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 Hatred [Tour VII - Terminé]

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MessageSujet: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptyDim 30 Juin - 23:32

La haine, pure et profonde, brûlante et sanglante. Il n’y avait qu’elle, que ce brouillard rougeâtre et persistant obscurcissant sa vision, l’empêchant de réfléchir correctement, ou simplement de penser à autre chose que de brutales envies de meurtre. Lyman avait beau être un homme pondéré, calme, relativement affable, là, il sentait la fureur déchirer l’intégralité de son âme et le transformer en un monstre sans pitié. Par deux fois, on avait attenté à la vie de son père. On s’était introduit dans le palais Lannister, près de son fils, de sa femme, de ses neveux, de sa famille. Fini la tolérance, la tentative de préserver les apparences : le Lion venait de se réveiller et à cet instant, la lueur mortelle dans ses yeux rappelait un peu trop sa mère. Le Prince avait soif de sang et regrettait que l’assassin se soit écrasé en contrebas de la forteresse. Il aurait voulu le prendre vif, le briser, lui arracher la peau et les ongles avant de plonger les moignons dans du plomb fondu … Rien, rien n’aurait été brutal, tout lui paraissait infiniment trop doux. Et ceux qui avaient organisé cela … il n’y aurait nulle part sur terre où se cacher. Il se le jurait : ils payeraient, tous, il raserait en personne leur royaume, tuerait leur femme et leurs enfants, brûlerait leurs serviteurs. Il n’y aurait ni pardon, ni pitié. Juste la vengeance. Juste la haine.

Et elle brûlait, encore et toujours, déformant les traits ordinairement harmonieux de son visage. Jamais il n’avait ressenti une telle hargne le prendre, viscérable et puante, telle un chancre immonde et sordide, qui bourgeonnait depuis un moment et s’épanouissait désormais pleinement au cœur de son esprit de fils meurtri, dans sa fierté de Lannister ébréchée. Ses mains tremblaient, et le sang perlait alors qu’il avait enfoncé ses ongles dans sa paume depuis trop longtemps. Il avait besoin d’extérioriser, vite, avant d’empoigner le mobilier et de le balancer contre les murs, tant il ressentait la nécessité impérieuse de détruire. Ses pas le menèrent presque naturellement à l’extérieur du château, dans le corps de garde, où il empoigna sans mot dire épée, bouclier et armure. Une fois harnaché, il se dirigea comme un automate vers le terrain d’entraînement, à la surprise non dissimulée d’à peu près tous les participants ordinaires, qui savaient parfaitement que le Prince dédaignait les jeux guerriers. Mais il était là, défiant d’un simple mouvement d’épée quiconque de le provoquer. Finalement, un jeune homme s’avança. Qui il était ? Cela n’avait aucune importance. Après un bref salut, Lyman chargea sans se poser de questions, attaquant avec rage à défaut de virtuosité. L’épée ne lui avait jamais parue aussi légère.

Frapper, encore et encore, aveuglément, sentir les contours de ses muscles se durcir et son souffle se raccourcir, sa respiration s’altérer et ses pensées s’obscurcir l’emplissait d’un bien être étrange, et il comprenait enfin ce qu’il y avait d’exaltant dans ces méthodes de brute qu’il exécrait ordinairement. Mais ce n’était pas un jour ordinaire. Alors le Prince armait son bras, encore et encore, emboutissant le bouclier adverse avec régularité, le bois s’ébréchant sous ses coups de butoir. Les coups sur sa propre armure l’assommait encore plus, réduisant définitivement son cerveau à celui d’une bête féroce et avide. Il n’avait jamais ressenti ce besoin de violence, ce déchaînement … mais maintenant, il le comprenait, oh oui, il voyait pourquoi tous ces gens allaient à la mort en chantant : c’était libérateur. Ses bras devenaient lourds, et il prenait des coups, mais continuait à s’avancer, pour la première fois de son existence insensible à la douleur, à la fatigue, focalisé sur son envie de pulvériser son adversaire. La targe finit par se fendre, et l’épée de son opposant lui caressa les côtes avec velléité, lui coupant momentanément le souffle. Il répondit d’un coup de pied vicieux, déstabilisant les appuis du garçon et en profita pour extirper sa propre arme du bois, avant de tenter le coup de grâce.

« Assez ! »

Son adversaire rendit les armes, en ayant sans doute assez de servir de quintaine vivante à son Prince, ne pouvant répliquer avec autant d’intensité par crainte de le blesser et devant subir sa fureur en position défensive. Soudain, Lyman se rendit compte de sa fatigue, et chancela légèrement, avant de se reprendre. Quittant la lice, il ôta son casque, la sueur coulant de son front. Un sourire étrange apparut sur son visage. Vidé, le Lannister se sentait étrangement mieux. C’est alors qu’il aperçut sa sœur, et il se sentit aussitôt coupable. Est-ce qu’elle … ? Est-ce qu’il lui avait fait peur, à se mettre en danger ainsi … ? Il ne se souvenait pas avoir jamais été aussi … incapable de se maîtriser, si hargneux. En même temps, il n’avait jamais été aussi empli de rage que quelques minutes auparavant.

S’avançant finalement vers elle, son casque sous la main, il finit par se retrouver devant elle, et il ne sut que dire. Le soupir s’échappa de ses lèvres, aveu d’impuissance, de faiblesse :

« Megara ? »

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MessageSujet: Re: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptySam 6 Juil - 2:41

C'était comme si les Dieux refusaient de la laisser en paix. D'abord, ils avaient fait s'abattre leur courroux sur ses épaules, sans qu'aujourd'hui encore, elle ne parvienne à discerner les raisons exactes qui les avaient poussés à agir ainsi. Ensuite, bien des mois après, Lyman était parti en direction du Nord, risquant sa vie dans ces contrées si lointaines. Lorsqu'il était enfin rentré, Megara avait alors retrouvé un frère, tout en gagnant également une belle-sœur, et un futur époux. Peu de temps avant que sa cadette ne les quitte, pour entreprendre ses propres épousailles, loin, là bas, dans le Val. Gareth et elle s'étaient mariés et, si rapidement après, Lyman avait été envoyé à Falwell réglé les troubles qui y dégénéraient. Quand son princier frère avait regagné la forteresse royale, c'était Gareth qui s'en était allé, de nouveau vers ces contrées septentrionales, terres natales de Jeyne, en accompagnant cette dernière dans des pourparlers. Les choses avaient dégénéré, et cela avait été à Loren de quitter à son tour Castral Roc, pour rejoindre cette délégation en proie à bien des menaces. Ils étaient finalement rentrés, en un seul morceau, certes, mais tout de même éprouvés, surtout mentalement, sans nul doute, là où Gareth y avait tout de même récolté une vilaine blessure à la jambe. Et puis, la nouvelle du trépas de Nymeria avait tonitrué, ravageant tout sur son passage, et surtout, dans le cœur de Megara. Elle avait enduré, jusque là. Enduré sans se plaindre, en maintenant le cap et en ne perdant pas la face, malgré toutes ces émotions qui se fracassaient en son for intérieur. Cette incapacité qui était la sienne à parvenir à étouffer cette folie charnelle qui la tenaillait la laissait en effet avec un vaste sentiment de honte et d'impuissance. Et puis, alors que son époux et son père étaient au loin, elle avait dû vivre les premières semaines de sa grossesse, alors que sa belle-sœur, en compagnie de ces deux hommes si chers au cœur de Megara, se trouvait elle aussi être une future mère en devenir. Et puis, la Princesse de l'Ouest avait ensuite dû faire face à la terrible nouvelle de la mort de sa cadette, de sa petite sœur chérie, de sa Nymeria adorée, alors même qu'elle n'avait pas accouché et que cet être adoré que les Dieux lui avaient arrachée allait elle aussi devenir mère. Elle avait tremblé, alors, Megara. Et plus que ça, même. Dans la sphère privée, elle n'avait eu aucune honte à le reconnaître et à s'affaisser, mais en public, cela avait été une toute autre histoire.

Mais elle avait tenu. Oh oui, elle avait tenu, malgré tout. Megara n'était en rien de ces jeunes filles qui se pavanent et s'enorgueillissent de la moindre de leurs actions, loin de là. Mais elle avait tout de même suffisamment d'amour propre et de vanité pour ne pas diminuer d'elle-même ses propres qualités et être bien trop modeste au point que cela tourne au ridicule. Elle avait tenu, Megara, et visiblement, cela déplaisait fortement aux Dieux. Sans penser que tout ceci ne lui était destiné qu'à elle, quand elle se réveillait en proie à des cauchemars harassant, la nuit, où le délire quelque peu fiévreux prenait quelque peu le pas sur la réalité, elle en venait à se dire que les Dieux voulaient la pousser à bout, voir jusqu'où elle pouvait tenir avant d'atteindre le point de non-retour. Et face à son refus d'entièrement ployer, et bien, ils continuaient, encore et encore. Comblée de bonheur par la naissance de ses jumeaux, peu de temps avant d'être devenue la tante d'un magnifique petit garçon, elle avait très rapidement déchanté. Trop rapidement, même, et cela lui donnait encore des hauts le cœur rien que d'y penser. Car en l'instant où Martyn avait rejoint les rangs des fidèles et des adorateurs des Sept, on avait attenté à la vie de Loren. Megara avait tout vu, et cela la terrorisait. Elle revoyait encore trop souvent la scène rien qu'en refermant les paupières, et ... Et il y avait Gareth. Bien sûr qu'il y avait Gareth, auprès d'elle dès qu'il le pouvait et ce malgré ses journées bien chargées et la somme des importantes responsabilités qui lui incombaient. Sans lui ... Non, elle refusait d'y penser. Elle savait ce qu'elle lui devait, et était également parfaitement consciente qu'elle ne parviendrait sans doute jamais à lui en être suffisamment et assez justement reconnaissante. Mais maintenant ... Maintenant, c'était comme si tout était jeté à la mer, comme si tout ce qu'il était parvenu à lui faire regagner en conviction, en espoir et en apaisement leur avait été repris à tous deux. Car on avait de nouveau tenté de faire périr Loren, déjà bien affaibli. Et la jeune femme se demandait alors combien de temps cela allait encore duré. Combien de forces possédait-elle encore, combien de larmes pouvait-elle encore verser avant que leur flot ne se tarisse, entièrement ponctionné, jusqu'à ce que Megara ne soit plus rien qu'une coquille vide ? Sans doute les choses dérivaient-elles déjà vers cette tragique pente, car elle s'était retrouvée aux abords du terrain d'entraînement sans même s'en rendre compte. Et elle avait été tirée de sa déambulation quelque peu léthargique et fantomatique par la force des coups portés par son frère à ce jeune homme. Une léthargie qui s'était également brutalement effondrée face au fracas des armes et des cris. Alors, elle resta là, sans trop savoir quoi dire et quoi faire, désemparée et si chamboulée. N'osant ni s'avancer pour s'enquérir de l'état de santé de Lyman, ni reculer pour fuir tout ceci et disparaitre du champ de vision de son aîné.
    ❧ Je suis désolée. ❧ Ce furent les premiers mots qui franchirent le seuil de ses lèvres, instinctivement, sans qu'elle n'ait pu les réellement les choisir, et sans qu'elle ne parvienne trop à pouvoir expliquer en quelle direction se dirigeait ses excuses. Elle tremblait, légèrement, mais elle le savait, c'était sans doute le visage qu'elle offrait à son aîné qui pourrait bien inquiéter ce dernier. Elle devait bien être livide, ou quelque chose s'en rapprochant fortement, alors qu'anxieusement, ses doigts s'accrochaient au tissu des manches bouffantes de la tunique qu'elle portait sous sa robe. Comme une petite fille prise en flagrant délit après avoir commis une bêtise ou ayant apposé un affront aux siens. A l'intérieur, son esprit allait à vive allure, et ce ne fut qu'en cet instant là qu'elle réalisa qu'elle devait bien avoir quitté ses appartements depuis plus d'une heure déjà, laissant ses fils dormir sous la surveillance zélée d'Enorya, sa dame de compagnie, et cousine de sa mère Jordane. En revanche, elle ne parvenait pas à se souvenir de ce qu'elle avait bien pu faire pendant cette heure, d'où elle avait pu aller, de qui elle avait pu rencontré, ou ne serait-ce que croisé. ❧ Je ... Je cherchais Gareth. ... Je crois. ❧ Elle n'en était même pas sure, alors qu'elle mobilisait brusquement toutes ses forces pour n'instiguer aucun sentiment de culpabilité à Lyman, et ce même si le voir dans un tel état n'aidait en rien à ce qu'elle puisse se sentir moins éprouvée. Sortant un mouchoir de l'une de ses manches, avec douceur et délicatesse, elle fit un pas, un peu chancelant, en direction de son frère, avant de tapoter l'une de ses tempes, pour en éponger quelque peu la sueur.


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MessageSujet: Re: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptyJeu 18 Juil - 19:56

Lyman avait toujours détesté que sa famille assiste à ses entraînements, lorsqu’il était plus jeune. Il haïssait voir l’expression déçue de son père, celle dédaigneuse de sa mère. Il haïssait presque encore plus voir apparaître Megara, parce qu’il l’enviait de ne pas avoir à subir cette torture, d’exceller dans ses travaux de Princesse alors que lui aurait tellement voulu, parfois, échanger leurs places, juste pour qu’on le laisse aimer la poésie, la musique et les œuvres d’art, ces goûts si féminins aux yeux de tous les chevaliers de son père, qui ne pensaient que guerre, boisson et femmes. Et il comprenait la nécessité de la guerre, il appréciait le bon vin, il adorait les femmes. Juste … Il aurait voulu que sa valeur soit reconnue pour autre chose qu’agiter un bout de métal. Mais non, et beaucoup se demandaient comment le fils du Lion vainqueur du Bief et d’une fille de la lignée du Sanglier pouvait être un avorton de son acabit. Et il abhorrait voir Nymeria l’observer avec envie, parce qu’il ne supportait pas d’être là, et qu’au fond de lui, la voix de la jalousie lui susurrait parfois que sa petite sœur aurait été bien meilleure que lui à ces petits jeux guerriers, ce que sa fierté et son arrogance toute Lannister ne pouvaient supporter. Alors, il avait serré les dents, il s’était entraîné avec Gareth au petit matin et à la nuit tombée, et il avait enduré les remontrances paternelles, suivi ses conseils. Mais définitivement, la lice n’était pas son endroit préféré. A chaque fois qu’il avait tenté d’y briller, sauf ce fameux tournoi remporté et dont il demeurait persuadé que les résultats avaient été pipés, il n’avait pas passé le premier tour et avait mordu la poussière. Il n’avait vaguement brillé qu’à la Mort-aux-loups, et à son humble avis, il avait surtout eu du mérite d’avoir survécu, rien de plus. Alors voir Megara ici, c’était étrange, en partie parce qu’elle ne venait que peu là, par manque de goût ou délicatesse, il ne savait pas, mais surtout parce qu’il ne ressentait pas cette gêne ordinaire, comme si sa haine incandescente avait levé ses inhibitions et que, pour la première fois, il avait frappé pour frapper, et non simplement pour exister aux yeux des autres ou pour qu’on le laisse en paix. Et cette violence égoïste l’avait soulagé comme jamais.

Pourtant, bien vite, l’ancien Lyman, le normal, reprenait le dessus, et il se sentait honteux d’avoir été pris à de tels effusions guerrières, à s’être laissé aller à ces amusements brutaux qu’il avait pris tant de plaisir à déconsidérer. Il avait l’impression d’avoir été pris en faute, que sa sœur avait été témoin d’un égarement, d’une faiblesse soudaine de caractère, dans un paradoxe le plus total. En vérité, les émotions qui traversaient Lyman étaient tellement contrastées qu’il aurait été incapable de toutes les démêler, et encore moins de les expliquer. Il voyait juste Megara à travers le rideau de sueur s’écoulant de son front, et il n’arrivait pas à extirper une pensée cohérente de cette vision. Ce ne fut qu’au moment où elle s’approcha qu’il remarqua son air hagard, sa pâleur, comme un reflet de son propre état. Il la sentait perdue, autant que lui. Manifestement cette deuxième tentative d’assassinat, si elle avait manqué de peu sa cible, et encore, il faudrait attendre pour le dire définitivement, avait réussi un objectif annexe : ébranler la famille Lannister. La meute des Lions, déjà meurtrie par la perte de Nymeria, par cette première atteinte qui avait manqué tous les blesser, était à présent traquée jusque dans sa tanière. Et Lyman avait envie de hurler de rage face à son impuissance, et d’étriper sauvagement et lentement la moindre personne qui avait trempé de près ou de loin dans cette sinistre affaire, qui avait mis sa sœur dans un tel état, qui l’avait fait abandonner ses principes, qui avait tâché le blason léonin. C’était un sentiment étrange, que la colère noire, pour un placide comme Lyman. Aussi le contraste entre sa physionomie habituelle et cette lueur mortifère, cette lèvre qui se tordait en un rictus aux reflets dangereux n’en était que plus palpable. Et Megara, si belle et si altière, n’était plus qu’un fantôme vacillant. Il l’observa s’excuser, avant d’essuyer son front. Les mots sortirent d’eux-mêmes de ses lèvres, sans qu’il ne sache d’où ils venaient, pourquoi il les prononçait.


« Je suis désolé aussi. »

D’être faible. De ne pas avoir su la protéger. D’être inutile. De s’être laissé envahir par la rage. De ne pas réussir à se dominer. De ne pas être là pour l’aider. De tout, de tout, et de rien. Il se sentit trembler sous les assauts de son mouchoir, extirpé de sa gangue de haine par ce toucher fraternel qui le ramena presque brutalement sur terre, lui coupant momentanément le souffle. Et alors il vit véritablement le trouble de sa sœur, ses sens lui revinrent. Immédiatement, l’inquiétude perça : le choc avait-il empiré son mal ? Faisait-elle une crise ? Etait-ce pour cela qu’elle cherchait Gareth ? Avait-elle … ? Il s’occuperait de cela plus tard. Lyman respira profondément l’odeur de sueur et de poussière alentour et entoura immédiatement sa sœur de son bras, en une étreinte protectrice. Et il murmura à ses oreilles :

« Gareth est en train d’écouter les derniers rapports de nos agents et de les redéployer. Je vais aller le faire chercher. Viens, tu as besoin d’air, tu sembles pâle comme la mort. »

Il l’entraîna avec lui à l’écart, la plupart des personnes présentes se détournant du frère et de la sœur qui s’en allaient et lorsqu’ils furent éloignés, Lyman souffla à voix basse, pour que seule Megara puisse l’entendre :

« Est-ce que tu … est-ce que tu as besoin d’un verre d’eau ? De … »

Il n’arrivait pas à prononcer le nom du garde de sa sœur, de peur de la troubler ou de manquer de délicatesse et se retrouvait, une fois encore, les bras ballants, à ne savoir que dire, et à seulement sentir son cœur cogner dans sa poitrine aussi violemment qu’il aurait aimé écraser une nouvelle fois la tête de cet assassin contre les murs de Castral Roc. Alors il la fixait mutique, prêt à … il ne savait même pas à quoi, juste à lui fournir ce dont elle avait besoin, et rester en sa compagnie, au moins jusqu’à ce que Gareth prenne le relais.

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MessageSujet: Re: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptyJeu 25 Juil - 23:35

Son père le lui avait répété, mais Megara était une enfant de l'été. Une enfant de la paix. Tout comme son frère et sa sœur. Elle était née et avait grandi en des temps où la guerre n'était pas forcément encore un lointain souvenir, mais elle avait été épargnée. Une chance, sans nul doute, dont elle n'avait pourtant réellement pris conscience que lorsque les temps s'étaient troublés. Une richesse dont elle n'avait saisi les pleins arômes que lorsque ce fruit sucré et délicieux avait commencé à avoir un goût acide et amère en bouche, à l'instant même où la paix s'était doucement étiolée. Elle ne voulait pas que tout sombre, bien évidemment. Si elle le pouvait, elle s'accrocherait désespérément à tout ceci, aussi peu conventionnel et princier puisse être une telle attitude. Mais en prenant pleinement conscience de ce qu'elle avait eu jusque là, et de ce qu'elle risquait donc de perdre, elle se refusait à devoir s'adapter entièrement et totalement. Ou plutôt se refusait-elle à devoir raconter à ses fils comment c'était, avant. Avant que le continent se morcelle et se déchire. Avant que Lyman ne risque sa peau dans la contrée natale de son épouse. Avant qu'on ne leur arrache Nymeria. Avant que Gareth ne manque de perdre une jambe en défendant et protégeant Jeyne. Avant que l'on attente à la vie de Loren, par deux fois. Elle tremblait à la simple perspective que tout ceci puisse alors s'apparenter aux rouages d'un conte, pour ses fils. Comme tous ces effets et éléments contenus dans les vieux ouvrages narrant les histoires des temps passés, ces mêmes livres que lisaient Megara depuis qu'elle était en âge de pouvoir le faire, de savoir lire et de ne pas basculer en avant de par le poids conséquent de l'objet littéraire. Mais présentement, elle ne savait que dire et que faire, se sentant plus que jamais impuissante et inutile. Alors, sans doute qu'au delà de la courtoisie, de la politesse et de l'affection, elle pouvait au moins tenter de prendre soin de son frère. Même si lui éponger quelque peu cette sueur n'avait sans doute aucune réelle utilité probante, dans le fond. Mais au moins pourrait-elle dire qu'elle avait essayé, non ? Non sans être quelque peu surprise, tout de même, par le contenu des paroles qui franchirent alors les lèvres de son aîné. Combien de fois, plus jeune, alors qu'ils étaient séparés par ce fossé des exigences qui pesaient sur leurs épaules respectives, elle avait voulu l'entendre reconnaître qu'il avait des tords, l'entendre s'excuser de ne pas toujours être très gentil avec elle ? Mais ces temps là étaient derrière eux. A présents, tous deux étaient adultes. Et plus que jamais, Megara ne pouvait effacer de son esprit cette promesse que Loren lui avait faite faire, que de protéger son frère, d'être là pour lui, de ne pas entretenir de distance, de se rapprocher, de lui pardonner ses erreurs et ses emportements masculins, de le comprendre, et surtout, de l'épauler.
    ❧ Tu ne saignes pas. ❧ C'était une parole réflexe, comme si son cerveau voulait tout de même réagir, exposant l'évidence, car incapable de bien réfléchir et de se dégager entièrement de ce marasme dans lequel la peur, la stupéfaction et la détresse voulaient le figer, suite à cette seconde tentative d'assassinat sur Loren. Mais Megara avait tout de même eu peur de voir et de savoir son frère blessé : après tout, il s'était battu comme un beau diable, et ...
Et en observant son mouchoir, elle était soulagée de n'y trouver aucune trace de sang. Son esprit tournait déjà en boucle cette nouvelle qui lui procurait un soulagement certain. C'était bien, très bien, mais à la fois terriblement anecdotique et vain, n'est-ce pas ? Mais le temps du raisonnement et de la rationalité attendrait quelque peu, car Lyman la prenait dans ses bras. De quoi la laisser figée, un instant, comme en état de choc, aussi droite qu'un morceau de bois, avant que ses bras, d'instinct, viennent à passer derrière le dos du jeune homme, pour que ses mains s'ancrent sur ses épaules, s'y accrochant, comme désespérés et souhaitant s'y enraciner pour toujours. Et elle hocha la tête. Elle hocha la tête tant face à la situation, pourtant si peu habituelle entre eux, qu'au contenu des propos de son frère. Un frère dont elle ne voulait de toute façon point s'éloigner, présentement, annihilant alors totalement la moindre once de probabilité qu'elle puisse refuser son offre et rejeter sa demande. Elle savait qu'elle n'avait sans doute pas bonne mine. Elle avait peu dormi, la nuit précédente, et le sommeil des jumeaux avait été agité. Sans parler du fait qu'elle était en état d'alerte perpétuel, et qu'il lui apparaissait hors de question de laisser à Gareth la possibilité d'être réveillé, la poussant alors à se lever au moindre petit bruit de Tybalt et Cadwyn, même si, bien souvent, et trop souvent, même, ils étaient toujours endormis et n'avaient jamais fait que s'agiter dans leur sommeil, un acte habituel pour des nourrissons de leur âge. Et Megara ne pouvait être qu'inquiète. Terriblement inquiète. On parlait tout de même de son père. A cette vérité, il fallait ajouter et ne pas oublier qu'avant tout, Loren Lannister était le monarque souverain des Terres de l'Ouest, ce qui ne pouvait que tout amplifier, dans le cœur et l'esprit de la Princesse. Alors, sans doute avança-t-elle en se fiant uniquement à la possibilité de Lyman de les mener à l'abri des regards et esprits indiscrets tout en évitant également qu'ils trébuchent sur quoi que ce soit ou rencontrent le moindre obstacle. Car son esprit à elle était là tout en étant ailleurs. Cependant, face au questionnement de Lyman, que celui-ci laissait en suspend, ce fut comme si on la chauffait brusquement au fer à blanc, ou bien qu'on la tirait d'un long sommeil profond à coup de seau d'eau glacée. Car elle avait beau être la plus naïve et crédule de sa famille, cela ne faisait pas d'elle une sotte. Bien au contraire. Son intelligence était là, et ceux qui la connaissaient n'en avaient sans doute jamais réellement douter.
    ❧ Non !! ❧ L’instinct avait été réflexe, la poussant à avoir un regard tout à la fois effaré et terriblement honteux d'elle-même, face aux propos de son frère. Le simple fait d'être ainsi ramenée face à ses erreurs, sa faiblesse et sa honte, non sans également subir le fait d'être rappelée à la raison quant au fait que son frère était au fait de tout ceci, c'était ... Il y avait de quoi la faire pâlir encore plus, si sa façon à elle de réagir à de telles choses n'était pas plutôt de rosir. Pour sûr, en d'autres temps et à un autre sujet, si Gareth avait été là, voilà qui lui aurait fourni de quoi s'en amuser et la taquiner, une fois de plus ! ❧ Tout ... Tout va bien. Gareth et moi ... ❧ Toujours aussi rougissante, elle quitta le regard de son aîné, le fuyant, même, jusqu'à baisser la tête. Sans nul doute son frère se satisferait-il de sa réponse, sans pour autant qu'elle ait à lui expliquer que son meilleur ami et désormais beau-frère remplissait parfaitement ses devoirs maritaux, et bien plus, dès lors qu'il s'agissait de la question de la chair. Fermant les yeux et serrant alors fort les poings, comme pour chasser, magiquement, la teneur de leur conversation, elle comprit qu'il n'y avait aucune façon meilleure qu'une autre pour évacuer le sujet. C'était sans doute simplement impossible, à moins de se concentrer sur l'autre pan de la question de Lyman. Oui, elle allait faire ça. ❧ Je veux bien un verre d'eau. ❧ Relevant les yeux vers lui, elle évita cependant de croiser son regard, par crainte d'y lire de la gêne, ou même de la honte et du dégoût. Bien entendu, jamais son frère ne l'avait agressée, ni verbalement, ni physiquement, pas jamais encore elle ne l'avait vu aussi furieux, lors d'une passe d'armes, alors ... S'asseyant sur un petit banc de pierre, tout près, elle joignit ses mains devant elle, avant de soupirer. ❧ Il y a que ... Il y a que je ne me sens plus en sécurité sans Gareth auprès de moi. Et j'ai beau savoir que Mère et toi avez augmenté la garde, notamment devant nos appartements à chacun, et bien ... J'étouffe. Et le moindre bruit me fait sursauter. J'en viens même à toujours garder un petit miroir auprès de moi, celui que Père m'avait offert pour mon 7e anniversaire. Comme si cela pourrait dissuader quiconque de m'attaquer ... Et ... Et alors, je ne cesse de voir bondir Intrépide, qui se projette à mes côtés, comme près à en découdre avec le moindre assaillant. ❧ Intrépide. Ce petit chat né de la même portée que Joyau. Joyau, que Nymeria avait amené avec elle jusqu'au Val. Intrépide, nommé ainsi en l'honneur de la fougueuse Princesse partie se marier ... En ces instants de peur et de terreur, il ne faisait que rappeler à Megara le douloureux mais aussi délicieux souvenir de sa sœur. Le voir ainsi bondir au devant d'un danger auquel il se voyait faire face sans sourciller, c'était ... Comme piquée au vif par ce souvenir, la jeune femme releva les yeux vers son aîné, le regard suppliant. ❧ Tu veux bien rester avec moi ? Le temps que Gareth arrive ? ... Je sais que ... Je sais que je suis en sécurité avec toi. ❧ Cette façon de se livrer à lui était sans doute d'une sincérité et d'une émotion proches de celles de la petite fille qu'elle avait été, quand, alors qu'ils jouaient dans la Cour de l'Aube, très jeunes enfants, elle lui demandait de rester avec elle, quand l'orage tonnait fort, dehors.


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MessageSujet: Re: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptyDim 13 Oct - 23:51

« Non, mon adversaire ne m’a pas touché. »

Machinalement, les mots sortaient de sa bouche, formant un dialogue sans queue ni tête, avec sa sœur. Les deux s’excusaient, puis … rien n’avait de sens, parce que ce monde courrait à sa perte, avec tous ces conflits, ces morts … A moins que ce ne soit parce que son propre monde s’effondrait ? D’abord Nymeria, puis le parvis du septuaire, et maintenant, le cœur de Castral Roc. C’était comme une tempête qui ne s’arrêtait plus, balayant tout sur son passage, ravageant les fondations du Westeros, de l’Ouest tels qu’ils les avaient connus toute son existence. Depuis deux ans, tant de têtes avaient roulé, parmi les grands : Meria Martell, Argilac Durrandon, Mern Gardener, Harren Hoare et son fils aîné … Des protagonistes principaux du Conclave de Goeville, il ne restait plus que la dragonne et le vieux Loup uni dans leur entreprise de conquête, Deria Martell et sa Principauté à l’agonie, Sharra Arryn et … ses parents. Alors voilà, la roue du destin avait-elle à nouveau tourné ? Comme les Sept avaient épargné leur royaume, est-ce qu’ils avaient décidé de frapper les Lannister pour qu’ils expient à leur tour ? Le Lion était-il destiné à devenir la prochaine victime de ce jeu de massacre ? Et eux ils étaient là, dans ce château devenu prison pour tous ceux y résidant, à épier les moindres recoins, à attendre que les interrogatoires se passent, à se demander ce qu’ils donneraient …  C’était insupportable. Cela puait la sédition et la suspicion, et Lyman ne le supportait pas. Donc il avait frappé, parce qu’à force, il n’y avait plus que cela pour empêcher ses pensées de s’entrechoquer aussi violemment. Sauf que désormais, il se sentait vide, comme si l’abandon ressenti durant quelques minutes n’était qu’une illusion. Décidément, les armes ne lui réussiraient jamais. Quoique, avaient-elles jamais aidé qui que ce soit ? Il en doutait constamment. Enfin, pourquoi se poser tant de question, alors que tout était vain ? Megara n’était pas dans un meilleur état que lui, peut-être pire encore. Elle avait l’air ailleurs, même si son interrogation pour le moins indélicate eut au moins le mérite de la ramener un peu vers lui. Il héla donc l’un de ses gardes :

« Rapporte de l’eau. Tout de suite. »

Il lui ferait boire le contenu ensuite et attendrait. Certes, il lui semblait virer à la paranoïa, néanmoins, en ce moment, la sécurité était tellement renforcée au Roc qu’il ne se voyait pas y contrevenir de son propre chef. Surtout qu’il était possible que tous les complices n’aient pas encore été arrêtés, même s’il savait que plusieurs gardes avaient été mis au fer et que son oncle s’en occupait. Leur sort serait probablement une abomination, suffisamment terrible pour que plus personne n’ose ne serait-ce que regarder un Lannister dans les yeux. Il fallait frapper fort, rétablir la suprématie de la famille royale aux yeux du peuple, et dans ce cas, il n’était pas question de faire dans la fioriture. Du sang réglerait le problème. Beaucoup de sang. Rien que d’y penser, ses sens se brouillèrent à nouveau, comme s’il était curieusement appâté par une telle pensée, qu’elle le réconfortait … qu’elle le rendait heureux. Par les Sept, qu’est-ce qui lui arrivait ! Il n’était pas ainsi ! Secouant sa tête, Lyman essaya désespérément de revenir à la situation présente, et au regard empli d’horreur que lui lançait sa sœur, comme s’il … l’avait profondément blessé, en insinuant qu’elle avait besoin de son garde personnel. Evidemment, que c’était le cas. Mais il avait eu peur qu’elle ne soit en proie à une crise et … voilà. Bon, d’abord, il fallait la tranquilliser.

« Oui, je vais rester à côté de toi. »

Et, joignant le geste à la parole, il s’assit également à ses côtés, ne sachant pas vraiment quoi faire d’autre. Il y eut un silence, tandis qu’il croisait nerveusement les mains puis les décroisait presque aussitôt. Heureusement, il fut tiré de ses pensées par le garde qui revenait. Immédiatement, il lui ordonna de boire, et après un bon moment, voyant qu’il n’était à terre, foudroyé, il consentit à tendre le verre à sa sœur, pour qu’elle puisse profiter de l’eau fraîche. Pendant ce temps, il le renvoya chercher Gareth, avec ordre de ne pas reparaître sans son beau-frère. Le pauvre homme allait sans doute courir dans tout Castral Roc pendant un moment … Avec la peur au ventre, parce que vraiment, les premières rumeurs sur les interrogatoires étaient inquiétantes, et qu’il ne devait guère avoir envie de contrarier les Lions. Reportant son attention sur Megara, Lyman chercha désespérément quelque chose à dire, après ses confidences, et finalement, il déclara :

« Tu sais, si tu te sens ainsi … tu peux toujours venir dans nos appartements, avec Jeyne, ou moi-même quand j’y suis. Il n’y a qu’à installer les jumeaux avec Martyn le temps de ta présence, et ce sera peut-être un peu mieux ? Je veux dire, même si Oncle Rickard l’épaule, Gareth va être très occupé dans les semaines à venir et tu ne peux pas vivre ainsi, recluse et la peur au ventre. »

Il n’avait pas grand-chose d’autre à souffrir, surtout qu’il passait de plus en plus de temps auprès de sa mère, avec le Conseil royal, ou en représentation quand c’était nécessaire, voire dans son étude à compulser les documents qui lui arrivaient. Avec la couronne à portée de mains, il fallait préparer une transition qui pouvait advenir à tout moment, et donc accélérer la transmission des derniers secrets de l’Etat à l’héritier, ce qui le forçait à se tenir en réalité loin des siens une grande partie de la journée. Et ce serait encore pire dans les jours à venir. Sauf que lui avait mué sa peur en rage, et en besoin impérieux de frapper, de déchaîner toute cette violence qui lui dévorait le cœur. Il savait pourtant qu’il devait essayer de redevenir le Lyman doux et protecteur que sa sœur connaissait, au moins maintenant, pour la rassurer, mais … c’était une bataille intérieure douloureuse. Et même alors qu’il essayait de calmer sa voix, à cet instant précis, une part de lui mugissait de haine sans s’arrêter.

« Pardon pour … enfin, tu avais vraiment l’air … en transe, et j’ai eu peur que … que ça n’aille pas. »

L’imaginer, en proie à son mal, avec des complotistes potentiellement encore dans les parages … il en avait la nausée d’horreur. Il ne savait pas exactement comme cela se manifestait – sa mère n’avait pas non plus été prolixe en explications, et il y avait sans doute des choses qu’il ne pouvait comprendre. Il savait juste … que la malédiction était là, et qu’il fallait faire avec, prendre des mesures pour protéger Megara et les Lannister, ce qui avait été fait, y compris avec son mariage. Et depuis, il n’y avait plus pensé, sans doute pour éviter de songer à la vie intime de sa petite sœur et de son meilleur ami …

« Je sais que c’est difficile et … moi-même, là, je ne suis pas un bon exemple de contrôle de soi. »

Clairement pas … Il avait envie d’en rire, tellement il se trouvait pathétique, à essayer de réconforter sa cadette alors que lui-même n’était qu’une boule d’émotions qui partaient dans tous les sens. Était-ce donc cela, les Lannister ? Deux gosses qui se tenaient côte à côte et se demandaient comment avancer à nouveau ?

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MessageSujet: Re: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptyDim 20 Oct - 20:16

Megara était loin d'être experte en médecine et autres prises en charge des soins, en premier lieu parce qu'il s'agissait là du travail réservé à d'autres, et en deuxième lieu parce qu'en tant que Princesse, elle était très probablement sur la liste des ultimes personnes qu'on s'attendait à voir savoir quoi faire. Cependant, elle était très douée dans le maniement de l'aiguille, de ces travaux que l'on réservait bien volontiers à la gente féminine, et dont les nobles damoiselles n'avaient pas à se passer sous prétexte que cela les ferait trop s'abaisser. Bien au contraire, couture et canevas étaient parmi les activités qu'on leur proposait depuis le plus jeune âge, et Megara avait particulièrement su s'y illustrer, sans se piquer trop fréquemment les doigts ou bâcler son ouvrage. Il fallait bien reconnaître qu'elle était maintes fois plus patiente que sa cadette à ces petits passe-temps là ! Mais à côté de cela, elle avait toujours éprouvé un fort penchant pour la nature, ce qui pouvait paraître paradoxal à ceux qui ne résumeraient la Forteresse royale de Castral Roc qu'à un prestigieux édifice de plusieurs étages bâti et érigé sur un pic rocheux des plus vertigineux, surplombant la mer. Les Terres de l'Ouest étaient tout de même verdoyantes en plus d'être minières, et les souverains Lannister d'antan n'avaient pas hésité à apporter une touche de fleurs et de verdure dans les nombreuses cours dont regorgeait l'édifice monarchique. A moins que ces petites touches ne soient plutôt l’œuvre de leurs épouses et de leurs filles. Quoi qu'il en était, Megara s'en était toujours grandement réjouie, et elle avait très tôt voulu apprendre le nom des plantes et des fleurs, pour ainsi pouvoir connaître leurs propriétés. De quoi lui permettre aujourd'hui de se confectionner elle-même certains soins et autres artifices de beauté et d'hydratation, alors qu'elle savait aussi quoi faire pour les plaies et douleurs superficielles. Là même où Nymeria l'avait parfois poussée à la voir essayer tout ceci sur elle-même, une chose à laquelle elle avait toujours tenté de se refuser au maximum. Dès lors, la santé de son aîné lui était primordial, et elle se sentait probablement capable de palier à l'absence du Mestre, le temps qu'il arrive, si elle pouvait faire quelque chose pour Lyman. Ce qui ne serait pas une chose nécessaire, puisque le jeune Prince était indemne, les Sept en soient remerciés.

Et il semblait d'ailleurs ne pas du tout avoir perdu la raison, au point de s'inquiéter pour elle et de chercher à savoir si ... Ils ne parlaient jamais de ça, parce qu'il s'agissait là d'une conversation tout autant douloureuse que malvenue et gênante, sans doute. Il était déjà difficile et pénible pour Megara d'en toucher mots à son époux, alors, concernant son frère ... Un verre d'eau serait une issue bien plus agréable, et de loin. Ça, et le fait qu'il ne l'abandonne pas, qu'il reste auprès d'elle, alors qu'elle espérait fortement que cela ne relèverait pas pour autant de la croix et la bannière pour lui. Mais ils ne parlèrent pas. La gêne, sans doute. Combinée au désarroi. Elle avait juré à son père, il y a plusieurs mois déjà, qu'elle ferait un pas vers Lyman. Un pas, et même plus, pour qu'ils puissent se rapprocher, et ... Et là, ce n'était pas de la mauvaise volonté de leur part, eux qui s'étaient engagés sur la bonne pente, c'était juste que les récents évènements ne les laissaient probablement pas suffisamment en paix, créant turpitudes et angoisses profondes en leurs êtres. Suffisamment, en tout cas, pour que Lyman s'arme de protections supplémentaires, par rapport à d'habitude, y compris face à un simple verre d'eau. Mais qu'est-ce qui demeurait encore simple et inoffensif, désormais ? Observant d'un œil un peu angoissé le petit manège qui se déroulait devant elle, elle serrait les doigts sur le rebord du banc sur lequel elle était assise, avant de pousser un certain petit soupir soulagé en voyant que son aîné validait le contenu du verre. Buvant délicatement, à petites gorgées, elle se sentit bien peu prêteuse en ne proposant pas à Lyman de boire un coup, lui aussi. Après tout, enfants, ils avaient déjà plusieurs fois bu dans le même verre sans pour autant que cela ne les dégoûte ou ne les rende malade. Mais elle sentait bien qu'elle en avait besoin, tout en sachant bien que s'il avait soif, il aurait su le faire savoir au pauvre homme qu'il renvoyait courir après Gareth cette fois. Alors, elle le fixait, son frère, de ses grands yeux innocents et profondément inquiets, tout en serrant ce verre contre sa poitrine, à présent, possessive à l'extrême et comme refusant qu'on le lui arrache pour quelque obscure raison. Et elle s'en veut, oui, elle s'en veut, de n'être capable de faire face en ayant la tête plus haute et les épaules mieux relevées. Mais elle a peur. Surtout pour ses fils, bien plus fragiles que ne l'était leur grand-père, avant qu'il ne subisse deux tentatives d'assassinat, coup sur coup. Ils étaient fragiles, innocents et démunis, incapables de crier à l'aide, de s'enfuir en courant ou de dégainer l'épée s'ils étaient attaqués. ❧ Je ne veux pas être un fardeau, Lyman ... Mais si tu savais comme cette proposition est tentante ... ❧ Un instant, elle ferma les yeux, comme renvoyée bien des années en arrière. ❧ Te souviens-tu de ce que disait Père, à propos de la force des lionceaux une fois qu'ils sont réunis en horde ? ... Je ne te l'ai probablement jamais dis, mais je jubilais toujours intérieurement quand on me permettait, enfant, de venir jouer avec toi dans tes appartements. Et puis un jour tu as grandi et ... Et moi aussi, et le temps des jeux était révolu ... ❧ Trottiner était devenu plus compliqué avec des robes de plus en plus féminines et élaborées, et l'emploi du temps de Lyman s'était chargé de bien des apprentissages bien plus adultes qu'enfantins.

Megara avait toujours songé qu'une part d'enfance s'était malgré tout attachée à elle, malgré le fil des années. Comme une révolte intérieure, pour refuser l'inévitable. Comme une rébellion, pour ne pas céder entièrement alors qu'à un âge encore relativement jeune, une charge colossale, titanesque et paralysante s'était abattue sur ses épaules, lorsque ses premiers troubles s'étaient manifestés. Projeter dans un monde adulte, elle avait voulu conserver un reliquat de sa jeunesse. Comme une naïveté présentée en public et derrière laquelle se cacher. Et cacher ce terrible secret qui la rongeait et les menaçait tout un chacun, sans qu'elle ne le veuille ni n'ait aucun contrôle là-dessus. Mais elle savait que ceux qui étaient informés de la sinistre vérité n'était en rien dupe de ce jeu de dupes, justement, qu'elle menait. Sans qu'aucun ne l'en sermonne pour autant. Sans doute comprenaient-ils, ou alors, ils ne voulaient pas la froisser ou l'offenser plus qu'elle ne s'offensait déjà elle-même. A moins que cela n'ait à voir avec la reconnaissance de cette certaine intelligence qui brillait en elle ... Savoir manier les cartes et les masques sans trébucher, depuis toutes ces années, malgré ce sombre mal, la jeune femme se demandait combien d'autres qu'elle en serait capable, même si elle ne minimisait en rien l'apport et le support que lui fournissait sa mère, et désormais aussi son frère et son époux. On ne réussit de toute façon rien dans la vie, si l'on est seul, isolé et esseulé. Alors elle savait que Lyman n'avait pas cherché à mal, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir quand même pris un coup au cœur. ❧ Gareth ... Gareth est parfait pour ... Enfin tu vois. Même si cela ne me met pas à l'abri, et que ... ❧ Qu'un incident était si vite survenu, malgré les précautions, c'est ça ? Marquant un temps de silence, ses sourcils finirent par se froncer à l'écoute de la confession de son aîné. Alors, instinctivement, elle tourna la tête vers lui, brusquement, le dévisageant comme elle avait déjà tant pu le faire, autrefois, à la dérober. Nymeria disait toujours qu'il s'agissait toujours là de son regard d'inspection, celui-là même qui la mettait mal à l'aise et la poussait à se demander si, oui, rien qu'en la regardant ainsi, Megara parviendrait à lire en elle ses secrets, et qu'elle saurait alors que c'était bien elle qui avait mangé le dernier petit gâteau au citron. ❧ Nous autres les lions ne sommes en rien des êtres paisibles et tempérés, n'est-ce pas ? ❧ Doucement, elle posa son verre à côté d'elle et glissa l'une de ses mains en direction de son frère, pour se saisir de l'une de celle de Lyman, la piégeant dans une certaine étreinte constrictive. ❧ Tu n'as jamais été un exemple parfait, tu sais ... Mais cela m'a toujours convenu. La perfection est ennuyeuse, c'est ce que Nymeria me lançait au visage les rares fois où elle était énervée contre moi. D'une certaine façon, cela permet de relativiser ses propres failles, même si dans mon cas, le travail à faire est des plus colossaux ... Et tu as toutes les raisons du monde, en ce moment, pour ... ❧ Sa voix se coinçait dans sa gorge, l'obstruant et lui laissant un désagréable arrière goût, alors qu'elle ne voulait pas pleurer face à Lyman. Surtout pour ne pas le faire culpabiliser que par orgueil, quoi que les deux raisons se combinaient.


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Megara Lannister
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MessageSujet: Re: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptySam 14 Déc - 19:45

« Alors prends-là, c’est offert de bon cœur. Cela nous fera plaisir, sincèrement. Et je serai même plus tranquille de vous savoir au même endroit, tous les trois, aux côtés de Jeyne et Martyn. »

D’un point de vue pragmatique, Lyman admettait que ce serait sans doute plus facile pour la sécurité renforcée du château d’avoir la plupart des Lannister au même endroit. Il était même prêt à parier que son oncle Rickard sauterait presque de joie à cette annonce – enfin, métaphoriquement, parce qu’avec sa lourde armure, le Prince se demandait sincèrement comment ce dernier arrivait ne serait-ce qu’à se mouvoir normalement. Enfin, le Sanglier était autrement plus taillé que lui-même. Mais il n’en demeurait pas moins que ce serait probablement plus simple en termes d’organisation, et en ces temps troublés, où tous les accès étaient surveillés et où même les plus connus des courtisans n’échappaient pas à des précautions élémentaires de sécurité, sans doute que son épouse serait heureuse d’avoir de la compagnie. Et puis, peut-être qu’il serait mentalement plus facile pour les deux jeunes mères de partager leurs craintes ainsi, ou leurs sentiments quels qu’ils soient ? Jeyne avait connu des moments difficiles à Winterfell, avec les guerres menées par son père, et dès un âge fort tendre. Même lors de leurs fiançailles, il n’osait parfois se demander ce qu’elle avait ressenti en restant en arrière, alors qu’une horde comme on n’en avait jamais vu de sauvageons marchait droit vers le cœur du Nord, et que tout ce que le royaume comptait de mâles partait au combat. Soit son père, son oncle, ses deux frères, ses amis d’enfance … et accessoirement, son auguste promis et son « valet ». Le fait est qu’elle avait tenu, et alors que son oncle était tombé, son père et son fiancé blessés, elle avait mené les préparatifs de leur mariage d’une main de maître, comme si cela tombait sous le sens, finalement, sans paraître troublée plus que cela aux yeux du monde. Une telle force de caractère, dont il était lui-même partiellement incapable, suscitait son admiration sans faille. Il lui paraissait même qu’alors que sa vie était tout autant menacée que la leur à Castral Roc, du moins faute d’informations supplémentaires, son épouse ne se laissait guère troublée et affichait seulement une détermination féroce à voir les coupables pris et punis. A n’en pas douter, le sang nordien montrait là sa résilience. Les Lions, à la place, devaient se dominer, constamment, pour ne pas trahir leurs élans les plus extrêmes. Lyman, malgré les apparences, n’étaient pas un homme calme. Sa constitution nerveuse et sèche aurait dû trahir depuis longtemps la réalité de son caractère. En revanche, il avait appris à se maîtriser parfaitement, et à se composer un masque bonhomme, affable, en toute circonstance, ou presque. Et c’était précisément cela qui était dangereux, dans ce qu’il venait de commettre : pour la première fois depuis fort longtemps, il avait laissé sa tempérance se fendre entièrement pour laisser place à la brutalité sanglante du Lion dénué de ses chaînes volontaires. Il en était terrifié, parce qu’il savait ce à quoi leurs emportements pouvaient mener : on parlait des colères du Roi Arwin avec horreur, encore aujourd’hui, tant leur violence ne connaissait point de limites. Et le caractère débonnaire de Loren ne savait se passer de sa recherche effrénée de tous les plaisirs, comme un exutoire pour conserver sa placidité ordinaire. Longtemps, il avait eu peur d’être à l’image de son père. S’était-il donc trompé ? Était-il donc davantage semblable à son redoutable grand-père ? C’était comme si les paroles de sa sœur ne l’atteignaient plus, alors que son esprit se perdaient en conjecture, et qu’il sentait toujours le sang bouillonner dans ses veines, malgré ses tentatives pour conserver cette apparence de calme désormais, pour ne pas l’effrayer. Ou pour ne pas s’effrayer lui-même ? Ses dernières paroles, échos à ses tourments intérieurs, le ramenèrent, au moins temporairement à la réalité, et il répondit d’un air presque absent à la remarque de sa cadette sur le caractère léonin de leur famille :

« Non, en effet. Nous ne le sommes qu’au prix d’immenses efforts de tempérance, quelles que soient nos faiblesses. »

Ses yeux papillonnèrent un peu, alors qu’il essayait de s’éclaircir les idées. Le contact des mains de Megara, sa voix douce, achevèrent de le faire redescendre de son nuage rougi par les envies de violence et les interrogations horrifiées sur sa vraie nature. Elle lui renvoyait un miroir déformé de sa propre personne, pas forcément flatteur, car elle n’avait pas succombé à ses démons, autrement plus insistants, et lui si. En un sens, elle était plus forte que lui, à cet instant, même si elle semblait vaciller comme une brindille résistant avec grand peine au vent.

« Je … Pourtant, c’est moi qui me suis perdu dans un déchaînement de violence que j’exècre pourtant en temps ordinaire, alors que tu as été capable de te dominer. Donc … de nous deux, c’est toi qui es la plus forte, peut-être parce que tu es habituée à devoir faire plus d’efforts que nous autres pour parvenir à surmonter tes tourments. »

Un sourire un peu lointain, un demi-sourire même, lui vint alors qu’il ajouta dans un murmure presque inaudible :

« Moi aussi, j’aimais jouer avec toi. Parce que faire avancer des armées de poupées m’apparaissait plus intéressant que de rêver à manier une épée en bois. Et pourtant … maintenant, mon premier réflexe a été de passer ma rage sur un écuyer. Et cette haine … elle me dévore, je ne rêve que de châtiments tous plus abominables les uns que les autres. Comme si … tout cela avait finalement réussi. Et que le sang bouillant des Lannister m’avait trouvé, comme nous tous, d’une manière que je n’aurai pas cru possible. »

Tout cela n’avait pas de sens. Il n’avait pas l’impression d’être clair, et regrettait presque cette confidence pesante, aveu de défaite de tous ses efforts pour, précisément, dominer sa nature de Lion pour parvenir à la raison froide de sa mère. Se levant brutalement, il tendit son bras à sa sœur, soufflant :

« Viens. Nous devrions parler de tout cela à l’intérieur. Si tu t’en sens la force. Gareth te retrouvera dans mes appartements. »

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MessageSujet: Re: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptyLun 30 Déc - 23:17

Ses rapports avec son frère étaient ce qu'ils étaient : imparfaits, sans doute un peu bancals, en certaines occasions, mais ils étaient francs, sincères et aimants, malgré tout. Jamais, réellement, elle ne l'avait senti avoir pitié d'elle, surtout quand ils étaient jeunes. De la même façon, elle n'avait jamais eu l'impression de recevoir de sa part quoi que ce soit qu'il ne lui ai pas offert de bon cœur, comme il le disait si justement. Sauf, peut-être, deux ou trois pâtisseries qu'il avait réussi à attraper à la volée, dans l'un des plateaux sur la table, en étant plus rapide qu'elle. Mais cela n'était alors qu'un insignifiant sujet, rien qui ne soit anormal ou inhabituel au sein de toutes les familles. De la même façon, même si elle se méfiait grandement du manque de retenu que les damoiselles de la cour pouvaient avoir dès lors qu'il s'agissait d'enrober de compliments son princier frère, elle avait entendu de leurs bouches des plaintes concernant leurs propres frères. Alors, elle savait bien qu'elle avait été plus que chanceuse par rapport à certaines d'entre elles, encore plus parce qu'en tant que futur monarque des Terres de l'Ouest, Lyman aurait tout à fait pu avoir un caractère des plus présomptueux, dominateur, infecte et arrogant. Ce qui n'avait pas été le cas. Il ne lui avait ainsi jamais tirer sur les cheveux et n'avait pas non plus chercher à lui étaler de la confiture sur le visage pour ruiner ses efforts de mise en beauté. Et il ne s'était jamais non plus amuser à faire des trous dans ses jupons, à coups d'épée. ❧ J'ai encore grandes difficultés à laisser les jumeaux, ou à les laisser être approchés ... Mais Gareth me pousse à moins de retenue à ce sujet. Et je sais qu'ils seront en sécurité, auprès de ta chère épouse et de toi-même. ❧ Elle marqua un petit temps, avant qu'un léger sourire n'illumine un instant son visage. ❧ Et auprès de leur délicieux cousin, aussi ... ❧ Elle n'avait jamais reçu autre chose de la part de son neveu que des sourires sans dents, de grands yeux rieurs et des gazouillis un peu baveux. Rien qui ne le différencie des jumeaux, donc, même si les concernant, elle avait déjà dû calmer leurs pleurs et quelques petits caprices. ❧ J'apprécie beaucoup Jeyne. C'est une bonne mère, je sais qu'elle t'aime et ... C'est une bonne personne. Et si j'osais abuser de mon statut de Princesse, je te demanderai dès aujourd'hui de me jurer que je pourrais compter sur elle pour veiller sur mes fils, si jamais ... Enfin, tu sais. ❧ Megara n'avait jamais été d'un pessimisme à outrance. Pour ainsi dire, elle avait même toujours été des plus promptes à voir la cruche à moitié pleine plutôt qu'à moitié vide. Mais la teneur des réalités la rattrapait sans doute, et aujourd'hui qu'elle était devenue mère, il ne s'agissait plus uniquement de se préoccuper de sa propre personne.

Ses parents savaient qui elle était, ou, en tout cas, c'était surtout le cas de sa mère. Et jamais ils n'avaient réellement voulu la changer du tout au tout, concernant son comportement, sa nature et son attitude. Dans le même temps, jamais elle ne s'était entièrement sentie être un être totalement apaisé. Car des pensées fourmillaient toujours dans sa tête, et qu'en dépit de sa naïveté bien plus exacerbée que celle des autres Lannister, elle remettait très souvent en question ses propres choix, ses propres réactions, ne prenant rien pour argent comptant. Sans doute parce que dans un coin de sa tête, il y avait cette certitude qu'en ne tenant pas compte des mouvements du monde, on risquait fortement d'être déchue en voyant les fortifications de son monde être ébranlées une à une sans rien avoir vu venir car on avait délibérément garder les yeux fermés et les oreilles bouchées. Peut-être que, d'extérieur, elle pouvait renvoyer l'image d'une Princesse lisse et parfaite, sans aspérité, sans imperfection, ce qui était bien loin de la réalité. Mais en dedans, elle savait que le flot de ses émotions n'était jamais entièrement apaisé. Et peut-être était-ce ainsi que son côté léonin se manifestait, chez elle. Cette promptitude à ne jamais entièrement dormir sur ses deux oreilles, à toujours avec la pensée en mouvement et la tempérance à rééquilibrer, pour ne pas chuter, pour ne pas affoler ceux qui n'avaient nullement besoin de posséder en leurs mains quelques clefs pour vous atteindre. Cela avait toujours été essentiel, pour elle, que de ne pas faillir. Que de ne pas être celle qui créerait une brèche, serait le point faible de sa Lignée, ce qui n'avait jamais été une tâche aisée et qui s'était même révélé être d'un regain de complexité dès lors que les Dieux avaient fait s'abattre cette terrible tare sur ses épaules. A ce petit jeu là, elle avait donc toujours eu l'impression que Nymeria et Lyman avaient nettement mieux réussi qu'elle, car leurs caractères étaient bien plus ténébreux et enflammés que le propre sien, repoussant les petits malins qui voudraient se frotter à eux dans un excès d'assurance. Cependant, son propre frère ne semblait pas exactement partager la même vision des choses qu'elle, ce qui n'était pas sans la surprendre. ❧ Lyman ... ❧ Ces deux grands yeux se posèrent sur lui, quelque peu arrondis par la surprise, et la surface luisant d'une certaine humidité lacrymale qui faisait très probablement ressortir les iridescentes vertes au milieu de ses yeux noisettes. ❧ Je ne pense pas être la plus forte. Ou alors, je ne veux pas l'être, si ça signifie se sentir bien démunie et inutile alors que la tempête gronde et qu'on s'en prend aux miens. Tes griffes et tes crocs à toi peuvent être redoutables et redoutés, alors que moi, je ... J'ai marché jusqu'ici sans même m'en rendre bien compte, sans savoir où j'allais et ce que je faisais. ❧ Elle penche la tête légèrement sur le côté, non sans renifler un petit coup, non sans se faire des plus à l'écoute face aux paroles suivantes de son frère.

Certains pourraient bien dire que la nostalgie n'avait actuellement pas sa place, alors qu'il fallait savoir agir et réagir face aux exactions commises aujourd'hui, pour savoir et pouvoir les parer au mieux. Pour faire qu'elles ne se reproduisent plus. Pour sanctionner les responsables. Pour amoindrir les conséquences. Mais c'est ça qu'elle a longtemps recherché, Megara. Une connexion avec son aîné autour de souvenirs passés. Une ouverture sur leurs sentiments communs quant à ce temps béni de l'enfance, quand ils étaient encore bien innocents et que le poids de leurs responsabilités présentes n'était pas aussi lourd sur leurs épaules. Fermant les yeux face à la vérité dure et crue que lui offrait son frère, comme pour la fuir autant que pour se connecter à ses propres ressentis, elle serra les dents, faisant ressortir les os de sa mâchoire qui se tendaient sous sa peau. ❧ Je veux aussi qu'ils meurent, qu'ils aient mal. Ceux qui ont fait ça. Et c'est pire quand je suis tirée d'un cauchemar au sein duquel mes fils se retrouvaient à la place de Père ... Mais je ne saurais ni y faire, ni par où commencer ... ❧ Elle se sent plier, Megara, face à cette part sombre d'elle-même qui existe bel et bien. Mais d'ordinaire, cette dernière se manifestait surtout dans une certaine peur panique plutôt que dans une réelle envie de vengeance. Cela ne lui ressemblait pas, du moins, c'était ce qu'elle pensait. Alors cela l'effrayait. Là où Gareth savait apaiser ses tourments cauchemardesques, elle se sentait bien plus prise en défaut face à Lyman à qui elle n'exposait sans doute pas autant ses failles. Comme quoi son union avec Gareth la plaçait dans une position inédite, là où un être ne partageant pas son sang en savait plus que les propres siens concernant une facette de sa personne. Soudainement, Lyman se leva, et Megara le vit presque bondir, non sans que cela ne la tire quelque peu de ses sombres pensées. Se saisissant alors du bras qu'il lui tendait, elle se leva à son tour, le plus gracieusement possible, et en se faisant plus douce et mesurée que lui. Non sans s'agripper à ce bras comme les marins s’agrippaient sans nul doute au bastingage de leur navire, quand ils étaient pris en pleine tempête. ❧ Si tu es là, je ne plierais pas. ❧ C'était sans doute une déclaration d'amour autant que de confiance, sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, et sans qu'elle ne le regrette.


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Megara Lannister
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MessageSujet: Re: Hatred [Tour VII - Terminé]   Hatred [Tour VII - Terminé] EmptyJeu 9 Jan - 18:27

« Nous veillerons sur eux comme s’il s’agissait de nos propres fils, Jeyne s’en occupera comme si elle était leur mère. »

En une seule phrase, Lyman venait aussi bien d’assurer Megara du fait qu’effectivement, Tybalt et Cadwyn seraient en sécurité avec Martyn, la rassurant de ce fait autant qu’il le pouvait, mais aussi de lui promettre que, si quoi que ce soit devait arriver à Gareth ou à sa sœur, ses neveux seraient élevés par leur oncle et leur tante avec amour, et qu’ils feraient tout pour les aider à grandir, si le malheur venait à frapper à nouveau les Lannister. En l’occurrence, le Prince ne voyait pas de problème à parler au nom de son épouse, car il savait que la famille n’était pas un vain mot pour les nordiens, et pour sa nordienne en particulier, et ensuite parce qu’il connaissait l’amitié qui la liait à Gareth, qui avait su s’épanouir au gré de leur temps passé en commun, et qu’il savait qu’une Louve avait beau être devenue Lionne, elle n’en protégeait pas moins sa meute avec ardeur. Elle ne laisserait jamais les petits sans protection, pas si elle pouvait subvenir à leurs besoins. Et pour lui-même, c’était hors de question. Ils étaient des Lannister, le sang de son sang. C’était peut-être bien l’une des qualités de leur maison, aussi dysfonctionnelle soit-elle par moment : les seigneurs du Roc protégeaient les leur. Ils avaient été jusqu’à déclarer des guerres pour venger des dames mariées dans d’autres familles et violentées, alors ils n’allaient pas reculer maintenant, ni face à cette adversité invisible, ni en cas de de drame.

Celui qu’ils vivaient, déjà, emportait tout sur son passage, et il était évident que son propre destin était suspendu aux oracles des dieux, menaçant de le transporter en des eaux encore plus troubles. Et les émotions s’entrechoquaient, sans qu’il ne parvienne à les contrôler, exacerbées par la crainte de réveiller tous les démons des Sept Enfers et que ces derniers ne le troublent encore davantage et n’agitent son âme bien trop fortement à son goût. Et pourtant … pourtant, c’était le cas. Il ne rêvait que de sang et de morts, et la difficulté à se contrôler était plus forte qu’elle ne l’avait jamais été, car comme sa mère, Lyman était de ces êtres qui tenaient fermement leurs sentiments et leurs emportements. Au fil des années, il avait même perfectionné sa façade bonhomme qui ne laissait que peu transparaître ses sentiments. En revanche, il savait assez bien faire comprendre à quelqu’un qu’il était offensé, et s’il avait désormais l’habitude de le faire avec un rien de doigté, il n’était pas exempt encore de quelques piques désagréables … voir méprisantes, il l’admettait. Personne n’était parfait, après tout, même s’il évitait tout de même de se laisser aller à ses pires traits de caractère. Admettons-le : il fallait l’avoir réellement blessé, ou avoir énormément manqué de respect à la famille Lannister. Ce qui, de toute manière, dans le dernier cas, équivalait généralement à un aller simple pour l’exil hors de la cours voire la mort pour la roture si sa mère était avertie. Observant Megara faire part de son malaise à rester inerte, presque, face à ce qu’ils traversaient l’enjoignit à modérer ses élans, sans qu’il ne renie son précédent jugement.

« Pour être fort, il faut savoir surmonter sa faiblesse, encore et encore. Je n’ai que peu l’occasion de le faire, soit que mes faiblesses conviennent à un Prince, soit que j’ai décidé de ne point faire d’effort. Toi, ce n’est pas ton cas. Tous les jours, tu luttes, et tu vaincs, preuve en est que tu as le caractère le plus aisé de nous tous. Et je domine ma nature, aussi, car je préfère être pris pour un affable courtisan que montrer crocs et griffes quand il n’y a pas besoin. Mais là, je ne me contiens plus. »


Et il n’en avait pas envie.

« Je pousserai Mère à la plus grande fermeté. Personne n’oubliera ce qu’il en coûte d’avoir menacé le Roc. Maintenant, avant, après : le sang coulera à Port-Lannis. Qu’ils soient nobles ou roturiers, gardes ou cuisiniers, femme ou homme, septons ou palefrenier. Ils mourront. Tous ceux dans nos geôles. »


Ils avançaient, tels deux marins ivres, un peu chancelants et tandis que Megara professait son envie de ne point plier, alors qu’ils rentraient dans les murs de la forteresse, Lyman répondit :

« Si tu es là, je ne romprai pas. »


Ni rompre, ni plier : faire face à la tempête. Et passer les assaillants par-dessus bord, pour les laisser être déchiquetés par les crocs des requins … Non, des Lions. Des prédateurs qui se réveillaient, et qui, déjà, sonnaient la chasse.

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