Que pensez-vous de la situation tendue entre les différents royaumes de Westeros ? Vous sentez-vous concerné ? Je me sens tout particulièrement concerné dans la mesure où j'ai l'intention de mettre fin à la barbarie qui règne sur Westeros. Le passé nous a appris que la cohabitation entre plusieurs royaumes était une plaie qu'il me fallait à tout prix rectifier. Je mettrai fin à la division des sept couronnes - quel qu'en soit le prix - afin de créer enfin une ère de prospérité. Cela dit, je n'ai jamais estimé que le sel et le roc se devaient d'écraser tous les rois. L'équilibre des puissances, tel que l'a théorisé mestre Quyvame il y a de cela cent cinquante ans, est une douce chimère qui n'a pas sa place dans notre siècle. Les royaumes seront gouvernés par une couronne unique ou ne seront pas.

Êtes-vous loyal à votre Royaume, à la famille régnante, ou seriez-vous plus... Electron libre ? Les gens me prennent pour un monstre ; on dit partout " Harren, loyal à Harren. " Même mes gens me soupçonnent d'être un tyran - mais à leur bonne heure, un tyran puissant. Je suis fatigué qu'un tel voile de ténèbres persiste sur leur face d'ingrats. Oui, je tue, je torture et je détruis. La vie m'a apprit qu'un monstre gouverne plus facilement qu'un faible. Je ne suis pas toujours juste, et je ne suis jamais un roi aimant. Mais je suis ce que je dois être, je suis celui qui mettra fin au chaos, à la guerre et à la trahison. Je crois au Bien Souverain ; et lorsque j'en aurai fini avec les prétendants, lorsque j'aurai dans ma poigne de fer tout Westeros, alors viendra le temps de tomber le masque. En attendant, le sang doit pleuvoir.

Si jamais la guerre venait à toucher votre région, quelle serait votre réaction ? Oh, mais la guerre touchera inévitablement mes terres ; il y aura toujours quelqu'un pour commettre cette erreur. Le cas échéant, je préférerais que l'ennemi ne connaisse pas ma réaction. Mais il n'y a rien à prévoir. Que dire ? Qu'un ou deux villages brûlent, je ne m'en formaliserai point pourvu que mon intérêt se trouve ailleurs. Néanmoins, je refuse de passer pour un faible et celui qui pense pouvoir braver ma souveraineté en piétinant mes gens, je le donnerai aux orphelins, aux veuves et aux veufs qu'il aura produis, je donnerai à manger à mes gens ses joues, ses cuisses, ses mains, son ventre, son nez, et ne lui laisserai que ses yeux pour regarder.

Vous avez sûrement entendu parler de l'embuscade tendue par Harren le Noir à Aegon Targaryen, que pensez-vous d'un tel acte, espèce de sale monstre ? Je n'ai pas à rougir d'avoir fait ce qu'il fallait pour défaire l'envahisseur étranger. Ces dragons sont un fléau et les Targaryens ont des revendications quand un roi doit avoir une légitimité. Certains me traitent d'assassin perfide - jamais en face, évidemment. Il est heureux que des notions aussi stupides que l'honneur existent, sans quoi la tâche me serait moins aisée. Je pense que les Targaryens sont des gens respectables, et que le peuple pourrait presque les aimer. Mais ce sont avant tout des envahisseurs, des étrangers venus de terre maudites, en exile. Eh bien, qu'ils repartent d'où ils viennent, ces magiciens chevaucheurs de dragons. Personne ne sait ce qui a provoqué le fléau. Moi je pense que leur hybris n'apportera que le malheur en Westeros. Je n'ai aucune affection pour les dieux, mais je ne les toise pas, moi. Ces blanches-tiffes se pavanant avec l'avatar du feu sont une dynastie de la catastrophe.

Salut moi c'est Wex. J'ai découvert BC en me faisant embobiner par Mathie Rivers. J'aime beaucoup les trucs bien. Sur Bc, j'aime bien le Cyvosse mais j'aime pas trop par contre les histoires de cul et les avatars pimp. J'ai bien pris connaissance du règlement intérieur. La devise du forum est

Je suis assis.
Pas sur le trône, pas sur la chaise du conseil, ou sur un étalon. Pas sur une curule de général. La tête me tourne un peu, mon équilibre tourne casaque et mes sens semblent déceler de profondes vérités qui n’appartiennent pas à l’homme. Mais je sais que cet état est traître. Je me dois d’être plus fort que moi-même et tendre l’oreille.
Je suis assis sur une chaise percée.
Et je médite sur la profonde ironie du pouvoir.

Un parchemin de mauvaise qualité, trop rigide, occupe mes mains et mon esprit. Il y a là un bilan des prévisions de l'été. Le recensement semble être prometteur. J'aurai pourtant besoin de plus. J'ai toujours besoin de plus. Les membres du conseil semblent enfermés dans le présent, maintenant que l'hiver est terminé. De nombreuses gens, de nombreuses récoltes. Voilà qui fait un administrateur heureux, sur le roc.

Mais Harren a plus de sel dans le sang que dans les cheveux. Comme le saumon, je devrai un jour ou l'autre remonter le cours de mon existence ; le mien sera celui des larmes. Halleck, Harwyn, Qhorwyn, Harlan... Sommes nous nos ancêtres ou seulement ce qu'ils ont fait de nous ?

Il doit bien y avoir un moyen d'augmenter la natalité de manière plus efficace dans le Conflans. Lorsque tout sera terminé, lorsque les terres auront été abreuvée de chair et de sang, il me faudra des mains pour labourer, récolter, faucher. A quoi sert un royaume que l'on perd une fois conquis ? A quoi sert un royaume que l'on perd ?

Ici, dans mes latrines, assis sur ma chaise percée, des chiffres sous les yeux, je me demande :
A quoi sert un royaume ?

Le problème avec le pouvoir, c’est que plus on en a, plus on en perd.
Dans les latrines, l’odeur de sciure, de café et de chaux sature l’atmosphère. Ce peuple n’obéit pas au Dieu Noyé. Des païens au sang faible, voilà ce que j’ai choisi de gouverner ; il me faudra faire avec. J’enverrai une missive au Grand Septon pour lui demander de décréter une fête quelconque. Avancer de trois jours les libations du Ferrant dans le Conflans pourrait être une bonne idée. Si les paysans besognaient leur femme maintenant, il y aurait sans doute assez de mains pour semer dans quelques années.

Après m’être vidé d’un bon galon, je rejoins ma chambre comme je le peux. La limite est mince entre beaucoup et trop, il me semble qu’un verre de plus serait une mauvaise idée. Lorsque j’entre, je sens le feu brûlant de la cheminée embaumer mon corps. Lorsque j’entre dans le lit, elle est là, encore plus brûlante.

Nous essayons de mener notre affaire, mais l’alcool s’interpose. Qu’importe, elle n’est pas là pour ça.
" Tu ne devrais pas mettre autant de bois dans l’âtre ; ça ramollit le corps.
- C’est le vin et non le bois qui t’as ramollit le corps. " Myria sort du lit et va ouvrir une fenêtre. La lumière des flammes se reflète parfaitement sur son corps.
Une agréable brise rompt les caresses sournoises de la cheminée.

" C’est la dernière fois qu’on se voit… Avant un moment. "
Elle se fige. Puis se glisse sous les draps avec une langueur redoublée.
" Sa Majesté s’en va en campagne ?
- Sa Majesté à d’autres choses à faire que de compromettre le mariage de son héritier.
- Jamais ça n’arrivera.
- Il ne s’agit pas de ça. S’il quelqu’un devait apprendre cela, on pourrait l’en informer au mauvais moment. J’ai pas envie qu’il retourne son armée une fois arrivée au Neck.
- Tu veux l’envoyer dans le Neck ?
- N’essaye pas de m’en dissuader.
- Je n’en n’avais pas l’intention. Alors on attaque le nord ?
- Ça m’en a tout l’air. Avec ces sauvageons qui ont débarqués, le fruit est on ne peut plus mûr pour la cueille. "

Elle ne dit rien. Je peux l’entendre réfléchir tellement elle le fait fort. Puis, d’un air léger :
" Il va y arriver. Je sais que tu t’attends à ce qu’il meurt à Moat Cailin, mais là où les autres ont échoués, il réussira.
- Pour qui me prends tu, femme ? Je sais pertinemment qu’il réussira. Mon sang coule dans ses veines. Tout ce que je veux, c’est qu’il s’en rende compte. Je veux qu’il prenne conscience de ce que cela signifie. "

Myria me dévisage avec ses yeux de catin. C'est une belle femme, au corps magnifique et à la chaude voix, mais je lui ai toujours trouvé des yeux de catin ; pourquoi - autrement - m’aurait-elle plu sinon pour son regard malsain. Mais tandis que je m’étire sur le lit, ses yeux trahissent la perplexité. Elle ne comprend pas.

Personne ne comprend.
" Ton époux est un stratège aguerri et un soldat redoutable, mais il croit qu'il doit me contenter pour être un roi. Il croit qu’il peut revenir d’une campagne et exhiber le chef de quelque ennemi du sel et du roc et que je serai satisfait à opiner, comme un de ces gras lords qu’il se plaît tant à pourfendre. "

Non, Myria, tu es assurément une femme de stature royale, mais ton mari ne l’est pas. Je songe que je pourrai faire d’elle ma femme. Après tout, les jumeaux ont toujours été importants, à mon plus grand regret. Mais il y a tellement d’autres possibilités. Le pouvoir… Et les pensées impures qu’il apporte. Est-ce que l’un de mes enfants pourrait me tuer ? J’ai eu beau réfléchir au problème sous tous les angles, la seule conclusion qui me parvint était que je devais gagner du temps. Un héritier n’est jamais patient.
Je dois gagner du temps, et diviser pour mieux régner.

" Je ne veux pas qu’il parte en conquête en pensant qu’il sera un jour à la hauteur du royaume. Peut-on seulement être à la hauteur d’une telle chose ? Nos ennemis nous cernent de toutes parts. Pire, nous avons des alliés !
Quand Joren ira dans le nord... "
Il n’ira jamais.

" Quand il passera Moat Cailin… "
Il ne sera jamais roi.

" Je veux qu’il saigne et qu’il sue ; je veux qu’il voit ses hommes mourir sous ses yeux, par centaines et par milliers. Et lorsqu’il aura prit le Neck, je veux qu’il comprenne que tous ses efforts n’étaient qu’une goutte d’eau dans l’océan. "

Mais Joren se prend pour l’océan. Il n’y a rien à faire de ce genre de personne. Si je conquière un royaume, comment pourrai-je jamais mettre un monstre à sa tête ?
" Je veux qu’il prenne enfin l’ampleur de la tâche qui l’attend ! Qu’il comprenne qu’un roi ne connaît jamais, jamais le repos ! Qu’il… "
Je ne peux pas finir ma phrase, une toux violente m’embrase les poumons. Je me redresse tant bien que mal et Myria semble sur le point d’appeler du secours.

Ma main empêche cette initiative farfelue, sa peau est comme de l'airain brûlant. Sa ronde poitrine se soulève rapidement au rythme d'une respiration paniquée ; dans ses yeux, je ne sais si je lis de la peur ou de l’impatience.
Des ennemis, partout.
Du plaisir, peut-être ?

Une gerbe de sang vient maculer les draps de soie. Un silence sépulcral s’abat. Nous restons là, assis l’un à côté de l’autre, à observer une sordide éclaboussure pourpre comme des haruspices.
" Tu ne dois parler de cela à personne. Surtout pas à Joren. Si le royaume apprend…
- Le royaume n’apprendra rien. Joren n’apprendra rien. "

Il saura tous, je me dis. Dés lors que tu quittera cette chambre. Dés que les doigts de rose de l’aurore caresseront Harrenhal ; il saura.
Je me sens triste, comme si j’avais arrêté de croire en quelque chose de très beau.

" Tu devrais t’en aller, Myria. Avant que l'activité du château ne reprenne. "
Elle hoche la tête, muette, et un instant immobile, aussi. Puis elle se penche vers moi.
Je détourne ma face de ses baisers. Dolce Myria, tu es aussi sauve que le vitriol.

Elle récupère ses habits et s’en va, à demi nue. Les couloirs sont vides, mais ma chambre est pleine. Trop pleine de moi. Seul, j’étouffe le feu de la cheminée et ouvre plus grand les fenêtres. La température de la pièce ne tarde pas à chuter. Je me rends vers la bassine de toilette et me rince la bouche, puis je vais me coucher.

L’esprit serein, je m’endors pour ne me réveiller peu de temps plus tard, en pleine aurore. Immobile dans mon lit, je fixe le plafond en jouant avec le trou dans ma langue, là où je me suis mordu.

A mesure que je jour progresse, la pièce dore de plus en plus.
Et Harren le noir, chaque seconde, devient de plus en plus noir.