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 Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]

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MessageSujet: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptySam 21 Sep - 23:56

Le soleil se couchait sur Westeros. Du haut des murailles de Fengué, le Général contemplait les vastes plaines qui s’étendaient à perte de vue. La monotonie du paysage était, ci et là, rompue par quelques bosquets éparses, ou quelques petits lacs qui, par temps de pluie, rappelaient parfois les terres marécageuses du Neck. Face à lui, l’immensité de l’incertitude s’étendait de tout son long. Le printemps venait de renaître et avec lui s’annonçait déjà le vacarme de la guerre. Tout cela, Baâl ne le connaissait que trop bien. Homme d’épée, Général, Main du Royaume de Peyredragon, il avait gravis nombre d’échelons et de succès depuis son arrivée aventureuse sur le continent de l’Ouest. Aujourd’hui, l’homme était aussi une figure politique de l’Empire des Royaumes fédérés, représentant son cœur, Peyredragon, au sein du Collège Impérial. La pratique quotidienne des tactiques de couloir et des tractations diplomatiques, bien différentes des manœuvres militaires, n’avaient pour autant pas nuis à son talent – d’aucuns le jugerait inné – pour la guerre. Car c’était bien pour cela que Baâl était reconnu et écouté.

[Erkyl] « Monseigneur ! Monseigneur Forel ! »

Le jeune garde vint interrompre le doux silence de son introspection. Ces moments en tête à tête avec lui-même devenaient aussi rares que précieux. Le revers de la médaille de responsabilités importantes c’est l’absence quasi-totale de quiétude. Baâl s’y était fait, bien malgré lui.

[Baâl] « Je t’écoute.

[Erkyl] – Lord Forel, un groupe de fer-nés a été capturé à l’aube. Nous venons de les emprisonner. Celle qui semble diriger la troupe demande à parler avec le Seigneur des lieux. Elle dit avoir un message d’une haute importance, mais ne le communiquera qu’au commandant de Fengué. »

Baâl fronça les sourcils. De tous les peuples qu’il avait eu l’occasion de côtoyer, celui des Îles de Fer était certainement celui qu’il détestait le plus. Le Roi Noir, que Baâl avait combattu lui avait ôté une part importante d’humanité, en faisant assassiner Visenya et Aegon Targaryen, sœur et frère de Rhaenys Braenaryon, née Targaryen. Les enfants de feu le Roi Dragon, Aerion Targaryen, étaient pour Baâl comme les siens. Sur le lit de mort d’Aerion, le natif d’Essos lui avait juré de veiller sur eux. Chacun des enfants du Roi de Peyredragon furent les disciples de Baâl Forel, alors leur maître d’armes et, à plus d’un égard, leur précepteur. Depuis cet épisode sinistre, la haine que Baâl voue aux Fer-nés n’a aucun égal.

L’homme s’interrogeait. N’était-ce pas là, de la part de la troupe capturée, une tentative désespérée d’assassiner le Lord de Fengué, dans un dernier baroude de fourberie. Sitôt que Baâl se présenterait, l’un d’entre eux, ayant pu dissimuler un quelconque projectile létal, profiterait d’un temps mort pour lui jeter et signer son arrêt de mort. Peut-être que cette action, plus stratégique qu’on ne pouvait se l’imaginer, avait pour objet la déstabilisation du commandement de Fengué qui, privé de son chef, se verrait attaqué dans la foulée par une armée en provenance de Pierremoutiers.

Le Général de Peyredragon pesait donc le pour et le contre. Daigner accorder à cette sous-cheffe un entretien, ou laisser l’intégralité de leurs corps pourrir au fond d’une geôle mal entretenue. Baâl était toutefois intrigué par la demande. Il ne pouvait ignorer la possibilité qu’un message réellement important lui soit transmis. Dans le sens inverse, il en allait peut-être de la sécurité de l’Empire.

Baâl se retourna, transperça Erkyl du regard, de manière à ce qu’il prenne en considération chacun de ses ordres, avec exactitude.

[Baâl] « Vous ferez monter la captive dans la grand salle. Avant, vous vous serez assuré qu’elle ne porte sur elle aucun objet. Vous la dévêtirez, et la présenterez à moi sans aucun autre appareil qu’une robe pour la couvrir. Ses mains et ses pieds seront menottés. Je ne veux prendre aucun risque avec eux. Lorsqu’elle sera face à moi, je veux que deux gardes se tiennent à ses côtés. Oh, et une dernière chose. Vous lui banderez les yeux. »

Le Général quitta le premier les murailles, avant même qu’Erkyl n’eut le temps d’intégrer tous les ordres. Il se dirigea dans la grand salle, où il patienterait.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 10:06


COMME UN OISEAU EN CAGE

Je suis tout simplement dégoûtée. Cette fuite sur la Nera devait être notre nouveau départ, notre salut pour sauver nos vies des campagnes du printemps, qui s'annonçaient folles et démesurées. Tous les hommes qui m'avaient suivi dans cette folle idée en avaient payé le prix fort, par deux fois. Car par deux fois nous avons été attaqués sur les rives par les hommes de Yoren, des dizaines d'hommes sont morts, pour rien. Nous voguions lentement vers l'Empire, dans le but d'échapper à Yoren, mais nous avons été interceptés bien avant, alors que nous cherchions des vivres dans un village.

Ivar, Kjallak, moi-même et quelques-uns de nos survivants, furent amenés à Fengué, une forteresse aux abords de la Nera, pour y êtres emprisonnés. Le voyage dura presque la journée, puisque le soleil se couchait déjà lorsque nous franchisions l'entrée en pierre. Une fois dans les cachots humides et puants, je donnais quelques ordres aux marins, leur intimant de rester calme et de ne montrer aucun signe d'hostilité qui puisse nous mettre en danger et desservir notre cause. Mais vu notre situation désespérée, je doutais très sincèrement qu'ils ne veuillent point mourir dans un dernier élan de courage. De mon côté, j'avais déposé ma tête sur les jambes d'Ivar pour obtenir un peu de confort, tandis que je gardais mon corps le plus droit possible sur le sol afin de ne pas entraver la guérison de ma blessure. Nous devions maintenant attendre, car j'avais déjà donné aux gardes l'information que je souhaitais parler avec le commandant de Fengué. Je devais absolument faire valeur la missive de Lyle Salfalaise, afin de pouvoir repartir à sa recherche quelque part dans l'océan entre les deux continents.

Au bout d'un certain temps, un homme arrive devant notre cellule, me demandant de venir à lui. Je me lève avec difficulté, car courber mon torse appuie sur ma blessure au flanc. Ivar m'aide à me relever tandis que je m'avance doucement vers le sous-fifre. Je suis pour le moins épuisée de cette journée, et ma motivation est au plus bas. L'homme me tend une robe, et me pointe un coin à l'abri des regards. Je comprends que je dois me changer pour enfiler cette toute petite robe en tissu simple. J'obéis non sans lui lancer un regard courroucé tant je trouve la démarche très humiliante. Une fois habillée, il m'inspecte pour essayer de trouver une quelconque arme sur moi, ce qui est très fortement inutile, je ne suis pas assez désespérée pour tenter quelque chose contre le commandant des lieux. L'homme enchaîne mes mains et mes chevilles, puis me bande les yeux avant que deux gardes ne m'attrapent pour me remonter jusqu'à une salle. Je commence à me demander si mon geôlier n'est pas un peu paranoïaque.

Mon corps se frotte désagréablement contre la robe en tissu qui gratte, qui ne couvre mon corps qu'à hauteur de mes genoux. J'ai froid malgré les manches semi-longues de la robe, mais je suis au moins soulagée d'avoir des petites chaussures en tissu pour me garder du sol glacial. Les deux gardes s'arrêtent subitement dans ce qui semble être une grande salle vue l'écho des bruits. J'attends la suite des événements, puisque je ne peux rien faire d'autre. Je suis déjà fortement lasse de tout ça, mais j'imagine que raconter mon histoire pourrait m'aider à survivre encore un peu. J'attends donc que la personne qui m'interrogera se présente et me pose ses questions.

- "....." dis-je.


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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 15:12

La grand salle de Fengué, au bout de laquelle trônait Baâl Forel, avait été construite toute en longueur. Sur plusieurs dizaines de mètres, le Général observait la captive s’approcher, guidée à chaque bras par deux hommes du corps de garde de la cité fortifiée. La femme était assez jeune, dans sa vingtaine. Sa chevelure et sa coiffe trahissaient effectivement son appartenance à la culture fer-née. Elle boitait, et déambulait avec difficulté, manifestement saisie par une vive douleur sur un flanc. A mesure qu’elle se rapprochait, Baâl pouvait voir une tâche de sang imprégner le tissu, déjà sale, de sa robe de mauvaise facture. Non sans une certaine violence, la femme fut plaquée à genoux sur le sol froid du château. Cela, Baâl ne l’avait pas demandé. Cependant les habitants de la Néra, au même titre d’autres peuples des régions périphériques de l’ancien Empire d’Harrenhal, ne ménageaient pas leur force lorsqu’ils entrevoyaient l’opportunité de se venger d’années de guerre et de mort.

S’il avait laissé la prisonnière sans acuité visuelle, c’était pour deux raisons. La première était qu’il souhaitait avoir l’initiative lors de l’échange : savoir à qui il avait à faire, pour peu que, par un concours de circonstances, il connaisse le visage de la fer-née. Ce n’était pas le cas. La seconde, c’était qu’il souhaitait pouvoir analyser l’instant fugace où, en lui ôtant le bandeau humide et puant qui lui recouvrait les yeux, la captive verrait qui était son geôlier. Probablement que celle-ci ne le connaissait pas ou qu’elle ne l’aurait, en tout cas, jamais vu.

Cependant, Baâl avait participé à suffisamment de fronts et fait couler suffisamment de sang durant la guerre contre le Roi Noir pour s’être fait un nom de l’autre côté des lignes ennemies. Parmi ses victoires les plus mémorables figurait notamment la bataille de Beurlieu, lors de laquelle le Général avait pris grand soin d’exterminer chaque survivant des armées de Harren. Baâl serait donc rapidement fixé : s’il était reconnu, d’une manière ou d’une autre, c’est qu’il aurait à faire à quelqu’un de suffisamment haut placé dans la hiérarchie fer-née pour associer un écho à un personnage.

Le Général de Peyredragon ne manquait pas de signes distinctifs. D’abord, ses traits physiques de natif d’Essos n’étaient pas monnaie courante sur le continent de l’Ouest, encore moins s’agissant d’un commandant militaire. Sur son armure légère et ses vêtements, l’on pouvait ci et là observer le blason du dragon rouge à trois têtes, qui renforcerait quiconque avait déjà un doute sur son identité. Les bras posés sur les accoudoirs du trône, l’air interrogateur, Baâl se pencha légèrement vers l’avant tandis qu’il fixait la jeune femme de ses yeux de jais.

[Baâl] « Qu’on lui débande les yeux. »

A cet instant, l’homme scrutait chaque réaction, même imperceptible, de la jeune femme. Avait-il affaire à un sous-fifre inconsistant ou, au contraire, celle-ci trahirait-elle une certaine surprise à se retrouver devant lui ?

[Baâl] « D’ordinaire, ta tête et celles de ta petite troupe, que j’ai peine à croire perdue au beau milieu d’un territoire ennemi, orneraient déjà nos piques. Tu a demandé à me voir, colportant un message de haute importance. Alors parle. »

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 15:45


COMME UN OISEAU EN CAGE

J'avais marché au moins quelques dizaines de mètres dans ce que je pensais être une grande salle du château. Le chemin, avait été très pénible à parcourir, enchaîné, aveuglé et avec une plaie malmenée. Les deux gardes me jetèrent à genoux sur la pierre glaciale, ce qui m'arracha un gémissement plaintif. Je pouvais ressentir toute la déchéance de ma position, j'avais tellement de regrets, de déception et de colère en moi.

Après un certain temps, durant lequel le commandant des lieux avait sans aucun doute dû m'observer, l'homme ordonne à ses hommes de retirer le bandeau de mes yeux, ce qui me soulage du morceau de tissu très humide et puant. Je regarde quelques instants le sol en pierre afin de m'habituer à la luminosité de la salle, puis je relève mon regard vers l'homme face à moi. Je prends le temps de le regarder de haut en bas. Il a la peau mâte, des cheveux bruns et des yeux noirs, ce qui démontre peut-être des origines d'Essos ou de Dorne. Il porte une armure et des vêtements portant le blason du dragon rouge à trois têtes, ce qui annonce directement qu'il est rattaché à Peyredragon. Il est assis sur le trône, qui revient normalement au lord du château. Néanmoins, je n'aurais pas cru le château sous l'étendard de Peyredragon, même si je me doutais que l'Empire avait conquis les fiefs de la région. Il semble en confiance, et ses habits semblent de bonne factures, ce qui prouve qu'il n'est pas un mercenaire à la solde des Targaryens, mais peut-être un homme de confiance. Si j'assemble ces données dans mon esprit, je peux en déduire qu'il s'agit probablement du Forel qui s'est illustré à la bataille de Beurlieu, dans laquelle mon père est décédé.

Je fronce les sourcils en reconnaissant là un haut gradé Impérial, ce qui est presque une chance en soit. Je vais pouvoir faire valoir ma missive auprès de lui, et lui expliquer ma situation afin de sauver nos vies. L'homme se penche légèrement en avant, ajoutant que d'ordinaire, nos têtes orneraient déjà ses piques. Il m'ordonne de dire mon important message, alors je décide de ne pas me faire prier d'avantage.

- "Je suis Heda Volmark, vos hommes ont dû vous faire parvenir la missive que je leur ai fournie. Je suis sous la protection de Lord Lyle Salfalaise, qui lui-même un assujettit à l'Empire. Nous avons fui Pierremoutier il y a quelques semaines, et nous voguions vers Dorne et à sa recherche quand les troupes Hoare nous ont rattrapés et attaqués. Vous devez sans aucun doute savoir que j'étais la bras-droit de Yoren depuis maintenant 12 années." dis-je.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 18:12

Une fois avoir recouvré la vue, la jeune femme marqua un instant de réflexion. Elle cherchait visiblement à l’identifier. Toutefois Baâl ne sembla pas percevoir, dans son expression, le signe d’une reconnaissance claire et formelle. Ce paramètre n’était pas un problème en soi. Pour lui extraire de l’information, il était même préférable que la captive ne situe pas exactement qui était le Général. Ce doute lui serait profitable. Quant à elle, la prisonnière venait de décliner son identité de manière succincte mais suffisamment exhaustive pour éveiller la curiosité et les soupçons du Forel. Lorsqu’elle acheva son propos, en explicitant qu’elle fut le second de Yoren Hoare pendant douze ans, Baâl ne put contenir une certaine stupéfaction. Que faisait une notable des Îles de Fer en rase campagne avec une poignée des siens ? Pour quelle raison Heda avait-elle fui le bastion fer-né de Pierremoutiers ? Et pourquoi avait-elle été traquée et attaquée par les armées Hoare ? En tout état de cause, elle n’était pas en odeur de sainteté dans son propre camp. Baâl commençait à réfléchir à cette situation et se disait déjà que, quoi qu’il ressorte de cette discussion, avoir dans ses geôles une personnalité très au fait de la stratégie des fer-nés ne pouvait être qu’un atout.

Après que Heda termina son allocution, Baâl fit signe à sa garde de lui apporter la missive qu’elle avait préalablement récupérée parmi les effets personnels de la fer-née. L’homme la consulta, attentivement. Il la relut une seconde fois, comme pour s’assurer de n’avoir rien omis. L’histoire semblait crédible ; Lyle Salfaise était lui-même un fer-né, dont on pouvait bien s’imaginer qu’il avait garanti à une comparse un sauf-conduit. Mais le document manquait à répondre à beaucoup de questions, au premier rang desquelles le « pourquoi du comment ». Pour quelle raison Heda Volmarck qui, de son propre aveu, était le bras droit de Yoren Hoare, avait besoin d’un droit de passage la menant jusqu’à Lord Salfaise ? Baâl venait-il de mettre à jour, par hasard, un complot interne à l’Empire et dans lequel Lyle Salfaise tentait d’infiltrer des éléments fer-nés ?

Baâl referma le courrier, après avoir remarqué qu’il n’était pas scellé par la marque du Salfaise. Impossible, par conséquent, d’authentifier le document. Il esquissa un rictus, et reprit.

[Baâl] « Voilà donc que Lyle Salfaise, par le biais d’un sauf-conduit qu’il n’aurait même pas pris la peine de sceller, garantirait au bras droit de notre ennemi un libre passage sur les terres impériales, afin de diligenter une rencontre diplomatique au sujet de laquelle je ne serais pas au courant et qui, si j’en crois votre présentation, serait de nature à engager la stratégie de l’Empire. »

Sur ces mots, la Main de Peyredragon lâcha un rire moqueur.

[Baâl] «  Vous n’irez nulle part, Heda Volmark. Ce papier, entre mes mains, n’aura jamais existé si je choisis qu’il en soit ainsi. D’où venez-vous ? Que faites-vous ici ? Pour quelle raison avec-vous dû fuir Pierremoutiers ? Et, pour terminer, qu’aviez-vous à traiter avec Lord Salfaise ? »

Il s’interrompit, marquant chacun des mots qui allaient suivre comme un marteau frappe une enclume.

[Baâl] « Si je n’ai pas de réponse crédible à chacune de ces questions dans les minutes qui viennent, je me chargerai de les obtenir, coûte que coûte. »

Un silence de mort s’abattit sur la grand salle.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 18:49


COMME UN OISEAU EN CAGE

J'ai annoncé clairement et brièvement la raison de ma présence sur la Nera, aux abords de Fengué. Néanmoins, je me suis gardé de tout lui expliquer d'un coup, cela serait trop compliqué. Lorsque j'annonce à l'homme que j'ai été le bras-droit de Yoren durant 12 années, je pus lire la stupéfaction sur son visage. Il doit probablement se demander pourquoi quelqu'un comme moi est présence dans une si mauvaise condition, attaqué par mes anciens hommes et camarades.

Une fois mon résumé terminé, l'homme qui ne s'était toujours pas présenté, fit signe à son garde de lui apporter la missive de Lyle Salfalaise. Il semble sérieusement la lire, ce qui me rassure au moins sur l'utilité de ces écrits. Après quelques minutes de lecture, il referme le courrier et esquisse un rictus étrange avant de reprendre la parole. Evidemment, il avait remarqué que le courrier n'était pas scellé, mais ce n'est pas un élément qui m'inquiète. L'homme ne semble pas tout à fait prendre ce courrier au sérieux, soit il pense que Lyle est un traître, soit il pense que ce courrier est un faux. L'un comme l'autre, ça ne m'arrange pas.

L'homme veut des réponses à ses questions, ce qui est compréhensible, néanmoins, il se sent obligé de me menacer pour obtenir des réponses. Je peux lire entre les lignes et comprendre que je n'ai pas le choix, je parle de bon gré, ou je parlerai sous la torture. Je n'ai pas d'illusions sur le sort que l'on pourrait me réserver, mais je n'ai pas prévu de mourir si jeune. Je prends quelques secondes pour ordonner mes pensées avant de répondre clairement à chacune des questions.

- "Concernant la missive, elle n'est pas scellée car je l'ai reçu lorsque j'étais encore à Pierremoutier. Lord Salfalaise est banni du royaume, sa tête est mise à prix, recevoir un courrier scellé de son sceau aurait été complètement fou, on m'aurait immédiatement questionné à ce sujet. Je connais suffisamment Lord Salfalaise pour reconnaître ses courriers même sans son sceau." dis-je fermement.

N'importe quel fer-né connait le sort qui a été administré à la maison Salfalaise en raison de leur soit-disant trahison. Recevoir un courrier clairement identifié comme le sien m'aurait valu les remontrances de Yoren, et la méfiance des membres de son conseil. Néanmoins, à l'époque, je n'avais pas encore scellé mon propre destin.

- "Les troupes de Yoren sont ancrés à Pierremoutier depuis bientôt 5 mois. L'armée est prête à un siège pour défendre la nouvelle capitale, Yoren a même épousé une femme du Conflans. Depuis le début de la guerre, nous avons perdu la moitié de nos hommes dans des batailles rangées. Les fer-nés ne sont pas des guerriers que l'on peut disposer en ligne, nous sommes faits pour les batailles navales, les pillages et les guérillas. Pourtant... Yoren semble avoir oublié qu'il faut parfois reculer pour mieux avancer. Le Bief nous promet des troupes depuis des mois, et seulement 400 cavaliers ont étés envoyés. Nous sommes seuls dans cette guerre, nous mourons comme des chiens pour le Bief. J'ai proposé des stratégies qui renverseraient les choses pour nous, mais les troupes sont toujours enlisées là-bas. Alors j'ai tenté ma chance, j'ai voulu parler aux fer-nés pour qu'ils lui fassent entendre raison, pour sauver nos vies. Les hommes du Conflans n'ont pas compris mon discours, ils ont directement levé leurs épées contre nous, et une émeute à éclater. Yoren et Helena ont envoyé la garde à nos trousses, et nous avons dû fuir par la Nera en laissant des gens mourir sur le port. Depuis lors, les cavaliers de Yoren et ses Puinés nous harcèlent." dis-je fermement.

Je laisse un blanc, le temps de pouvoir faire une transition pour conclure mes intentions.

- "Je suis exilé, en disgrâce chez les miens. J'avais espoir de rejoindre Lord Salfalaise pour discuter de la possibilité de venir compléter ses troupes et de trouver un accord pour le futur. Et dans le cas contraire, demander l'exil à la Principauté de Dorne en échange de mes humbles services. Mais... Nous sachant au coude à coude avec les cavaliers à nous trousses, nous naviguions avec l'optique de nous rendre à des troupes Impériales et de faire valoir cette missive." dis-je fermement.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 20:52

Baâl s’accrocha à son siège. Tandis que la jeune femme déroulait son récit, le natif d’Essos n’en perdait pas un mot, à l’affût de la moindre contradiction ou de la moindre erreur d’inattention. Une fois qu’elle eût terminé, l’homme laissa place à un silence d’une longue minute. Il ne disait pas un mot, et fixait Heda d’un air intimidant. Sa conclusion à tout cela était la suivante : soit ce qu’elle venait de raconter était effectivement de nature à bouleverser le cours des prochaines batailles, à commencer par le front du Conflans et de Pierremoutiers ; soit son histoire était très bien construite et avait été bien réfléchie. Il ne savait trop sous quel angle juger du bien-fondé des aveux de cette femme. Tout au plus pouvait-il constater cette blessure qui continuait de saigner et d’imbiber son vêtement d’une marque pourpre. Aurait-elle été jusqu’à s’auto-mutiler afin de légitimer un mensonge ? A vrai dire, il n’en savait trop rien.

Le Général de Peyredragon se leva brusquement et commença à déambuler dans la grand salle, non loin de la Volmark. Celle-ci venait de lui livrer gratuitement des informations précieuses sur l’état stratégique de la cité de Pierremoutiers. Elle pointait aussi du doigt le manque de soutien militaire du Bief, dont elle considérait qu’il laissait le dernier bastion fer-né du Conflans à merci de l’Empire. Au fond, Baâl était prêt à concevoir que le récit soit véridique. Mais il ne comprenait pas comment Lord Salfaise avait pu assurer à une partie ennemie un quelconque sauf-conduit, sans jamais en informer le Collège Impérial. A défaut d’explications supplémentaires de la part du chef de l’Hydre Noire, cet acte apparaissait pour Baâl comme, au mieux, une grave négligence et, au pire, une trahison. D’autant qu’il n’avait visiblement pas adressé ce droit de passage à n’importe qui : il s’agissait d’un lieutenant de Yoren Hoare.

Le Forel reprit la parole, après un long moment de réflexion.

[Baâl] « Tu dis avoir été le bras droit de Yoren Hoare. J’ose donc supposer que tu étais au courant des principales manœuvres de ton seigneur… Depuis plusieurs semaines, je traque une troupe de Puinés débarquée depuis nos côtes de la Néra, et qui s’est frayée un chemin dans le Bois du Roi avant de disparaître en direction du Bief. Ces Puinés, que je recherchais, étaient-ils à tes trousses ? Dis m’en davantage sur eux. Qui les a fait venir en Westeros ? Le Bief ? Yoren ? »

Puis il changea de sujet, ajoutant de nouvelles questions à la conversation.

[Baâl] « Si ton histoire est réelle et que tu es celle que tu prétends être, ta vie ne dépend pas uniquement de ma décision. Si tu y tiens, dis-moi tout ce que tu sais de vos manœuvres de printemps et des forces en présence dans votre coalition. Réfléchis bien à ce que tu vas me dire. Si je te laisse en vie et qu’il s’avère, par la suite, que tu nous a menti, je m’assurerai personnellement que tu finisses par regretter de n’avoir pas trouvé la mort ce soir. »

Baâl n’aimait pas particulièrement user de la menace ou de la terreur, mais il savait que cette arme était parfois nécessaire, autant que redoutable. Ceci lui permettait, pour l’instant, de conserver un large ascendant psychologique sur sa captive.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 21:46


COMME UN OISEAU EN CAGE

J'ai terminé mon récit, je ne suis pas trop entrée dans les détails de l'émeute que j'ai provoqué, la façon précise dont j'avais fuit, ni encore les répercutions probables que j'avais provoqué contre mon gré dans mon propre camp. Le récit est suffisamment long comme ça, pas besoin d'y ajouter des détails secondaires. J'ai raconté le gros du récit, les faits les plus marquants. L'homme face à moi doit dorénavant comprendre mes motivations. Il m'avait semblé attentif durant toute mon histoire, il ne m'a jamais coupé. Un détail que je trouve agréable, beaucoup d'interrogateurs parlent plus que les interrogés. Mais dans mon cas, j'ai des montagnes d'informations en stock, une vraie mine de diamants.

Je me retiens plusieurs fois de poser ma main sur ma blessure. J'ai très envie d'appuyer dessus pour contenir le petit saignement, et de gérer la douleur. Mais je n'ai pas envie d'avoir la main recouverte de sang, et de devoir rester de cet état durant des jours. Je me contente alors d'agripper le tissu presque propre autour de ma blessure. Un long silence d'une bonne minute s'écoule après la fin de mon récit, l'homme me fixe avec un air intimidant. Il se lève de son siège, pour venir déambuler dans la salle, non loin de moi. Je ne le regarde pas plus que ça, je n'ai pas envie d'avoir l'air effrayée, car je ne le suis pas. J'ai tout juste froid, faim, soif, j'ai besoin de soins et d'un bain.

Finalement, il reprend la parole pour demander avec précision des informations sur les Puinés qu'il traque. Il se trouve que j'ai en ma possession les informations qu'il souhaite, oh que oui. Néanmoins, j'ai déjà donné gratuitement beaucoup d'informations, et à présent, il est temps pour moi de garantir notre survie.

- "Ils étaient à mes trousses oui. Je sais d'ailleurs qui les a fait venir en Westeros... Je suis tout à fait disposée à vous fournir les informations que vous désirez. Mais vous comprenez que je ne peux vous en fournir plus sans demander un geste de votre part pour garantir ma survie et celle des miens. Je sais parfaitement que je ne suis pas en position de négocier quoi que ce soit.. mais.. vous me tuerez très certainement une fois que je vous aurais donné tout ce que vous désirez." dis-je.

L'homme change de sujet pour poser d'autres questions. Il veut en savoir plus sur nos manœuvres de printemps, les forces en présence dans la coalition. Il ajoute en supplément une menace, quoi de plus banal. Je connais très exactement les derniers chiffres des différentes armées de Yoren, et le nombre de chaque types de soldat. Mais il est hors de question de mourir après avoir livré les précieuses informations.

- "Je connais très précisément les forces de Yoren, les effectifs de chacun des différents groupes armés, allant des troupes terrestres à la flotte de fer. Leur dernière position, leur moral, les conflits politiques, les mercenaires... J'ai beaucoup d'informations, mais j'aimerai un accord." dis-je simplement.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 23:07

Heda Volmark ne daigna pas répondre à ses dernières questions, en tout cas pas sans avoir une garantie couvrant sa vie ainsi que celle des siens en échange des informations qu’elle livrerait. Pour renforcer sa position, elle avait indiqué à Baâl qu’elle connaissait beaucoup de la stratégie de Yoren et qu’elle savait aussi qui était derrière les incursions des Puinés en Westeros. Le fait est que Baâl, quant à lui, commençait à douter de la parole de la jeune femme. Il sentait qu’elle parvenait à retourner la situation, pourtant très défavorable, à son avantage en faisant miroiter au Général des données stratégiques. Lui n’y croyait plus.

[Baâl] « Bien. J’ai été pourtant très clair. Je ne crois pas t’avoir laissé l’opportunité de décider. Ici, c’est moi qui pose les questions et qui en fixe les règles. L’équation était la suivante : ou bien tu tenais à ta vie, et tu me donnais les informations que je souhaitais avoir, dans l’espoir que je daigne t’épargner ; ou bien tu choisissais, comme tu viens de le faire, de garder tes secrets pour toi en les emportant au bout d’une corde. Tu as fait ton propre choix. »

Terminant sa sentence, Baâl claqua des doigts. Le son résonna dans toute la grand salle et, aussitôt, la garde s’empara de la fer-née, avec la même force que celle avec laquelle ils l’avaient projetée au sol, quelques minutes auparavant. Baâl, quant à lui, se retourna et cessa de prêter attention à la captive que, déjà, les soldats de Fengué malmenaient.

[Baâl] « Faites le nécessaire, dit-il à ses hommes ».

Le Général n’avait pas donné d’indications particulières. Peut-être laisserait-il ses soldats profiter du corps savoureux de la jeune femme, avant de les laisser choisir eux-mêmes la manière dont ils l’exécuteraient. Peut-être que c’est ainsi que terminerait la vie d’un lieutenant éprouvé du Roi Yoren, ayant passé une vie à écumer les batailles pour finir violée et tuée dans les recoins immondes d’une geôle.

Baâl jouait là son dernier atout. Si Heda choisissait de se laisser emporter, et avec elle ses informations, ce n’était pas bien grave. Elle lui avait déjà donné une série d’indications précieuses sur l’état politique des Îles de Fer, visiblement troublées en interne par les dissentions. Elle lui avait aussi préfiguré que le Bief, qu’un épais brouillard de guerre protégeait encore, semblait de moins en moins enclin à assurer la survie des derniers héritiers du Roi Noir sur les terres continentales de Westeros.

La garde commença à traîner Heda dans la direction inverse. C’était maintenant, ou jamais. Soit elle acceptait les conditions de Baâl, qui ne lui offraient aucune garantie en l’état actuel, soit elle se condamnait directement à la mort. Objectivement, le choix n’en était pas vraiment un. Dans le premier cas, elle ne pouvait être certaine d’être maintenue en vie. Dans le second, cependant, elle avait la garantie formelle de ne pas passer la nuit, et de condamner avec elle tous ses camarades. Enfin, cet ultimatum permettrait à Baâl, quelle qu’en soit l’issue, de mesurer le degré d’attachement de cette transfuge pour son ancienne allégeance. Si elle choisissait de taire ses informations dans la situation la plus critique, se disait-il, c’est qu’il restait au fond d’elle un amour pour sa patrie et qu’elle aurait fait peser sur l’Empire plus de risques qu’elle n’aurait apporté d’atouts.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyDim 22 Sep - 23:37


COMME UN OISEAU EN CAGE

J'ai tenté ma chance pour une négociation, et malheureusement, l'homme face à moi n'apprécie pas mon audace. Il n'hésite pas un seul instant à jouer au bluff, ou pas, pour faire pression sur moi. Lorsqu'il termine de me réprimander, il claque des doigts. Le garde s'empare de mon bras pour me relever brusquement, avec une poigne douloureuse. L'homme qui menait l'interrogatoire se détourne déjà de moi, feintant de ne plus me prêter d'attention tandis que les deux soldats me malmènent un peu. Néanmoins, les soldats de Fengué ne valent pas les fer-nés, et je garde mon calme.

Les gardes commencent à me traîner dans la direction inverse, vers les cellules. Je me débats un peu, mais je suis trop affaiblie pour pouvoir opposer une réelle résistance. La situation est parfaitement claire, soit j'accepte son offre, et j'espère vivre un peu plus longtemps, soit il me tue avant la nuit. Je ne peux décemment pas me sacrifier pour un ami qui m'a si facilement tourné le dos. J'aime mon peuple, mon royaume et mon ami Yoren, mais si les Impériaux ne m'avaient pas capturé, Yoren n'aurait probablement pas eu autant de retenue que l'homme ici présent. Je soupire un instant avant de reprendre la parole un peu plus fort.

- "Les Puinés sont financés par Yoren... Ils ont probablement été contacté à la base par Harren mais c'est finalement Yoren qui les paient. Mais avec l'émeute de Pierremoutier, je ne peux pas garantir qu'ils soient tous restés sur place. Les instabilités de ce genre peuvent faire fuir les mercenaires. Mais en tout cas, j'ai croisé des Puinés le long de la Nera, donc ils n'ont pas tous désertés, il me semble qu'ils étaient positionnés au Nord et au Sud du fleuve." dis-je.

Les gardes cessent de me traîner maintenant que je fournie à nouveau des informations. Je garde toujours mon calme, parlant cette fois avec plus de lassitude tellement je commence à être fatiguée par ma plaie et mes semaines de fuite sur le Nera.

- "Pour les campagnes de printemps... Rien n'avait été décidé avant que je ne parte. Il y avait seulement eu des idées de plans évoqués, mais rien n'avait été lancé." dis-je.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 10:29

Baâl fit volte-face. D’un coin de l’œil, il scruta la jeune femme qui, tandis qu’elle était emmenée de force vers sa cellule, sauva sa peau en lâchant davantage d’informations. A cet instant, le Général commença à penser qu’il y avait peut-être une part de vrai dans le récit de cette Heda. Mais son intime conviction ne saurait prendre le pas sur certaines mesures de diligence, absolument nécessaires en pareilles circonstances. Il en allait, ici, de la sécurité de l’Empire et non de son seul jugement personnel. Aussi, conformément à l’éthique qui lui était propre, Baâl mettrait de côté son ressenti pour faire prévaloir les obligations liées à ses responsabilités. Il ne laisserait la place à aucun doute, la concernant. Et si un paramètre énigmatique persistait, celui-ci ne serait pas en mesure de nuire gravement à la cause impériale ou à Peyredragon.

Pendant que la garde relâcha sa poigne, sur ordre visuel de leur chef, Baâl s’accorda un temps pour mettre en ordre ses idées. Quelle était donc la situation, du point de vue de cette Heda Volmark ? Visiblement elle se sentait responsable de sa troupe de fer-nés, puisqu’elle avait cherché à marchander, à l’instant, leurs vies en plus de la sienne en échange des informations qu’elle transmettrait. Sans forcément le savoir, elle venait donc d’afficher une faiblesse et, de ce fait, de dévoiler à Baâl un puissant levier d’intimidation. En revanche, Baâl n’avait aucun moyen de savoir si son identité, les informations qu’elles lui envoyaient au compte-goutte ou celles qu’elle prétendait receler encore, correspondaient à la réalité. Or, la seule raison qui poussait le Forel à la garder encore en vie était, précisément, l’éventualité qu’elle dise vrai et qu’elle soit capable, par sa connaissance de l’ennemi, de renseigner des données stratégiques à l’approche de la guerre du printemps.

Baâl appela l’un de ses hommes. Tous deux chuchotèrent pendant de longues minutes, puis Baâl finit par acquiescer. La manière dont il lui parlait et avec laquelle il lui tapa sur l’épaule, après lui avoir donné ses consignes, trahissait une certaine confiance entre le Général et son soldat. L’homme en armes quitta la grand-salle par la porte principale, nul ne savait alors où il était parti.

Durant les quelques heures où Heda Volmark avait été emprisonnée à Fengué, elle et les siens avaient logiquement fait l’objet d’une surveillance de tous les instants. La garde n’avait pas manqué de constater une certaine proximité entre Heda et un autre fer-né, sur lequel elle était venu se blottir dans un moment de douleur et de fatigue.
Baâl reprit la parole. Cette fois-ci, il serait un peu plus loquace.

[Baâl] « Laisse-moi te livrer le fond de ma pensée, Heda Volmark. Je pense que tu me mens et je pense que tu es une jeune femme intelligente ; je crois que cette qualité, cette arme, tu l’exerces en ce moment même pour sauver ta vie. Et, en toute franchise, il serait idiot de ma part de ne pas le comprendre. Hormis les fous ou les dévots – pour peu qu’on les distingue – tout le monde s’accroche à ce monde avec la conviction profonde que, malgré toutes nos croyances, le pari d’une vie dans l’au-delà est bien moins certain que la garantie de notre existence, soit-elle misérable. Cette allégorie, c’est un peu celle que tu vis, là, maintenant. »

Baâl se rapprocha un peu de la jeune femme. Son léger accent de Braavos se faisait de plus en plus audible.

[Baâl] « Entrons dans ton jeu. Tu sembles à la tête de ce groupe de combattants fer-nés. Hormis les explications que tu m’as données, je n’ai pas davantage de justifications au fait que vous vous soyez perdus au beau milieu de la Néra. Ou alors, celle la plus probable serait que vous ayez été envoyés, à l’instar des Puinés, pour éclairer notre territoire. Si tel est le cas, la seule façon de vous en sortir aurait été d’avoir inventé une histoire un tant soit peu crédible, préalablement soutenue par je ne sais quelle missive secrète de Lord Salfaise qui, comme par hasard, est justement un transfuge fer-né servant aujourd’hui l’Empire. J’en conviens, le scénario est bien amené. Mais il comporte toutefois de sérieux défauts. Par exemple, à supposer que Lyle Salfaise t’ait bel et bien transmis ce document, sans prendre la peine de le sceller pour les raisons que tu évoques, comment imaginer, raisonnablement, qu’il aurait mis sa vie et son statut en périls au sein de l’Empire pour t’offrir un sauf-conduit jusqu’à l’Hydre Noire. Car, d’après les informations que tu me rapportes, le fait est que Lord Salfaise aurait ici commis un acte de trahison potentiel, acte que nous condamnons par la peine fatale. Pourquoi, en somme, Lyle Salfaise aurait risqué sa vie pour sauver la tienne, en sachant qu’un jour ce document, que je viens de lire, pourrait être présenté de ta part à des hommes de l’Empire ? As-tu une explication à cela ? »

Baâl s’approcha encore. Un petit mètre le séparait de Heda.

[Baâl] « Le passe-droit d’un Lord n’a aucune valeur sur les terres que je commande, encore moins par temps de guerre, encore moins lorsqu’il ne présente aucun sceau. Ce qui se joue ce soir pour toi dépend de la crédibilité de tes explications et de la manière dont je les évaluerai. »

A ce stade, le visage de Baâl était tout près de celui de la fer-née. Il la défiait, en conservant toutefois quelques centimètres de distance afin de ne pas risquer de se faire infliger un coup de tête.

[Baâl] « Voilà ce qui est en train de se passer, Heda Volmark. Tout à l’heure, tu t’es réfugiée sur les jambes de l’un des tiens. J’ignore de qui il s’agit mais s’il est bien une chose que j’ai appris c’est que rarement une femme se blottit auprès de quelqu’un qui lui est indifférent. Est-ce ton amant, ton époux, ton frère ou ton neveu, je m’en moque. Mais c’est bien lui que j’ai choisi. »

Baâl s’interrompit un instant, puis reprit.

[Baâl] « Pendant que je t’interroge, mon lieutenant en fera de même avec ton comparse. Nous confronterons vos deux versions. Deux cas de figure se présenteront alors. Dans le premier, vous présenterez exactement le même récit ce qui pourra signifier qu’il est vrai, ou alors que vous l’aviez préparé collectivement. Dans le second, vos histoires divergeront et, à force d’interrogations, je finirai par vous piéger tous les deux à votre insu et à connaître la vérité, en jouant l’un contre l’autre. »

Baâl savait que, jusqu’ici, son plan présentait une faille. Il allait directement la combler, et boucler la boucle.

[Baâl] « Je sais ce que tu vas te dire. Pour peu que vos récits convergent et que chacun d’entre vous les mainteniez dans la durée, vous avez une chance de vous en sortir, y compris en mentant. En réalité, aucune. Lorsque nous le jugerons nécessaire, c’est-à-dire lorsque nous aurons une suspicion sur vos versions, nous expliquerons à ton comparse que tu as tout avoué, et qu’il ment. Nous lui dirons que tu as choisi de sauver ta vie et de nous fournir de l’information. Et, pour courageux qu’il soit, le doute finira inévitablement par le saisir jusqu’à ce qu’il finisse par te vendre, soit par vengeance soit pour sauver sa propre vie si je lui propose. Et, de surcroît, nous sommes capables de multiplier le procédé avec l’ensemble des compagnons de ton équipage. »

Le Général marqua un point d’arrêt. Il se redressa, et commença de nouveau à déambuler.

[Baâl] « J’apprécie le fait que tu te montres coopérative. Tu es piégée Heda, tu n’as pas d’autre choix que de me dire la vérité. Je ne veux pas que nous perdions un temps précieux à se raconter des fadaises. Si tu prends le parti du mensonge, je finirai par le savoir et tu connais l’issue. Quand d’autres t’auraient torturée ou passée au pilori, je te laisse une opportunité de prouver que ton existence vaut davantage que ton exécution. »

Il se retourna, et l’observa droit dans les yeux.

[Baâl] « Par conséquent, tu dois premièrement répondre à certains de mes doutes. Comment peux-tu me prouver que tu es bien Heda Volmark, lieutenant de Yoren Hoare depuis douze années ? Cette lettre, que tu m’as présentée, a-t-elle été écrite par ta propre main ? Si tel est le cas, il est préférable que je le sache maintenant car tes jours seront comptés s’il s’avère que tu as produit un faux au nom d’un de nos Lords. »

Puis, il termina.

[Baâl] « Si tu es bien celle que tu prétends être, ce courrier n’a strictement aucune importance dans l’équation. C’est toi, qui compte. Alors parle. Dis-moi exactement qui tu es, prouve-moi que cela est vrai. Si tu as servi Yoren au plus haut niveau durant toutes ces années, tu dois avoir en ta possession certains éléments capables de le justifier. Et n’omets aucun détail. Je veux tout savoir, tout sans exception. »

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 12:06


COMME UN OISEAU EN CAGE

L'homme fait volte-face dès que je lâche de nouvelles informations, il me scrute du coin de l'oeil. La garde relâche leur poigne de mon corps tandis que l'homme garde le silence quelques longues secondes. Il chuchote quelques longues minutes à un garde, et la façon dont il lui tape l'épaule m'indique que c'est un homme de confiance. Le soldat quitte ensuite la salle, j'ignore sa mission, mais je n'aime pas trop ça.

L'homme reprend la parole, cette fois de façon beaucoup plus loquace. Selon lui, je mens et j'utilise mon intelligence comme une arme en ce moment même pour sauver ma vie. Et il a bien raison sur le fait que je m'accroche à cette vie, je ne suis pas assez pieuse envers mes dieux pour croire à une prochaine vie. Il se rapproche un peu de moi, et il continue de parler, mais cette fois, je peux détecter clairement un accent étranger. Il n'est donc définitivement pas de Dorne, mais d'Essos. Il parle, ou plutôt tire des conclusions de mes précédentes paroles et actes. Il ne croit pas que nous soyons perdus au beau milieu de la Néra, mais nous n'étions pas perdus, nous voguions vers Dorne. Il tire l'hypothèse que nous ayons été envoyés pour éclairer le territoire à l’insu des Puinés. Pour lui, Lord Safalaise nous aurait soutenu dans l'idée de faire défaut à l'Empire, et je commence à regretter de mettre Lyle dans cette situation à risques.

Il me demande une explication, pourquoi Lyle aurait-il mit en danger sa situation pour la mienne ? Je fronce les sourcils en attendant la suite de son discours. Il se rapproche encore un peu de moi, d'un bon mètre. Il m'explique que le document n'a aucune valeur ici, ce qui met Lyle dans l’embarras pour rien. Le visage de l'homme se rapproche tout près du mien, ce qui me met mal à l'aise. L'homme commence à évoquer Ivar, car c'est sur les jambes de mon demi-frère que j'ai pris un peu de repos. Il dit l'avoir choisi, et je redoute qu'il soit torturé quand bien même Ivar est un homme solide. Mais l'homme de Peyredragon m'annonce qu'Ivar est interrogé par son lieutenant, pour comparer nos versions. Il usera de mensonges pour nous tirer une vérité qu'il possède déjà. Mais je ne suis pas le moins du monde inquiète.

- "L'homme que vous interrogez, il s'agit de Lord Ivar Volmark, mon demi-frère. Il vous confirmera ma version, car c'est la vérité." dis-je.

L'homme continue à déambuler dans la pièce, mais cette fois, il adoucit son discours. Il apprécie que je me montre coopérative, mais il continue ensuite pour bien me montrer que je suis dans une situation complètement fermée. Il se retourne ensuite, et m'observe, son regard planté dans le mien. Depuis le temps que je suis ici, je commence de plus en plus à ressentir le froid, mon corps tremble légèrement tandis que je décide finalement d'appuyer sur ma blessure avec ma main. J'ai affreusement mal, mais je sais que je commence à m'affaiblir.

L'homme exige encore une fois que je réponde à ses doutes, il veut que je prouve mon identité, chose presque impossible. Il souhaite ensuite savoir si j'ai écrit la lettre de ma propre main, ma preuve n'est donc définitivement plus valable, autant innocenter Lyle. Je le regarde droit dans les yeux en répond dans ton toujours aussi ferme.

- "Je suis Heda Volmark, mon frère en est une preuve vivante. Néanmoins, vous pouvez interroger vos espions à Pierremoutier, ils vous confirmeront mon identité, vous pouvez même capturer des cavaliers de Yoren pour qu'ils le confirment. Quant à la lettre, je l'ai écrite moi-même, c'est un faux. Les événements se sont enchaîné trop rapidement pour qu'il puisse m'en fournir un vrai. Sachez donc que si j'avais pu rejoindre Lord Salfalaise, l'interrogatoire que nous avons maintenant se serait déroulé avec lui." dis-je.

Je marque un blanc quelques secondes car je commence à me sentir mal, j'ai des frissons et des vagues de sueurs froides m'envahissent, me faisant transpirer lentement.

- "Je ne sais pas quoi vous fournir d'autre pour vous prouver mon identité. J'ai grandi avec lui sur le boutre d'Eren Hoare, je suis devenue son second sur le Requin Noir, je l'ai accompagné sur les champs de batailles, et je l'ai soutenu lorsqu'il a dû prendre le fardeau de la couronne sur ses épaules. Nous aurions préféré mille fois que Joren ne se rebelle jamais contre Harren. On aurait pu vivre toute notre vie ensemble, vivant de pillages et de voyages. Je n'aurais pas réduit à néant ma propre maison en voulant sauver tous ces gens. Je n'aurais pas tout perdu comme Salfalaise. Je n'ai plus rien, les miens sont soit morts soit enfermés, mon titre et mes terres doivent avoir été confisqués et ma tête mise à prix. Quand je suis partie j'avais trois boutres pleins, avec près de 150 hommes... Je n'en ai plus qu'une poignée. Mon meilleur ami veut ma mort... Vous voulez quoi de plus ?" dis-je.

Mes yeux me piquent sous le poids de l'émotion, ils se font plus rouges car je retiens mes larmes. Toute cette histoire est encore fraîche dans mon coeur, et je n'ai pas pu me confier. Aucun de mes hommes ne veut me voir faible, ils ont besoin que je sois forte et que je les guide.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 14:07

Plus le temps passe, et plus la demoiselle semble piégée par la configuration dans laquelle Baâl l’a installée. Et elle marque le coup, y compris physiquement. Cette scène pleine d’inconfort – un inconfort que le Général a sciemment orchestré en la faisant venir ici en pareilles circonstances – autant que lourde de danger pour sa vie semble venir rapidement à bout des murailles mentales de la fer-née. Elle avoue. Peut-être pas tout, mais elle en dit suffisamment et sur un ton suffisamment défait pour paraître davantage crédible. Elle parle à la manière de ceux qui n’ont plus rien à perdre, sinon leur tête. Chose frappante, Heda ne semble pas davantage soucieuse du sort que Baâl peut réserver à son demi-frère. Ce point de détail contraste avec sa volonté de coopérer, puis encore davantage avec le ton larmoyant sur lequel elle prononce ses dernières paroles. La fatigue, le sentiment d’être pris au piège, l’impression d’être mise à nue, la douleur de sa blessure ; tous ces paramètres achèvent de briser la jeune femme qui, bien que fer-née, n’en reste pas moins un être humain.

En définitive, elle venait aussi de confesser que cette lettre était la sienne, et d’écarter du même coup toute implication de Lyle Salfaise dans ce qui s’apparentait, de fait, à un complot intérieur. Baâl se sentit rassuré, car il craignait que le fer-né repenti soit une nouvelle problématique à traiter, à l’aube des escarmouches printanières.
Si Baâl sait se montrer intransigeant, il est en revanche in capable de faire preuve de cruauté. De ce qu’il pouvait à la fois entendre mais aussi sentir des aveux de Heda, celle-ci venait de se livrer, dans une dernière convulsion désespérée. Ses derniers propos accréditaient sa version. Elle avait illustré sa proximité avec Yoren avec des dates, des noms et plusieurs détails précis qu’il aurait été difficile d’inventer de manière immédiate. Elle venait donc de gagner le droit de vivre, en tout cas temporairement.

A mesure que les minutes passaient et que la nuit gagnait du terrain dehors, le froid commençait à s’emparer du château, même pour Baâl qui était bien vêtu. Le printemps faisait son arrivée mais les froides soirées hivernales n’étaient pas encore un lointain souvenir. Heda, saisie par les courants d’air, peinait certainement à lutter contre le froid à cause de sa plaie. La faiblesse ostentatoire de Heda manqua presque d’attendrir Baâl qui, malgré tout son vécu, n’appréciait pas le spectacle de la douleur d’autrui. Mais ce dernier se ressaisit rapidement, se rappelant qu’il avait en face de lui quelqu’un qui avait servi le Roi Noir et ses successeurs. Elle était donc, bien qu’indirectement, responsable de la mort d’Aegon et Visenya Targaryen et, en tant qu’officier du Royaume du Conflans et des Îles de Fer, avait dû tremper, par ailleurs, dans la plupart des planifications tactiques ayant coûté la vie aux soldats de Baâl. Sur ce dernier point, le Forel adoptait cependant un point de vue réaliste. La mort au champ d’honneur fait partie de la guerre, et l’on ne saurait en vouloir à un ennemi de mener bataille pour défendre ses intérêts. L’assassinat, les coups-bas, la ruse, c’était bien cela que détestait par-dessus tout le Général de Peyredragon, homme d’honneur et de combat.

L’homme demanda à sa garde d’aider Heda Volmark à se tenir debout. Il constatait qu’elle peinait de plus en plus à le faire. Il mit fin à l’échange, pour mieux le reporter.

[Baâl] « Tu as gagné le droit de vivre ce soir. Je veux bien te croire, en tout cas une partie de ton récit. Il s’agira, par la suite, de déterminer la part de vrai et la part d’invention dans tes propos. Si je m’en tiens à ce que tu me dis, tu représentes effectivement un intérêt pour moi et, surtout pour l’ensemble de l’Empire. Et pour cause, tu sais mieux que n’importe quel espion quel est l’état des forces de Yoren, voire de celles du Bief. Jusqu’à nouvel ordre, tu seras placée dans une cellule plus confortable que tes comparses, et l’on te dispensera des soins. Quant à ton sort sur le long terme, je ne peux seul m’en porter garant. Je dois d’abord échanger avec les miens. Sache, en tout cas, que tu n’auras pas à t’inquiéter pour ta vie, ni pour celle des tiens tant que je le déciderai. »

Les soldats l’emmenèrent dans un coin un peu miteux du château, mais sans commune mesure avec le cloaque généralisé des geôles de Fengué. Sa prison comportait un sommier, où elle pourrait s’allonger. Elle fut informée que des soins lui seraient prodigués régulièrement et que dans quelques jours Lord Forel viendrait la visiter. En attendant, elle était invitée à réfléchir. En tête à tête avec elle-même. Elle ignorait tout, cependant, de ce qui adviendrait de son demi-frère, toujours interrogé par les hommes de Baâl. Tout juste avait-elle une garantie formelle qu’aucun mal réel ne lui serait fait.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 14:56


COMME UN OISEAU EN CAGE

Je ne suis définitivement pas en état de subir un interrogatoire, ma blessure me fait souffrir, et mon morale est déjà au plus bas. Il faut bien avouer que je n'avais aucune perspective claire d'avenir après avoir quitté Pierremoutier. J'avais entendu quelques idées, mais rien de solide. Ivar et moi-même avons dû mener nos boutres dans cette tempête et nous montrer forts en toutes circonstances. Mais là, je n'en peux plus. J'étais déjà bien entamée avant d'arriver ici, et je n'ai pas la force de résister par fierté mal placée.

J'espère avoir pu sauver la confiance que les Impériaux donnent à Lyle Salfalaise en avouant que j'ai écris moi-même la lettre, qui n'est de toute façon plus du tout utile. L'homme demande à sa garde de m'aider à tenir de debout, puisque mes forces s'épuisent. Il m'annonce alors que j'ai le droit de vivre ce soir, et qu'il veut bien me croire, en partie. Je vais être déplacée loin de mes compagnons, pour une cellule plus confortable et pour y recevoir des soins. Néanmoins, il reste honnête en disant que mon sort à long terme ne repose pas sur sa seule décision. Mais nous sommes protégés jusque-là, ce qui me soulage d'un poids conséquent. Je hoche la tête en guise de réponse, car je n'ai pas la force d'en dire davantage.

Les soldats m'emmènent dans un coin du château un peu moins dégoûtant, afin de m'enfermer dans une cellule meublé d'un sommier où je peux m'allonger. Je m'y allonge avec soulagement, tandis que je tire sur moi une vieille couverture trop courte, qui ne recouvre pas totalement mon corps, m'obligeant à me plier sous elle. Je pense à mes compagnons, à tout ce que j'ai perdu. Je m'en veux terriblement d'avoir brisé l'amitié que je porte à Yoren depuis tant d'années. Je regrette tellement que nos vies aient pris un tel tournant. Je m'en veux de le laisser seul à la merci des avares et des ambitieux qui le guettent sans qu'il ne s'en méfie. Je ne pourrais jamais retrouver tout ce qui est perdu, mais j'espère au moins construire un jour un futur qui me permettra de laisser ce passé derrière moi.

Je m'endors en pensant à ces moments de calme sur le Requin Noir, cette image rêvée de Yoren et moi, cheveux aux vents sur le pont du navire. Nous observons l'horizon, nos mains sont fripées et nos cheveux blanchis. Derrière nous, une vie d'aventures et d'amour...

- "...." dis-je.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 20:39

Cela faisait une petite journée que Baâl avait congédié la fer-née dans sa prison. Au matin, celle-ci avait manifesté auprès de la garde la volonté de parler de nouveau. Visiblement, il ne s’en était pas fallu longtemps pour qu’elle réfléchisse. Les soldats avaient transmis, sans lui indiquer si quelqu’un descendrait l’écouter ou non. Pour Baâl, la situation deviendrait chaque jour plus avantageuse, et il le savait. Il avait l’expérience des interrogatoires, l’expérience de la psychologie des captifs. Il savait, d’une part, que l’attachement d’un prisonnier pour leur cause d’origine s’amenuisait au fil des jours et que, privés de toute liberté, ils préféraient généralement tout sacrifier plutôt que de s’imaginer terminer derrière des grilles de fer. L’être humain est fait de liberté ; les fer-nés peut-être encore davantage. Depuis tous jeunes, on leur inculque qu’il n’y a d’autre limites que celles où les vents les portent, et qu’à l’usure des raids on finit toujours par obtenir ce que l’on convoite. Il fallait donc imaginer ce qui se produirait dans la chimie de Heda Volmark, contrainte à vivre dans une pièce sombre de quelques mètres carrés.

Au contraire du bourreau, Baâl se devait maintenant de revêtir l’habit du protecteur. C’était, tactiquement, la meilleure manière d’obtenir ce qu’il souhaitait de la Volmark : ses informations. Après l’avoir fait enfermée et isolée des siens, il se présenterait aujourd’hui sous un jour meilleur, presque sympathique, afin que la jeune Heda voit en lui une figure salvatrice plus qu’une menace sur sa tête.

Le Général descendit plusieurs escaliers, avant de rejoindre la geôle de Heda. Il avait apporté avec lui des vêtements propres : une robe de meilleure facture, des sous-vêtements et une laine pour passer la nuit. Derrière lui, un homme en armes portait également une couverture de fourrure sobre, vraisemblablement faite en peau de mouton. Depuis hier la captive était soignée par les guérisseurs du château. Le but était précisément de la garder en vie car, en attendant la missive de Torrhen, elle représentait un intérêt qu’on ne pouvait laisser disparaître. Il aurait été fâcheux que la jeune femme meure à cause du froid et de l’humidité.

Depuis hier, l’homme constatait-il, Heda n’avait pas non plus mangé. Il y avait fort à parier, d’ailleurs, qu’elle n’avait rien avalé depuis au moins deux jours, date à laquelle ses hommes l’avaient capturée ainsi que les autres fer-nés. Il faudrait donc la nourrir. En plus des vêtements et de la couverture, lui offrir de quoi se sustenter améliorerait un peu plus la façon dont elle percevrait Baâl. Heda se mettrait à table, dans les deux sens du terme.
D’un signe de tête, Baâl fit ouvrir les grilles de la prison. Les hommes lui installèrent la couverture. Un repas chaud fut posé sur une petite table, qu’on venait d’apporter au centre de la cellule en même temps que deux tabourets : un pour Baâl, un pour Heda.

[Baâl] « Mange, c’est pour toi, dit-il en montrant de la main la pitance. »

Le plateau comportait une soupe encore fumante, composée de légumes de saison. Une tranche de pain à la mie fraîche complétait le potage et, pour terminer, un fruit ferait office de dessert. Un homme s’approcha dans le dos de Baâl, c’était le même à qui il avait chuchoté la veille, avant de partir cueillir le demi-frère Volmark en prison. L’homme d’armes portait une cruche, et deux gobelets. Baâl acquiesça de nouveau, à la suite de quoi l’ont servit à la prisonnière un verre de vin rouge. Lui en prit un également. Ceci lui permettrait de l’accompagner pendant qu’elle se rassasierait, car Baâl n’était pas de ces rustres qui laissent quelqu’un manger seul.

Une fois tout le repas servi, l’homme de confiance vint se placer dans le dos de Heda, toujours secondé par les gardes affectés à sa surveillance. Il lui plaça des menottes, qui restreindraient ses mouvements suffisamment pour qu’elle constitue une menace, mais suffisamment peu pour qu’elle puisse se saisir des aliments. Les deux gardes d’affectation fermèrent la cellule à clé. Seuls restaient, cette fois, Baâl, Heda et le soldat qu’elle avait vu hier. Celui qui s’était occupé de son demi-frère, sans pour autant savoir ce qu’il lui avait fait. Le soldat, âgé d’une trentaine d’années, avait tiré son épée et se tenait prêt à s’en servir. Le cadre était clair : au moindre signe d’une action à l’encontre de Baâl, il ferait le nécessaire. Le Général de Peyredragon, quant à lui, affichait un visage plus doux et plus aimable que la veille. Il commença par un léger sourire.

[Baâl] « Alors, donc, il semble que tu souhaites de nouveau que nous discutions. Je ne m’attendais pas à ce que cela aille aussi vite, mais cela me convient. Avant de débuter notre entretien, je vais jouer cartes sur table avec toi. L’Empereur en personne a été mis au courant de ta capture, de la situation et des informations que tu sembles disposée à fournir. Nous évaluons, en ce moment, l’opportunité de te laisser en vie, comme tu t’en doutes. Jusqu’ici, tu t’es montrée coopérative même s’il a fallu que je pose un ultimatum pour que tu te décides vraiment à parler. Cependant je ne doute pas que tu aies conscience que pour justifier qu’on te maintienne en vie, compte tenu des milliers des nôtres tombés au combat pour combattre une cause dont tu fus l’un des officiers, il va falloir proposer quelque chose de conséquent. Je ne doute absolument pas qu’Heda Volmark, ancien bras droit de Yoren Hoare, ait en sa possession beaucoup d’informations capitales à fournir à l’Empire, pour se racheter. »

Il marqua une courte pause.

[Baâl] « Oh et je ne souhaitais pas que tu restes dans l’inconfort plus longtemps. Une ennemie de rang supérieur, bien que captive, reste de rang supérieur. Je ne voudrais pas manquer à la bienséance, dit-il sur un air à moitié ironique. Tu auras de quoi te changer et de quoi dormir au chaud. Pour le moment, c’est le meilleur gage que je puisse te donner concernant ma volonté de te garder en vie. Je fais un effort, alors je compte sur toi pour continuer tes explications. »

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 21:34


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J'ai pu me reposer une petite journée avant de demander à parler de nouveau avec l'homme qui ne s'est toujours pas présenté à moi. Pourquoi être pressée ? Car j'ai besoin de passer à autre chose, j'ai besoin d'un nouveau départ. Je n'en peux plus de traîner ma tristesse, ma déception et ma colère. Si l'Empire m'accepte, je pourrais prendre ce nouveau départ quand bien même il est contre la cause que je défends depuis des années. Mais peut-être ai-je là l'opportunité de sauver des vies, si Yoren se rend, les milliers d'hommes de son armée auront la vie sauve.

Je n'y connais pas grand-chose en psychologie des captifs, ou celle des tortionnaires, mais je sais qu'il est fort probable qu'un homme comme lui me manipule. Mais manipulée ou non, mais décisions resteront les mêmes, je n'ai pas besoin d'eux pour être guidé. Je suis suffisamment raisonnable, désespérée et déterminée pour faire des choix selon ma conscience. Etre en paix avec mes décisions ne m'empêche pas d'éprouver de la douleur, chaque jour depuis cet événement. Je ne peux qu'imaginer les émotions qui ont parcouru Yoren lorsqu'il a envoyé la garde contre moi. J'ai pu mettre de côté mes sentiments durant la fuite, mais ici.. Ici je suis face à moi-même, je ne peux pas ignorer ma propre détresse. Ma seule échappatoire est cette opportunité de voir d'autres gens, quand bien même il s'agit d'impériaux. J'ai besoin de penser à autre chose, car je ne veux plus pleurer la nuit.

J'entends des pas descendre les escaliers au loin, plusieurs personnes. Après quelques longues secondes, je peux voir l'homme venir vers ma cellule, accompagné d'un soldat. Dans leurs mains, une couverture en fourrure, des vêtements plus épais et une laine. Je me sens soulagé à l'idée de passer une meilleure nuit que celle de la veille. Entre mes larmes et le froid... Je ne saurais dire ce qui fût le pire. Mais je serais au moins à l'abri du froid ce soir. Ma blessure me fais déjà moins souffrir, car des guérisseurs sont passés hier pour s'en occuper. Seul mon ventre gronde, je n'ai pas mangé depuis plusieurs jours, car lors de notre capture nous devions trouver du ravitaillement. Et justement, l'homme apporte de quoi manger avec lui.

Il fait ouvrir la cellule tandis que je suis allongée sur ce qui me fait office de lit. La couverture atterrit directement sur mes jambes presque nues, tandis qu'un repas chaud est installé sur une petite table autour de laquelle sont disposés deux tabourets. Il m'indique que ce repas est pour moi, alors je me lève lentement de mon ridicule lit pour rejoindre un tabouret. J'observe légèrement le garde qui reste dans la cellule, épée à la main. Je me tourne ensuite pour observer la soupe fumante, la tranche de pain frais et le fruit. Une cruche et deux gobelets complètent le tout, et l'on me servit du vin rouge. On me met des menottes, ce que je trouve bien inutile mais je n'en dis rien. La cellule est refermée derrière nous, et tout ceci m'intrigue beaucoup. Néanmoins l'homme de Peyredragon affiche un visage presque doux et aimable en comparaison de la dernière fois. Tout cela ressemble presque au repas du condamné, presque.

L'homme débute la conversation par le message que j'ai transmis aux gardes plus tôt. Il m'explique que l'Empereur a été mit au courant de ma capture, de la situation et de mes informations. Selon lui, ils évaluent en ce moment la possibilité de me laisser en vie, en échange d'une quantité non négligeable d'informations. Il commente ensuite sa soudaine vague d'empathie ou quelque chose comme ça, puisqu'il a emmené pas mal de choses pour améliorer mon confort. Il le justifie par mon rang d'officier supérieur, mais il appuie une énième fois sur son désir d'informations. Je hoche la tête doucement en buvant une gorgée de vin, assez épicé contre toute attente. Je dépose la coupe sur la table, je ne suis pas très friande d'alcool.

- "Je.. Je ne vois pas l'intérêt de jouer la carte du temps avec vous, personne ne viendra me libérer après tout, enfin.. personne que je n'ai envie de retrouver. Avant d'entamer ce repas et cette discussion, je voudrais savoir si mes compagnons sont également nourris... et.. Je remarque que je ne connais toujours pas votre identité." dis-je.

J'attrape doucement le pain pour en tremper quelques morceaux dans la soupe chaude, c'est très agréable. Je laisse ainsi à l'homme le temps de répondre à mes deux questions tandis que je commence doucement à manger. Les fer-nés sont souvent décrits comme sans manières, alors je fais attention à mon comportement et mes gestes, pour ne pas avoir l'air aussi sauvage et rustre que mon peuple.

- "Je présume que vous voudriez en savoir plus sur les relations diplomatiques entre le Conflans Hoare et les autres royaumes ? Vous auriez une carte de Westeros ?" dis-je.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 22:17

Le décor est planté. La jeune femme vient d’être mise au fait de son sort, et de commencer à manger. Chose que Baâl n’avait pas vu venir – il aurait pourtant dû – elle lui demande de se présenter. Le Général est pris d’un instant d’hésitation, tout naturel lorsqu’il s’agit d’échanger un nom avec l’ennemi. Mais, se dit-il, celle-ci n’a aucun moyen de lui nuire et la divulgation de son nom n’aura pas d’incidence sur les informations qu’elle est susceptible de lui transmettre. Son rang au sein de Peyredragon et sa fonction au sein du Collège Impérial en font, de facto, un personnage influent et décisionnaire au sein des Royaumes Fédérés. La révélation de son identité peut, en revanche, présenter un avantage : consciente d’avoir face à elle un homme écouté par l’Empire, elle pourrait se montrer plus encline à communiquer, dans l’espoir de faire pencher la balance en sa faveur. En définitive, Baâl décline son identité, en indiquant ce qui mérite de l’être.

[Baâl] « Tu as raison. Je me nomme Baâl Forel, Général de Peyredragon, Main d’Orys Baratheon et anciennement Main de Rhaenys Targaryen, devenue Impératrice. Je viens d’Essos, comme tu as dû le deviner. »

Il s’arrêtera ici. Il en a dit assez pour susciter la curiosité et l’intérêt, mais suffisamment au regard de ce que la captive doit savoir.

La jeune femme ne tarde pas, comme Baâl s’y attendait, à demander des nouvelles de ses camarades. La venue d’Erik, posté derrière elle, a certainement contribué à éveiller chez elle des inquiétudes quant aux siens. Sur ce point, Baâl était divisé en son for intérieur. Il hésitait à l’informer sur l’état de ses comparses ou, au contraire, à garder cela pour lui afin de l’utiliser comme un levier, si nécessaire, par la suite. Il acheva ses réflexions en concluant que la meilleure manière de mettre son interlocutrice dans une disposition favorable était de tranquilliser son esprit concernant ses frères d’armes, maintenus quant à eux dans des geôles bien moins confortables.

[Baâl] « Ils sont tous vivants, rassure-toi là-dessus. Leur confort en cellule est bien plus sommaire et rustique que le tien, mais nous prenons garde à ce qu’ils mangent un repas chaque jour et qu’ils ne meurent pas de froid. Eux aussi se préoccupent de toi. Ton demi-frère va bien également, nous ne lui avons pas fait de mal, tu peux avoir ma parole. »

Le Général disait vrai, même si Heda pourrait toujours avoir des doutes à ce sujet. En réalité, ses hommes s’étaient simplement contentés de mettre le fer-né à l’isoloir. Depuis hier, ce demi-frère était coupé de tout contact avec les siens, en préparation d’un interrogatoire potentiel. Cependant, il avait fait l’objet du même traitement que les autres prisonniers, alimenté un minimum afin de ne pas tomber malade.

[Baâl] « Ne pense pas à eux, c’est un conseil. Pense à toi, pour l’instant. La meilleure manière de les aider, c’est d’abord de t’aider toi-même. A mes yeux, tous ces rats n’ont aucune valeur. Ils ne tiennent encore debout que parce que je ne souhaite pas briser ta confiance. Recentrons-nous donc sur l’essentiel. »

Lorsque la jeune femme lui demanda s’il avait une carte à portée de main, le Forel préféra ironiser.

[Baâl] « Je ne me promène pas à chaque instant avec une carte de Westeros dans une poche, je dois l’admettre. Mais si c’est ce dont tu as besoin, j’en fais venir une immédiatement. »

S’en suivit un ordre à l’un des soldats postés en surveillance devant les grilles, qui s’éclipsa quelques minutes avant de revenir avec un grand parchemin enroulé et fermé par un lacet. Il le tendit à Baâl, à travers les barreaux de la cellule, lequel s’en saisit puis le donna à Heda. Celle-ci était encore en train de manger, et il n’allait pas commettre l’impolitesse de lui ôter le plat sous le nez pour étendre la cartographie sur la table.

[Baâl] « Voilà, tu as ce que tu voulais. »

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 22:57


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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyLun 23 Sep - 23:43

Pendant que la carte arrivait – et elle ne tarda pas – la jeune femme tua le moment de silence en interrogeant le Forel sur la bataille de Beurlieu. Manifestement, elle avait fini par faire un lien entre son nom et cet épisode, qui avait marqué une victoire pour Peyredragon et pour ce qui allait bientôt devenir l’Empire des Royaumes Fédérés. En fait, Beurlieu avait marqué l’une des premières étapes cruciales de la défaite de Harren Le Noir. Elle avait constitué, de fait, la première défaite notable des armées du Conflans et des Îles de Fer, laquelle avait tenté de reprendre position sur les territoires conquis alors par Peyredragon. Baâl, en tant que Général, avait mené cette bataille. Sa conclusion s’était soldée par une véritable boucherie pour le camp de Harrenhal. Malgré quelques fugitifs épeurés ayant rejoint les lignes arrière, la plupart des belligérants portant la bannière du Noir furent massacrés, et les agonisants achevés. Surtout, Forel avait prouvé à Harren que l’infériorité qualitative et quantitative de ses armées n’était pas le synonyme d’une défaite annoncée. Doté, à Beurlieu, d’une force militaire deux fois moins importante que celle du Noir, et composée d’éléments moins hétérogènes, il avait faire de ses faiblesses une force tactique indéniable. De fait, Baâl figurait parmi les grands stratèges de l’Empire, et peut-être même de Westeros.

[Baâl] « J’ai commandé aux forces de Peyredragon lors de la bataille de Beurlieu. »

Il marqua un arrêt, songeant au fait que la question de Heda n’était certainement pas anodine. Au ton de sa voix et à la manière d’amener ce sujet, il devinait aisément que son père n’était plus, et qu’il avait précisément disparu durant la bataille. A vrai dire, il ignorait totalement quels nobles de familles secondaires avait péri à cette occasion. Il savait cependant que Lord Sombrelyn, qui commandait l’armée ennemie, y avait perdu la vie.

[Baâl] « Beaucoup de vies ont été arrachées ce jour-là. »

Il n’en dit pas davantage, préférant la sobriété et la retenue. Il ne voyait pas l’intérêt d’enfoncer le couteau dans la plaie et ses propos étaient déjà très clairs : il était bien le responsable de la mort de son père. Cette donnée, se disait-il, risquait peut-être de bouleverser un peu la confiance embryonnaire qu’il parvenait tant bien que mal à installer entre eux. Non seulement était-il son geôlier, mais de surcroît avait-il ôté la vie de son père. On avait connu meilleures bases du dialogue cordial. Il espérait que Heda fasse la part des choses et qu’elle se montrerait, tout comme lui, d’une nature réaliste sur la chose militaire. Il s’attendait cependant à ce qu’elle accuse le coup, ce qui serait chose normale pour quiconque aime ses parents.

Il écouta les explications de la jeune femme, avec patience et attention. Quand elle termina, il poursuivit sur le sujet.

[Baâl] « Mais tu as trahis les tiens, et les Lannister ne tarderont pas à le savoir, j’imagine. Je gage que tu as pu, par tes actes, détériorer les relations entre vos deux royaumes. Cependant je n’imagine pas que la lignée au Lion se montre impulsive au point de renoncer à une entente cordiale à ses frontières, avec un voisin qu’on préfère amical. Surtout lorsqu’il reste en capacité à raider sur les côtes. En supposant que les relations diplomatiques soient réparées après ta fuite, penses-tu que les Lannister soient capables de vous aider à Pierremoutiers ? Ou s’agit-il plutôt d’un pacte de non-agression ? »

Baâl changea de sujet, et pointa du doigt Hautjardin sur la carte.

[Baâl] « A vrai dire, le Royaume de l’Ouest ne m’inquiète pas outre mesure, bien que je garde un œil dessus par principe de précaution. Qu’en est-il du Bief qui, jusqu’à présent, vous assure une base arrière solide ? Yoren Hoare et Manfred Hightower entretiennent-ils toujours de bons rapports ? »

Une nouvelle fois, après qu’elle eut répondu à ses premières questions, il changea d’endroit sur la carte et posa son index sur Pierremoutiers.

[Baâl] « Si j’en crois ce que tu me disais hier, et que ton histoire était vraie, je suppose que tu es attachée à ton peuple et que ton acte de trahison avait probablement un motif légitime : celui d’épargner des vies inutilement lors de la campagne de printemps. Si l’Empereur Torrhen t’accorde le droit de vie, ce choix aura peut-être été le bon de ta part. Car, de fait, Pierremoutiers tombera. Ce n’est qu’une question de temps. En revanche, je veux te proposer quelque chose. Quelque chose auquel je peux m’engager, si tu l’acceptes. J’y ai songé cette nuit. »

L’homme prit une respiration, et continua.

[Baâl] « Malgré ta fuite et ta disgrâce chez les tiens, je peux t’offrir la possibilité d’épargner ceux à qui tu tiens, et qui sont peut-être encore prisonniers de l’entêtement de Yoren. Bien que je ne puisse pas l’affirmer avec certitude, il est probable que je fasse partie des généraux en charge de la prise de Pierremoutiers, dans quelques semaines. Si tel est le cas, j’aurai la possibilité d’éviter un massacre et le déferlement de vengeances inutiles. Torrhen est un souverain sévère, parfois impitoyable, mais un souverain raisonné. Nous avons fédéré une partie du Conflans, avec difficulté. Si nous avions la possibilité de briser la dernière résistance des Hoare sans exterminer leurs confrères ayant choisi de rester derrière l’héritier du Roi Noir, nous choisirions cette option. Le peuple du Conflans est divisé, fracturé, torturé, mais il fait cependant peuple depuis des siècles avant nous. Une identité collective ne s’efface pas en quelques années. En d’autres termes : je te propose de m’aider à empêcher le pire des scénarios, celui qui est actuellement prévu. De sauver la vie de ceux qui étaient auparavant les tiens et qui, peut-être un jour, te remercieront finalement.  Mais pour cela, j’ai besoin de toi. J’ai besoin de connaître les faiblesses de la cité, et que tu m’aides à la prendre avec aisance. En échange, je m'engage à épargner la vie de tous ceux qui rendront les armes. »

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyMar 24 Sep - 0:55


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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyMar 24 Sep - 10:06

A l’évocation du sort de son père, la jeune femme ne sembla pas franchement bouleversée. Elle lui fit d’ailleurs savoir rapidement. Cela étonna un peu Baâl, d’ailleurs, homme de loyauté et de tradition. Quand bien même serait-il fâché avec les siens, il ne pourrait rester insensible à la mort de ses proches. Par exemple, il ne pouvait s’empêcher d’être pris par une intense douleur au ventre lorsqu’il lui arrivait de succomber au souvenir d’Aegon et Visenya Targaryen. Malgré les années passées, il ne parvenait toujours pas à évacuer cet infâme sentiment de culpabilité qui le rongeait de l’intérieur. Il avait pourtant promis à leur père, sur son lit de mort, de veiller sur eux, ainsi que sur Rhaenys et Orys.

Heda poursuivit son raisonnement, s’agissant de l’Ouest. De l’œil de Baâl, beaucoup de conjectures se dressaient mais, finalement, peu de certitudes s’offraient à lui. Or, la fonction même du commandant militaire est de conduire ses hommes vers une mort probable, avec le moins d’incertitudes possibles. De toute évidence, si ce que disait Heda était vrai – ce dont il ne pouvait avoir la preuve formelle, il le savait bien – elle avait peut-être causé des troubles entre les Lannister et les Hoare. Mais Baâl était un vieux dragon ; il en avait vu couler sous les ponts. Dans la longue et belliqueuse histoire de Westeros, la majorité des Rois avait toujours réfléchi avec rationalité. Les livres, eux, préfèrent cependant se souvenir des souverains déments. Toujours est-il que Baâl tirait déjà ses propres conclusions. Si un rapprochement avait été entamé officieusement entre le Royaume de l’Ouest et celui des Fleuves et du Crépuscule, le Général doutait fort qu’un soubresaut temporaire causé par la trahison de Heda ait pu être de nature à l’annuler complètement. A moins, effectivement, que le courroux de Myria Hoare – dont la réputation, en la matière, avait largement dépassé les frontières de son territoire – ait définitivement sapé toute idée d’accord militaire entre les deux puissances. Difficile à trancher. Il faudrait donc composer avec l’éventualité, au printemps, que l’Ouest se dresse à son tour face à Torrhen.

[Baâl] « Une question me taraude. Je peux comprendre que la volonté de te poser comme sauveuse de ton peuple ait pu justifier, de ta part, un tel acte de trahison à l’égard des tiens. Pourquoi, cependant, avoir cherché à évincer Myria Hoare ? Tu as conscience que si ce que tu dis est vrai, la missive que tu as envoyé à la cour du Roi Loren lui aura peut-être coûté la vie. Par principe élémentaire de précaution, une garde royale s’embarrasse rarement en vérifications approfondies lorsqu’un étranger, en visite diplomatique, est associé à une tentative d’assassinat. Myria Hoare, que je sache, n’est pas Yoren. Elle n'est pas responsable du bourbier de Pierremoutiers. Pourquoi avoir voulu la condamner ? »

Au sujet du Bief, la fer-née donna de nouveau une série d’explications. 400 cavaliers envoyés par Manfred Hightower à Pierremoutiers ; le Bief qui se serait accaparé la flotte de fer par la cuisse, via Eren Hightower née Hoare. Sur ce point, le scénario dressé par Heda semblait corroborer les faits récents, concernant Dorne et les raids sur ses côtes. Ce que Baâl ne savait pas, en revanche, c’est que la flotte de fer serait désormais de retour au bercail. Jusqu’à quand…

[Baâl] « Je vois. »

Il n’en dit pas davantage à propos du Bief, ne souhaitant pas commenter par sa propre analyse. Il poursuivit les questions à propos du Bief.

[Baâl] « Si Yoren, comme tu le dis, est lui-même méfiant à l’égard de son beau-frère Manfred Hightower, pour quelle raison ne t’a-t-il pas soutenu ? Le portrait que tu me dresses de Pierremoutiers me semble, à certains égards, difficilement compréhensible. Compte tenu de ta position auprès du Roi Yoren, tu aurais pu l’influencer et justifier la réorientation de vos forces sur un front plus solide, à la base arrière plus sûre. Au lieu de cela, tu as préféré trahir ton souverain, condamner sa sœur Myria et affaiblir toutes ses relations. Objectivement, ce n’était pas la meilleure manière d’assurer la survie de ton peuple. Voilà désormais que, notamment par ta faute, Pierremoutiers est peut-être privé d’une alliance salutaire avec le Royaume de l’Ouest, lequel aurait pu envoyer des renforts que le Bief n’honorait pas. Quant à Yoren, il aura toutes les raisons du monde se renfermer autour de ses propres certitudes, et de s’y entêter jusqu’à l’excès, maintenant qu’il a été poignardé dans le dos par l’une de ses lieutenants les plus fidèles. Tout ceci ne fait pas sens, sauf à considérer que tu as agi par désespoir et par manque cruel de perspicacité. »

Baâl avait retrouvé ce ton dur et parfois méprisant qu’il avait adopté la veille. Sa psychologie propre lui permettait aisément d’admettre qu’on puisse sacrifier son propre destin pour sauver les siens. En ce sens, il était disposé à accepter les dires de la fer-née. Cependant, en stratège qu’il était, il avait du mal à se dire que Heda n’avait pas pensé à toutes les conséquences critiques, pour son peuple, que pouvait engendrer l’échec de sa tentative de rébellion. Il sentait pourtant, en échangeant avec elle, qu’il n’avait pas à faire à une idiote. Elle lui devait donc des explications, plus avant.

[Baâl] « Certains paramètres ne font pas sens pour moi. Ils impliquent, je pense, que tu t’étendes un peu sur l’état des relations familiales des différents enfants Hoare. Et que tu m’expliques tes propres différends avec ces derniers. »

Au sujet de Pierremoutiers, enfin, le Général emboîta le pas à Heda.

[Baâl] « Ce n’est pas une question d’Impérial. Aucun homme politique sérieux n’a d’intérêt à bâtir son royaume par une série de boucheries. C’est, au contraire, la meilleure manière de s’assurer la haine durable des peuples conquis. Nous avons épargné une partie du Conflans, qui nous a rejoint. Si d’autres seigneuries des terres centrales de Westeros souhaitent se ranger derrière notre bannière, sous réserve qu’ils ploient le genou, je ne vois pas pourquoi Torrhen s’y opposerait. Je ne peux évidemment pas me porter garant de la tête de Yoren, ni de celles de ses sœurs. De même, nous ne sauverons pas les soldats de Pierremoutiers qui choisiront de se battre à mort. Mais ce à quoi je peux m’engager, pour peu que je sois chargé de la prise de cette cité, c’est à ce que les hommes et femmes qui rendent les armes soient épargnés, et qu’on leur propose de s’agenouiller devant l’Empire. »

Baâl tapota de son doigt la position de Pierremoutiers. D’un signe de tête très explicite, il indiqua à Heda qu’il attendait donc qu’elle lui fasse un topo sur les défenses de la cité. Il avait d’autres idées en tête, si elle acceptait de coopérer. Toutes ces perspectives restaient, certes, conditionnées par le fait que l’Empereur daigne ne pas la condamner. Mais, qui sait, peut-être avaient-ils fait une bonne prise en attrapant la Volmark à la volée.

Il restait toutefois une réserve majeure dans ce que disait Heda ; et cela, Baâl ne le perdait jamais de vue. Il faisait germer dans un coin de sa tête l’idée selon laquelle Heda Volmark était en fait en mission. Si tel était le cas, le plan des Hoare aurait été à la fois audacieux et très bien pensé : envoyer une fidèle parmi les fidèles à une mort certaine, pour désorienter l’ennemi et semer le trouble dans sa stratégie à l’approche de la campagne printanière. C’était aussi, pour Heda et les siens, l’assurance presque certaine d’y laisser la vie. Mais, après tout, certains soldats ayant la conviction chevillée au corps sont parfaitement capables de se sacrifier pour une cause qui les dépasse. Alors, il ne fallait pas évacuer cette éventualité d’un revers de main. Pour l’instant, tout ce que lui disait Heda ne saurait être pris pour argent comptant. Baâl lèverait le doute avec le temps, en confrontant son récit aux renseignements, à mesure que le brouillard de guerre se réduirait, semaine après semaine.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyMar 24 Sep - 11:33


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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyMar 24 Sep - 14:19

Du fait de son âge et de son expérience, Baâl avait la chance d’avoir une vision assez bonne des arbres généalogiques de Westeros, des rivalités propres aux Royaumes et des querelles internes à certaines familles. Mais s’agissant des Hoare, ses ennemis jurés, il était forcé d’admettre qu’il en savait assez peu, finalement. Bien sûr, il connaissait les différents membres de la famille fer-née, situait leur âge et leur niveau d’importance dans la hiérarchie du Sel et du Roc. Mais, en dehors de cette perspective sommaire, il ignorait totalement quel état l’état des relations interpersonnelles entre Yoren et les siens. C’est pourtant dans le détail que le diable se cache. Avoir connaissance des fragilités de son ennemi est une donnée précieuse, autant qu’exploitable. La rivalité, la soif de pouvoir, le ressentiment, l’amour insatisfait, la jalousie… autant de leviers sur lesquels une guerre se remporte souvent. Et celle contre les Hoare avait déjà assez duré ; il était temps d’y mettre un terme définitif. Alors, il ne fallait mettre de côté aucun outil.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Heda Volmark ne portait pas Myria Hoare dans son cœur. Derrière des justifications d’ordres politique et stratégique, Baâl, lui, voyait ici l’expression de la rancœur, mêlée à une haine certaine. De tous les courroux, celui né de la jalousie d’une femme à l’égard d’une autre était bien le pire duquel le monde n’ait jamais accouché. Cela, le Forel le savait pertinemment. Heda lui narra combien Myria, belle-sœur de Yoren, lui semblait digne de traîtrise et à quel point celle-ci était avide de pouvoir. Baâl, quant à lui, se rendait pour l’instant à l’évidence : Heda était une femme blessée, trompée et c’est bien elle qui avait trahis tous ceux avec qui elle avait combattu jusqu’alors.

La jeune femme le mit en garde, l’exhortant à ne pas s’imaginer qu’elle ait agi par pure motivation sentimentale. Car oui, elle venait aussi de l’admettre, elle entretenait avec le Roi Yoren une relation, et ce depuis plusieurs années. Alors, quand Myria Hoare était parvenue à s’immiscer dans le lit du Roi des Îles de Fer, qui était accessoirement son beau-frère, Heda avait dû être corrompue par la colère. Baâl ne pouvait alors s’empêcher de voir en elle non plus seulement une guerrière dotée d’un certain sens commun, mais aussi une femme fragile brisée par la banalité des sentiments. Yoren et Heda avaient dû, tout au long de leur jeunesse, entretenir un lien subtil et profond, fait d’un amour caché et charnel et d’une amitié fraternelle affichée. Le Général connaissait suffisamment les pratiques rustres des Îles de Fer pour se dire que, probablement, il était très naïf de penser qu’un Roi fer-né lui offrirait sa fidélité. Après tout, Harren Hoare avait lui-même disséminé allègrement sa descendance. Les cafards ne font pas des chats. Peut-être que cette Heda, derrière ce caractère fort et affirmé qu’elle donnait à voir, venait tout simplement d’apprendre – de la plus dure des manières – les vicissitudes de l’amour.

Tandis qu’elle déroulait son récit, tout semblait devenir clair dans l’esprit de Baâl, mais certainement pas dans le sens que Heda l’aurait souhaité. Elle lui narra son amour pour Yoren, le fait que Myria devait être mariée à Dorne – ce qu’elle semblait visiblement attendre avec grande impatience, probablement pour l’éloigner. Elle s’étendit suffisamment sur la relation intime entre Yoren Hoare et sa belle-sœur, insistant même, curieusement, sur le fait que, ce faisant, Yoren trompait Helena. En son for intérieur, Baâl se dit à cet instant que Heda, quant à elle, ne s’était pas posé la question lorsqu’elle partageait elle-même la suite de son Roi. Mais tout ceci n’était pas rationnel, il n’y avait donc rien à attendre de logique en l’espèce.

Parmi les explications, un point retint l’attention de Baâl. Il s’agissait de Beron Hoare. Heda le présentait comme un otage inavoué du Bief. Petit à petit, le Général de Peyredragon commençait à dresser un scénario, qui ne manquait pas de crédibilité. Manfred Hightower, un ennemi que Baâl respectait pour son acuité stratégique, avait peut-être réussi à placer ses pions avec brio. Le Roi du Bief rechignait à protéger Pierremoutier, derrière lequel se retranchait toujours Yoren, solidement ancré à ce dernier bastion continental, symbole d’une gloire familiale passée. Pendant ce temps, par le biais de son épouse, Manfred s’était attiré la fidélité de la Flotte de fer dont la fidélité était désormais à moitié acquise à Eren, d’après les informations de Heda. Peut-être que, dans le scénario le plus fou et le mieux réussi, Manfred chercherait à évincer Yoren et, grâce à sa femme, à mettre sous son commandement la puissance des Fleuves et du Crépuscule. Dans une telle perspective, conserver à Hautjardin l’héritier mâle légitime de la famille Hoare, Beron, pouvait représenter un atout majeur. Il pourrait être placé comme Roi fantoche des fer-nés, pour soigner les apparences. De même, peut-être que Manfred attendait sagement que Torrhen achève lui-même Yoren pour asseoir son autorité sur les fer-nés et les troupes loyalistes du Conflans. De cette manière, Yoren aurait au moins eu le mérite de faire perdre à l’Empire plusieurs milliers d’hommes dans le combat pour Pierremoutier, et de mobiliser un front là où il le souhaitait.

Ce scénario, qui paraissait aujourd’hui monstrueusement crédible à l’esprit de Baâl, lui était jusqu’alors totalement impensable. Il le conserva pour lui, et devrait l’étayer par des questions, par la suite.

Heda lui dit enfin que Pierremoutier recèle un piège. Outre la cité, un campement fortifié établi dans les collines surplombant la ville logerait l’intégralité de l’armée locale, soit environ 8000 hommes. Elle lui détaille même la présence, dans les rangs, de 1500 mercenaires. C’est donc une armée importante et qui n’est pas à prendre à la légère.

[Baal] « Pourquoi un tel campement ? Yoren s’attend-il à une guerre de siège et, pour y palier, a regroupé ses forces à l’extérieur de Pierremoutier ? J’ai peine à croire qu’une position si capitale pour vous ne dispose, entre ses murs, d’aucune force notable. A vrai dire, cela me semble une absurdité. Je suppose que la ville est au moins protégée de l’intérieur par une partie de vos soldats. »

Baâl fronça les yeux, épiant Heda d’un regard profond.

[Baâl] « Tu étais bras droit de Yoren, et l’un de ses généraux. Par conséquent, tu dois savoir comment étaient composées vos forces à Pierremoutier. Tu m’as parlé de 8000 hommes, dont 1500 mercenaires. Quel est l’état de vos troupes ? Combien d’archers ? Combien d’hommes d’infanterie, de lanciers, de piquiers ? Combien de cavaliers ? »

Il poursuivit la discussion, en la recentrant un instant sur Beron Hoare.

[Baâl] « Quel est l’état des relations entre Beron et toi ? Tu disais avoir acquis sa complicité pour le renversement de Yoren, à Pierremoutier. Mais il s’agit de son frère. Pourquoi Beron t’aurait-il appuyé ? Sais-tu s’il est en fuite aujourd’hui, et où il pourrait être très exactement dans le Nord du Bief ? »

Si Beron était condamné à l’exil, et que l’histoire de Heda tenait bel et bien debout, alors le plus jeune fils du Roi Noir pourrait être une cible stratégique à aller chercher au plus vite, avant que l’ennemi ne fasse main basse dessus. Dans sa tête, Baâl commençait, à ce sujet, à entrevoir une idée. Une idée susceptible d’animer encore davantage la propension de Heda à trahir ses secrets. S’il pouvait lui proposer de l’aider à retrouver Beron, pour en faire un otage de l’Empire, peut-être que Baâl pourrait promettre à la jeune femme de l’autoriser à le voir, une fois en captivité à son tour. La distance entre Fengué et le nord du Bief était relativement importante, mais suffisamment réduite pour entrevoir la possibilité d’envoyer au plus vite, avec un départ nocturne, une troupe de soldats aguerris afin d’aller cueillir Beron à l’endroit où il se cachait. Mais un tel commando n’était envisageable que si Heda savait où pourrait exactement se cacher Beron.

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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyMar 24 Sep - 18:38


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MessageSujet: Re: Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé]   Comme un oiseau en cage [Tour VII - Terminé] EmptyMar 24 Sep - 23:16

Heda lui détailla davantage la composition des troupes de Pierremoutier. Les rangs ennemis semblaient relativement équilibrés, sans compter la garnison. Environ 10 000 hommes. C’est plus ou moins ce à quoi s’attendait Baâl devant les portes de l’ultime bastion des Hoare. 10 000 soldats, acculés et galvanisés pour la dernière bataille de leur peuple. Et peut-être seraient-ils plus nombreux dans quelques semaines, pour peu qu’une poignée de Puinés les ait rejoint, que l’Ouest ait décidé de se ranger dans le camp de Yoren, ou que le Bief lui accorde finalement un meilleur soutien.

Ce qui attira l’attention de Baâl, c’était le faible nombre d’archers affichés par la fer-née. Moins de 1000 éléments d’archerie, sur une armée d’au moins 8000 hommes, lui semblait finalement peu. Il se serait attendu à en compter au moins le double face à lui compte tenu, notamment, de la position défensive des Hoare à Pierremoutier. Mais Heda n’avait pas détaillé la composition de cette garnison, qu’elle venait à l’instant d’évoquer. C’était peut-être ici que résidait le reste des archers.

[Baâl] « Je t’interromps, un instant. Ces 2000 hommes de garnison, postés à l’intérieur de Pierremoutier… Sais-tu également de quoi ils sont composés ? Des archers ? Des soldats d’infanterie ? Je suppose que tu dois le savoir, puisque ce sont eux qui t’ont poussé à la fuite du château. »

Ensuite, la Volmark pointa du doigt la chute du moral des troupes, ce qui était chose relativement ordinaire après de longs mois passés dans la contiguïté et l’attente. Tenir une position fortifiée est un avantage militaire indéniable cependant, passé un certain temps, cela sape la détermination. D’autant que la région de Pierremoutier n’était pas particulièrement propice à la bonne humeur : beaucoup de boue, un temps grisâtre, un taux d’humidité notable… Il valait clairement mieux tenir les remparts du haut de Hautjardin plutôt que dans un tel bourbier.

S’agissant de Beron, Baâl déchanta rapidement. En fait, leur relation n’était pas aussi intime que ce qu’elle avait laissé supposer au départ. Par ailleurs, elle paraissait lui dire à l’instant que Beron Hoare avait pu être, en réalité, le commanditaire initial de la révolte à Pierremoutier. Il lui avait donc transmis une missive, qu’elle aurait été chargée de lire publiquement aux gens de la cité ? Et si, finalement, Yoren était confronté à une lutte fratricide pour l’autorité sur les Îles de Fer ? Enormément de questions commençaient à se poser depuis le début de l’entretien avec la Volmark ; peu de réponses claires n’étaient pour l’heure envisageables. Uniquement des hypothèses, qu’il serait de toute façon difficile de confirmer à temps. Baâl préféra donc rester sur ce sujet. Tandis qu’il demanda à sa garde, une énième fois, de bien vouloir fouiller les affaires de la fer-née et d’apporter cette lettre, il poursuivit.

[Baâl] « Restons un moment sur le cas de Beron, veux-tu. Tu viens de dire qu’il t’avait chargé de lire un discours écrit de sa main, à la garnison de Pierremoutier. C’est donc lui, plus que toi, qui était à l’origine de cette tentative de renversement du Roi Yoren ? Comment Beron aurait-il fait pour s’échapper de Hautjardin où, si j’ai correctement suivi ton histoire, il était fait à moitié prisonnier par le Roi Manfred ? Il me semble qu’on ne s’enfuit pas si aisément des griffes du Bief, encore moins quand on est l’héritier légitime d’un Royaume en passe de perdre sa capitale et son Roi. Si j’étais Manfred, j’aurais tout intérêt à doubler la surveillance sur Beron Hoare, afin de le placer volontairement à la tête des fer-nés si Yoren venait à disparaître prochainement. »

Quoi qu’il en soit, Heda disait ne pas savoir où était Beron. Pour l’instant, il n’insisterait pas sur ce point. Il y reviendrait peut-être plus tard. A vrai dire, le fait que ce dernier courre peut-être dans la nature, cherchant un moyen de déstabiliser l’autorité de Yoren, représentait un avantage quasi-équivalent, pour l’Empire, au fait de l’avoir fait prisonnier à Fort-Darion. Le détenir serait évidemment préférable, mais cela impliquerait une mission extrêmement risquée et dont les chances de succès étaient minimes. Par conséquent, il fallait déjà se réjouir que Beron ait potentiellement échappé au contrôle du Bief. C’était un problème de moins à résoudre. En effet, si à l’occasion de la campagne de printemps Pierremoutier venait à tomber et, avec elle, la tête de Yoren, le Royaume des Fleuves et du Crépuscule s’engagerait inévitablement dans une longue lutte interne pour la succession au trône, qui ne pourrait qu’avantager l’Empire. Diviser pour mieux régner, disait-on.

Le soldat revint, après un certain temps. Il tendit le courrier, trouvé dans une poche intérieure du veston de la jeune femme, à travers les barreaux de la cellule. Baâl, à son tour, le donna à Heda. Il attendait qu’elle l’ouvre et qu’elle le lise, ou bien lui transmette, comme elle le souhaitait.

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