Aucune rebéllion ne se termine par la victoire ou la défaite sans verser le sang. Les Allyrion avaient déjà fait couler le leur, et celui des fidèles des Martell, lorsqu’ils avaient choisi de se soulever et de résister à l’armée du Prince Roward, envoyé pour abattre la rebéllion. Le Prince avait subi une cruelle déconvenue. Mais la rebéllion n’avait pas réussi pour autant ; la Princesse Deria restait sur le trône. La jeune femme restait décriée. Mais elle avait ses soutiens. Les Météores avaient choisi l’indépendance… Pour le moment, en tout cas, et la rumeur qui se répandait comme une traînée de poudre dans la Principauté laissait envisager le retour de la cheffe des rebelles, Mahée Allyrion, dans la Principauté. A la tête d’une armée de dorniens et d’impériaux. Peut-être avec un dragon…


Mais Roward n’avait pas dit son dernier mot. Il avait vaincu des mercenaires rebelles près de La Grâcedieu et continuait de s’en rapprocher. Ses troupes de cavalerie, aguerries, faisaient peser la menace d’une attaque sur la ville rebelle, déjà incendiée par ses propres forces. Yael Allyrion, épouse de feu le seigneur des lieux et mère de Mahée, savait le danger imminent. Soutenant totalement le plan de sa rebelle de fille, elle fit un discours à la population de la Grâcedieu, et demanda des volontaires pour frapper les premiers. La femme, d’âge mûr, promit elle-même de se mêler aux insurgés dans une mission qui avait tout d’une mission en aller-simple…


Une centaine d’hommes, et quelques femmes jeunes ou veuves, se portèrent volontaires.


Le périple se fit de nuit, essentiellement, et chacun portait des éléments de tenues de soldats Martell abattus dans la bataille de La Grâcedieu. Les camps Martell étaient difficiles à trouver, car la région était immense et la garrigue permettait, par son relief et sa végétation, de camoufler des forces. Les petits campements d’escadrons de la cavalerie princière furent toutefois repérés à la nuit tombée du troisième jour. La petite troupe, à cheval elle aussi, fut contrôlée par les piquets de garde à proximité du campement principal. Les cavaliers princiers eurent dans un premier temps un doute, car les renforts venant du nord devaient encore mettre plusieurs jours à arriver. Mains sur la garde, les codes furent échangés, et les nouvelles aussi. Yael Allyrion, à deux pas derrière le plus expérimenté des rebelles, écouta ce dernier se présenter comme le chef d’une troupe de cavalerie légère tout juste formée, pour rejoindre la ligne de front. Les gardes furent convaincus, et tous ressentirent alors la plus grande excitation en voyant défiler les premières tentes, les enclos à chevaux, et les cavaliers qui prenaient leur repas alors que la nuit était éclairée des feux de camp.


Mais quelque chose clochait.


Un des rebelles fut pris en défaut, hélé par un cavalier Martell qui crut le reconnaître. Ne sachant pas répondre à ses questions, essayant de se défendre d’être l’homme reconnu, son vis-à-vis l’accusa du vol du casque nasal reconnaissable de son meilleur ami… Mort à La Grâcedieu. Le cavalier héla son capitaine, car le casque portait effectivement l’emblème du forgeron de leur village ; une plaque sur l’arête du nez en forme de losange au lieu d’un simple cran. Le chef de la troupe, convaincu alors qu’ils allaient être découverts, commanda aux cavaliers rebelles de tirer l’épée et de charger droit devant. Son ordre beuglé fut repris en cœur par des dizaines d’hommes qui tirèrent lames et pointèrent leurs lances avant de charger en hurlant, piquant des deux leurs montures à l’arrêt l’instant d’avant.


Pris totalement par surprise, les cavaliers Martell, bien plus nombreux, se débandèrent en panique. Plusieurs furent renversés, piétinés, impitoyablement passés par l’épée ou la lance. Les premières tentes prirent feu. Mais la ruse avait été eventée en bordure de camp. La cavalerie de Dorne était la plus agile du continent, et les hommes de Roward, bien qu’en manque de confiance après une guerre perdue et des combats difficiles contre les rebelles, étaient compétents et aguerris. Ils réagirent avec discipline, et férocité. D’abord, ce furent les cavaliers démontés, en train de manger quand ils furent attaqués, qui se saisirent des lances en faisceaux, et de leurs arcs passés en bandoulière, ou tenus près de leur corps. Les carrés formés dos à dos repoussèrent les rebelles, légèrement équipés pour l’infiltration, et plusieurs cavaliers furent abattus par des tirs à bout portant.


Le Prince, prévenu de l’attaque surprise, réagi prestement. Il mena une troupe d’une centaine d’hommes lame au clair et le grondement de leurs sabots sur le sol fit reculer les cavaliers Allyrion. Une mêlée confuse eut lieu en périphérie du camp, mais leur attaque éventée, les rebelles n’eurent d’autres choix que de battre en retraite dans la nuit. Le Prince ne poursuivit pas ; son armée venait de réchapper à un piège, inutile de tomber dans un second…


Il regroupa ses forces, et fit compter les morts. De part et d’autres, elles étaient sensiblement proches. Les Allyrion avaient d’abord percé les premières lignes Martell pour abattre de nombreux cavaliers, mais avaient ensuite été repoussés sèchement par des cavaliers mieux équipés et plus nombreux. Les pertes princières étaient un peu plus élevées, mais les blessés purent être soignés sur place.


Ce statu quo n’arrangeait personne. Les Allyrion ne gagnaient pas plus de temps sur les Martell, et ceux-ci prenaient la pleine mesure de la détermination des rebelles, qui ne se contentaient plus de défendre…


Points de l’Empire
-2 pts escarmouche perdue

Points de Dorne
+2 pts escarmouche gagnée