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 Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]

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MessageSujet: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyMar 16 Fév - 13:06

Je serais facilement tenté de refaire une mise en abime sur l’existence de cet hédoniste afin que vous compreniez mieux comment il en est arrivé à sa situation actuelle, mais je n’en ai pas le temps et encore moins l’envie. Pour vous remettre dans le contexte, quelques semaines s’étaient écoulées depuis la bataille des Portes Sanglantes où le Val avait été décapité en perdant sa couronne, pratiquement tout le pays était en deuil et pleurait silencieusement le trépas de ce grand homme et le futur précaire de leur royaume. Pratiquement tout le Val, oui, car si Asher avait affiché une mine grave lors des premiers jours qui suivirent la bataille, ce deuil apparent n’était que feint et en aucun cas partagé.
Oh ne vous détrompez pas, pour le peu qu’il avait connu ce roi Asher savait que c’était un homme respectable qui aurait pu mener son royaume vers un avenir radieux, c’était un homme qui n’avait pas mérité de finir ainsi. Mais n’était-ce pas le cas de tous ceux qui avaient perdu la vie lors de cette bataille ? La guerre était injuste, elle fauchait des vies d’un bord comme de l’autre, arbitrairement,  en se fichant de savoir si ce soldat avait vécu une existence pieuse ou honorable, ou encore si ce noble était rongé par les pêchés jusqu’à la moelle. Roturiers comme nobles, tous étaient égaux face à la mort et aucun d’entre eux ne pouvait échapper à son étreinte glacée.
Le roi avait joué, le roi avait perdu, Asher avait vu plus que son lot de combat et la mort d’un guerrier, qu’il soit d’humble origine ou de noble extraction, en touchait une sans faire bouger l’autre. Hein ? Vous ne comprenez pas cette image ? Il s’en tapait complètement comme de sa première prostituée, c’est mieux comme ça ?

Bien vite le Lord Royce – bien qu’il ait encore du mal à s’habituer à ce titre- retourna à ses habitudes et passa du temps avec ses troupes afin de les remotiver et de ne pas laisser la perte de leur souverain les faire tomber dans le plus profond des désespoirs. Un soldat déprimé n’était d’aucune utilité. Il n’avait jamais été doué pour la politique mais savait bien que ce la perte d’un souverain signifiait pour un royaume, mais à son petit niveau il ne pouvait que continuer à faire ce qu’il savait faire de mieux : s’occuper des troupes !
Quelques jours plus tard, de bon matin, un corbeau arriva chez les Royces et Asher dût stopper sa séance pour lire cette missive qui lui était directement adressée. Ouvrant le papier, il arqua un sourcil de surprise en voyant que la Reine régente en personne demandait à le voir au plus tôt. Sérieusement ? Alors oui ils s’étaient croisés plusieurs fois, notamment à son mariage et au moment de présenter son nouveau-né à la famille de son épouse, mais le jeune guerrier ne pouvait s’empêcher d’être surpris par cette demande aussi soudaine que mystérieuse.

Que pouvait-elle bien lui demander qui ne puisse se faire par messages interposés ? Bah de toute façon ses questions ne trouveraient pas de réponse dans l’immédiat, il prit donc ses dispositions et entama une chevauchée qui dura un peu plus de deux jours, aux bas mots. C’est donc seul, sans escorte, que le Lord Royce arriva jusqu’aux Eyrié, accueilli par deux écuyers. Alors qu’il descendant de sa monture et laissait le premier écuyer se charger de son noble destrier d’un noir de jais, Asher se tourna vers le second et lui lâcha un simple :
« Lord Royce, la reine m’a fait demander. »

Sur ces belles paroles, l’écuyer ne perdit pas de temps et courut aussitôt pour aller prévenir sa Reine, suivit de près par le Lord qui débarqua quelques dizaines de secondes après le jeune garçon. Pourquoi perdre du temps ? Elle voulait le voir sans attendre, il arrivait aussitôt. Point final. Vêtu sobrement d’une tenue dans les tons marron, une épée traditionnelle pendouillant au flanc gauche de sa ceinture, le guerrier adopta une démarche rapide et ne ralentit le pas qu’à l’approche de celle qui avait demandé sa présence. Se penchant légèrement en avant en signe de salutations, c’est le plus simplement du monde qu’il s’adressa à le reine régente par un :
« Lady Arryn. J’espère ne pas vous avoir trop fait attendre. »

En vérité le jeune homme savait bien que non, il était parti quelques heures à peine après la réception du corbeau et n’aurait donc pu qu’assez difficilement faire mieux, mais au cours de ces dernières années ici il avait commencé à apprendre les règles du dur jeu de la valse de la politique et de la langue de bois. C’était usant et chiant à mourir, il fallait bien l’avouer, mais s’il était amené à vivre dans ce nouveau monde il devait au moins en comprendre les règles. Non ?
Que ce soit du fait des restes de sa vie au Nord ou la marque encore bien présente de sa vie à Essos, le jeune homme se fichait pas mal de la politique et se moquait presque ouvertement de tous ces nobles qui se cachaient derrière le concept d’honneur pour justifier leur manque de couilles entre les jambes. Aussi avait-il beaucoup de mal à s’habituer à la vie au Val. Il était passé d’une vie faite de sang et de putes pas chères à une vie faite de successions de banquets ennuyeux à mourir et où il fallait absolument épouser une femme afin de pouvoir la « visiter » régulièrement. Pourquoi tous ces chichis ? La vie était bien plus agréable quand il n’y avait pas toutes ces règles et cette bienséance à suivre, mais malheureusement ce monde n’était pas près de changer, malheureusement c’était à ce vagabond que revenait l’obligation de changer.

Après tout n’avait-il pas épousé une femme d’ici ? Cela prouvait bien que tout dans ce royaume n’était pas bon à jeter, il y avait encore des choses qui valaient la peine d’être vécues et ressenties. Se redressant donc en posant son regard sur la Reine régente qui – décidément – n’était pas vilaine à regarder, Asher attendait de connaître la raison de sa présence ici. Inutile de commencer à se triturer la tête pour essayer de deviner, la réponse arriverait bien assez tôt.

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptySam 20 Fév - 9:19

Flashback An -2

Il ne reviendra plus.

Il ne reviendra plus. Plus jamais. Je me répète ces quelques mots dans ma tête. Je les ancre en moi. Je tente de leur donner vie, consistance, sens. Il ne reviendra plus. Combien de temps ? Je ne sais même plus. Je sais juste que je me surprends encore parfois à espérer, lancer des regards dehors pour voir s'il n'arrive pas, loin, à l'horizon. Non. Plus jamais. Ca n'a pas de sens. Plus rien n'en n'a. J'ai l'impression d'avoir passé ma vie à l'attendre... Et voilà. C'est terminé. Plus besoin. Plus besoin d'attendre, plus besoin d'espérer, plus besoin de rêver. Rien. Il n'y a plus rien. Un corps froid, des cendres. Le Val a gagné. Le Val a gagné. Cette phrase aussi, je me la répète. Mais elle a encore moins de sens que tout le reste, qui n'en n'a déjà plus aucun. Le Val a gagné ? Comment le Val pourrait il avoir gagné ? L'Orage a été repoussé derrière ses frontières. Jehan a été repoussé de notre monde. Et le Val a gagné ? Personne n'a gagné.

Mort.

Il est mort. Il n'est plus rien. Il n'existe plus. J'ai regardé longuement son corps. Comme une sotte, j'ai espéré, à force de le fixer, que j'arriverais à lui insuffler un nouvel élan de vie. Pourquoi, mon amour ? Pourquoi me laisse tu ainsi seule, dans ce monde qui veut désormais me dépouiller de tout, de mon âme, de nos fils, de mes richesses, en s'appropriant ma main ? Je les vois déjà venir, tous, vautours qui rôdaient déjà autour de moi lorsqu'il était à la guerre, qui ne manqueront pas de fondre sur le butin maintenant qu'il est prenable en toute légalité. Je suis seule. Faible. Frêle. Dépouillée de tout. Une veuve, un enfant de douze ans, un royaume saigné à blanc. Un coup de vent aura tôt fait de me balayer. Je me sens encore plus vulnérable que lorsque j'étais petite, seule, nue, toute suante et tremblante dans ce lit froid et hostile... La peur comme éternelle compagne. A nouveau, je me retrouvais seule.

C'était de ma faute. Tout était de ma faute. Il s'est jeté dans la mêlée sans prendre garde par abandon, par désespoir... Ma faute. Il m'a toujours tout reproché. Pourquoi n'as tu pas compris que tout ce que je faisais était pour toi, peu importe ce dont il s'agissait ? Non, tout est de ma faute. Ca n'a plus d'importance, maintenant, de toute manière. Il est mort. Il ne reviendra plus. Tout est fini, terminé. Terminé ? Il paraît que je dois continuer. Avancer. Mais tout cela a t-il encore seulement un sens, sans lui ? Je ne sais plus. Je ne comprends plus. Je veux qu'on me laisse le rejoindre... Je veux sentir son odeur, ses bras qui m'étreignent avec force, sa voix qui murmure doucement à mon oreille, tout... Il ne reste rien. Je veux qu'on me laisse seule. Je veux qu'on me laisse pleurer en silence, me repentir de toutes mes erreurs, parce que plus rien d'autre n'a de sens. Avant, il y avait l'espoir. J'ai passé plus de jours sans lui qu'à ses côtés, ces derniers temps, mais il y avait l'espoir. De regarder au dehors, de le voir revenir. De recevoir un corbeau, annonçant la victoire, annonçant qu'il rentrait. Oh, oui, je l'ai reçu le corbeau annonçant la victoire. Avec le cadavre. Quelle belle victoire.

Aujourd'hui je n'attends plus, je n'espère plus. IL n'y a plus d'espoir et plus rien à attendre. Je suis restée beaucoup seule. On m'a laissé faire mon deuil, alors que les guerriers rentraient, que l'on s'occupait de nos morts. On m'a laissé pleuré. Oh oui, j'ai pleuré. Pas devant lui, ou pas devant son cadavre, plutôt. Mais seule, dans ma chambre. Longtemps. J'ai rassemblé tout ce qu'il me restait de lui. Un tableau, commande du temps de notre mariage. Des lettres, surtout. Des lettres. Ses mots. Doux, chauds, réconfortant. Puis froids, méfiants, accusateurs. Jamais trop, mais toujours ce qu'il fallait pour me faire comprendre qu'il avait eu vent de certaines rumeurs. Mais tout était pour toi, mon amour...

Et mes fils, enfin. C'est peut être là le seul vestige heureux qu'il me reste de lui. Le plus important. Notre chair, notre sang à tous les deux, notre fierté. Jonos était perdu ; il ne comprenait pas. Ronnel avait douze ans. Douze ans. Une couronne sur la tête. Ca ne rimait à rien. Comment pouvait on le faire roi alors qu'il n'était qu'un enfant, tout petit, tout frêle, tout vulnérable, inexpérimenté... Mon fils... J'avais bien dû lui parler. Tout lui expliquer. Hier soir, jusque tard dans la nuit. Il m'avait écouté attentivement, sans rien dire. J'avais envoyé quelques corbeaux, quelques jours plus tôt, à différents coins du Val. Je n'avais plus le choix... Plus le choix. Le Val était faible. Il ne fallait pas le laisser couler. Et je voulais le meilleur pour mon fils ; s'il avait déjà reçu une éducation, il fallait l'intensifier dès aujourd'hui. La décision était dure, douloureuse, mais il ne me fallait pas réfléchir plus. Ou j'en avais mal. Me concentrer et me borner à cette nécessité, oublier que j'étais mère avant d'être reine, oublier tout cela.

Vêtue de noir, je sèchais doucement quelques larmes qui perlaient, seule à mon bureau. J'étais restée aux portes de la lune, mais nous remonterons bientôt en haut. Je scrute le dehors, les montagnes, alors que l'air frais caresse mon visage. Un bruit me fait me retourner ; on m'annonce Lord Royce. J'acquiesce. Ordonne qu'on le fasse entrer. Je prends une grande inspiration, me redressant le plu possible. L'homme pénètre dans la pièce, me salue sobrement, m'appelant Lady. N'étant pas d'humeur à chipoter sur les titres et compagnie, je me contente de le saluer d'un vague sourire.

« Pas le moins du monde, Lord Royce. Vous avez été très prompt. Le voyage a t-il été bon ? »

Ton naturel. Je ne pouvais me permettre de laisser voir le trouble qui m'affectait toujours, même si jouer la comédie s'avérait moins aisé qu'habituellement. Je lui désigne le fauteuil de son côté du bureau, prenant moi même place dans le mien.

« Asseyez-vous, je vous en prie. Vous semblez bien vous porter, il est heureux de voir que tous nos hommes ne sont pas ressortis démembrés de cette guerre. »

Je ne pourrais tourner autour du pot éternellement, mais les politesses d'usages se révélaient toujours d'excellents procédés pour cela.

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptySam 20 Fév - 14:00

Perdre un frère d’arme était une chose, chaque frère perdu avait marqué le corps et l’âme de l’ancien mercenaire au fer rouge mais aujourd’hui il faisait face à une femme qui avait souffert tout autant que lui, voire même plus. D’ordinaire lorsqu’Asher faisait face à une femme il l’admirait pour sa beauté et pour les images lubriques qui apparaissaient dans sa tête en s’imaginait tout ce qu’il pourrait faire du corps d’une telle créature ; mais en posant les yeux sur cette femme, qui tentait de lui sourire discrètement, il ne voyait que la douleur que ce sourire tentait de masquer. Elle restait digne, même dans le deuil elle restait belle et digne et ce simple constat effaça toute pensée lubrique de l’esprit du jeune seigneur.
Certains se noyaient dans le désespoir à la mort d’un être aimé, d’autres choisissaient de se noyer dans l’alcool, la bouffe ou les femmes et, enfin, d’autres choisissaient de se noyer tout court en s’ôtant la vie pour aller rejoindre l’être aimé dans l’au-delà. La douleur n’avait rien de rationnel, personne ne pouvait la gérer froidement et sereinement sauf quand ce n’était qu’une douleur qui venait s’ajouter à une montagne d’autres.

Mais aujourd’hui Asher faisait face à quelqu’un qui, pour une fois, connaissait la douleur tout autant que lui mais qui ne se laissait pas aller au désespoir pour autant, mais le faisait-elle par choix par obligation ? Il ne s’agissait pas de la fille d’un boulanger ayant perdu son mari à la guerre, il s’agissait d’une Reine convoitée et jalousée par tous qui avait désormais à gérer tout un royaume de Westeros. Si sa famille comptait sur elle à ces temps difficiles, elle avait toute une armée de petites gens qui attendait, espérant que cette perte ne signifierait par la fin du Val et que ce royaume n’allait pas couler en l’absence d’un roi en âge de régner.

Levant sin visage face à une femme lui demandant s’il avait fait bon voyage, c’est le plus calmement du monde que Lord Royce répondit :

« Plutôt, oui. Sans encombre en tout cas. »

D’habitude il chevauchait ses terres pour en chassant les brigands et en maintenir l’ordre, il avait perdu l’habitude d’aller rendre visite à ses voisins par simple courtoisie mais ce voyage fut étrangement calme. Bon d’accord il avait un peu mal au dos et aux fesses à force de chevaucher mais c’était assez courant !
Suivant son interlocutrice qui l’invita à s’assoir non loin d’elle avant d’entamer une discussion de courtoisie, lui faisant part de son soulagement de voir Asher en bonne santé malgré la récente bataille, c’est avec un petit sourire en coin que le jeune Royce répondit :

« Je vous mentirai si je vous disais être horrifié et détruit par la guerre, pendant longtemps ça a été mon gagne-pain, ça vous change un homme. Mais je ne peux pas en dire autant de mes hommes, beaucoup sont brisés et je recolle les morceaux comme je peux. Ça prendra du temps.»

Malheureusement beaucoup n’arrivaient jamais à s’en remettre, peut-être même que certains finiraient par déserter pour oublier les horreurs qu’ils avaient pu voir mais pour le moment l’heure était au repos et au deuil. Baissant son regard vers sa main droite, celle-là même qui avait brandit sa lame et ôté un si grand nombre de vie, c’est légèrement pensif qu’il lança à son interlocutrice :

« La guerre laisse des marques qui ne sont pas toutes visibles, mais je ne vous apprends rien. »

Comment pouvait-il être plus clair que par ces quelques propos ? Il savait bien que le masque que porter cette femme en société n’était qu’une façade afin de faire bonne figure devant ses sujets, elle devait encore pleurer en son for intérieur mais ne pouvait permettre à personne de le voir. Oh non, Asher savait très bien qu’il n’était pas assez proche de la reine pour qu’elle lève le masque devant lui et arrête de jouer cette comédie, mais par ces quelques mots il lui fit simplement comprendre qu’il savait…qu’il savait qu’elle se forçait à paraître forte. Si elle connaissait un minimum le guerrier, la reine saurait qu’il n’était pas du genre à porter une quelconque importance au protocole et aux politesses d’usages. Il était un homme qui n’aimait rien tant que d’aller à l’essentiel sans tourner autour du pot et ces prochaines paroles en furent le reflet :

« Alors, qu’attendez-vous de moi ? »

Oh oui on lui avait plusieurs fois reproché le fait qu’il ne respecte qu’assez rarement les convenances mais il gageait qu’en de telles circonstances son interlocutrice ne lui en voudrait sans doute pas d’aller à l’essentiel pour ne pas lui faire perdre de temps. Avec la perte de son mari elle avait sans doute énormément de choses à gérer et préparer, une responsabilité non-désirée venait de lui tomber lourdement sur les épaules comme une armure bien trop lourde et elle devait continuer de bouger et vivre malgré ce surpoids constant.
Le message avait été assez énigmatique et flou pour tout dire, Asher savait que la charmante femme avait besoin de lui dire ou lui demander quelque chose en face à face, quelque chose d’assez important ou qui lui tenait assez à cœur pour ne pas vouloir passer par des corbeaux. C’était suffisant pour piquer sa curiosité et le pousser à chevaucher sans attendre, laissant son tout jeune fils aux bons soins de son épouse et des serviteurs de leur demeure.

Alors, de quoi s’agissait-il ?



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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyVen 26 Fév - 21:01

Rester droite, digne. Ne rien montrer. Depuis combien de temps, combien d'années le portais-je donc, ce masque ? Des dizaines de vies entières, me semblait il. Comme si je n'avais jamais rien connu d'autre. Un être si frêle et si fragile, une flamme qu'un souffle ferait vaciller, enfermée dans une statue de marbre et de pouvoir. On attendait de moi constamment que je montre cette image grande et digne de la Royauté, que je sourie, que je sois aimable, que j'accorde mon attention et mes sourires à chacun de ces petits nobliaux avides qui gravitaient autour de moi. Que je sourie. Je n'avais droit à rien d'autre. Je ne pouvais montrer une faiblesse ou un trouble quelconque. C'était devenu... mécanique, à force. Déjà, quand j'étais petite, je me faisais violence pour cacher toutes mes douleurs à mon entourage. Peut être cela m'avait il aidé ; mais je ne m'étais vraiment renforcée qu'après avoir épousé Jehan. Renforcée... je ne savais réellement si j'étais forte, aujourd'hui. Je devais l'être. En avais-je encore les capacités ? L'impression me collait à la peau, que tout s'effritait autour de moi, que j'étais seule, terriblement seule, nue au milieu de cette forteresse de marbre, entourée de ces ambitieux violant sans vergogne mon corps de leurs simples regards, en même temps qu'ils lorgnent sur mes fils... C'était déjà le cas avant. Maintenant, Jehan n'était plus là. On ne l'attendrait plus. On ne le craindrait plus. On avait le champ libre, on avait ma main de libre, à saisir, à s'approprier. Et moi...

Non, je n'étais pas impuissante.

Je ne pouvais me dire cela. Je n'en n'avais pas le droit. Je devais encore me montrer déterminée, même si je n'en n'avais plus la force. Même s'il ne restait que larmes, ruines et cris d'agonie en moi. Il me restait encore Ronnel, Jonos. Pour combien de temps ? J'allais les perdre. J'allais faire de mon ainé un roi, un homme, j'allais devoir tuer le petit garçon. C'était cruel. Qu'ai-je donc fait aux Sept pour qu'ils me poussent à cette extrémité ? Peu importait. Il ne reviendrait pas. Je prierais pour son âme, mais je ne pouvais rien d'autre. J'étais Reine, j'étais riche, j'étais belle, je siégais tout en haut, entre les pics enneigés et les cieux, sur un royaume tout entier... Quels pouvoirs dérisoires. Je devais tout de même m'atteler à ma tâche, éternelle esclave d'une couronne, d'une conscience et d'un amour de ma chair et de mes terres, qui parvenait encore à m'accrocher à la raison. J'étais prête à mettre les mains à la pâte. Ou pas. Mais je n'avais d'autre choix que celui ci.

Je revêts donc ce masque lisse et impersonnel de souveraine, lorsque Lord Royce pénètre dans la pièce. Digne, pauvre souveraine dont le poids de la couronne pèse trop lourd pour sa pauvre tête. Il semblait bien. En bonne santé, pas trop amoché par la guerre. Physiquement. Le reste, j'avais compris qu'aucun homme ne pouvait être épargné, même Roi.

« Tant mieux, dans ce cas. »

Répondis-je simplement alors qu'il me confirmait avoir fait bon voyage. Nous nous asseyons ; la politesse me sert de prétexte pour tourner autour du pot. Je sais pourtant que je pourrais en venir directement au fait ; un nordien ayant connu Essos n'est guère friand de la vie de cour et de tous les ronds de jambes qu'elle impose. Peut être est-ce pour cela que je l'ai fait venir, surtout lui. Pour m'éviter de revivre en tête à tête tout ce que je vis déjà avec tous mes nobles à la cour. Et parce qu'il est expérimenté, bien sûr. Pas comme un chevalier du Val, mais il l'est d'une autre manière. Et je veux le meilleur pour mon fils. Je veux tout. Si je peux lui ouvrir divers horizons... ON ne sait ce que le futur lui réservera. Je l'écoute attentivement, quoi qu'il en soit, me parler de son point de vue sur la guerre. J'ai déjà une idée du personnage, depuis qu'il a épousé ma nièce, mais chaque parole est utile et peut permettre un jugement plus véridique. J'acquiesce doucement.

« Je me doute. Les Valois ont été habitués à se battre ces dernières années, mais ces derniers mois furent particulièrement horribles et douloureux. Et la guerre marque indéniablement chaque homme qui la connaît, et les marques physiques sont un moindre mal ; je n'ai aucun doute sur cela. Mais je compte sur vous et sur votre expérience guerrière pour remonter le moral de vos hommes ; nous avons un royaume à reconstruire. Et nous le ferons ensemble. »

Uniquement ensemble. A l'heure où le Roi avait douze ans, je ne pouvais me permettre de voir un royaume divisé. Non. Nous devions être plus soudés que jamais, et je pensais tout de même avoir l'appui de beaucoup de maisons nobles. Grâce à mes efforts, à mes sacrifices, à ce qui avait pu écorcher mon couple. A l'espoir de mon futur mariage qui me révulsait, mais que je pouvais facilement maintenir dans l'esprit de beaucoup. Et je devais utiliser Ronnel comme un atout. Le faire accepter par tous comme le Roi du Val, et le digne Roi du Val. Cela commençait aujourd'hui...

« En effet. »

Je répondais simplement, de manière neutre. Je ne pouvais m’épancher là dessus, je ne pouvais mentir non plus. Lord Royce continue, me demande ce qu'il attend de moi. Nous y voici. Non, tu ne broderas pas plus longtemps, Sharra. Je pousse un léger soupir et me lève, vieux réflexe, pour commencer à marcher doucement devant le bureau.

« Ronnel Arryn, mon fils, est très jeune. Pourtant, il est roi, et dans l'état où est notre Royaume, il est indispensable qu'un Roi existe et qu'il soit formé rapidement. Que tous le reconnaissent comme tel. »

Je m'arrête, posant ma main sur le rebord de mon fauteuil et mon regard dans le sien :

« Je souhaiterais que vous appreniez à mon fils l'art qui est le vôtre, celui du combat. »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptySam 27 Fév - 4:04

Tout épris de liberté qu’avait toujours été le jeune garçon, il n’avait toujours eu qu’une assez vague connaissance du monde de la politique mais savait que son père – comme ses ancêtres avant lui – était forcé de porter un masque lorsqu’il était en société. Bien sûr il était plus aisé de porter le masque en présence de certaines personnes que d’autres, les affinités n’étaient pas étrangères à ce monde où la langue de bois était un art, mais Asher avait toujours détesté voir son père porter ce masque. Être poli envers un invité était une chose, cela faisait partie de l’éducation de base de toute société civilisée, mais devoir s’écraser face à quelqu’un d’autre par convenance politique était quelque chose qui avait toujours fait tiquer le jeune garçon. Allait-il, lui aussi, devoir se comporter comme une lavette afin de mener une existence paisible, afin qu’on lui foute la paix ? Ses précepteurs lui firent comprendre que oui mais cette étiquette morale lui semblait soudainement aussi contraignante qu’une cagette pourrait l’être à un oiseau.
Il avait envie de liberté, de vivre ses propres aventures sans qu’on ne vienne le rappeler à ses barbantes responsabilités et à un sens du devoir dont il n’était pas plus animé que cela, mais cette liberté s’étendait également jusqu’à ses pensées les plus profondes. Il voulait être libre de penser ce qu’il voulait de tout un chacun sans qu’on vienne le réprimander pour cela, il voulait avoir l’opportunité de dire à un poivrot qu’il allait lui faire manger ses dents s’il ne dégageait pas de son chemin sans qu’on vienne lui tirer les oreilles pour son outrecuidance. Vous voyez un peu le tableau ? C’était sans doute pour cela qu’il avait envisagé aussi aisément de traverser le Détroit et de tout laisser derrière-lui, il savait ce monde-là plus vaste et sauvage que le sien et, inconsciemment, il espérait peut-être trouver un lieu où il aurait sa place car rien de beau ne l’attendait dans le Nord.

Pendant un temps il avait trouvé ce lieu mais les circonstances le ramenèrent à la maison et le placèrent sur la voie qui est encore la sienne aujourd’hui. Aujourd’hui il faisait face à une personne à qui ce masque allait bien mieux qu’à lui, lui qui ne prenait même pas la peine de le porter d’ailleurs, et il était assez curieux de connaître la raison de cette convocation. Comme le voulait la tradition les deux individus s’assirent l’un à côté de l’autre et commencèrent à échanger des banalités, jusqu’à ce que le sujet bifurque sur la guerre et que la Reine fasse part à Asher de sa volonté de reconstruire ce pays meurtri par la guerre. Si le mot « ensemble » ne fit pas réagir le guerrier plus que cela, il leva un sourcil de surprise lorsque cette créature de rêve lui avouer compter sur lui pour redonner un coup de fouet aux troupes.
Fort de son assurance et de son talent dans ce domaine, c’est avec un sourire que le guerrier s’exclama :

« Vous n’avez pas à vous en faire, les hommes m’adorent ! »

En vérité le jeune homme n’avait jamais eu aucun mal à se faire apprécier des simples soldats car il avait été à leur place pendant un moment et il savait ce qu’ils aimaient et quelles cordes sensibles toucher pour les motiver. Malgré sa position de Lord il restait un guerrier dans l’âme, c’était pour cette raison qu’il arrivait si facilement à se mettre dans les bottes de ses propres hommes.
Puis enfin la raison de la convocation du jeune seigneur frappa ce dernier comme une légère gifle d’une femme bafouée, la Reine attendait d’Asher qu’il prenne en main la formation du futur Roi en lui enseignant ce qu’il savait. Combien auraient tué pour avoir cet honneur ? Mais je vous ai déjà dit ce que Asher pensait de l’honneur, il s’en fichait comme de sa première pute, mais pourtant ce n’était pas une proposition qu’on lui ferait souvent dans sa vie.

La Reine s’attendait sans doute à une acceptation en posant ses yeux vers ceux d’Asher. Au lieu de cela le jeune homme pencha sa tête légèrement sur la droite, levant son poing droit contre sa joue pour venir supporter la tête, avant de lâcher un simple :

« J’hésite. »

Oui, vous avez bien entendu, il hésitait à accepter l’opportunité du siècle, et pourtant il n’était pas fou du tout. Se levant de son fauteuil pour se rapprocher d’une éventuelle fenêtre donnant sur l’extérieur, il resta pensif pendant quelques instants. Pesant le pour et le contre dans sa tête, il brisa le silence très récemment installa en expliquant son indécision à sa suzeraine.

« D’habitude je cogne mes élèves pour que ça rentre mieux. Les plus distraits et flemmards d’entre eux en tout cas, mais j’imagine que je ne pourrait pas en faire de même avec votre fils. »

Il avait été éduqué à la dure pendant son séjour de l’autre côté du Détroit et ne s’en était pas trop mal tiré pour tout dire, les soldats avaient l’habitude du champ de bataille et les entraînements au sein de la maison Royce étaient devenus un peu plus brutaux depuis son arrivée. Au début les soldats eurent un peu de mal à accepter qu’un étranger les traite de la sorte, chose aisément compréhensible, mais quand ils virent les premiers résultats de cette nouvelle méthode les complaintes se turent.
Pourquoi ne pas faire la même chose ici ? Car frapper un Roi, qu’il soit jeune ou grabataire, était l’assurance de lui faire perdre sa main ou sa tête et il avait encore besoin de l’une comme de l’autre. L'idée de devoir prendre des pincettes ne l'emballait donc pas plus que ça pour le moment.
Faisant demi-tour et tournant sa tête vers la Reine, mimant une mine embêtée totalement feinte, c’est avec une petite pointe d’amusement qu’il ajouta :

« D’un autre côté votre nièce me tuera ou me castrera dans mon sommeil si je vous refuse quelque chose. »

Oui c’était sans doute un peu exagéré et peut-être un peu cru pour sa suzeraine mais l’image parlait d’elle-même, sa femme lui ferait payer d’une manière ou d’une autre si son refus parvenait à ses oreilles. Tout de même intrigué par la proposition de la Reine, Asher conclut son intervention par une toute dernière question :

« Mais d’ailleurs, pourquoi moi ? Le Val ne manque pas de bon combattants et de chevaliers renommés qui pourraient faire de votre fils l’homme et le Roi dont ce royaume a besoin. Vous connaissez mon parcours atypique, qu’est-ce qui vous fait penser que ce que j’aurai à enseigner conviendra au Roi qu’il doit devenir ?  »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptySam 5 Mar - 22:31

J'avais passé ma vie à me masquer, à donner le change comme je le pouvais. Je ne faisais que continuer ce jeu, aujourd'hui, pourtant il me semblait tout à coup bien plus compliqué. Et insensé. Alors que tout venait de s'écrouler, que je venais de tout perdre, définitivement. Ce ne sont pas quelques jours de deuil qui vont arranger les choses et guérir les plaies ; cela m'a simplement donné un peu plus de temps pour me préparer à les cacher... Mon répit est terminé, maintenant. La guerre est terminée, tout est entré dans l'ordre. Façon de parler. Un Royaume sans roi, écorché, une Reine frêle, trop pour porter le poids qu'elle traîne déjà depuis des années... Si seulement ils pouvaient voir à travers le masque, tous... S'ils voyaient ce qui se trouve vraiment derrière la statue de marbre qu'ils désirent tant, qu'ils admirent tant, pour certains. C'est vide. Creux. Fragile. Je me suis endurcie, oui, pendant toutes ces années, mais aujourd'hui tout cela s'écroule, toute cette force fragile et instable que j'ai réussi à m'assurer part en éclat avec sa vie. Simplement ça. Et je ne dois rien en montrer.

Peut être que commencer par Lord Royce est une bonne solution, finalement. Peut être est-ce plus facile de cacher tout cela à un homme comme lui plutôt qu'à un de nos beaux chevaliers du Val emplis d'honneurs et portant rond de jambe pour deuxième prénom. Lord Royce est différent. J'ai été quelque peu déstabilisée, au début ; encore plus lorsque nous avons appris qu'il épouserait ma nièce. J'ai tout de même l'impression qu'il a réussi à s'adapter quelque peu à la vie noble et à la diplomatie. Ou peut être alors est-ce moi qui me suis habituée à ses manières, ou non manières, plutôt. Je ne sais. Quoi qu'il en soit, sa retenue en compliments et son franc parler ne me gênent guère pour l'instant, bien que quelque part, j'aurais aimé qu'il me permette de tourner plus longtemps autour du pot. J'esquisse un léger sourire.

« Nous sommes chanceux de vous avoir, dans ce cas. »

Un chef doit se faire aimer ou tout du moins respecter de ses hommes, c'est une évidence. Je ne doute pas de son affirmation, on me rapporte souvent des informations dans ce genre. Et elles sont importantes. Un Royaume doit se supporter à tous les étages, et chacun a sa part de responsabilités sur les siens pour que la machine tourne convenablement. Se remette en marche, dans notre cas. Je ne peux me permettre de perdre une partie de mes vassaux, d'en laisser certains sans motivation. Il nous faut oeuvrer ensemble pour nous tous ; et je compte bien également faire savoir que le Roi existe. Ronnel doit se faire accepter de ses futurs vassaux... Et s'il est bien trop jeune et inexpérimenté, je peux tout de même déjà le mettre en contact. Permettre aux Seigneurs valois de connaître leur Roi. Je fixe Lord Royce, alors que je laisse le silence s'installer entre nous. Rompu par des paroles que je n'attendais pas. Je hausse les sourcils. Il... Hésite ? Je ne voyais pas cela comme une proposition, mais passons. Je ne réplique rien, laissant encore le silence peser, attendant ses arguments. Mon regard ne le quitte pas, cependant. J'attends simplement, chose que je n'aurais certainement pas fait d'habitude après qu'on ait « hésité » face à l'une de mes propositions. Ordre, plus justement, formulé de manière polie et courtoise, certes, mais à laquelle je n'attends pas de refus. Je l'écoute, finalement peu étonnée par ses paroles. Je pousse un léger soupir. Imaginer mon fils chéri se faire frapper n'est guère agréable, mais on ne peut préserver éternellement sa progéniture de l'avenir qui l'attend.

« Détrompez-vous. Tout ce que je veux est que mon fils soit bien formé, et si cela doit passer par la violence, il y passera. Évidemment, je vous demanderai d'éviter de lui infliger des blessures irrémédiables, mais il sera quoi qu'il en soit confronté à la violence un jour dans sa vie. Mon fils n'a en outre rien d'un fainéant. »

Il se lève et se met à marcher, également. Je le laisse faire sans rien dire, le suivant simplement du regard. J'avais moi aussi cette habitude d'avoir besoin de me déplacer pendant une conversation, pour réfléchir et parler. Je lâche un rire à ses paroles. Dont je lui aurais certainement tenu rigueur à une époque, et si les circonstances ne m'incitaient pas à me montrer un peu plus souple. Je me remets naturellement à marcher à ses paroles suivantes, réfléchissant en même temps qu'il parlait à la réponse que j'allais lui faire. Ce n'était guère difficile, et cela m'avait semblé évident, mais pas forcément pour lui. Je me retourne vers lui, braquant à nouveau mon regard dans le sien.

« Parce que vous êtes plus que rôdé. Et parce que je veux le meilleur pour mon fils. Je ne compte pas me contenter d'un seul professeur pour lui, et pouvoir apprendre par quelqu'un d'autre que par un chevalier du Val pourrait lui donner une approche différente, des techniques différentes, en plus de celles que pourront lui apprendre un Ser Valois. »

J'esquissais un léger sourire, un peu triste quelque part.

« Votre Roi est jeune, inexpérimenté. Il a tout à apprendre. A vous d'en faire un homme que vous et vos enfants pourront suivre avec fierté. »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyDim 6 Mar - 15:20

En voyant la dame arborer un masque de dignité et de sang-froid face à lui, si fière et belle, le guerrier ne put s’empêcher si en de pareilles circonstances il aurait été capable de faire preuve du même maintien que son interlocutrice. Comment réagirait-il si sa femme venait à mourir ? Serait-il abattu et noyé dans le plus profond des désespoirs ? Succomberait-il à une fureur vengeresse ou resterait-il indifférent face à cette perte ? En vérité ce n’était pas qu’il n’avait pas de réponse, c’était surtout que la réponse qu’il connaissait déjà n’était pas celle qu’on attendait de lui.
Le temps finissait par changer n’importe qui, voilà quelque chose que tout le monde avait à peu près accepté, mais ici ce n’était pas un homme changé qui faisait face à la Reine mais un homme brisé qui avait vu et ressenti ce qu’il y avait de pire chez l’être humain. Comment croyez-vous qu’un homme puisse devenir aussi cynique et insensible à la violence que le jeune Lord Royce ? Non en vérité il savait que s’il venait à perdre sa femme ou son épouse il ne serait pas aussi attristé et abattu que ce qu’on attendrait d’un homme dans sa situation, sa femme souffrirait sans doute bien plus que lui si la situation venait à être inversée. Il savait bien que ce n’était pas correct, qu’il y avait quelque chose qui clochait chez lui, que son manque de passion et d’engagement n’était pas normal mais malheureusement il n’y pouvait bien : il ne pouvait ni oublier ni changer ce qu’il était et ce qu’il avait fait.

Mais au fond, sa femme l’aurait-elle aimé s’il avait été différent, s’il avait été comme tous les pompeux jeunes nobles du Val ? Sans doute pas, pas autant en tout cas. Il était comme il était, un vent de fraîcheur au milieu d’une foule d’individus bien trop attachés aux traditions et à l’étiquette, il n’avait que faire de l’honneur et n’avait de loyauté profonde que pour lui et lui seul. Un ancien mercenaire ayant obtenu un titre, en somme.
Revenant au sujet de cette conversation en balayant ces sombres pensées d’un discret froncement de sourcils, le combattant passa outre la petite remarque de la Reine qui avouait être heureuse d’avoir un homme à ses côtés pour gérer ses troupes. À la différence des nobles ayant grandi avec une cuillère en argent dans la bouche ou entre les fesses, le jeune homme connaissait mieux que personne le monde dans lequel ces soldats évoluaient et ce qu’ils désiraient au fond d’eux. Ils n’avaient que faire de l’honneur, ils ne désiraient que de l’argent pour leur famille et assez de temps pour voir leurs enfants grandir.
Asher n’était pas un officier apprécié de ses hommes parce qu’il était beau et charismatique – quoique cela jouait sans doute un peu aussi – mais parce qu’il était proche de ses hommes et ne les regardait jamais de haut. Titre ou pas titre, seigneur ou mercenaire, il restait un soldat avant tout  et n’était jamais aussi à l’aise qu’au milieu d’autres comme lui.

Avait-il besoin d’explique ça à cette femme ? Non, elle avait sans doute d’autres choses à fouetter et il se fichait pas mal que d’autres cherchent à comprendre sa popularité auprès de ses hommes. La conversation se poursuivit donc jusqu’au moment où l’ancien vagabond fit part à son interlocutrice de ses méthodes expéditives et, à sa grande surprise, la demoiselle ne refusa pas que le seigneur soit un peu brusque avec le roi en devenir.
Arquant un sourcil de surprise, ne prenant jamais la peine de porter un quelconque masquer pour dissimuler ses émotions, pensées et réactions, ce fut sur un ton amusé que Asher répondit :


« Hum, vous arrivez encore à me surprendre alors que vous pensais vous avoir cernée. Mais c’est parfait, ça ira plus vite si je n’ai pas à prendre des pincettes.»

Bien sûr qu’il était positivement amusé de savoir qu’il pourrait agir comme il l’entendait mais il restait tout de même surpris de la réaction de cette femme. Après avoir perdu son mari, Asher aurait supposé qu’elle aurait tout fait pour protéger et préserver ce qui restait de sa famille, c’était le réaction normale attendue de toute veuve, mais ici la femme se montrait étonnamment sage et ferme envers son fils.
Décidément le deuil lui réussissait bien mieux que le jeune Royce ne s’y était attendu, ou alors elle se faisait violence pour prendre pareille décision mais cela n’avait que peu d’importance. Le résultat restait le même.

L’autre surprise apparut lorsque la demoiselle se mit à rire quand Asher fit preuve de sa franchise et de sa grossièreté naturelle en évoquant la punition que lui ferait subir son épouse s’il refusait l’offre de la Reine. En fait non, le guerrier n’était pas plus surprise que sceptique…riait-elle de bon cœur ou faisait-elle semblait ? À force de la voir afficher un tel masque, il finissait par avoir du mal à différencier le vrai du faux chez elle. Tout bon vivant qu’il était, il était de très bonne compagnie et faisait rire les assez facilement, ou en tout cas ceux qui ne s’offusquaient pas de sa franchise, mais il ne s’attendait pas à ce que la Reine soit encore capable de rire et sourire après ce qu’elle venait de vivre.

Cette femme avait l’esprit ouvert, elle n’allait pas se contenter des hommes du Val pour former son fils à devenir le Roi que ce royaume méritait, elle piocherait partout  où elle pourrait pour que le Val puisse sortir la tête de l’eau : voilà ce qu’Asher comprit en entendant la veuve lui explique la raison de son choix. Affichant un sourire amusé en coin, il répondit alors :


« Vous allez finir par me faire rougir, à force. Mais je comprends l’idée, oui.»

Se tournant vers cette souveraine brisée, il s’avança vers elle et, une fois à quelques pas d’elle, lui tendit sa main droite et s’exclama

« Eh bien, marché conclu ! »

Il était de coutume que tout accord soit signé par un document écrit ou une simple poignée de main, ici Asher opta pour la seconde option en ayant en tête la possibilité que cette noble femme puisse refuser de lui serrer la main. Tout en proposait sa main le plus simplement du monde, pour une poignée de main ou un baisemain si la Reine était plus à l’aise avec cette façon de faire, le combattant plongea son regard noir dans les yeux de son interlocutrice pour qu’elle y puisse lire ses intentions.
Il ne cherchait jamais à masquer ce qu’il pensait de quelqu’un ou ce qu’il désirait et ici cela ne faisait pas exception, il n’y avait aucune malice qui brillait dans ses yeux mais simplement la volonté de remercier cette femme pour sa proposition, tout en lui assurant que cette tâche serait remplie. Il avait été beaucoup de choses dans sa vie, volage et ripailleur en faisaient partie, mais il avait toujours mis un point d’honneur à remplir sa part du travail.

Une fois cet accord plus ou moins officialisé, Asher se rendit compte qu’il avait oublié une question importante et, haussant les sourcils en voyant cet élément lui revenir en tête, il conclut en demandant à cette souveraine :

« Mais au fait, il est au courant ? Pas que j’ai un problème avec les élèves réticents, au contraire, mais ça ira plus vite s’il y met du sien. »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptySam 12 Mar - 22:31

Les décisions n'étaient guère aisées à prendre. Elles ne l'avaient jamais étés, mais aujourd'hui encore plus. J'étais seule, si seule et isolée... Je devais leur faire accepter à tous un roi de douze ans, un roi qui n'avait rien demandé et qui était encore plus frêle que moi... Me restait mon frère, heureusement. Je l'avais déjà beaucoup sollicité ces derniers jours, alors que j'étais en plein deuil. J'avais sûrement abusé de lui, alors que je savais parfaitement que tout n'allait pas bien pour lui non plus. Il culpabilisait, semblait il... Nous devrons mettre cela au clair, un jour, mais pour le moment le temps nous pressait et il me fallait des soutiens. Le sien m'était déjà acquis, inconditionnellement, et c'était peut être ce qui me sauvait de sombrer totalement dans le désespoir. Parce que nous devions agir vite ; alors que nous sortions d'un désastre, il fallait sortir définitivement la tête de l'eau au Val pour ne pas qu'il n'y replonge. Alors que d'un autre côté, ces préoccupations me semblaient tellement futiles... Parce qu'il était mort, lui, l'homme de ma vie, mon amour, mon roi, tout... Il ne me restait que mes enfants. Eux aussi étaient tout, la lumière qui avait guidé chacun de mes jours depuis leur naissance, celle qui illuminait mon obscurité aujourd'hui. Je voulais les couver, les protéger, les aimer et les garder au creux de mon aile jusqu'à la fin. Mais cette possibilité là aussi, on me l'avait arrachée. Dépouillée, j'avais moi même pris l'initiative de convoquer les plus forts et les plus sévères combattant du Val pour endurcir ce fils que j'aurais aimé pouvoir protéger jusqu'à la mort. Non. J'allais devoir le lancer, le jeter hors du nid alors qu'il ne savait même pas voler... C'était cruel. Je ne supportais pas cette idée un seul instant, mais je n'avais pas le choix.

Bizarrement, cela m'aidait à me montrer droite et digne. Refermée, focalisée sur mes devoirs, le masque m'était plus facile à porter. Je savais quoi qu'il en soit, que Lord Royce n'avait pas la même manière de voir, de penser, que la plupart des nobles du Val, et si de fait, je ne savais pas toujours exactement comment il pouvait réagir, par exemple. Mais quoi qu'il en soit, si je me montrais un peu moins protocolaire ou souriante qu'à mon habitude, il ne m'en tiendrait pas rigueur. Ses réactions me surprenaient et me déconcertaient pourtant, bien que je n'en montrais rien. Je ne m'attendais pas à ce qu'il puisse hésiter sur une telle proposition, alors que la plupart des autres Lord se seraient répandus en remerciements et en compliments. Non. Il m'opposait de la nouveauté, me provoquait de la surprise. Je n'étais jamais sûre de rien, avec lui. Si j'avais songé que peut être, à se marier avec l'une des nôtres, il s'adapterait à nos mœurs, je m'étais finalement lourdement trompé. Oh, certes, il avait acquis certains principes et se comportait toute de même de manière un peu plus convenable qu'auparavant. Lady Royce ne pouvait de toute manière pas se permettre d'avoir un époux qui tâche son nom. Il avait quoi qu'il en soit cet avantage sur le champ de bataille et face à ses hommes que l'on ne pouvait lui nier, et qui était un atout considérable pour le Val. Surtout en ces périodes sombre où la cohésion était la seule possibilité qu'il nous restait pour nous en sortir. Me restait à les en convaincre tous, et à ce que les Arryn incarnent toujours cette cohésion. Je pousse un léger soupir.

« Je suis simplement consciente qu'un tel apprentissage, pour être efficace, ne peut être fait en prenant constamment des gants. Du moment que vous n'allez pas jusqu'à des blessures handicapantes... Je tiens à ce que mon fils puisse avoir le meilleur apprentissage possible, c'est tout. »

Il pensait m'avoir cerné ? Une mère voulant le meilleur pour son héritier me semblait la chose la plus logique au monde, et guère étonnante, mais elle le semblait, pour lui. C'était douloureux, certes, mais nécessaire. Je me rendais compte que oui, j'étais également beaucoup plus détendue avec lui. Peut être n'avais-je pas la force de porter mon masque entièrement, aujourd'hui... Je préférais rire, tant pis si ce qu'il disait était largement déplacé ; personne n'était là pour n ous entendre. La discussion avec Ronnel m'avait de toute façon épuisé, et si tout ce que j'avais enduré ces derniers jours ne transparaissait pas sur mon visage, ce devait bien être le cas autre part, pour d'autres sujets. Il semble quoi qu'il en soit agréablement surpris et accepte finalement. C'est déjà ça. Un premier pas. IL ne s'agissait pas que d'éduquer un jeune à la pratique guerrière, il s'agissait surtout de permettre à nos vassaux de participer à l'éducation de leur roi, d'y être attachés et d'en être responsable aussi, quelque part. J'esquissais un sourire.

« Vous, un guerrier insensible, qui a trempé son épée dans nombre de sang, ressorti vainqueur de maints conflits, rougir ? »

Je le taquinais, je me distrayais. Il fallait bien sortir un peu la tête de l'eau, lorsque l'on a eu les derniers jours que j'ai eu. Je sais de toute manière que la tristesse me reviendra bien vite, dès que je serais seule. Pour le moment, j'ai à montrer une bonne image de moi. Si je prépare déjà l'avenir, le règne de Ronnel, c'est bien moi qui vais devoir tenir les rênes en attendant... J'y suis prête, concrètement, je le fais déjà lorsque Jehan n'est pas là. N'était. J'ai encore du mal à parler de lui au passé... J'hésitais un instant devant sa main tendue, avant d'y déposer délicatement la mienne, ne sachant pas très bien avec lui s'il comptait me serrer la poigne ou me faire un baise main. J'étais tout de même plus accoutumée au second qu'au premier.

« Vous m'en voyez ravie, Lord. »

Répondis-je simplement. Il ne me semblait pas nécessaire de consigner quoi que ce soit par écrit ; ce n'était pas un traité, simplement un service rendu, finalement... Un privilège, bien qu'il ne le voyait peut être pas ainsi. Je me rassois finalement à mon fauteuil, bien que je suis certaine de m'en relever dans quelques instants pour me remettre à marcher. Je ne perdrais certainement jamais cette habitude... Je me retourne vers lui, alors qu'il me pose une nouvelle question. Je n'apprécie guère la manière désinvolte dont il évoque mon fils. Certes jeune, mais roi. Le respect ne se gagne pas par des titres, mais en faisant ses preuves. Surtout avec un homme comme Lord Royce. J'avais confiance en Ronnel pour cela.

« Nous en avons discuté pas plus tard qu'hier soir. Mon fils est jeune, frêle, inexpérimenté. Mais il semble avoir compris la tâche qui sera la sienne à présent, et je sais pouvoir lui faire confiance pour s'y atteler avec détermination. Il n'a guère le choix, quoi qu'il en soit. »

J'esquissais un sourire teinté de tristesse.

« Et de mon côté, je ne laisserais pas le Val à un incapable, mais je sais qu'il n'en n'est pas un. »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyDim 13 Mar - 14:02

Au fond de lui le jeune seigneur savait bien que la proposition de sa suzeraine n’en était pas une et qu’elle ne l’avait pas présentée comme un ordre que par pure courtoisie et respect de l’étiquette, même s’il n’était que vaguement familier avec le concept de vassalisation et de subordination il était bien conscient que lorsqu’un Roi ou une Reine demandait quelque chose à un vassal ce dernier devait obligatoirement s’y plier à moins d’une très bonne raison. Avait-il une bonne raison de refuser le supposé honneur d’aider le Roi à devenir un homme ? Non, bien au contraire. Toute calculatrice qu’était sa femme, elle s’imaginerait sans doute qu’un tel rapprochement avec le Roi lui ferait gagner quelques faveurs de sa part quand il serait en âge de régner sans l’aide de personne, Ronnel se sentirait peut-être reconnaissant envers Asher pour l’avoir aidé à devenir l’homme qu’il s’apprêtait à être. Est-ce que ça lui vaudrait une place de choix dans le nouveau Val qui naîtrait avec ce nouveau roi ? N’importe quel optimiste dirait sans doute que oui mais Asher s’en fichait pas mal, il avait appris à apprécier ce garçon depuis son arrivée ici, Ronnel était venu lui parler de nombreuses fois avec une curiosité évidente dans le regard et l’envie d’apprendre ce qu’était la vie de quelqu’un ayant passé tellement de temps de l’autre côté du Détroit.
C’était bien, en plus d’être l’un des rares voire le seul à s’intéresser à la vie de l’ancien nordien avant son retour à Westeros, le jeune garçon était curieux et ne limitait pas son esprit à ce qu’il se passait sur Westeros…bien que les récents évènements aient pu changer la donne.

La plupart des petits seigneur de ce royaume et des terres alentours ne cherchaient qu’à améliorer leur situation et renforcer leur position en gagnant du pouvoir de l’influence, ces deux choses se gagnaient généralement par le biais de faveur, de guerres mais surtout de mariage. Et un beau jour, au milieu de toute cette foule d’arrivistes calculateur débarquait un touriste qui ne pouvait se fichait davantage de sa position car il avait déjà obtenu bien plus que ce qu’il avait prévu. Vraiment ? Non, en vérité il n’avait jamais vraiment eu de plan quant à la suite des évènements le jour où il avait pris le bateau depuis l’autre côté du Détroit, il savait qu’il était temps de s’y réinstaller mais sans avoir réfléchi au lieu ni à ce qu’il ferait de sa vie ensuite.

Par chance et persistance il avait pu s’offrir une vie très confortable où il ne manquait de presque rien, il n’avait plus besoin de saigner ou tuer pour gagner sa croûte et le droit de vivre un jour de plus, au-dessus de sa tête il avait un toit qui n’était pas fait de paille et qui ne laissait pas passer l’eau les soirs de pluie, les gens autour de lui avaient presque tout cessé de le regarder avec une pitié mêlée de scepticisme. 5 ans, il ne lui avait fallu que 5 petites années pour obtenir tout ça et il était très content de ce qu’il avait : pourquoi chercher à obtenir plus ? Il savait bien que sa femme ne serait jamais contre le fait de gagner toujours plus de pouvoir et d’influence au sein du Val et au-delà, elle n’était pas arrivée à la tête de la maison Royce par pur altruisme, mais l’ancien nordien s’en fichait pas mal. Il avait eu ce qu’il voulait, maintenant il pouvait prendre le temps d’en profiter et de faire fructifier tout ça.

Aujourd’hui il se trouvait face à une femme qui n’avait pas le luxe de pouvoir faire ce qu’elle voulait sans en demander plus, à l’inverse de lui, par un tragique coup de destin elle avait été propulsée à une place anciennement occupée par son mari et devait désormais faire en sorte que tous ses vassaux acceptent le fait d’être dirigés par un enfant. Son mari avait le respect de ses vassaux car il était un roi et combattant respecté, mais avaient-ils le même respect pour son épouse, aussi sublime soit-elle ? La beauté pouvait attirer la convoitise des hommes mais en aucun car leur respect, elle devait travailler dur pour maintenir ce royaume à flot et préparer les changements à venir.

L’espace d’un instant le jeune seigneur se surpris à se demander s’il devait présenter ses condoléances à cette femme et s’excuser, les condoléances pour la perte de son mari et les excuses pour ne pas avoir su le sauver sur le champ de bataille, mais finalement il se retint. Pourquoi ? Parce qu’elle avait probablement été harcelée par tous les seigneurs du Val pour lui présenter leurs condoléances, une de plus ou de moins ne ferait plus la différence à ce niveau-là. Un homme de plus avait été emporté par la guerre, c’était toujours triste mais Asher était trop habitué à faire face à ce constat pour le laisser le ralentir, avec le temps cette femme finirait par faire son deuil et le souvenir de son mari ne serait plus qu’une cicatrice qui l’irriterait de temps en temps comme pour lui rappeler qu’elle existait toujours.

Mais pour l’heure elle devait convaincre un par un chaque seigneur de Val de maintenir leur confiance en elle et cela commença par la maison Royce en la personne d’Asher, pour ce dernier la loyauté n’était qu’un terme vague mais sa conscience professionnelle lui interdisait de manquer à sa parole. Cette femme parvint même à faire sourire le jeune seigneur en affichant clairement son scepticisme quant à la possibilité qu’il rougisse, ce à quoi il ne manqua pas de répondre sur le même ton amusé :

«Vous m’avez percé à jour, on dirait. J’avoue que je suis un bien piètre acteur, mais les compliments sont toujours agréables à entendre. Quelles que soient les circonstances. »

En effet quand il s’agissait de se battre le jeune homme était totalement insensible, il n’y prenait pas un plaisir malsain bien que le sentiment de puissance juste avant de tuer quelqu’un pouvait être grisant, pour lui se battre et tuer était une chose aussi naturelle que de manger. Si dans toute société civilisée une telle aisance à ôter la vie d’autrui serait très mal acceptée, ici force était de constater que la réputation de Asher le précédait et que tous les seigneurs étaient plus au moins au courant de cet aspect de sa personne. Le seigneur se doutait bien qu’on devait régulièrement lui casser du sucre sur le dos, mais il n’avait que faire de seigneurs trop lâches pour avoir les couilles de lui dire en face ce qu’ils pensaient réellement. À ce niveau-là ils ne valaient pas mieux que des femmes.


Voyant que cette femme lui tendait la main, le jeune seigneur déposa un furtif baiser sur le dos de cette frêle main avant de relâcher son étreinte sur elle. En d’autres circonstances il aurait été très mal venu qu’un vassal fasse preuve d’une telle proximité avec sa suzeraine, mais il n’y avait qu’eux deux dans cette salle et personne ne viendrait les déranger. Et puis si la Reine n’avait pas été consentante elle le lui aurait fait savoir le plus clairement du monde.
Puis vint le sujet de la motivation du jeune roi et la mère de ce dernier tenta de rassurer son interlocuteur, Ronnel semblait avoir compris l’importance de son rôle à venir et sa mère ne doutait pas de sa détermination à ce sujet. Ce à quoi Asher se contenta de répondre :

« Heureux de l’entendre.»

Maintenant que tout ceci était réglé, le jeune seigneur fut sur le point de prendre congé de sa suzeraine mais avant cela, pour être sûr qu’il n’y avait rien d’autre dont cette reine voulait éventuellement lui parler, il se tourna vers elle et lui demanda :

« Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour voir avant de m’atteler à cette tâche ? »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyMer 30 Mar - 17:41

Une première affaire réglée. C'était déjà ça. Peut être la moins périlleuse, mais un pas en avant reste un pas en avant, et chaque millimètre parcouru d'un royaume déchiré à un royaume reconstruit était important. Bien qu'il n'était pas né Royce, Asher portait désormais leur nom et comptait comme Lord. L'attacher au futur Roi d'une manière ou d'une autre était donc primordial, et en plus, cela bénéficierait à Ronnel également. J'avais besoin de l'appui des grands Seigneurs du Val, de tous. Nous devions tous oeuvrer dans le même sens pour que le Royaume du Val et de la Montagne puisse se relever de ses cendres. Un sens qu'il m'appartenait de désigner en tant que Reine Régente, mais auquel tous devraient bien adhérer dans un but commun. Nous vivions sur les mêmes terres, nous subissions le même sort, nos intérêts devaient donc être communs. Aucun soucis de ce côté jusqu'à maintenant, mais si un pouvoir faible était trop longtemps visible, la discorde qui en suivrait pourrait vite faire naître des ambitions non désirables. Je n'avais pas le choix, pas le temps. C'était aujourd'hui, dès maintenant, alors que les plaies étaient encore à vif, qu'il me fallait souder tout mon peuple dans notre intérêt commun. Une tâche lourde, si lourde, pour des épaules si frêles... Elles ne le paraissaient pas, pourtant je les sentais prêtes à céder à chaque instant sous ce fardeau. Avant, c'était différent. Il y avait Jehan, quelque part, qui foulait cette terre. Même lorsqu'il me laissait seule pour partir au front, même dans ces instants où j'avais tout à gérer... Au fond de moi, il y avait cette flamme, cet amour, cet espoir qui vivait. Ce n'était que passager, il allait revenir. J'allais entendre sa voix, j'allais pouvoir sentir son corps contre le mien. Me noyer en lui... Aujourd'hui, il n'y avait plus qu'un océan de douleur et de larmes, manquant de m'engloutir. Et le fardeau toujours plus lourd, m’entraînait vers le fond. Accélérait la chute.

Tout ne se passait pas si mal pour le moment, pourtant. Ce n'était que le début ; je savais très bien que les difficultés ne tarderaient guère à venir. Mon deuil n'avait pris fin qu'il y a peu, officiellement, bien que mon cœur sera désormais éternellement couvert d'un voile noir. Il fallait faire comme si de rien n'était. Il fallait avancer. Que j'avance, mais que mes fils aussi, avancent. Il leur restait la vie à vivre... Ou à subir. Je ne voulais pas cela, pourtant, j'allais désormais devoir imposer à Ronnel une discipline de fer, qui allait lui voler toutes les belles années de sa jeunesse. Il s'était montré coopératif, compréhensif. Je lui en étais reconnaissante à un point qu'il ne pouvait imaginer... Le Royce aussi, allait dans mon sens. D'une manière peu protocolaire comme d'habitude, mais j'étais bien trop lasse et désorientée pour lui en tenir rigueur aujourd'hui... De toute manière, je savais très bien qu'il ne dépasserait pas les bornes. Ce qui me semblait évident ne l'était tout simplement pas au premier coup d'oeil pour lui. Ce que je lui disais relevait plus du simple constat que du compliment, mais qu'il le prenne ainsi ne changeait pas grand chose. Je me contentais d'esquisser un léger sourire, alors que je pensais à tout ce que je n'aurais pas à faire si Jehan était encore parmi nous. Lord Royce n'était que le premier, et certainement le plus facile de tous les entretiens que j'allais devoir mener. Je me laissais un peu plus aller que je ne le faisais en général et que j'aurais à le faire face aux autres, nobles aguerris, amateurs de courbettes et jeux de cour. Nous en avions fini pour Ronnel... Mais je ne lui donnais pas congés tout de suite, alors qu'il me tendait justement la perche, me demandant s'il y avait autre chose.

« Je ne vous ai même pas demandé de nouvelles de votre épouse... Comment se porte elle ? »

Je marque une pause tandis que je retourne me rasseoir, mais toujours tournée vers lui.

« Avec tous les morts que nous avons à déplorer et tout ce qu'il y a à reconstruire... Il se peut que j'aie besoin de son soutien, et que j'ai sous peu quelques propositions intéressantes à vous faire à tous deux. »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyJeu 31 Mar - 2:34

En vérité ce n’était pas que le jeune seigneur ne se sentait pas à l’aise dans la haute société, il était tout à fait capable de participer à un banquet ou à un mariage quelconque en étant le parfait mari au bras de son épouse, il savait être bon acteur quand il y mettait de la bonne volonté, mais c’était tout simplement qu’il n’aimait pas ça et qu’il lui était dur de mettre de la bonne volonté dans quelque chose qui l’ennuyait profondément. Tous ceux de noble naissance avaient une éducation telle qu’ils savaient arborer un masque en société, ils savaient sourire et feindre l’amusement pour divertir la foule de nobles inconnus qui croisaient leurs routes, ils étaient si souvent confrontés à ces situations que ce masque-là finissait par ce confondre à leur véritable visage au fil du temps. Le meilleur exemple était son épouse, elle était une meilleur diplomate et personne de société que l’ancien nordien ne le serait jamais.
Lui avait grandi dans un monde où ce masque n’avait pas lieu d’être, où le simple fait de vivre et d’être soi-même était suffisamment difficile pour ne pas se rajouter une complication supplémentaire. Pendant que les autres petits seigneurs étaient éduqués par des mestres, lui était éduqué par les fouets et les coups de poings. Pendant que d’autres s’entraînaient dans la cœur du château avec le maître d’armes de la maison, lui pourfendait son premier ennemi et sentait le liquide chaud couler sur ses mains. Voyez-vous la différence d’éducation ? À parcours différent il aurait sans doute été comme tous les autres, mais il ne voulait pas être comme tous les autres et était fier de l’homme qu’il était devenu aujourd’hui.
Fier de ses actions passées ? C’était une autre histoire, une qu’il n’évoquait et n’évoquerait avec personne.

Dire que le jeune homme n’était donc pas à l’aise face à la reine n’était pas véridique, en vérité il ne savait pas vraiment comment se comporter face à elle. Devait-il la voir comme une femme, comme sa suzeraine ou comme la tante de son épouse ? Simple relation, subordination ou famille : l’attitude à adopter n’était clairement pas la même selon les cas.
Beaucoup de gens voyaient le jeune Royce comme un éternel insolant, un grossier personnage qui ne devait sa position qu’à un mariage et à la faiblesse passagère de sa femme qui était tombée sous son charme, mais ceux qui connaissaient l’ancien mercenaire savaient qu’il n’était pas grossier et insolent mais plutôt qu’il ne s’embarrassait pas de manière et qu’il faisait primer l’honnêteté avant tout. Difficile à entrevoir dans une société si marquée par le mensonge, les courbettes et l’art séculaire de la langue de bois ?

Bien sûr il arrivait à Asher d’être blessant envers une personne mais c’était à chaque fois fait exprès, il connaissait les limites du convenable mais choisissait de les ignorer la plupart du temps. C’était pour ça que sa Reine ne lui en tenait pas rigueur, parce qu’elle était fatiguée mais surtout parce qu’il était beaucoup plus malin qu’il n’y paraissait et qu’il lui témoignait suffisamment de respect pour ne pas l’insulter ou la blesser. De par le lien qui unissait son épouse à la Reine et par simple respect d’un être humain envers un autre, l’ancien mercenaire n’avait ni le cœur ni l’envie de s’amuser à jouer avec cette femme dans une période aussi troublée. Même s’il n’était pas plus affecté par la mort du Roi que par la mort de quiconque, le maître d’armes savait que cette femme avait besoin de son soutien et de celui des autres vassaux pour maintenir le radeau du Val à flot.

Dans n’importe quel autre royaume il se serait comporté différemment, en d’autres temps il se serait montré beaucoup plus taquin, mais le Val était ce qui se rapprochait le plus d’un foyer et son fils était amené à y grandir. Ce n’était pas pour lui qu’il se montrait respectueux mais pour l’avenir de son fils et aussi parce que sa femme lui ferait payer cher s’il venait à saboter les choses de cette demoiselle de gagner en pouvoir au sein du Val.

Penser à l’avenir de son fils, cette pensée le figea sur place et un froncement de sourcil vint endeuiller son front en une expression empreinte de surprise et de préoccupation. Depuis quand avait-il commencé à penser à quelqu’un d’autre que lui-même ? C’était une sensation tellement irréaliste qu’il n’était même pas certain d’aimer ça ou d’être à l’aise avec le concept. Comment pouvait-il se qualifier de bon père dans ce cas-là ? Avait-il seulement voulu être père à un instant de sa vie ? Tous ces évènements s’étaient enchaîné tellement vite au fil des dernières années qu’il n’avait quasiment jamais pris le temps d’y réfléchir.

Était-ce vraiment le bon moment pour y réfléchir ? Non, clairement pas. De toute façon il était trop tard pour faire machine arrière. En parlant de sa famille, la Reine demanda comment se portait l’épouse de l’ancien nordien, ce à quoi le concerné répondit :

« Comme un charme, tout va pour le mieux. La gestion de la maison accapare beaucoup de son temps, mais ça ne change pas de d’habitude. »

Elle était enfermée dans son bureau en permanence et lui était toujours en patrouille ou sur le terrain d’entraînement, autrement dit il n’y avait bien que le soir qu’ils arrivaient à se croiser et étaient généralement trop fatigués pour faire quoi que ce soit. La plupart du temps en tout cas, il y avait quelques moments un peu plus légers et tranquilles de temps à autres. Triste, n’est-ce pas ? Mais le devoir n’attendait pas, malheureusement…enfin si, Asher pouvait confier les patrouilles à quelqu’un d’autre mais il ne le faisait quasiment jamais.

Retournant également s’assoir, s’enfonçant allègrement dans le dossier en arquant un sourcil devant le speech de son interlocutrice, le jeune seigneur conclut par :

« Pour ce qui est du soutien vous savez que vous l’avez. Vous voulez m’en dire un peu plus sur ces propositions ou vous préférez que votre nièce soit là ? Tant que vous m’avez sous la main, autant en profiter.»

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyVen 29 Avr - 20:25

Dès qu'il eût accepté ma demande, j'eus envie d'être seule. De m'enfermer à nouveau, de n'entendre, de ne voir plus personne. De ne plus avoir à sourire, à porter de masque, de ne plus avoir à rien. On m'avait accordé un temps de deuil pour laisser libre cours à cette détresse ; il était désormais révolu. Pourtant, les plaies ne se referment du jour au lendemain. Elles ne se referment parfois même jamais. Je le sais. Je sais que cette douleur sera toujours là, que cette lassitude qui m'habite depuis sa mort ne me quittera pas. Mais j'ai encore quelques attaches, qui me relient à ce monde... Certains ont encore besoin de moi. Je dois les aider, les pousser hors du nid, pour que mes fils soient enfin autonomes. Et finalement, détacher ces liens qui me retiennent sur terre... Il était peut être exagéré de penser ainsi, à première vue, mais pas tellement. Quoi qu'il en soit, je ne renvoyais pas le jeune homme. Je continuais à lui sourire, du mieux que je pouvais. Alors que je savais qu'il ne se formaliserait pas d'un visage terne et fermé, contrairement à d'autres. On ne change pas du jour au lendemain, malgré une lourde perte. Je savais toujours comment me tenir en société, face à mes vassaux, et je tenais à conserver cette stature, quoi qu'il en soit. C'était un tout. Je représentais une image, un pouvoir, un pouvoir affaibli mais qui tenait. C'était, en tout cas, ce que je devais montrer.

Le Val avait des chances de se relever... Ronnel avait du potentiel, et semblait volontaire. Beaucoup serait à reconstruire, mais concrètement, l'intérieur de nos terres n'avait pas été ravagé : nous pouvions compter sur notre production agricole, sur le commerce pour gonfler les caisses du Royaume. Unir des Seigneurs derrière une couronne était plus aisé lorsque l'économie se portait bien... Surtout, je devais leur montrer l'intérêt qu'ils avaient à rester soudés derrière la famille royale. La tâche n'était guère ardue avec les Royce, mais ce n'était que le début. Un bon début. Avoir l'une des plus grandes Maisons du Val derrière nous ne pouvait qu'inciter les autres à en faire de même. Je pensais à tout cela. De manière distante, alors que j'essayais de quitter un passé révolu pour enfin me projeter dans l'avenir, mais j'y pensais. Il fallait juste le temps de me convaincre que j'étais bien vivante... Une partie de moi était pourtant partie à jamais.

Je prends des nouvelles des vivants. De ceux qui vont bien, qui n'ont pas été touchés, pas directement. Il y en a. Je demande s'ils vont bien, alors que je connais déjà la réponse. Oh, bien sûr, Lady Royce a été affectée par la mort de son oncle, mais les conséquences sont moins importantes pour elle que pour moi. Son fils est resté bien en sécurité à Roche-aux-Runes... J'acquiesce aux paroles du jeune Lord, que j'ai tout de même vu un peu perturbé un instant.

« Tant mieux, dans ce cas. Je sais pouvoir avoir confiance en elle ; elle est compétente et représente un véritable atout pour le Val et son avenir. »

Des hommes et des femmes de talent, j'en avais grand besoin. Certes, j'étais compétente, capable de gérer seule, mais il me fallait tout de même des soutiens face au reste de mon peuple. Je le suis des yeux lorsqu'il retourne s’asseoir.

« Oui, tant que je vous ai sous la main, comme vous le dîtes... »

J'esquisse un sourire face à cette expression.

« Mon époux n'est pas le seul à avoir été emporté lors de cette bataille. Il y a beaucoup à reconstruire... Et de places à prendre. Je compte reformer un conseil complet et solide, pour nous épauler, mon fils et moi. L'intendance pourrait certainement l'intéresser, je me trompe ? »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyJeu 7 Juil - 23:21

Fut un temps où le jeune homme était l’être le plus simple du monde car il ne faisait que ce qu’il avait envie, il tuait s’il avait envie, il montait la garde quand il en avait envie, il s’entraînait si la flemme ne s’était pas emparé de lui et, de manière générale, chacun de ses faits et gestes était lié à la simple question de savoir s’il en avait envie ou non. Au diable les responsabilités, il n’avait pas traversé cette immense étendue d’eau pour troquer ses chaînes familiales pour des chaînes fraternelles et professionnelle. N’avait-il donc fait qu’échanger un maître contre un autre ? Même si ce ne fut pas sans difficultés il put vivre une existence libre et éloignée de toute responsabilité, autant dire que sa période à Essos lui avait été d’un grand secours pour l’aider à forger l’homme qu’il était aujourd’hui. Pire, sans cette période il serait peut-être devenu comme tous les  puinés du monde : effacé, avec un manque flagrant de personnalité.

Les années passèrent et, alors qu’il ressentait le besoin de revenir chez lui, poursuivi qu’il était par ses démons de jadis et d’autres plus récents, l’ancien mercenaire remit les pieds à Westeros et les responsabilités le rattrapèrent inexorablement. Pouvait-il vraiment espérer y échapper ? Pas à moins de vivre en ermite, en fermier isolé dans les montagnes ou au fin fond du Bief et, après une vie de violence et de vices, une vie d’ermite n’était clairement pas  l’ordre du jour. Il aurait voulu continuer à faire ce qu’il voulait sans rendre de compte  à personne mais il ne pouvait pas être assez naïf pour ignorer la force de la féodalité sur ces terres.

Dans ce monde il y aura toujours plus puissant que soi, si d’ordinaire cette expression pèse comme une menace floue au-dessus de la tête des jeunes arrogants ne connaissant rien de la vie, cette menace n’avait jamais été aussi réel sur ce continent, là où chaque personne devait forcément rendre des comptes à quelqu’un, du plus crasseux sans-abri jusqu’au plus influant des seigneurs. Asher n’était pas puissant, il n’était pas influant et pas riche non plus, son charisme exotique pouvait éventuellement attirer la curiosité mais son atout résidait dans la chose qui pendait à sa ceinture. Son épée ? Oui, en partie, mais surtout le maniement de celle-ci.

Il tuait comme personne en ce bas-monde, avec une facilité déconcertante et sans que la moindre once de remord ne tente ne serait-ce que de l’approcher et, même si en ce monde civilisé cela ne semblait pas être un trait que l’on pourrait ressortir lors de discutions en société, il était un mal nécessité qui put enfin trouver sa place en des temps troublés. Les seigneurs se faisaient la guerre, pour mener leurs guerres ils avaient besoin de soldats et pour les gagner ils avaient besoin d’hommes capables de guider ces soldats et de les rendre meilleurs que ceux de leurs concurrents. Le calcul était simple, à forces égales la seule chose qui pouvait faire pencher l’équilibre d’un combat était la stratégie mais aussi la qualité des troupes en présence.

Si Asher était un stratège relativement bon, il n’en restait pas moins un meneur d’hommes respecté et un formidable combattant que ses hommes eurent tôt fait de suivre. Facile ? Non, car il n’était pas d’ici et certains, plus chauvins, n’étaient pas à l’aise avec l’idée de suivre quelqu’un ne connaissant rien à l’histoire de la maison Royce ou plus généralement du Val tout entier.
Maître d’armes dans un premier temps, il fit ses preuves jusqu’à attirer l’attention de la maîtresse de maison et devenir seigneur consort de cette maison avec un peu de temps .L’avait-il cherché ? Pas spécifiquement mais cette opportunité lui offrait un niveau de vie tout à fait agréable, il serait fou de refuser.

Pourquoi évoquer tout ceci ? Parce qu’aujourd’hui, lui, modeste fils de seigneur se retrouvait devant la reine régente du Val qui lui demandait d’entraîner son fils pour l’aider à devenir celui que ses vassaux attendaient. Surprenant ? Pas vraiment mais il était toujours amusé de voir le parcours accompli depuis son enfance à la maison Omble. La Reine devait peut-être se faire violence pour devoir demander de l’aide à un vassal mais, quand bien même, ledit vassal accepta la proposition sans sourciller et, quand la demoiselle fit une remarque sur l’épouse de l’ancien mercenaire, ce dernier ne manqua pas de répondre :

« Ce n’est pas moi qui vous dirais le contraire. »

La dame Royce avait joué des coudes pour obtenir la place qui était la sienne,  elle avait créé sa propre place dans un monde masculin et cela Asher ne pouvait pas le lui enlever. Etait-elle un atout pour la maison Royce ? Elle en était le pilier central. Était-elle un atout pour la Val ? La question ne se posait même pas. Aussi le jeune homme ne put s’empêcher d’afficher un sourire amusé lorsqu’il entendit la proposition de son interlocutrice.

« L’intéresser ? Ce serait un piètre euphémisme. Elle ne vous le montrera pas, forcément mais vous savez comme moi à quel point elle est attachée à la famille.  »

La demoiselle aimait le pouvoir, elle n’avait pas besoin de le dire, mais le faisait-elle pour elle ou pour sa famille et sa patrie ? Parfois Asher n’était pas trop sûr de la réponse mais, dans le cas présent, il n’eut aucun mal à imaginer la réaction de son aimée si cette proposition lui parvenait aux oreilles. Aussi renchérit-il avec :

« Je lui en ferais part à mon retour, sauf si vous préférez le faire vous-même ?   »

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MessageSujet: Re: Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé]   Vous vouliez me voir ? [Flashback an -2 - Tour II - Terminé] EmptyJeu 28 Juil - 23:44

Notre affaire se règle assez vite. L'homme ne réagit pas forcément comme on l'aurait attendu mais pour quelqu'un d'aussi atypique que lui, ce n'était finalement pas étonnant. Il m'a au moins épargné les courbettes, polissages et autres fantaisies d'usage à la cour face au souverain. Je suis attachée à l'étiquette, oui, mais en ces jours où je suis contrainte de briser si précocement un deuil qui m'emplit encore toute entière... Je n'ai guère l'esprit à cela, non. J'ai simplement envie d'être seule et de pouvoir ainsi retourner à ma peine... Ce n'est pas la solution, à long terme. Ressasser ne m'aidera pas à aller mieux demain, à affronter le jour, ma cour, mes fils, avec plus de détermination. Je ne ferai que m'enfoncer plus, et avec cela, je précipiterai de même mon Royaume. Si je n'accordais désormais que peu d'importance à mon existence propre, je ne pouvais me permettre de laisser mon malheur impacter ce qu'il me restait. Ce pourquoi je devrais me battre désormais, ce pour quoi je me donnerai toute entière. Me jeter dans le travail me permettrait peut être de ne plus penser à son corps si froid, à sa peau livide, ce regard glacial, nu... Il me semblait le croiser à chaque instant. Il me semblait que c'était la seule chose que mes yeux étaient capables de voir distinctement. Sur le reste, ils ne s'attardaient pas. Tout le reste était flou. Son cadavre, par contre, s'imposait toujours à moi. Je devais le chasser. Je devais le chasser pour continuer à préserver tout ce qu'il restait de lui : ses fils. Ronnel, encore si jeune, désormais roi. J'avais l'espoir que cette chute me donne l'opportunité de faire se relever un Royaume encore plus fort et uni autour de ses souverains. Chaque Seigneur y aurait sa place, chaque Seigneur pourrait y poser sa pierre. Parce que je n'avais guère le choix, tout simplement, nous étions trop peu nombreux. Tant de vaillants généraux étaient tombés aux Portes Sanglantes, il nous fallait composer avec les restants. Mais outre cette nécessité, je voulais montrer une réelle volonté de donner à tous une place dans ce Royaume que nous devions rebâtir et dans l'éducation du futur Roi. Il était jeune et démuni, il était de mon devoir que de lui offrir au moins des bannerets fidèles et soudés autour de lui, qui sauraient le porter jusqu'à ce qu'il gagne lui même leur respect. Il y arriverait, je n'en doutais pas. Ronnel avait tout le potentiel qu'on pouvait attendre d'un Roi.

Mais bien que son éducation soit d'une importance primordiale, il fallait continuer à faire tourner le Royaume. A le faire prospérer le plus possible afin d'avoir autre chose que des ruines à lui offrir. J'avais offert à Asher une place dans l'éducation de mon fils, je savais que sa femme ne protesterait encore moins contre une part du gâteau. Ma nièce était ambitieuse, oui, mais surtout, j'avais plus ou moins confiance en elle. Plus qu'en beaucoup sur ces terres, surtout. Nous ne partagions aucun réel lien biologique, pourtant je la considérais presque comme ma propre famille. Elle était elle même une femme qui avait su s'affirmer dans ce monde où l'on attendait de nous d'être simplement des mères pondeuses, elle avait toujours été proche de Jehan, donc par conséquent de moi même. Et si nous n'avions encore pu nous voir, je savais déjà que j'avais son soutien face à la tragédie qui touchait notre famille aujourd'hui. J'avais confiance en elle pour assurer un poste à responsabilités car elle était compétente, mais également car ainsi son ambition serait satisfaite. Ce n'était qu'un signal de plus comme quoi les Royce demeuraient un pilier du Val et de la Montagne. J'avais bien entendu besoin que des Maisons aussi fortes et puissantes suivent la couronne et se tiennent unis derrière leur futur Roi. C'était un message que les maisons plus secondaires ne pourraient ignorer. Ensemble, nous pourrons forger un meilleur avenir pour notre Royaume. J'esquisse un sourire aux paroles du Lord Royce. Lui aussi reconnaît sans mal les qualités de son épouse. Ainsi que son ambition. J'acquiesce, lorsqu'il évoque la famille.

« Lors de tragédies comme celle que nous vivons, elle reste l'attache la plus solide à laquelle nous pouvons nous rattacher. Nous ne sommes liées qu'à travers le mariage de mon époux, mais j'espère que nous pourrons resserrer ces liens pour travailler ensemble à l'avenir du Val. »

Surtout, nous partagions les mêmes peines. Elle était attachée à mon époux. Bien que je n’interférais jamais dans ses affaires, j'étais au moins sûre de cela.

« Nous savons tous cependant que notre monde ne tolère guère que les femmes ne soient nommées aux postes les plus importants. Ce n'est qu'un détail, mais sera plus sage et plus logique de vous nommer tous deux comme consorts à cette place au conseil. Je vous laisserai vous arranger ensemble, je ne désire pas interférer dans vos relations. »

Tout ça pour éviter que quelque autre Seigneur ne se sente froissé de voir une femme nommée à sa place, bien que je veillerai à contenter le plus grand nombre. Tous ne seraient pas dupes, et ma nièce par alliance s'était déjà fait une bonne réputation de femme à poigne dans le Royaume. On ne serait pas dupe... Mais les apparences sont importantes.

« Comme vous le souhaitez. Je vais quoi qu'il en soit certainement lui envoyer un corbeau pour que nous voyons les détails de cette affaire, avant qu'elle ne puisse se rendre elle même aux Eyrié. »

Je marque une pause, faisant encore quelques pas dans la salle avant de me retourner vers lui.

« Y a t-il autre chose dont vous aimeriez que nous parlions ? Sinon, je ne vous retiendrez pas plus longtemps, vous avez sûrement à faire. »

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