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 Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]

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MessageSujet: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyLun 13 Juin - 0:37

Lynara était troublée et quelque peu distraite, ces temps-ci. Elle n’aurait jamais du aller à la recherche de Gareth, il y avait plusieurs jours de cela, elle ne cessait pourtant de se dire qu’elle agirait de la même façon si elle avait la possibilité de recommencer. Elle ne parvenait pas à regretter, même si elle avait été… apeurée, par tout ce qu’elle avait ressentie, et qu’elle se sentait honteuse de ne pas l’avoir repoussé plus fermement. En était-elle seulement capable ? Elle en doutait fortement. Elle n’avait aucunement envisagé une telle issue, d’ailleurs, et encore moins se confier comme elle l’avait fait. L’honnêteté n’obligeait pas à dire tout ce qui pouvait lui passer par la tête, mais bien à ne pas dissimuler les choses s’il relevait de son devoir de les dire, ou si on les lui demandait. Ainsi qu’à ne pas faire preuve de malhonnêteté, en travestissant la vérité, quitte à se jouer d’autres personnes ainsi. Si seulement elle avait réussi à s’agacer comme elle l’aurait dû, lorsqu’elle avait appris le stratagème du Prince et de son prétendu valet, alors elle ne se retrouverait pas dans cette situation. Mais là encore, elle ne pouvait se convaincre qu’elle aurait du cesser et changer de comportement. Quand bien même les convenances le voulaient.

Mais si elle avait agi ainsi, elle ne serait pas dans un tel état, en l’instant. Elle aurait dû dormir depuis longtemps, mais elle s’usait les yeux, à lire et relire une même phrase, depuis plusieurs minutes qui semblaient n’en pas finir. Le sommeil la fuyait, et c’était en partie les raisons pour lesquelles elle était dépourvue d’attention, depuis quelques temps. Si cela passait inaperçu auprès des dames ouestriennes, elle était persuadée que Jeyne n’était pas dupe, malgré le fait qu’elles n’aient pas réellement eu le temps d’en discuter. Ou que Lyna ait, par chance, réussi à éviter la confrontation. La vérité était qu’elle avait cependant grandement besoin d’en parler, et qu’elle ne savait pas réellement comment le faire. Aborder un tel sujet était… délicat, et bien davantage.

L’absence de Lyman, et de Gareth même si elle tentait d’éviter d’y penser, partis le matin même, rendait cela plus facile. Ou du moins, cela lui permettrait d’en discuter en toute discrétion, dans ses appartements. Elle était hésitante à l’idée de s’immiscer dans ce lieu intime qui devait n’appartenir qu’à eux, mais elle avait réellement besoin de la présence de sa cousine, et de son réconfort. Ou peut-être de sa franchise, qui serait assurément blessante, mais lui ouvrirait peut-être les yeux, malgré la peine qu’elle ressentait. Sortant de ses appartements, recouvrant sa tenue de nuit d’une cape couvrant le tout, elle se dirigea vers ceux de la famille royale, espérant ne croiser personne – souhait presque réalisé, hormis pour quelques servants de la maison.

Frappant légèrement, quasiment de manière inaudible, elle entrouvrit la porte et s’y glissa, quand elle crut entendre une voix demandant qui était là, la voix si chère de sa cousine. Elle ne savait pas réellement ce que trahissait son visage, mais il ne devait pas être joli à voir. Elle espérait réussir, au moins un peu, à dissimuler sa détresse malgré tout. Hésitant, elle inspira grandement, avant de saisir la brosse qui était dans la main de sa cousine. Comme lorsqu’elles étaient dans le Nord, et qu’elle venait de recevoir une lettre de son Père, du Roi. Leur détresse était alors tout autre, mais pas moins forte. Du moins semblait-il à Lynara. Soupirant, elle essayait de trouver les mots, alors qu’elle coiffait ses cheveux, geste qu’elle n’avait plus effectué depuis une éternité – du moins lui semblait-il. Elle n’avait plus réellement quoi que ce soit à faire, sa cousine ayant déjà pris soin de ses cheveux. Reposant la brosse, elle se détourna un instant, avant de finir par s’appuyer sur la splendide coiffeuse présente dans la chambre conjugale. Rougissant légèrement à cette pensée, elle finit par déglutir, et tenter de confronter Jeyne.

« Je… »

Lynara ne trouvait pas ses mots, et ne savait pas comment amener ce sujet. Jeyne savait, de toute façon, c’était certain, ce qui la tracassait. Mais elle ne pouvait lui demander de la libérer de ce fardeau qui lui alourdissait le cœur.

« Je ne parviens pas à regretter, bien que je souffre et que mes pensées soient troubles… »

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyLun 13 Juin - 23:26

C'était étrange de me retrouver seule dans cette chambre qui nous accueillait d'ordinaire mon époux et moi-même... J'avais très peu dormi la nuit précédente... Parce que c'était la dernière en compagnie de Lyman avant qu'il ne parte régler un problème de taille avec l'un des vassaux des Lannister. En théorie, ce voyage n'avait rien de dangereux... Il avait une lourde escorte. Je ne devais donc pas m'inquiéter outre mesure pour sa sécurité. Et pourtant, je m'étais gorgée de sa présence la nuit précédente. J'ignorais combien de temps il serait absent. Cela pouvait aller de quelques jours, à quelques semaines... Tout dépendait de l’accueil réservé au prince héritier et sa façon de rendre justice. J'aurais adoré qu'il m'emmène avec lui. Malheureusement, il n'en avait jamais été question. Il avait beau m'assurer qu'il était en sécurité et que les choses se passeraient bien, cela n'était tout de même pas assez sûr pour que je vienne avec lui. Je détestais cette impression d'être retenue dans une jolie cage dorée. Pour mon bien. Pourtant, j'avais su ravaler ce sentiment amer et ne pas m'opposer aux exigences de mon époux. Je ne souhaitais pas lui faire la guerre et dans ce cas de figure, il aurait été puéril et déraisonnable d'insister. Pour gagner le respect et la confiance de Lyman, je devais m'en montrer digne et tempêter comme une enfant capricieuse ne m'aiderait pas, aussi fort ai été le besoin de signifier mon désaccord.

Le petit matin était venu bien trop vite... Je savais qu'il avait besoin de repos pour débuter le voyage, mais je n'avais pu me résoudre à perdre des heures précieuses en dormant. Et a priori, cela ne l'avait pas dérangé que je sois d'humeur câline cette nuit... J'étais fourbue et endolorie ce matin, des courbatures qui ne m'avaient pas réellement quitté de la journée. J'avais tant bien que mal essayé de me changer les idées, mais l'absence de Lyman me pesait et laissait un grand vide. Quand bien même nous n'étions pas souvent ensemble la journée, il était là et nous pouvions nous croiser souvent, échanger des regards et mêmes quelques conversations avant que chacun ne soit rappelé à ses tâches. J'avais eu des difficultés à me concentrer. Si je lui avais fait mes au revoir dans l'intimité de notre chambre, je m'étais montrée plus distante lors de leur départ dans la Cour, restant digne, alors que j'aurais aimé échangé un dernier baiser avec lui. Ce qui n'était point convenable en ces lieux n'est-ce pas ?

Désormais, il fallait préparer le mariage de Megara avec Gareth et je me lançais à cœur perdu dans cette entreprise, forte de ma propre expérience. C'était plus délicat ici, alors que j'étais en terrain inconnu, mais je refusais de me laisser impressionner par ma belle-mère. J'apprenais aussi à connaître Megara. Maintenant que je savais son terrible secret, j'avais tendance à la considérer d'un œil nouveau, interprétant son comportement autrement. Je me montrais davantage avenante avec elle, ne me laissant plus impressionner par son attitude lointaine. En cela, elle ressemblait à sa mère, mais la cause était bien différente.

Seulement, maintenant que je me retrouvais seule dans cette chambre vide, l'absence me poignardait le cœur. Je ne pensais pas que mon époux avait prit autant d'importance dans ma vie. Mais elle s'articulait autour de lui, ce qui me déplaisait dans un sens. Je détestais être ainsi dépendante. Mais malgré tous mes efforts pour cesser de me languir, le manque demeurait. J'étais épuisée, mais la perspective de me coucher seule dans le grand lit froid me rebutait. Je traînais donc, essayant de lire, de me divertir... Jusqu'à ce que l'on frappe à la porte, me surprenant. Qui pouvait bien frapper à cette heure ? La soirée était déjà bien avancée... Mais un sourire fleurit sur mes lèvres en voyant Lynara se glisser dans la chambre. Je n'étais pas seule à souffrir de ce départ. Gareth était parti lui aussi. Mais là où mon sentiment était légitime, celui de Lynara se devait d'être étouffé. Masqué. Gareth allait se marier à la fille du roi après tout. Il n'y avait plus de place dans sa vie pour Lynara Karstark. Et elle le savait pertinemment... Je m'étais montrée discrète à ce sujet, ne cherchant pas à forcer les confidences de ma cousine, quand bien même je savais quelle plaie béante était son cœur désormais.

Et ce soir, elle semblait prête à s'épancher.

Elle avança sans un mot, prenant ma brosse pour me coiffer, bien que le travail ai déjà été fait. Cela ne dura qu'une poignée de minutes, dans un silence pesant. Puis, elle se décida à parler. Je me levais alors pour la prendre dans mes bras.

« Oh Lyna, j'aurais tellement aimé qu'il en soit autrement. »

Du fond du cœur, j'aurais aimé lui épargner cette souffrance. Peut-être n'aurais-je pas du l'emmener ici avec moi... Dans le Nord, elle aurait oublié Gareth au lieu de se rapprocher de lui et lui offrir son cœur... Je la relâchais, repoussant quelques mèches de son visage avec douceur et bienveillance. Je pris ses mains et l'attirais vers le lit pas encore défait, m'asseyant et l'invitant à faire de même, sans pour autant lâcher ses mains.

« Je suis là, je serais toujours là, tu le sais, on s'est promis de veiller l'une sur l'autre... »

J'aurais aimé pouvoir lui expliquer ce mariage. La réelle raison. Mais c'était un secret, Lyman m'avait fait confiance et mes lèvres étaient scellées. Je me demandais alors jusqu'à quel point Lynara et Gareth s'étaient rapprochés au cours des dernières semaines...

« Je voudrais tellement guérir ton cœur... »

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyLun 20 Juin - 0:53

Elle hésita, devant la porte, pas certaine de pouvoir ou devoir entrer. Comment pouvait-elle se confronter à sa cousine, dans l’état dans lequel elle se trouvait ? Et en même temps, à qui pourrait-elle se confier, si ce n’était à Jeyne ? Soupirant, elle finit par prendre son courage à deux mains, et par frapper légèrement à la porte avant de l’ouvrir avec tout autant de retenue. Et de voir Jeyne, là, à cette place, telle qu’elle l’avait été dans le Nord… Tout cela raviva ses émotions, et même si elle ne savait pas du tout comment formuler les choses, elle parlait. Un peu. À peine. Qu’aurait-elle pu dire, de simplement recevable ? Rien, probablement. Mais l’étreinte de Jeyne remplaçait tous les mots, et elle s’y abandonna, réconfortée par cette tendresse dont sa cousine faisait preuve envers elle. Elle aurait pourtant mérité qu’elle lui dise qu’elle avait été sotte, qu’elle avait manqué de ce discernement qu’elle pensait tant avoir, mais elle ne faisait rien de cela, pourtant. Non, elle essayait d’avoir des propos réconfortants, doux. Si Lynara craignait de s’abandonner à son chagrin, elle n’allait pas résister bien longtemps, auprès de sa princesse si compréhensive.

« Je suis la seule coupable, et j’étais supposée savoir plus de choses que cela. Pas… pas être aussi… idiote. »

Car c’était ainsi qu’elle se considérait, en l’instant, alors que les douces paroles de Jeyne lui soutiraient de lourds sanglots, la jeune Karstark étant incapable de faire taire plus longtemps sa tristesse. Pourquoi avait-elle continué à le voir, et pourquoi avait-elle contribué à créer cette situation impossible ? Elle aurait mieux fait de cesser de le voir, et de ne pas requérir sa présence. Si ce n’était dans le Nord, au moins après avoir appris ses fiançailles, à leur arrivée ici. Elle n’aurait pas eu le cœur si lourd, en l’instant, de le savoir encore attaché à elle, et malgré tout amené à concrétiser cette union. C’était à n’y rien comprendre, et elle était complètement déboussolée, en plus d’être meurtrie.

Elle se sentit encore plus démunie, alors que Jeyne s’éloignait d’elle, mais bien vite ses mains sur son visage puis dans les siennes aidèrent à atténuer cette sensation fort désagréable. Elle s’assit, sagement, pressant plus que de raison les mains de son amie et sœur – elle n’avait nullement la force de les serrer de manière douloureuse, elle essayait simplement de puiser de la force en elles. Soupirant, elle déglutit difficilement.

« Je n’en ai jamais douté. Et je veillerai toujours sur toi, moi aussi, comme je te l’ai promis… Mais je ne peux pas t’infliger le poids de mes propres erreurs. Pas alors que tu dois avoir tant à faire, tant à penser… »

Elle devait après tout se faire sa place et faire ses preuves, dans cette cour étrangère et étrange, où elle ne pouvait savoir en qui avoir confiance. Sauf en les princesses, ou du moins Lynara l’espérait-elle mais leur comportement semblait le prouver, et en Alys. Cette pensée lui fit mal, et lui soutira une grimace, en plus des paroles de Jeyne.

« Je ne suis pas sûre que ça soit possible... Pas si je ne prends pas époux, et ne cesse pas de le voir. Et si je peux faire le premier, si je dois le faire, cesser de le voir veut dire cesser de te voir. Et je ne renoncerai jamais à ma place à tes côtés, à ce soutien que tu m’apportes et à celui que je veux te donner. Pour quoi que ce soit. »

Aussi blessée soit-elle, triste aussi, elle ne pourrait en plus fuir son devoir et abandonner Jeyne. Pas seulement parce qu’elle était la princesse qu’elle devait servir et souhaitait servir toute sa vie, mais surtout parce qu’elle était celle qui était devenue une sœur pour elle, et qui avait toute son affection. Toute sa loyauté.

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptySam 30 Juil - 17:16

Oui, j'aurais aimé pouvoir lui épargner ce chagrin qui lui broyait le cœur. Bien sûr qu'elle était la seule coupable. Qu'elle n'avait pas écouté la voix de la raison qui lui soufflait la prudence, de garder ses distances avec un homme qui ne lui était pas destiné. Mais c'était tellement facile de juger quand les sentiments ne venaient pas tout embrouiller. Non, je ne la pensais pas idiote. Son cœur l'avait trahi et elle n'avait pas pu lutter contre... Qui y parvenait en vérité ? Bien peu de personnes.

« Tu n'es pas idiote, Lyna. Tu es amoureuse. »

Bon pour beaucoup, cela revenait un peu au même. Je m'en voulais également. De ne pas être intervenue, de ne pas avoir su arrêter ce jeu de séduction entre eux. Ce qui m'empêchait de passer mes nerfs sur Gareth, c'était l'absolue certitude que son cœur était tout aussi blessé que celui de Lynara. Pour autant, il était plus âgé, bien plus rompu qu'elle à ces jeux cruels. Il aurait du la ménager, s'éloigner d'elle quand il avait deviné que ce n'était plus un petit jeu sans conséquences... Et moi, j'aurais du mettre les points sur les i quand j'avais discuté avec lui. J'aurais du lui dire de cesser, de s'éloigner d'elle... Au lieu de cela, j'avais compris qu'il répugnait à s'en faire détester. Parce que je pensais sincèrement que cela n'aurait pas été plus bénéfique que la situation actuelle. C'était pire de s'apercevoir que l'homme pour lequel son cœur battait était un salaud, que de savoir qu'il était promis à une autre, non ? Peut-être m'étais-je trompée... Que savais-je de tout cela après tout ? Lyman avait sans doute raison de ne pas se mêler de tout cela... mais était-ce bien le cas ? N'avait-il jamais discuté avec Gareth de cette idylle ? En tous les cas, cela n'était rien comparé à la raison d'état. Et dire que je ne pouvais même pas dire à Lynara les raisons de ce mariage... C'était un secret. Lyman me l'avait confié, je ne le trahirais pas, même si j'avais toute confiance en ma cousine. Question de principe.

J'attirais Lynara sur le lit, lui assurant mon soutien. Et comme je m'en doutais, elle m'assura du sien, et culpabilisa de m'infliger son fardeau quand j'avais déjà tant de choses à faire et penser. Je souris doucement, secouant la tête pour démentir ses paroles. Ah... Pourquoi ne comprenait-elle pas qu'elle avait tout autant d'importance que ce que demandaient de moi mes devoirs de princesses ?

« Lyna... Arrête de dire des sottises. Ton bien être est tout aussi important que le reste. Et au moins, j'ai l'impression d'être vraiment utile. »

Je ne pouvais dissimuler tout à fait l'amertume dans ma voix. Jordane me laissait faire bien des choses, mais c'était elle la reine du Roc et je restais une élève en apprentissage. Je n'étais pas indispensable. Alors que je l'étais auprès de Lynara. C'était aussi simple que cela. Je lui glissais pourtant mon désarroi d'être impuissante à l'aider. Lynara était lucide concernant la situation. Il lui fallait un époux... Quant à ne plus voir Gareth... Il resterait à Castral Roc, auprès de son épouse. Megara. Pour Lynara... Elle suivrait son époux si on lui en donnait un. Et je la perdrais. Lynara devait penser exactement la même chose, car aussi vite, elle assura qu'elle voulait rester ici, même si c'était demeurer auprès de Gareth également. Comment guérir dans ce cas ?

« Ton bonheur passe avant n'importe quel devoir, tu le sais. Si il y avait une chance que tu l'oublies et sois heureuse avec un autre, je te forcerais à la saisir, même si cela devait t'éloigner de moi. Parce que je préfère te savoir heureuse ailleurs, que malheureuse auprès de moi. »

J'avais parlé avec gravité. Je ne la rejetais pas, loin de là. Et chaque parole me lacérait le cœur à l'idée de la perdre elle aussi, comme j'avais déjà perdu tous mes repères et toute ma famille. Mais si c'était pour revoir son sourire, son enthousiasme, pour qu'elle aime de nouveau ou du moins, ne soit pas malheureuse, pour avoir des enfants qu'elle chérirait, alors je consentirais sans hésiter à ce sacrifice.

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyLun 22 Aoû - 21:19

Pas idiote, mais seulement amoureuse ? N’était-ce pas presque identique ? Il lui semblait que si, et elle aurait voulu se convaincre que non, que tout n’était pas sa faute, mais elle en était bien incapable. Elle n’était pas sûre d’y arriver, un jour. Soupirant, elle vida son sac, bien involontairement. Difficilement, aussi. Elle s’abandonna pourtant aux bras rassurants de Jeyne, les seuls capables de l’apaiser, même si c’était pour un temps limité. Elle était reconnaissante à sa cousine de s’occuper d’elle, alors qu’elle aurait voulu se montrer forte et être là pour elle, aurait du agir ainsi, plutôt que l’inverse. Mais elle savait que la raison n’avait pas sa place ici – sinon, elle ne serait pas affligée par cette peine forte et cruelle. Dont elle était coupable. Elle grimaça, réalisant que ses sanglots devaient se sécher sur la robe de nuit de Jeyne, autant que sur sa propre robe à elle. Elle lui en ferait porter une nouvelle, plus tard – elles avaient souvent eu recours à cette excuse pour s’en offrir, bien que les leurs soient incroyablement facilement et bien lavées par leurs suivantes. Ce souvenir lui arracha un petit sourire, à demi masqué par la peine bien visible sur son visage elle aussi.

Elle se fait bien plus sérieuse, cependant, en entendant la… rancœur, dans la voix de Jeyne. Elle était compréhensible. Elle était seule femme de la famille royale à Winterfell, elle régentait tout, et là… elle se trouvait sous la gouverne d’une femme puissante, et qui semblait apprécier sa place. Lynara l’avait bien vue, alors qu’elle-même était conviée à l’apprentissage de Jeyne. Elle n’était pas mise en avant, de toute évidence, mais elle apprenait beaucoup aussi. C’était cependant très différent, et probablement frustrant pour Jeyne, de se voir ainsi contrainte à obéir – même à ce qu’elle ne cautionnait pas.

« Tu seras Reine, un jour. Tu seras plus grande et majestueuse que la Reine Jordane – sans vouloir l’offenser -, parce que tu auras appris rudement au Nord, et que tu auras suivi son enseignement. Tu seras une grande Reine, vers qui tous se tourneront. Et que tous seront fiers d’avoir pour Reine. Moi la première. Je te suis fidèle depuis toujours, et je le resterais. »

Même si elle savait que ce serait difficile, impossible même peut-être, de rester en présence de Gareth. Mais elle n’en avait pas le choix, et jamais elle ne laisserait ses erreurs, ses errances, changer cela. Elle serait à jamais à côté de Jeyne. Et elle ne reviendrait pas sur cette décision.

« Je ne dois pas le faire, je veux le faire. Ou, si je dois le faire, ça reste avant tout mon désir le plus profond. Ni plus, ni moins. Je vivrais tout aussi durement de te quitter, Jeyne… Mais je ne sais guère qui épouser, par ici. Qui serait… à la hauteur des attentes de mon père. Digne de notre famille. Je comptais demander son soutien à la Reine… Je l’ai fait, à vrai dire, dans l’optique de pouvoir te soutenir, et que ton époux et toi vous ayez une personne fidèle et de confiance à vos côtés, à jamais. Je pense que c’est ça, qui l’a convaincue… Mais je ne sais tout de ême pas qui pourrait prendre ce rôle et ne pas être… trop dur. »

Elle grimaça, malgré elle, regardant sa cousine, sa sœur, avec bien de l’appréhension.

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyMar 30 Aoû - 15:34

Ce n'était sans doute pas très intelligent de me plaindre auprès de ma cousine de ma position à la Cour du Roc. Parce que je n'avais pas de quoi être malheureuse et cela n'avait pas de commune mesure avec un cœur brisé. Mais je n'avais pas pu retenir ce petit commentaire sarcastique. J'avais été la Dame de Winterfell à la mort de ma mère. Voilà que je passais au second plan et que j'avais tout à apprendre de nouveau, comme une petite fille. Intellectuellement, je savais que c'était nécessaire et je ne pouvais pas en vouloir à ma belle-mère. Au contraire, elle se montrait accueillante et bienveillante avec moi et c'était bien davantage que tout ce que j'aurais pu espérer de la Lionne du Roc. Mais cela n'empêchait pas de nourrir quelque ressentiment à me voir régresser ainsi. Mais quelque part, je me disais aussi que cela permettait à Lynara de penser à autre chose et de me réconforter, elle se sentirait ainsi moins inutile et coupable de s'être mise dans cette situation. Je l'aurais bien encouragée à me parler de sa situation et de ses états d'âme, mais quelque chose me disait qu'elle n'était pas vraiment prête à se livrer totalement à moi. De sa relation avec Gareth, j'ignorais tout. Je savais qu'ils s'appréciaient, voire davantage... mais jusqu'où s'étaient-ils montrés leur inclination ? Des baisers ? Pas davantage, Lynara ne l'aurait pas permis. Sur ce point, nous étions semblables... pourtant... même si jamais je n'aurais perdu ma vertu avant mon mariage, Lyman avait su me faire perdre la tête... Sans pour autant aller jusqu'au bout alors que j'étais presque prête à le supplier d'éteindre ce feu en moi... Lynara avait-elle aussi connu cette passion dévorante ? Ou bien était-ce un amour platonique et pur, un peu idéalisé ?

Je souris, amusée par la réponse de ma cousine, qui n'était pas très objective à ce sujet, mais cela faisait du bien d'avoir quelqu'un qui vous faisait confiance. J'ignorais si c'étaient là parole prophétiques ou simplement une façon de me remonter le moral, mais ça me touchait, forcément. Cette confiance aveugle. Cette fois inébranlable. Cette loyauté indéfectible.

« Que les dieux t'entendent... Je ne cours pas après la gloire et ne cherche pas à être inscrite dans l'Histoire, pourtant, il est plaisant de me dire qu'une Stark sera une grande Lannister, plus encore que les natives de l'Ouest... Est-ce là de la vanité ? »

Oui sans doute. De la fierté, exacerbée aussi. Mais je savais d'où je venais et je n'avais pas l'intention de l'oublier un jour. J'étais une louve, mon cœur appartenait au Nord et j'avais à cœur de montrer de quoi une princesse nordienne était capable, après les vilains préjugés dont j'avais été la victime. Une barbare poilue ? Imbéciles... Ce serait ma revanche, tout simplement. Et je ferais la fierté de mon père. Et savoir que Lynara serait à mes côtés m'était d'un grand réconfort, mais si la faire partir pouvait lui assurer son bonheur, alors je le ferais, quitte à en avoir le cœur brisé. Pourtant, elle refusa cette idée. Et aborda le sujet de son futur mariage, pour rester ici. Un ouestrien naturellement, pour l'empêcher de repartir dans le Nord, mais qui devrait convenir à sa famille.

« J'en parlerais avec Lyman si tu m'y autorises. Il connaît tous les bons partis de l'Ouest. Et nous ferons en sorte de te trouver un homme bon, de belle allure, qui saura te faire de nouveau sourire, Lyna. Je te le promet. »

Ma main caressa doucement sa joue alors que je parlais. C'était une conversation terrible en fait... Nous parlions de trouver un palliatif à Gareth ni plus, ni moins. Ce n'était guère plus charitable pour le futur élu qui devrait se confronter au souvenir d'un autre homme.

« Lyna... Tu as le droit de me dire que ce ne sont pas mes affaires mais... Jusqu'où cela est allé avec Gareth ? »

Je ne remettais pas sa virginité en doute et j'espérais qu'elle n'allait pas s'offusquer de ma question un peu brutale. Mais je souhaitais mesurer l'étendue des dégâts.

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptySam 24 Sep - 19:33

C’était égoïstement réconfortant, pour Lynara, de savoir qu’elle n’était pas la seule à souffrir de ce déracinement qui était le leur – même si c’était pour des raisons bien différentes et particulières, et que ça n’était pas réellement de quitter Winterfell qui les attristait. Oh, les terres froides et qui semblaient hostiles à bien des gens devaient leur manquer, très certainement, mais ce qui altérait leur humeur ne provenait pas de là. Pas principalement. Lynara aurait très certainement été malheureuse, en restant à Winterfell sans sa cousine, quand bien même être confrontée à Gareth quotidiennement lui était difficile ici. Il lui était infiniment moins délicat de penser à sa cousine, et de la rassurer. Il en avait toujours été ainsi, et cela suffirait à la réconforter, et à la distraire. Elle savait que ses pensées reviendraient sur ce sujet douloureux et s’y attarderaient plus que de raison, mais les états d’âme de la cousine qu’elle aimait tendrement, de celle qui était la sœur qu’elle n’avait jamais eue, dispersaient toute autre préoccupation. Pour le moment.

Elle rendit son sourire à sa cousine – que ça lui faisait chaud au cœur, de la voir capable de réagir ainsi malgré tout. C’était l’essentiel, n’est-ce pas ? Qu’elle ne trouve pas les changements auxquels elle était confrontée difficiles au point de ne pas pouvoir sourire ? « Mais tu le seras, j’en suis persuadée. Ne serait-ce que parce que la Louve aura dompté le Lion, et se sera fait aimer de l’Ouest. Et ensuite, pour tes prouesses, et avoir réussi à te montrer digne de la Reine Jordane. Je suis persuadée que, vanité ou non, tu y parviendras. Mais peut-être est-ce ma propre vanité qui parle, que de vouloir que ma cousine s’illustre et soit connue de tous, reconnue pour sa sagacité et la grandeur dont elle fait preuve. »

Sûrement même. Mais Lynara acceptait cela, sans sourciller. Elle se savait quelque peu orgueilleuse, et n’en niait rien. Même si ça n’était pas réellement ce trait de caractère qui ressortait le plus, actuellement. Elle grimaça, cependant, alors que Jeyne envisageait de lui trouver un homme qui la ferait sourire… Était-ce seulement possible ? Le désirait-elle seulement ? Sûrement, bien qu’elle ne soit pas prête à l’accepter.

« Bien sûr. S’il accepte de nous aider… Sa Majesté Jordane m’a déjà assuré qu’elle soutiendrait une belle union pour moi, si je me mariais dans l’Ouest, mais tout appui est bon à avoir, n’est-ce pas ? Toute aide, pour trouver quelqu’un qui ne s’avère pas effrayant… Mais ne devrais-je pas tenter de trouver quelqu’un de gentil, tout simplement, plutôt que de meurtrir un peu plus mon cœur ? » Il lui coutait de reconnaître ce fait, et que ce dernier n’était pas encore guéri. Mais si quelqu’un pouvait entendre une telle confession, c’était sa cousine, très certainement. Sa main l’apaisait, la poussant à avouer tout cela, pourtant. Lynara tressaillait malgré tout sous les doigts qui caressait tendrement sa joue, en entendant la question de sa cousine… C’était ses affaires, bien évidemment, mais ça n’en rendait pas plus facile cet échange. « Il m’a… Dans la roukerie, il s’est beaucoup trop rapproché, me… me faisant ressentir des choses que je n’avais jamais ressenties. Il n’a pas… Nous n’avons pas… Il est parti, mais c’était difficile… Plaisant… Cruel… Je ne l’ai pas revu. » Les larmes ornèrent les joues de la Karstark, comme tant de fois dernièrement. Que les Dieux pouvaient se montrer cruels.

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyLun 24 Oct - 20:14

Ma petite Lynara. Ma sœur de cœur. Mon pilier, ma confidente. Comme sa tristesse me faisait mal. Ses peines étaient les miennes et réciproquement. Ses joies étaient également mes joies. Malheureusement, pour le moment, il n'y avait pas grand chose pour égayer son quotidien. Elle m'avait suivie ici, par devoir, par fidélité, par amitié. Je ne l'y avais pas obligée, même si je l'avais vivement souhaité, naturellement, réticente à me séparer de tout ce qui avait fait mon bonheur durant les 16 premières années de ma vie. Lynara demeurait mon seul lien avec le Nord. Le seul lien tangible. Une partie de mon enfance... Et elle était malheureuse ici... Je m'inquiétais de l'absence de mon époux, naturellement. Ce qui n'était qu'un petit soulèvement pouvait très vite dégénérer. La colère et le désespoir rendaient les gueux dangereux. Mais il ne fallait pas froisser la noblesse pour autant. Un exercice périlleux auquel devait se soumettre Lyman. Et moi... Et bien, je demeurais là, à préparer le mariage de sa sœur avec l'homme dont ma cousine était éprise... Je me demandais si j'avais une tête d'organisatrice de mariage pour être ainsi dans les préparatifs de deux d'entre eux, dont le mien. Mais au moins, j'avais plutôt réussi le premier pour qu'on me convie à organiser le second non ?

J'étais contente d'entendre Lynara avoir confiance en moi, même si elle était quelque peu de parti prit. Mais cela faisait du bien de recevoir des encouragements, même si je ne devais pas tout prendre pour argent comptant. Je ris même quand elle avoua que c'était peut-être de la vanité de sa part de vouloir que je les éblouisse tous.

« N'en jette plus, je ne vais plus savoir où me mettre ! »

Mon sourire se fit malicieux, alors que j'ajoutais :

« Tu sais, si je deviens un jour cette grande reine, ce ne sera pas seule, mais grâce à des gens comme toi. »

Il fallait être bien entouré pour atteindre la grandeur. Je n'aurais sans doute jamais la Majesté froide et distante de Jordane Lannister. Mais je pouvais être une grande reine. Je ne manquais pas de confiance en moi, j'avais été éduquée comme la princesse que j'étais, même si j'avais beaucoup de lacunes concernant les coutumes de l'Ouest et le genre de souverains dont ils avaient besoin. J'étais sans doute un peu trop rustre pour eux. Entière et sans concessions, quand ils n'étaient qu'en diplomatie et pourparlers.

Quoiqu'il en soit, ma position était assez inconfortable. Je préparais donc le mariage de la rivale de Lynara, en quelques sortes. C'était stupide de penser ainsi, une noble du Nord ne pouvait rivaliser avec une princesse de l'Ouest, mais c'était tout de même le sentiment qui m'habitait. Et le pire... t bien, c'était que je ne pouvais même pas détester Megara. Je savais quel mal la rongeait. Et c'était quelqu'un de bien. Lynara allait devoir tirer un trait sur Gareth. Y avait-il de l'espoir que je lui trouve un mari ici, qui pourrait la combler et lui faire oublier le Kenning ?

« Peut-être... Mais te contenteras-tu de quelqu'un de gentil désormais ? »

Alors qu'elle avait connu la passion ? Le coup de cœur ? Un mari juste gentil et attentionné risquait de lui paraître bien fade. Je savais, avec mon tempérament, que c'était quelque chose de bien triste pour moi. Heureusement, mon union était placée sous de bons auspices et la passion se révélait dans le lit. Cela me manquait énormément d'ailleurs.

« Je sais que c'est difficile de souffrir, Lyna, mais peux-tu vivre simplement en demi-teinte ? »

Possible... Après tout, nous autres, femmes, nous faisons ce qu'on nous demandait. Et rares étaient les mariages heureux et épanouis. Qu'elle trouve la passion chez un autre tenait du miracle, mais... pourquoi pas ? Pourtant, alors que je câlinais Lynara, celle-ci se confia à moi et je suspendis mon geste à ses premières paroles, blêmissant soudainement en croyant comprendre. Oh non, ils n'avaient quand même pas... Mais non, je fus vite rassurée. Les dieux soient loués ! Elle n'avait pas commis l'irréparable ! Et je savais que c'était difficile...

« Ah Lyna... »

J'avais un ton presque maternel. Parce que même si j'étais la plus jeune, sur ce sujet, et bien... j'étais la plus expérimentée. J'essuyais doucement ses larmes, tout en avouant :

« Je sais. Je l'ai expérimenté. Avec Lyman. Avant qu'on se marie. Il a éveillé un brasier en moi et m'a laissée ainsi. Parce que l’éteindre aurait été me compromettre. »

Oh oui, comme je la comprenais. Et il l'avait laissée frustrée... Moi, je savais que Lyman finirait par m'éveiller vraiment au désir. Alors que jamais Gareth ne le ferait avec Lynara. C'était si difficile de lui cacher les réelles raisons de ce mariage.

« Une femme peut aimer plusieurs fois dans sa vie. Et les peines du cœur finissent par guérir, sans être oubliées... oh je suis tellement désolée que tu ailles si mal ma Lyna. »

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyDim 6 Nov - 21:59

Un léger sourire orna ses lèvres, à entendre sa cousine plaisanter sur les compliments qu’elle lui faisait. Elle savait pourtant très bien les accepter – de la part de flagorneurs, qui voulaient l’avoir de son côté, du moins. À leur différence, Lynara était plus que sincère. Probablement plus que qui que ce soit ne pouvait se targuer de l’être, avec la Princesse du Nord. Princesse du Roc, aussi.

« Seulement si vous me l’ordonnez, Altesse. Sans quoi je ne peux vous assurer que je ne dirai plus rien de votre grandeur, et de vos prouesses ici. L’air embarrassé sur votre visage est trop plaisant à voir pour cela. »

Elle ne faisait que plaisanter, et qu’elle ait, même très légèrement, le cœur à le faire était plutôt positif, étant donné le peu de joie qu’il lui était donné d’avoir, ces derniers temps, non ? Elle se trouva cependant prise à son propre piège, alors que Jeyne retournait, d’une manière autre, les belles pensées que sa cousine avait eu pour elle.

« Et aussi longtemps que tu m’y autoriseras, je te soutiendrais, et serais à tes côtés. Je t’ai déjà fait ce serment, mais je suis prête à le refaire. Je sais que nous n’avons guère de chevaliers chez nous, et je ne suis pas certaine de goûter à ce titre bien souvent creux, et qui n’est de toute façon pas attribué aux femmes, mais je serai cela pour toi. À ma manière, avec mes armes. Tu as ma loyauté, mon soutien indéfectible, et mon affection pleine et entière. À jamais. »

Elle était devenue bien solennelle et bien sérieuse, l’ainée d’Arnaut Karstark, mais chacun des mots qu’elle prononçait était dit avec sincérité, et force, force d’âme, force de conviction. Jamais Jeyne n’aurait aussi fidèle soutien, à ses yeux. Et c’était bien pour cela, qu’elle se refusait à baisser les bras, à abandonner sa place dans l’Ouest, à ses côtés. Elle l’avait si souvent dit, en était totalement convaincue, même si le peu de félicité qu’elle avait pu obtenir ici la poussait à le reconsidérer. Elle savait tout de même être à l’endroit où il convenait qu’elle soit. Il ne lui en était pas pour autant moins douloureux de parler de Gareth… Elle déglutit, entendant ses questions, incapable de répondre pour un temps. Un temps qui lui semblait bien trop long.

« Ais-je le choix, ais-je réellement le choix ? Je n’épouserai jamais Gareth Kenning. Je ne pourrais jamais connaître quoi que ce soit avec lui. Ce serait… scandaleux, une offense. Une honte irréparable. Et comment penser que je ne vivrais pas en demi-teinte ? Quelle autre option s’offre à moi ? Tu n’en es pas coupable, ce n’est pas mon cas non plus mais, Jeyne… Il va épouser une princesse. Qu’il connaît depuis toujours. Peut-être l’aime-t-il déjà. Peut-être lui a-t-il offert des baisers, aussi renversant que ceux qu’il m’a offerts. Peut-être même m’a-t-il oubliée. Que suis-je, en comparaison avec elle ? »

Sinon l’idiote qui a, comme beaucoup avant elles probablement succombé à sa gentillesse, son sourire, ses traits d’humour ? Elle était injuste envers lui, mais l’amertume dans sa voix, la détresse et même la légère jalousie ne l’aidaient pas à y voir clair. Elle ne pouvait pas agir, répondre autrement. Elle n’était même pas consciente de l’étendue de ses propos, de ce qu’elle pouvait faire comprendre à Jeyne, alors qu’elle s’exprimait sans crainte et sans retenue. La situation aurait été autre, qu’elle aurait sourit doucement en entendant Jeyne lui parler. Prendre la place qu’elle avait tenue pour la princesse, des années durant.

« Comment peux-tu affirmer cela ? As-tu jamais aimé, avant Lyman ? L’aimes-tu seulement ? » Elle ressentait de la tendresse, de l’affection pour lui, cela Lyna en était certaine, mais était-ce réellement de l’amour ? Savaient-elles seulement, l’une et l’autre, ce qu’était l’amour ? Elle aurait souhaité que non. Elle aurait souhaité s’imaginer que c’en était. Mais au fond, elle savait bien que non. « Es-tu sûre que je l’aime ? Que ce soit ça ? Cette douleur extrême, que je ressens ? » Comment cela pouvait-il être le cas ?

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyMer 9 Nov - 17:05

Je partis d'un léger rire alors que Lynara persistait et signait dans les compliments, non sans me taquiner au passage alors que j'étais quelque peu embarrassée. J'étais habituée à être flattée, forcément, j'étais une princesse. Mais là, avec ma cousine, c'était différent. Elle n'avait rien à gagner. Et elle renouvelait sa loyauté et son service auprès de moi, alors même que la vie dans l'Ouest ne lui avait apporté que de la tristesse et des désillusions. Elle pouvait bien donner le change auprès des autres, je la connaissais suffisamment pour ne pas retrouver la jeune femme gaie que je connaissais. L'Ouest ne lui valait rien. Et comment espérer que son cœur guérisse en la laissant ici, à voir celui dont elle était éprise s'unir avec une autre, devenir son épouse ? Il fallait sans doute s'éloigner pour pouvoir penser à autre chose non ? J'aurais du lui ordonner de retourner dans le Nord, pour son propre bien. Elle ne pouvait pas refuser un ordre direct de ma part mais... Mais égoïstement, j'avais aussi besoin d'elle auprès de moi et j'étais rassurée de l'entendre me jurer une telle fidélité, comme les chevaliers pouvaient le faire.

« Je t'aime Lyna. »

C'était dit avec de l'émotion dans ma voix, forcément. L'air était saturé d'émotion. J'étais sans doute trop sensible à sa détresse. A ces sacrifices qu'elle consentait à faire pour moi. Méritais-je une telle abnégation ? Sans doute pas. Qui le méritait ? Et je repensais à Gareth, qui avait accepté d'épouser une femme qui ne lui serait pas forcément fidèle, parce qu'elle avait des pulsions sexuelles incontrôlables. Lui aussi était tout dévoué à son prince. Et il en était bien récompensé... J'étais amère. Je ne pouvais que trouver un époux convenable à Lynara, qui saurait ramener un peu de chaleur dans son cœur. Je voulais qu'elle connaisse de nouveau la passion sous les baisers d'un homme. Je ne supportais pas l'idée qu'elle se marie avec un homme qui lui serait totalement indifférent. Rien que de l'imaginer dans cette forteresse de solitude me broyait le cœur... Et voilà que les questions se bousculaient au sujet de cet homme qui avait très bien pu s'amuser avec elle, peut-être regretter que les choses tournent ainsi, mais qui allait en faire son deuil, plus rapidement qu'elle et se retrouver fort heureux d'épouser la sublime princesse de l'Ouest. N'avais-je pas moi-même encouragé Gareth à faire en sorte que les choses fonctionnent avec Megara et à y trouver son compte ? Avais-je trahi Lynara ?

« Je pense que Gareth tient sincèrement à toi. Mais son devoir envers la famille royale passe avant tout. Je suppose qu'il a fait le même serment que tu m'as fait à Lyman. Et s'il est un tant soit peu intelligent, il essaiera de faire en sorte que son union avec Megara fonctionne, naturellement... Lyna, comment aurais-tu réagi si je t'avais ordonné d'épouser un autre homme que Gareth alors qu'il demeurait libre ? »

Parce que c'était exactement ce qu'il s'était passé. Il n'avait pas eu le choix. C'était sans doute plus simple pour elle de le haïr en cet instant, même si c'était injuste. Je haussais les épaules, un peu amère :

« Il demeure un homme, Lyna. Ses lèvres ont goûté bien des lèvres féminines, malheureusement. Comme celles de Lyman. »

Même si cela me faisait enrager. Mais je ne me faisais aucune illusion. Lyman avait eu des maîtresses avant moi. Il en aurait peut-être durant notre mariage... Il ne semblait pas particulièrement volage, mais... Je ne savais pas. Je ne voulais pas me bercer d'illusions. J'osais alors quelques paroles réconfortantes et rassurantes. Et restai bouche-bée face à la répartie de Lynara. Je me fermai brutalement, la regardant avec un air contrarié. Je n'étais plus habituée à ce qu'elle me cloue le bec ainsi. Pourtant, nos débuts avaient été houleux, quand nous étions enfants, avant d'apprendre à nous connaître. Lynara n'était pas dénuée de caractère et moi non plus, il y avait forcément des frictions. Je résistai pourtant à l'envie de répondre avec ironie. Elle était malheureuse.

« Je n'en sais rien. Il me semble avoir aimé Bowen, plus jeune, mais c'était un amour de fillette, de l'admiration sans doute... un coup de cœur. Avec Lyman... Je l'apprécie beaucoup. Il me manque quand il est absent. J'aime être avec lui, et dans ses bras. »

Je n'en dis pas davantage, inutile de remuer le couteau dans la plaie.

« Mais Lyna, combien de personnes ont connu ta situation ? Toutes ne se laissent pas dépérir. Et l'amour ne dure pas toujours. Il n'est pas toujours synonyme de bonheur non plus... regarde mes parents. Père était fou de Mère. Mais ils n'étaient pas forcément heureux pour autant... Je ne sais pas Lynara, mais j'aime à croire que tu peux trouver le bonheur ailleurs qu'en soupirant après un homme marié à une autre, c'est tout. »

Ma voix s'était faite un peu plus dure sur la fin. Elle ne devait pas se lamenter. Elle devait relever le menton et continuer d'avancer, fièrement. Je me radoucis, avant de répondre en caressant les cheveux de Lynara :

« Je ne suis sûre de rien. Mais je pense que cette douleur est celle d'un cœur brisé et d'espoirs piétinés, oui. »

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyMer 21 Déc - 0:14

Si le rire de Jeyne, combiné à sa gêne, amusait sa cousine et fidèle amie, ses mots d’amour la touchèrent bien plus qu’elle ne l’aurait pensé, tant elle ne s’y attendait pas, et ne s’attendait pas non plus à cette spontanéité. Elle la serra dans ses bras, sans rien dire, se contentant de cette étreinte qui trahissait l’intensité des émotions qu’elle ressentait en entendant ces simples mots. Elle la garda ainsi près d’elle pendant quelques secondes, un peu plus d’une minute peut-être.

« Moi aussi je t’aime, Jeyne. »

D’un amour que peu offriraient à Jeyne. Inconditionnel, et qui ne faiblirait pas. Lynara en était persuadée, et elle était tant attachée à sa cousine qu’il lui semblait inconcevable que quelqu’un supplante en son cœur la jeune nordienne – louve autant que lionne, maintenant. Le visage de Gareth s’imposa à son esprit, et son cœur se serra, en pensant à lui, et davantage encore en poursuivant la discussion avec sa cousine. Qu’il lui serait préférable d’être impassible, de se convaincre qu’elle l’était, même. Mais cela semblait impossible à la nordienne, et les propos de sa cousine ne l’amenaient pas à être davantage apaisée. Pas le moins du monde.

« Son devoir ? Comment ne pas croire qu’il apprécie cette union, pour ce qu’elle est ? Megara Lannister est belle, raffinée, une princesse… Douce, peut-être, aimante aussi, pour ce que j’en sais. Elle lui permet d’entrer réellement dans la famille de celui dont il est le plus proche. Pourquoi aurait-il du épouser la princesse, une si belle jeune fille, qui serait un cadeau pour tout homme à qui on la proposerait ? Je ne peux croire que ce soit son devoir, mais plutôt une récompense… Et ça lui brisait le cœur. Autant que d’admettre la vérité, à la question qu’elle lui posait. Bien qu’elle n’en comprenne pas les raisons. J’aurai bien évidemment obéi. Mais cela ne rend pas davantage acceptable le fait qu’il l’épouse, ou aisé pour moi. Et je peine à croire que c’est là un devoir – les motivations de ton époux et de son ami me restent incompréhensibles. »

Oui, elle peinait à l’avouer, mais c’était la réalité. Et ça n’exacerbait que plus encore la sensation d’être trahie ou qu’il s’était jouée d’elle. Elle avala difficilement l’air qu’elle respirait, manquant de s’étouffer bien malgré elle.

« Je… Je n’attends pas de lui qu’il ne le fasse pas. Ou peut-être que si. Mais je me doute bien qu’il l’a fait, de nombreuses fois. Ça n’est pas facile pour autant. Bien au contraire. Et les voir le faire… Même si ça n’a jamais été le cas. Oh, Jeyne… »

Si tu savais comme c’est douloureux. Si tu savais comme je souffre à l’idée que je doive le regarder être heureux et amoureux, sans que je le rende heureux moi-même. Elle ne prononça pas une de ces paroles, bien qu’elle les retienne difficilement, qu’elles lui crèvent le cœur, que la détresse soit plus que lisible sur son visage. Mais les mots qui surgissent ne valent guère mieux, durs et désagréables. Si elle en était consciente, elle s’en voudrait. Elle serait mortifiée, de répondre ainsi à celle qui ne veut que la consoler. Et ce qui transparaissait sur le visage de sa cousine ne laissait que peu de doute quant à l’accueil qu’elle faisait à ses paroles. La contrariété, la colère peut-être même. Et la douceur de sa voix… La douceur de sa voix, sa tendresse, abaissa les barrières de la nordienne en terre étrangère. Les larmes se mirent à couleur toute seule, alors qu’elle babillait, hoquetait, essayait d’articuler des mots qui ne passaient pas. Qu’elle écoutait, jalouse, presque, de ce que lui confiait Jeyne. Elle n’aurait pas du ressentir ça, ne devait pas l’envier. Mais c’était plus fort qu’elle. Elle sécha ses larmes, pourtant, alors qu’elle se faisait plus ferme. Moins sympathique. Vexée, presque, de s’entendre dire qu’elle était faible. Blessée dans son amour propre. Elle se renferma, un instant, avant de sentir une main apaisante sur ses cheveux.

« Je l’aimerai tellement, mais cette croyance me semble inaccessible… Je ne veux pas me morfondre. Je veux… rester ici. Être heureuse, à tes côtés, comme je l’étais à Winterfell. »

Elle soupira, se mordant la lèvre.

« Je ne sais pas, moi… Mais je souffre. »

Il lui était difficile de l’admettre. Et pourtant, elle avait soufflé ces mots, peu audibles, mais empreints d’une grande sincérité.

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptySam 7 Jan - 16:48

Que dire à Lynara ? Comment panser ses blessures ? Comment refermer la plaie sur son cœur ? Ses questions étaient légitimes et je regrettais soudain que ma mère ne soit pas à mes côtés, pour m'aider à rassurer mon amie, ma sœur. Mais après tout... Sigyn en aurait-elle été capable ? Je ne savais pas grand chose des qualités de ma mère et j'ignorais si elle était douée pour consoler les pleines de cœur, l'ayant perdu avant de pouvoir les éprouver. Trop jeune encore pour souffrir de ces maux là. Je me sentais quelque peu dépassée par les événements. Je ne savais pas grand chose de l'amour... Mon cœur ne s'était jamais emballé comme celui de Lynara pour Gareth. Si j'avais eu quelques sentiments pour Bowen, cela restait l'admiration et l'idéalisation d'une petite fille pour un chevalier qui lui semblait parfait. Depuis, j'avais grandi, mûri et cette admiration s'était muée en une profonde affection. Il était davantage un frère pour moi qu'un prétendant, même si, comme je le lui avais avoué, je n'aurais pas été opposée à l'idée de devenir sa femme.

« Lyna.... »

Je m'humectai les lèvres, ne sachant trop comment défendre Gareth pour ce coup. Oui, Megara était une récompense pour les avis extérieurs, parce qu'elle était beaucoup de choses qui pouvaient combler un homme. Mais elle avait aussi des défauts, dont un, en particulier, qui étaient assez rédhibitoire pourtant. Mais cela, je ne pouvais le dire.

« Il fait ce qu'on lui ordonne de faire. S'il avait eu le choix, il t'aurait choisie toi. Mais les choses ne sont jamais aussi simples. »

Et puis, il y avait quelque chose de terriblement naïf que de penser qu'il pourrait épouser la jeune Karsark au final. Il aurait pu tout aussi bien être promis à une autre noble de l'Ouest et le résultat aurait été sensiblement le même. J'accusais le coup quand elle ajouta que les motivations de Lyman et Gareth lui était incompréhensibles. Évidemment. Comme elles l'étaient pour tout le monde. Et cela resterait ainsi. Je soupirais, préférant ne pas répondre à ce sujet. J'étais détentrice d'un secret et même si cela me déplaisait d'en exclure Lynara, il ne m'appartenait pas de le lui divulguer. Lyman ne me ferait plus jamais confiance si cela arrivait. Je tentais de tempérer l'image qu'elle se faisait de Gareth, lui rappelant qu'il était un homme, qui aimait les femmes, qu'il y en avait eu avant lui, comme il y en avait eu avant moi pour Lyman. Peut-être y en aurait-il aussi après leurs mariages, même si je détestais y songer. J'étais désemparée face au désarroi de ma cousine. Surprise de son accès de colère aussi, ce qui arrivait de plus en plus rarement au fur et à mesure que nous grandissions. Je décidai de ne pas m'emporter à mon tour, consciente que cela n'apporterait rien de bon. J'essayais de garder mon calme, d'être calme.

« Je le veux aussi. »

Mais pouvait-on avoir ce qu'on voulait, aussi facilement ? Il ne suffisait pas de décider d'être heureuse pour l'être. Cela aurait été trop simple. Il fallait que son cœur guérisse de Gareth, qu'elle cesse de se morfondre d'amour. Non, je ne savais pas grand chose de l'amour, c'était vrai et j'étais sans doute une piètre conseillère, mais j'étais la seule disponible, malheureusement.

« Je sais. Tu peux tromper les autres, mais pas moi. Pas après tout ce temps passées ensemble à parler de nos rêves et de nos espoirs... »

Combien de confidences au milieu de la nuit, entre deux petites filles, puis jeunes filles, encore rêveuses et se plaisant à s'imaginer le plus bel avenir possible ? Nos rêves d'enfant ne s'étaient pas réalisés, malheureusement. Pas comme nous l'avions imaginé.

« Je suis désolée Lyna, je suis sans doute une bien piètre conseillère, tu as raison, je n'en sais pas davantage que toi à ce sujet... »

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyMer 18 Jan - 20:06

Il aurait été tellement plus simple qu’elle oublie tout cela. Qu’elle le raye à jamais de sa mémoire, et qu’elle prétende que rien n’était jamais arrivé. Mais ignorer les choses n’appartenait pas aux défauts de Lynara. Au contraire, même. Et si elle aurait apprécié la quiétude de ne plus avoir à faire face à cette souffrance, elle ne pouvait tolérer de telles pensées, encore moins les mettre en application. Ça ne facilitait rien, cependant. Encore moins quand Jeyne lui affirmait qu’il faisait son devoir, et qu’elle ne pouvait comprendre ce que cela impliquait. Elle savait qu’elle lui cachait des choses, et cela accentuait la douleur qu’elle ressentait, bien qu’elle ne puisse pas réellement en vouloir à sa cousine. Elle ne résista pas à cacher sa tête entre ses mains, réflexe bien malheureux, et bien plus évocateur encore de tout ce qu’elle ressentait que les propos qu’elle tenait.

« Si je ne le savais pas avant, et je pensais que si, alors c’est une bien cruelle façon de l’apprendre. Mais il est trop tard pour le regretter ou pour m’en morfondre… »

Sa voix manquait de tout ce qui la rendait unique, vivante, alors qu’elle admettait ces quelques mots. Elle peinait à mesurer ses paroles, à contrôler ce qu’elle partageait avec sa cousine, et la façon de le faire. Elle ne réalisait pas la dureté de ce qu’elle pouvait dire, et le contrôle de Jeyne, pour ne pas réagir de façon dure alors que Lynara n’était pas réellement agréable, de bien des façons – en s’énervant ou en se montrant défaitiste, elle n’était pas à même de s’en rendre compte.

« Je sais que tu veux et peux m’aider, Jeyne. Je… Je n’arrive pas à le voir se réaliser, pourtant. Et je n’arrive pas à croire non plus que j’ai été aussi sotte. Oh, pourquoi me suis-je si facilement laissée bercer par les illusions, moi qui les ai si longtemps condamnées ? »

Pourquoi, surtout, ne pas avoir fuit, ne pas s’être raisonnée, comme elle avait tant pu railler certaines de ses pairs, qui se comportaient de façon qu’elle jugeait indigne ? Elle s’était laissée aller à ce qu’elle condamnait plus que tout le reste. « Promets moi de ne pas me laisser… de ne pas me permettre de m’enfoncer dans tout cela. Je ne veux pas être l’ombre de moi-même. Je ne veux pas bêtement m’attacher à ce poids qui me meurtrit, plus que je ne l’ai jamais été. Je sais que… que je devrais le faire seule, mais je n’en ai pas la force. Pas encore. Et je ne veux pas te tromper. Je ne veux pas te mentir, te dissimuler quoi que ce soit. Mais je ne sais pas si j’aurai la force de l’affronter, d’affronter sa vue, ou simplement de le voir m’ignorer… Et s’il était plus heureux que je ne l’ai jamais vu, Jeyne, avec… avec elle… avec Megara ? Si je réalisais qu’en réalité, ça n’était que des mensonges ? Je ne sais pas si je pourrais y faire face ? » Elle avait parlé avec rancœur, de la promise de Gareth, avant de se forcer à prononcer son nom. Elle n’y était pour rien, après tout… n’est-ce pas ?

« Est-ce que… Est-ce que la princesse est amoureuse ? Est-ce que… est-ce sa demande ? »

Ô, futile question, déplacée et dont Jeyne ne connaissait probablement pas la réponse. Stupide et dérisoire demande, qui n’apaiserait en aucun cas la peine de Lynara, bien au contraire.

« Mais tu es là, et c’est déjà beaucoup. Tu ne devrais pas t’excuser. »

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MessageSujet: Re: Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur [Tour III - Terminé]   Les regrets ne sauraient alourdir mon cœur  [Tour III - Terminé] EmptyMar 14 Fév - 18:36

Aucune parole ne semblait apaiser les tourments de Lynara et je m'en voulais pour cela. Je pouvais accueillir ses pleurs, je pouvais essuyer sa colère, même si je détestais cela et avais tendance à monter moi aussi. Je pouvais la serrer dans mes bras et la consoler. Mais je ne pouvais guérir son cœur blessé, meurtri, par un jeu de pouvoir qu'elle ne pouvait même pas comprendre, n'ayant pas toutes les cartes en mains. Peu étaient les personnes à les avoir, malheureusement. Ou heureusement, au vu de l'ampleur de ce secret. Je n'avais aucune réponse à lui offrir. Je n'étais pas une experte en la matière, comme elle me l'avait fait si durement remarquer. Je ne pouvais que spéculer, hasardeuse dans mes hypothèses. Je voulais l'aider et j'étais en dessous de tout. Je pinçai les lèvres quand elle continua en se demandant pourquoi elle avait si facilement cédé aux élans du cœur quand elle avait condamné les autres. Ah... vaste sujet. C'était tellement plus aisé quand on n'était pas soumis à la tentation, n'est-ce pas ? Mais ces questions ne servaient à rien, il était impossible de revenir en arrière. Ces si étaient même néfastes alors qu'elle pensait au conditionnel en imaginant un futur bien différent et moins douloureux si elle avait été plus raisonnable.

« Parce que tu étais émotionnellement impliquée et que la voix de la raison est facilement balayée par celle du cœur. »

Et puis, après cet auto-apitoiement, Lynara me demanda de ne pas la laisser continuer dans cette voie. C'était délicat. Évidemment que j'allais la secouer, la brusquer. Mieux valait la colère et la révolte à la tristesse et la résignation, mais... Je me sentis mal à l'aise quand elle continua, se demandant s'il n'allait pas être très heureux avec Megara. Cela la meurtrissant davantage encore.

« Évidemment que je ne te laisserais pas sombrer dans la dépression, Lyna. Il te faut faire ton deuil, mais je veillerai à ce qu'il ne s'éternise pas. »

J'hésitai un instant, avant de poursuivre, d'une voix douce :

« Ce n'est pas parce qu'il sera heureux avec elle qu'il n'aura pas été sincère avec toi, tu sais... Si tu t'épanouis avec un autre, ce ne sera pas parce que tu n'as jamais aimé Gareth, n'est-ce pas ? Juste que ton cœur aura guéri, ne l'aura pas oublié, mais aura su avancer malgré tout et s'ouvrir à un autre. »

Même si j'aimais l'idée qu'on reste éternellement amoureux d'une personne, je savais qu'il en allait autrement dans la réalité. On pouvait aimer plusieurs personnes, fort heureusement. Ainsi, il existait peu de veufs (ou veuves) totalement inconsolables. Le cœur n'était pas souvent fidèle. Les sentiments s'émoussaient. Ou bien, on pouvait aimer de façons multiples et différentes.

« Ton cœur pourra battre pour un autre un jour ma Lyna. J'espère pour celui que tu épouseras. J'espère que tu ne te retrancheras pas derrière la raison et n'entoureras pas ton cœur d'un mur de glace pour éviter de nouveau la douleur. Je détesterai te voir ainsi. Je le comprendrai, mais... Tu mérites tellement mieux. »

Je passai une main sur sa joue, comme une mère l'aurait fait avec sa fille, même si c'était elle la plus âgée de nous deux. Et puis, il y eut la question qui me fit hésiter. Parce que je ne savais pas quoi répondre. Mentir ? Dire la vérité ? Quelle réponse voulait-elle entendre ? Je n'hésitai pas longtemps :

« Non. Je ne la pense pas amoureuse. Et cela n'émane pas d'elle. J'ignore si cela te console, mais c'est la vérité. »

Je souris quand elle me remercia d'être là, passant une mèche de cheveux derrière son oreille.

« Et je le serai toujours. Pleure, épanche-toi, tempête, je serai là. Avec moi, tu n'auras jamais à faire semblant. »

De nouveau, je la pris dans mes bras, la berçant doucement, espérant que cela allait l'apaiser un peu, alors que je chantonnais une vieille berceuse du Nord. Cela nous renvoyait chez nous, en d'autres temps, quand nous étions deux petites filles avec des rêves plein la tête. Grandir, c'était se confronter à la désillusion, mais en attendant, je nous enveloppais d'une nostalgie douce-amère, mais familière.

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