La nuit survole le Bief, elle assombrit les fleurs, couvre l’herbe et cache les arbres. Les animaux nocturnes s’éveillent et peuplent la flore riche du royaume. Hautjardin ne fait pas exception, la capitale repose paisible dans l’obscurité, le chant des insectes nocturne baissant le sommeil profond des habitants bien à l’abri de leur château. Rien ne vient perturber la quiétude des lieux. Les garde tourne en silence sur les chemins de ronde et de promenade, il reste concentré malgré une évidente envie de relâchement dans un cadre si paisible. Leur relâchement semble gagner au fil des heures de la nuit car une ombre se faufile sur un parapet. L’ombre survole deux arcades et une arche complète sans se faire repérer et elle réussit à sortir des remparts pour gagner discrètement la basse ville. Le jeune garçon se réceptionne avec souplesse et silence avant de s’élancer à l’assaut de la ville qui contrairement au château est en ébullition. La musique bat son plein jusque tard le soir dans la basse ville. C’est pour cette raison que Kevan aime tant s’échapper de la sécurité du château pour retrouver la ville. Il aime déambuler dans les allées, surprendre des conversations, observer les danseurs et éviter les bagarres des tavernes environnantes. Le jeune garçon ne prend pas réellement conscience de la dangerosité du lieu, il ne voit pas l’homme sous la capuche l’observer du coin de l’œil. Le jeune homme s’arrête un instant pour observer une partie de carte à la lueur d’une bougie entre deux hommes. Très concentré, il ne voit pas les mains qui se referme sur lui pour l’entrainer dans une ruelle sombre.
A partir de ce moment tout est flou, le jeune garçon se débat tant bien que mal mais une main se referme sur son cou lui coupant l’arrivé d’air et le faisant suffoquer. Une odeur rance se dégage du manteau de l’homme encagoulé en face de lui. Il sent la deuxième main tentée de lui arracher ses vêtements. Malgré sa fougue pour se débattre, il sent qu’il n’y arrive pas, l’air se fait de plus en plus rare et il est en train de perdre la bataille. Une lueur de lubricité horrible s’allume dans les yeux sous la capuche, l’homme sait qu’il va avoir ce qu’il veut …

Tout à coup, une masse percute l’homme sur le côté. Kevan tombe au sol à genoux et essaye d’avalée une grande goulée d’air frais qui lui brûle la gorge. Les yeux lui piquent et des larmes en coule. Il tousse et tente de reprendre le contrôle de sa respiration.

Au bout de longues minutes, il arrive à relever la tête et à regarder dans la direction où est partie l’homme. A travers ses yeux embué, il remarque une ombre avancer vers lui. Par réflexe, il prend peur et tente de reculer. Il se retrouve coincé par le mur dans son dos. Il se recroqueville sur lui-même en mettant ses bras en protection pour éviter les coups.

Ça va aller.

Instantanément, il reconnait la voix de son frère et relevé la tête. Son ainé se trouve debout devant lui et lui tend la main. Kevan se relève et se frotte les yeux. Il remarque la forme inerte dans le fond de la ruelle et regarde son frère plus en détail.

Mais tu es couvert de sang !

L’ainé se frotte les mains sur son pantalon et entraîne son frère loin de la ruelle et de l’odeur de mort qui commence à y régner.

Ce n’est pas le mien.