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 Rencontre sanglante [Tour I - Terminé]

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MessageSujet: Rencontre sanglante [Tour I - Terminé]   Rencontre sanglante [Tour I - Terminé] EmptyLun 31 Aoû - 20:01




Rencontre sanglante
Livia Torth & Perle Sand





Livia se réveilla en sursaut, le spectre du prénom de son fils aîné encore sur les lèvres. Son cœur tambourinait férocement dans sa poitrine, tandis que des gouttes de sueur perlaient sur son front. La pièce autour d'elle était plongée dans les ténèbres. Cependant, un orage grondait au loin et la foudre éclaira brièvement les lieux. Ses filles dormaient paisiblement sur une couchette non loin d'elle, tandis que Duncan, son dernier-né de huit ans déjà, ne cessait de se débattre avec les draps du lit qu'il partageait avec elle depuis le départ des autres hommes de la famille.

Une profonde colère s’empara d'elle alors que les hurlements qui avaient hanté ses rêves semblaient toujours raisonner à ses oreilles. Ce cauchemar lui avait semblé si réel qu'elle en tremblait encore. Du sang, rien que du sang et des cris. Des hurlements de douleur qui lui lacéraient son cœur de mère. Brant Torth avait insisté, exigé plutôt que leur fils aîné l'accompagne au Bois du roi pour rencontrer les autres bannerets du seigneur de l'Orage. À seize ans, Olyvar était un homme fait, mais Livia ne pouvait se résoudre à le voir comme tel. La peur de perdre son fils était si prégnante qu'elle en avait du mal à respirer.

L'atmosphère était moite et étouffante. Il fallait à tout prix qu'elle sorte, qu'elle prenne l'air pour se calmer et chasser les idées noires qui lui polluaient l'esprit. Discrètement, elle s'extirpa de la couchette en prenant soin de ne pas réveiller son fils. Ce dernier couina légèrement avant de se retourner pour la centième fois, au moins, de la nuit. Livia le fixa un instant pour s'assurer de son sommeil. Une fois rassurée sur ce point, la jeune femme quitta la cabine à pas de loup.

À peine avait-elle refermé la porte derrière elle qu'elle fut accueillie par une bourrasque qui la fit frissonner. Le temps n'était pas particulièrement frais, mais il contrastait avec sa peau brûlante. Vêtue uniquement d'une chemise de nuit beige et légère, Livia s'avança jusqu'au bastingage du navire. Elle laissa son regard glisser sur les vagues qui venaient se briser contre la coque et s'imprégna de l'air iodé en inspirant profondément. Voilà trois jours que son fils était parti pour l'un des endroits les plus dangereux de Westeros et elle n'avait toujours aucune nouvelle. Que son époux risque sa vie pour l'honneur de son suzerain, ça, Livia s'en accommodait parfaitement, mais qu'il entraîne avec lui la chair de sa chair, un enfant qu'elle avait protégé et porté en son sein durant neuf mois était pour elle quelque chose d'intolérable. 

Soudain des éclats de voix brisèrent le silence de la nuit déjà bien entamée. La jeune femme fit volteface et fronça les sourcils, agacée par le brouhaha qui s'éleva bientôt du quai. Même si elle n'arrivait pas à distinguer les paroles, elle crut reconnaître les aboiements rêches de Donel, l'un des gardes que son époux avait assigné à sa surveillance. Intriguée et bien décidée à lui ordonner d'aller cuver son vin ailleurs, Livia traversa le pont jusqu'à la coupée.

Un amoncellement de tonneaux et de caisses en bois prêts à être embarqués, l'empêchaient d'avoir une vue dégagée en contrebas du navire. Malgré ses pieds nus, Livia entama sa descente vers le quai.

« Donnel ?! », appela-t-elle au moment où elle arrivait au coin du chargement.

En une fraction de seconde, la jeune femme eut l'impression que le sol se dérobait sous ses pieds. Son estomac se contracta douloureusement tandis que ses yeux se posaient sur un filet de sang qui ruisselait sur la poitrine d'un corps inerte. Donel ! Du mouvement à deux mètres d'elle attira également son attention. Une inconnue se tenait près d'un autre garde inconscient, la lame d'un poignard collée contre la gorge du malheureux.

Livia hoqueta bruyamment. Elle voulut reculer, mais dans la précipitation ses pieds heurtèrent une épaisse chaîne en fer, ce qui la fit basculer en arrière.

« Je vous en prie, ne me faites pas de mal ! J'ai...J'ai de l'argent si c'est ce que vous voulez ! », souffla-t-elle, lamentablement effondrée sur le sol.


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MessageSujet: Re: Rencontre sanglante [Tour I - Terminé]   Rencontre sanglante [Tour I - Terminé] EmptyVen 4 Sep - 23:41

Une nuit calme, et tranquille. Une simple petite escapade nocturne pour se procurer une algue du coin. Le navire sur lequel voyageait la Dornienne faisait escale pour quelques heures. Le temps d’une marée, histoire de réapprovisionner l’équipage en nourriture et en boissons. Perle voulait donc en profiter pour refaire ses stocks d’Aléria, une algue du coin qui avait des propriétés d’anti-douleur à petite dose en infusion, mais provoquait des crampes d’estomac violentes si on l’ingérait directement. Elle s’était donc faufilée dehors sans avertir qui que ce soit. Elle n’en avait que pour quelques minutes. Une demie-heure tout au plus. Son absence ne serait pas remarquée. C’était sans compter sur ces gardes stupides, sur le quai désert. Ils étaient deux. Ils l’avaient vue passer, et l’avaient appelée. Poliment d’abord, puis moins, voyant qu’elle les ignorait. Perle avait continué son chemin. Elle avait d’autres chats à fouetter, et surtout une algue à trouver. Mais l’un d’eux s’était vexé, n’avait pas apprécié qu’on ne lui réponde pas. Et il avait décidé de la forcer à lui répondre lorsqu’elle était repassée. Il s’était approché et Perle lui avait jeté un regard noir.

« Laissez moi tranquille.»

Mais l’homme avait insisté, s’approchant d’elle jusqu’à lui attraper le bras et venir lui murmurer dans l’oreille.

« Habillée comme ça, à cette heure-là, tu peux bien partager un peu. Je vaux pas tes clients habituels, c’est ça ? T’es une pute de luxe ? Je suis sûr que si tu fais un petit effort ça ira.»

Sa main gantée lui serre le bras un peu fort, et son haleine alcoolisée lui donne la gerbe. Perle tente de se dégager gentiment, mais il ne lâche pas. Au contraire, il pose son autre main sur ses hanches, cherchant à passer sous le tissu. C’en est trop. Le port est désert. Il n’y a que lui, et son compagnon qui regarde sans rien faire. Deux gardes, anonymes. Personne ne saura, personne ne l’a vue. Le temps que leur mort soit remarquée les Dorniens seront loin, et personne ne fera le lien.

« Un petit effort ?»

La Dornienne retient sa haine et prend sa voix la plus charmeuse pour l’amadouer. Elle caresse le bras serré autour de sa taille, jusqu’à atteindre le poignard qu’elle dissimule dans un pli de tissu, au niveau de la ceinture en cuir. Elle observe le second du coin de l’oeil. Si elle fait vite elle peut se débarrasser des deux et prendre la fuite. Il suffit de dissimuler les corps dans une des ruelles adjacentes. Elle n’en aura que pour quelques minutes tout au plus. Brusquement elle se retourne et plante son poignard entre les côtes de son agresseur. Elle vise le coeur. Elle tourne le poignard une seconde pour être certaine d’avoir touché mais elle sait que c’est fini pour lui. Son regard surpris et le hoquet de sang le lui confirment. Elle ne dit rien, et le laisse s’écrouler à terre pour se tourner vers le second garde qui comprend en voyant son collègue tomber mollement sur le sol que quelque chose cloche. Il s’approche, l’épée à la main. Elle ne peut rien faire en combat direct, mais elle est plus agile et plus rapide. Elle voit à sa démarche que lui aussi a bu plus que de raison. Perle le laisse s’approcher puis l’esquive pour passer derrière lui. Elle lui assène un coup violent avec le manche en métal à la jonction entre son cou et son crâne, non protégé par le type de casque qu’il porte. Elle s’agenouille pour saisir la tête du garde inconscient, s’apprêtant à lui trancher la gorge. Mais un bruit l’interrompt. Une femme la regarde depuis la passerelle du bateau voisin, les yeux écarquillés de peur. Avant que Perle n’ait le temps de réagir, elle trébuche et se retrouve à terre, à quelques mètres d’elle, la suppliant de la laisser en vie.

Réfléchir, vite. Elle ne va pas la tuer. Elle est trop loin, elle pourra donner l’alerte avant qu’elle ne l’atteigne. Et elle a dit avoir de l’argent. Si c’est une noble, sa mort ne passera pas inaperçue. Elle ne peut que dire la vérité, ou en tous cas une partie, et espérer que la femme comprendra son geste. Il faut qu’elle soit sure de pouvoir lui faire confiance, ou qu’elle s’assure que sa disparition ne sera pas un problème et ne pourra pas être liée à Dorne, si elle doit en arriver à de telles extrémités. Elle repose la tête du garde au sol. Il ne devrait pas se réveiller tout de suite. Elle essuie le couteau sur la tenue du garde et se relève pour s’approcher de la femme doucement. Elle tente de garder une voix basse, pour ne pas réveiller tout le monde, et prends un air perdu.

« Je ne vous veux pas de mal. Je... Je suis désolée de vous avoir effrayée. Je... J’ai... Je me suis juste défendue. Ils ont essayé de me...»

Perle lâche le couteau sur le sol et éclate en sanglot, plongeant son visage dans ses mains.

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MessageSujet: Re: Rencontre sanglante [Tour I - Terminé]   Rencontre sanglante [Tour I - Terminé] EmptyMar 8 Sep - 18:42





Durant les trente-huit années que comptait sa vie, Livia n'avait jamais eu directement affaire à la mort. Certes, la maladie ne l'avait pas épargné lorsqu'elle était enfant et certains de ses accouchements s'étaient montrés difficiles, mais à aucun instant, elle n'avait eu peur de mourir. À dire vrai, elle n'y pensait jamais où du moins elle s'efforçait de ne pas y penser. La seule mort qu'elle redoutait véritablement était celle de sa progéniture. Contrairement à la plupart des femmes de Westeros, la lady de Torth n'avait connu ni fausse couche ni décès prématuré d'un de ses enfants et son seul souhait était de ne jamais avoir à connaître une telle tragédie.

Cependant face au cadavre qui gisait à ses pieds et à la lame étincelante qui menaçait la gorge d'un de ses gardes, la jeune femme se sentit, pour la première fois de son existence, en danger de mort. Elle aurait voulu crier, appeler à l'aide, mais la peur qui lui nouait la gorge était bien trop intense. Son cœur tambourinait férocement dans sa cage thoracique et l'espace d'une fraction de seconde, elle se demanda s'il n'allait pas finir par bondir hors de sa poitrine ou tout simplement exploser.

Elle ne pouvait pas mourir ici ! Pas sur ce quai crasseux et nauséabond telle une vulgaire fille de joie dont on se serait débarrassé. Elle valait mieux que cela ! Son rang la destinait à s'éteindre bien au chaud dans son lit à La Vesprée et non pas à des lieues de l'île au saphir, qui plus est dans un port de seconde zone. Et qu'adviendrait-il de ses enfants ? D'Ayana, d'Olyvar, de Lyanna et de Duncan ? Ils seraient laissés à l’inertie de leur père dont l'ambition pour sa famille était comparable à l'attrait des putains pour la chasteté. Elle ne pouvait pas les abandonner à leur sort ! Elle devait s'en sortir pour eux ! Survivre jusqu'à ce que tous aient enfin accédé à la place qu'ils méritaient sur l’échiquier de Westeros.

Après de longues secondes Livia trouva finalement le courage et la force de bredouiller quelques mots pour tenter d'amadouer l’assaillante. De l'argent fût ce qu'elle trouva de mieux à proposer. Malheureusement pour elle, sa bourse se trouvait dans sa cabine et en vérité, celle-ci n'en contenait probablement pas suffisamment pour satisfaire un voleur et un assassin aguerrit. Intérieurement, elle ne put s'empêcher de maudire son époux et la radinerie dont il faisait preuve à son égard.

La meurtrière finit par reposer la tête du garde sur le sol et se releva. Livia frémit en la voyant s’avancer lentement dans sa direction, le couteau toujours à la main. L'obscurité l'empêchait de discerner les traits de son visage, mais elle remarqua tout de même que sa tenue était particulièrement légère. Une prostituée, pensa-t-elle subitement. Cette éventualité la rassura modérément. Après tout ces femmes n'étaient-elles pas connues pour leur cupidité ? Finalement quelques piécettes seraient peut-être suffisantes pour la faire partir.

Alors que Livia ouvrait de nouveau la bouche afin de réitérer son offre, elle en fût empêchée par la soudaine prise de parole de l'inconnue. Les mots et le ton employés par cette dernière la laissèrent bouche-bée. Au vu du carnage qu'elle avait sous les yeux, la lady de Torth s'était attendue à des injures, à des menaces, voir à une agression, mais certainement pas à des excuses et encore moins à des sanglots. Incrédule, elle resta silencieuse de longues secondes, ses yeux passant frénétiquement de la jeune femme aux corps inanimés de ses gardes.

« Mais...Comment avez-vous...Ces gardes ne sont pas des novices...Vous ne pouvez pas avoir fait cela toute seule ! », s'exclama-t-elle à la fois abasourdie et terrorisée à l'idée qu'un de ses complices ne viennent terminer le travail.

Alors que ses derniers mots franchissaient ses lèvres, Livia réalisa que le couteau de l'inconnue gisait sur le sol à moins d'un mètre d'elle. Si elle se montrait assez rapide, elle pouvait l'avoir...Elle jeta un coup d’œil à la meurtrière dont le visage était toujours enfoui dans ses mains. Elle devait tenter sa chance au cas où ce comportement ne serait qu'une comédie destinée à faciliter les plans de la prostituée et de ses potentiels amis. Sans attendre plus longtemps Livia se redressa sur les genoux et plongea en avant, le bras tendu en direction de l'arme...


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MessageSujet: Re: Rencontre sanglante [Tour I - Terminé]   Rencontre sanglante [Tour I - Terminé] EmptySam 12 Sep - 14:02

La femme qui s’était effondrée sur le sol de frayeur semblait recouvrer peu à peu ses esprits, refusant de croire la semi-vérité que Perle lui avait servi. Elle refuse de croire qu’elle ait pu assassiner ces gardes seules. Comment pourrait-elle le deviner en effet. Perle n’a pas l’air de ce qu’elle est. Et les gardes étaient amoindris par l’effet de l’alcool, ce qu’elle ne peut pas savoir. Le combat rapproché n’est pas le point fort de Perle. Si ils avaient été sobres elle aurait sans doute été incapable de s’en tirer ainsi. Elle réfléchit quelques secondes à la meilleure réponse, lorsqu’un mouvement brusque vient troubler le calme des lieux. La femme se jette sur le couteau que Perle a laissé tomber. Elle vient de signer la fin de la méthode douce.

Le pied de la Dornienne part, rapide, tandis que ses jérémiades et ses sanglots cessent subitement. Elle écrase les doigts sur le sol, à seulement quelques centimètres du couteau. Elle appuie, pas trop fort, pour ne pas les briser, mais suffisamment pour faire mal. Elle se baisse et ramasse le couteau, puis saisit le bras, au niveau du poignet, et le replie pour entourer de son bras la poitrine de l’inconnue. Dans son dos, accroupie sur le sol, le couteau à quelques millimètres à peine de la naissance de la joue de la femme, Perle se tient, immobile de nouveau. Sa main est serrée autour du poignet. Un murmure au creux de son oreille.

« Bouge de nouveau et c’est terminé. Fait le moindre son et ta vie se termine ici, sur ce quai.»

Le parfum est fort, raffiné. Les tissus sont de toute évidence de bonne qualité. Perle ne sait pas qui elle est, mais elle n’est pas une simple femme de pêcheurs. Elle ne doit pas la tuer. Et en aucun cas quelqu’un ne doit savoir qui a tué ces gardes, et l’a menacée. Les secondes passent, chacune d’entre elles accroissant le risque que quelqu’un ne passe par là et ne les trouve.

« On va se relever, lentement. En silence. »

Perle se redresse, sans lâcher le poignet, son couteau s’éloignant très légèrement de la jugulaire pour permettre à la femme de se relever sans risque. Elle les fait avancer vers la ruelle, s’éloignant du quai où elles sont à découvert. L’obscurité est une aide précieuse, mais il vaut mieux limiter les risques. Les silhouettes des gardes, au sol, ne devraient pas poser de problème. A moins de se diriger droit dessus, personne ne les remarquera. Une fois à l’abri des éventuels regards, la Dornienne reprend, contre l’oreille de cette Dame.

« J’ai quelques notions de maniement d’un couteau. Ma mère est poissonnière, elle m’a appris. Ca m’est utile parfois, lorsque des clients se pensent en droit de ne pas respecter les règles. Tes gardes avaient bu. Plus que de raison. L’un d’eux a voulu me prendre. Je ne devais que leur tenir un peu de compagnie, rien de plus. J’ai paniqué et je l’ai tué. Je n’ai aucune envie de tuer de nouveau. Ni l’autre garde, ni toi. Je veux juste rentrer chez moi, en vie, mon honneur intact. Je ne te veux pas de mal, mais si tu m'y force, je n'hésiterai pas. »

Il faut qu’elle s’enfuie avant que le garde ne reprenne ses esprits. Il devrait rester au sol pour encore un bon moment, l’alcool devrait aider à faire durer son coma. Mais elle doit faire vite.

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MessageSujet: Re: Rencontre sanglante [Tour I - Terminé]   Rencontre sanglante [Tour I - Terminé] EmptyDim 13 Sep - 16:43





Si le temps avait progressivement fait disparaître la jeune fille fougueuse et irréfléchie qu'elle avait été par le passé, la peur fit ressortir son côté impulsif et imprudent. Sans réfléchir Livia se jeta sur le couteau qui gisait à moins d'un mètre d'elle. Ce mouvement était purement instinctif et exclusivement guidé par la crainte. À vrai dire, la lady de Torth n'avait même pas réfléchi à ce qu'elle pourrait en faire si jamais elle arrivait à s'en saisir. Si dans ses jeunes années son père l'avait parfois autorisé à tenir son épée l'espace de quelques minutes, la jeune femme n'avait bien entendu jamais appris à se battre, ni même à se défendre. Elle était directement passée de la protection paternelle à la protection maritale. Jamais elle n'avait eu à repousser elle-même des personnes mal intentionnées, des hommes l'avaient toujours fait pour elle. Or ce soir, elle était seule. Seule face à une personne qui n'avait vraisemblablement aucun respect pour la vie d'autrui.

À peine avait-elle entamé son geste qu'un pied s'écrasa violemment sur sa main tendue. Un cri aigu s'échappa de sa gorge tandis qu'une vive douleur lui engourdissait les doigts. La jeune femme voulut se dégager, mais avant même qu'elle n'ait réalisé ce qui se passait, l'inconnue se retrouva dans son dos, la lame de son couteau menaçant à tous moment de lui sectionner la carotide.

La voix de la prostituée contre son oreille lui hérissa chacun de ses poils.

« Je...Je suis désolée...Je ne voulais pas... », bégaya-t-elle tandis que les larmes lui montaient aux yeux.

Lorsque la meurtrière lui intima de se relever en silence, Livia acquiesça d'un signe de tête en se mordant la lèvre pour contenir les sanglots qui lui serraient la gorge. Ses yeux se posèrent brièvement sur le corps sans vie de Donnel et la plaie sanguinolente sur son torse. En soit elle se fichait totalement de la mort de cet homme, mais l'idée de finir dans le même état que lui, lui fit légèrement tourner la tête.

L'inconnue l'entraîna ensuite dans une ruelle sombre. Livia sentit la panique l'envahir. Ses doigts la lançaient douloureusement, mais de sa main libre, elle agrippa le bras qui maintenait le couteau sous sa gorge en espérant naïvement qu'elle pourrait retenir le mouvement si l'inconnue décidait de l'égorger sans prévenir. Son sang pulsait contre ses tempes et elle eut soudainement l'impression qu'elle allait défaillir. Ses sens lui faisaient défaut, son champ de vision se rétrécissait, sa bouche se faisait sèche et le bruit de l'orage qui grondait au loin se faisait plus sourd à ses oreilles. Il fallait qu'elle se reprenne, qu'elle garde la tête froide pour avoir une chance de s'en sortir. Malgré la terreur qu'elle ressentait, Livia s'efforça d'inspirer profondément et de ravaler ses larmes.

La prostituée reprit finalement la parole et expliqua les raisons de son acte. Cette fois, sa voix était froide, totalement dépourvue de toute l'émotivité qu'elle avait manifestée dans un premier temps. Ses dires concernant les gardes n'étonnèrent pas Livia outre mesure. S'ils étaient loyaux et respectueux envers la famille Torth, cela n'en faisait pas nécessairement des hommes biens. Pour preuve, la femme de Donnel se montrait excessivement « maladroite » lorsque son époux se trouvait dans les parages...

« Je suis sincèrement navrée qu'ils vous aient importuné. Je veillerais à ce que mon époux tienne mieux ses hommes à l'avenir, mais pitié laissez moi partir...J'ai quatre enfants... », plaida-t-elle à demi-mot, la gorge nouée.

En réalité Livia se fichait complètement du comportement que pouvaient avoir les gardes de La Vesprée lorsqu'ils n'étaient pas à leur poste. La vertu des filles de son espèce était d'ailleurs une chose qui n'avait aucune importance à ses yeux. Cependant, elle n'était pas en position de force, bien au contraire, et à cet instant, elle aurait été prête à dire tout et n'importe quoi pour survivre.

©TENNESSEE.

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MessageSujet: Re: Rencontre sanglante [Tour I - Terminé]   Rencontre sanglante [Tour I - Terminé] EmptyDim 13 Sep - 23:02

Le cri qui s’échappe de la gorge de la femme alerte la Dornienne. Il pourrait bien avoir réveillé quelqu’un, ou attirer l’attention. Le temps presse. Il faut agir au plus vite, et au mieux. Eviter coûte que coûte que Dorne ne soit impliquée dans cette histoire. Les éloigner de cette zone à risque, dans un premier temps. Elles sont à découvert sur le quai. A la merci du moindre passant. A cette heure tardive, c’est peu probable qu’elles ne soient dérangées, mais on ne sait jamais. Après tout celle qui se tient contre la lame du couteau en est justement la preuve. Si elle n’était pas arrivée, les deux abrutis seraient morts, et Perle serait loin. Mais elle était là, et il fallait composer avec.

L’assassin ignore les excuses et les supplications. Elle explique au creux de son oreille, calmement. Elle la mène en bordure, dans une allée. Couverte par l’obscurité et à l’abri. La femme doit être morte de trouille. Pourtant elle ne risque pas vraiment sa vie. Perle ne pense pas devoir la tuer pour pouvoir s’en sortir. Elle explique les raisons de son geste. En partie. Elle ment, un peu. Brouiller les pistes. Si elle reprend ses esprits plus tard et qu’elle souhaite la retrouver, venger la mort des gardes, elle ne doit pas retrouver sa trace. Jamais.

« Si tu veux revoir tes enfants, tu vas m’écouter et faire ce que je te dis. Sans broncher, sans te débattre, sans faire de bruit. Lâche mon bras. »

Elle maintient son couteau près du visage de la noble. Car elle en est presque certaine maintenant. Son odeur, ses vêtements, et sa façon de parler. C’est une personne de haute naissance. De son autre bras elle vient emprisonner la gorge, puis elle baisse son arme le long du corps de la femme. Elle entoure la lame dans le tissu de la robe probablement chère, puis tire d’un coup sec, effleurant la peau de sa cuisse au passage. Elle remonte le lambeau de tissu et le déroule, s’aidant de sa bouche et de la main qui maintient immobile la mère de famille.

« Tes mains, dans ton dos. Si tu ne te débats pas, et que tu ne cries pas. Je ne te ferai rien. »

Elle attache les mains de la femme dans son dos, de manière à limiter ses mouvements. Puis elle arrache un second morceau de tissu et le place sur son visage, autour de sa bouche. Si il lui prend l’envie d’appeler du renfort, ça la retardera. Perle serre le tissu, puis, sans dire un mot de plus, elle la pousse pour la déséquilibrer, puis court dans la ruelle, prenant la direction opposée au navire. Elle passe dans quelques ruelles, avant de s’assurer que la voie est libre pour retourner sur le bateau. Avant de remonter dessus, elle ramasse un caillou. Une fois à bord, elle se débarrasse de sa tenue sur laquelle on pourrait retrouver du sang. Elle l’enroule autour de la pierre et y fait plusieurs nœuds, avant de la balancer par-dessus bord. Elle sort une autre tenue de sa malle et la revêt, avant de se glisser sous les draps, adressant un petit sourire à l’une des servantes qui ouvre un œil à demi endormi avant de reposer sa tête sur l’oreiller et de se retourner pour se rendormir.

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MessageSujet: Re: Rencontre sanglante [Tour I - Terminé]   Rencontre sanglante [Tour I - Terminé] EmptyJeu 17 Sep - 19:48





Livia acquiesça d'un signe de tête en réponse aux ordres de la prostituée. Ses yeux étaient emplis de larme et elle avait le cœur au bord des lèvres, cependant, elle s'efforça de rester silencieuse et d'obéir docilement. Lorsque le couteau quitta finalement sa gorge, la lady ressentit une pointe de soulagement. En effet si cette femme avait réellement voulu la tuer, elle l'aurait probablement déjà fait. Peut-être avait-elle finalement dit la vérité à propos des gardes. Peut-être que tout ceci n'était finalement qu'un malheureux enchaînement d'incidents et non le résultat d'une agression crapuleuse.

Malgré tout Livia resta sur ses gardes et elle dut se mordre brutalement la lèvre pour retenir un cri de douleur lorsque la lame du couteau érafla méchamment sa cuisse. La terreur la submergea de nouveau, mais elle réalisa rapidement que la meurtrière n'avait fait qu'arracher un morceau de sa robe.

« Entendu... », souffla-t-elle la voix chevrotante en ramenant ses mains dans son dos.

Avec une habilité déconcertante, l'inconnue lui entrava les poignets et posa le bâillon de fortune sur sa bouche. Une seconde plus tard, Livia se retrouva violemment propulsée en avant et s'effondra, sans pouvoir se retenir, sur le sol. Heureusement se fût ses genoux qui heurtèrent les pavés en premier, évitant ainsi à sa tête de subir un choc trop violent.

Traumatisée par ce qui venait de se passer, la jeune femme resta sidérée de longues minutes. Les larmes commencèrent à rouler sur ses joues et l'ensemble de son corps fût rapidement secoués par d’irrépressibles tremblements. Avec de grandes difficultés, la lady réussit à se traîner, jusqu'au quai, ses jambes refusant tout bonnement de la porter. Là, elle s'adossa contre les caisses de chargement et tenta vainement de se défaire de ses liens.

Ses yeux se posèrent alors sur les corps des gardes et la peur fut progressivement remplacée par une rage sans nom. Elle aurait voulu achever le garde encore en vie pour les problèmes qu'il lui avait causés ; elle aurait voulu pendre cette prostituée pour l'avoir menacé ; et elle aurait voulu tuer son époux pour les avoir laissés, elle et ses enfants dans un port aussi miteux.

Soudain, un premier cri déchira le silence de la nuit. Des bruits de pas se firent entendre et rapidement, Livia se retrouva entourée par une dizaine de personnes.

« Détachez-moi ! Détachez-moi ! », hurla-t-elle avec colère alors qu'un marin venait de la délivrer de son bâillon.

Les questions fusaient de toute part autour d'elle, mais elle n'y prêta aucune attention. À peine fût-elle détachée et relevée par un des gardes de sa maison qu'elle fondit droit sur le garde assommé par la tueuse. Celui-ci venait d'être remis sur pied par ses collègues et semblait avoir retrouvé ses esprits.

« Espèce d'imbécile ! Vous avez bien failli me faire tuer ! », cria-t-elle avec fureur tandis que la paume de sa main s'écrasait violemment sur la joue de l'homme.

Ce dernier chancela et déblatéra un nombre incalculable d'excuse plus ou moins audible.

« Hors de ma vue ! », lui ordonna-t-elle en le poussant avec force.

Les yeux rougis par les larmes, les traits tirés par la colère et la fatigue, les jambes largement dénudées, la lady de Torth devait paraître presque démente. Elle fit volteface et s'adressa au reste de ses gardes.

« Vous allez me retrouver cette fille et me ramener sa tête ! Fouillez toutes les auberges, tous les bordels, toutes les rues ! Trouvez là ! Trouvez là ou je vous jure qu'à la prochaine bataille, vous irez renforcer les premières lignes et alors je ne donnerais pas cher de votre peau ! », menaça-t-elle les yeux exorbités.


FIN



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