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 Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]

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MessageSujet: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyMer 25 Sep - 23:26

Ne jamais hésiterJe suis un fer-né. Ce mot n'exprime la plupart du temps que dégoût et haine envers nous autres insulaires. Pourtant il fait naître en chacun d'eux la peur et l'angoisse qu'un jour ils aient à croiser le fer avec notre soif de sang sanguinaire. Au delà du pont mes hommes, des marins mais aussi des guerriers qui avaient suivi leur chef dans le tumulte de la guerre. Elle était devenue une raison d'être, une entité que nous préférions préserver dans nos cœurs et nos têtes plutôt que de la balayer d'un simple revers. L'océan m'avait vu naître et ses flots bouillonnants m'accueilleraient de nouveau quand l'heure funeste sonnerait. Les hommes sont trop peu satisfaits de ce qu'ils ont. Ils cherchent à obtenir plus que ce qu'ils méritent véritablement. Je ne pensais pas faire exception. Chaque homme qu'il soit bon ou mauvais a cette part en lui qui appelle ses plus bas instincts qui sommeil au fond.

Une petite chandelle subsistait dans la pénombre de cette cabine. Le sifflement constant de ses flammes consumant la cire était devenu un bruit coutumier à mon oreille, une habitude à laquelle on a du mal à se défaire. Elles exerçaient semblait-il une danse, laquelle je ne saurais vous le dire concrètement. Dans cette chambre régnait l'obscurité, cette forme lugubre se complaisant dans les coins et recoins sombres. L’œuvre d'une entité jadis si puissante, crainte que l'on en conte encore des histoires effrayantes pour les enfants. Le mal se faufile partout ou les cœurs sont meurtries par l'avarice, la colère et la tristesse des pertes qui les poussent jusque dans la folie. Aucun doute là dessus le Dieu-Noyé serait un coupable idéal pour cette sombre journée. La bruine qui c'était levée avait sans aucune surprise dévoilée aux yeux des plus avisés une pluvieuse matinée. Les trompes d'eau se déversèrent le long du plancher, et le clapotis des gouttelettes martelaient le sol telle un forgeron sur son enclume. Un soupçon de lumière persistait à s’immiscer dans cette pièce. Le sale temps avait fort à faire et pourtant le soleil ne se résignait pas à traverser cette épaisse masse grisâtre de son astre céleste. Il faisait jour, l'atmosphère froide à l'extérieure pourtant ne semblait pouvoir déranger la silhouette de celui qui était allongé dans cet amas de peaux de bêtes. Il lui avait fallut tenir, plusieurs jours durant que le mal finisse par peu à peu lâcher prise. Les blessures et les plaies pouvaient continuer de guérir dans un monde ou les cicatrices embrasse et encense le destin des plus valeureux et courageux guerriers. Ses paupières s'animent, son visage se crispe et à son réveil c'est le son émanant de l'extérieur qui le rend âpre et sévère. Il n'est pas un homme faible, il ne se l'avouerait peut-être même jamais. Ses phalanges recherchent le gobelet dans un automatisme accompli. Il porte à ses lèvres ce filet d'eau à la saveur si fraîche et salvatrice qu'il en viderait cette chope d'une seule traite. C'est le grondement de sa gorge enroué dans un mutisme maladif qui le pousse à tousser en manquant de cracher le peu de liquide qu'il avait réussit à ingurgiter.

Ses paupières fiévreuses animent ce faciès renfrogné. Il est hors de question de resté plus longtemps alité. Le brouhaha général et ce débit de voix élevées au sein du navire viennent conforté son désir de se tenir plus que jamais debout. La réalité en est tout autre, c'est le dos voûté qu'il se relève brusquement dans un râle et un sourire grimaçant. Sa paume resserre fermement ses crocs acérés le long de ce lit de bois sculpté et s'affirme dans un premier pas manquant de tomber. Un petit effort bon sang, grommelle t-il. Intérieurement le réveil est plus difficile qu'il n'y paraît. Ses yeux et son esprit eux sont déterminés à continuer. Un pas en entraîne un autre, si bien que c'est à travers un rideau émaillé qu'il observe silencieusement la silhouette recroquevillée sur elle même. Un instant son regard se perd et je ressent chez elle une profonde tristesse dans ses plus sombres aspects. l'orgueil se ravise et mon inspiration s’essouffle tel un soufflé. Les clameurs des marins semblent peu à peu s'atténuer. Mon esprit s'en retourne à une une toute autre dynamique, mon corps et ma langue se querelles, c'était peut-être le vin ou bien l’insidieuse blessure qu'elle m'avait faite. Je m'éloigne me préparant sommairement gardant inexorablement le coin de l’œil avisé sur elle. L'épée au ceinturon, la boucle raffermissant la sangle autour de mon côté et ma hanche arborant le fourreau bien remplit devait poursuivre les préparatifs des prochaines actions.

Ma barbe hirsute laisse entrevoir le bout de ma langue humectant mes lèvres. Elle n'avait pas prononcé un seul mot depuis que j'avais déchaîné les sept Enfers sur ce corps aux atouts provocants un appétit gargantuesque pour la chair fraîche. Néanmoins ce jour là, j'avais pu croire et voir des éléments contradictoires s'entrechoquer et imploser au plus profond d'elle même. En avoir le cœur net ne serait pas une tâche facile. Pourtant depuis elle n'avait plus été tenue par des fers, j'avais pris des risques assurément stupides et même aurais-je cru entrevoir dans un rêve son faciès au dessus de ma tête m'épier lorsque je dormais. Il me tentait parfois de croire que ne supportant plus la vue de mon abject faciès, de celui qui profana son corps et avait brisé l'intimité d'une jeune pucelle car c'est ce qu'elle était il y a encore quelques semaines.

Spontanément j'extirpais du coffre de la pièce une épée courte équilibrée et prête pour l'usage. L'apposant contre mon épaule je sifflotais un air nonchalant jusqu'à sa petite tête. « Debout, là dedans. C'est l'heure de l’entraînement. »  Déclarais-je la toisant en m'apposant contre la poutre de bois et dans l'attente de réaction que je n'avais su obtenir les jours précédent.

 


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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptySam 28 Sep - 18:56

Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] Azhana10

Il fallut deux semaines, deux bonnes semaines pour qu’Azhana put ouvrir les yeux complètement et reconnecter avec la réalité. Il devait y avoir, à bord du navire, un homme de soins, plus intelligent et sage que la moyenne des autres marins de l’équipage, qui avait su la ramener à la vie.
En fait, aussi curieux que cela puisse paraître, Azhana devait avoir récupéré un état meilleur que celui dans lequel elle avait été en rejoignant le navire. Plus curieux encore, cela valait pour sa santé mentale. Personne n’eut juré, pas moins Azhana elle-même, qu’elle pût se remette du drame qu’elle avait vécu, et qui s’était terminé dans le funeste orchestre de la désacralisation d’elle-même. Oh, on ne disait pas d’Azhana qu’elle se portait bien pour autant. Non. Elle regrettait de toute évidence tout ce qui lui était arrivé et ne savait pas remédier au fait qu’il lui était impossible de revenir en arrière. Toutefois, elle avait su, peut-être par contrainte, éviter de penser aux plus profondes souffrances, celles du corps, mais surtout celles de l’âme, qu’elle avait connues Deux pensées lui eussent pu être terribles en particulier : celle selon laquelle le nouvel ennemi qu’elle s’était fait – le capitaine du navire, que l’on appelait à propos Lyle Salfalaise, avait vu ce qu’il n’aurait pas dû voir chez elle, et, bien sûr, l’odieux acte que ce personnage avait commis. De ce fait, qui jamais n’allait être remplacé, Azhana n’en avait gardé que l’amertume, mais une amertume constructive. En effet, au fur et à mesure qu’elle avait récupéré de ses forces, la jeune femme n’avait cessé de réfléchir à la manière de faire payer à son ennemi le prix de son acte. En quelque sorte, Azhana s’était donnée une nouvelle raison de vivre, désormais la seule d’ailleurs peut-être.
Bien que le capitaine Salfalaise demeurait dans la même pièce qu’elle, bien qu’il avait ordonné de ne pas l’attacher, Azhana ne l’avait pas regardé une seule fois, elle ne lui avait pas parlé une seule fois ; elle était devenue muette et aveugle à son égard. Mais, la concernant, elle regrettait de l’entendre marcher, parler… Elle savait aussi que Lyle avait tout de même souffert des blessures qu’elle lui avait causées, notamment car elle avait pu l’entendre gémir, l’entendre jurer. Cela la satisfaisait, un peu.

Ce jour-là, Azhana dormait, par terre. Il fallait dire qu’elle supportait bien le manque de confort, alors que, jusque-là, elle n’avait été habituée qu’à des couches d’un autre prestige. Elle se fit réveiller au son de pas qui s’approchaient d’elle. Il est inutile de préciser qu’il s’agissait de son ravisseur.
Elle ne daigna que jeter un œil pour observer la silhouette de l’homme du coin de l’œil. Il marchait d’un pas gracieux, puis, s’arrêtant devant elle, il lui tendit une épée, et, d’un air étrangement détendu, il lui enjoint de se lever, afin de s’« entraîner ». L’avait-il confondue avec quelqu’un d’autre ? Quelles étaient ses intentions, probablement mauvaise ?
Quoi qu’il en fût, Azhana garda sa tête baissée au sol, et, dans un premier temps, elle ignora l’homme et sa bonne humeur apparente. Néanmoins, à partir de sa position recroquevillée, elle se redressa, restant au sol mais prenant appui sur ses bras. Elle devait ressembler à une sorte d’animal, de fauve sauvage que l’on n’arrivait pas à dresser. Il en était tout autant de son visage – calme beauté drapée sous une couche de poussière et autre crasses, façonnée par des traits qui n’exprimaient aucune émotion, et procuraient un sentiment de gêne, de mélancolie, chez celui qui contemplerait.
Elle n’avait pas besoin de tourner la tête ni les yeux pour apercevoir la lame que lui tendait le marin.
Enfin, après qu’on l’eut entendu respirer fortement mais doucement, elle finit par expirer et dire, d’un ton dramatique, qui jamais n’avait connu auparavant sa voix :
« Si c’est me tuer qui vous intéresse, il est inutile de me donner une arme pour donner l’impression de m’avoir accordé une chance égale à la vôtre. »
Puis, sans prévenir, elle tourna se tourna vers lui. Jamais son air n’avait été aussi grave, sérieux. On aurait dit qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre, que tout ce qu’elle avait été l’avait quitté, et que c’était emparé de son corps un esprit qui devait encore l’habiter pendant un certain temps. Elle pouvait fixer le capitaine, son ravisseur, l’auteur de son mal, sans rien ressentir – ni peur, ni tristesse, ni haine…
Elle ajouta :
« Vous ne m’avez pas l’air d’être scrupuleux avec la question de l’honneur. »

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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptySam 28 Sep - 20:49

Ne jamais hésiter« Te tuer ? Tu m'es bien plus utile en vie. » Rétorquais-je en crissant ma barbe du bout de mes doigts en jaugeant cette silhouette profanée qui était mienne désormais. Azhana s'apparentait à une créature sibylline au milieu des méduses telle une rare sirène peinant et luttant pour s'accrocher au radeau. Sa condition physique semblait bien plus à même de la faire tenir sur ses jambes. Son regard lui étrangement familier à mes mirettes dans une ressemblance faussement vraie feignait peut-être à choisir entre me tuer ou apprivoiser la bête pour mieux s'en servir. Qu'est-ce qui pouvait bien lui passer par la tête ? Seul les Dieux pouvaient se vanter de savoir ce qu'elle me réservait. J'avais pris connaissance de qui elle était du moins en partie. Je l'avais observé un long moment, recroquevillée, apeurée par l'ombre de mon corps sur elle. Ce que je lui offrais était un moyen d'apprendre, dans un sens nous autres les insulaires des Îles de Fer n'étions pas foncièrement mauvais. En prenant ce que nous voulions nous permettions aussi de transmettre. C'était une étrange manière d'éluder ma vision et mes pensées mais, qu'importe. Il fallait au moins essayer une fois de prendre plutôt que de se pendre à jamais. J'avais appris cela à mes dépends, notre existence et notre survie finalement en dépendait.

La joueuse de Luth avait  au fond d'elle un potentiel, rien qu'à la voir se muer et se conduire telle une bête me fascinait de bien des manières. J'expirais un râle d'entre mes lèvres, écoutant ses paroles vaines et vides de sens à mon oreille. Cela m'amusait un temps, je gageais de lui faire voir la manière dont mes yeux perçaient les immensités de l'océan et les possibilités qui seraient à sa portée en se tenant à mes côtés. « L'honneur ? C'est bon pour ceux qui veulent crever. Je suis fer-né pas stupide. » Lui répliquais-je en me moquant d'elle. Je lui donnait un petit coup de pied, jouant avec elle histoire de la voir remuer et se décider pour de bon à bouger. « Tu m'as pas loupée l'autre nuit. » Lui lançais-je en indiquant ma côte. « Dans mon monde c'est comme ça que cela fonctionne. Le fer-prix prend et donne en échange. » Poursuivais-je lui tendant une main franche et sincère ouverte pour l'aider à se redresser. « Je ne peux pas accepté que tu te face bêtement tuer par le premier opportuniste qui pointera son épée sur toi. »


 


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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyDim 29 Sep - 12:51

Était-il en train d’être… amical ? C’était, du moins, ce qu’il semblait, vu sa manière de parler. Même son geste qui eût pu être brutal – son coup de pied – ne l’avait pas été. Néanmoins, Azhana ne donnait pas l’air de vouloir répondre à la légèreté du capitaine, et la raison en était évidente.
Toutefois, il y avait bien une chose qui intriguait la jeune femme. En effet, s’il ne voulait pas la tuer, s’il ne la destinait, visiblement, pas au service de la couche de manière répétée (du moins, ces derniers jours, elle n’avait été abusée de personne), s’il disait à présent ne pas vouloir qu’elle se fît tuer, que pouvait-il bien vouloir d’elle ? Cette idée était en fait bien de nature à rendre Azhana folle de curiosité. Peut-être même que Lyle aperçut ce questionnement dans le regard momentanément perdu de la jeune femme, perdu dans le bleu froid des pupilles du criminel, si bien qu’elle dut tourner son regard vers le sol derechef, et ordonner dans un ton légèrement déstabilisé, mais surtout audacieux :
« Laissez-moi. »
Après un instant de silence, passé à observer banalement les mèches qui s’étaient formées dans ses cheveux malpropres et qui formaient un rideau devant ses yeux, elle expliqua :
« J’ignore votre monde, mais je crois en avoir déjà connu les pires aspects, que j’exècre. Dans mon monde, être privé d’honneur c’est déjà être mort. »
En fait, tout cela n’était que partiellement vrai. S’il était vrai que la réputation, l’honneur et la piété étaient des éléments fondamentaux que l’on apprenait en famille et que l’on reconnaissait en société à Meereen, peu de gens en suivaient les préceptes. L’honneur, c’était surtout un concept qu’Azhana s’était forgé elle-même quand elle avait décidé de ne pas se conformer au chemin que lui avaient tracé ses parents. Elle restait encore fière de ce principe, quand bien même il lui avait valu tant de peine et peut-être allait-il la conduire à la mort bientôt.
Elle observa, derrière ses mèches, le bout de l’épée que Salfalaise lui proposait, et la main de l’homme que celui-ci lui présentait pour l’aider à se relever. Azhana n’avait pratiquement jamais combattu à l’épée. L’objet était trop lourd, et Zhalia lui avait toujours déconseillé de se munir d’armes dont elle eût des difficultés à manier. En fait, toute la sagesse de sa maîtresse d’arme avait été d’exploiter ce qu’Azhana était réellement capable de faire, en utilisant souplesse, agilité et intelligence. Néanmoins, Azhana se sentait comme attirée par le métal de l’arme qu’elle observait ; elle y voyait notamment un moyen de tuer le capitaine, de couper sa main détestable qu’il lui tendait, et qu’elle n’allait certainement pas saisir.
Azhana n’avait pratiquement pas bougé depuis ces derniers jours et, pourtant, elle se redressa d’un geste vif sans même qu’aucune de ses articulations ne craquât.
Enfin, la femme ne sut rester indifférente en faisant face à celui qui l’avait agressée. Sa gorge se crispa soudainement et ses yeux rougirent, lorsque, à son esprit, une question qu’elle ne s’était pas encore posée lui parvint : et s’il allait recommencer, son acte odieux ? Aujourd’hui, elle ne voyait cependant plus rien de monstrueux chez le marin – son air était différent, les traits de son visage aussi, bien que son allure de barbare continuât de lui donner, selon Azhana, un air affreux et repoussant.
Quant à Azhana, elle avait repris du poids et ses plaies avaient quasiment disparu ; subsistaient encore des traces près de ses poignets et chevilles, dans des couleurs peu alléchantes qui variaient, selon les endroits, entre le jaune, le vert, ou le bleu.
S’agissait-il d’une seconde chance qu’Azhana devait saisir, pour mettre fin à la vie du vil homme ?
La jeune femme balaya la salle du regard, à la recherche de tout objet qui eût pu lui être utile par la suite pour attaquer le capitaine – un chandelier, quelques meubles, mais rien d’autre qui fût contondant.
Elle finit par s’emparer de l’épée que lui tendait le capitaine de son air amusé. Rien qu’à la manière de la porter, on dut voir qu’elle avait l’habitude de manier les armes.
On l’avait vêtue d’une paire de braies et de chemises – car l’on ne pouvait rien trouver de féminin à bord d’un navire –, trop grandes par rapport à sa taille. Toutefois, ce vêtement avait le mérite de ne la gêner dans aucun de ses mouvements.

La tradition martiale qu’Azhana suivait faisait partie d’une tradition archaïque et oubliée, que Zhalia estimait pourtant comme étant la meilleure. Elle était empreinte d’une ancienne philosophie qui ignorait les dieux, et s’inspirait des instincts animaliers. À ce titre, il appartenait à chaque apprenti de choisir sa voie animale. Azhana, elle était le caracal.
« Tu analyses avant d’agir, tu fais le tour de ton adversaire jusqu’au moment propice, ne lâchant pas des yeux son regard, en le tenant à distance. Tu sais que tu ne supporteras pas le moindre croc de tout prédateur plus gros que toi, alors tu cherches d’autres moyens pour le mettre à mal », lui avait répété Zhalia lors de chaque entraînement, elle qui était la lionne.
Azhana avait toujours voulu être une lionne également, ou bien tout autre félin plus grand et connu pour sa force, mais Zhalia lui avait interdit ce choix, jugeant qu’elle n’en avait pas la nature.  
« On ne choisit pas notre engeance », disait-elle à ce propos.
Et l’homme, face à elle, qui devait-il être ? Quel genre d’animal inconnu, provenant du continent de Westeros, devait-il être ? À l’odeur marine pleine d’effluves de poisson peu frais et de moisissure du navire, Azhana voyait en lui un grand et laid poisson ou autre mammifère marin de ce genre, aux grandes dents tranchantes, qui suivait les autres espèces de la mer qui étaient plus faibles, en les terrifiant, avant de finir par les tuer, un à un, sans vergogne.
Son épée devant elle, son autre main tendue derrière son dos pour assurer le parfait équilibre, ses yeux ne quittant pas le regard de Salfalaise, Azhana tournait autour de celui-ci avec ses jambes fléchies en apposant, lentement mais de façon décisive, sur le sol des pas bien réguliers. Instinctivement, elle était déjà à la recherche de toute faille que son ennemi eût pu négliger et dont elle allât profiter, puis elle dit, d’un ton grave :
« Je ne connais qu’un seul opportuniste qui a levé son arme sur moi, quand je n'avais plus de force. »
On devait y voir sa détermination quant à l’idée de vengeance. En fait, Azhana ne s’était même pas rendu compte, mais elle venait de devenir cet animal, ce caracal, qui ne faisait appel qu’à ses instincts primitifs mais qui répondaient parfaitement à une situation de danger. Azhana se trouvant désormais de nouveau pleinement sur ses pieds, Salfalaise savait-il à qui il venait d’avoir donné une arme ?

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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyDim 29 Sep - 14:36

Ne jamais hésiterJe laissais échapper un sourire de satisfaction à son encontre. La voir saisir cette épée me procurait un réel engouement à son sujet. Elle s'était suffisamment laissée humiliée pour que son orgueil, sa rage et sa colère muette reprenne finalement ce qui était acquis de droit dans la nature humaine. Je pouvais voir la haine exacerbé dans ses mirettes, je pouvais observer cette téméraire pulsion  pour le combat avec quelques similitudes et une singulière façon de se positionner. J'avais vu juste en quelque sorte, il y avait bien quelque chose chez elle dont elle ne voulait pas me parler et livrer les secrets. Je reculais au sein de la pièce bousculant une chaise sur le côté extirpant mon épée de son fourreau.« Je n'en attendais pas moins de toi. » Lançais-je sans rompre le contact avec elle.

Le lieu était étroit, suffisamment pour se mouvoir et faire quelques parades tout au plus. Elle prenait suffisamment appui sur ses cuisses et l'amplitude de ses frusques avait au moins la qualité appréciable d'agir à sa guise. Fallait-il savoir encore manier le fer. Je donnais un coup vif dans l'épée, juste de quoi titiller son poignet et jauger la façon dont elle pouvait s'en tirer. L'amener à l'offensive serait la finalité. « Relève moi cette épée ! » La sermonnais-je dans un rictus provoquant et froid. Si la lame était trop lourde pour elle, je l'obligerais à redresser son poignet ou le briserais d'un coup sec. « C'est mieux, mais est ce que se sera suffisant ? » Reprenais-je levant mes yeux au ciel laissant une marge d'ouverture pour qu'elle puisse à son tour riposter. Elle était rapide et plutôt agile dans ses mouvements. La fluidité de son corps semblait être instinctive, innée chez elle. Je reculais toujours un peu plus en arrière tournoyant dans le sens circulaire de cette petite danse improvisée qui durait depuis plusieurs minutes. La température ambiante et l'air frais qui s’infiltrait au travers de mes vêtements me faisait le plus grand bien. Je relevais mon corps spontanément laissant ma garde ouverte. Je tenais à garder une certaine distance et ma lame feintait quelques coups pour l'obliger à tenir en respect cette arme que je lui avait ouvertement offerte. Le coin de la table fut suffisamment à ma porter et le pichet d'eau suffisamment près pour que je puisse lui jeter l'eau en pleine figure. « C'est une chose de savoir manier une épée. Et une autre de tuer. » Mon œil droit se plissa sur elle dans un rictus hautain empreint d'une forme de moquerie dont je n'arrivais pas à me défaire. « Montre moi de quoi tu es capable ! » Lançais-je en continuant d'harceler son épée dans des mouvements plus amples et plus lourds à chaque coups donner.

Il y avait de l'exigence, de la rigueur dans la douleur que cette préparation présageait pour celle-ci. Elle mangerait du sel et porterait les stigmates et les coups du fer. Le contraire n'était envisageable que par l’allusion que j'avais à moitié écouté sur l'honneur et toutes ces absurdités dont elle tenait une certaine sensibilité. Elle n'était pas bien grosse, et c'était un avantage car outre donner des coups d'épée et marteler celle-ci contre des boucliers, il fallait savoir surtout bouger. Apprendre à esquiver, à parer et contrer pour embrocher l'adversaire et le faire tomber. Sa silhouette était déjà profilée, d'un naturel pour l'agilité. « Je suis sûr que tu sais te battre. Moi je veux t'apprendre à te battre et à ne pas mourir. » Concluais-je dans un dernier coup beaucoup plus hargneux et mordant que ceux qui précédèrent.


 


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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyLun 30 Sep - 22:51

Pendant plusieurs minutes, Azhana ne resta que calme et sérieuse. Elle tenait son épée sans doute trop faiblement – comme l’avait souligné d’ailleurs son odieux rival. Mais l’objet était trop lourd pour elle. Elle ne quittait pas des yeux le marin, et ne pensait à rien d’autre qu’au combat.
Quant à lui, le capitaine tenait son arme d’une poigne ferme, et la balançait avec aisance comme s’il s’agissait d’un simple bâton de bambou. Même lorsqu’il tapait « gentiment », par provocation, dans l’épée d’Azhana, la femme en sentait les vibrations dans le manche, qui secouaient les os de sa main qui ne s’étaient pas encore remis totalement de leur inactivité.
Entre temps, Azhana recevait d’autres provocations de la part de son adversaire. Elle essayait de passer outre les conseils paternalistes de l’homme, qui étaient une insulte aux compétences qui étaient les siennes.
Seul Salfalaise portait les coups – qui se faisaient de plus en plus forts. Azhana ne trouvait aucune occasion de riposter, alors même qu’elle savait qu’attendre trop longtemps augmentait seulement les probabilités de recevoir un coup fort ou inattendu qui pût lui être fatal. Elle s’impatienta de ne remarquer aucune brèche chez l’homme, qui eût pu être causée par inadvertance, qu’Azhana pût exploiter ; Salfalaise parlait beaucoup, il dodelinait avec légèreté pour se moquer de la prisonnière, et pourtant Azhana s’énerva de ne pas savoir comment intervenir.
Enfin, au bout d’un moment, après que Salfalaise lui dit qu’il voulait l’apprendre à se battre, insinuant donc qu’il était meilleur qu’elle, ce qui était de nature à la mettre en rogne (car ce n’était certainement pas de lui qu’elle souhaitait recevoir le moindre conseil), il s’apprêta à asséner un coup plus grand que ceux auparavant. Rien qu’à voir l’élan qu’il mit dans son geste, Azhana jugea ne pas pouvoir supporter le poids de l’arme, si tant était qu’elle parvînt à bloquer l’attaque.

***

Elles se trouvaient toutes les deux sur la plage, dans un endroit exilé, loin de toute présence humaine. La petite Azhana se tenait debout sur une seule jambe, sur une pierre irrégulière qui lui faisait mal à la plante ; son autre jambe était relevée derrière elle. Elle tendait ses bras en forme de « T ». Ses dents étaient crispées et ses joues rouges humidifiées par les larmes qui s’écoulaient l’une après l’autre. Zhalia se tenait à côté et faisait face à la mer ; elle devait être en train de méditer d’une manière incompréhensible pour l’intelligence d’une jeune fille fougueuse. Quand la maîtresse d’arme eût entendu derrière elle le premier gémissement et les pleurs qui s’intensifiaient, elle lança sévèrement, sans prendre la peine de se retourner :
« Concentre-toi ! »
L’exercice que la maîtresse avait imposé à son élève faisait suite au débordement d’énergie, d’ardeur et d’exaltation à l’idée de se battre, dont la jeune fille avait fait part sur le chemin de l’aller. Or, la maîtresse d’arme avait jugé que ces sentiments n’étaient que source de dissipation, et avait décidé d’y mettre fin en lui imposant un exercice pénible, long et douloureux, dont elle savait que la jeune élève n’allait pas aimer.
« Ferme les yeux, respire profondément et ne pense plus. Si tu ne cesses pas tes pleurs, tu continueras l’exercice, et si tu tombes avant que je t’aie dit d’arrêter, tu recommenceras », lui dit encore sévèrement Zhalia.
Après un gémissement de plainte, Azhana se résigna à se plier aux ordres.
Pendant ce temps, voilà que trois hommes sortirent des bois. Il s’agissait de soldats de Meereen. Le calme bercé par le seul son des vagues alentour fut brisé par la survenance de rires grossiers des trois individus, qui s’arrêtèrent quand ils virent les deux femmes qui se tenaient sur la plage.
« On s’en va, ma fille », fit Zhalia, sentant les problèmes arriver.
Néanmoins, ce fut trop tard, et avant qu’Azhana n’ouvrît les yeux, les hommes interpellèrent déjà la maîtresse d’armes. Ils s’approchèrent, et commencèrent à agir comme faisaient des soldats abusant de leurs fonctions, en proférant des jurons, puis des menaces, tout cela au prétexte que Zhalia était habillée comme un homme, et qu’ils l’accusaient d’avoir volé la jeune Azhana, qui avait une apparence bourgeoise, pour la faire sacrifier au profit de faux dieux, car, à leurs yeux, ce n’était que ce que pouvait évoquer la position d’Azhana debout sur sa pierre. Les hommes finirent par sortir leurs armes et Zhalia se saisit de son simple bâton. Il s’ensuivit un certain instant de combat, au cours duquel Zhalia sut garder à distance les trois hommes, mais ce qui retint surtout l’attention d’Azhana, en tant qu’observatrice, fut le moment où, lorsque sa maîtresse se trouva encerclée par les trois hommes, lorsque ceux-là s’apprêtèrent à la frapper d’un coup fort de leurs sabres, Zhalia esquiva d’un geste vif l’attaque du premier soldat, et vint planter son bâton dans le pied d’une façon si précise et forte qu’il en tomba à terre. Profitant du même élan, elle se recula et frappa le second soldat derrière la tête et lui fit perdre connaissance aussitôt. Le troisième, quant à lui, fut vaincu sans aucune peine.
Quand Zhalia se redressa, qu’elle enjoignit à son élève de s’en aller, Azhana, encore sous le coup de l’impression, s’était exclamée :
« Maîtresse, apprenez-moi ça ! »

***

La posture qu’avait adoptée Salfalaise rappela ô combien celle qu’avaient eu un des soldats qui s’étaient battus contre sa maîtresse un jour, et Azhana estima qu’il fut temps de reproduire ce que Zhalia lui avait appris.

*N’oublie pas ce qui se passe en bas, ma fille. Tout le monde l’oublie. Or, sans pieds, on ne marche pas.*

Au moment où Salfalaise abattit son épée, Azhana se décala, elle pivota et fit le tour de son ennemi et, au moment où elle passait près de son côté, elle vint planter son épée dans le pied de l’homme. Cette fois-ci elle sentit sans douter la lame transpercer la chair et se frayer un chemin entre les os. Mais avant même qu’elle ne put se rendre compte du résultat, elle finit son tour pour refaire face à Salfalaise, puis elle tapa de sa lame contre celle de l’homme, et le choc fut suffisant pour que, cumulé à la blessure qu’Azhana lui avait apportée, l’homme lâchât son arme. Constatant que l’homme n’avait pas dû se rendre compte encore totalement de ce qui venait de lui arriver, Azhana se jeta sur lui violemment, le faisant tomber à terre et, dans l’élan, elle tomba aussi, sur lui.
L’animal avait eu raison de l’autre, qu’il tenait à présent entre ses dents, qu’il ne restait plus qu’à abattre d’un coup sec pour achever le combat.

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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyVen 4 Oct - 16:05

Ne jamais hésiterIl y a un certain confort dans le vide de l'océan, pas de passé, pas d'avenir. Et tout à coup je me heurte à la dure réalité des circonstances présentes. Elle n'était pas simplement agile, cette femme faisait aussi preuve d'une dextérité particulière. Un excès de confiance, mon cœur aussi noir, baignant dans la noirceur que je pensais par moment quitter me replongea brutalement dedans.
Mon souffle saccadé, comme l'animal blessé qui saigne d'une plaie dissimulée. Mon visage aborde une grimace hargneuse, mauvaise joueuse d'une partie qui ne se finirait pas comme l'un ou l'autre désirait l'entendre. La douleur ne se fit pas attendre, la lame avait touché mon pied, sa pointe plantée la chair et le liquide pourpre entaché la botte y laissant une scissure net dont on ne saurait juger réellement l'importance. Ma mâchoire se rétracte et mes dents grincent sous l'impulsion du sang contre ma tempe. Mon cœur lui continu de battre, je suis encore vivant et c'est en apercevant son visage que j'accepte quelque part au fond d'y trouver une dernière raison de me lever en vain.

Mon corps lourd, fatigué, sans réserve happe autour de lui l'air vicié. Je perçois dans ses yeux la haine démesurée, la même que celle qui fut mienne depuis que j'étais devenu un fer-né. Au delà d'une colère grondante que je faisais mourir en mordant la paroi chaude de ma joue. J'étais persuadé d'une chose, je ne savais pas encore à qui j'avais à faire à présent. Je restais allongé, son corps par dessus le mien comme une recherche perpétuelle de cette âme errante à reprendre la place qui lui était octroyé par le sang ou le cheminement qui la rendait si résolue et calme à cet instant. L'aigreur finit par se dissiper, mes lèvres aspirant l'air et laissant expirer quelques ricanements entrecoupés d'une quinte de toux virulente. « Alors...Que compte tu faire à présent ? Hmr ? Tu vas me tuer ? » Déclarais-je extirpant chaque syllabe, chaque mot entre mes dents. Cette idée n'était pas déplaisante à mon esprit étriqué. Quelque part au fond je ne ne pouvais pas non plus me résoudre à mourir. Pas après ce que j'avais accompli pour survivre, pas maintenant. Cette simple idée me laissait déglutir faiblement le long de ma gorge une salive saline. Et puis il y avait ce rire nerveux, que je cherchais inexorablement à contenir entre mes dents.

J'étais peut-être trop fier, j'étais peut-être tout simplement perdu dans une indescriptible chimère. Il y avait cette folie, aussi macabre et meurtrière qui s’imprégnait et coulait dans mes veines, insufflant à mon être l’implacable et indescriptible suffisance que je portais maladivement comme le poison d'un serpent dans l'esprit malade qui avait grandit et naquit sur les Îles de Fer. « Alors femme... Ne veux tu pas en finir ici et maintenant ? J'aurais du mourir il y a tellement longtemps et tellement de fois... S'il te plaît. Délivre moi de ma misérable existence... » Lui demandais-je dans un chuchotement glacial. « Fait le, fai...le fait le fait le... FAIT LE ! » Lui hurlais-je les yeux exacerbés par un mélange de colère et d'une ivresse odieuse et tristement cruelle.




 


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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyMar 8 Oct - 20:00

Elle était tombée, dans un élan de chute légèrement brusque, et elle termina sa course sur le buste large et ferme de son adversaire. Grincements de dents et crispations physiques s’ensuivirent, et ce ne furent cette fois pas ceux d’Azhana. La femme se ressaisit aussitôt. Elle porta son arme – qu’elle n’avait pas lâchée entre temps – et la porta au cou de l’homme.
Enfin, Azhana voyait remboursé le prix de l’injustice qu’elle avait subie. Salfalaise se trouvait là, il avait mal, et il était à la merci d’Azhana. La femme eût voulu jeter un œil vers le fruit de son exploit – voir le pied probablement ensanglanté de sa victime, mais elle ne pouvait pas se permettre de détourner ses yeux de ceux de son adversaire. Elle ne perdait pas d’esprit qu’elle avait face à elle une bête, un monstre qui était prêt à profiter de la moindre brèche.
De toute façon, Azhana s’exaltait déjà de voir l’air endolori et surpris de son ravisseur, elle s’exaltait déjà de le savoir vaincu, mort. Voilà que de la main de la jeune femme dépendait le cours de la lame qui était déjà au contact du cou de l’homme ; voilà que, bientôt, Azhana allait libérer le monde d’une abomination qu’elle allait littéralement déchirer. Il devait être venu le temps de savoir anéanti celui qui avait dû avoir causé du tort à tant de personnes, notamment à Azhana.
Azhana était prise d’une telle ardeur, et ses pensées étaient abondantes, qu’elle ne se rendait pas compte de la forte pression qu’elle était déjà en train d’exercer sur le cou de l’homme.
À présent, elle était déterminée plus que jamais, aucun de ses membres ne tremblaient, ses idées étaient claires. Il n’était question que de quelques secondes avant qu’elle ne passât à l’acte libérateur ; libérateur pour cet homme lui-même, qui, à entendre ses cris terrifiants qui appelaient à le tuer, ne faisait que représenter un mal s’était emparé de lui depuis bien trop longtemps. Il n’existait qu’un seul moyen pour rendre mettre fin à ce mal et rendre un service dont l’utilité allait être universelle. Il ne manquait pas même une seconde…
*Khei ne arat se rhaer art ? – Et après, que deviendras-tu ? Ar ein delar araein ? – De quelle mort te verras-tu mourir ?*
Voilà les questions qui s’interposèrent dans l’esprit d’Azhana avant qu’elle ne commît son geste.
Ses yeux s’agrandirent, sa bouche s’entrouvrit, la pression que son bras exerçait sur la lame se relâcha, et Azhana se redressa un peu.
« Me no amorat aznahir, keir araein. – Je ne demande seulement qu’à vivre, je ne veux pas mourir », dit-elle tout bas dans sa langue natale, en faisant fi de sa victime et de tout ce qui l’entourait actuellement.
Oui, Azhana désirait vivre, et non pas mourir. Elle souhaitait oublier les mauvais pas qu’elle avait fait, et reprendre comme cela avait dû commencer : mener une vie indépendante – sans famille, amis ni ennemis, sans excès d’émotions non plus et sans douleurs. Pourtant, des douleurs, elle venait d’en avoir connues, et elles n’avaient pas été des moindres. Azhana avait la possibilité d’essayer de les faire oublier, en mettant un terme à la vie de celui qui les avait causées, de celui qui était le seul à partager le souvenir de ces moments atroces. D’autre part, si elle tuait le capitaine du navire, elle ne pouvait s’attendre qu’à des problèmes plus graves que tous ceux qu’elle avait connus jusqu’à présent.
La vie exigeait parfois de faire des concessions, mais, par tous les cieux, que cette concession allait lui être couteuse !
Azhana regrettait déjà son acte de rédemption qu’elle n’avait pas encore commis. Elle en souffrait déjà terriblement. Une larme unique – signe de sa tristesse, de sa frustration, de sa colère – coula sur sa joue avant d’évaporer bien vite.
La femme se reprit. Elle tourna son attention à nouveau vers l’homme. Elle plaça la lame à l’endroit même du cou du marin, qu’elle avait déjà marquée d’une entaille.
« Vous allez jurer… commença-t-elle par dire d’un air déterminé et sévère. Vous allez jurer de ne plus jamais me faire de mal. »
Elle se pencha sur le capitaine, plantant ses genoux dans les côtes du malfaiteur, pour lui faire mal et l’empêcher de respirer convenablement.
« Vous allez jurer de me ramener au port le plus proche, et de ne jamais vous remontrer à mes yeux. »
Tous les traits de son visage dégageaient un air grave voire dramatique.
Azhana amena la pointe de son épée contre la glotte de l’homme, qui se mit à saigner.  
« Jurez », ordonna-t-elle.
Son allure stricte compensait en fait les sentiments qui se bousculaient dans son esprit. Azhana se sentait misérable, misérable de n’être en mesure que de proposer un accord d’une fragilité impensable. Elle était en train de conclure un pacte avec la pire crapule du monde, sans vertus aucunes, qui n’allait avoir pour seule promesse que de vaines paroles dont elle n’allait pas tenir rigueur dès le lendemain. Cet accord n’était pas un acte de naïveté d’Azhana, mais bien de nécessité.

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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyMer 9 Oct - 18:51

Ne jamais hésiterDans un mélange d'une langue étrangère à la mienne, sa langue se délia sous l'impulsion d'un regard empreint de tristesse et de haine. Sa main elle était résolue à accomplir une juste action pour faire cesser mes exactions. J'aurais pu embrasser ses lèvres et scrupuleusement laisser faire la lame éventrer ma gorge et m’étouffer dans un bain de sang en contemplant ses mirettes. Affligeante, elle songeait obtenir une quelconque forme de repentance ou peut-être réussir à me faire prendre un cap différent dans ses propres intérêts. Le fil de l'épée, telle un rasoir bien aiguisé pointait le bout de son nez. Faire saigner silencieusement une infime parcelle de chair pour essayer vainement de me contrôler. « Nous combattons, c'est comme ça que nous vivons et c'est ainsi que nous mourrons. » Déclarais-je l'iris de mes yeux s'éclairant d'une étrange lueur fanatique comme si le Dieu-Noyé lui même parlait au travers de mes lèvres.

Mes mains s'apposèrent sur ses hanches la forçant à cambrer son corps au plus près du mien, la lame tailladant un peu plus la plaie . « N'aie pas peur. » Sifflais-je entre mes crocs acérés. Quelques gouttes perlèrent le long de son poignet, s’imprégnant d'un liquide ocre rouge dans les cernes et le pigment de sa paume basanée. Je laissais ma nuque retomber et ma tête s’apposer contre le plancher.  « Je ne suis pas un homme honorable et je ne suis pas un leader ordinaire... » Répliquais-je en n'affligeant plus le beuglement d'une bête sauvage face à son faciès mais, celui d'un homme plus résolu, calme dans le choix de devoir lui donner ce qu'elle chérissait au plus profond de son être. Rien ne pourrait lui enlever ce que j'avais pu infligé à son corps, à son âme même peut-être ? C'était comme la marque de l'encre s’imprégnant dans votre chair, c'était une cicatrice de plus qui se contemplait sur son corps imperfectible, comme la lourdeur et l'attente du point de chute qui ne viendrait probablement jamais.  « Je jure de ne plus te faire de mal. » J'arquais un sourcil et mon œil droit se plisse sur sa silhouette en la toisant d'une étrange et coutumière manière. « Mais pour ce qui est de te livrer au port le plus proche je ne peux rien te promettre. » Je taisais les raisons de cette décision, elle ne savait pas ou mes hommes et ces navires se dirigeaient et peut-être valait-il mieux qu'elle n'en sache rien. Au moins aurait-elle une chance de se tirer d'affaire songeais-je.

 


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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyMar 15 Oct - 20:46

Dans un premier temps, lorsque le monstre abattu, lequel, lorsqu’il ne se tenait pas debout à faire le costaud et le fier, paraissait tout de suite plus familier et… quelque part humain, parla du destin de ces hommes qui devaient vivre et mourir pour le combat, Azhana ressentit du désespoir – celui de penser que Salfalaise n’allait faire aucune concession, et que c’était une fatalité. Elle ne pouvait que regretter encore une fois de se trouver dans une situation contre laquelle, malgré toute sa détermination – immense, fallût-il le reconnaître – elle ne pouvait pas lutter. Alors il ne restait plus qu’à tuer son agresseur et, par ce geste, à se condamner soi-même à une mort effroyable.
Néanmoins, le capitaine, qui, désormais, n’exprimait plus la gêne ni la douleur qu’il devait pourtant ressentir, conversant avec Azhana comme si son état était normal, changea d’allure.
En effet, tout-à-coup, Azhana se sentit saisir par les hanches – voilà que l’odieux homme tentait jusqu’au bout de franchir les limites que la femme souhaitait préserver, en particulier à son égard. Il voulut attirer la jeune femme vers lui, mais elle s’y opposa. Dans ce geste, il ne faisait qu’avancer plus avant la pointe de la lame dans sa gorge, ce qui provoqua une certaine mêlée à du dégoût chez Azhana. Salfalaise lui dit qu’il ne fallait pas avoir peur. Azhana n’aima pas sentir les mains de Salfalaise – qu’elle jugeait ignobles, comme tout le reste de son corps d’ailleurs – mais elle savait que, à tout moment, elle pouvait intervenir et que son ennemi n’était pas en mesure de la contrer. Alors, en guise de concession, Azhana se laissa faire au final, car, pensait-elle que cela pût convaincre le capitaine d’obtempérer en faveur de sa demande. Il n’en resta pas moins qu’Azhana fut surprise d’être tirée si proche de lui. Elle se trouvait au point d’être allongée sur lui. Elle exécra ce moment, celui de se trouver si près du visage de celui qui avait commis l’irréparable sur elle.
Toutefois, il y eut cela de bon qu’Azhana obtint des lèvres du capitaine la promesse de ne plus lui faire du mal. Il était difficile d’expliquer pourquoi, mais la circonstance dans laquelle ils se trouvaient tous les deux, y compris leur position, certes peu prude, mais de laquelle Azhana tirait un grand avantage, car elle était la maîtresse de la situation quoi qu’il se passât, fit croire à Azhana que Safalaise était sincère dans sa promesse.
Elle ne s’était pas rendue compte, mais le fait d’obtenir enfin gain de cause depuis tout ce temps, l’avait soulagée, soulagée à ce point qu’elle n’avait pas remarqué qu’elle ne faisait plus opposition à Salfalaise qui l’attirait vers lui toujours un peu plus, ni même qu’elle s’était penchée elle-même penchée vers l’homme un peu plus. En outre, elle venait d’avoir retiré son épée du cou de sa victime.
Les paroles – positives – de Salfalaise avaient eu l’effet du miel, dans ces derniers temps où Azhana n’avait rien obtenu de positif. Le temps d’un instant, elle en était même venue à vouloir effacer ce qui s’était passé avec le vil personnage, pourvu qu’il la laissât s’en aller, ainsi qu’elle l’avait demandé.
Néanmoins, Azhana s’était réjouie trop vite, car elle regretta d’entendre par la suite, dans un même élan de sincérité, le capitaine annoncer qu’il ne pouvait lui promettre de la déposer au port.

Un amas de pensées traversa Azhana, que l’on put voir dans ses yeux – vides, le temps d’un instant. La femme resta là pendant un moment, puis elle finit par lâcher son épée au sol. Elle était lasse. Azhana en eut assez de se battre, assez de persévérer. Elle venait de comprendre qu’elle faisait bel et bien face à une fatalité, fatalité incarnée par Salfalaise. Quoi qu’elle faisait, Salfalaise se jouait d’elle, qu’il fût ou non en vie.

Que cela fait mal de se faire arracher l’espoir et les rêves que l’on a toujours eus. Que cela fait mal…

Azhana fit un geste curieux, une chose que, avec du recul, elle-même ne pouvait expliquer. Elle posa sa tête contre le torse de son ennemi. L’avait-elle fait pour chercher du réconfort, du repos ? Sans doute. Mais cherchait-elle du réconfort auprès de Salfalaise lui-même, son agresseur ou sa proie vaincue, ou bien seulement auprès de la seule personne qui voulait lui parler ? On n’allait jamais le savoir. En tout cas, elle profitait de la chaleur corporelle qui se dégageait de l’homme ; elle ne l’avait jamais fait auparavant.
« Ce n’est pas juste, commença-t-elle par dire d’une voix à peine audible qui révélait toute sa lassitude, alors que son regard était plongé dans le vague. Vous n’avez pas le droit de me traiter ainsi, pas tout le temps. »
Elle leva sa tête vers Salfalaise. Il ignorait la douleur alors même que du sang coulait encore le long de son cou, et Azhana remarqua à cette occasion qu’elle en avait sur toute sa main, sans qu’elle s’en fût rendu compte. Elle observa le capitaine un long instant, avant de demander :
« Pourquoi me retenez-vous ? Combien de temps allez-vous jouer avec moi ? N’avez-vous pas eu de moi ce que vous vouliez ? »
Elle reposa son oreille contre le torse de l’homme comme un enfant vient se reposer dans les bras de sa mère.
« J’ai refusé de vous tuer. J’ai promis de ne pas chercher à me venger sur vous. Je veux juste que vous me rendiez ma liberté. Est-ce trop demander ? »
Elle redressa son buste et répéta :
« Je veux seulement ma liberté. »

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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyMar 15 Oct - 23:51

Ne jamais hésiterSes yeux cernés brillèrent un instant bercée d'une salvatrice pensée. Celle de savoir que son calvaire peut-être toucherait à sa fin. Qu'en serait-il quand elle comprendrait que dans ce monde ni le bien ni le mal n'arrivaient à lui rendre ce que par mes actes, moi, Salfalaise lui avait arraché ni plus ni moins. Cette promesse, je pouvais l'entrevoir, elle pouvait y croire mais, ce ne fut que de courte durée. Le monde s'effondrait autour d'elle, pour la deuxième fois. J'étais la cause de tout ces maux, de tout ce qu'elle avait pu subir depuis que je l'extirpais avec force de cette cale. Cette femme qui n'était pas née esclave, se sentait-elle encore au fond d'elle même quelqu'un ? À travers l'immensité d'une mer ou il n'y a ni commencement, ni fin seulement l'océan à perte de vue du soleil levant jusqu'au couchant.

Finalement ne devait-elle pas simplement se laisser faire ? À quoi bon s'accrocher et s'apitoyer sur un sort dont elle ne pouvait finalement pas s'extirper. Son geste s'estompa et le tintement de la lame s'effaçant contre terre avec. Je ne pouvais croire qu'une si fluette étrangère, si fragile et téméraire avait pu perdre cet élan sauvage qui l'habitait. Au fond j'avais eut raison de cette flamme qui subsistait entre ses lèvres, dans la pigmentation de ces opalines claires. Je la surprenais à s'abaisser contre mon torse, ma respiration abrupte des dernières séquelles qu'elle m'avait offerte. Je lui avais fais subir l'Enfer. Elle avait finit par comprendre qu'importe le choix, le chemin, la voie qu'elle prendrait elle finirait toujours par perdre. Je ne m'attendais pas à la voir sombrer, pas après ce qu'elle m'avait démontrer au fil des semaines. « Je te croyais plus vaillante... » Murmurais-je, observant un moment avant de me laisser à un geste s’apparentant presque à de la tendresse. La paume de ma main s'étira jusqu'à l'arrière de sa tête. Mes doigts s’entremêlant dans cette chevelure ébène. Je laissais ma main caresser dans un geste répété troublant et tremblant en écoutant son cœur battre contre mon poitrail.

« La vie est injuste. » Répliquais-je sincère. Pourquoi le monde s'efforçait à nous faire traverser d'indénombrables tempêtes ? Pourquoi devions-nous souffrir, ressentir un peu plus la douleur chaque fois que nous pensions pouvoir enfin être en paix ? « Ce monde est cruel, tu dois l'avoir compris autant que moi à présent. » Poursuivais-je en obliquant mes yeux sur sa personne. L'apaisement aussi court soit-il me faisait entrevoir quelque chose, dans cette femme, cette étrangère, cette âme errante, bercée d'une enfance perdue le jour ou ses tortionnaires l'avaient capturés. « Je ne sais pas. » Lui répondais-je dans un rire empreint d'une naïve tristesse n'ayant réellement pas de réponse logique et censée à lui donner à cet instant. « Tu peux l'être ici... Tu pourras l'être un jour au delà de ce navire. » Poursuivais-je l'intimant dans la soutenance de mon regard perçants. « Mais je dois d'abord accomplir ce qu'aucun jusqu'ici n'a réussit. » Je pouvais entrevoir l'immense défi qui m'était donné d'aboutir qu'importe le prix. « Je dois mettre fin à la tyrannie du Tigre. Ainsi je pourrais me venger de mon véritable ennemi. » La rage s'inspirait de mes plus sombres aspects. « Si toutefois je survie... » Je ne pouvais me mentir à moi même. Mes aspirations et mes prérogatives ne convergeaient jamais.

 


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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyMer 16 Oct - 21:23

Quelle ironie du sort. Azhana avait quitté le joug du Tigre pour y retourner. Il était probable que le navire fût alors en train de l’amener à nouveau vers Essos. L’idée put paraître horrible, mais Azhana n’en était plus à sa première déception ces derniers temps, et, quelque part, elle s’était faite à l’idée qu’il ne devait pas y avoir beaucoup de choses qui devaient lui arriver de bon.
Sans marquer d’opposition, restant silencieuse, elle se laissait parcourir les cheveux par la main qu’elle avait exécrée il y avait peu de temps auparavant encore ; cela aussi, elle ne l’avait pas connu auparavant. Elle était en train de s’adonner à des gestes de tendresse avec l’injustice incarnée en la personne de Salfalaise.
Non, elle n’avait plus envie de faire la vaillante, pas avec Salfalaise. Elle avait compris que cela était vain. Néanmoins, après avoir laissé un instant de silence après que l’homme eut fini de parler, Azhana finit par rétorquer :
« Je ne peux pas être libre sur un bateau, sur lequel vous me forcez de vivre. Néanmoins, je vous propose un autre accord, puisque vous semblez respecter davantage le Tigre, contre lequel vous ne vous êtes pas encore battus, plutôt qu’une femme qui vous a vaincu et qui détient le pouvoir de vous ôter la vie : au prochain port, je descendrai, coûte que coûte. »
Toutefois, Azhana ne se méprenait pas sur le fait que tout cela n’était qu’une hypothèse, sans doute improbable, et qu’il était plus probable qu’elle allât mourir prochainement lors du combat contre les armées du Tigre, qu’elle avait d’ailleurs déjà vues s’entraîner lors de son séjour à Braavos.
Azhana était restée là un long moment, à penser par désespoir, même si, à présent, elle était sereine ; s’étant confortée à l’idée qu’elle avait atteint ce qu’elle pouvait atteindre, à savoir vaincre le capitaine, et qu’elle ne pouvait obtenir davantage. Elle appréciait sans gêne la tendresse qui s’était installée entre elle et son ennemi. D’ordinaire, elle n’aurait jamais agi de la sorte, mais elle venait de constater que, dans un monde injuste, ce ne devait pas être à elle de respecter des principes si elle n’en tirait aucun avantage. Pour autant, de toute évidence, Azhana détestait toujours Salfalaise lui-même, et elle était persuadée que cela allait toujours rester inchangé. Au final, cette tendresse à laquelle s’était permis la jeune femme, était peut-être pour profiter de la faiblesse de victime tout comme celle dernière avait profité de la sienne avant.
La jeune femme sentit alors la curiosité de baisser sa tête vers le pied blessé de Salfalaise. Elle s’étonna de voir la quantité de sang qui s’écoulait sur sa chaussure, percée. Le marin était soit brave soit fou pour ne pas révéler sa douleur, car il n’était pas possible qu’il ne ressentît rien. À vrai dire, Azhana se demandait même s’il était possible qu’il remarchât un jour ou qu’il évitât la gangrène.
La jeune femme se tourna brusquement vers Salfalaise. Elle remarqua, ce qu’elle n’avait pas vu avant, des cernes sous les yeux de l’homme. Peut-être lui-même ne s’en rendait-il pas compte, mais son état s’aggravait.
« Vous avez besoin d’un médecin, car vous perdez beaucoup de sang. »

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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyMer 16 Oct - 22:56

Ne jamais hésiterNager dans les eaux troubles et y attendre la fin. C'était sans doute ce qui attendait le fer-né, espérait-il peut-être mourir durant l'affrontement. Ainsi tout ces maux ne seraient plus que de vulgaires musettes à son oreille. Ses reproches m'indifféraient sans doute quand à l'allusion du Tigre et de cette sois disant estime que je lui vouais. Un rictus lisible sur mon faciès enrageait déjà de lui répondre d'une violente et réprimande manière. Mais, dans cet état, je me mords la langue faisant taire la souffrance que cette blessure me procure. Je pestais dans un stigmate affligeant déglutissant et lorgnant sur mon pied du coin de l’œil. Elle avait raison, la plaie laissait perler le sang sur le plancher à travers l'entaille je devais envisager de me faire soigner. Un râle gutturale s'extirpa d'entre mes lèvres. Sa parole réveillant la douleur plus forte jusqu'à l'omniprésence de cette lame qui avait déchiré la chair aisément dans ce gros et imposant gibier. «  Je sais Hmr... » Déclarais-je mes yeux trempés d'une forme de moiteur souffreteuse. Mes yeux si clairs semblaient tournés livides, alors je me redressais péniblement, mes coudes s'appuyant contre le plancher de la cabine. Je la faisais basculer sur le côté préférant m'en remettre déjà à ma propre expertise.

Une façon rassurante de me permettre de mieux appréhender ce que je devais encore accomplir et subir pour poursuivre la suite des péripéties. Je décochais une dague camouflée dans la bottine voisine. Je décochais les lanières libérant ma cheville pour extirper mon pied. À cette dernière action je me révélais impuissant. Non pas que j'avais peur d'envisager voir là une vilaine blessure de plus. Non c'était d'avantage la lucidité de ne pouvoir m'en charger moi même qui me rendait à un état de frustration bien visible. Assis observant mon pied encore ancré dans cette botte je me mettais à exprimer un rire nerveux s'échappant entièrement à mon contrôle. Je riais et pourtant la douleur était si terrible. Je tapotais de mes phalanges squelettiques et de cette main calleuse et crevassées par le sel et les cordages le côté de mon crâne. La lame apposée contre mon front j'essuyais du revers de ma paume la sueur tangible perlant le long de mon nez. Je n'avais pas de temps à perdre, même si la douleur me faisait subitement vriller l'esprit. Je décidais de me charger un petit quelque chose, de quoi inhibé la douleur constante. L'ascension et la chute, une ironique surprise après cet échange impromptu. Je m'efforçais à rejoindre la table et la bouteille que je saisissais avec peu d'aisance. Je finissais par m'en saisir et décochait le bouchon d'un coup de dent avant de le cracher vulgairement dans un coin et m'en foutre plein à la lampe. Je déglutissais à m'en faire presque suffoquer et vomir le contenu que je venais en quelques secondes de vider. J'en aurais presque oublié la présence de celle qui m'avait infligée cette blessure si seulement elle n'était pas restée plantée là à m'épier. Je me refusais toute aide et je prenais une grand inspiration, de quoi retrouver l'aplomb et le sang froid nécessaire dans ce genre d'action.

On tambourina soudain à la porte, faisant sortir de cette torpeur morbide le fer-né qui pesta en direction de celle-ci. « Capitaine, je dois vous parlez c'est urgent. » La voix fluette d'un jeune homme aux allures juvéniles délia la langue sous l'insistance des coups dans la porte. « Entre ! » Déclarais-je dans un souffle d'exaspération. Owen Mouton pénétra dans la pièce se stoppant net devant le fer-né quand il s’aperçut de la quantité de sang sur le sol il eut un tressaillement. « Capitaine... » Murmura t-il dans un silence de plomb. Je me relevais du mieux qu'il m'était donné de le faire cherchant à tenir sur mes deux pieds mais je manquais de chuter m'agrippant à la paroi d'une poutre assez robuste. « Vo...Vous devez vous faire soigner... » Balbutia t-il alors que le faciès fermé je le repoussais d'une main leste en arrière. « Je sais... Je peux m'en chargé... Seul. » Lui lançais-je les yeux transpirant d'une douloureuse fièvre. L'écuyer qui avait déjà vécu depuis plusieurs mois sous la bannière et le commandant Salfalaise finit par s'affermir et l'invectiva plus déterminé et résolu. « Ne dites pas n'importe quoi ! Il faut vous soigner. Maintenant ! » Téméraire le jeune homme épaule son supérieur et le sortie de la sa cabine. Il jette du coin du coin de l’œil un regard évasif dans la direction de l'esclave étrangère et puis disparaît avec Salfalaise.

Un long moment se passe, entre les deux individus la parole s'échange et s’échine à obtenir des réponses quand l'autre feinte la vérité sur ce qu'il c'est produit. Le fer-né hors de danger entre les mains d'un contremaître servant aussi de médecin au sein du navire permit d'isoler et nettoyer la plaie avec une certaine expertise. Finalement le Capitaine s'en sortie avec plusieurs bandages souillées, un poing de compression et plusieurs points de sutures accompagné de lait de pavot pour atténuer la douleur. Il fut reconduit sous bonne escorte jusqu'à sa cabine, un bâton en guise d'appui et insista pour que personne ne reste avec lui. Dans ce bref échange, il obtenu de son écuyer des informations pour le moins inquiétantes sur la position du Tigre mais, aussi d'une armée conséquente du Bief se dirigeant dans la même direction terrestre. La corpulence du fer-né que j'étais finis par trouvé le répit dans l'amas de coussins apposées de part et d'autres du sol jonchés de cet épais lit de fortune. Je secouais la tête dans l'abnégation de ce qui venait de se produire, comme pour fuir une réalité qui ne me plaisait pas et qui au contraire me rappelait que la route encore serait longue jusqu'à Salfalaise. Je divaguais, drogué et souffrant de cette blessure que je m'étais stupidement laissé assené. L'étrangère était toujours là, tenant fermement cette lame dont elle chérissait la poigne comme pour se garantir d'un quelconque mal. Je l'observais, les yeux vitreux, un sourire au coin des lèvres s'extirpant malgré moi en l’apercevant. « Je dois avouer que tu es douée avec une épée. » Lui déclarais-je risible. « Narya... C'est ton vrai prénom ? » Questionnais-je en laissant l'arrière de ma tête retomber sur l'amas d'édredons en continuant de l'observer.

 


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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptySam 19 Oct - 19:47

Azhana se releva. Elle observa un instant son adversaire marcher péniblement vers son bureau, se saisir d’une bouteille d'un breuvage qui devait contenir de l'alcool, et en boire à pleines gorgées. Salfalaise allait s'opérer lui-même, et Azhana n'avait aucune d'envie particulière d'assister à cela. Ce n'était pas qu'elle avait peur d'entendre et de voir la douleur sortir dans l'expression du blessé, mais qu'elle ne se sentait pas concernée par cela. Certes, elle était responsable de la blessure, et elle en était consciente, mais elle estimait que Salfalaise lui avait fait trop de tort pour qu'elle dût culpabiliser. En outre, elle ne possédait aucune compétence de soins.
Alors Azhana s'en alla dans le coin de la pièce qui lui avait été réservé, puis elle s'accroupit au pied du mur. Elle observa, avec une certaine admiration, le sang qui avait séché sur la lame de son arme (qu'elle avait pris le soin de récupérer), qui avait transpercé le pied du marin.

Entre temps, un homme de l’équipage était venu dans la cabine et constaté l’état du capitaine. Il ne tarda pas à aller s’occuper de Salfalaise, lançant un certain regard douteux en direction de la femme qui, elle, était restée discrète.  
Le capitaine revint plus tard, plus ou moins remis sur pieds. Azhana était restée assise contre le mur. Elle leva tout de même brièvement les yeux vers l’homme. Quand celui-ci se tenait debout, le dos droit, Azhana commençait à revoir en lui sa monstruosité. Peut-être même qu’un certain regret lui traversa l’esprit – celui de ne pas avoir mis fin à sa vie quand elle en avait eu l’occasion ; c’était à se demander si ce regret n’allait pas la ronger un jour, peut-être lorsque Salfalaise romprait sa promesse et s’attaquerait de nouveau à elle.
Salfalaise la complimenta pour ses prouesses de combat à l’épée, ce qui était un véritable compliment, notamment compte tenu du fait que le maniement de l’épée n’était absolument pas sa spécialité. Néanmoins, Azhana ne répondit pas, et, en fait, ne daigna pas même le regarder.
Elle se rendait compte qu’elle avait apprécié mettre à mal son ennemi, et même discuter avec lui en étant assurée d’avoir le dessus. Maintenant que la situation reprenait sa forme d’égal à égal, Azhana était déjà moins enjouée à l’idée de parler à Salfalaise.
« Oui », répondit-elle sèchement, en mentant une deuxième fois à la question relative à son prénom.
En fait, désormais, la situation s’étant apaisée entre eux deux, il semblait que c’était le tempérament hargneux de la femme, lequel s’était fait discret ces derniers temps, qui allait reprendre de la vigueur.
Azhana savait qu’il était désormais venu le temps d’assumer le marché conclu avec Salfalaise, et cela impliquait, au départ, de la patience de sa part – de la patience dans l’attente de regagner la terre ferme, dans l’hypothèse où ils survivraient au combat et aux autres aléas de la mer. À cet égard, Azhana se leva, et, cette fois-ci, regarda Salfaise, le fustigea du regard même, et elle lui dit :
« Vous vous intéressez à mon nom, et moins à mes origines. Vous avez tort. J’ai vécu à Braavos. J’ai vu les armées du Tigre. J’ignore qui vous êtes – vous et vos hommes, mais je peux vous dire que je connais votre ennemi. Il est fort. Quant à vous, dites-moi : qui êtes-vous ? »

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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptySam 19 Oct - 23:56

Ne jamais hésiterSa captive avait un tempérament certain. L'allure féline d'une bête sauvage que l'on avait enfermée dans une cage et qui malgré tout persistait à essayer de prendre le dessus sur le capitaine maître en son navire. Sur ses hommes et sur la flotte il exerçait une emprise forte, face à de jeunes conscrits de la Néra il arborait cette image de pirate sanguinaire, celui d'un capitaine au passé tumultueux et aventureux. Ces hommes le respectaient pour ce qu'il était, un meneur d'hommes. On le craignait certainement aussi par cette imprévisible colère qu'il nourrissait particulièrement pour ses adversaires. On redoutait l'esprit fou, implacable et solitaire, on s'accordait sur sa détermination et sur l'inspiration qu'il pouvait faire naître dans un seul discours. Sa franchise pouvait blesser, sa parole réaliste et objective sur les dangers qu'ils devraient traverser. Salfalaise était doué pour combattre, la mer était un deuxième foyer et les combats avaient bercés ses nombreuses années de vie passé. Alors quand elle répliqua sur son identité et sur la sienne il y eut un moment d'absence et de flottement. Qui était-il ? Comment se décrirait-il face à une femme qui avait sans aucun doute un rôle à jouer dans cette guerre après ses révélations sur le Tigre ?

Mon esprit embrumé par l'alcool et les soins prodigués me faisaient délirer. Mon regard se perdait sur l'immense table au devant de la cabine. Un court instant je cru y voir une silhouette aussi noire que le les abysses de l'océan siégeant au sein du fauteuil depuis lequel je dirigeais mes opérations navales. Je frottais mollement mes yeux secs et puis je me ravisais en ne percevant plus rien la minute suivante.
« C'est une longue histoire. »
Mes lèvres étirèrent un mince sourire. Mon rire à peine audible siffla à travers mes dents jaugeant la femme toujours empreinte de cette défiance qui se murait parfois dans de longs silences. La lourde paluche qui me servait de main passa sur mon visage et raffermit mes traits, ma barbe crissante je m’efforçais à trouver ce qui me caractérisait le plus, une suite de mots pour former finalement quelques phrases et dépeindre mon histoire.
« Je suis un insulaire, un fer-né ou... Ce qu'il en reste. » Je laissais échapper un rire d'une nervosité passagère, l'impression de dépeindre un fantôme, d'un reflet sombre, d'une ombre qui ne m'appartenait sans doute plus depuis que je m'étais rendu à l'Empire. « J'ai pillés de nombreuses terres, arraché la vie à d’innombrables ennemis... Je su... Je suis. » Je songeais à ce qui aurait pu être, à ce que je serais aujourd'hui peut-être si je n'avais pas décidé de choisir Joren. « Je suis un guerrier, un père, un monstre, un traître... » Poursuivais-je en déglutissant âprement ce goût amer qui faisait surgir les souvenirs de mon foyer, mon fief, ma femme assassinée en représailles à mes revirements, mes choix pour continuer de vivre et de me battre plus que jamais. « J'ai été général des armées, serviteur d'un roi tyran, un vieux fou sénile... »  Dont je gardais la marque brûlante et boursouflée à même la chair. « J'ai remportés des batailles et en ai perdus d'autres... » Moat Cailin, Buron se rappelaient à mon mauvais souvenir. « Je suis une hydre... Sillonnant les mers à la solde de l'Empire... » J'aurais pu détruire ce qui restait de ce symbole, leur capitale que j'avais prise en une nuit. Je n'en faisais rien pourtant et parfois aujourd'hui je me préférais voir mort en ayant emporté avec moi le plus d'ennemis possible. J'avais ce sentiment, comme celui d'observer à travers un verre épais le fragment d'un désir, d'un idéal et finalement n'y voir qu'une vague. « J'ai tout perdu... Mon foyer, ma femme, mes filles. J'ai fais... Beaucoup de mauvais choix. » Déclarais-je en tentant de me relever pour chuter aussi sec dans un bruit sourd et un grommellement revêche. « Tout mes échecs... Toutes mes erreurs... Font de moi l'ennemi de ce Tigre désormais. » Je concluais dans un timbre de voix plus roque s'éteignant dans l'expiration d'un souffle m'allongeant de tout mon corps le regard fixé vers le ciel.

 


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MessageSujet: Re: Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé]   Ne jamais hésiter [Tour VII - Terminé] EmptyDim 20 Oct - 14:20

L’origine de Salfalaise et de son peuple était à peine connue d’Azhana. Le peu de choses qu’Azhana savait à propos des Fer-nés lui avait été appris par Zhalia. Ce genre de peuples et ce genre de régions où ils vivaient, n’avaient jamais suscité grand intérêt de la part de la jeune femme, parce que cette dernière avait pensé qu’elle n’allait jamais avoir affaire à ceux-là. Ces personnes, elle se les imaginait primitives, quasiment sauvages. Enfin, à voir Salfalaise, il lui sembla qu’elle n’avait pas eu tout à fait tort à cet égard. Là où elle n’avait pas eu tort non plus, c’était sur la monstruosité qui animait le marin. En effet, l’homme reconnaissait à présent, avec une sincérité déconcertante, qu’il avait le sentiment d’avoir tout perdu, de s’être allié aux mauvaises causes, et qu’il s’était fixé comme objectif ultime de combattre le Tigre.
Néanmoins, face à cet excès de sincérité, Azhana restait ouïe, mais intransigeante ; c’était avant tout car elle n’était pas de nature à faire preuve d’empathie, mais aussi évidemment car elle n’aimait pas Salfalaise.
En fait, en se représentant désormais mieux l’image de Salfalaise – sulfureux guerrier, qui ne se complaisait que dans la douleur conférée aux autres, peut-être pour essayer d’oublier ses propres maux – Azhana doutait sérieusement de la capacité de l’homme à faire face au Tigre. Selon elle, Salfalaise devait être fort, mais il devait posséder une folie qui brûlait en son sein, laquelle pouvait le faire sombrer face à un ennemi aussi fort et déterminé que le Tigre. Azhana estimait que c’était cette même folie qui avait conduit Salfalaise à lui confier une arme, avec laquelle elle avait eu la possibilité de le tuer.
« Mon séjour à Westeros aura été court, notamment à cause de vous, commença-t-elle par dire, en observant Salfalaise d’un air grave. Je n’ai connu que trop peu les gens de Westeros. Mais j’ai remarqué une différence notable entre eux et les gens d’Essos : vous, à Westeros, vous avez un esprit frivole. »
Elle songea notamment à son mari, Valarr Irrohrin, dont elle ignorait, à propos, s’il était toujours en vie ou non. Valarr était sans doute l’homme le plus frivole qu’elle n’avait jamais connu, et avec lequel Azhana n’avait pas réussi à se concilier.
« Or, à Essos, seuls ceux qui sont fortunés agissent comme vous. Les autres – l’immense majorité, n’agissent et ne pensent que selon ce qui leur est commandé. Les armées du Tigre sont composées de ces hommes-là. Ceux-là n’ont pas d’histoires, ils ne partagent pas de sentiments. Ils n’ont que l’ordre de servir leur chef. »
En parlant d’Essos, Azhana se rappela la lumière, celle du soleil qui régnait sur ce continent, qui éblouissait sans cesse, qui brûlait les peaux, partout où que l’on allât. La femme se rendit compte qu’elle n’avait pas vu la lumière depuis trop longtemps. Elle devait être pâle comme jamais elle ne l’avait été. Elle ressentait un froid qui la rongeait intérieurement.
Azhana s’approcha, et remit son épée à Salfalaise, car elle n’en avait plus besoin. Elle lui dit seulement :
« J’espère que ce n’est pas la vengeance ou un autre sentiment de la sorte qui vous pousse à vous battre contre le Tigre, car, dans ce cas, je ne crois pas en votre victoire. »
Enfin, Azhana se décida de sortir de la cabine du capitaine. Si Salfalaise lui avait effectivement promis sa liberté à bord, Azhana comptait bien en profiter, et elle allait faire fi de ce que tous les autres hommes de l’équipage allaient penser. Elle était vêtue comme un homme, ce qui lui aurait valu quasiment la mort à Essos, mais il ne semblait pas que cela fût un problème sur le navire. Le navire qui, par nature, était un espace de promiscuité qui impliquait des écarts avec la vie continentale et cet équipage de voyous, donnaient l’occasion pour la première fois à Azhana de se permettre de ne pas penser aux règles, et, quelque part, il fallait reconnaître que cela avait du bon.
La jeune femme se perdit un instant dans les couloirs, avant de trouver l’accès qui donnait sur le pont. Enfin, elle sortit dehors, et se mit sous le soleil, qui s’empara de sa vue un long instant, mais qui, surtout, la réchauffa, et cela fut ressenti comme une caresse.
Lorsqu’Azhana put voir à nouveau, elle remarqua le nombre important des hommes à bord, ainsi que des autres mâts devant, derrière et sur les côtés de leur navire. Tous les hommes étaient blancs de peau comme Salfalaise, et ils dégageaient un air, en leur physique grossier et malpropre, tout aussi terrifiant. Le navire lui-même, d’un bois sombre et aux voiles d’un blanc monotone, révélait la même froideur que le capitaine à son bord.
Les eaux les entouraient de toutes parts, et la proue semblait pointer un horizon inatteignable.

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