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 And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]

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MessageSujet: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyMar 6 Aoû - 9:50

And she never wanted to leave
AN 1, MOIS 8


Alysia était arrivée à Winterfell depuis deux jours déjà. Cela lui faisait tout drôle de se dire que ce lieu, qui avait été autrefois sa maison, était désormais méconnaissable. Il y avait certains visages qu’elle ne connaissait pas et d’autres qui avaient tellement changé. Il ne suffisait qu’à voir ses amis. Ils étaient à présent tous mariés, avaient ou s’apprêtaient à avoir des enfants. Elle-même n’avait pas échappé à la règle. La jeune veuve était venue avec son fils Kaegan, qui semblait tout excitée à l’idée de quitter un peu leur nouvelle terre pour découvrir de nouveau horizon. Il n’avait même pas un an, mais sa mère avait très bien remarqué ses élans de curiosité et ses pulsions d’aventure. Nul doute que plus tard, il fourrerait son nez un peu partout. Cette idée la fit lentement sourire, alors qu’elle se remémora les petits tours qu’elle jouait à Bowen, avec Walton, lorsqu’elle était plus jeune. Si son fils prenait cette direction, il ne faisait aucun doute qu’il allait en rendre plus d’un paranoïaque.

À la pensée de Bowen, Alysia eut un léger pincement au cœur. À son arrivée à Winterfell, et jusqu’à ce jour, il lui avait toujours semblé très occupé. Bien plus qu’elle ne l’était. Elle n’avait pas encore trouvé le temps de discuter avec son ami, ayant peur de le déranger dans ses tâches. Et pourtant, cela ne lui ressemblait pas. Autrefois, elle ne réfléchissait pas autant et se contentait d’agir. Mais les choses étaient tellement différentes à présent, qu’elle n’osait plus foncer dans le tas. Elle avait quitté Winterfell presque quatre longues années, il était sans doute normal qu’elle n’y ait pas encore retrouvé sa place. De plus, son statut d’invitée la laissait un peu sceptique quant à l’avenir. Elle mentirait si elle disait à Jon qu’elle voulait rentrer à La Veuve. Ces terres, cette maison, ne semblaient plus être les siennes à l’instant-même où son mari a fermé les yeux pour toujours. Quelque chose s’était produit et elle ne saurait expliquer quoi au juste.

Les derniers mois étaient encore flous, même pour elle. Elle se souvenait avoir reçu de nombreuses missives de soutien, mais elle n’avait répondu à aucune d’entre elles. La maison Flint avait tenté de la pousser à s’ouvrir au monde et à répondre à ses gens-là, sans doute même l’avait-il fait pour elle puisqu’elle s’était immédiatement refermée comme une huître. Mais à présent, elle était prête à se ressaisir et à aller de l’avant, pour reprendre un semblant de liberté et revoir un jour son éclat de vie illuminer son teint, comme il l’avait toujours fait.

Vagabondant dans la Cour de Winterfell, elle se retrouva très rapidement à l’arrière des écuries, là où se trouvait Bowen. Finalement, son destin avait finalement décidé de lui accorder un peu de temps avec son ami. Elle ne savait pas vraiment à quelle activité il s’était adonné, puisqu’il se contentait de se rincer les mains, mais cela ne l’empêcha pas de s’approcher lentement de lui.

— Bowen ?

Quand la jeune Flint eut enfin son attention, un léger sourire s’étira aux coins de ses lèvres. Elle l’aurait bien serré dans ses bras, pour lui montrer à quel point il lui avait manqué, mais elle n’était plus une enfant, tout comme lui, et elle doutait que cela serait approprié, en considérant son nouveau titre de Sénéchal. Se mordillant légèrement la lèvre inférieure, Alysia décida de lancer la conversation en première, à la fois impatiente et heureuse de revoir Bowen.

— J’ai bien reçu vos derniers corbeaux. Je suis désolé de ne pas vous avoir répondu.


Lord Glover lui avait envoyé une missive concernant la mort de son mari sur le champ de bataille, mais elle n’avait jamais pris le temps d’y répondre, bouleversée par la nouvelle. Elle savait que cela n’était pas de bonnes manières et qu’en tant que Dame, elle aurait dû prendre sur elle et répondre à chacune des missives. Mais la vérité était qu’elle ne l’avait pas fait et qu’elle n’en avait aucune envie, quand bien même ces personnes étaient des amis ou qu’ils pensaient sincèrement leur propos.

Emi Burton

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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyMar 6 Aoû - 21:40

« Alors ? »

Sous l’œil inquisiteur du Sénéchal, le responsable des écuries royales de Winterfell sortit du box où se trouvait la jument qui hennissait douloureusement et piteusement, dardant sur son propriétaire un œil sombre et humide qui trahissait son malaise, alors que Bowen caressait lentement sa monture, ne cachant pas son inquiétude à son endroit. Outre que, comme tout cavalier, le jeune homme était sincèrement attaché à sa bête, celle-ci occupait une place particulière dans son cœur, puisqu’elle était un cadeau de son père, l’un des seuls qu’il lui restait. Il se souvenait encore du jour où Galbart Glover avait offert le dernier poulain né dans ses écuries à son fils aîné revenu sur les terres familiales. Outre la valeur de ce cadeau, le Poing du Nord avait, à cette époque, perçut ce présent comme une manière d’officialiser son statut d’héritier, de montrer à l’ensemble de la maisonnée que le fils aîné attendu était de retour, et qu’il devait être considéré comme tel, avec tous les honneurs dus à son rang. Et pour celui qui avait toujours secrètement recherché l’affection paternelle, souvent dans les yeux de pères de substitution, jaloux de l’évidente ressemblante entre Galbart et Edwyle, blessé par la préférence manifeste de son père pour son cadet, ce cheval avait représenté une joie qui n’était pas entièrement dénuée d’arrière-pensées. Avec le temps, la jument était devenue une possession prisée, puis plus tard le reliquat précieux de l’amour parental, du foyer Glover tel qu’il ne serait jamais plus, d’un temps où les greniers de Motte-la-forêt étaient remplis, où les bêtes paissaient paisiblement et où la maison était, sinon au faîte de la gloire, du moins dans une aisance confortable, et surtout où toute sa famille croissait joyeusement, où les rires résonnaient encore dans le vieux château familial. Où il n’était qu’un héritier gauche et maladroit. Cette jument appartenait à ce passé doré, et il était par conséquent impensable qu’il ne lui arrive quoi que ce soit.

« Faudrait appeler le maréchal-ferrant, pour moi, c’est un de ses fers. Mais elle est pas malade, et elle est pas grosse non plus. »

D’un signe de tête, Bowen remercia le palefrenier, avant de flatter l’encolure de sa bête. Il ferait donc venir le maréchal-ferrant dès qu’il serait sorti, et peut-être aussi le mestre s’il était disponible, même si le pauvre homme était un peu surmené en ce moment. Un de ses aides ? Oui, voilà qui serait bien. Non pas qu’il doutait du diagnostic de l’homme qui venait de lui donner son congé, bien sûr, il avait de l’expérience, mais il préférait être prudent tout de même. Perdre sa monture était un crève-cœur à imaginer. Combien d’entraînements avait—il fait sur son dos ? Elle avait survécu à Eysines, et à la Mort-aux-loups, et au Gué de Marnach ! Il ne pouvait se résoudre à laisser la moindre chose au hasard. De toute manière, il était persuadé que tout cavalier le comprendrait. Il avait des frères d’armes, et il avait une sœur aussi, qui avait tant donné pour le Nord, elle aussi. Peut-être avait-il été trop vigoureux lors des derniers exercices montés avec la garnison ? Même si les pages et palefreniers dégageaient l’intérieur de la cour de Winterfell, il était possible qu’un caillou se soit glissé dans ses fers, ce qui expliquerait son boitement. A moins qu’elle ne se soit blessée ? Un déchirement, une élongation ? Il n’en savait rien.

Le pire était qu’au lieu d’être immédiatement désolé quand il l’avait senti renâcler, quand il avait constaté de visu le problème, la première pensée du jeune homme avait été regretter cet événement qui l’obligeait à changer son programme d’entraînement. C’était sans doute idiot de se sentir coupable d’avoir pensé en premier lieu à ses devoirs, mais il ne pouvait s’empêcher de constater le fossé qui le séparait de celui qu’il avait été quelques années auparavant. Il y avait un monde entre la roture et la noblesse, mais il y en avait un aussi entre les fils désœuvrés et les conseillers, entre la petite noblesse et le cercle intime des très grands de ce monde. Là encore, sa seule préoccupation n’était pas sa personne, pas même son seul fief, mais des centaines, des milliers d’individus, le royaume. Ce n’était pas étonnant, que les Rois perdent contact avec la réalité de leurs sujets, quand ils étaient déjà si loin des occupations de leurs semblables. Tout prenait une dimension différente : une mort au combat, c’était un ami à pleurer, mais aussi des commandements à redistribuer, une famille à soutenir, et des calculs sans fin pour s’assurer que le royaume demeurait uni et fort. Un problème d’approvisionnement en grain devenait le synonyme de nombreux morts parmi la populace, mais aussi la promesse de levées moins importantes, d’un moral en berne, de travaux de défrichage arrêtés, et ainsi de suite … C’était proprement horrible, déshumanisant et en même temps … normal. Un Roi, un Sénéchal ne concevait pas les événements comme le paysan, comme le petit Lord. Cela n’empêchait nullement Bowen de vouloir conserver ses liens avec la réalité, avec les petites gens, parce qu’il se tenait prêt à les rejoindre quand ses services ne seraient plus souhaités ou quand viendrait l’âge, et aussi car il n’arrivait pas entièrement à refouler les longues leçons de son père, qui avait toujours tenu à lui montrer les conséquences de ses décisions, quelles qu’elles soient. Punir un meurtrier, c’était condamner une famille à la mendicité, à la faim. C’était nécessaire. Mais ce n’était pas simple. Et cela ne devait jamais l’être. Celui qui prononce la sentence doit tenir l’épée, tel était le dicton nordien. Celui qui tient l’épée doit aussi savoir quelles sont les retombées de son acte, pour que justice soit toujours administrée avec fermeté, mais jamais avec empressement.

C’est alors qu’une voix féminine le tira de ses pensées. Surpris par l’appellation familière, Bowen ne se retourna pas immédiatement, se demandant qui pouvait l’appeler par son prénom. Ce n’était pas sa femme – du moins, il valait mieux pour ses abattis que ce ne soit pas le cas, parce qu’elle ne lui aurait jamais pardonné de ne pas avoir reconnu sa voix. Ce n’étaient pas sa tante, qui avait la voix moins claire en raison de son âge. Il écartait évidemment Jon ou Walton, puisqu’il ne s’agissait clairement pas d’un homme … La curiosité l’emportant, il finit par se tourner vers la direction d’où provenait ce son inattendu, et resta un instant interdit par la vision s’offrant à lui. Effectivement, il n’aurait pas imaginé que ce soit Alysia Flint qui se trouve face à elle. C’était logique, en un sens : il n’y avait que ceux l’ayant connu jeune pour ne pas céder, hors de portée d’oreilles indiscrètes, au pouvoir des titres. Et encore, pas tous, il fallait appartenir à un cercle restreint. Et il savait qu’elle était arrivée dans les jours précédents, du moins, même s’ils ne s’étaient pas croisés : elle devait probablement reprendre ses marques au château, et lui-même partageait son temps entre les entraînements de la garnison et des Gardes-Loups plus particulièrement, l’organisation de la campagne de Printemps, les diverses réformes ou les quelques grands travaux tombant sous sa juridiction et sa famille. Autant dire qu’il courrait un peu partout constamment. S’approchant de la jeune femme, il s’inclina pour lui offrir un baise-main, toujours sans toucher la peau, comme il convenait à la plus extrême bienséance.

« Lady Flint … Alysia. Je ne m’attendais pas à vous trouver ici. Ou plutôt, à ce que vous me trouviez en ces lieux. »

Avant d’agiter sa main comme pour chasser une mouche, démontrant qu’il ne tenait nullement rigueur à la jeune femme de son manque de corbeaux.

« Je vous en prie, voyons. Vous étiez en deuil. Vous aviez bien d’autres choses en tête probablement que répondre à mes inquiétudes, j’en ai pleinement conscience. »

Avec un sourire qui, mal à l’aise, tenait davantage du rictus, Bowen conclut maladroitement :

« Honnêtement … je ne reçois guère de réponses à de telles missives. Ni … n’en attend. Ma douleur quant à les écrire n’est rien par rapport à la peine qu’elles apportent. »

Essayant tant bien que mal de trouver un objet de salutation moins morbide, le jeune homme ajouta tout à trac :

« Votre … installation se passe-t-elle bien ? »

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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyMer 25 Sep - 20:56

And she never wanted to leave
AN 1, MOIS 8


Bowen et Alysia avaient souvent eu des conversations profondes par le passé. Il s’agissait d’une personne qu’elle estimait énormément et à qui elle vouait un profond respect. Tout avait commencé le jour du mariage de sa sœur. Ce jour-là, elle n’aurait jamais pu imaginer où cette relation allait les porter. Elle ne lui avait jamais trop adressé la parole, pas plus que le voulait la bienséance, parce qu’elle savait l’opinion qu’avait Jon à l’époque. Il avait été l’un de ses premiers amis à Winterfell et jamais, ô grand jamais, elle ne se serait permise de rompre ce lien entre eux. Pourtant, son père lui avait toujours répété qu’il n’y avait que les ineptes qui ne changeaient jamais d’avis. Et encore une fois, les sages paroles de son père lui avait permis d’entrevoir les choses sous un nouveau jour. Loin de toute l’animation de la Cour, elle l’avait vu assis là, visiblement tourmenté par quelque chose qui dépassait son savoir, et elle avait osé poser cette question qui lui taraudait : « Que se passe-t-il ? ». Ces quelques mots avaient suffi pour enclencher tout un processus qui les avait conduit à devenir amis.

Mais qu’en était-il aujourd’hui ? De l’eau avait coulé sous les ponts et la distance avait fait qu’elle avait perdu contact avec les personnes qui lui étaient chères. Cela lui avait fait tout drôle de ne plus revoir ses amis, chaque jour, mais elle avait dû se faire à cette idée. Son départ avait été si brutal. Elle avait eu la sensation d’être arrachée de son cocon, alors qu’elle n’était visiblement pas prête à franchir ce cap. Et par les Anciens, qu’est-ce que La Veuve était loin de tout et de tout le monde ! Alysia n’avait jamais eu plus grande sensation d’étrangeté que lorsqu’elle avait tout quitté pour suivre Ser Flint sur ses terres. Elle aurait menti si elle avait dit être heureuse les premiers mois. En vérité, cela avait été un véritable calvaire pour la jeune femme du Nord, dont les raisons étaient bien trop personnelles pour être évoquées.

Énormément de choses avaient changé depuis son départ et elle s’en rendait compte plus que jamais. Il suffisait de voir Jon qui était devenu Roi. Bowen qui était à présent Sénéchal du Nord. Et enfin, ses deux amis qui s’étaient mariés et qui fondaient à présent leur petite famille. Son destin avait été si brusquement détaché du leur qu’elle avait l’impression d’avoir vingt ans de retard sur ce qui s’était passé ici, à la Capitale.

Les traces de la puberté avaient disparu du visage de son ami, Bowen, et elle avait étrangement du mal à s’y faire. Ses souvenirs étaient tellement lointains que les rares fois où elle avait eu l’occasion de le recroiser, elle avait eu du mal à actualiser la vision qu’elle avait de lui. Néanmoins, Alysia était bel et bien de retour et elle comptait bien mettre un terme à ce genre de tracas, pourtant si futiles. Sa joie était telle qu’elle aurait aimé prendre dans ses bras chacun d’entre eux, dont l’absence avait creusé un vide dans son cœur. Mais les règles de bienséance ne le permettaient pas, tout comme leur âge et leurs obligations. Quoi qu’il en soit, Bowen n’avait pas totalement changé. Elle reconnaissait immédiatement l’homme droit dans ses bottes qu’elle avait toujours connu. Certaines choses étaient faites pour être changées ; d’autres, non.

— J’avais besoin de me dégourdir les jambes et redécouvrir Winterfell. Sans oublier que j’espérais vous y trouver également. J’ai bien l’impression que vos fréquentations de lieux n’ont pas changé, Lord Bowen.


Alysia porta ses deux mains sur ses hanches, d’un air amusé. Son visage était redevenue un peu plus lumineux, rendant justice à la personne pétillante de joie qu’elle avait toujours été. En vérité, elle était contente de se trouver ici et de voir que Bowen avait gardé certaines de ses habitudes. Déjà quelques années auparavant, elle savait dans quels coins le trouver.

— Ce n’était pas une excuse. J’aurai dû répondre à toutes les missives à l’instant même où je les avais reçues. Quelque part, je suis allée contre les règles de bienséance.


La jeune veuve se mordilla nerveusement la lèvre inférieure, consciente de ne pas avoir eu l’attitude appropriée au début de son deuil. Bon sang, elle n’arriverait jamais à se faire à tous ces changements ! Elle avait été une horrible femme au début de son mariage et elle faisait encore plus fort depuis qu’elle était veuve. Alysia avait grandi dans une totale insouciance et il y avait des leçons qu’elle n’avait jamais voulu apprendre, pensant qu’elle avait encore le temps. Mais, à présent, elle se rendait compte que le temps était une conception malicieux et cupide, qui aimait nous filer entre les doigts dès qu’il en avait l’occasion.

— Quoi qu’il en soit, mon installation se déroule merveilleusement bien. Je dois avouer que le château a réellement changé depuis ma dernière visite, mais je m’y ferai. Et vous ? s’exclama-t-elle soudainement, un immense sourire aux lèvres. Comment allez-vous ? Et votre femme, Lady Glover ?

Alysia avait la sensation de ne pas avoir vu Bowen depuis une éternité et elle avait besoin de se mettre à la page. Ses proches lui avaient manqué et elle n’avait pas envie de se lamenter sur son veuvage plus longtemps. Des horizons bien plus positifs se présentaient à elle en cet instant.



Emi Burton

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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyLun 7 Oct - 19:58

« En vérité, vous avez été un rien chanceuse. Ma jument boite, et j’ai demandé au maître palefrenier de l’examiner. Elle était un cadeau de mon père et nous avons partagé trop de champs de bataille pour que je ne lui sois pas attaché.

Sinon, je cours un peu partout, pour être honnête. Les temps où je pouvais me perdre à ma guise dans quelque recoin ignoré ne sont plus, je le crains. »  


N’ayant nulle envie de s’appesantir sur le souvenir de son père décédé et de ce qu’un animal appartenant à son passé révolu pouvait revêtir comme importance sentimentale à ses yeux, Bowen avait décidé de changer de sujet rapidement, les trémolos d’un rire contenu éclairant sa voix de basse tandis qu’il comparait sa timidité de naguère à ses fonctions actuelles, éminemment plus prenantes. Mais après tout, il y avait un monde entre être écuyer du Roi, position certes prestigieuse pour un jeune garçon encore en apprentissage de son futur métier de noble, de guerrier et d’homme, mais qui n’avait bien entendu rien à voir avec celle d’un Sénéchal et premier conseiller, bien entendu. C’était le contraste entre l’ombre et la lumière, au sens propre comme au sens figuré, au fond. L’âge adulte, du reste, venait avec des responsabilités d’un autre ordre. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il était accessible : après tout, il était régulièrement dans son bureau pour recevoir un certain nombre de demandes, et si la plupart émanait des Lords eux-mêmes pour leur organisation militaire, il avait remarqué qu’un certain nombre de nobles avait pris l’habitude de lui quémander audience pour porter des affaires privées à l’oreille du Roi, ou simplement pour, officiellement, prendre de ses nouvelles et lui présenter leurs respects, même s’il avait conscience qu’il s’agissait davantage de conversations courtisanes pétries d’arrière-pensées. Ce n’était cependant pas des entrevues inutiles, car elles permettaient de discerner quelques tendances, des humeurs. Et malgré ses nouvelles attributions, le Glover n’avait pas perdu ses habitudes bien ancrées de fidèle aux yeux et oreilles traînantes.

« Disons alors, pour solde de tout compte, que je ne vous en garde aucune rancune et aie bien compris quelle était votre situation à ce moment. »


Certes, Bowen tenait à l’étiquette et à la bienséance, parce qu’il avait été élevé comme tel. Il n’en était pas pour autant insensible, et les excuses répétées de la jeune veuve le prenaient légèrement au dépourvu, car il n’avait aucune envie de la voir se morigéner ainsi, alors qu’il estimait qu’humainement, il y avait des limites à ce qu’on pouvait attendre d’une personne. Et puis, il lui en fallait davantage pour entretenir de la rancœur à l’encontre de quelqu’un, surtout d’une amie à qui il annonçait le trépas d’un mari. Il n’était pas aussi fat ! Les choses étaient réglées de son point de vue, et il espérait que, sous le couvert des paroles plutôt cérémonieuses, Alysia comprendrait qu’il lui pardonnait, si tant était qu’il y ait quelque chose à pardonner. L’espace d’un bref instant, alors qu’il prononçait les derniers mots de sa phrase, un clin d’œil se fit voir, adressé à son interlocutrice, avant qu’il ne reprenne sa physionomie ordinaire. Juste pour rappeler qu’au-delà des titres, il y avait toujours le même homme sous l’armure, à peu près. Une fois que la jeune femme l’eut assuré du bon déroulement de son installation, elle demanda à son tour de ses nouvelles. S’approchant légèrement, le Sénéchal lui tendit son bras galamment, avant de déclarer :

« Pourquoi ne pas deviser de tout cela en m’accompagnant jusqu’à la Ville d’Hiver, si vous voulez bien m’en faire l’honneur et le plaisir ? Je dois aller récupérer une commande auprès d’un artisan pour mon épouse. »

Puis, une fois en marche, la neige glissant sous leurs pieds bottés, Bowen entreprit de reprendre le fil de leur conversation :

« Je vais bien, comme vous pouvez le constater. Mon bras est encore un peu gourd par moment depuis Eysines, mais cela ne me gêne pas pour porter l’écu. »


Le fait que la blessure s’était rouverte durant leur voyage de retour avait au départ un peu alarmé Mestre Rorshar lorsqu’il lui avait présenté la cicatrice qui s’étendait sur son avant-bras et son coude, mais il avait pu constater que l’ensemble guérissait fort bien. L’emplacement était désagréable et retardait la pleine cicatrisation, cependant, ce n’était pas bien grave. Du moins, c’eut pu être largement pire. Le fait qu’il s’adressait à une veuve de guerre, et que ledit veuvage avait été causé par cette bataille, en disait long sur sa chance. Chance, oui, il n’utilisait pas le mot au hasard, car malgré tout le talent arme à la main d’un homme, sa survie dans une boucherie pareille tenait pour large partie à la faveur des Anciens Dieux. Les flèches fauchaient au hasard. Pourquoi une lance pourfendait un corps et pas celui de son voisin, à quelques mètres voire centimètres pourtant ? Et ainsi de suite. Il n’y avait pas de mérite à survivre. C’était au contraire un appel à l’humilité, et à chérir ce que la vie offrait. Cela, Bowen ne l’oubliait pas, surtout maintenant qu’il pouvait enfin profiter de sa famille. Penser à sa femme lui arracha un sourire sincère et un rien rêveur, alors qu’il reprenait la parole :

« Lady Glover se porte bien également, je vous remercie de vous soucier de sa santé. Elle s’est rétablie de son accouchement, tout comme notre fils. Vous pourrez le constater de visu rapidement, car je gage que Sa Majesté vous conviera à sa table pour dîner, comme vous êtes son invitée. Mon épouse et moi-même serons sans doute présents également.

Et je suis sûr qu’elle sera ravie de vous voir et d’offrir à votre garçon un petit compagnon de sieste. J’aurai bien dit jeux, mais vu leurs âges respectifs, je crains que nous ne devions assister qu’à un concours de celui qui ronflera le plus fort. »


La proposition, quoique légère, n’en était pas moins sincère, et porteuse d’une signification plus profonde. S’il ne pouvait parler pour Maedalyn, bien entendu, il était à peu près certain que sa femme se ferait un devoir d’accueillir la jeune Flint, d’abord parce qu’il pensait qu’elle serait sensible au fait de voir une dame dans une situation qui aurait pu être la sienne, si lui-même n’était pas revenu, avec un enfant de l’âge de Torrhen. Nul doute qu’elle trouverait à discuter de secrets de jeunes mères qui ne lui étaient sans doute pas ouverts. Et puis, avec la grossesse difficile de la Reine et le célibat du Prince Walton, son épouse occupait une place particulière dans la hiérarchie des dames de la cour, et il ne doutait pas qu’elle prenait à cœur de remplir ses devoirs, même officieux.

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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptySam 19 Oct - 17:00

And she never wanted to leave
AN 1, MOIS 8



Les chevaux… Alysia n’en avait pas un à elle, à proprement parlé. Mais elle avait entendu de nombreux récits concernant des chevaliers et leur fidèle destrier. Elle pouvait facilement se douter de l’ampleur du lien qui pouvait nouer Bowen à sa jument. Elle était un peu celle qui avait connu toutes les récentes batailles avec lui. Elle était une sorte de survivante, tout comme il l’était. Ils avaient connu de rudes épreuves ensemble et pouvaient encore respirer et traverser un hiver sereinement. Un animal était bien souvent un fidèle compagnon. Elle se rappelait encore du chien qu’elle avait eu lorsqu’elle vivait à Goldglass, bien avant qu’elle ne vienne à Winterfell pour y recevoir son éducation. Elle aimait cette petite bête d’un amour inconditionné. À présent, la seule personne qui pouvait se vanter d’avoir autant d’attention et d’amour, c’était son fils Kaegan. Quoi qu’il en soit, là n’était pas le sujet de conversation.

— J’espère que l’état de santé de votre jument s’améliorera. Si elle a survécu à des champs de bataille, je suis convaincue qu’elle survivra à cet aléa.


Alysia offrit un sourire sincère à son ami, restant honnête et conciliante, comme elle l’avait toujours été, même si quelque chose sonnait différemment dans leurs interactions. Comme si leur enfance parsemée d’insouciance et d’amusement était loin derrière eux.

— Ce n’est à point douter que vos nouvelles obligations doivent vous prendre un temps considérable. Je m’estime même chanceuse d’avoir eu un court instant pour pouvoir vous saluer.


La jeune veuve n’avait pas grand-chose à faire depuis son retour, si ce n’était saluer de vieilles connaissances, bien trop demandés par leurs nouvelles occupations. C’était douloureux de voir que le sens de sa vie avait totalement disparu par la mort de son mari, mais que la vie de ceux qu’elle avait toujours connu se poursuivait, comme si de rien n’était. Il fallait s’y attendre. Leur vie ne tournait pas autour de la sienne, après tout. Mais Alysia avait ce sentiment douloureux au fond d’elle que son existence ne serait, à présent, que vouer à celle de son fils. Jamais elle ne se remarierait et jamais elle ne connaîtrait de nouveau les joies intenses d’une vie et d’une couche partagée. À moins qu’un homme veuille bien d’elle, mais son esprit était tellement tourné vers le négatif à présent, qu’elle ne voyait que deux possibilités : un homme bien trop âgé pour elle ou alors un veuf. Elle ne voyait pas d’autres alternatives à cet instant. Elle n’en cherchait pas non plus. Ce sentiment de liberté, elle voulait le savourer. Même si cela n’était que quelques jours ou quelques semaines.

Pour le moment, son géniteur ne semblait pas prêter une très grande attention aux perspectives d’avenir de sa benjamine. Pour une fois, elle était heureuse d’être la dernière de la famille. Il ne restait plus qu’à voir combien de temps cela allait durer.

Finalement la conversation dériva sur quelque chose de plus plaisant et joyeux que son veuvage et Bowen lui proposa de l’accompagner jusqu’à la Ville d’Hiver. Un doux sourire illumina le visage au teint porcelaine de la jeune femme. Se retrouver à Winterfell lui procurait un bien fou et passer du temps en compagnie de ceux qu’elle avait pratiquement toujours connu l’aider à remonter la pente, bien plus qu’ils ne pouvaient l’imaginer.

— Ce serait un plaisir. Est-ce un cadeau que vous préparez à Lady Maedalyn ou une simple commande ?


La curiosité était un vilain défaut, mais Alysia avait toujours aimé s’intéresser à la vie des autres. Il n’y avait rien de malveillant dans ses démarches, bien au contraire. Elle aimait savoir que ses amis étaient heureux et comblés. De ce qu’elle avait déjà peut entrevoir, le mariage entre Bowen et Maedalyn se déroulait à merveille et cela l’enchantait. Elle savait que celui de la petite sœur de son ami l’avait énormément inquiété et elle avait eu peur qu’il souffre des mêmes maux que lors de cet événement auquel ils avaient assisté. Un mariage, surtout lorsqu’on ne connaît pas la seconde personne, n’était jamais une partie de plaisir, parce qu’il y avait tout un tas d’obligations qui nous pesait sur les épaules et nous forçait à grandir brutalement. Pourtant, à terme, on se montrait reconnaissant du cadeau de la vie. Alysia, elle, était reconnaissante d’avoir Kaegan, son petit rayon de soleil qui éblouissait ses journées.

— Je dois bien vous avouer que je ne suis pas totalement à jour sur les événements récents. Quel acte vous a valu une telle blessure ?

Alysia ressentait bien le décalage qu’il y avait entre les informations qui circulaient à Winterfell et le temps d’arrivée dans sa contrée lointaine, La Veuve. Elle n’était visiblement pas au courant de tout et encore moins dans le moindre détail. Cela n’était guère surprenant et c’était d’ailleurs un des éléments qui lui manquait tout particulièrement à la Capitale. Quand elle avait épousé Ser Edder Flint, elle ne s’était doutée une seule seconde à quel point elle serait coupée de tout cela. Le Nord était vaste. Bien plus vaste qu’on ne pouvait l’imaginer.

— Quoi qu’il en soit, il me plaît de savoir que tout se passe bien pour vous et votre femme, répliqua sincèrement la jeune femme, un immense sourire aux lèvres. Les adultes joutent et les enfants ronflent, chacun peut ainsi faire une compétition à sa façon ! s’amusa-t-elle, laissant un petit rire mélodieux résonner dans la Cour. En tout cas, je suis ravie que mon fils ait quelqu’un de son âge, avec qui grandir et évoluer. Si ça se trouve, ils deviendront de grands amis.



Emi Burton

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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyMar 12 Nov - 15:37

Hochant la tête aux paroles de réconfort d’Alysia, Bowen la remercia en quelques mots, avant de faire un petit mouvement de main en l’entendant lui dire qu’elle s’estimait chanceuse de l’avoir aperçu, comme pour signifier qu’il aurait trouvé un moyen de la voir, de toute manière. Après tout, si ses journées étaient bien remplies, chacun pouvait lui demander une entrevue, et c’était sans compter les soirées communes qui occupaient les nobles rassemblés à Winterfell. Certes, les ripailles du premier soir de leur retour n’étaient point de mise tous les jours, néanmoins, avec un certain nombre de personnalités du Nord qui avaient décidé de rester dans la forteresse des Stark, hormis la plupart des Lords, soit pour demeurer auprès d’un proche déjà présent, soit pour s’éviter un long voyage vers des terres parfois moins hospitalières, la grand-salle désemplissait peu. De fait, rien que dans sa famille, Bowen pouvait compter sur son épouse, donc, mais aussi son neveu et sa tante, cette dernière ayant laissé Karhold sous la surveillance de ses belles-filles. A vrai dire, il ignorait si, maintenant que son mari avait rejoint Fort-Darion, la vieille dame resterait avec son royal petit-fils pour l’aider et le conseiller au mieux, surtout avec l’accouchement d’Eleanor se rapprochant de plus en plus, ou si elle repartirait sur ses terres. Peut-être qu’elle attendrait la naissance avant de prendre une décision ? Il devait être bien étrange de se dire que, dans quelques semaines, on serait arrière-grand-mère, surtout dans leur royaume : voir une telle chose se produire était bien rare, compte tenu d’une espérance de vie plutôt réduite. Après toutes les épreuves traversées par les Karstark, et notamment sa tante, qui avait perdu et sa famille de naissance, et son fils aîné puis son petit-fils aîné coup sur coup … Il espérait que la brave femme trouverait un peu de réconfort dans cette nouvelle vie, et oublierait, au moins un peu, les douleurs passées. Et qu’elle trouverait dans ce futur petit-être le souvenir de sa défunte fille, leur ancienne reine. Ces pensées, un peu trop tristes à son goût, lui donnèrent l’envie de se replonger rapidement dans des sujets de conversation plus agréable. Sa femme, de fait, en était un. C’est donc avec empressement qu’il répondit aux interrogations de son interlocutrice :

« Je vous fais confiance pour ne point ébruiter mon secret, mon amie. C’est un cadeau, vous avez deviné juste. Pour la naissance de notre fils, et pour notre première année d’épousailles. J’ai du retard sur les dates précises, mais je ne voulais rien envoyer qui eut pu se perdre, vu les frimas que nous affrontons … Compte tenu des circonstances, je gage que ma femme ne m’en voudra pas. »

A vrai dire, il en était même certain. Cependant, outre qu’il désirait marquer ses deux événements, une part de lui espérait atténuer un peu le choc que constituerait, prochainement, leur inévitable séparation. Cela avait été convenu entre Jon et lui : étant donné la grossesse d’Eleanor d’un côté, et la nécessité d’asseoir sa légitimité de l’autre, il était normal que ce soit le Sénéchal qui s’engage à nouveau dans les campagnes à venir. Certes, il était impossible pour le moment de prévoir quand l’hiver s’arrêterait, néanmoins, Bowen préférait ne pas se faire trop d’illusion : le printemps arriverait toujours trop tôt, surtout dans le sud. Et si quitter Maedalyn et Torrhen le chagrinait, il avait aussi conscience que là était son devoir, et qu’il s’agissait aussi d’une question de légitimité dans ses fonctions. Jusque-là, il avait toujours été commandant en second, et désormais, il expérimenterait sa première campagne seul à la tête des troupes nordiennes. Autant dire qu’il s’agissait d’un défi conséquent à relever, d’autant plus qu’il avait conscience du caractère décisif des batailles à venir. Mais si l’Empire l’emportait … alors son fils serait en sécurité. Celui d’Alysia aussi. Et il n’aurait plus à annoncer à des femmes qu’elles étaient veuves, comme après Eysines. Le fait que la jeune femme n’ait pas relevé le nom démontrait, à son avis, son traumatisme. Et le Glover se trouvait donc soudain bien idiot, puisqu’il n’avait aucune envie de relancer la conversation sur ce souvenir douloureux, et qu’il y avait donc sauté à pied joint. Inspirant légèrement, il finit par expliquer, d’une voix aussi douce que possible :

« Une charge de cavalerie contre les hommes Hoare. Un lancier est passé sous mon bouclier et a pris mon armure au défaut du coude. C’était … lors de la défaite du Noir.

Votre mari est tombé quelques minutes plus tard à mes côtés. »


Il eut la décence de ne pas insister et se mordit la lèvre, silencieux tout à coup, pour laisser à Alysia le temps d’assimiler, peut-être de se recueillir, de se laisser à de doux souvenirs … Il ignorait quels avaient été, précisément, son sentiment à l’égard de son époux, mais considérait qu’étant le père de son enfant, il aurait toujours une place particulière dans son esprit, dans son cœur. Son visage se fit plus doux, moins solennel, à l’évocation de la prochaine génération qui dormait au chaud dans les entrailles de Winterfell et Bowen conclut :

« Probablement. Si les dieux le veulent, un futur petit Roi les accompagnera bientôt. Et ils seront plus en sécurité que nous ne l’avons été, que nos parents ne l’ont été, parce que les menaces qui pèsent sur le Nord seront mortes et enterrées. Alors, j’aurai fait mon devoir. »

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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyVen 20 Déc - 17:06

And she never wanted to leave
AN 1, MOIS 8


— Quel secret ? répliqua-t-elle avec un sourire malicieux, faisant mine de ne plus savoir de quoi il parlait. Je suis réellement heureuse que ce mariage fonctionne bien pour vous.

Alysia était rassurée de voir que tout se passait bien pour son ami Bowen. Il le méritait. C’était un homme droit, juste et honnête. Bien plus encore, il semblait avoir trouvé chaussure à son pied, avec son épouse, Maedalyn. Elle n’avait pas eu l’occasion de faire plus ample connaissance avec elle, depuis son arrivée, mais elle était persuadée qu’elle pouvait devenir une grande amie. Elle rentrait dans la catégorie des personnes qu’elle pouvait apprécier. Il fallait savoir qu’Alysia était une personne difficile en terme d’amitié. Elle exigeait la sincérité et une capacité à pouvoir s’amuser, tout en gardant le sens des responsabilités. Elle voulait pouvoir fréquenter des personnes à qui elle pourrait se confier en toute sécurité.

Pour le moment, elle ne pouvait pas se vanter d’avoir des Nordiens de cette envergure-là dans son entourage. Les choses avaient tellement changé depuis son départ pour La Veuve qu’elle ne savait même pas si elle pouvait être aussi honnête avec Bowen qu’elle avait pu l’être par le passé. Avant, elle n’aurait pas eu de problèmes à lui avouer qu’elle avait perdu sa vertu avec Jon, bien avant son mariage. Elle aurait même plus lui avouer qu’elle aurait aimé avoir plus, bien plus que cette relation charnelle. Il aurait été une épaule réconfortante et une oreille attentive. Pourtant, à présent, il était devenu père et mari. Il avait un statut bien plus important qu’autrefois et elle ignorait si elle pouvait lui confier des choses de cette ordre-là, sans risquer que la Cour soit au courant. Il était possible qu’il apprécie Eleanor bien plus qu’elle. Elle n’était pas jalouse. Loin de là. C’était seulement le tragique coup du destin qui l’avait forcé à partir loin de tout ce qu’elle aime. Mais peut-être que celui-ci avait décidé de la faire revenir là où tout à commencer. Si c’était le cas, elle aurait tant aimé que ce soit sans y laisser des vies.

Revenir à Winterfell était exactement ce dont elle avait besoin à l’heure actuelle. Elle avait besoin de ses amis, de certaines personnes qu’elle considérait presque comme sa famille, autrefois. De son éternel besoin de sincérité, elle posa la question qui lui brûlait les lèvres à Bowen.

— Rien n’a changé entre nous, n’est-ce pas ? Même malgré toutes les années passées ?


Alysia ne faisait pas un caprice d’enfant. Elle avait seulement besoin de savoir si sa place était toujours à Winterfell ou bien si elle avait besoin de la mériter comme autrefois. Ralentissant sa marche, elle tourna son buste en direction de son ami. Son coeur s’était légèrement compressé dans sa poitrine. Elle ignorait si la Capitale du Nord était encore sa maison. Tant de choses avaient changé, comme la complicité partagée avec des membres des Stark ou des hommes comme Bowen.

— C’est stupide, rajouta-t-elle en secouant négativement la tête. J’ai seulement l’impression d’être partie depuis bien trop longtemps.

Finalement, après quelques paroles échangés avec Bowen, la conversation dévia sur sa blessure au bras et à la chute de son mari. Elle écouta attentivement l’histoire, les sourcils froncés de par son sérieux. Ces champs de bataille n’avaient rien d’enviable. Ils n’étaient source que de chagrins et de sang. Elle ne comptait plus les veuves et les orphelins que la guerre avait faits. Tous devraient vivre avec ça, Alysia et comprit.

— J’espère que la plaie se refermera rapidement.

La jeune femme était sincère. Elle aurait espéré à personne de telles blessures, de telles souffrances. Mise à part son accouchement, elle n’avait jamais tellement connu la douleur et elle n’était pas certaine d’être capable d’affronter un quart de ce qui s’était produit à Eysines. Que ce soit sur le plan physique comme psychologique.

Finalement, ils se mirent à échanger sur leurs enfants et cela eut immédiatement le don d’apaiser les tourments d’Alysia. Elle n’avait plus à penser à son défunt mari. Son fils, Kaegan, était une véritable source de bonheur au quotidien. Il était le rayon de soleil de Winterfell, alors que l’hiver posé son épaisse couverture. Elle était heureuse de l’avoir à ses côtés et elle espérait qu’il vive de belles aventures entre les murs de ce château, autant qu’elle avait pu en vivre pendant son enfance. Jamais elle ne s’était sentie plus en sécurité qu’à l’heure actuelle. Kaegan allait enfin être entouré de joie et de bonne humeur, d’enfants de son âge et non pas du chagrin de sa mère. Cette pensée la fit doucement sourire. Elle allait pouvoir remonter la pente. L’invitation au château était la meilleure solution envisageable à l’heure actuelle.

— Espérons qu’il ne tienne pas de la malice de son père. Autrement, ils risquent d’embarquer nos sages petits enfants dans des histoires improbables.

Alysia laissa son rire résonner légèrement. Elle imaginait déjà les blagues qu’ils pourraient leur faire lorsqu’ils seraient plus grands et plus matures.


Emi Burton


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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyDim 1 Mar - 22:34

Sincèrement surpris par la question d’Alysia, Bowen manqua buter sur un caillou caché par la neige et traina un peu la jambe. Puis immédiatement ses pensées s’entrechoquèrent, ramenant d’un coup les souvenirs d’un passé pas si lointain, et qui lui paraissait pourtant dater d’un millénaire, ou presque. Y avait-il quoique ce soit de commun entre le Bowen de l’époque et lui, maintenant ? Entre Alysia jeune fille et celle qui se trouvait à ses côtés ? Honnêtement, il en doutait, par certains aspects. Personne n’aurait pu songer, alors, que cet adolescent fallot deviendrait le commandant des armées du Nord. Que sa famille serait détruite. Que le Nord perdrait son indépendance de son plein gré pour se fondre dans un ensemble plus grand, qu’il aurait contribué à fonder, et qu’un de ses représentants ne porterait pas de couronne. Il se revoyait, brusquement, dans la même cour, à se faire rosser par Conrad Omble pour n’avoir pas été suffisamment enthousiaste à l’entraînement, puis se traîner, plaies et bosses visibles et sanguinolentes, jusqu’à l’étage des lavandières, pour qu’elles ravaudent ses frusques et pansent ses plaies, avant qu’Alysia ne vienne gentiment lui apporter des cuisines un petit gâteau chipé pour faire passer sa douleur avec une sucrerie. Et il restait là, silencieux et un peu stupide, à ne pas savoir que dire hormis des remerciements gauches. Désormais, il ne restait plus grand-chose de ce grand dadais au sourire extrêmement timide et au duvet hasardeux entourant sa bouche, qui rougissait comme une pivoine au moindre compliment fait par une dame qu’il appréciait. Il avait appris, par la force des choses, à faire entendre sa voix, à faire taire ses angoisses et à devenir un seigneur, puis un conseiller sur qui l’on pouvait compter. Il était loin le temps où il se fondait aisément dans les ombres, car désormais, il n’en avait tout simplement plus le loisir. L’on venait quémander son soutien, là où certains se moquaient, fut un temps, de son caractère ou de ses manières ampoulées. L’on cherchait à lui plaire, là où beaucoup passaient leur chemin, à l’époque. Il l’avait vu même à Fort-Darion, au contact des nobles d’autres royaumes. Il n’était pas entièrement dupe, et comprenait aisément que sa compagnie n’était pas uniquement recherchée pour sa bonhommie proverbiale. Mais voilà, on pouvait ignorer l’écuyer de Torrhen ou l’héritier de Motte-la-forêt, pas le Sénéchal du Nord. Et on pouvait provoquer le jeune garçon, mais pas le Sénéchal du Nord – du moins, si on tenait à son rang, parce qu’il avait l’oreille du roi, et s’il répugnait à user son influence de la sorte, personne n’était en mesure de le savoir, et de vouloir parier sur l’avenir à ce sujet.

Et Alysia … il se souvenait de la jeune fille, et désormais, il avait une veuve de guerre devant lui, et une mère. C’était presque difficile que de concilier les deux, en vérité. Quoique, in fine, cela marchait pour lui aussi : mari et père. Or, cela impliquait des changements, c’était une évidence. On avait pas la liberté de ses quinze ans quand on avait un enfant, un foyer. Les responsabilités les rattrapaient bien vite, et Bowen qui avait toujours été trop sérieux ne risquait pas de s’être arrangé sur ce point. Peut-être était-ce pour cela que l’enfance était réputée pour passer infiniment trop vite : les années d’insouciance ne duraient pas. D’un autre côté, comment cela aurait-il pu être le cas ? On mourrait tôt, dans le Nord. Que ce soit de maladie ou du fait de la guerre, surtout ces dernières années. Il suffisait de regarder les rangs clairsemés de la noblesse masculine pour s’en rendre compte : ceux qui avaient atteint les cinquante ans se comptaient sur les doigts d’une main, parmi les aristocrates du Nord. Et ceux qui avaient dépassé la trentaine étaient finalement encore plus rares, car il ne restait pour beaucoup que de jeunes pousses ou de vieux barbons, ceux qui n’allaient pas au combat, ou n’y étaient pas allés suffisamment ces derniers temps pour trépasser dans les boucheries sudières, ou celles contre les sauvageons. Quant aux femmes, les rigueurs de l’accouchement se trouvaient décuplées en ces terres froides : la fièvre emportait beaucoup de parturientes, sans parler des nouveau-nés, qui survivaient peu à leurs cinq premières années de vie. Enterrer un enfant, ce n’était pas le témoignage cruel de la punition des dieux : c’était un spectacle normal, dont on ne parlait plus, parce qu’il fallait avancer. Coûte que coûte. Finalement, conscient que le silence s’étendait, Bowen finit par répondre, pesant chaque mot avec un soin extrême, hésitant entre chaque :

« Nous sommes toujours Bowen et Alysia. Quelques pouces en plus et une barbe n’ont pas changé ma personne. Mais … nous ne sommes plus uniquement cela. Je … ne le pense pas en tout cas. J’aimerai sincèrement pouvoir dire que nous pareils qu’avant. Ce n’est pas le cas, ce serait malhonnête. »


Un instant, ses yeux se voilèrent, et il lâcha brutalement :

« Depuis Motte-la-forêt, je n’ai plus jamais été le même, et je ne le serai plus jamais. Quand bien même je le désire. Il est des marques de sang qui ne s’effacent pas. »

Parce qu’il avait aimé la tuerie, pris goût au sang et à la violence. Qu’il avait décidé que plus jamais sa famille ne subirait ce qu’elle avait subi pour le Nord : il avait juré de s’élever, de gravir chaque marche qui le rapprocherait du pouvoir, et donc de la capacité à protéger les siens, et le Nord par extension. Il avait promis d’exterminer les ennemis de son royaume, et il entendait tenir parole. Même s’il devait, un jour, mettre à feu et à sang l’au-delà du Mur. Ou les Iles de Fer. Ils crèveraient tous, pendus à leurs propres tripes, et il en concevrait une intense satisfaction.

« Ce n’est pas stupide, Alysia. Effectivement, nous sommes différents, vous comme moi. Mais cela ne veut pas dire que le changement affecte les amitiés créées. Au contraire, si elles y survivent, c’est comme cela qu’on sait qu’elles sont réelles, et destinées à s’épanouir, contre vent et marée.

Et parfois, on se rend compte que le changement n’affecte pas tout. Que les petits riens demeurent. Comme le fait que les cuisinières de Winterfell sont toujours les meilleures. Et que leur chiper des beignets reste l’activité la plus drôle du château. »


On changeait en vieillissant, au gré des épreuves. Mais le cœur des hommes et des femmes demeurait le même, sous la couche de glace qui finissait par le recouvrir, du fait des épreuves. Il fallait simplement s’en rendre compte … et accepter aussi que certaines choses avaient évolué. La sagesse de l’âge, paraissait-il, vous y poussait. Bowen avait tendance à le penser. Sinon, Jon et lui continueraient à plus ou moins s’ignorer. Ou plutôt à s’éviter. Rien que pour cela … oui, il était important de ne pas rester les mêmes, car le changement réservait parfois de belles surprises, de celles qui devenaient éternelles. Ou pas, comme le fait qu’Alysia puisse qualifier Jon de malicieux, ce qui, autant le dire, n’allait pas nécessairement de soi quand on connaissait le caractère plutôt mélancolique du souverain nordien. Amusé malgré lui, Bowen déclara :

« Vous êtes la seule femme à avoir jamais dit cela du Roi en ma présence, vous savez, Alysia ?

J’entends toujours digne, noble, et quand je ne devrais pas entendre, bel homme et mystérieux. Mais malicieux …

Peut-être que finalement, j’ai tort : il est évident que pour certaines choses, rien n’a changé. »

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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Mar - 14:13

And she never wanted to leave
AN 1, MOIS 8



Alysia savait qu’elle n’aurait jamais dû poser cette question. Il était évident que les choses avaient changé entre eux, que jamais rien ne serait comme avant. Ils avaient tous les deux grandi, mûri en un sens. Il suffisait de voir la femme qui se tenait aux côtés de Bowen, et la petite famille à venir. Elle était loin derrière eux, l’époque où son ami s’inquiétait pour sa sœur et pour l’époux dont elle avait hérité. Elle se rappellerait toujours de cette soirée qui avait sans doute noté le début de leur amitié. Elle ne lui avait jamais tellement adressé la parole, à cause de Jon et de l’opinion très fermée qu’il avait pu avoir à son égard. Elle était jeune et elle n’avait pas voulu faire de mal à son ami en parlant à Bowen, tout en sachant pertinemment qu’il ne le tenait pas dans son cœur. Encore quelque chose qui avait changé avec le temps. Il suffisait de voir à quel point l’homme qui se tenait devant elle aidait le nouveau Roi dans son quotidien. Il était sans doute un allié de taille et, si elle avait été aux côtés de Jon pour gouverner, il ne faisait aucun doute qu’elle aurait choisi Bowen, pour être à leurs côtés. Il était un homme de confiance, droit dans ses bottes et il ne semblait pas capable de trahir les personnes qui lui étaient chères. Il était quelqu’un de réellement remarquable aux yeux d’Alysia et il représentait toutes les valeurs qu’elle espérait avoir un jour.

Quelque part, elle aurait aimé que son époux ait un peu plus des valeurs comme les siennes. Avec Ser Flint, elle n’était que rarement parvenue à avoir des points d’entente. Ils avaient des avis très controversés sur tout un tas de sujets. Ils n’avaient pas la même vision des choses sur l’éducation, la symbolique de la famille, les valeurs importantes… Une chance qu’ils priaient les mêmes Dieux. Autrement, les domestiques auraient certainement voulu quitter leur terre au plus vite. Ils avaient eu des débats très tumultueux, mais cela ne les avait pas empêcher de terminer les conversations dans leur couche, la plupart du temps. Alysia regrettait un peu, en y repensant. Il n’y avait jamais eu d’amour entre eux, mais cela n’avait pas empêché son époux d’être quelqu’un de vraiment bon. Si elle avait eu le recul qu’elle avait à présent, elle aurait sans doute appris à plus l’apprécier avant qu’il ne quitte ce monde. Malheureusement, elle n’avait pu s’en rendre compte qu’une fois qu’elle l’avait perdu. C’était bien souvent le cas…

Quoi qu’il en soit, elle était vraiment heureuse d’avoir pu trouver du réconfort auprès de ses amis, à Winterfell. Si elle les avait quitté, il y a quelques années, cela ne les avait pas empêchés de tenir une place toute particulière dans sa vie. Après tout, chacun avait contribué à sa manière pour faire d’elle la femme qu’elle était aujourd’hui. Bowen lui avait appris à ne pas se fier aux dires et aux apparences. Walton lui avait appris à s’amuser et à lâcher prise quelques fois. Jon lui avait appris à aimer. Cette pensée la fit légèrement rougir. Elle ne pouvait pas dire qu’elle avait été jeune et stupide quand elle avait fait le choix de donner son cœur et son corps au nouveau Roi. Elle avait eu pleinement conscience de ses choix et ne les avait jamais regretté. À présent, elle regardait quelques années en arrière et elle constatait à quel point les habitants de Winterfell avait contribué à la rendre meilleure. Même si chacun avait parcouru son petit bout de chemin, ils resteraient toujours ceux qui avaient marqué son enfance et son adolescence.

Voilà pourquoi elle trouva sa question assez stupide, après coup. Évidemment qu’ils avaient changé, mais pas dans leur fond. On ne pouvait changer une personne. Peu importe les événements de vie, ils resteraient toujours eux-mêmes, au fond de leur âme. Les regards, les sourires, les valeurs… Rien de cela n’avait changé et même si Bowen avait plus de responsabilités, que ce soit sur le plan familial ou politique, il resterait toujours l’ami qu’elle avait sincèrement aimé lorsqu’elle était plus jeune. Cette pensée la fit légèrement sourire et elle ralentit la marche pour se tourner vers son interlocuteur et apprécier plus pleinement ce qu’il était en train de lui dire.

Bowen avait une vision assez différente de la sienne. Il lui expliqua à quel point, depuis Motte-la-forêt, son existence n’était plus la même. Son cœur rata un battement, lui faisant prendre conscience qu’elle s’était peut-être un peu trompée dans sa manière de voir les choses. Il lui paraissait évident que la guerre changeait les hommes. Les femmes, également. Il suffisait de voir les énormes responsabilités qu’elle avait été obligée d’assumer à la mort de son époux. Bowen restait sans doute le même au fond, mais il avait vécu des traumatismes qui ne faisaient que le hanter continuellement. Elle s’en rendait un peu plus compte, à présent. Si les femmes devenaient veuves, les hommes voyaient des atrocités qu’ils n’étaient pas prêts d’oublier. D’un geste de pure compassion, elle déposa sa main sur l’épaule de son ami, un court instant, avant de la retirer et de reprendre la parole.

— Je n’ai jamais vu de telles violences de mes propres yeux, mais cela ne m’empêche pas d’être là, si vous avez besoin de parler, Bowen.

Alysia lui offrit un léger et doux sourire, espérant apaiser ses tourments, ne serait-ce que quelques instants. Finalement, il dévia la conversation sur des souvenirs plus amusants, concernant la cuisine du château. La jeune femme ne put s’empêcher de sourire, en se remémorant tout ce qu’ils avaient pu voler en cuisine et à quel point leurs ventres étaient bien remplis quand ils étaient plus jeunes. Oh oui, la nourriture du château n’avait pas changé. Toujours aussi succulente. Mais il ne serait pas bon, pour les images, d’aller chiper quelques aliments là-bas, n’est-ce pas ? Ils étaient bien trop grands pour s’adonner à ce genre de pratique.

Finalement, la conversation dévia sur Jon et Bowen lui fit remarquer qu’elle était la seule femme à l’avoir caractérisé ainsi auprès de lui. Amusée, elle ne put s’empêcher de lever les mains au ciel, l’air de dire qu’elle n’y était pour rien.

— Il faut arrêter de l’écraser sous le poids de tant de compliments. Cela lui fera les pieds de savoir ce que je pense réellement de lui.


Alysia rit de plus belle. Évidemment qu’elle plaisantait. Si Jon était malicieux (ce qui n’était pas un défaut à ses yeux), il avait un tas d’autres qualités. Et puis, elle pouvait se permettre de lancer des petites blagues sur le Roi, en compagnie de Bowen. Ils n’étaient pas à un stade où ils contenaient leurs émotions et leur façon de penser. Si elle se permettait des répliques aussi familières avec lui, c’était uniquement parce qu’ils avaient un long passif derrière eux et qu’elle savait qu’elle pouvait plaisanter de tout avec lui. Après tout, il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes dans le coin et elle savait que les femmes de la Cour aurait pu être outrées de telles remarques sur le Roi, même si elles étaient dites sur le ton de la plaisanterie. Certaines d’entre elles l’idolâtraient presque. Il suffisait de voir le nombre de compliments qu’elles étaient capables de débiter à la minute. Mais soit…  


Emi Burton

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MessageSujet: Re: And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé]   And she never wanted to leave [Tour VII - Terminé] EmptyMer 13 Mai - 19:09

Un instant, Bowen se remémora une discussion vieille de plus d’un an désormais, quand il s’était trouvé avec Jeyne dans le Bois Sacré et qu’il lui avait avoué n’éprouver que haine envers les sauvageons ayant détruit son foyer, et se complaire dans leur massacre. A l’époque, il avait espéré que cette horreur serait circonscrite seulement à ces chiens d’au-delà du Mur. Mais maintenant, il avait entièrement conscience que l’appel du sang était trop fort, que ce dernier avait une odeur qui rendait les loups du Nord bien trop carnassiers, et ce pour leur propre bien. Il aimait la bataille, la haine et la mort. Le nier ne servait à rien. Il tentait de contenir ses élans, mais il y avait toujours ce moment où il succombait, surtout au plus fort des combats, quand la vie ne tenait plus à rien d’autre que la chance, quand la vision se brouillait sous l’effet de la sueur qui coulait sous le casque, puis quand les coups portés achevaient de rétrécir son champ au diamètre que pouvait parcourir son épée. Et il y avait tellement à haïr : les fer-nés qui avaient vendu des armes aux sauvageons et avaient massacré l’Ile aux Ours après avoir envahi ses terres et tué ses gens, une nouvelle fois, les croisés qui n’attendaient que de détruire leur culture, qui avaient déjà pris un de ses petits cousins Karstark … Il ne doutait pas que la liste de ses griefs s’allongerait à mesure que la lutte s’intensifierait. Peut-être finalement que cette bestialité qui continuait intérieurement à le dégoûter faisait partie de la face la plus sombre de l’humanité. Oui, il en était même convaincu. Mais elle appartenait à une sphère bien précise, celle de la bataille, et il convenait qu’elle y reste, car aucun code social ne pouvait survivre, sinon, et avec elle toute idée d’entente, de courtoisie, bref, tous ces liens qui formaient la civilisation. Ils n’étaient pas hypocrisie, comme certains, naïfs, le pensaient, mais au contraire liant, huile passée dans les rouages des relations humaines pour précisément que la force ne règle pas tout, ou tout du moins qu’elle soit codifiée par des règles, pour que chacun puisse admettre que cet ordre du monde était juste et nécessaire. Cette croyance, néanmoins, ne réglait pas la honte qui continuait de le prendre, et n’atténuait pas son chagrin. Il avait juré, après cette unique confession, qu’il n’en parlerait plus. Du moins, pas aussi profondément. Certaines blessures ne devaient pas être rouvertes, quand bien même elles avaient été recouvertes à la hâte de chaux pour les empêcher de s’infecter, et qu’elles continuaient à brûler. Ni Maedalyn, ni même Jon n’avait jamais entendu la réalité de ses tourments. Seule Jeyne en avait eu le privilège, ou la malédiction, il ignorait le terme exact, probablement car ils savaient tous deux qu’elle partait bientôt, et qu’il n’aurait pas à subir le poids de ses propres mots à chaque regard qu’ils échangeaient. Alors, un sourire désolé et douloureux étira ses lèvres tandis qu’il disait dans un souffle :

« Ne vous inquiétez pas, Alysia. Le temps console et fait son œuvre. J’ai regardé le passé. Il faut que je sache me tourner vers l’avenir, quoi qu’il en coûte au premier abord. Il n’y a que des ombres derrière moi, et je crois qu’on gagne à s’occuper davantage des vivants que des morts. De nos enfants, plutôt que de nos parents. »

La famille qu’il s’essayait à construire, celles qui naissaient, parfois dans la douleur de la perte, valaient tous les sacrifices, toutes les attentions. Celles qui étaient irrémédiablement perdues n’apportaient que douleur et mélancolie amère. En ces jours de relative paix, avant que le fracas de l’appel aux armes ne résonne bientôt, car il avait l’intime conviction de vivre une parenthèse douce durant ces mois de mort qui n’allaient pas s’arrêter de sitôt, l’optimisme valait mieux que de s’attarder sur les souffrances du passé, que ce soit en passé ou en conversation. Il appréciait néanmoins à sa juste valeur l’offre de la jeune femme à ses côtés, douce et désintéressée. Il était bon, sans doute, de voir les mains tendues, pour se rappeler qu’elles existaient, que précisément, le Nord avait enduré et ne perdait pas sa solidarité coutumière.

« Votre soutien m’a déjà pleinement réconforté, et j’espère en retour pouvoir vous offrir la même consolation. Ainsi qu’aide plus concrète, si vous avez besoin d’un appui ou autre vis-à-vis de votre situation. Et nous serons ravis, avec mon épouse, de dîner un soir en votre compagnie de façon plus intime. »


Ils arrivèrent bientôt au marché et rapidement, Bowen gagna l’étal où il avait commandé le cadeau pour son épouse, à savoir une superbe broche à cheveux qui avait été forgée dans les métaux les plus délicats, car il savait que son épouse prenait grand soin de sa chevelure, qui faisait partie de son charme à ses yeux. Laissant Alysia admirer l’objet si elle le désirait, le Glover remercia l’artisan et lui tendit sa bourse pour paiement, avant de récupérer l’objet qui avait été placé dans un écrin. Une fois son précieux paquetage obtenu, tout sourire, il déclara :

« Je vais devoir regagner le château et entreposer ceci. Je puis vous raccompagner jusqu’à vos appartements, ma dame. »

Ils s’en furent donc, le brouhaha de la Ville d’Hiver s’effaçant derrière eux alors qu’ils pénétraient dans l’enceinte réservée aux hôtes de Winterfell, et Bowen se sentait plus léger, plus guilleret, certain que cela n’était seulement dû à la joie qu’il imaginait déjà se dessiner sur le visage de son épouse. Il était doux de retrouver ses amis, et de constater que si tout avait changé, rien n’avait changé non plus.

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