné. J’imagine que rien ne t’empêchera de l’atteindre. Mais quand ce sera fait ? Tu sais comment il est, tu l’as longtemps combattu. Il n’acceptera pas de te combattre s’il n’est pas convaincu d’avoir toutes les chances de l’emporter. |


Sa voix est toujours aussi douce. Son volume, ténu, comme si j’étais déjà mourant. Comme d’habitude quand je la vois, elle devine mes pensées avant que je ne les formule.


| Mais tu le sais déjà, n’est-ce pas ? Tout ce que tu n’as fait depuis dix ans n’est qu’une imposture sur laquelle tu mises ta vie et celle de ton nom, de toute ta lignée. Juste pour te créer cet unique instant. N’est-ce pas ? Tous ces secrets… Ils rendraient tous les concernés malades jusqu’à la nausée s’ils savaient la vérité ! |


Sa voix se brise. Comme si en tant qu’apparition, elle pouvait avoir des sentiments, se laisser affecter. J’ai plus mal que jamais au crâne, j’ai l’impression que ma tête est fendue en deux et qu’il m’en manque une moitié, que la plaie est faite de métal en fusion. Je déglutis comme je peux.


| Admet que je ne m’en sors pas trop mal avec les moyens du bord. Avec ce que tu m’as laissé après ta mort. J’ai utilisé des secrets pour en créer d’autres. Qui me le reprocherait ? |


Ses yeux se chargent de larmes amères.


| Tu fais les mêmes erreurs qu’il y a dix ans. Tu es prêt à tout sacrifier, y compris toi-même, pour détruire Harren le Noir. Tu as vendu Jeyne à l’Ouest. Même pas parce que tu pensais que ça les ferait basculer dans notre camp, mais parce que tu ne voulais pas qu’ils rejoignent le camp de ton ennemi. Tu as été prêt à vendre Jon à l’Orage pour y gagner non pas l’extension du Nord, mais des troupes supplémentaires. De la chair fraîche au surplus pour ton œuvre de mort. Tu vendrais Walton de même s’il en avait l’âge, et je sais que tu étudies déjà ce problème. Tu t’es vendu en personne à la jeune Reine Dragon, et tu ne l’as pas fait parce que tu pensais que tu aurais son cœur, puisqu’il appartient déjà et pour toujours à un autre. Tu sais très bien ce que tu vas vivre. Tu sais très bien à quoi tu te condamnes, à quoi tu condamnes tous les autres. Et tout ça pour quoi ? |


Je ferme les yeux et souris, malgré le goût du sang dans le fond de ma bouche.


| La paix intérieure, bien sûr. |


Son regard se fait dur, il se change en acier. Elle n’a jamais aimé le sarcasme. Le secret bâtit l’existence, la structure. J’en viens même à me cacher des choses à moi-même, à ces apparitions. Jadis, je craignais ces regards. Aujourd’hui, ils m’indiffèrent.


| Tu ne l’as jamais connue. Jamais ressentie. Tu ne sais même pas ce que c’est. Ce à quoi tu t’es engagé ne peut connaître qu’une seule conclusion. |


Je ferme les yeux et glisse hors du monde. Je marmonne la fin, terminant avec mes fantômes.


| Pourquoi faudrait-il choisir ? |


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MessageSujet: Re: Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter.   Torrhen Braenaryon - Fire, blood and winter. EmptyMar 22 Aoû - 0:03



Près de Wayfarer, Automne, Année 0, Mois 12.


La colonne avance dans un terrible fracas de sabots et de cliquetis d’armes et de pièces d’armures. Plus de deux mille nobles nordiens, chevaliers de Peyredragon et de la Néra, ainsi que Gardes Impériaux, chevauchent par trois sur le mince sentier. Les fanions et étendards claquent au vent. Tout le monde est déjà paré de mailles et d’acier. Tout le monde a déjà apprêté lance de cavalerie en main et lame au fourreau de l’autre côté. La colonne remonte la plaine vers les collines au loin mais une estafette remonte la troupe en sens inverse, chevauchant ventre à terre. L’homme apparaît fatigué. Il a perdu son casque, et porte une plaie au front. Il semble grisé par ce qu’il a vu, par delà la ligne de crête. Il chevauche jusqu’à Conrad et moi, à l’avant de la Garde. L’homme peine à faire s’arrêter son cheval, qui hennie et s’ébroue, excité et apeuré encore par le combat auquel il vient de réchapper. Haletant, l’homme m’interpelle.


| Sire ! Le Général Karstark vous adresse ses compliments ; il a engagé l’ennemi alors que votre avant-garde, conformément à vos ordres, a vite pris l’ennemi à la gorge. Les combats sont encore assez chauds et violents autour de la ferme fortifiée contre laquelle l’ennemi a campé, des archers et arbalétriers ennemis s’y sont retranchés et ont pris à partie la cavalerie de Lord Chelsted. Je… Il est mort, sire, l’aile gauche est en difficulté. Lord Kastark va attaquer avec tout ce qu’il a, il jette toute sa cavalerie d’un bloc contre l’ennemi ! |


L’homme n’a pas fait de pause et je hoche la tête en guise d’acquiescement, de remerciement pour les nouvelles ; depuis le matin je sais que la cavalerie retient l’ennemi avant que l’élite de l’armée ne rejoigne le champ de bataille.


| Je vais débouler avec la cavalerie de choc par le nord dans moins d’une heure. On chargera en trois vagues si nécessaires ; qu’il nous ouvre la route du centre adverse et s’en prenne à son aile ; on va dégager ce qu’il reste du corps de Chelsted pour sauver ce qui peut l’être. |


L’homme salue d’un signe de tête, lâche un cri pour son cheval en piquant des deux et repart au galop en direction des combats. A mesure que nous avançons, nous entendus de plus en plus la clameur du champ de bataille. Et ce terrifiant tremblement d’une grande charge de cavalerie… Puis les cors, les cris de guerre, les hurlements des blessés et râles des mourants. Lorsque l’on débouche dans la plaine et que la cavalerie s’ordonne en vitesse, Conrad lâche une plaisanterie grivoise sur le recul ennemi. Je lui lâche un sourire, alors qu’autour de nous des centaines de cavaliers se mettent en formation. Déjà, les Peyredragoniens chargent sans attendre d’ordre, hurlant lances baissées pour dégager notre aile. Conrad ne réprime pas un éclat de rire.


| SI pressés de rejoindre la boucherie ! Quand je vois leurs femmes, c’est vers elles que je courrais, à leur place ! |


La charge suffit ; les cavaliers croisés sont rabattus sur leurs lignes dans le plus grand désordre. Lord Cerwyn me salut d’un geste de l’épée sur ma droite ; il a huit cent nobles sur ses talons, parfaitement alignés. Sa cavalerie d’élite va piétiner l’ennemi comme du chiendent. Je lève la main gauche et lui fais un geste vif, signe d’avancer et salut en reponse au sien, par la même occasion. L’homme sourit, hoche la tête, et fais marcher sa cavalerie droit sur l’ennemi, qui abandonne en pagaille un camp mal organisé. Au bout de la plaine, on voit nettement les vagues de cavaliers nordiens et peyredragoniens monter les pentes d’une colline sous des pluies de traits, mais même à cette distance, je remarque que les volées sont décousues et les cavaliers enfoncent l’ennemi, le sabrent, reculent puis repartent à la charge. La première vague de Cerwyn s’écrase sur les rangs ouestriens, puis une fois la charge amortie, recule et se reforme. J’abaisse la visière de mon nouveau casque, plus encombrant que celui que je porte d’habitude. Je m’adresse aux centaines de gardes à mes côtés, établis en une double ligne de destriers et d’acier.


| Et bien messieurs, c’est à nous ! Rappelez-vous Vivesaigues ! |


Je tire Hurlements, la tient vers le haut en signe de ralliement.


| Montrons à l’ennemi qui nous sommes, lui qui a cru bon et légitime de nous chasser, de nous traquer ! Allons y, Gardes de l’Empire, allons prouver à l’ennemi que nous sommes les Loups, les Dragons, et que nous sommes affamés ! |


Clameur. Les lances s’abaissent. Cerwyn manœuvre, nous ménage la place. La ligne ennemie semble fébrile, mal disposée. Au trot d’abord, dans un grand fracas d’acier. Puis au galop, à cinquante pas de l’ennemi. Etrier contre étriers, lances couchées. Les cris de guerre jaillissent de la ligne juste avant l’impact, les « Pour l’Empire ! » « Braenaryon ! » et « Pour l’Empereur » sont hurlés par des centaines de voix.


C’est le choc.


Les piétons ouestriens sont violemment dispersés par les poitrails massifs des plus gros destriers de l’armée, impitoyablement piétinés par leurs sabots er leurs ruades. Les lances ont empalé un, parfois deux ennemis et l’ont projeté en arrière sur quelques mètres lorsqu’elles ne se sont brisées à l’impact. Pantelants, les survivants agitent lames et piques vers nors armures, qui détournent aisément les coups. Loups et Dragons défoncent ces rangs dépenailés. Hurlements tranche une main, mutile un autre homme en s’enfonçant profondément dans son épaule, fendant l’omoplate. Un homme cogne mon armure d’un coup de lance, mais je la brise et l’assomme d’un coup d’étrier, avant de lui planter ma lame dans son torse protégé seulement de cuir. Conrad rue et fend la mêlée comme un macabre danseur au milieu de toute cette folie, mais un terrible choc le fait chuter de cheval et d’instinct, devant son corps inanimé qui choit, je comprends qu’il est durement touché. Je cris son nom et fais bondir Brennus vers mon ami blessé, et j’y découvre un noble sudien qui essaie d’asséner le coup de grâce. Je dévie son coup ; l’homme est épuisé, et je sais d’avance que ma vie de guerres incessantes m’a rendu plus fort, plus dur, je le sais dès le premier coup d’épée. Il cogne, pourtant, et ses coups laissent leur empreinte sur mon armure. Hurlements trouve la faille et le laisse mutilé, mais il tente une dernière attaque. Mon épée détourne la sienne d’un revers, et coup de taille, enfonce son crâne par le haut, réduisant son visage et son front à l’état de bouillie sanguinolente. La Garde se presse autour de l’Empereur qui retire son casque, je rattrape Conrad et le tire vers nos lignes, le portant à bras le corps.


La victoire est à nous, l’ennemi est impitoyablement poursuivi, mais je m’égosille comme m’apporte un mestre, quelqu’un qui s’y connaisse en médecine. J’ai encore remporté une victoire, une victoire facile, mais dont le triste résultat est sous mes yeux. Après Rickard, Weyton, Brandon, et tous les autres, Conrad git, inanimé. Il n’est pas encore mort. Je ne le laisserais pas mourir. J’ai trop besoin de lui, dans cette guerre et dans celles à venir.


Après m’être assuré de son sort, c’est les dents serrées et les mains encore poisseuses de sang que je cloue moi-même le premier prisonnier ennemi sur la croix, hissé hurlant, gémissant et perdant son sang, en guise de funeste avertissement pour sa patrie d’origine, que je pensais mon amie. Jamais victoire aisée ne fut si amère. Mais je relève un regard empreint d’une froide résolution sur mon armée, convaincu à cet instant qu’après de si belles campagnes à répétition, elle est la meilleure du monde.


Je ne vais me coucher que des heures et des heures plus tard, alors que la nuit est depuis longtemps tombée. Bottes encore aux pieds. Armure encore en place. Je m’effondre de fatigue sur la paillasse, vaincu et rompu par l’épuisement.




.....


Mon père me fait face. Il ne me semble pas si vieux que dans mon souvenir. Il est mort jeune, finalement. Un an plus jeune que je ne le suis aujourd’hui. Il me semblait déjà si vieux avec son crâne dégarni et ses tempes grisonnantes, autant que sa barbe, toujours si bien taillée mais déjà celle d’un vieil homme. Il me dévisage de ses yeux gris. Et prends une grande inspiration, comme à chaque fois qu’il me juge. J’anticipe la gifle, j’anticipe le vague compliment. Mais ce n’est pas ce qui s’échappe de sa voix grave, presque rocailleuse.


| Voyez cela, je vois mon père. | scande-t-il


Je vois ma mère. Non dans sa robe noire de deuil, non dans son attitude fraîche, à demie tremblante et névrosée de la fin. Elle n’avait jamais supporté la mort de son époux pourtant abusif, et était morte peu de temps après lui. Elle me souriait, comme lorsque j’étais enfant. Comme quand mon père était loin, qu’elle me glissait une friandise dans le revers de ma veste et me disait d’aller jouer avec mes frères. Une larme roule, sur sa joue. Elle a l’air heureuse. Plus que lorsqu’elle était en vie.


| Voyez cela, je vois ma mère. |


Je vois Weyton. Je sens mon visage se crisper. Mes yeux me piquer, se remplir de larmes. Pas de tristesse, pas de désespoir. Mais de joie, de soulagement. Il ne porte pas son atroce blessure à l’œil, héritée de mon assaut des Jumeaux, quatorze ans plus tôt. Il me sourit, comme lorsqu’il mentait à notre père autrefois, après de nouvelles bêtises. De nouvelles incartades. Ce sourire de défi autant que de joie pure et franche, qui avait fait fondre tant de nordiennes.
Je vois Rickard. Il est trempé. Mais il sourit, lui aussi. Rickard avait toujours eu le rire franc et tonitruant de nos oncles, jadis. Quand il riait, tout le monde l’imitait. Il semblait rire d’un de nos bons mots, lorsque nous étions jeunes. Je me rappelais ses derniers mots avant d’embarquer à Pouce-Flint, douze ans plus tôt. « Je reviendrais avec tous leurs boutres, ou pas du tout ! ». Il avait tenu parole, le maudit.
Je vois Ryman, l’air grave, sérieux. Il ne rit pas. Je sais qu’il attendait mon renfort, sur la côte des Rus. Et que je suis arrivé trop tard. J’ai envie de lui hurler de me pardonner, que j’ai fait tout ce que j’ai pu, mais il hoche la tête. Il comprend. Il m’accepte pour ce que je suis.
Je vois Brandon. Bran le Bâtard. Nous n’avions pas la même mère, mais nous avions subi les rudes leçons paternelles et c’était de lui dont j’étais le plus proche. Il me regarde. Il est blessé, je le sais bien. Il n’a rien prévu, rien anticipé de tout cela. Ca nous est tombé dessus. Il est mort pour protéger mes fils. Il sait bien qu’au fond de moi, je l’ai pardonné lui, pas elle. Mes quatre frères entonnent en même temps, certains rieurs, d’autres plus fermés.



| Voyez cela je vois mes frères, mes sœurs. |


Je vois une horde de visages familiers. Des femmes aux cheveux bruns comme la nuit, d’autres aux cheveux blonds comme l’orge d’été. Des grandes, des petites, des vieilles, des jeunes. Je vois des hommes, certains très durs, couverts de sang, d’autres plus calmes, plus sereins, au regard très vif, presque pénétrant. Tous boivent, attablés à une énorme rangée largement fournie d’alcools et de victuailles. Ils me regardent et je reconnais ma voix dans la leur.


| color=white][b]Voyez cela, je vois tous mes ancêtres qui sont assis et me regardent.[/color] |


Une voix douce, féminine, dont la chaleur m’hérisse tous les poils de la nuque alors qu’elle souffle dans mon cou.


| Et voilà, voilà qu’ils t’appellent. Et te demandent de prendre place à leurs côtés. |


Je me retourne. Sigyn est là. Belle comme au premier jour. Son sourire espiègle, ses rides d’amusement aux coins des yeux. Ses lèvres, minces et pleines d’un sourire de défi. Elle semble heureuse d’être là, heureuse de me voir. Je sais que je rêve, je sais que je divague.


| C’est ce que tu voulais, n’est-ce pas ? Quel besoin avais-tu de charger, tout à l’heure ? La bataille était déjà gagnée. Tu n’as pesé pour rien dans l’issue de la bataille, même en tuant Lord Serrett. |


| Je ne peux rien te cacher. Mais c’était ma place. |


| Comme celle de tes frères ? | dit(elle en désignant d’un geste de la main mes frères qui s’attablent avec le reste des Stark.


Je secoue la tête.


| Pourtant, tu as de quoi vivre, n’est-ce pas ? Tu ne tarderas plus à être grand-père. Ton fils va se marier. L’autre va déjà s’illustrer. Tu fondes un Empire qui pourra perdurer. Tu as une épouse jeune et féconde, qui te donne déjà un fils. Que te faut-il de plus ? |


J’ai un vague sourire ; ce rêve, ce cauchemar, peu importe de quoi il s’agit, est plus agréable que d’habitude. J’ai même une corne d’hydromel de l’est entre les mains, qui a le goût de ma jeunesse. Je coule un regard entendu vers Sigyn. Et elle tourne la tête, cesse de me dévisager.


| Ah. Et tu ne peux pas te satisfaire simplement de ce que tu as ? |


Je soupire. Mes démons me poursuivaient avec toujours les mêmes questions.


| J’ai dû fonder une famille, j’ai dû régner, j’ai dû combattre. De ces trois choses, je n’étais fait que pour l’une d’elles. Rhaenys a ses mérites. Je ne pensais jamais retrouver ton égale, elle te surpasse sans doute. Les choses sont d’une clarté et d’une honnêteté redoutable, avec elle. Ca m’a évité de me leurrer, vois-tu, et ça ne me détourne pas non plus de mon objectif. | silence. | Est-ce pour bientôt ? |


C’est au tour de Sigyn de soupirer.


| Peut-être. Sans doute. Harren a maintenant perdu autant que toi, avec les histoires de son fils. Et comme toi, il va rechercher la seule issue qu’il entrevoit. |


Je souris. Enfin une bonne nouvelle. J’étais seul, mais plus pour longtemps. Je bois une large gorgée de ma corne.


| Ce sera comment ? |


| A la hauteur de tes attentes. Ils seront beaucoup plus nombreux. Et il est deux fois plus vil et rusé que tu ne le seras jamais. Tu es sûr de vouloir ça ? Oui. Bien sûr que tu l’es. Mais pas pour me punir, pas pour te punir non plus. Malgré tout ton pessimisme, malgré tout ce que tu ressens, tu n’as jamais voulu expier ça par ta propre mort. Alors, pourquoi tu fais ça ? |


J’ai un haussement d’épaules.


| Ce sera plus facile pour moi d’affronter ça sans Jon pour qui m’inquiéter, et sans Rhaenys et l’enfant qu’elle porte pour m’empêcher de dormir. Je ne le vaincrais pas, avec eux dans les environs. |


Sigyn me dévisage maintenant d’un air sévère.


| Tu ne cherches même pas à la vaincre, n’est-ce pas ? Je sais quand tu me mens. Et puis, tu ne sais même pas si c’est ton enfant qu’elle porte. Tu l’as vue deux fois deux semaines avant ton mariage, et les dix jours qui ont suivi. C’est peu. Tu la connais. |


Je souris, expirant des narines un rire que je réprime.


| Est-ce que c’est vraiment important ? Est-ce que ça a jamais compté ? Dis-moi seulement si ça va marcher. |


Feue mon épouse à un sourire dénué de joie, un sourire triste, vaguement compatissant.


| Tu sais bien que je ne connais pas plus la fin que toi. Je ne sais que ce que tu sais déjà. Il vient pour toi. |


Je termine mon godet, qui a un goût de trop peu.


| Enfin | concluais-je.


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Let it be War


I never wanted this. I never wanted to unleash my legions.
Westeros have only one chance to prosper and if you not seize it, then I will.
So let it be war ! From the skies above the Wall to the dornish sands. Let the seas boil. Let the stars burn.
Even if it takes the last drop of my blood, I will see the kingdoms freed once more.
And if i cannot save it from the felony and the dishonor, then let Westeros burns.




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