Tout avait commencé par le chaos, la trahison et la mort. L’ambition fut le catalyseur du désastre. Aegon Targaryen, fils d’une maison exilée depuis le Fléau qui avait détruit Valyria et son empire un siècle plus tôt, s’était auto-proclamé Roi de tout Westeros. Fort de ses armées et de ses flottes, soutenu par trois terrifiants dragons et ses sœurs pour les chevaucher à ses côtés, le Targaryen fit l’amère expérience du sobriquet de son plus proche voisin. Harren Hoare, Roi du Sel et du Roc et surnommé « le Noir », avait attiré le dragonnier dans un guet-apens. Des volées de flèches et de carreaux avaient eu raison des ambitions du Dragon. Fort de sa victoire, le Noir envoya un funeste avertissement à quiconque se mettrait sur sa route ; rien n’arrêterait sa soif de grandeur et de conquêtes.
Nul besoin de dragon quand il y avait l’ambition et la rancune des Rois pour enflammer tout un continent. L’arrogant Orage voulait retrouver ses frontières d’Antan, et redevenir la puissance qui dominait Westeros. L’ardente Dorne brûlait de se venger de l’odieux assassinat de sa princesse et de son héritier, victimes du poison. Le Nord, fier et rancunier, réclamait justice pour des années d’attaques des pillards fer-nés sur ses côtes. Le Val craignait être bien vite touché par les appétits de ses voisins, tandis que Ouest et Bief se contentaient de voir dans les troubles une opportunité de s’élever au détriment de leurs rivaux.
La guerre commença avec la dernière des Targaryen, qui prit la tête du reste des forces de son frère et partit en quête de vengeance contre les armées du Noir. Elle fut rejointe par l’Orage et le Nord, acculés à la guerre à leur tour. Les combats firent couler des torrents de sang des marécages du Neck jusqu’à la belle Lancehélion, saccagée par la Flotte de Fer.
Partout la guerre, nulle part l’espoir.
Le Noir était le plus fort, soutenu par la puissance financière de l’Ouest, par l’aveuglement religieux de la Foi et par les vastes armées du Bief. La guerre penchait inexorablement du côté de ces Puissances Centrales, qui assiégeaient des capitales, ruinaient des régions entières et repoussaient les armées envoyées contre elles, provoquant un sursaut chez leurs victimes menacées d’anéantissement. Pour vaincre les plus puissantes forces jamais rassemblées en Westeros, il fallait renverser la table, et changer de force les règles de cette sanglante partie du Jeu des Trônes. Pour vaincre, il fallait s’unir plus étroitement que jamais. Ne faire qu’un face à la multitude, former un tout plus fort et plus cohérent que l’adversaire.
C’est de cette Ere des Luttes que naquit l’Empire.
Depuis l’âge des héros et la fondation des grands royaumes contemporains, le continent n’avait plus connu de nouvelles unifications majeures. Pourtant, devant le péril de mort qui pesait sur eux, Nord et Peyredragon s’unissaient sous le même étendard. L’Empire s’agrandit de l’Orage et du Conflans libéré des griffes d’Harren. Ensemble, ils firent renaître l’espoir chez des peuples envahis ou défaits depuis des années. Ensemble, ils se battirent pour un avenir sans guerre, fait de commerce et d’opportunités. Malgré de terribles revers, la situation militaire des Royaumes Fédérés se redressa et en quelques mois, leur union leur permit de renverser l’écrasante puissance d’Harren le Noir, mort à la bataille et sa capitale, détruite. L’Empire venait de devenir l’entité la plus puissante du continent.
Quelle formidable inspiration que l’unification, alliant les traditions du Nord à la modernité de Peyredragon, à la force de l’Orage et à la soif de liberté du Conflans.
Cette puissance effrayait. Le Bief, principal avatar de ce qu’il restait des Puissances Centrales, chercha par une diplomatie active et volontaire à faire basculer dans son camp les royaumes encore neutres. Il réussit à gagner Dorne à sa cause, autrefois alliée de Peyredragon et de l’Orage mais revancharde des vexations passées. Si Harren avait terrorisé tout le continent, et jusqu’à ses propres alliés, les cours royales de Westeros s’agitaient désormais de rumeurs et d’une peur sans nom. Tous s'interrogeaient désormais, sur la légitimité de cet Empire naissant et plus encore sur ses aspirations. La guerre continuait. Les victoires impériales repoussaient ses frontières. Jusqu’à quand ? Les opprimés d’hier devenaient les envahisseurs d’aujourd’hui. Les armées impériales mettaient à bas la dynastie Hoare, et progressaient dans le Bief. Dorne était tiraillée entre son libéralisme et son désir d’indépendance. On questionnait l’ambition impériale plus que ses idéaux, désormais.
L’avenir se résumait à une question simple, et essentielle. Fallait-il se tourner vers un avenir de paix et de prospérité commune, ou se défendre contre ces unificateurs aux mains pleines de sang ?
Dans cette bataille d'idées et d'aspirations, tous les coups étaient permis. La suprématie ne se jouait pas que sur les champs de bataille. Les poignards dans la nuit, les coupes empoisonnées et les retournements d'alliance étaient autant d'outils à disposition des belligérants, qui en abusaient éhontément. Dans ce nouveau monde de vices et de vertus, tous les coups étaient permis.
Au Jeu des Trônes, soit on gagne, soit on meurt, mais il n’y a pas de moyen terme.