Il y a des habitudes qui se perpétuent à Westeros. Des querelles d’idées, des ambitions de gloires et de conquêtes. Et une forte propension, pour tous ceux qui n’ont pas le monopole de la violence légitime, à utiliser l’obscurité et les ténèbres de la nuit noire pour parvenir à leurs fins. Cela a commencé par des rumeurs. Et puis, par des décrets, et des ambassades à l’étranger. Des bruits de couloir, et une confiance qui se délite rapidement. On parle beaucoup, à Lancehélion. Des actes de la Princesse Nymeria, dornienne de naissance, et des tensions qu’il y aurait avec d’autres membres de la cour. Certains soufflent le nom des Valtigar, pas son époux, mais les deux autres ; l’héritier du Diadoque et leur bâtarde de sœur. Le septon s’est plusieurs fois plaint que des missives lui étaient dérobées, à lui ou à ses aides, que des cachets avaient visiblement été trafiqués, et il le fit publiquement, ce qui ne fit qu’alimenter plus encore les rumeurs.


Il y a aussi ces agents de la Princesse qui se sont mis à disparaître, sans laisser de traces. Cette fameuse « Garde du Lotus Blanc », comportant des femmes, qui avaient fait les choux gras de la noblesse dornienne ou valyrienne par leur formation à la résonnance martiale et leur origine sociale plutôt obscure. On prenait des serviteurs à surveiller hommes en armes, et des soldats furent suspectés d’écouter aux portes, pris par surprise en pleines rondes. Les tensions allèrent croissantes, et même en ville on parlait du nid de serpents que devenait la cour. Ce fut pire avec ces disparitions notées au sein du Lotus Blanc, alors que leurs effectifs fondaient comme la neige au soleil. On ne vit aucune dague, aucune trace de sang. Mais les disparitions s’enchaînaient et la paranoïa s’installait chez les autres ; leurs proches ne savaient rien, et plusieurs gardes rapportèrent que des individus encapés les avaient approchés au moment de regagner leurs quartiers pour les soudoyer à quitter la capitale ou la vie !


Bientôt, l’information courut que la Princesse allait organiser des festivités importantes aux Jardins Aquatiques… Pour cimenter une cour jugée déloyale, ou apaiser les tensions avec d’autres factions ? La guerre de factions à la cour prenait une sale tournure. Et ce fut pire quand Ugor Bernalas, prêtre rouge accompagnant les Valtigar, croisa au détour d’un couloir des septons venus faire écho de la relative paix religieuse en ville ; l’esclandre fit grand bruit et l’on dû séparer les natifs d’Essos de Westeros qui s’invectivaient, le prêtre clamant à qui voulait l’entendre que les dragons se mourraient, et Dorne avec, si la guerre ne s’arrêtait pas tout de suite.


Par qui étaient provoqués ces troubles, finalement ? C’était la question sur toutes les lèvres, et si certains accusaient les agents encore loyaux aux Martell, puisque le Prince Déchu Roward était à La Grâcedieu, non loin, beaucoup ne se faisaient pas d’illusions ; c’était le cœur du pouvoir à Dorne qui générait ses propres factions, mûes par des ambitions différentes. A moins qu’il ne s’agisse d’une autre influence étrangère encore ?