Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême de mourir dans vos bras, et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… si je vous le disais, pourtant, que je vous aime. Alfred de Musset
Quelques semaines s'étaient écoulées après mon escapade avec Yoren qui nous avait valu une confrontation sanglante avec une horde de loups féroces et affamés dans les bois de Pierremoutier. Je m'étais remis de mes blessures et j'avais repris l'entraînement et mon service d'écuyer. Plus pour très longtemps, mais personne ne savait ma résolution, prise lors de mes retrouvailles avec Banot, mon ancien écuyer. Avant de prendre la route, je devais accomplir une dernière chose. Etrangement, ce dernier acte m'était beaucoup plus difficile à accomplir que ma décision de partir pour Hautjardin. Si je ne doutais pas de mon choix quant à ma démarche auprès d'Eren, ma tante, celle que j'allais avoir auprès d'Heda me remplissait plus d'incertitude quant à l'accueil que j'en recevrais.
Je m'étais présenté à son ouverture, à l'atelier du tanneur pour enfin prendre possession de ma commande; Les peaux des deux loups que j'avais tués dans les bois, aux côtés de Yoren et de la Garde avaient été tannés de bien belle façon et à ma demande, façonnés en une ample pelisse. La plus grande part était constituée du pelage du premier loup que j'avais occis, couleur fauve. Mais le centre du dos et la capuche étaient tirés du second qui avait la rousseur du renard. Enfin, sur le grand loup noir, le chef de meute que nos forces conjointes avaient menées à trépas, avait été prélevée une petite partie qui servait de liseré noir au bord de la capuche et du manteau que j'avais commandé. La part la plus grande de ce royal trophée ayant été réservée aux souhaits de Yoren lui-même qui l'avait achevé avec la garde. Je supposais, pour bien des raisons qu'il l'avait destiné à un manteau pour ma chère mère.
J'avais admiré avec satisfaction le travail du tanneur sur la pelisse que j'avais commandée pour Heda et j'avais félicité l'homme et son couturier en les payant largement de ma petite solde accumulée depuis quelques mois. J'étais ressorti de leur atelier mon paquet emballé sous le bras, tout fier, et je m'étais arrêté à l'échoppe d'un artisan bijoutier pour y acheter une jolie fibule avec une tête de renard en argent orné de deux petits saphirs à l'emplacement des yeux, un accessoire qui complétait joliment la pelisse et lui donnait une touche de féminité tout en rappelant le surnom d'Heda.
J'avais rédigé la veille une missive à son attention, lui demandant si elle pouvait passer dans la matinée à la Taverne de l'Ours Borgne, repaire des Fer-Nés. Placé devant l'attente, je doutais de plus en plus qu'elle vienne et j'avais commandé une chopine d'hydromel pour me donner un semblant de patience et de courage. Si d'habitude c'était plus le premier trait qui me faisait défaut, au fil des minutes qui s'écoulaient pour constituer deux heures, mon courage lui aussi avait fondu comme neige au soleil et de doute en affres sentimentaux, j'en étais venu à commander trois fois ma première consommation.
Sous le regard goguenard des quelques guerriers qui venaient se détendre après leur entraînement matinal. Nul doute qu'ils guettaient la dose d'alcool qui aurait raison de mon maintien et pariaient même dessus. Plus je buvais et plus la chaleur que l'alcool répandait dans mon sang me confortait dans cette certitude : mieux vaut éprouver des remords que des regrets. Même si Heda me trouvait ridicule, je préférerai l'affront que vivre avec le regret d'être parti sans lui dire ce que j'avais au fond du cœur. Je priais simplement pour que les vapeurs d'alcool ne me privent pas de l'usage de la parole mais, au contraire, me donnent le même aplomb qu'il conférait à mon défunt père et à mon oncle Yoren. Dans le même temps, je me maudissais d'avoir besoin d'un tel recours pour trouver le courage de mes sentiments. Moi qui était convaincu qu'un homme a toujours plus de valeur sobre qu'ivre.
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Sam 16 Mar - 19:57
[FB] When the Vixen dresses up in wolf
Quelques semaines étaient passées depuis l'escapade de Yoren avec son neveu Beron, et leur rencontre avec un groupe de loups affamés. Ils s'étaient tous les deux remis de leurs blessures, et dorénavant remis sur pied. Aujourd'hui était une journée légèrement moins banale que d'ordinaire. J'avais reçu dans la soirée de la veille une missive de la part de Beron, me demandant de passer dans la matinée à la Taverne de l'Ours Borgne, un nom de commerce assez évocateur, et remplit de fer-nés. La matinée fût toute fois chargée, et mettant de plus en plus en retard sur l'horaire que je m'étais initialement fixé pour rejoindre le plus jeune Hoare.
Comme promit, je rejoignis le garçon à la taverne, tandis que celui-ci buvait une chopine. Trois cadavres accompagnaient la choppe dans sa main, et je commençais à me poser des questions. Quelques fer-nés observaient gaiement le gamin en prenant des paris, tandis que je les foudroyais du regard. D'un pas mesuré, j'arrivais derrière Beron, et prit la parole.
- "Je suis en retard, désolé. Certains affaires ont eu raison de mon temps. Tu voulais me voir Beron ?"
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Dim 17 Mar - 13:55
When the Vixen dresses up in wolf x Heda & Beron
Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême de mourir dans vos bras, et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… si je vous le disais, pourtant, que je vous aime. Alfred de Musset
Je réfléchissais à mon prochain départ avec Banot, ne me souciant guère des remarques des Fer-nés attablés dans la Taverne. De temps à autre, je fixais d'un regard interrogateur le paquet destiné à Heda, que j'avais posé sur la chaise à côté de moi. Comme s'il allait répondre à ma question: est-ce que ça va lui plaire ?
J'étais tellement perdu dans mes pensées que je n'avais pas remarqué que ceux qui se riaient de moi s'étaient soudain tus. Ce ne fut que lorsque j'entendis sa voix dans mon dos que je pris conscience qu'un certain calme régnait soudain dans la taverne. Je fermai les yeux, pris une grande inspiration et me retournai lentement pour lui répondre. L'avoir en face de moi provoquait toujours ce pincement en moi mais du moins arrivai-je à parler sans bafouiller comme je l'avais fait quand je l'avais vue dans la tente du Mestre.
- Vous n'avez pas à vous excuser auprès de moi, Heda. Je sais combien vous êtes occupée à seconder mon oncle. Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps malgré cela. Avez-vous une minute pour vous asseoir et discuter un peu. Ça ne sera pas long.
J'ai adapté la longueur de mes réponses, comme tu n'aimes pas quand c'est trop long ;)
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Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Jeu 21 Mar - 21:18
[FB] When the Vixen dresses up in wolf
Les fer-nés autour de nous se turent dès qu'ils rencontrèrent mon regard, je n'avais guère envie d'en savoir plus sur leurs discussion, mais je voulais du silence. Beron était dos à moi lorsque je pris la parole. Il se retourna lentement pour me répondre, et comme à son habitude, l'adolescent se montrait polie auprès de moi.
- "J'ai toujours du temps à t'accorder Beron."
J'étais assez curieuse de connaître la raison de Beron pour m'avoir demandé de venir jusqu'ici, au milieu d'une taverne remplit d'ivrognes fer-nés. Le jeune Hoare avait certainement une excellente raison, et j'avais suffisamment confiance en lui pour savoir que cette situation n'était pas une sorte de piège prêt à se refermer sur moi. Je m'assis tranquillement face à Beron, en commandant une petite choppine à une serveuse, je me devais de rester sobre en toutes circonstances, et de toute façon, je n'aimais pas particulièrement l'alcool.
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Jeu 21 Mar - 21:53
When the Vixen dresses up in wolf x Heda & Beron Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême de mourir dans vos bras, et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… si je vous le disais, pourtant, que je vous aime. Alfred de Musset
Elle me contourna et s'assit en face de moi. Comme à son habitude, elle se montrait courtoise et prévenante envers moi, sans doute parce que je portais le nom des Hoare mais surtout parce que j'avais encore la confiance de mon oncle qu'elle adorait. Cela ne durerait peut-être pas lorsque j'aurais mis les voiles pour Hautjardin. Mais pour le moment, Heda me voyait sans doute comme l'une des inexplicables faiblesses de Yoren, un protégé qu'il fallait ménager quand bien même mon sort lui importait peu. Je ne savais pas comment la guerrière considérait mon traître de défunt père. L'avait-elle jugé et condamné sans appel tout comme l'avaient fait ma mère et bien des fer-nés et riverains ou bien lui voyait-elle quelque circonstance atténuante? Je ne le saurais jamais, car je n'avais plus l'envie ni le courage de lui poser ouvertement la question.
Quant à l'idée qu'elle avait de Myria, je n'en avais qu'une vague impression. Une rivale illégitime peut-être. Qu'en savais-je ? Elles convoitaient toutes deux un homme qui leur était inaccessible. Mais le jeu des adultes me paraissait bien puéril au regard des enjeux qui oppressaient notre peuple. Peut-être, par mon choix de partir pour Hautjardin, ne ferai-je que répéter l'erreur de Myria allant négocier avec le Tully ou de mon père fuyant la bataille annoncée et abandonnant les siens ? Peut-être était-ce ainsi que tous me verraient, rejeton traître de deux traîtres ?
Que le vent emporte la vérité. Il m'importait peu d'être aimé ou honni. Qu'avais-je à perdre moi-même ? Que me restait-il comme utilité à l'existence ? J'avais voulu me sacrifier au Dieu Noyé pour les réconcilier tous, Fer-nés et riverains, lors du mariage de mon oncle avec la Bracken, théâtre de tellement de haine et de tension entre les deux peuples. Ma mère m'avait privé de cette mort glorieuse en me tirant des flots de la Nera. Personne n'avait réagi d'autre qu'elle. Ni le Roi, ni aucune personne dans l'assistance. Ce geste pourtant sincère et chargé de tout mon amour pour le Royaume avait été totalement ignoré des convives et effacé des annales du Royaume et encore plus du continent.
J'avais depuis longtemps compris que je n'avais aucune valeur aux yeux de quiconque en ces terres de Westeros, aucune valeur à Pierremoutier même. Aucune valeur aux yeux de ceux que je considérais comme mes frères et sœurs, comme mon peuple et ma famille. Pour autant, je ne désespérais pas de les aider tous à cheminer vers une paix improbable.
L'air presque joyeux et voulant tromper mon monde, je souris à Heda qui commandait une chopine et me lançai puisqu'il fallait bien en finir. - J'avais un cadeau à vous offrir Heda, pour endurer ce qu'il reste de l'hiver.
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Lun 25 Mar - 19:48
[FB] When the Vixen dresses up in wolf
Je devais avouer que le jeune Beron Hoare avait beaucoup évolué dans mon opinion. Lorsqu'il nous rejoignit dans les batailles du Conflans, je voyais en lui un garçon pouvant menacer la légitimité de Yoren, et chercher à prendre le trône revenant à son défunt père. L'altercation dont j'avais eu vent entre lui et Yoren m'avait pour le moins fait tiquer. Toutefois, je voyais dorénavant en lui un garçon droit, loyal et respectueux, désireux de se faire une place parmi nous.
J'étais assise face à Beron, tandis que je commandais une chopine de bière. L'adolescent avait l'air joyeux, et il ne tarda pas à prendre la parole. Il m'annonça qu'il avait un cadeau à m'offrir, pour endurer l'hiver. J'étais soudainement très curieuse, car j'appréciais les cadeaux. J'observais les traits du visage du jeune garçon dans une veine tentative de découvrir le mystérieux présent. J'attendis donc qu'il m'en dise davantage.
- "Un cadeau ? En quel honneur ?"
La serveuse arriva entre temps pour m'apporter ma boisson, et j'en pris rapidement une gorgée avant de me reconcentrer sur Beron. L’arôme n'était pas terrible, mais il était difficile d'avoir mieux dans une petite taverne durant un hiver entre deux saisons de guerre.
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Dim 7 Avr - 13:32
When the Vixen dresses up in wolf x Heda & Beron Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême de mourir dans vos bras, et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… si je vous le disais, pourtant, que je vous aime. Alfred de Musset
Ce qui m'avait plu dès la première fois que je l'avais vue, chez Heda, c'était sa façon de dire clairement ce qu'elle pensait ou, de ne rien dire si les circonstances nécessitaient le mensonge. Elle ne parlait que si cela était nécessaire au lieu de se répandre en verbiages assommants comme certaines péronnelles cherchant à s'attirer les faveurs des hommes. Par le Noyé, que ces femmes lèche bottes, et autre chose, m'exaspéraient. Je n'avais aucune considération pour ce genre de comportement, qu'il soit le fait d'un homme ou d'une femme. Non, Heda, elle, pour vaincre, avait choisi la voie noble des armes et non les atours de la séduction.
Coucher pour arriver à convaincre, ou même séduire pour arriver à convaincre, quelle basse méthode pour défendre ses convictions. Cela desservait à mes yeux autant les idées défendues que l'honneur de la personne. Cela rabaissait l'individu qui s'y livrait à un morceau de viande qui monnaie son corps pour parvenir à ses fins. Cela portait un nom dans les ruelles de la basse citée. Ce genre de comportement entretenait l'idée que les femmes ou les hommes qui s'y livraient n'étaient que des êtres faibles à disposition des puissants. Il suffisait de leur donner l'espoir que leurs vœux seraient exaucés pour qu'elles ou ils s'allongent. Je haïssais pour cela, ce genre de comportement, parce en partie à cause de cela, des femmes comme Heda étaient obligées chaque jour de prouver qu'elles n'étaient pas ce genre de femme. Ce genre de femme ou d'homme qui clamait à qui voulait l'entendre qu'elles ne faisaient que se servir des armes que la nature leur avait donné mais qui étaient aussi les premiers à s'indigner qu'on ne les respecte pas. Quelle pitoyable justification que celle-ci! Quel espoir effronté que de penser qu'on pouvait se comporter comme une pute sans en essuyer les conséquences!
Fort heureusement, Heda n'était en rien ce genre de femme et c'est ce qui m'avait fortement plu. Outre son charme et son apparence bien entendu.
Je souris de plus belle quand je vis poindre l'éclat de la curiosité dans les yeux de la guerrière. Au moins elle ne refusait pas le témoignage de mon affection que j'avais fait préparer pour elle. J'espérais qu'il lui plairait lorsqu'elle le découvrirait.
Je pris le gros paquet mou enveloppé dans une peau de chèvre et le lui tendis. Puis je replongeai le nez dans ma chopine, bien anxieux quant à sa réaction.
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Lun 8 Avr - 20:07
[FB] When the Vixen dresses up in wolf
J'étais curieuse, je devais l'avouer. J'observais avec attention le gros paquet mou que Beron déposa sur la table, me le tendant. Il replongea le nez dans sa chopine tandis qu'il ajoutait une phrase un peu anxieuse.
J'attrapais doucement le paquet pour en défaire la petite cordelette l'entourant, retenant la peau. Je découvrais un très jolie pelisse, dont la majeur partie était couleur fauve, en poil de loup manifestement. Le centre du dos et la capuche étaient roux, également en fourrure. Un lisserait en poils noirs sur la bordure de la capuche et du manteau. J'admirais avec satisfaction la beauté des couleurs des différentes fourrure, caressant avec précaution leur douceur. Un autre présent accompagnait le manteau, une petite fibule en tête de renard argenté, orné de deux petits saphirs à la place des yeux. Je souriais devant l'emblème de mon surnom, puis je tournais de nouveau mon regard vers Beron.
- "C'est un très bel ouvrage, et un beau cadeau, je te remercier Beron."
Je retirais tranquillement mon manteau, que je posais sur la table afin d'enfiler la pelisse que m'avait offert Beron. La taille était bonne, et le vêtement m'allait plutôt bien. Je caressais doucement les fourrures puis j'attachais directement la fibule sur la petite veste qu'il me restait.
- "Les fourrures viennent-elles des loups que tu as combattus aux côtés de Yoren ?"
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Lun 22 Avr - 15:10
When the Vixen dresses up in wolf x Heda & Beron Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême de mourir dans vos bras, et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… si je vous le disais, pourtant, que je vous aime. Alfred de Musset
Je levai les yeux vers elle lorsqu'elle ôta son manteau pour se revêtir de la pelisse. La veste qu'elle portait encore dessous était simple et martiale, pratique pour mener ses occupations de guerrière, mais ne dissimulait pas pour autant ses courbes féminines. Je m'y attardai malgré moi. Était-ce mal ? Était-ce irrespectueux ? Depuis quelques temps, mes regards flânaient sur les silhouettes des jeunes femmes que je croisais dans les murs de Pierremoutier. Un peu trop souvent, à mon goût. Je m'en étais ouvert à Banot. A qui d'autres aurais-je pu en parler ? Mon oncle Yoren était bien trop occupé pour ces sornettes de jeune puceau, ma mère bien loin de mon cœur, et pas seulement géographiquement, mon père mort. Je redoutais de m'en ouvrir à mes compagnons d'entraînement, tous plus âgés que moi et qui auraient peut-être répondu à mes confidences par des moqueries mortifiantes.
La vérité est que je ne savais guère comment aborder les femmes sans les ennuyer et m’embarrasser moi-même. Si j'avais forci et que mon corps prenait de plus en plus la carrure d'un jeune homme, mon esprit restait, sur ce plan, celui d'un enfant maladroit et naïf. Certes, j'étais bien averti des roueries et des armes des femmes envers nous, et pour cela, il m'avait suffit d'observer Mère, mais précisément, au lieu de m'armer pour y faire face, cela me paralysait. Je partais en quelque sorte perdant dans cet échange avec la gente féminine, pensant ne pas l'intéresser dans le meilleur des cas, et dans le pire, n'être qu'un gamin naïf qu'elles manipuleraient. L'idée de susciter un amour sincère m'apparaissait complètement utopique. Banot m'avait conseillé de m'intéresser d'abord à des filles de mon âge au lieu de lorgner des femmes plus âgées, avis qui lui avait certainement inspiré par un constat: celui que mon comportement changeait chaque fois que je me trouvais en présence d'Heda.
Un constat dramatiquement vrai. Son argumentation, selon laquelle les jeunes filles étaient moins félonnes que leurs aînées avait du sens, mais j'y opposai mes propres arguments. Les filles de mon âge manquaient cruellement de maturité et d'esprit, du moins celles que j'avais croisées. "Se faire des chatouilles, des caresses et des baisers dans le foin, ça va bien un moment, mais j'attends autre chose d'une fille" lui avais-je répondu. Banot s'était mépris, avait toussoté en rétorquant que c'était bien normal que j'aie des envies d'homme à mon âge, mais que le plus important était de ne pas précipiter les choses dans l'idée absurde de "faire comme tout le monde". Il m'avait assuré aussi que la plupart des hommes faits se vantant d'avoir perdu leur pucelage à mon âge étaient de fieffés menteurs. "A votre âge, mon Prince, la plupart des garçons ne savent pas comment pense une fille et ce qu'elle désire. Ils ne savent pas s'y prendre."Il avait ajouté d'un air grave "d'ailleurs beaucoup, même en devenant des hommes mûrs, continuent à ignorer ce qu'elles désirent et prennent par la force ce qu'eux désirent. Le fait que vous vous souciez de l'esprit, de la maturité de votre amie ou de ne pas l'ennuyer, la contraindre, prouve que vous êtes un homme censé et bien plus adulte que certains le seront jamais. Un jour viendra où vous croiserez une jeune fille qui aura l'esprit et le cœur pour vous plaire et qui appréciera les vôtres. Ce jour-là les choses viendront naturellement."
Tout cela était bien beau, mais ne m'aidait guère à faire face au présent. Par exemple, comment parler à Heda sans qu'elle me rie au nez ou me donne une gifle ? Le cadeau m'avait paru une bonne façon de dire l'essentiel sur la durée, car elle le porterait, s'il lui plaisait, durant des années. Il me restait à mettre en mot ce qu'elle ne pouvait deviner en le portant. Ce qui n'avait rien de simple, car même si j'avais perdu tout espoir, je voulais qu'elle sache avant mon départ. J'étais passé à un tutoiement plus familier sans qu'elle aie eu l'air de tiquer. Je soupirai de soulagement, espérant qu'au moins j'aurais l'honneur de conquérir son amitié à défaut de son cœur.
- C'est vrai ? Il te plaît ? J'aimerais qu'il te tienne chaud et te protège durant les campagnes difficiles qui s'annoncent...
Je triturai ma chopine vide à présent et je n'osai en commander une autre sans passer pour un soiffard à ses yeux Son regard réprobateur face aux cadavres que j'avais laissés sur la table ne m'avait pas échappé. Je hochai la tête affirmativement à sa question.
- Oui, ce sont bien des loups que j'ai tués lors de cette sortie. Pour deux d'entre eux. Le noir, c'est Yoren qui l'a tué. Je n'ai pu que le blesser avant de chuter de mon cheval. Il a donné son accord pour qu'on prélève une petite partie de sa fourrure pour faire la bordure de ton manteau. Je n'ai tué que le fauve et le roux qui étaient moins imposants. Le noir, c'était le chef de la meute.
Je la regardai ajuster la fibule sur sa veste et j'osai un petit sourire.
- Les deux te vont très bien. J'étais certain que tu les porterais à la perfection.
Je plantai mon regard dans celui de la guerrière et dit d'une voix que je voulais assurée:
- Heda, quoi que tu aies pu entendre à mon sujet et quoi que tu puisses entendre à l'avenir, je veux que tu n'oublies jamais que je serai toujours fidèle aux Iles de Fer, et à toi ...
Puis j'ajoutai dans un murmure: - Quand tu me regardes, Heda, qu'est-ce que tu vois ?
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Ven 26 Avr - 21:18
[FB] When the Vixen dresses up in wolf
J’ôtais mon manteau pour revêtir la pelisse offerte par Beron. Je déposais mon propre manteau sur la chaise, puis j'accrochais la fibule sur la veste que j'avais gardée. Le jeune Hoare me fixait avec insistance, dans une sorte de regard que je n'avais jamais vue chez lui. Ses yeux se perdaient sur ma silhouette, et l'adolescent semblait oublier que je pouvais le voir.
Je n'avais pas réellement envie de devoir reprendre le jeune Hoare sur ce type de comportement, et surtout pas après qu'il m'ait offert un cadeau, sans rien demander en échange. Rares étaient les hommes de ce royaume capable de faire la même chose, la plupart le faisaient pou gagner dans l'immédiat ou dans un futur proche, les faveurs charnelles d'une femme, ou pour se faire pardonner une bêtise. Par exemple, Yoren m'avait offert le Requin Noir parce qu'il se sentait désolé de son mariage avec une autre femme, Helena Hoare.
Je me tournais vers Beron lorsqu'il prit la parole pour demander une sorte de confirmation à sa question. Je hochais de la tête avec un petit sourire devant ses paroles.
- "Je suis sûre qu'elle me portera chaud, et il est vrai que les prochaines campagnes s'annoncent difficiles."
Je remarquais du coin de l'oeil que Beron triturai sa chopine avait un air étrange, comme s'il attendait quelque chose. Je ne savais guère à quoi pouvait bien penser le Hoare, peut-être désirait-t'il une nouvelle dose de bière ? Après déjà près de 3 voir 4 chopines, c'était déjà trop pour son âge. J'avais espéré que ce trait de famille saute une génération chez les Hoaore, mais j'avais bien l'impression que ce n'était point le cas. Ils étaient tous des ivrognes de père en fils, et de mère et fils. Je demandais confirmation à Beron si les fourrures utilisées pour la pelisse provenaient des loups combattus quelques semaines plus tôt, manquant de tuer les deux Hoare. Je m'asseyais de nouveau face à l'adolescente, déposant mon ancien manteau sur un coin de la table. Je reprenais en main ma chopine, pour en avaler une gorgée. J'ajustais un bref instant la fibule à ma veste, puis j'écoutais de nouveau Beron. Je fronçais doucement les sourcils avant d'en soulever un avec curiosité. Je connaissais assez Beron pour savoir qu'il n'était pas un traître, ni même un déserteur, seulement un garçon un peu maladroit.
- "Tu parles comme un déserteur Beron, ou un traître. Tu devrais faire attention à tes paroles."dis-je d'un ton peu sérieux, sans hausser la voix.
J'étais un peu plus surprise en entendant ce que Beron murmura ensuite, la phrase en elle-même me semblait étrange, comme si elle recelait une vérité cachée. Je fixais un instant Beron, analysant mes pensées à son sujet.
- "Tu es différent de Yoren, et différent de Myria. Tu mélanges plutôt bien les meours fer-nés et riveraines. Tu me sembles courageux, sans jamais te gonfler d’ego. Tu bois comme un fer-né, mais tu es respectueux et calme. Tu manques peut-être juste de confiance en toi, et de bonnes expériences."
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Lun 29 Avr - 22:31
When the Vixen dresses up in wolf x Heda & Beron Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême de mourir dans vos bras, et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… si je vous le disais, pourtant, que je vous aime. Alfred de Musset
J'avais au moins la satisfaction de savoir que mon présent lui plaisait et c'était déjà une source de soulagement pour moi, mais je mesurais désormais mieux le fossé qui nous séparait en dialoguant avec la guerrière. Alors que je la mettais en garde contre les conclusions hâtives dont elle pourrait être abreuvée à mon sujet, elle me rétorqua que je parlais comme un déserteur. Certes je perçus bien la tentative d'humour dans ce trait qu'elle ne voulait pas sérieux et proférait d'une voix sans animosité. Mais malgré tout, cela me blessa plus que je ne l'avouerais jamais. Personne ici ne comprendrait décidément ce qui me motivait et plus que tout, l'amour que je portais à mon peuple. C'était à désespérer et à me donner envie de donner raison à ses paroles.
Si encore mes réflexions ne se basaient que sur les paroles sans doute sans arrière pensée de la guerrière, j'aurais pu laisser glisser cette fugace désespérance, mais s'y ajoutaient des constats bien plus troublants. Lors de ma première discussion à cœur ouvert avec mon oncle et Roi Yoren, j'avais exposé, pour aider à faire face à notre périlleuse situation, plusieurs suggestions. Certes pour plusieurs d'entre elles d'une grande naïveté, mais pour d'autres pas si irréalistes. Mon oncle avait écouté avec un intérêt et une bienveillance apparents, mon exposé, mais s'il avait dit trouver ces idées intéressantes, il n'avait pas manifesté le moins du monde qu'elles fussent à tenter. Or quelques mois plus tard, force m'était de constater que certaines de ses réformes sonnaient comme un écho à mes propres mots. Réforme de l'armée, conscription, engrangement de provisions redoublé, aménagement d'une flotte proche de Pierremoutier, manœuvres de la flotte de fer en mer pour contrarier les alliés de l'empire.Tout cela, j'en avais exprimé l'idée à mon oncle. Peut-être l'avait-il eu bien avant moi et sans que je le lui suggère, mais il m'aurait été doux d'entendre de sa bouche, alors qu'il les mettait en oeuvre, que ces idées que j'avais partagées avec lui n'étaient pas pur irréalisme mais prenaient bel et bien corps. Or, jamais il n'avait pris le temps ne serait-ce que de m'annoncer leur mise en oeuvre.
C'était peut-être inconscient de sa part, mais cette façon de me tenir à l'écart de toutes les décisions importantes sur lesquelles nous semblions nous rejoindre ne faisait que renforcer mon sentiment d'inutilité à Pierremoutier et me pousser à aller en d'autres lieux chercher à mieux servir mon peuple. C'était précisément cela qui m'avait résolu à préparer mon voyage vers Hautjardin. Mais peut-être que cela était inéluctable, comme l'avait été la fin de mon père qui n'avait pas su imposer ses vues à son propre père. Là où il avait péché par manque de clairvoyance et de détermination à aller jusqu'au bout de son combat, moi je péchais pas excès de jeunesse et manque de crédit aux yeux de tous. Hautjardin pourrait fort bien être la dernière étape de ma courte vie. Et s'il en était ainsi, et bien soit. J'aurais au moins tenté de servir à quelques chose, tout comme j'avais tenté de faire passer un message d'unification à deux peuples se méprisant, en voulant me noyer lors du mariage royal. Peut-être que cette seconde tentative aboutirait cette fois à ma mort dans le Bief. Qu'il en soit ainsi, se je ne pouvais davantage être utile à ma cause, qu'un petit palfrenier de douze ans.
Un vague sourire étira mes jeunes lippes et je penchai doucement la tête de côté en considérant gravement Heda. Me prenait-elle pour un imbécile ou était-ce réellement parce que mes paroles la mettaient mal à l'aise. Je murmurai en vidant les quelques gouttes restantes au fond de ma chopine.
- Un traître ou un déserteur ... Bien sûr ... Je comprends ...
Je continuai à la regarder fixement.
- Différent de Yoren et Myria, dis-tu ? Oui c'est certain.
Mon sourire se para d'une ironie nouvelle lorsque je répondis à ses précisions.
- Suggérerais -tu qu'eux se parent d'un ego exagéré ? Attention à tes mots, Heda. Là c'est toi qu'on pourrait taxer de déloyauté.
Je me levai lentement et hélai l'aubergiste d'un signe de la main.
- Une autre, mon brave ! Puis considérant à nouveau la jeune femme d'un regard acéré. Oui je bois ! Quelque chose à redire, Heda ? Respectueux, plus qu'on l'est envers moi, c'est certain. Mais calme ? Comme tu me connais mal, Heda! Mon calme n'est qu'illusion, comme ces lacs alimentés par des sources d'eau bouillante dont l'apparence a tout du miroir et qui un jour voient leur surface se rider avant que ne montent des geysers de vapeur brûlante. Dangereux, imprévisibles, mortels !
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Ven 3 Mai - 22:18
[FB] When the Vixen dresses up in wolf
De nouveau assise à la table, je savourais une gorgée de ma chopine, dont le goût était un peu rebutant. Les hommes buvant dans la taverne avaient repris leurs bavardages bruyants, tandis que Beron et moi échangions quelques paroles. Le jeune Hoare me laissa curieuse et perplexe à ses derniers mots, il me mettait en garde contre les conclusions hâtives que je pourrais tirer à son sujet, après une sorte de départ.
Un vague sourire étira les lèvres de Beron, puis il se pencha doucement la tête de côté en me regardant gravement. L'espace de quelques instants, je me demandais si Beron avait perçu ou non mon trait d'humour, ou si j'avais touché par inadvertance quelque chose de plus grave. Il reprit la parole en murmurant, vidant les dernières gouttes de sa chopine. Il parla en me regardant fixement, mais ses paroles avaient quelque chose d'un peu effrayant. L'ambiance sympathique qui c'était installé dans la conversation semblait avoir disparu. Un sourire ironique prit place sur son visage lorsque j'évoquais mon avis personnel sur lui-même, notamment ses différences envers les autres Hoare. Je fronçais les sourcils sans répondre lorsque Beron me renvoya le trait d'humour sur la déloyauté. Il commanda ensuite une autre chopine à l'aubergiste, ce que je désapprouvais.
- "Tu as suffisamment bu Beron, tu devrais rentrer." dis-je en fusillant du regard tour à tour Beron et l'aubergiste.
Beron commençait lentement à prendre un comportement que je jugeais très étrange, et je n'avais guère envie de devoir supporter un ivrogne.
- "Pas une seule chopine de plus pour lui, c'est un ordre." dis-je à l'aubergiste.
Sujet: Re: [FB] When the Vixen dresses up in wolf (pv Heda) [Tour VI - Terminé] Ven 7 Juin - 19:38
When the Vixen dresses up in wolf x Heda & Beron Non, je n’étais pas né pour ce bonheur suprême de mourir dans vos bras, et de vivre à vos pieds. Tout me le prouve, hélas ! jusqu’à ma douleur même… si je vous le disais, pourtant, que je vous aime. Alfred de Musset
L'aubergiste, prompt à satisfaire le client pour empocher quelque argent de plus vint à notre table mais, surprenant les paroles d'Heda, hésita à y déposer ma commande. Je devançai son retrait en me saisissant de la choppine et la portai à mes lèvres sans même défier la guerrière du regard.
- Merci mon brave !
Comme j'avais tranché pour lui son choix, l'homme s'en retourna sans attendre à ses autres clients et je me levai pour boire d'une traite le contenu que je tenais en main.
- Tu ne vois en moi qu'un gamin insignifiant Heda. Seul mon titre t'empêche de m'écarter comme une mouche inopportune, j'aurais aussi bien pu dire, une mouche à merde.
De ma main libre, je fouillai dans ma bourse pour y trouver le paiement de nos consommations et déposai sur la table les piécettes pour régler notre note.
- Oh je ne t'en fais pas grief, c'est ainsi que tous me voient ici.
Je levai ma chopine et balançai à l'assistance :
- Au plus inutile des Hoare ! A votre santé ! Le Dieu Noyé vous garde !
Puis me penchant vers Heda, je lui adressai un sourire sincère et triste. - Sois rassurée Heda, je ne traînerai bientôt plus dans ton sillage. Je vais disparaître de ta vue comme la brume du matin s'évapore au soleil.
Mon regard d'azur la fixa sans ciller.
- Un jour vous entendrez tous parler de moi et ce ne sera plus comme d'un merdeux inutile et encombrant qu'on ignore dans les stratégies. Un jour vous comprendrez ... A moins que le Dieu Noyé en décide autrement.
Puis je contournai la table pour m'approcher d'elle. - Pourtant, avant de m'effacer, je dois te dire quelque chose Heda Volmark ! Et ne vas pas croire que c'est l'ivresse qui me dicte mes mots ! Même si je suis encore jeune, j'ai déjà aimé deux fois comme un homme. La première est morte par la folie d'un tyran. Alors, Heda, je t'en conjure, ne les laisse pas te prendre, te ravir au monde. Parce que sans toi, il serait indéniablement beaucoup moins beau.
Ma main s'éleva jusqu'à son visage qui était, malgré notre différence d'âge, à même hauteur que le mien et caressa sa joue dans un geste audacieux.
- Si tu dois périr sur le champ de bataille, au côté de cet homme que tu aimes sans espoir, souviens-toi, Heda, qu'un Prince Hoare t'aura aimée, de toute son âme, de toutes ses forces.
Mon regard plongé dans le sien, j'ajoutai - Ce n'est ni l'audace, ni la conviction qui m'auront manquées pour demander ta main, Heda Volmark, mais simplement les années. Et ton amour aussi ...
Puis, baissant les yeux, je me détournai, réajustai ma cape et murmurai: - Prends soin de toi et sois heureuse, ma renarde sanglante ! avant de sortir sans me retourner.
Dehors, ma vue se brouilla, mais ce devait être le fait du froid glacial qui sévissait à Pierremoutier. Je pris la direction de mon casernement pour y faire mes préparatifs. Plus résolu que jamais à écarter le destin funeste qui guettait notre Royaume, qui la guettait elle aussi.