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 Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]

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MessageSujet: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptySam 29 Aoû - 18:43









Aenor Estremont
Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets

Pour le couronnement de la Reine Argella, bien peu de familles de l’Orage avaient eut le temps de faire le déplacement. Seules les armées, dont des forces venues de Dorne et le peuple en deuil était présent. Nombreux étaient les absents, morts durant la campagne longue et éprouvante qui avait fini par couter la vie à son propre père, capturés par l’ennemi, dans les villes prises. Mais à présent, les nobles Seigneurs, nobles dames et jouvenceaux s'étalait dans leurs plus beaux atours au pied du trône de la Maison Durrandon qui régnait depuis des millénaires sur ce Royaume battu par les vents et les tempêtes sans jamais plier ni faiblir. L’Orage était exsangue, il manquait tant de chevaliers, de soldats, d’hommes. Il manquerait du blé pour passer le prochain hiver. La situation était plus que précaire et ce même si elle était fière d’avoir pu bouter les Hoare hors de ses terres. La victoire était acquise, certes, mais fragile, elle avait tant couté au Royaume et à sa famille. Son règne aussi, ils réclammeraient un Roi, tôt ou tard, elle en était consciente. Pourtant elle savait qu’elle avait fait le bon choix, car c’était elle et elle seule l’héritière d’Argilac. Même si elle devait bientôt épouser Roward Martell. Et c’était elle qui avait libéré la capitale, avec Karnal Buckler, elle devait en profiter pour asseoir son pouvoir sans attendre, même les nobles de tout le Royaume, elle ne devait pas laisser le Royaume sans souverain légitime et reconnu, sacré devant les Sept.

Ils n’avaient pas assisté au couronnement dans le Grand Septuaire quelques semaines auparavant, n’ayant pas pu arriver à temps, mais ils faisait à présent la queue dans la salle du trône afin de faire allégeance, pas tous. Elle n’avait pas jugé utile d’ordonner que tous viennent à Accalmie, il n’y avait que les volontaires donc, et elle reconnaîtrait parmi eux ses plus fervents soutiens ou les plus hypocrites détracteurs. Ne souhaitant pour rien au monde renier qui elle était, et encore moins celui qui l’avait forgée comme tel, l’Impétueuse avait malgré tout dû opter pour une robe et laisser sa garde personnelle et les hommes d’Accalmie se charger de la sécurité. Elle avait seulement un couteau attaché à son mollet, on n’est jamais trop prudent. Elle devait-être royale avec cette somptueuse robe noir et or et la couronne de son père qu’elle avait tout juste eut le temps de faire ajuster à sa taille avant la cérémonie. Karnal le lui avait fait remarqué avant qu’elle descende au septuaire, en solitaire. Son père mort, sa mère absente, personne ne pouvait l’accompagner, elle était désormais Reine et portait, seul le poids de cette couronne et avec elle, la destiné d’un peuple, d’un Royaume qui comptait sur elle pour redresser la barre après la terrible invasion du Conflans qui avait décimé récoltes et soldats parmi les meilleurs.

Père, montre moi la voie, guide moi de là où tu es, donne moi le courage et la force. Père d’en haut, ne me juge pas trop durement d’être née femme, je n’y suis pour rien, mais j’ai travaillé plus ardemment que la plupart des hommes pour tenir les armes et me battre pour les miens. Guerrier, dresse toi avec moi devant l’ennemi, préserve moi de mourir sans héritier, moi aussi je manie l’épée, la lance et l’arc, guide ma lame et fais de moi une Souveraine aussi brave que le fut mon illustre père.

Karnal se tenait à son côté, car en tant que général des armées de l’Orage, il avait eut l’insigne honneur de lui prêter allégeance au jour même de son couronnement et de porter la couronne de son père sur le coussin de velours avant que le Septon ne la place sur la tête de sa digne fille. Plus pour la forme d’ailleurs, parce que son allégeance ne faisait aucun doute pour personne. La Reine mère assise sur le trône qu’elle avait occupé toute sa vie et Argella debout devant celui de son père. Tous les invités y allaient de leur petit mot pour la Reine, c’était longuet et elle commençait à s’ennuyer ferme. Mais le protocole l’obligeait à tenir son rôle et son rang, elle ne pouvait pas mettre fin aux serments. Le héraut annonça les suivants.

__ Maison Estremont de Vertepierre !

Ils faisaient partie des familles suffisamment importantes pour être reçus en privé par la Reine un peu plus tard.


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MessageSujet: Re: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptyLun 9 Nov - 16:31


Il n’est pire aveugle…



Tous les Estremont n’avaient pas pris la mer pour rejoindre Accalmie. Dans les cales et sur le pont du navire le plus cossu de la maison, que de nobles têtes, pourtant. Loevan et Ermeline, son épouse, Lord en titre. Sancie, épouse du premier fils de Loevan, Jorran et Nesrin, second fils et belle-fille de Loevan, les petits enfants du lord et de la lady, et, à sa surprise autant qu’à son plaisir, leur plus jeune fille, Aenor. Ne manque que le premier fils et héritier de Loevan, Joan, demeuré à Rocvert pour tenir la place. Aenor, pour sa part, a adoré la mer, et les orages. Loin d’être malade, la jeune aveugle a accompagné la houle du navire sans la moindre difficulté, malgré le challenge d’équilibriste que ça pouvait être parfois. En terres de l’Orage, il faut être à l’aise avec les éléments. Si les Dieux, dans leur grande mansuétude, ont estimé qu’Aenor devait être privée de la vue, c’est aussi qu’ils l’ont estimée suffisamment forte pour porter ce handicap. En l’occurrence, malgré les circonstances, de voyage a, jusqu’ici, été extraordinaire pour la jeune femme. Hors des murs de Rocvert, elle a eu le sentiment grisant d’être libre, liberté qui s’accompagne autant d’inquiétude face aux obstacles à venir, des obstacles méconnus d’elle, desquels elle était totalement préservée entre les murs de sa famille. Pour autant, malgré le deuil respectueux qu’elle observe pour son souverain décédé, Aenor est plus impatiente de fêter le couronnement de sa fille, Argella Durrandon, digne successeuse d’Argilac. Rien d’étonnant, avec un tel prénom.

Aenor est trop insignifiante pour avoir un avis politique, mais elle aime ce qu’elle a entendu, au dîner, entre les différents membres de sa famille. « Une jeune femme, mais une jeune femme forte. Elevée par Argilac. … Quelque peu incongru d’être gouverné par une femme, mais au moins la couronne demeure aux Durrandon. Dommage que Joan soit déjà marié… » Et les rires qui ont suivi. Si tout ce que mon père et mes frères ont de négatif à dire de la dame, c’est que ce doit être une grande dame, songe naïvement Aenor, mangeant docilement, et dans le silence, comme le doit une fille. L’espace d’une seconde, elle essaie de se figurer avoir été élevée en homme, et être écoutée de son père comme peuvent l’être Joan et Jorran… L’exercice est difficile. Elle en vient donc à se demander à quel point ça a dû être difficile pour cette grande dame, et que, cette dame, si elle est grande, elle ne l’est ni devenue pour rien, ni en une nuit…

C’est pitié, de ce fait, qu’elle ne puisse voir la magnificence de la dame en question, quand elle entre dans la salle du trône avec ses belles-sœurs, qui l’encadrent toutes deux en guise de fermeture de marche, derrière son frère, lui-même derrière leurs parents. Bien encadrée par Sancie et Nesrin, Aenor sait quand s’arrêter, quand faire une révérence, et quand garder le visage vers le sol. Son père salue et rend hommage à la nouvelle reine, prête serment d’allégeance, avant de présenter sa femme, qui en fait de même, puis Sancie, qui, après s’être exécutée, vient déposer entre les mains du chancelier de la reine le vœu écrit de son époux, puis c’est au tour de Jorran et Nesrin, et enfin, au sien.

Sa tête bourdonne à cause de la pression. Elle butte une fois ou deux, bafouille une fois, se reprend, mais débite le tout, appris par cœur, avec autant de sincérité qu’elle le peut, consciente qu’elle est de ses maigres moyens. Aussitôt sa prise de parole terminée, ses belles-sœurs se dressent en garde-fou, s’interposent entre Aenor et la reine, comme si la faire disparaître de la vue de la monarque pouvait la lui faire oublier, elle et son infirmité. Leurs vœux prêtés, les Estremont prennent congés. Plus tard, Loevan aura l’honneur d’être reçu par sa Majesté la reine Argella, honneur qu’il partagera avec son fils, pendant que les femmes, et bien… Les femmes se prêteront aux activités des femmes, qui sont totalement méconnues, autant de Loevan que de Jorran !

[Hj : vraiment désolée de ne pas faire avancer d’avantage le sujet, mais je ne sais pas du tout à quoi ça peut éventuellement ressembler ! Si jamais si besoin, on en discute ensemble et j’éditerai Smile ]

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MessageSujet: Re: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptyMar 17 Nov - 11:09









Aenor Estremont
Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets

Les Estremonts sont venus en nombre pour l’occasion, Argella ne peut que s’en féliciter. C’est une bonne chose qu’une si importante Maison vienne prêter allégeance sans la moindre hésitation ni réserve. La toute jeune Reine aura besoin de tous les appuis politiques dont elle pourra disposer. Ils ont aussi un rôle financier, commercial et maritime de premier ordre, elle le sait et se félicite de leur présence, soulagée même, qu’ils acceptent d’être gouvernés par une femme. Toute Durrandon soit-elle et ce nom est le pilier de l’Orage, ce qui lui permet de régner sur le Royaume sans opposition, elle sait qu’il ne sera pas aisé de conserver sa couronne. On pardonne plus facilement aux hommes leurs erreurs en tant que souverains qu’aux femmes, aussi n'a t-elle pas le droit de faire le moindre faux pas. Et pas le droit non plus de se montrer faible, hésitante devant ses Seigneurs et ses Généraux, jamais. Alors elle n’hésite pas. Mais sous la lourde couronne qu’elle se doit de porter fièrement à présent, elle doute malgré tout, elle doute et elle a peur, parce que son royaume n’a jamais connu de situation plus catastrophique qu’à l’heure actuelle et qu’il va lui falloir des trésors de courage et de sens politique pour trouver des solutions et sortir le pays de l’ornière. Elle sait aussi qu’un pouvoir fort est nécessaire pour redresser la situation et que le moindre complot contre sa personne, la moindre résistance pourrait coûter cher, non seulement à elle, mais au peuple de l’Orage dans son ensemble. Les dissensions qui naissent aisément dans les situations difficiles marquent la chute des dynasties.

Le petit jeu qui se joue ce jour-là semble futile et inintéressant, mais, si le protocole est respecté à la lettre, toute la complexité des relations entre la Souveraine et ses nobles se cache dans les détails, et pour elle, il est aussi important que subtile et complexe de savoir à quoi s’en tenir. Un regard, un léger sourire, un mot choisi plutôt qu’un autre, une voix faiblarde ou au contraire trop appuyée. Ceux qui ont envoyé un fils plutôt que de faire le déplacement, ceux qui ne sont pas venus et leurs raisons. Il n’y avait aucune obligation, mais il est de bon ton cependant de faire cet effort pour la nouvelle Reine. Argella reste aussi impassible que sa nature impétueuse l’autorise, elle ne montre rien de la défiance qu’elle a envers Lord Connington, ni de son amitié avec Lord Béric Swann. Pour ne pas commettre l’irréparable, elle ne sourit à personne et accueille tous les invités avec les mêmes mots :

__ Vous m’honorez de votre présence, My Lord.

La foule se tient sur les côtés de la salle du trône, Grands Seigneurs, proche du trône, chevaliers relégués au bout de la salle. Dans l’ordre d’importance qui convient, un à un, les Seigneurs de l’Orage ou leur représentant, leur famille parfois, s’avancent au centre jusqu’en bas des marches et s’inclinent présentant leurs vœux avec plus ou moins d’emphase et de sincérité. Ensuite la Reine descend les marches qui séparent le trône du peuple et donne sa main portant l’anneau au cerf couronné de son père à embrasser afin de sceller l’allégeance. Et le Hérault annonce un autre Seigneur pour appeler le précédent à regagner sa place dans la foule et le suivant à s’avancer à son tour. Il en est de même pour les membres de la Maison Estremont qui s’avancent au centre jusqu’au bas des marches tandis que Lord Connington, regagne sa place parmi la foule, ils sont les troisième à se présenter, Argella n’en est donc pas encore au stade de l’ennui le plus profond. Elle se plie aux traditions, présentant sa main à chaque membre de la Maisonnée pour ne vexer personne. Elle remarque que la dernière née de Lord Loevan peine à trouver sa main et s’interroge, vue la réaction des proches de la jeune fille, tout le monde a craint la réaction de la Reine et ce n’était donc absolument pas prémédité ni voulu, elle en est persuadée. Pour éviter de créer la moindre rumeur, elle attendra la fin de la cérémonie pour demander si quelqu’un à sa cour sait pourquoi. Lord Penrose lui expliquera qu’elle est atteinte de cécité.

La Reine Guerrière reçoit ensuite certains seigneurs dans ses appartements les plus importants ou les plus fidèles, les entretiens dureront des jours, mais les Estremont sont, une fois de plus, parmi les premiers. Elle peut enfin faire preuve d’un peu plus de franchise, les remercier sincèrement pour leur venue et échanger sur l’avenir de l’Orage. Mais au soir de la cérémonie, elle organise un grand banquet en l’honneur de ses nobles. On mange bien, on boit, parfois plus que de raison et on danse, oubliant un peu la guerre, la famine qui menace, les morts. A la fin de la semaine, une chasse aura lieu, car elle n’est pas seulement une guerrière, mais aussi une chasseuse qui se défend en plus du goût immodéré pour le combat, son père lui a aussi transmis cette passion. Mais tout ceci ne convient que peu à une aveugle, sauf la musique du bal peut-être. Cependant, la Reine a bien d’autres préoccupations que celle d’une cadette handicapée, même si elle est issue d’une Maison Noble importante et qu’elle apprécie au plus haut point, pour sa fidélité, son geste et son respect. C’est donc par hasard qu’elle tombe sur la jeune fille dans les couloirs d’Accalmie. En effet, elle a installé les Estremonts non loin de ses appartements royaux et elle va s'entraîner de sa démarche la plus rapide quand elle manque de lui rentrer dedans avec armes et armure. Elle l'évite de justesse dans un grand brouhaha de métal et s'arrête pour s’assurer que tout va bien.

__ Ma Dame, je ne vous ai pas fait mal j’espère.

Elle porte son épée à la ceinture, une cotte de maille et des éléments d’armure en cuir et en plate. Alors même que la Reine a fait un pas sur le côté et qu’emportée par son allure, elle a du tourner sur elle même pour ne pas finir par terre ou dans le mur, la jouvencelle a pu être touchée et avec l’élan de la souveraine, se faire sacrément mal.


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MessageSujet: Re: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptyMar 17 Nov - 16:48


Il n’est pire aveugle…




Peiner à trouver la main de sa Majesté, lors de son vœu d’allégeance, est un moindre mal. Ses parents auraient pu ne pas être au courant de cette tradition, ne rien lui dire, et Aenor aurait pu, par son handicap, plonger sa famille dans l’opprobre en restant inerte alors que la reine attendait d’elle un geste de piété. C’eut été dramatique, et c’est parce que ses parents en sont conscient que la jeune orageoise passe entre les gouttes. Une fois leurs vœux faits, à tous, les Estremont se joignent discrètement à l’assemblée, viennent grossir le rang des spectateurs, et observent ceux qui, comme eux, ont fait le chemin pour assurer de leur soutien la nouvelle reine de l’Orage. Aenor, elle, si elle ne voit pas, écoute attentivement. A chaque nom annoncé par le héraut, ses connaissances en héraldique se bousculent. Elle sait si c’est le Lord en exercice ou son fils, ou bien de la famille éloignée. Connaissant l’Orage sur le bout des doigts, elle remarque même les maisons absentes, celles qui ne sont pas annoncées, faute de représentants, alors que le cercle d’importance diminue. Elle ne dit rien, mais elle se pose des questions. Comment interpréter et, selon, comment gérer ces absences ? Y a-t-il une seule excuse qui soit valable pour manquer un tel événement ? Certes, son frère aîné était absent, mais, à son sens, la présence de l’entièreté de la famille à son exception, et le refus de laisser la place forte qu’est Rocvert sans seigneur, compense d’une part, et se comprend de l’autre. Les autres maisons avaient-elles ce genre d’excuses également ?

Quoiqu’il en soit, Aenor est bien plus douée à se tenir debout sans parler qu’à trouver la bague de la reine. Pour autant, elle est contente, comme le reste de sa famille, que la cérémonie prenne fin afin qu’ils puissent aller prendre l’air et se dégourdir les jambes, boire un peu et s’asseoir. Malgré les circonstances, ou plutôt en vertu de ?, l’ambiance est relativement décontractée au sein de la famille, qui se sépare bientôt pour s’apprêter en vue du banquet du soir. Par commodité, Aenor partage la chambre de sa belle-sœur, Sancie. Celle-ci est assez généreuse pour aider la jeune femme à faire bonne figure et, puisque son mari n’a pu être présent, accepte de s’en faire accompagner… Ou plutôt le contraire. Loin de bouder leur plaisir, les Estremont s’enjaillent et participent aux célébrations, avec force toasts portés à la santé de la reine et de l’orage, de la reine de l’orage. Aenor aime beaucoup la musique, et se permet même quelques pas de danse en compagnie de Sancie, légèrement à l’écart du large quadrille des autres invités. En comité restreint, en terrain connu, l’aveugle n’a aucune peine à s’y retrouver assez pour danser, être une élégante cavalière, mais lors du banquet, il y a bien trop de monde, trop de monde pouvant être saoule, la bousculer, et briser ses repères. Se mettre légèrement en retrait est autant une façon de se protéger que de protéger les danseurs. Sancie et elle danseront longtemps, avant de remonter dans leur chambre.

Le lendemain, réveillée de bonne heure, elle n’aurait peut-être pas dû mais Aenor n’a pas résisté à l’envie de se lancer dans l’exploration. On ne pourrait lui en vouloir de voir ce qu’elle ne devrait pas puisqu’elle ne voit rien ! Par contre, elle a un flair excellent, et l’odeur de brioches chaudes lui parvient jusqu’ici, lui ouvrant l’appétit. C’est donc avec courage, mais prudence, que la jeune aveugle se lance à l’assaut des couloirs d’Accalmie, comptant, peut-être à tort, sur la bienveillance des servants si, probablement même certainement, elle doit avoir besoin d’aide. Par habitude, elle est discrète et longe les murs. Les gens, quand la voie est libre, ont tendance à user du couloir central, ce qui minimise les risques qu’elle se trouve dans le chemin d’un tiers. Du moins c’est ce qu’elle croyait !

Le choc est brutal, et sans pouvoir l’anticiper, ne serait-ce qu’un tout petit peu, sans savoir où mettre la main pour se retenir, Aenor choit, sans grâce aucune, durement sur son séant. « Ouille ! » La plainte sort spontanément, avant qu’elle ne se relève, tranquillement, sa bouche s’étirant en un sourire. «  Quelle idiote je fais ! » Elle se moque d’elle-même, sa main venant discrètement frotter ses fesses douloureuses, avant le tintamarre produit par une armure en mouvement ne se calme, pour laisser la place à une voix féminine. Aenor est aveugle, mais pas idiote. Elle est parfaitement au courant des histoires entourant la reine de l’Orage, aussi, c’est avec un large sourire, ravit, qu’elle répond. « Un bruit de cuirasse et une douce voix de dame, vous ne pouvez être que sa Majesté Argella… » A défaut d’avoir été gracieuse dans sa chute, elle l’est tout à fait en exécutant une révérence. « Merci infiniment de votre sollicitude, votre Majesté, je vais bien. Je vous prie de pardonner ma négligence. J’espère que ma maladresse n’a rien endommagé de votre armure… » Peu probable qu’une petite chose comme elle n’entame la moindre armure, mais dans le doute… N’ayant qu’une vague idée d’où se trouve la reine, Aenor n’essaie pas de tourner ses yeux dans sa direction, se disant que ce serait pire de « regarder » légèrement de biais, que de rendre aussi ostentatoire que possible son handicap, afin que la reine comprenne que s’il s’agit d’une insulte, elle résulte de la nature et non de son bon vouloir…

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MessageSujet: Re: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptyVen 11 Déc - 12:09

Argella inspire stupéfaite en voyant Aenor tomber lourdement par sa faute. Elle n’a pas le temps de le rattraper au vol, ses réflexes sont bons, mais le choc a été brutal et elle ne s’y attendait pas le moins du monde. Elle fait la grimace en se rendant compte qu’elle lui a fait mal. Elle retient des injures contre elle-même, ne voulant pas effrayer davantage la jeune aveugle. Elle tend une main, en fait attrappe la main d’Aenor pour l’aider à se relever. Elle se frotte les fesses, la pauvre, mais cela aurait pu être pire, si Argella n’avait pas tenté de l’éviter, elle aurait bien pu lui briser quelque chose. Elle se fend d’un immense sourire quand la jeune fille la reconnaît au bruit de son armure et au son de sa voix, la trouvant bien gentille de faire une révérence plutôt que de se plaindre de cette mésaventure. Elle éclate d’un rire franc quand la belle Estremont s’inquiète de l’état de son armure.

__ Mon armure en a vu d’autres Dame Aenor, ce serait plutôt à moi de m’inquiéter pour vos robes. Je vais toujours trop vite, je connais ses couloirs depuis toujours et je sais exactement où se trouve chaque angle, chaque statue, et les serviteurs m’évitent, ils ont l’habitude de laisser passer la tempête.

La Reine de l’Orage rit d’elle-même et de sa précipitation presque légendaire avant de reprendre.

__ J’aurais dû faire plus attention, j’ai de nombreux invités cette semaine.

L’odeur de brioche sortant du four embaume dans les couloirs d’Accalmie, elles sont destinées aux hôtes de la Reine qui n'ont pris qu’un frugal petit déjeuner matinal avant qu’elles ne soient prêtes. Normalement, elle mange plutôt après l'entraînement, mais là, le sauvage parfum de beurre chaud lui met l’eau à la bouche.

__ Vous sentez cette odeur, Ma Dame ?

La brune aux yeux céruléens, aussi gourmande que maladroite, ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre. Autant pour se faire pardonner cette accident que pour faire plus ample connaissance avec la fille Estremont, intriguée par son handicap et honorée par la venue de toute la famille, elle saisit sa main et l'emmène vers les cuisines. Elle démarre, comme à son habitude, beaucoup trop vite avant de penser à Aenor et de ralentir.

__ Nous allons dévaliser les cuisines, ensuite, je vous ferai visiter Accalmie. Vous semblez bien curieuse et aventureuse pour vous promener ainsi dans les couloirs d'une forteresse inconnue malgré votre cécité. J’aime ça… le courage. Vous avez bien mérité une visite privé en ma compagnie et avec moi, vous ne risquez plus de vous faire renverser par qui que ce soit.

L'entraînement pouvait bien attendre, de toute façon, le parfum des brioches lui avait donné si faim qu’il lui aurait été à présent impossible de se rendre sur la lice sans en goûter. D'ailleurs son estomac lui faisait savoir à grand renfort de gargouillements peu gracieux qu’elle avait faim. Et puis ce n’était pas tous les jours que la Reine avait l’occasion de faire visiter sa demeure à une aveugle, jouvencelle du même âge ou presque. Aucun doute qu’elles n’avaient pas eut la même vie, Argella la guerrière et Aenor l’aveugle, mais cette évidente disparité des destinées amusait la Reine en quelque sorte, en tout cas, elle lui donnait à penser qu’Aenor ne constituait pas un danger pour elle, ni quelqu’un de suffisamment important pour qu’elle soit contrainte de faire attention au moindre geste et au moindre mot. Elle se souvenait parfaitement que la veille, elle avait peiné à trouver sa main, quoi de plus normal pour quelqu’un qui ne voit pas, et elle ne lui en voulait pas le moins du monde, sa famille avait tout fait pour que tout se passe au mieux malgré son handicap et elle leur en était reconnaissante. Fille unique d’un Argilac souvent en campagne et d’une Rowenna plutôt distante et avec laquelle elle ne s’entendait pas très bien, la Princesse s’était toujours sentie un peu seule et cela avait été difficile car elle était d’une nature très sociable et enjouée. Pas le choix, et à présent qu’elle était Reine, moins encore, elle devait se comporter en Souveraine et faire honneur à son Royaume et à ses gens en gardant toute sa stature en toute circonstance. Cela expliquait peut-être le goût qu’elle avait pour la guerre, il était tellement plus amusant et simple pour elle de chevaucher aux côtés de ses soldats que de faire semblant d’être quelqu’un qu’elle n’était pas dans une salle du trône bondée. Elle avait dansé la veille, avec un tas de seigneurs voulant être vus à son bras et avec un tas de jouvenceaux plus avenants les uns que les autres, et d’un ennui mortel autant que possible. Échangeant mondanités et lieux communs. Pour elle, la vraie vie c’était le sable de la lice, la boue du champ de bataille, l'odeur des chevaux et des forêts, même si elle ne crachait pas sur la brioche. La seulement elle pouvait être elle-même, donnant ses ordres à ses lieutenants, sonnant la charge lance en avant. Elle se pliait au protocole parce qu’elle était une femme et que si elle ne l’avait pas fait, les quelques personnes qui ne voulaient pas d’elle sur le trône de l’Orage auraient eut encore plus de grain à moudre.

__ Je l’ai déjà dit à votre père, mais je le redis, je suis très heureuse de vous voir ici, vous me faites honneur, tous, par votre présence en nombre. J’aurais besoin de tous mes Seigneurs pour unir l’Orage et reconquérir ce qui nous a été volé par le Bief et le Conflans. Je ne sais pas si la politique et la guerre sont des sujets pour une demoiselle, il parait que non, mais je tiens à ce que vous sachiez que je ne laisserais pas les crimes de Joren Hoare impunis.


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MessageSujet: Re: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptyMer 20 Jan - 18:53


Il n’est pire aveugle…




Ce n’est évidemment pas la première fois, compte-tenu de son état, qu’Aenor tombe littéralement sur quelqu’un (ou le contraire), mais jamais elle n’aurait pensé se couvrir de ridicule en ayant la malchance de tomber sur sa reine… Mais, à bien y regarder, est-ce vraiment une malchance ? D’abord soucieuse de respecter le protocole pour s’assurer d’offenser le moins possible la monarque, étant même prête à assurer, au cas où la reine serait furieuse, que son père serait prêt à la dédommager… Mais non. Grâcieuse, la tumultueuse s’excuse, même, ses excuses faisant gentiment rire son invitée quand elle l’entend se qualifier elle-même de tempête. Elle a une pensée pour celles qu’elle a pu voir de Roc-Vert, avant que la cécité ne la prenne. Elle se rappelle l’eau et le vent mêlés, les éclairs, les nuages, le fracas des vagues et les trombes d’eau… Un pur déchaînement de la nature, une symphonie orchestrée de main de maître par les dieux, un spectacle qu’elle n’oubliera jamais et qu’elle revoit pour son bon plaisir assez souvent dans sa mémoire. Elle trouve l’image très à propos, qu’elle correspond volontiers à la dame qui lui fait face. Aenor ne sait pas si elle peut oser, mais en voyant le bon caractère de sa reine, elle se permet tout de même. « Je suis incapable de jauger l’état de ma robe… » Comment verrait-elle si elle a des accrocs, dans tout ce tissu ? « … Mais je suis tout de même bien heureuse que vous me soyez tombée dessus, votre Majesté. » Avant ça, la dame était une figure immatérielle, et elle le serait restée, sans cette rencontre. Aenor lui serait demeurée loyale, bien sûr, mais quoi de mieux pour renforcer la loyauté que la prévenance ? Quoi de mieux que ce genre de petite anecdote dont l’orageoise gardera précieusement le souvenir toute sa vie ?

Interrogée sur les brioches, la jeune rouquine hoche la tête en signe d’assentiment et répond, malicieuse, sur le ton de la confidence. « En toute franchise, c’est elle qui m’a sortie de ma chambre, votre Majesté… » Incapable de voir la main de la reine prendre son poignet, elle ne peut que la sentir, trop brièvement avant d’être tirée en avant, pour qu’elle n’évite de trébucher, elle se rattrape comme elle peut, notamment au bras puissant de la reine de l’Orage, qui l’est bien assez pour la retenir, forçant un peu plus l’admiration de sa vassale. Le sourire d’Aenor se fait large, tandis qu’elle se remet sur pieds, et, grâce à la complaisance de la reine qui accepte d’opter pour un rythme moins soutenu, la suit sans discuter. Si ses yeux étaient capables de s’exprimer, ils pétilleraient de plaisir. « Quel merveilleux programme ! » S’exclame Aenor, incapable de réprimer son enthousiasme. « Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurai jamais pensé qu’une telle chose m’arrive… Merci votre Majesté ! » Elle confie, la voix rêveuse, pas vraiment certaine de mériter que la reine la croit courageuse, mais beaucoup trop flattée et admiratrice pour la contredire.

« Accepterez-vous de m’emmener dans vos endroits favoris ? J’aime les lieux spéciaux qui ont des histoires… L’avantage que vous avez, c’est que, s’ils sont secrets, ce n’est guère moi qui risquerait de les éventer ! » Elle s’amuse, toute contente de son trait d’humour, et réellement égayée par la perspective de cette journée. Quand elle raconterait ça à ses parents… Ils n’en reviendront pas ! La croiront-ils seulement ? A croire que les grands esprits se rencontrent, puisque la reine Argella vient à évoquer son père également. La dame hoche la tête en signe d’assentiment. « Vos serments vous honorent, votre Majesté. La maison Estremont a de tous temps soutenu la maison Durrandon. Il était impensable pour nous de ne pas renouveler nos vœux tant que vivait une héritière du roi Argilac. » Si Aenor connaît les lois de succession depuis longtemps et comprend la position fragile dans laquelle son genre peut mettre la reine, en ce qui la concerne… Elle a ouïe dire que la dame monte, et se bat à l’épée, et fait tout ce que ferait un roi. Du reste, tous les rois ne se battent pas dans leurs armées. Elle s’est souvent demandé pourquoi les femmes étaient ainsi écartées des héritages. A Dorne, les femmes héritent et aucune plaie ne semble s’être abattue d’avantage sur la Principauté qu’ailleurs, à ce qu’elle sait. Ca a même beaucoup simplifié son apprentissage de l’héraldique puisque les maisons gardent le patronyme le plus prestigieux ou le plus ancien sur le même domaine. La continuité d’un patronyme aide à la stabilité d’un fief, paraît-il. « Je ne suis pas contre aborder les sujets de la guerre et de la politique, votre Majesté, mais j’ai peur que ma grande ignorance en la matière vous effraie… » Répond encore Aenor avec un petit rire. « Si ce ne sont pas des sujets convenables pour une demoiselle, imaginez seulement pour une demoiselle qui n’a même pas eu la bonne idée d’être voyante ! » Elle sourit largement, se moquant d’elle-même, avant de reprendre un air plus sérieux. « Cette période trouble doit être une catastrophe pour les régions touchées… Ce doit être très difficile pour les petites gens de comprendre ce qu’il se passe. Un véritable casse-tête d’héraldique, je n’aimerai pas être chambellan et devoir organiser un banquet par les temps qui courent ! Le placement… » Une expression d’horreur frappe les traits de la jeune femme. « A tous les coups, il y aurait offense ! » Elle grimace, le visage, en dépit de ses yeux vides, étonnamment expressif. D’ailleurs, elle vient de penser visiblement à quelque chose. « Oh, votre Majesté ! Pensez-vous qu’il serait possible d’envoyer quelqu’un prévenir mes parents s’il vous plaît ? J’ai peur qu’ils ne s’inquiètent en s’apercevant que je ne suis plus dans ma chambre… » Inquiets est un euphémisme. Sa mère la penserait tout de suite basculée au bas des remparts. Ils seraient capables de retourner tout le château… Leur fille a beau n’avoir encore moins de valeur qu’une fille puisqu’elle est aveugle, ça ne les empêche pas de l’aimer tendrement.

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MessageSujet: Re: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptyMar 23 Fév - 15:41









Aenor Estremont
Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets

Cette fois s’en est trop. Lady Aenor fait de l’humour à présent. Argella éclate de rire trouvant la plaisanterie fort amusante. Et tandis qu’elle rit, son armure est secouée de cliquetis aussi clairs que son rire. Voyant que la jeune demoiselle de Roc Vert se remettra de ce choc et que sa robe ne semble pas avoir été abîmée dans la bousculade, la brune aux yeux céruléens est rassurée. Elle note dans un coin de sa tête de ralentir un peu le pas et de faire attention tant que le château est bourré d’invités de marque, d’autres auraient pu prendre moins bien de se faire ainsi jeté à terre par une femme, même sans qu’elle l’ait fait exprès.

La Reine sourit d’un air malicieux que la jouvencelle ne pouvait pas voir quand celle-ci répond que c’était l’odeur des brioches qui l’avait sortie de sa chambre. Elle n’hésite donc pas plus longtemps à l’emmener grignoter ses fameuses gourmandises tout juste sorties du four oubliant quelques instants la prévenance face à un aveugle et le protocole tout autant. Heureusement, Aenor se rattrape à son bras plutôt que de s'étaler par terre ce qui l’aurait mis une fois de plus dans un grand embarras, et elle se rend à peine compte qu’elle s’appuie à présent sur son bras. Cependant elle ralentit, se souvenant qu'elle n’a pas affaire à une rapide guerrière mais à une jeune aveugle vêtue d’une robe certes très jolie, mais peut adaptée à la marche rapide. Il y a des moments pour le respect de la bienséance, pour présenter ses hommages, faire montre de soumission et de loyauté et il y a des moments pour se délecter du parfum subtile d’une bonne brioche. Le fait est qu’en dehors des cérémonies officielles, l’Impétueuse n’a jamais été très friande des jeux de cours et des convenances guindées, elle a passé bien trop de temps sur la lice ou sur le champ de bataille où l’on a d’autres choix de d’être vrai. Elle a eu beaucoup plus d’hommes, jeunes et vieux dans son entourage que de femmes, dont certains qu’elle ne s’est pas privé de dépuceler. Peut-être que, depuis sa plus tendre enfance, mais surtout depuis qu’elle a fait le choix de porter les armes, elle a manqué d’une amie. Sa mère en tout cas n’aurait pas pu prendre ce rôle, elle l’aime bien sûr, mais leurs relations sont à couteaux tirés la plupart du temps. Elle a eut, comme toute jeune Princesse, des dames de compagnies, souvent plus ennuyeuses les unes que les autres, et une Septa qu’on ne pourra pas non plus qualifier d’amie. Elle passait le plus clair de son temps à tromper sa vigilance et à se dérober pour aller trainer dans la boue de la cour avec la garde qu’à suivre les enseignements des Sept que la Dame de foi essayait de lui faire rentrer dans le crâne, parfois à coups de triques sur les ordres de son propre père. Mais elle savait encaisser la bougresse, des coups bien plus forts et douloureux, ceux de Trystan Selmy, alors on pouvait bien la frapper, elle continuait de n’en faire qu’à sa tête. Elle avait juste appris à courir plus vite pour éviter le bâton et à se faufiler là où on ne la trouverait pas.

Aenor est plus qu’enthousiaste, après s’être réjouit d’être tombée sur la reine, voilà qu’elle s’extasie devant une proposition fort malhonnête d’aller se goinfrer de brioches. Argella ne comprend pas d’abord pourquoi cela pourrait constituer un rêve. Effectivement visiter Accalmie est digne du plus grand intérêt. Elle finit tout de même par comprendre que se promener au bras de la Reine peut-être vécu non seulement comme un honneur, mais comme un fait idyllique qui restera gravé dans la mémoire de la jeune fille. S’il suffit de cela pour la faire sourire ainsi et la rendre heureuse, alors la guerrière ne peut que se réjouir d’avoir mis de la joie dans le cœur de l’aveugle.

__ Hé bien, cela me fait chaud au cœur de vous faire tant de plaisir.

La jeune Estremont demande à visiter les endroits secrets de la forteresse, elle hésite d’abord, mais la réflexion de cette dernière la fait lâcher un gloussement et elle hoche la tête en guise de réponse. Effectivement, ce n’est pas une aveugle qui va divulguer les secrets d’Accalmie à l’ennemi, de toute façon, les Estremont ne sont pas des traîtres. Mais d’abord, les brioches les attendent. La cuisine résonne d’un boucan de tous les diables, une vingtaine de cuisinières, cuisiniers, commis et autres serviteurs s’affère dedans. Le cliquetis de l’armure royale passerait presque inaperçu dans le brouhaha de casseroles, de vaisselle et d’invectives, si seulement tout bruit ne s'arrêtait pas d’un seul coup à l’entrée de la Dame d’Accalmie. Seul un dernier couvercle tombe au sol, renversé par un jeune commis qui tremble et essaie de disparaître sous le plan de travail. Mais finalement, tout le monde se fiche pas mal de ce bruit parasite.

__ Votre Majesté.
__ Bonjour Clarisse.

La cuisinière en chef s’incline devant la Reine puis devant la jeune aveugle.

__ Ma Dame.
__ Lady Aenor Estremont.

La cheffe d’orchestre de tout ce remue ménage, une grosse dame autoritaire qui connait Argella depuis fort longtemps sait parfaitement pourquoi la brune est ici et la regarde du coin de l'œil tandis que tout le monde s’est arrêté de travailler et garde la tête baissée. Elle ne voit pas d’un bon œil qu’elle vienne dévaliser sa cuisine alors qu’elle est en pleine préparation du petit déjeuner pour tous les invités, leur suite, les gardes, et que tout doit être parfait et copieux comme il se doit. Mais en femme prévoyante et connaissant les habitants de sa maison sr le bout des doigts, elle avait prévu le coup.

__ Reprenez !

C’est Argella qui donne le feu vert à la cuisine pour reprendre son activité malgré sa présence. Il est normal qu’ils se comportent ainsi, elle est trop habituée pour les en empêcher, mais pas nécessaire d’en faire des tonnes et de ralentir le service pour quelques brioches. Alors, le bruit reprend de plus belle, sauf Clarisse qui fait signe au commis fautif d’aller chercher quelque chose dans le garde manger. Il revient avec un panier couvert d’un torchon propre et qui sent tellement bon qu’il ferait saliver un ascète. Mais quand il le tend à la Reine guerrière, il claque presque des dents, terrorisé de se retrouver face à elle. C’est un enfant, probablement un nouveau car la brune aux yeux azur ne l’a jamais vu. Elle prend le panier et dit d’un air malicieux :

__ Je suis venue manger de la brioche petit, pas te manger toi.

Elle fait un clin do’eil au gamin qui repart sans demander son reste, mais tout de même rassuré et elle prend Clarisse dans son bras libre pour l’embrasser sur la joue.

__ Tu es parfaite Clarisse.
__ Je n’avais pas prévu que vous seriez deux.
__ Je partagerais, de toute façon tu prévois toujours que je mange pour deux.

Clarisse grommela sans vraiment répondre, elle-même ne se privait pas de goûter tout ce qui sortait de sa cuisine et connaissait trop bien la gourmandise de la Reine pour ne pas y pallier, mais peut-être effectivement qu’elle prévoyait un peu large. Il vaut toujours mieux qu’il y en ait trop que pas assez, telle était sa devise. Argella rit doucement en reprenant Aenor par le bras pour quitter les lieux et s’éloigner de tout ce raffut, reprenant la conversation qui avait pris fin à l’approche des cuisines.

__ Les petites gens ne comprennent rien, et je ne saurais leur en vouloir. J’imagine que tout ce qu’ils souhaitent, c’est pouvoir vivre de leur lopin de terre sans risque de se faire égorger ou de perdre leur récolte sous les pieds de soldats, qu’ils soient amis ou ennemis.

La Reine n’en dit pas plus, elle n’a pas envie de parler de politique, elle est reconnaissante à la Maison Estremont de la soutenir, à toutes les maisons qui sont venues lui prêter allégeance en ces temps troublés où les territoires et cités tombent les uns après les autres et où tout l’Orage est menacé de s’écrouler. Un Roi ferait-il mieux ? Peut-être que oui, peut-être que non, mais au moins sa position ne serait pas controversée parce qu’il porterait les armes, ne serait pas encore marié et sans héritier et irait sur le champ de bataille. Aenor demande alors à envoyer quelqu’un pour prévenir ses parents. Hélas, il est très tôt, les rares personnes qu’elles croisent sont des gardes postés à des endroits dont ils ne doivent pas bouger. Cependant, quelques serviteurs commencent à arpenter les couloirs et c’est une jeune soubrette chargée d’un plateau rempli de victuailles que la Durrandon charge de prévenir le Sire et la Dame de Roc Vert qu’Aenor est en sécurité avec la Reine.

Après avoir monté de très nombreuses marches, Aenor et Argella arrivent tout en haut du donjon principal d’Accalmie. D’ici on a une vue magnifique, mais surtout, c’est le seul endroit de la forteresse depuis lequel on sent véritablement l’air marin qui ne passe pas les épaisses murailles fondées par Durran. Contrairement aux sommets des remparts on y croise pas de soldat aussi seront-elles tranquilles pour partager le petit déjeuner préparé par Clarisse. La brune étale sa cape par terre et y mène l’aveugle pour qu’elle s’installe avant de desserrer les sangles retenant son armure pour être plus à l’aise pour manger. Elle enlève le torchon posé sur le panier et partage une brioche en deux, donnant la moitié à Aenor. Il y’a un gros bocal de lait de chèvre au miel, et une coupe, elle sert la jouvencelle et boit directement dans le bocal. Il y a du beurre, pour en ajouter dans la brioche déjà largement dotée. un peu de fromage, des œufs et quelques pâtes de fruit. Le torchon a su tenir au chaud la brioche et le lait et la Durrandon croque dedans avec joie.


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MessageSujet: Re: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptyJeu 22 Avr - 18:58


Une reine n’a pas

D’amis…



Aux oreilles de l’aveugle, le rire est la plus jolie des mélodies qui soient, en particulier lorsqu’il est aussi spontané et débridé que l’est celui de la reine. Avec le temps, l’ouïe de la jeune aveugle s’était tellement affinée qu’elle parvenait à faire la différence entre des rires de gêne, des rires mauvais, des rires moqueurs, des rires nerveux… Et les véritables rires, ceux qui n’expriment rien d’autre que du pur amusement. Du peu qu’Aenor en a entendu de la reine Argella, outre son tempérament et son comportement plutôt masculin, on décrit aussi la dame comme quelqu’un d’intransigeant. L’Estremont ne peut donc faire autrement que de se flatter d’être parvenue à la faire rire ! Qui l’aurait cru ?

Sur la toile grise qui s’étend devant ses yeux sans âme, des paillettes dansent pourtant en eux lorsque se joue le film d’elle-même annonçant, silhouette sans visage face aux traits estompés et grossièrement reconstitués de ses proches, à ces derniers qu’elle a pu échanger avec la reine de l’Orage, et qu’elle est même parvenue à la faire rire ! Loin d’être idiote, Aenor se rend parfaitement compte que leur rencontre n’a absolument rien de protocolaire, et qu’en temps normal, non seulement les deux femmes n’auraient jamais échangé, mais certainement pas de quoi donner l’illusion à la plus insignifiante des deux qu’elle pourrait frôler du doigt la grâce d’une reine. Ainsi, l’entrevue a beau ne même pas avoir commencé à proprement parler que la jeune femme en est déjà reconnaissante, et impatiente d’en savoir un peu plus sur cette reine, jusqu’ici majoritairement idéalisée.

Rien d’étonnant, donc, à ce que la rouquine suive sa reine avec entrain, sa salive s’activant déjà, rien qu’à l’idée d’une pâte feuilletée, pleine de beure, à peine sortie du four s’engouffrant dans sa bouche, au fur et à mesure que l’odeur qui devient plus forte, et le brouhaha ambiant des casseroles, deviennent de plus en plus perceptibles, trahissant une arrivée imminente aux cuisines. Se tenant gentiment dans l’ombre de la reine, Aenor imagine, non sans cacher le sourire qui s’étire sur ses lèvres d’une oreille à l’autre, la stupeur pour les gens que d’avoir la reine dans leur sanctuaire… A leur place, elle n’en mènerait pas plus large ! Elle se contente donc simplement de hisser une main pour un salut approximatif, mais chaleureux, au personnel, ses yeux tombant résolument vers le sol, quand la reine l’introduit auprès de cette société. Elle espère qu’ils ne tarderont pas à faire le lien entre sa cécité et son nom, histoire qu’ils ne la trouvent pas impolie.

Finalement, le brouhaha reprend son cours et, discrète et tâchant de paraître poliment intéressée par les tractations, Aenor, en réalité, se fait plaisir en humant les parfums délicieux qui émanent de tous les coins. Elle n’a qu’aussi rarement de vouloir laisser aller ses mains à tout toucher, pour mieux goûter. Entendant la gouvernante dire qu’elle « n’a préparé que pour un », l’insulaire de l’Orage se demande si cette pratique est rituelle chez la reine, dans un premier temps, et ensuite, en quelle mesure a-t-elle réellement altéré le cours de la journée de sa Majesté ? Il serait très présomptueux de sa part de croire qu’elle vaudrait la peine de chambouler un agenda royal, et en même temps…

Hésitant, l’espace d’une seconde, à proposer à la reine de retourner à ses appartements pour qu’elle profiter de son moment de solitude gourmande, elle oublie cette idée en sentant son bras à nouveau capturé par la reine, et c’est en retrouvant un large sourire qu’elle la suit. Aenor, surprotégée par ses parents, n’a pas de véritable ami. Elle s’entend avec beaucoup de gens, mais il est plus difficile pour elle de sympathiser avec les jeunes filles de son âge. Après tout, ce qui les obsède, et qui devrait obséder Aenor également, c’est le mariage. Cependant, sa cécité fait d’elle un parti peu désirable, et elle ne supporte pas les tons condescendants qui lui sont réservés. L’idée de manger des friandises en toute indignité, dans le secret, est pour elle bien plus plaisante.

Au sortir des cuisines, la monarque revient sur la fin de leur conversation, dans un sens qui interpelle l’aveugle. Pas le temps pour elle cependant de rebondir, qu’elle se retrouve entraînée dans les couloirs. Aenor ne saurait dire si c’étant dans l’intention de la reine, mais la Estremont est définitivement perdue, incapable de se situer, dans quel morceau du château. Tout ce qu’elle peut plus ou moins déduire, c’est qu’elles sont dans les bâtiments pas trop loin des cuisines, et haut, vu les volées d’escaliers qu’elles ont montées ! Cela étant, le jeu en valait la chandelle. C’est immédiatement ce que se dit Aenor lorsque les rayons du soleil frappent son visage, en même temps qu’un coup de vent iodé qui ébouriffe ses cheveux roux. La jeune femme se met alors dans le sens du vent, et étend ses bras, tenant un morceau de son châle dans chacune de ses mains. Le vent fouette son visage, balaie ses cheveux, entre dans le col de sa robe et parcourt ses manches en tourbillonnant… Donnant à l’aveugle la sensation de tourbillonner à son tour. Elle prend d’ailleurs le temps de tourner plusieurs fois sur elle-même, lentement, avant que le vent ne se calme, et ne fasse s’asseoir Aenor à son tour, près de la reine.

« Merci… » Elle souffle avec gratitude en recevant son morceau de brioche. En tâtonnant, du bout des doigts, effleurant à peine les choses, Aenor trouve un couteau et entreprend d’étaler du beurre sur sa brioche. Ça lui prend… Beaucoup de temps, mais la jeune fille semble parfaitement détendue, consciente qu’elle y passe plus de temps qu’elle ne le devrait, mais aussi parfaitement à l’aise avec son retard… Puisqu’elle préfère sans conteste être en retard et être autonome que le contraire. Et, quitte à mettre du temps à tartiner sa brioche, Aenor se lance, prenant exemple de la spontanéité et de la franchise de la reine. « Vous savez votre Majesté, je suis une grande adepte de philosophie… » Et oui. Faute de pouvoir cultiver son talent en dessein et voulant parfois faire autre chose que jouer de la musique ou de la sculpture, Aenor avait fini par se découvrir une passion pour l’intellectualisation, la « branlette intellectuelle » comme disait son plus jeune frère, lui, pragmatique à crever.

Consciente de l’étrange de cette introduction, la jeune Estremont se permet de poursuivre. « Et cette passion m’a conduite à réfléchir à beaucoup de choses, et, je crois, que la sécurité est le minimum que demandent de vous vos gens… Si on doit parler de leurs souhaits, j’imagine qu’il s’agirait plus d’héritiers, de renommée peut-être, même… Une certaine tranquillité, et oui, certains rêveront à la gloire et à l’argent, mais je pense que c’est très différent, parce que les souhaits ne peuvent venir qu’une fois un certain degré de sécurité atteint… La sécurité de corps, je pense, celle de savoir qu’on ne risque pas de se faire manger par un animal dans la nuit, ou égorger, comme vous l’avez dit, et la sécurité d’esprit de laquelle on s’affranchit, je pense, quand on n’a pas à s’inquiéter de la nourriture pour la semaine… » On voit, le visage d’Aenor très expressif malgré son regard toujours déviant, qu’elle réfléchit en même temps qu’elle parle, qu’elle a, réellement, réfléchit à voix haute, partagé le fruit de réflexions personnelles, qu’elle partageait, en fait, pour la première fois, et pour lesquelles, donc, elle attend une forme de jugement. Est-ce que ce qu’elle dit tient la route, est-ce complètement stupide ? « Je me dis bêtement que si j’étais paysanne et que j’en avais les moyens, je choisirai un royaume où cette sécurité est assurée, et je verrai ensuite comment y prospérer… Mais pas le contraire. » Pour elle, ça semblait plus malin. Et puis, et puis elle a le déclic. « Oui, je ferai ça. Parce que je me dirai qu’après tout, la sécurité, c’est le bail de base que me devraient mes seigneurs. Après tout, les impôts servent à cela. Si mon pays ne peut pas me défendre, pourquoi je paierai des impôts ? » Elle demande, plus pour elle-même que pour la reine, prise dans le déroulement du fil de ses pensées… Jusqu’à en émerger, et retrouver son sourire. Sa brioche étant finalement beurrée, elle en mord un gros morceau. « Le nombre de choses auxquelles vous devez penser est effrayant… Et je n’en ai qu’une très vague idée ! » Elle soupire d’admiration. « Je trouve admirable que vous vous soyez lancée dans cette bataille… » Et elle est sincère ! Elle-même, par exemple, sait que sa tête n’aurait jamais supporté une telle pression sans exploser !

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MessageSujet: Re: Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé]   Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets [Tour II - Terminé] EmptyDim 27 Juin - 12:49










Aenor Estremont
Une Reine n'a pas d'amis, que des sujets

Argella est chez elle, elle connaît chaque recoin de cette forteresse comme sa poche. Elle a arpenté les couloirs, les salles, les chemins de ronde des milliers de fois depuis qu’elle est née. Elle va vite, moins vite cependant que lorsqu'elle a percuté Aenor, consciente qu’elle doit faire attention de ne pas la faire tomber. Elle n’a pas conscience qu’elle est en train de perdre la jeune Estremont, elle fait comme d’habitude, ou presque, car généralement, elle mange sur les remparts, mais après s’être entraînée d’où sa tenue. L’agenda royal a donc bel et bien été chamboulé et il n’est pas certain que, durant la journée avec tous ces hôtes dans un château, elle puisse rattraper cet entraînement manqué. Mais ce n’est pas tous les jours qu’elle peut partager ses petits secrets et ses grandes excentricités avec quelqu’un.

La Reine s’assoit sur un banc de pierre face à la mer et aux créneaux dans un cliquetis d’armure. Elle regarde avec amusement le tendron prendre le vent telle la voie d’un bateau et tourner sur elle-même.

__ D’ici, on voit toute la baie des naufrageurs. J’aime venir ici au lever du jour et voir le soleil passer l’horizon. Mais je me suis couchée tard hier, le soleil est déjà monté et il irradie la mer bonace. On peut même apercevoir en se penchant un peu la berme.

Fait elle avec un sourire avant de prendre une brioche et de croquer dedans. Elle en tend une à la jouvencelle quand cette dernière prend place à côté d’elle le panier posé entre elles deux, le soleil encore bas qui passe à travers les épais moellons, le vent qui s’est un peu calmé et passe au-dessus de leur têtes. Elles sont dans une des échauguettes placées à intervalle régulier en haut des remparts. En voyant Aenor rajouter du beurre dans sa brioche, elle a envie de faire pareil et voyant que Lady Estremont prend tout son temps, elle se sert d’un de ces couteaux de lancer. Si Ser Tristan la voyait, il serait outré, mais elle s’en fiche et la brioche, déjà succulente, est encore plus fondante avec du beurre.

__ AH !

Répond la Durrandon à la révélation d’Aenor sur sa passion pour la philosophie. Un domaine qui ne passionnait pas du tout Argella, une discipline qui pour elle s’apparentait à de la billevesée ou pire, des capucinades. Elle espérait cependant que sa réaction n'empêche pas Aenor de s’exprimer, elle n’avait jamais été bien douée pour cacher ses émotions, même à une aveugle. Elle se demandait bien où elle voulait en venir et grâce aux Sept, elle le sut rapidement. Et c’était beaucoup moins ennuyeux que prévu, même si cela la renvoyait aux énormes difficultés auxquelles elle allait devoir faire face à présent et à ces nouveaux devoirs de Reine et la contristait. Heureusement que la brioche et la vue lui faisait oublier quelques minutes par jour ses lourdes responsabilités. Mais elle ne pouvait que constater la sémillance de l’aveugle.

__ C’est, entre autres choses pour leur sécurité que j’ai rejoint l’Empire, non seulement dans le but de défendre les Terres de l’Orage, mais dans le but d’unifier le continent, seul et unique moyen d’assurer leur sécurité à long terme à mon avis. Les guerres, les escarmouches, font partie de notre existence à tous et nous ne pouvons pas y échapper, ni ériger des défenses partout et efficace en tout temps et avec un minimum d’hommes.

La brune aux yeux azur soupire, las de se sentir si impuissante, justement, à assurer la sécurité de son peuple autant que la pérennité de sa lignée. Elle rêve de cette sécurité elle aussi, mais si elle protège une frontière, elle en laisse une autre vacante et bien sûr l’ennemi attaquera le côté le moins bien défendu. Le Conflans avait attendu que son père et le gros des forces de l’Orage aille dans la Néra pour attaquer par le Bief, scellant le destin des Marches, mais aussi d’Argillac et de la paix avec les Gardener. Il avait fallu faire des choix, et chaque choix qu’un souverain faisait coûtait des vies, parfois plus qu’il pouvait en sauver hélas. La stratégie était toujours un crève-cœur, mais on ne pouvait pas pour autant diviser ses forces en trop petites unités qui ne sauraient faire face aux armées adverses.

__ La sécurité à nos frontières dépend avant toute chose des relations que nous entretenons avec nos voisins. Ma mère était dornienne, mariée au Roi de l’Orage pour assurer la paix, et pourtant les pillages ont perduré. Elle s’était accointée de la Reine Tricia, et pourtant, Mern nous a attaqués sans crier gare. Voici ce qui arrive quand nos voisins retournent  leur veste aussi vite que le vent en haut de ses remparts tourbillonne. Mon père disait : “La paix c’est bon pour les femmes, et les faibles. Les empires sont forgés par la guerre.” il avait raison en un sens, construire une paix durable ne se fait pas sans sacrifices. La Paix, Dame Aenor, est une illusion éphémère. L’Empire, la constitution, elle, garantit un peu plus la pérennité des alliances, j’ose du moins l’espérer. Mais surtout, je crois en Rhaenys, en Torrhen, en Jon Stark, en Orys Baratheon. Parce que ce ne sont pas des girouettes ni des abuseurs.

Elle ne comptait pas Lyham Tully, ne l'appréciant pas et estimant qu’on pouvait difficilement lui faire confiance, même si sa défaite et sa trahison dans le Conflans avait probablement sauvé l’Orage et qu’il faisait partie de l’Empire lui aussi.

__ La plupart des paysans ne choisissent pas l’endroit où ils travaillent la terre, il reste à l’endroit où ils sont nés, se déplacent rarement de plus de quelques kilomètres. Nous seuls, les nobles, avons la chance et le privilège de parcourir le continent, de connaître autre chose que ce qui nous a été donné à la naissance. Ils ne choisissent pas, ils subissent et cherchent des responsables, pas toujours où ils sont réellement. C’est humain. Et puis il prient, c’est pourquoi la religion est si importante pour eux, parce qu’ils n’ont pas prise sur les choses, ou si peu et doivent s’en remettre aux Dieux. Leur privilège est de ne pas avoir à se soucier de grand chose, de ne pas avoir à penser à grand chose. Notre responsabilité et notre devoir, effectivement, est qu’ils puissent vivre et travailler dans les meilleures conditions possibles et je dois avouer que... cela ne va pas être facile. La couronne m’a été donnée par la guerre et cette guerre est loin d’être terminée. Je porte ce fardeau que m’a laissé mon père, avec en plus le défaut d’être une femme et l’insécurité de ne pas avoir d”héritier.

L’orageoise faisait le bilan des pertes, humaines, militaires, stratégiques et territoriales. La menace du Bief toujours présente, l’alliance avec Dorne dont elle doutait fort qu’elle puisse durer et ne soit pas simplement due à l’opportunisme des Martell. Douloureuse remembrance que cette dernière année de lutte. Si on regardait la situation en face, il y avait effectivement de quoi perdre la tête et fuir. Mais elle était une Durrandon, rafalée, mais Durrandon toujours, elle ferait face sans trembler.

Seulement, cela impliquait que de nombreuses personnes allaient encore mourir, des soldats, mais aussi des civils, nobles et roturiers. Évidemment, si elle signait la paix avec le Bief, ils n’auraient pas à mourir pour défendre l’Orage contre lui, mais peut-être contre l’Empire qu’elle trahirait en signant cette paix, ainsi que Dorne qui subissait les attaques des Bieffois tout autant. Et elle n’était pas du genre à trahir ses alliés, surtout pour une paix factice qui ne durerait pas. En choisissant la sécurité  d’une frontière, elle en mettait deux autres en péril. Mais ce n’était pas la seule raison de s’opposer au Bief. Même des ennemis peuvent se respecter, mais même en tant qu’amis ils ne respectaient rien ni personne… Ils avaient trahi l’alliance avec l’Orage en laissant passer le Conflans et en attaquant l’Orage ensuite. Un comportement honteux et qui ne laissait rien présager de bon pour une future alliance pacifique ou militaire entre eux. Alors elle ne plierai pas, quel qu’en soit le prix. Mais elle ne ferait pas non plus face seule, car c’était du suicide. L’avenir seul dirait si elle prenait la bonne décision.


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