Westeros a toujours été une poudrière. Bien avant que ne commence ce que les mestres ont décidé d'appeler "l’Ère des Luttes", notre vieux continent a été en proie à de multiples conflits, qu'ils soient de conquête, de suprématie financière ou commerciale, ou encore purement idéologiques. Après tout, n'est-ce pas cette période de notre Histoire qui fut appelée "le Siècle de Sang" ? A côté, la "Lutte" parait bien insignifiante. En vérité, seuls les imbéciles pourraient nier que notre civilisation s'est construite sur des tensions ; face à notre passé, il n'y a qu'une seule conclusion à tirer. Je n'irai pas jusqu'à dire que je me réjouis de ces tensions que nous connaissons actuellement, et qui avaient peut-être des chances d'être endiguées lors du Conclave organisé par mon homologue et amie du Val, la Reine Sharra. Mais je ne pense pas non plus être défaitiste en ne faisant que constater que ces tensions sont le simple reflet de la nature humaine. La soif du pouvoir est de celles qui s'étanche difficilement, voir jamais complètement. Et plutôt que de prêcher la paix tout en mobilisant grassement ses troupes "au cas où", je préfère être franche et ne pas m'abaisser à une hypocrisie que je n'ai, malgré mon rang et la richesse pour laquelle ma maison est réputée, pas le luxe de me payer. Alors avec tout ça, il ne reste plus qu'à répondre à une dernière question : oui, je me sens concernée. Mais disons que j'ai mon propre regard sur la situation et ma propre position face à tout cela !

Je suis loyale à mon Royaume et loyale à la famille régnante. Parce que le Royaume, et la famille régnante, c'est moi. Instinctivement, cela laisserait penser que j'agis selon mon bon plaisir, mes envies, mes pulsions, mes ambitions. C'est en partie vrai, mais cela fait plus de dix ans que je n'arrive plus très bien à faire la différence entre Jordane Crakehall, damoiselle de la maison du même nom destinée et élevée dans l'optique d'exercer un jour le pouvoir, et la Reine du Roc que je suis devenue. Je confesse volontiers que dans les premiers temps de mon mariage, ma jeunesse et l'euphorie des premiers instants de la vie conjugale déclenchaient chez moi certaines réactions exaltée. Mais qui n'en aurait pas fait autant ? J'avais connu une ascension fulgurante en l'espace de peu de temps et dans un contexte difficile, et je mets au défi le plus vertueux des personnages qui eut été à ma place de ne pas s'être laissé emporté lui aussi. Et puis il y a eu la désillusion : j'avais épousé Loren Lannister, le Jeune Lion, le beau Prince du Roc aux cheveux d'or et au visage de guerrier. Mais il n'était pas plus guerrier que ce qu'il avait décidé, préférant la compagnie d'autres femmes et de compagnons de taverne à celle d'une épouse qui lui a donné trois beaux enfants. Je me suis retrouvée seule à devoir regarder un Roi n'être que l'ombre de son héritage. Et quelle frustration ! L'Ouest se relevait à peine de l'invasion de feu Roi Garse Gardener, et la gestion désastreuse de Lannister père des affaires du Royaume n'arrangeait rien. J'avoue alors avoir cédé à la soif du pouvoir, que je me suis découverte alors, et pris les choses en main. Je ne regrette rien, pas même les sobriquets dont ont m'affuble depuis. On peut dire que j'ai pris une initiative qui n'était pas, à l'origine, mienne à prendre. J'admets volontiers que certains de mes choix n'ont pas plu à tous. Mais c'est cela que gouverner : prendre des décisions, non pas pour plaire à la majorité, mais pour ce que l'on considère être l'intérêt supérieur et général du Royaume. Il y a une grande part d'arbitraire dans l'interprétation de ce qui est ou non le Bien de Tous. Mais tout ce que j'ai fait, je l'ai fait pour ma Couronne, pour la maison Lannister que j'ai servi avant les intérêts de ma famille de naissance, et surtout, pour mes enfants pour lesquels je veux assurer un meilleur avenir. La limite est alors forcément floue : mais gouverner, c'est aussi ne pas rester dans l'inaction par crainte de faire de mauvais choix.

Je m'emploie à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas devoir en arriver là. Pragmatique, je sais que l'Ouest est un royaume dont nombre voudraient acquérir les richesses et les réseaux commerciaux. Même si cela n'a jamais été évoqué devant moi, ou rapporté à mes oreilles, il faudrait être stupide pour ne pas convoiter nos mines ou encore la force de notre artisanat. Mais, loués soient les Dieux, alors plusieurs que de nos voisins s'entredéchirent, l'Ouest a réussi à préserver sa neutralité, et mon souhait est de maintenir cette neutralité et ainsi faire fructifier notre commerce qui peut largement profiter des denrées que créé la guerre. En ce sens, je suis pour la guerre. Mais comme toutes les Sept Couronnes, la mienne n'est pas à l'abri des combats. L'ultimatum qui nous a notamment été posé par Joren Hoare d'honorer par les armes l'Alliance conclue avec le Conflans et les Iles de Fer pourrait bien nous y contraindre. De même, les tensions qui n'ont cessé de rythmer nos relations avec le Bief sont autant d'alarmes qu'il faut surveiller de prêt et manier avec prudence. Et enfin, nos relations glaciales avec l'Orage ou encore Peyredragon ne sont pas à négliger. Si, par un jour funeste, l'Ouest devait entrer en guerre, je m'y résoudrai cependant. Ce ne sera pas faut d'avoir mis mon énergie et mon sens diplomatique au service de nos intérêts commerciaux. C'est alors que je pourrai compter sur mon époux ; s'il est de loin le plus pacifiste entre nous, il est un guerrier redoutable et possède un sens militaire que beaucoup peuvent lui envier.

Un coup de maître, il faut bien le reconnaitre. Cet indicent a permis à Harren Hoare de se positionner en marionnettiste de Westeros, une position que je lui envie et qui m'a poussé à m'allier à lui. Il n'est jamais bon de s’aliéner un homme qui ne recule devant rien pour maintenir son autorité et son pouvoir, et c'est en cela que nous nous ressemblons beaucoup, lui et moi. A la différence près que, contrairement à lui, je n'ai pas eu à recourir au sang. Je préfère les mots aux épées, que je dois reconnaitre être bien incapable de manier. L'embuscade tendue aux Targaryen a également permis aux Sept Couronnes de maintenir l'ordre millénaire qui régnait à Westeros. Aegon Targaryen menaçait de détruire les royaumes indépendants, et d'annexer chaque territoire sous sa domination. Une menace que Hoare a tué dans l’œuf, et pour cela, je le remercie. L'ennui, c'est qu'il menace à présent de reproduire les détestables ambitions de sa victime, et j'avoue que cela m'inquiète. L'argent que la Banque Lannister lui prête pour les financer ne semble plus lui suffire, et il n'y a rien que je déteste d'avantage que d'être mise dos au mur par un homme.
     

▪▪ On m'appelle Mariah. ▪▪ J'ai 25 ans. ▪▪ Je serai présente pour l'équivalent d'une note de 15/20. ▪▪ J'ai découvert le forum via Pub RPG Design. ▪▪ Je me suis tout de suite intéressée au forum, car à la différence d'autres forums GOT, il se concentre sur l'essentiel qui fait l'univers à savoir le jeu des trônes, et non les histoires d'amour impossibles ou alors les actions rocambolesques voir manichéennes. ▪▪ C'est aussi cette grande exigence qui m'a fait hésiter à m'inscrire, aussi surprenant cela soit-il. Car c'est une chose que d'admirer un tel travail, mais il faut bien se renseigner sur les annexes pour comprendre le fonctionnement du jeu et ainsi se demander si on veut vraiment s'engager ! ▪▪ J'ai quand même sauté le pas, parce que je suis faible, et que le personnage de Jordane est juste sublime   ▪▪

Un long cri aigu transperce le silence. Entre les draps froissés par la sueur et l'effort, le visage aux traits déformés par la douleur est noyé de larmes. Autour du lit, les sages-femmes s'activent. On a fait remonter de l'eau bouillante des cuisines, ainsi que des décoctions aux herbes dont on imbibe les compresses destinées à soulager la future mère. On lui tient la main, on l'intime à continuer. Il lui semble que la pièce tourne autour d'elle et parfois, elle secoue violemment la tête, comme pour chasser la réalité. Mais à présent qu'elle sent ses dernières forces lui échapper, un mince sourire éclaire son visage. Entre ses cuisses, la vie git. Son bas ventre est recouvert d'un linge tâché de sang, elle ne distingue rien, sinon la silhouette du mestre qui donne ses instructions, réclame le silence. Il semble s'éterniser, ce silence, cependant que tous à présent, attendent la parole libératrice, celle qui leur annoncera le sexe de l'enfant. La mère tend le cou, espère voir quelque chose, mais en vain. Malgré la fatigue, elle trépigne d'impatience. Elle veut savoir ! « Qu'est-ce que c'est ? Dites moi ! Qu'est-ce que c'est ? » Elle gémit plus qu'elle n'ordonne et n'obtient aucune réponse. Son cœur commence à frémir. Si on ne lui dit rien, c'est qu'elle connait déjà la réponse. Et que ce n'est pas celle escomptée. « Prévenez Monseigneur Crakehall » finit par dire le mestre d'une voix rauque, cependant qu'enfin, il soulève le nouveau-né. Les petits yeux s'ouvrent tout juste et, aliéné par la présence qui n'est pas celle qu'il a connue durant neuf mois, pousse un cri. De l'autre côté du lit, lady Crakehall tend des bras avides. « Donnez-le moi... ! » murmure-t-elle, le regard incapable de se détacher du tas de chaire et de sang qui vient d'émerger de ses entrailles. Prestement, le bébé passe de mains en mains pour finir dans le giron maternel. L'éblouissement, seule elle peut le comprendre, et tandis qu'elle calme les pleurs de l'enfant, on regarde avec tendresse le tableau qu'ils forment. C'est alors que l'on éventre la porte, et que le seigneur des lieux pénètre dans la chambre. Il domine l'assistance de toute sa carrure, la barbe sombre lui mangeant tant le visage qu'il est incapable, à vue d’œil, de distinguer une quelconque réaction. Seuls ses petits yeux noirs brillent à la vue de son épouse, et de son premier né qui cherche déjà avidement à téter son sein. Il s'approche à pas de loups, et s'agenouille au chevet de la jeune mère. Celle-ci ne dit rien, appréhendant quelque peu sa réaction. Katryn sait combien il voulait un fils, un héritier pour lui succéder. Et combien elle voulait le lui donner, ce masculin qui pérenniserait leur lignée ! Mais déjà, lord Seymon tend sa grande main et effleure la joue de la petite qui, comme par magie, semble reconnaître le toucher paternel. Alors, elle sourit. Un sourire radieux, qui arrache à tous des yeux attendris d'émotion, y compris à celui qui a pour réputation d'être hirsute et bourru. « Ma fille... Mon joyau... Ma Jordane... ! »


« Maison Farman ? » La voix du mestre interroge son élève, qui lui répond sans délai : « Blason : trois rois navires d'argent sur champ bleu, une bordure d'écarlate et d'or. Devise : nous hissons fièrement nos couleurs. Fief : Belcastel, situé sur Belle-île. » Le mestre acquiesce, et jette un regard à lord Seymon. Celui-ci a pris l'habitude de superviser les leçons de sa fille, en silence, un verre de vin à proximité. Elle est peut-être née fille, mais à part le maniement de l'épée, il l'élève comme son héritière. Elle en a le charisme et l'intelligence, et ce malgré ses douze jeunes années. Les seigneurs voisins, Swyft et Clegane, ne se sont réjoui qu'un temps de la malchance de cette première naissance. Le long de la côte, le nom de Jordane Crakehall titille les esprits, du peuple comme des nobles : on la dit déjà très belle pour une enfant, et dotée d'un esprit vif rare. Et à la voir exceller dans sa parfaite connaissance de la région, il sait qu'il a eu la bonne idée. Depuis des mois, il entretient à bon escient le mystère sur son ainée, et compte bien sur la curiosité ambiante pour éveiller celle de son suzerain. Car le Roi a un fils du même âge, et dès les premiers mois des deux naissances, l'ambition ultime a fait son chemin dans son esprit. « Quelle est la particularité de la Maison Farman ?  » Elle se sait observée par le regard paternel et pourtant, elle ne cherche pas particulièrement à briller devant lui. Elle a compris depuis longtemps qu'il la destine à un grand avenir, lorsqu'elle se compare aux autres jeunes filles de son âge. Elle veut se montrer digne de sa confiance, et préfère de loin les leçons avec le mestre que celles avec sa septa. « Ils vivent sur une île. Ils sont excellents navigateurs, et ont régné sur Belle-Ile jusqu'à l'avènement du Roi Tommen Lannister, qui épousa la fille du dernier Roi Farman. » Nouveau regard entendu entre l'érudit et le seigneur. Ce n'est pas un hasard si l'histoire des Farman est évoquée et cela, Jordane l'a tout de suite compris. Elle montre à quel point un mariage avantageux peut décider des loyautés des vassaux, et de leur montée en puissance. Depuis lors, les Farman sont des conseillers précieux des Lannister et de tout temps, un Farman occupe le poste de Grand Amiral au conseil du Roi. Elle devine les intentions de son père. Elle a même surpris une conversation entre lui et sa mère, qui regrette quelque peu que sa fille soit autant écartée des préoccupations de son sexe. Mais la volonté du sire de Crakehall est parole d'évangile, et même lady Crakehall n'a pas son mot à dire. Elle vient de mettre au monde un fils, mais c'est comme si la préoccupation première de lord Seymon est de hisser son ainée dans les hauts cercles du pouvoir. Jordane est ravie : elle aime la musique, les jolies robes et les bonnes manières. Mais pour elle, il n'y a rien de plus exaltant que d'observer son père. Lorsqu'il reçoit les paysans pour faire l'inventaire des vivres, elle écoute, mémorise, apprend. Lord Seymon est un homme prudent, forgé par les affrontements contre les fer-nés qui pillent les côtes. Un homme de talent, qu'elle respecte et admire plus que n'importe qui. Et plus encore depuis qu'aux frontières qu'il est chargé de défendre, la menace gronde...


Elles peuvent essayer autant qu'elles le veulent, ça ne marchera pas. Par petits groupes, les gracieuses silhouettes prient, chantent, jouent aux cartes ou encore, prédisent le meilleur des avenirs. Mais dans chacun des regards, la peur mange l'étincelle de jeunesse qui, d'ordinaire, fait briller leurs quinze ans. On se rassure plutôt qu'on ne se persuade, et à chaque bruit étrange, l'assemblée sursaute. Au dehors, la bataille fait rage, et chacune ici tremble pour un père, un frère, un cousin ou peut-être même, un fiancé voir un époux. On n'ose pas imaginer les scènes qui se jouent aux portes de la forteresse assiégée, car ce que rapporte certains éclaireurs est suffisant pour activer leur imagination. Sous leurs pieds, la roche gronde : c'est un moment d'Histoire qui se joue ici, alors que pour la première fois, une puissance étrangère est en passe de faire plier le fief des Lannister qu'on dit imprenable. Le Roi ennemi Garse Gardener se hardi de cette prouesse inédite, et compte bien ainsi déstabiliser les forces du Roi Arwin. Après avoir ravagé Crakehall, Champsmoisson et Clegane's Keep, la Main Verte veut s'offrir la gloire du Lion d'Or. Et tandis que les deux armées se livrent un combat acharné, l'un pour la conquête, l'autre pour la défense, leurs femmes et leurs enfants ont trouvé refuge dans les sous-sols. Nuls d'entre eux ne veulent penser à ce qui arrivera si, en cas de défaite, les soldats parviennent jusqu'à eux. « Ils vont tous nous violer, l'un après l'autre, et une par une... » gémit l'une des jeunes filles, assise aux pieds d'une autre qui, à la différence, reste entonnement silencieuse. Elle a les yeux rivés vers la petite grille pas plus grande qu'une main qui donne sur le champs de bataille, et elle maudit à cette heure les Dieux de ne pas avoir hérité de la taille de son père pour regarder à travers. Elle a rejoint ses congénères en catastrophe depuis Crakehall, où les bieffois ont attaqué en premier. Elle a été évacuée à dos de cheval par son père, faisant fi de ses cris fraternels tandis qu'on la séparait de son cadet encore en gigoteuse. Elle devait veiller sur lui, et elle a manqué à son devoir. « Le Roi nous accorde sa protection, vous irez tous vous réfugier à Castral-Roc. Toi, ton frère et ta mère. Ne discute pas, arrête de pleurer et viens ! » Elle ne pleurait pas, elle criait : mais lord Seymon s'en moque. Mettre sa fille à l'abri, voilà ce qui compte. Tant et si bien qu'arrivés à Castral-Roc, la sinistre constatation est sans appel : le petit Rickard a été enlevé par des mercenaires bieffois et fait otage sur le camp des Gardener. Depuis, elle attend : elle attend que son père revienne, avec Rickard et tous les valeureux combattants lui ayant juré allégeance et fidélité. L'attente est interminable, et lorsque les pas précipités de l'éclaireur se fonte enfin entendre depuis les escaliers, Jordane s'est déjà rongé les ongles à en faire jaillir le sang. L'homme arrive en trombe entre les femmes : sa chemise est déchirée, une plaie béante à sa tempe suinte la terre et la transpiration. Au milieu des femmes, la Reine se lève alors. Majestueuse, son vingtième verre de vin à la main, elle l'interroge du regard, impérieuse. « Le Roi est mort ! » Un cri de stupeur envahit la salle, une jeune fille s'évanouit. Personne ne parle. Sauf Jordane, encore à demi lucide. « Les deux... ! Le Roi Garse et le Roi Arwin sont tombés au combat. C'est le Prince Loren qui a mené l'attaque finale. Quelle bravoure ! Quelle ferveur ! Il a décimé l'ennemi, et a brandit son épée contre le soleil en criant : "le prix de la guerre est payé, rentrez chez vous !" »