Sujet: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Ven 14 Déc - 19:59
J’inspire longuement, regardant cette fichue poignée de porte depuis je ne sais pas combien de temps. Pourtant, je sais qu’il va me falloir appuyer dessus, pousser la porte et entrer. Pour retrouver ma femme. Je devrais être ravi de le faire. Je le suis d’une certaine façon. Une part de moi meurt d’envie de franchir les derniers mètres qui nous séparent et de la serrer dans mes bras, pour m’assurer qu’elle est bien en vie, qu’elle va bien et que plus rien ne va lui arriver, qu’elle est enfin en sécurité.
J’ai entendu bien des choses concernant ce qui lui est arrivé quand je suis moi-même arrivé à Haye-Pierre. Que le dragon n’était pas arrivé à temps, qu’il avait attaqué aussi bien ses ennemis que ses alliés, sans distinction et j’en passe. Pourtant, avec Rhaenys, les choses ne pouvaient pas mal se passer, elle ne pouvait que sauver la prunelle de mes yeux. Je réalise que je ne l’ai pas encore proprement remerciée d’avoir agi de la sorte, même si je sais qu’elle dira que c’était ce qu’elle avait à faire, tout simplement.
Je sais juste que ma femme et ma fille aînée auraient pu mourir. Et que jamais je n’aurais pu me pardonner de ne pas avoir pu les revoir une dernière fois. J’ai moi-même été blessé à plus d’une reprise ces derniers mois mais j’avais réussi à me convaincre qu’elles ne risquaient rien, que je faisais tout cela pour veiller sur elles. Et ça n’a pas suffi.
Je sens mes mâchoires se contracter alors que je finis par me décider et par pousser la porte. Elle est là, près du feu et me tourne le dos. Nous nous sommes déjà retrouvés, officiellement, devant tout le monde. Si elle s’est comportée comme il se devait, m’accueillant chaleureusement, j’ai bien senti dans son étreinte qu’elle était en colère. Plus que ça même. Jamais je n’avais vu son regard briller de cet éclat et j’avoue que, même si j’ai déjà eu à affronter un dragon, j’ai l’impression que ce n’est rien en comparaison de ce qui va se passer.
Pourtant, quand elle se retourne et que mon regard croise le sien, tout s’efface, l’espace d’un instant. Quand bien même je vois ses mains refermées en poings contrariés, son regard brillant et son menton relevé, digne de ses pires colères. Parce que c’est elle. Qu’elle est là. Entière. Et le reste importe peu alors que, pendant une brève seconde, je me contente de cet amour que j’ai éprouvé pour elle à la seconde où mon regard a croisé le sien.
Et c’est probablement ce qui me donne la force d’avancer jusqu’à elle. Je lève une main dans sa direction et je prends la parole, d’une voix plus assurée que je ne le suis réellement. « Je sais que tu es en colère. Et c’est légitime. Je suis prêt à braver la tempête et à t’expliquer. Si tu m’en laisses le temps. » J’espère qu’elle le fera, qu’elle ne se contentera pas de déverser sa colère. Ce n’est pas son genre mais, après tout, j’ai agi comme je ne l’avais encore jamais fait jusqu’à présent. Alors elle a tout à fait le droit de changer d’attitude elle aussi. Je déglutis avant de reprendre, toujours sur le même ton. « Mais avant tout ça... » Et je franchis les quelques mètres qui nous séparent pour la serrer contre moi avec force, me moquant presque qu’elle me rende ou non mon étreinte. Je finis par la relâcher et par reculer d’un pas avant de souffler, à mi-voix. « J’avais juste besoin de m’assurer que tu es bien réelle, bien là, devant moi. J’ai cru que je ne te reverrais jamais et c’était... » Je secoue la tête, incapable de trouver mes mots avant de me frotter le menton, non sans tiquer sur ma barbe naissante qu’elle n’apprécie guère en temps normal. Mais rien n’est normal aujourd’hui.
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Dim 16 Déc - 18:44
Je ne me suis jamais sentie aussi furieuse et angoissée à la fois. J'ai bien du mal à tenir en place mais je sais très bien que faire les cents pas dans ces appartements qui nous ont gracieusement été accordés ne sera pas du tout productif, pire cela risque fortement de me rendre folle. C'est comme si toute la colère accumulée depuis l'arrivée de cette maudite lettre ne m'avait pas quittée, pire alors qu'elle aurait dû s'atténuer avec les jours de voyage elle s'était trouvée un nouveau combustible avec l'attaque que nous avions eu à subir durant celui-ci. J'avais bien du mal à me calmer, même si l'évènement était passé depuis plusieurs jours mon corps se mettait encore parfois à trembler sans raison et une vague de peur froide me parcourait le dos sans que je ne puisse rien y faire. Cette terrible impression d'impuissance était pire que tout et je ne trouvais rien qui me permettrait de soulager son poids et de pouvoir retrouver l'esprit un peu près tranquille que j'avais des mois auparavant avant que toute ma vie se mette à déraper.
J'avais cru perdre la vie, mais bien pire perdre celle de ma fille. Ma chair et mon sang avait courageusement fait face à l'épreuve, certainement en prenant exemple sur le comportement relativement apaisé que j'essayais de maintenir alors que je ne le ressentais absolument pas. J'avais cru perdre tous mes moyens en apercevant le dragon, son souffle et ses flammes m'ayant presque fait perdre toute raison. La scène se rejouait trop souvent dans mes songes, mais avait une issue bien plus terrible, je ne faisais plus de nuits vraiment reposante depuis lors. J'étais épuisée en réalité, sauf que je déployais toutes mes forces à n'en rien montrer. Mon corps n'était plus aussi résistant que dans ma jeunesse, je le constatais avec regrets, ce n'était malgré tout pas une excuse pour céder facilement à toutes mes humeurs.
J'avais donc choisi de l'attendre près de la belle et imposante cheminée, fermant légèrement les yeux pour tenter d'y trouver quelques minutes d'apaisement. Tâche bien ardue que celle-ci car même si Eléanore était à présent en lieux sûr je ne pouvais m'empêcher de me ronger les sangs pour mes autres enfants, Brandon et Charissa avaient encore besoin de moi, l'une plus que l'autre, cela n'empêchait pas mon instinct de mère de craindre à chaque seconde pour eux. Décidément je n'avais nullement besoin de nouveaux sujets d'angoisses ni de nouveaux dangers à faire peser sur eux. J'en voulais terriblement à Lyham, bien plus que ce que je n'avais jamais éprouvé. En un sens je m'en voulais, car il n'était pas du tout dans les prérogatives d'une épouse de remettre en cause les choix de son époux, mes devoirs étaient même tout opposés car il me fallait lui apporter un soutien indéfectible peu importe la situation. Sauf que cette fois chaque fibre de mon être me hurlait que j'en étais tout simplement incapable. Je ne pouvais pas pardonner, tout était trop frais, d'autant que je ne comprenais rien de tous ces changements pour lesquels je n'avais pas du tout était consultée. Lyham n'en avait absolument pas l'obligation bien entendue, mais il l'avait toujours fait. Je ne comprenais pas son changement d'attitude, et cela me faisait presque craindre que l'homme qui finirait par me rejoindre n'aurait plus rien à voir avec celui que j'avais épousé.
L'avait-on torturé ? L'abjuration de notre seigneur Hoare avait-elle était plus extorquée qu'autre chose ? Au fond de moi je connaissais la réponse à ces questions, Lyham était vertueux et presque trop chevaleresque. Pétri d'honneur jamais il n'aurait trahi s'il n'y avait pas adhésion de sa part aux idées adverses, sauf que cela me paraissait presque inconcevable. Toutes ces années de luttes contre ceux qui nous recevaient à présent entre leurs murs n'avaient donc servies à rien ? Je ne pouvais me résoudre à un tel revirement sans le comprendre. Je n'avais aucune affection pour nos anciens suzerains, cependant je n'en avais pas plus pour les créateurs de cet empire. J'étais plus que sceptique et la manière dont les choses s'étaient déroulées ne m'aidait pas du tout à digérer la nouvelle. Pire chaque nouvelle personne me donnant du majesté ne faisait que jeter de l'huile sur le brasier de ma fureur. Je conservais néanmoins une façade de courtoisie plus agréable pour tous. D'un œil extérieur les retrouvailles de notre couple avaient presque pu paraître très chaleureuses, mais je savais que Lyham avait senti ma raideur et la dureté de mon regard, je ne voulais pas lui cacher mon courroux.
Lorsque la porte s'ouvre je suis prête, et même si je suis à deux doigts de hurler pour dégager mon être de cette tension insupportable je ne dis rien le laissant me rejoindre. Digne je me redresse et me tourner vers ce visage que je ne peux cesser d'aimer. Pendant un bref instant toutes mes peurs et ma colère semblent s'évaporer dans ces iris clairs qui croisent les miens. Mon cœur manque de sortir de ma poitrine pour rejoindre le sien. Il est là, en vie, et c'est un cadeau des Sept que je ne peux renier. Si je n'écoutais que mon cœur je me jetterai probablement à son cou, embrassant chaque parcelle de peau à portée de mes lèvres. Pourtant bien vite les dernières épreuves que j'ai eu à traverser me reviennent en pleine figure et je ne peux nier sa responsabilité dans ces dernières ni le poids insupportable des choix qu'il a fait sans moi. Il prend la parole avant moi, je ne m'en offusque pas, c'est son privilège de mâle mais je lui intime silencieusement de choisir avec le plus grand soin chaque mot qui peut sortir de sa bouche, car il ne sait probablement pas à quel point il est proche de définitivement briser tout ce qui a pu exister entre nous. Trahison, je ne veux pas lui jeter ce mot au visage et pourtant c'est ainsi que je ressens les choses. Je manque de juste lui hurler dessus chaque parole qui me passe par la tête. Mais ce ne serait définitivement pas moi, je ne veux absolument pas changer à cause de ce qu'il a fait, c'est dur mais je reste aussi stoïque que la glace du Mur.
C'est alors qu'il brise l'écart qui nous sépare pour m'attirer contre lui. Toute ma rage fond à ce moindre contact et je me maudis d'être si faible. Toute ma fierté bafouée, toutes les crises de nerfs et d'angoisses générées par ces idioties ne valent rien par rapport à la puissance de ce que je peux ressentir pour lui. Baissant la garde et mon masque d'indifférence je loge mon visage quelques instants dans son cou, respirant son odeur qui m'avait tant manqué pendant tous ces mois de combats, ce musc que je pensais presque ne jamais pouvoir retrouver lorsqu'il avait été capturé et que je me languissais de retrouver. Comment encore lui en vouloir ? Comment ne pas devenir totalement dingue en passant d'un sentiment à l'autre avec la même violence. La colère néanmoins finit par revenir, s'il ne pouvait douter de mon attachement à présent je me devais de lui montrer que cette preuve de son amour ne m'avait nullement rendue disposée à lui pardonner ses errements. S'il ne s'était de lui même retiré j'aurais certainement fini par le repousser, certainement bien trop violemment à mon goût. La dureté de mon regard revint aussi vite qu'il avait pu me quitter, je me devais d'être implacable et aussi forte que ce que je pouvais éprouver pour bien lui faire comprendre dans quelle situation il avait pu me propulser sans aucun égard pour moi.
« Il est bien utile d'y penser à posteriori de toutes ces catastrophes. Ma perte n'aurait pas été aussi atroce que celle de notre fille. As-tu seulement réalisé à présent les conséquences de tes choix Lyham ! Dis moi que je me trompe, dis moi que tous ceci n'est qu'un stratagème très astucieux pour nous sortir d'une situation désespérée ! Qu'as-tu fait !? Et pourquoi ?! Comment as-tu pu nous entraîner là dedans sans même m'en toucher un mot ! Sans même prendre en considération tout ce que cela allait entraîner pour notre famille ! T'es-tu laissé aveuglé par une gloire bien trop incertaine !? »
Je ne savais pas comment arrêter le flot de mes questions ni le surplus d'émotions qui me tenaillaient depuis des semaines. Ce surplus ne pouvant plus être contrôlé bien longtemps je ne pu alors pas contrôler les tremblements qui saisirent violemment mon corps, extériorisant tous ce que j'avais pu refouler dans un coin de mon esprit pour ne pas avoir à affronter le choc. Des larmes de rage s'échappèrent de mes yeux et je priais pour que des oreilles trop curieuses ne puissent pas entendre mon éclat de voix. Après tout je détestais faire des scènes en public et mettre ainsi le nom de ma famille en porte à faux. Malheureusement s'en était trop pour moi, et je ne pouvais plus cacher tout ce qui m'étreignait bien trop violemment le cœur.
« Je ne peux te pardonner Lyham, pas après tout ce qui est arrivé par ta faute, et toutes les explications du monde n'expliqueront pas cette conduite indigne. Mon cœur est au comble du bonheur de te retrouver et que tout ceci n'ait pas eu de conséquences trop lourdes, mais je ne peux tout simplement pas donner libre cours à ces sentiments tant la rage et le ressentiment se distillent en moi comme un poison. C'est un poids bien trop lourd rajouté à toutes les angoisses nouvelles qui accompagnent ce statut que tu nous a infligé. »
La royauté n'avait jamais été dans mes aspirations, pire c'était une lourdeur que je n'étais pas prête à accepter ni à supporter. Voir étaler ma vie comme un spectacle aux yeux d'une cour avide, ou voir mes enfants jetés en pâture à des mariages politiques sans aucun espoir de bonheur ne faisait pas du tout partie de mes plans. Je ne voyais pas cette ascension d'un bon œil, d'autant que les anciens possesseurs du titre étaient encore de ce monde et ne manqueraient pas de nous faire payer notre impudence. Tout cela par sa faute, cependant une voix me murmurait qu'il n'avait peut être pas eu le choix, que c'était peut être un moindre mal pour en éviter un plus grand. Cependant je n'étais pas prête à le croire, je me montrais certainement trop dure, trop cruelle envers lui qui avait dû en supporter bien plus que je ne le concevais, mais je n'étais pas disposée à adopter une autre attitude pour l'instant.
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Lun 17 Déc - 15:35
J’avoue, je n’ose guère imaginer tout ce qu’elle a en tête en cet instant précis. Parce que je ne l’ai encore jamais vue aussi fâchée, d’aussi loin que je me souvienne. Et encore, le mot est faible, il ne traduit pas cette sensation que j’ai à la regarder, qu’elle serait prête à exploser à la moindre étincelle. Mais je ne peux pas tourner les talons et me contenter d’attendre que sa colère retombe. Parce que ce serait risquer de la perdre pour de bon et ça, c’est inacceptable. Si je dois le faire, si elle doit s’éloigner, il faut au moins que j’aie tout essayé pour lui faire comprendre pourquoi j’ai pris cette décision, ce qui nous a amenés à suivre cette voie.
Et si je sais que le lien qui nous lie menace d’être rompu par ma faute, je ne peux m’empêcher de profiter de ce bref instant, si infime soit-il, où elle repose sa tête contre mon cou. Comme si, l’espace d’un instant, tout allait bien. Evidemment, cela ne dure pas et sa colère commence à se déverser. Je sens mes mâchoires se contracter à chacune de ses paroles. Parce que ce qu’elle dit fait mal, chacun de ses mots me touche et les doutes qu’elle peut avoir nourris à mon sujet me blessent plus que je ne l’aurais cru, surtout venant d’elle. Mais je garde le silence, me gardant bien de l’interrompre, laissant l’orage tonner, même si je me fige quand elle dit qu’elle ne pourra pas me pardonner.
Quand elle en a fini, je garde le silence, me contentant de remplir deux coupes de vin et d’en boire quelques gorgées. « Tu ne peux me pardonner donc. Bien. Je vois. » J’essaie de garder un ton neutre mais j’avoue que c’est plus dur que je l’aurais pensé. J’inspire longuement avant de reprendre, d’une voix aussi calme que possible. « A défaut, j’espère que tu pourras comprendre. Pourquoi j’ai fait ça. » J’hésite à lui demander de s’assoir mais finalement, je préfère ne rien en faire et mon regard s’attarde un instant à contempler les flammes avant que je ne reprenne à mi-voix. « La bataille de Paege a été une catastrophe. Harren nous a laissé des hommes qui savaient à peine tenir une lance face à guerriers aguerris et… un dragon. Ce dragon-même qui t’a sauvé a brûlé des dizaines, des milliers d’hommes. A dire vrai, j’ai fini par perdre le compte au bout d’un moment. Ceux qui ont survécu se sont enfuis et je ne peux guère leur en tenir rigueur. Ne sont restés que les plus fidèles qui ont chargé avec moi vers une défaite certaine. Mais à notre façon. Quitte à mourir, autant le faire avec honneur n’est-ce pas ? » J’ai une grimace avant de reprendre, mon regard toujours rivé sur le foyer. « Je m’attendais à trouver des adversaires usant des mêmes méthodes que le Noir. Mais non. Ils ont soignés les blessés, moi y compris et nous ont ramenés dans une semi-captivité plutôt enviable après ce que nous avons vécu. Et je les ai rencontrés. Face à Face. Torrhen et Rhaenys. »
Je me retrouve plongé dans des souvenirs que j’ai du mal à expliquer, me remémorant cet instant où tout a basculé. « Ils ont mis en exergue mes doutes, mes peurs. Ils m’ont rappelé ces terres, nos terres, qui n’avaient de cesse de saigner pour le bon-vouloir d’un seul homme qui ne nous laissait que des miettes pour nous défendre. Ils m’ont rappelé qu’il n’avait aucun honneur, qu’il n’était pas le dirigeant qui permettrait à mes enfants d’être en paix, de vivre comme ils le méritaient. » Je relève les yeux vers mon épouse et je souffle, toujours à mi-voix, le regard brillant. « Ils m’ont donné l’Espoir. Que je refusais d’avoir tant que nous étions au service d’Harren. Que je pourrais vous offrir un monde meilleur à toi et aux enfants. Que je pourrais mourir la tête haute au combat parce que j’aurais enfin réussi à défendre ces valeurs qui étaient les miennes. Et qui sont les tiennes je le sais bien. » Je baisse les yeux, reportant de nouveau mon regard vers le feu. «Honneur. Famille. Devoir. » Dans cet ordre.
Je bois de nouveau quelques gorgées de vin avant de continuer, ma voix reprenant son ton normal. « La condition était de devenir Roi du Conflans fédéré. J’ai accepté. Sans hésiter. Parce que j’ai confiance en eux et que je n’avais pas d’autre choix, que je n’en voyais pas d’autre. Je me moque de la gloire ou des honneurs. Tout ce que je veux c’est vous assurer une vie, un avenir. J’ai trahi mon Roi pour cela et je sais que j’en aurais à payer le prix. Je sais que cela va peser également sur vos épaules mais vous êtes tous capables de l’affronter. » Et je finis par me masser l’épaule non sans une grimace de douleur avant de souffler, incapable de la regarder. « Déteste-moi si tu le souhaite Alysanne, je comprendrais. Mais je ne changerais pas d’avis. Je ne peux pas. Cet avenir que j’ai pu entrevoir, celui où nos enfants et leurs enfants pourront être en paix et n’auront pas à craindre pour leur vie parce que leur dirigeant n’en fait qu’à sa tête, je ferais tout pour y parvenir. Et j’ai besoin de toi. De la Reine que tu dois devenir. Pour eux »
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Mer 19 Déc - 0:20
L'atmosphère de la pièce était agréable, le confort plus qu'appréciable surtout aux vues du manque de clémence du temps. J'aurais pu très bien me couler dans le lit si merveilleusement apprêté pour recevoir un couple royal. Qui m'en aurait tenu rigueur après toutes ces émotions et surtout la dureté du voyage. Malheureusement mon esprit n'en trouvait pas la quiétude et mes sentiments ne cessaient d'affluer et de descendre en intensité comme au rythme d'une marée imaginaire. Tenaillée que j'étais entre un amour profond et une haine vivace j'avais bien du mal à articuler une pensée claire et surtout à faire preuve d'un tant soit peu d'objectivité. Il n'aurait pas été mensonger d'affirmer que pas une fois je ne m'étais figurée ce que pouvait bien ressentir mon époux dans les plus sombres instants ou même en ce propre instant. Depuis que tous ces bouleversements étaient apparus je ne pouvais plus à mon grand regret lui sacrifier toute ma dévotion, car il n'était plus seul en jeux dans toutes ces intrigues politiques, mon affection se disputait entre sa sauvegarde et celle de notre progéniture que je considérais comme terriblement éprouvée dans la balance du pouvoir.
Pourtant les sept me sont témoins que je voudrais pouvoir mettre les griefs que j'ai à son encontre de côté et ne plus avoir pendant ne serait-ce que quelques heures à me pencher sur leur gravité et leurs conséquences. Je pourrais alors avec la plus grande liberté laisser librement mon cœur s'épancher en ses inclinations virulentes sans scrupules ni sans avoir la détestable impression de cautionner la négligence que Lyham a délibérément manifesté à mon encontre. De lui je n'avais jusqu'alors jamais douté, je lui avais accordé les yeux fermés ma vie, mes espoirs et mes craintes, me livrant toute entière à sa volonté persuadée que jamais il ne bafouerait cette considération avec légèreté, jamais je n'aurais pensé avoir à me repentir de ce comportement.
Du coin de l’œil je suis les gestes de mon aimé sans rien cacher des fortes émotions qui m'étreignent, car s'il a peut être abandonné l'envie de tout partager avec moi je n'ai moi guère envie de lui jouer une mascarade absurde. Sa voix claque dans l'atmosphère douillette des appartements avec une dureté qui me blesse bien malgré moi. J'ai toujours détesté me disputer avec lui, tant pour les douleurs supplémentaires que cela pouvait causer que par le trouble qu'il réussissait à chaque fois à faire naître en moi. Il avait don de provoquer des cataclysmes, tant dans mon existence que dans mes réflexions et d'une certaine façon cela me terrorisait tant j'avais l'impression de ne plus m'appartenir, n'étant ainsi que le jouer de ses volontés. Il n'a jamais été cruel, tout au contraire il s'était montré avec assiduité un époux attentif et parfait en tout point, un père protecteur et impliqué et un seigneur d'une grande honorabilité. Mon orgueil se constituait principalement de ma qualité d'épouse, de lui appartenir tout entière tant l'admiration que j'ai pour lui ne m'aurait orienté dans le bonheur à aucune autre condition. Pour toutes ces raisons la fermeté de sa voix me glace presque mais je reste néanmoins pour le moment droite dans ma colère que j'estime légitime.
Le verre de vin qu'il me destine reste un instant sur la table, me laissant plus que perplexe devant la tentation qu'il représente. Je le dédaigne malgré tout pour une raison pragmatique, je veux garder la tête froide et claire pour faire face à cet entretien décisif, l'alcool ne ferait que me desservir en me poussant encore plus avant dans l'élan passionné et tumultueux de mes sentiments contradictoires, ce qui ne rendrait pas l'échange plus productif. Nonobstant ces derniers je ne peux résister à me rapprocher de lui, même si c'est très en décalage avec mon expression fermée où de vagues traces témoignent du passage de larmes. Alors qu'il commençait son récit je sentis mes jambes flageoler, il n'était peut être pas judicieux d'être resté aussi longtemps debout alors que la fatigue ne tarderait pas à me provoquer des migraines et peut être un étourdissement. Soucieuse de ne rien dévoiler de mon trouble je retournais simplement me rasseoir dans le fauteuil précédemment occupé. Je gardais toute ma concentration pour ne rien louper du récit qu'il me livrait et pris garde de garder un contact visuel une fois installée.
La confession de son expérience guerrière me glaçait le sang, repoussant l'énervement pour quelque temps je n'étais plus que compassion et terreur pour lui. Ce tableau qu'il me dépeignait avait des airs de fin du monde, car tout n'existait pour moi que parce qu'il le partageait avec moi. Lyham emporté par le dragon je n'aurais plus à coup sûr eu aucun goût pour l'existence, fusse t-elle encore garnie par ma progéniture qui aurait bien eu du mal à consoler la nouvelle de son trépas. Je n'avais pas été entretenue des détails de la bataille, n'avait pas pris garde aux rumeurs. L'idée qu'il puisse passer aussi près de la mort était concevable dans de tels temps troublés, elle m'avait longtemps tenu éveillée et angoissée, mais jamais je n'avais voulu en faire une réalité telle que ce qu'il me décrivait.
« Je ne suis qu'une femme Lyham, jamais je n'ai connu les horreurs d'un champ de bataille. Mais pour avoir eu une démonstration du feu du dragon je ne peux que louer ton courage en ces instants fatidiques. »
On sentait bien l'émotion qui se trahissait dans ma voix redevenue plus chaleureuse. Comment rester inhumainement glacée face à ce qu'il avait dû affronter, pour me protéger, pour sauvegarder ses enfants et son pays. Une petite idée de mon égoïsme se frayait son chemin dans mon esprit alors qu'il continuait son discours. J'avais pu souffrir de son absence, des restrictions apportées par la guerre, des visions d'horreur de blessés ou d'indigents dont l'infortune était causée par ce conflit. Cependant jamais je n'avais eu à prendre une vie ou à voir la mienne assez menacée en permanence comme cela pouvait être le cas lors d'une bataille. Il enchaînait alors que je méditais sur mon emportement mais aussi sur les plus froides raisons qui m'avaient amené à cet état. Lyham poursuivit en parlant du couple impérial en des termes élogieux, me détaillant quelque peu leur philosophie et surtout comment il avait pu être amené à changer de camp et à être entraîner par eux.
Les paroles étaient belles, les idéaux à la hauteur du but poursuivi, mais cela ne laissait dans ma bouche qu'un goût amer. Je gardais une expression songeuse, lui laissant tout le temps nécessaire à sa plaidoirie, je ne voulais pas le priver de cette occasion qui mettait donné de le jauger. De sa sincérité je ne doutais pas une seconde, il me suffisait de plonger mon regard dans le sien pour comprendre qu'il ne souhaiter que me livrer la vérité et qu'il croyait profondément en la justesse de sa cause. De cela je ne pouvais me persuader cependant, je me gardais de lui énoncer qu'il était plus salutaire d'accorder sa plus grande confiance avec un couteau sous la gorge, cela aurait aussi ignoble qu'inutile, et je laissais bien vite cette fugace réflexion retomber dans les méandres de mon esprit.
« Ce tableau idyllique que tu me livres semble bien trop beau pour pouvoir ne serait-ce qu'un jour pouvoir se réaliser. Quel sera le prix d'un tel rêve ? Comment peux-tu être sûr de ne pas échanger un tyran sanguinaire contre un autre. Tu as peut être même mieux que moi entendu les atrocités de Sombreval, constaté les dégâts que le dragon peut sans sensiblerie infliger. L'amabilité de leurs manières n'en font pas des souverains sans ambitions ni sans soif d'or, de sang, de pouvoir ou de tout ce qui crée la perte des êtres humains. Tu me connais si bien, comment croyais-tu que j'accueillerais ces nouvelles qui de plus ne m'ont même pas laissé l'illusion du choix ou le temps de jauger de ce que l'Empire souhaite réellement défendre et prôner ? »
Je ne le crois pas naïf, juste merveilleusement optimiste et c'est ce qui m'a toujours grandement plu chez lui, cette capacité à faire sienne les visions les plus avantageuses pour affronter les tempêtes les plus atroces, renforçant son courage et sa capacité d'adaptation. Là non plus je ne pensais pas devoir me défier ou avoir à me plaindre de cette particularité de caractère. Pourtant la cause de mon énervement se faisait un feu moins vivace à la lumière de la spécificité du contexte dans laquelle elle était intervenue, cela pouvait expliquer bien des choses, mais ne faisait pas une excuse valable à mes yeux pour le moment. La pugnacité de mon opinion sera difficile à combattre pour lui, d'autant que maintenant l'ardeur de ma colère se transformait en un ressentiment froid qui risquait de durer. Lorsqu'il m'avouait qu'il comprenait bien le poids qu'il ferait peser sur mes épaules j'eus de nouveau envie d'exploser, presque de le gifler. Il me fallut une grande force de caractère pour me réprimer.
« Tu sais comme moi que je ne possédais guère le privilège de devoir être consultée dans tes prises de décisions. Mais t'ai je ne serais ce qu'une fois donné lieu à te défier de moi, t'ai-je un jour retiré mon soutien une soule fois ? Je ne pensais pas mériter pareil traitement si méprisant et surtout que tu penses présumer de mes forces sans même consulter la principale concernée. Je ne suis pas forte Lyham. Cette responsabilité est de trop, je ne suis probablement qu'une égoïste et surtout une inconsciente de tes sacrifices mais je n'ai pas les épaules pour ce que tu m'imposes. Ce sont des angoisses et des risques bien trop élevés et je ne puis t'assurer que ma constitution saura y résister. »
J'exprime ainsi la très petite confiance que j'ai en moi-même dans cette entreprise qu'il me destine en me livrant le désir d'être une reine digne de lui, digne d'un peuple bien trop sinistré pour mes frêles épaules. Tout ceci me terrifie et me paralyse, mais je pense qu'il me connaît assez pour savoir que ce sont ces sentiments qui profondément justifient ma réaction violente plus que pour un réel reproche contre cette décision de nécessité et presque de survie. Il a été à mes côtés tout ce temps, et si j'ai une grande foi en son jugement je ne peux me résoudre à être de son avis quant à cette affaire. Je n'avais jamais manqué d'assurance en mes capacités pour mes différentes maternités et la conduite de l'éducation de mes enfants, je n'ai pas non plus eu à souffrir de terribles doutes lors de ma gestion du domaine, mais là ma tranquille assurance m'avait définitivement abandonnée et je me sentais bien trop démunie pour ne pas m'en émouvoir avec violence. Il conclut avec sa certitude de ma détestation, et je me demande alors s'il me connaît réellement même après toutes ces années. Rien dans ce que j'éprouve n'est plus éloigné que cette description. Si j'ai pour lui une véritable dualité de ressentiment et de passion jamais je ne pourrais me résoudre à l’exécrer.
« Si tu savais comme je souhaiterais à tout y réfléchir pouvoir te détester Lyham ! Car cela serait alors certainement bien plus facile à vivre pour mes nerfs et mon cœur. Et si tu as ébranlé les premiers le second te seras à jamais acquis ne me fait pas l'outrage de plus d'en douter. Je ne doute pas de la puissance de tes convictions et de la sincérité de ton implication, mais surtout de celle de ceux qui t'ont versé dans de si merveilleux discours. De plus je crains plus que tout que tu doive sacrifier à cette aspiration ceux là même que tu dis vouloir voir vivre dans le bonheur le plus absolu. Pour finir, et c'est la le point le plus douloureux pour ma fierté, je ne m'en sens pas du tout les capacités mon amour. Je n'en ai ni l'éducation ni la force de caractère, pas plus enfin que l'intelligence acérée qui assure une pérennité à cette fonction. Je ne vois en cette couronne offerte que la ruine de notre maison.»
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Jeu 3 Jan - 21:00
L’espace d’un instant, j’aimerais presque ne pas avoir à me soucier de ce que peut penser mon épouse. Mais cette femme a partagé ma vie depuis toujours ou presque, je me suis reposé sur elle sans la moindre hésitation et je n’ai jamais songé à agir, surtout lorsque les décisions étaient conséquentes, sans avoir son avis. Même si mon comportement de ces derniers mois pourraient faire croire le contraire. Pour autant, j’ai passé les derniers jours à me persuader qu’elle comprendrait et, surtout, qu’elle m’épaulerait, qu’elle me suivrait sans hésiter sur cette voie que j’ai choisie pour notre famille, pour notre pays même.
Mais les choses ne semblent pas se dérouler comme je l’avais espéré. Quand je vois sa colère et, pire encore, quand je vois son regard briller de la sorte, je sens mon coeur se faire plus lourd, j’ai le sentiment de l’avoir trahie alors que j’étais persuadé de bien faire. Alors, j’essaie tout de même de m’expliquer, même si je me demande à quel point je vais parler dans le vide, à quel point tout ceci est vain. Je ne voulais rien lui imposer, je ne voulais pas qu’elle se sente acculée et pourtant, je réalise que c’est le cas.
Je fronce légèrement les sourcils à la voir s’asseoir, espérant que tout cela n’a pas d’incidences sur son état de santé plus que d’avoir déjà eu à survivre à une embuscade. Je sais qu’elle est fragile et cette pensée ne cesse de me hanter, la vie sans elle étant tout bonnement inimaginable. Et pourtant, elle a toujours su faire preuve d’une force insoupçonnée, quoi qu’elle puisse croire. J’ai un regard dans sa direction quand elle reprend la parole, à l’évocation du dragon et mon coeur se réchauffe un instant à entendre le ton de sa voix qui a changé. C’est difficilement perceptible, surtout pour qui ne la connaît pas aussi bien que moi. Mais c’est suffisant pour me redonner un peu d’espoir sur l’issue de notre discussion. Mais je souffle, à mi-voix, après un bref haussement d’épaule. « Je ne sais si c’était du courage ou de la stupidité. Les deux sont parfois bien trop proches sur un champ de bataille. Mais je n’avais pas d’autres solutions. A chaque fois que je me sens flancher, je me dis que je dois toujours être là pour barrer le chemin de ceux qui vous souhaiteraient du mal. Même si je n’ai pas pu le faire à chaque fois. »
Et je lui parle de cet Empire auquel j’ai prêté allégeance, de ce qu’il peut représenter pour moi. Dire que ses propos me refroidissent quelque peu est un euphémisme et je sens mes mâchoires se contracter à mesure qu’elle parle Je me contente de laisser filer un silence, buvant quelques gorgées de vin avant de remplir mon verre de nouveau et d’inspirer longuement. « Le prix est déjà payé. En partie. Les terres du Conflans sont gorgées du sang des hommes que j’ai perdu à tenter de lutter pour un Roi qui ne nous a jamais vus que comme des pions faciles à utiliser. Et je ne suis sûr de rien Alysanne. Si ce n’est qu’ils ne pourront être pires qu’Harren. Ils m’ont laissé une chance alors qu’il aurait été bien plus aisé pour eux de m’éliminer pour de bon et de continuer à écraser notre peuple. Il leur suffisait d’attendre que le pays soit exsangue, cela n’aurait pas été bien long. Mais ils préfèrent régner par la confiance que par la peur. » Je me masse la nuque avant de reprendre, le regard fixant le vide. « J’ai combattu Torrhen pendant des dizaines d’années. Je sais quel homme il est. Quant à Rhaenys… elle est jeune. Elle commet des erreurs. Et je gage que Sombreval la hantera longtemps. Qu’ils soient aimables n’est qu’un plus dont j’aurais pu me passer. Ils ont de l’ambition et je préfère avoir mon mot à dire dans leur conquête que de devoir la subir comme certains le feront. »
Je me crispe à ses derniers propos et je reprends, la mine butée. « Je pensais que tu aurais suffisamment confiance en mon jugement pour accueillir ces nouvelles autrement. Mais je me suis clairement fourvoyé, j’en prends bonne note. » Et je pique du nez quand elle continue, mes poings se serrant à chacune de ses paroles. « Qu’aurais-tu préféré ? Que je dise non et que je pourrisse dans une geôle dans le meilleur des cas ? Que je réussisse par je ne sais quel miracle à me tirer de là et que je continue de me battre pour un homme dont je ne partage aucune des valeurs ? Que je sois mort et que tu n’aies qu’à me pleurer sans sentir le poids de mes décisions peser sur tes épaules ? » Je me mords la lèvre à la seconde où je prononce ces paroles, réalisant que je suis probablement allé trop loin mais c’est un peu tard. Alors je continue, un ton plus haut. « Comment peux-tu croire un seul instant que j’ai pu te mépriser ? Ou je ne sais quoi d’aussi idiot ! Tu ES forte Alysanne, tu l’es depuis des années, depuis que je te connais. Tu as su supporter tous mes départs, tu as su te faire ta place à Vivesaigues, tu as su t’imposer et gérer le château alors que j’étais tellement absent. »
Mais elle continue, insistant sur le fait qu’elle ne sent pas les épaules pour cela, me donnant le sentiment d’être naïf, voire idiot. Je finis par m’asseoir sur le siège en face d’elle, me frottant le visage des mains et soupirant longuement, comme vidé de toute énergie par tout ce qu’elle vient de m’asséner. Et je finis par lâcher, avec un sourire triste. « A t’entendre, il aurait peut-être mieux valu que tu me détestes en vérité. » Sans même réfléchir, je tends la main et j’attrape la sienne, serrant ses doigts alors que mon regard fixe cet anneau que je lui ai offert il y a quelques années et qu’elle n’a jamais enlevé, d’aussi loin que je me souvienne. « Et si moi, je suis persuadé que tu en es capable ? Si je pense que tu en as l’intelligence, les capacités et que pour moi, cette couronne est là pour empêcher la ruine de notre maison. Je sais qu’il me faudra faire des sacrifices, j’en ai conscience. Et je ferais tout ce que je peux pour que vous en souffriez le moins possible, quand bien même je ne peux pas empêcher qu’il vous arrive quoi que ce soit. Je n’ai déjà pas pu le faire sans cette couronne. Mais je me dis qu’elle ne pourra que m’aider à veiller sur vous. » J’ai pourtant le sentiment d’être dans une impasse, incapable de lui faire comprendre à quel point tout ceci est important pour moi et, surtout, à quel point j’ai besoin d’elle.
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Dim 6 Jan - 21:21
Je le déçois, je le sais, je le sens rien que par le poids du regard qu'il me lance et où se mêlent des tas de sentiments aussi contradictoires que ceux qui me broient le cœur. Cela me plonge dans une tristesse immense mais je ne peux m'y appesantir bien longtemps, car il n'est pas la seule vie qui est en jeu dans cette histoire. Il est certain que si cela n'avait concerné que nos deux âmes j'aurais été plus encline à me précipiter à sa suite, dévouée et presque souriante de le retrouver, prête à tout encaisser pour suivre ce choix qu'il nous imposait, sans ne donner grande importance au mépris qu'il avait eu quant à me consulter sur cet embranchement dans notre existence. Mais voilà nous ne sommes plus qu'un couple, nous sommes une famille, et je me dois de presque lui préférer mes enfants, car c'est eux qui subiront le plus longtemps les conséquences de ce choix. Je ne peux me laisser attendrir par l'abattement qui le gagne, ni le réconforter au risque de me discréditer, je ne me peux être aussi changeante que le sont les pensées et les émotions qui me traversent, car ce ne serait plus à n'y rien comprendre, ni pour lui ni pour moi.
Malgré tout le rendre ainsi malheureux par une colère, aussi légitime semble t-elle, ne me remplit ni de fierté ni de contentement. Si je réussissais à me départir un tant soit peu de la fureur qui trône sur mon âme en ces sombres instants peut-être aurais-je suffisamment de cœur et de volonté pour désamorcer la dispute que j'avais moi-même initiée. Les femmes font souvent naître les plus violentes des passions, mais il fallait que j'ai assez de clarté d'esprit pour savoir quand il allait être nécessaire d'y mettre fin. Nous ne pouvions passer le plus clair de la journée à nous disputer comme des enfants sur les graves insultes et méprises qui nous avaient été infligées sans prendre en considérations celles que nous avions nous même assenées à notre partenaire. Je n'étais pas une blanche colombe exempte de reproches, il avait parfaitement pu me mettre mon égoïsme sous le nez en me rappelant une nouvelle fois la situation d'extrême précarité dans laquelle il se trouvait. Il continue sur le sujet de la bataille de Paege, glissant au passage une réflexion qui fit fondre encore un peu plus mon cœur de glace. Je n'étais pas tant aveuglée par la colère que je ne puisse reconnaître un argument pertinent, et il en tenait un sacré, sa dévotion à nous protéger. Il était malvenu de ma part de lui reprocher son manque de concertation de ma personne alors que nous nous trouvions si éloignés l'un de l'autre, si démunis dans les moyens de nous contacter. Malgré tout il n'avait jamais pensé une seule seconde à renoncer à son objectif de préserver sa famille.
« Tu as toujours su faire honneur à la devise de notre maison. Pour moi jamais tu n'as failli à ton serment, ni maintenant ni jamais. Pour l'heure notre famille est sauve et en fin de compte peut être est-ce tout ce qui compte.»
La culpabilité le rongeait, tout comme elle pouvait souvent m'assaillir car face à nos décisions nous ne sommes que trop souvent seuls, les conséquences n'en reviennent qu'à nous et nous ne pouvons nous cacher derrières des domestiques ou derrière les dieux, tout du moins si l'on a un peu de clairvoyance sur soi, ce qui est finalement chose bien rare mais dont je le savais bien pourvu. Le voir ainsi torturé me tuait à petit feu, et bien que je sois celle qui avait allumé le bûcher je ne désirais pas prolonger le supplice plus longtemps. Le voir souffrir ne rendait pas ma propre douleur plus douce, ni mes angoisses plus supportables, je préférais donc laisser de côté mes griefs. Je n'étais pas idiote pour autant, ma fureur ne s'apaiserait pas aussi facilement que mes nerfs et je sais que la rancune persisterait, mais je n'étais pas de ces femmes prêtent à faire durer l'esclandre pour le plaisir.
Ses mots claquent dans l'atmosphère chargée de tension qui nous sépare. Il est énervé lui aussi, je sais très bien que ma fraîcheur à prendre position en sa faveur est la cause de l'aggravation de la dispute. Je ne compte cependant pas du tout m'excuser, juste aplanir les choses, car si ma réaction comme mon comportement peuvent être jugés comme égoïstes et scandaleusement injustes je n'estime pas cela illégitime tant ma cause à défendre avait elle aussi du poids. C'est avec une certaine frayeur que je vois ses traits se durcir, mais il continue néanmoins à m'en apprendre un peu plus sur ceux qui sont désormais les nouvelles autorités régnant au-dessus de nous. Torrhen Stark n'était pas réputé pour être un homme idiot, il était même un administrateur plutôt assidu et efficace pour son royaume en plus d'un combattant hors pair. Je n'étais pas étrangère de tout ce qu'on pouvait raconter à son encontre, j'avais même parfois l'impression de le connaître tant on avait pu me décrire son caractère ou son histoire. Il comptait parmi le plus redoutable adversaire du Noir, et l'une de nos grandes frayeurs, car les nordiens n'étaient pas tellement plus tendres que les fers-nés lorsqu'il s'agissait de s'octroyer des récompenses de guerre, que ce soit en or, destruction gratuite ou en femmes. Quant à la toute jeune souveraine Targaryen elle avait su s'attirer ma crainte pendant les premiers temps de sa belligérance, puis mon admiration lorsqu'elle avait choisi de nous porter secours à ma personne et ma progéniture. L'arme que constituait son dragon était un grand élément à prendre en compte, je n'oublierais d'ailleurs jamais à quel point j'avais pu me retrouver proche de ce prédateur sans commune mesure. Il hanterait très certainement mes cauchemars pendant longtemps.
« Cette attitude est tout à leur honneur, mais n'est pas dénué d'une perspective hautement plus intéressée qu'un comportement chevaleresque. En créant ainsi une nouvelle fracture dans la population du Conflans ils s'assurent d'une absence d'homogénéité dans les représailles, une certaine pacification de la population locale avant même une victoire définitive et ainsi éliminent dans l’œuf les perspectives de rébellions futures au cas où leur rêve d'Empire en paix se concrétise. Je te concède facilement l'énumération que tu fais de leurs qualités, mais tu dois toi aussi tolérer mes réserves en ce qu'elles ne sont pas vides de sens Lyham. Je n'émet pas ces objections pour te contrarier, car rien dans cette attitude que j'adopte envers toi ne me contente sache le. »
Un compromis dans nos visions, je ne pouvais lui accorder plus, car si l'idéologie évoquée par son discours avait de quoi plaire je ne pouvais taire mes angoisses pour son plaisir. Il était nécessaire qu'au moins l'un de nous garde une vigilance exacerbée, il aurait été fou de croire que ces dirigeants pourraient se conformer en tout points à nos espérances. Ce n'était pas de ce que je pouvais attendre d'eux, mais je n'étais pas prête à leur abandonner ma plus profonde dévotion sans avoir pu me faire ma propre opinion d'eux. Mais alors que j'essaie d'aplanir au mieux mon jugement sur ses actions et à concéder à tempérer mon caractère voilà que son emportement atteint son apogée et qu'il prononce la phrase de trop. Mes yeux s'écarquillent alors qu'il me pose un florilège de questions qui n'appellent pas réellement à réponses tant il semble déjà les avoir en sa possession. Me connaîtrait-il donc si mal ? Je ne peux le croire et préfère mettre ces divagations sur le compte d'une colère que j'ai initié. Néanmoins ses paroles m'atteignent au plus profond de mon être car je ne peux garder qu'une carapace de façade en sa présence, et il sait très bien quel effet la moindre de ses actions ou paroles peut provoquer sur ma personne. Ce n'est malheureusement pas la première dispute qui nous oppose, même si aucune n'avait un sujet d'une telle gravité. Un moment je reste interdite, si bien que les larmes que je souhaiterais pourtant verser ne peuvent quitter mon corps.
« Ce que j'aurais préféré ? Il est bien aimable de ta part de me poser cette question, mais les réponses ne sont pas du tout celles que tu t'imagines. J'aurais désiré pouvoir m'endormir dans tes bras chaque soir, avec le sourire tranquille d'une femme qui sait dans quelle condition physique tu te trouve et qui n'a pas à craindre chaque minute pour ta survie. J'aurais aimé ne pas avoir à tant prier pour que les Sept me donnent la force nécessaire pour gérer le domaine ancestrale de ta maison en plus de l'éducation de nos enfants. J'aurais souhaité que tu puisses voir grandir les êtres que j'ai mis au monde pour toi, et que tu ne sois pas si déchiré entre le devoir que t'impose l'honneur et la dévotion que tu voue à ta famille. Et enfin pour finir j'aurais donné n'importe quoi pour ne pas être aussi limitée par ma faible condition de femme, me laissant si impuissante face aux épreuves auxquelles tu as dû faire face, j'aurais cent fois donné ma vie pour prendre ta place et que tu puisses être en paix et en sécurité loin de ces atrocités, loin de choix douloureux, des larmes et du sang... »
Je suis essoufflée, et les larmes ont finalement brisé ma voix bien que je ne veuilles laisser échapper aucun sanglot. Je ferme les yeux, ne voulant plus affronter son regard inquisiteur, ternis par la tristesse et la déception que je lui inspire. J'ai certes provoqué toute cette situation, mais jamais je n'aurais pu me douter de la tournure qu'allait prendre cet échange. A dire vrai je suis épuisée par le manque de sommeil et les rudesses du voyage que j'ai dû effectuer pour le rejoindre. J'ai la tête qui commence à me tourner et je sais que si je poursuis dans cet état d'énervement la nausée ne manquera pas de rejoindre l'élancement qui s'est créé dans mon crâne. J'essaie de me calmer et de reprendre contenance en fermant les yeux pour ne pas saturer d'informations ma tête. Je sens alors qu'il se déplace et je l'entend prendre place à mes côtés, sur le fauteuil faisant face au mien. Lorsque je plante de nouveau mes iris dans les siens il semble plus apaisé et réellement soucieux de ne pas mettre plus à l'épreuve ma résistance. Prévenant il s'empare de ma main et la chaleur diffuse qu'il me transmet réussit à m'apaiser là où ma raison n'avait pas réussit à accomplir ce miracle. Il vante mes qualités et dans son ton résolut trouve un puissant écho dans mon cœur. C'est comme s'il pouvait me transmettre sa force et son assurance par ce simple contact et cette connexion qui demeure entre nous m'avait terriblement manqué.
Forte d'une nouvelle attitude je ne répond pas à ses dernières phrases. Lâchant sa main quelques instants je me redresse doucement pour aller à la rencontre du verre d'alcool qu'il m'avait proposé quelques instants plus tôt. Son appui me semble alors indispensable en plus de salvateur et je ne me fais pas prier alors pour l'engloutir d'une traite sans plus aucune distinction ni grâce. L’âcreté du breuvage me brûle la gorge et je ne peux retenir une grimace moi qui ne suis pas du tout habituée à boire si vite une boisson si forte. Très vite la chaleur se diffuse dans mon organisme et la tension qui l'habitait s'estompe. Départie quelque peu de ma haine à son encontre je me retourne vers mon époux et brise totalement cette distance physique que je m'étais évertuée à mettre entre nous. Sans attendre ni permission ni supplique je m'installe sur ses genoux alors que je sais que son attention ne s'est jamais séparé de ma personne. Avec douceur et tendresse je place mes mains blanches contre son menton presque rasé. L'odeur de sa peau dont j'avais été cruellement privée vint emplir avec délectation mon environnement proche et je me noyais presque dans cette flagrance avant de m'emparer de ses lèvres avec une fougue décuplée par la rage que je conservais malgré tout, décidée à la canaliser dans une autre expression.
« Je capitule Lyham Tully, tu as trop d'emprise sur mon cœur pour que je continue à te combattre. Je ne pourrais jamais te détester alors que tu fais fondre la haine glacer qui paralyse mes sentiments en un regard. Je t'ai trop espérée pour tout gâcher plus longtemps. Ton discours sonne juste et je ne peux que me rallier à ta cause, car tu sauras toujours trouver les mots pour me persuader. Mais ai bien conscience que c'est toi que je suivrais avant tout autre, c'est à toi que j'ai choisi de m'abandonner, et le simple fait que tu me possède me contraint à t'abandonner ma volonté comme je t'ai abandonné ma vie. Je n'ai jamais regretté ce choix Lyham peu importe ce que tu peux croire, je n'ai jamais douté de toi et si tu penses que c'est là le chemin que nous devons emprunter alors je t'y suivrais, dusse t-il nous mener aux sept enfers, ce sera toujours un lieu de paradis si tu y es avec moi. »
Je continuais alors mes baisers et mes caresses me faisant pressante car assoiffée de lui. L'énervement avait aiguisé mes sens et mon désir sans que j'en ai réellement conscience et je ne désirais plus me quereller avec lui. Je décidais de remettre à plus tard mon aigreur, car la séparation avait été trop longue, trop intense en émotion pour que je retarde encore les effusions de mes sentiments. Il gagnait encore cette bataille, comme toute les autres, car ma plus grande faiblesse en fin de compte c'était lui, et quitte à me damner je préférais encore que ce soit pour ses yeux.
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Lun 7 Jan - 14:54
Je me souviens d’une époque, pas si lointaine, où il me suffisait de la regarder pour que nous puissions nous comprendre. Pas besoin de mots, pas besoin de partir dans de grands discours, il fallait juste qu’elle puisse lire dans mes yeux ce que je voulais lui dire et tout allait bien. J’aimerais bien dire que je ne sais pas ce qui a changé, que je ne sais pas ce qui a provoqué ce gouffre qui semble nous séparer mais, malheureusement, j’ai parfaitement conscience d’en être le principal fautif. Et pourtant, je ne pourrais choisir une autre route, prendre une autre décision que celle qui nous a menés jusque-là. J’aurais juste aimé qu’elle comprenne, à défaut d’approuver.
Et j’ai un profond soupir quand elle reprend, me retenant de hausser les épaules, comme si, au fond, cela n’avait guère d’importance. « Pour le moment en tout cas. Je suis bien incapable de dire de quoi l’avenir sera fait et vu qu’il semble que je me fourvoie, difficile de savoir si je pourrais continuer de veiller sur vous. » Je sais pourtant que je ne devrais pas surenchérir, que je devrais calmer le jeu et ne pas m’énerver. Mais Alysanne ne m’a jamais laissé indifférent, en bien comme en mal. Je ne peux pas rester de marbre face à qui me semble être des accusations non fondées et qui me blessent bien plus que je ne suis prêt à le reconnaître. Et mes paroles sont dures, injustes peut-être. Probablement même. Mais je suis incapable de les retenir, alors que j’essaie d’occulter tant bien que mal la déception de voir qu’elle semble plus que réticente à prendre mon parti, à choisir cette voie que j’ai empruntée.
J’essaie pourtant de lui expliquer, de lui parler de Torrhen et de Rhaenys, de lui faire partager mon ressenti, même si j’ai l’impression que c’est en pure perte. Je lève les yeux au ciel quand elle me répond, soufflant, d’un ton toujours trop sec, qui n’a jusque-là encore jamais rythmé nos échanges. « Et justement, où est le mal de vouloir étouffer tout brasier qui pourrait naître une fois l’Empire pacifié ? Je suis las de devoir m’entretuer avec mes voisins ou, pire encore, avec les habitants de mon propre pays. Ils ont tout de même posé cette couronne sur une ancienne tête ennemie, connue qui plus est. Au lieu de créer une fracture en imposant un souverain étranger ou, pire encore, aucun souverain en divisant le pays. Nous avons la chance de pouvoir avoir encore notre mot à dire, ce qui est inespéré au vu de la position du Conflans dans ce conflit. » Je préfère ne pas trop m’appesantir sur le fait qu’elle indique ne pas faire ça pour me contrarier, ayant tout de même de sérieux doutes, absolument pas fondés, à ce propos.
Et voilà que je vais plus loin. Trop probablement. Certainement même, à voir les larmes perler à ses yeux. Je déteste ça mais il est trop tard pour faire marche arrière. J’inspire, essayant de ne pas céder, de ne pas me tenir à ce que j’ai décidé, même au risque de nous faire du mal à tous les deux. Et, quand elle me répond, quand bien même je n’attendais pas vraiment quoi que ce soit à ces interrogations qui n’en étaient pas réellement, je sens ma colère laisser place à autre chose, que j’ai du mal à définir. Une certaine lassitude peut-être, ou de la résignation. Difficile à dire. J’ai un rire qui sonne horriblement faux, avant de répondre, à mi-voix. « Tu sais tout autant que moi que rien de tout cela n’est possible. Quand bien même je l’aurais souhaité autant que toi. Je ne suis pas… je n’ai jamais été cet homme capable d’aller dormir et d’oublier ce qui se passe autour de lui, de me moquer du sort de ceux qui peuplent ses terres. Et je ne le serais jamais. J’aimerais tellement parfois, n’avoir qu’à songer à cela. A toi et aux enfants. Mais à défaut de les voir grandir, je veux qu’ils grandissent justement. Et dans les meilleures conditions possibles. Quel que soit le prix que j’ai à payer pour ça. » Mon regard se perd dans le vide l’espace d’un instant, alors que je me sens comme vidé de toute énergie. Cette discussion m’épuise plus que je ne l’aurais cru, persuadé que je n’aurais pas cette bataille à mener. Pas contre elle. Pourtant, je tente une dernière chose. J’essaie de lui faire comprendre cette confiance absolue que j’ai en elle, ce besoin que j’ai d’elle. Son silence m’inquiète plus qu’autre chose et, quand elle lâche ma main pour se relever, j’ai un froncement de sourcils, me demandant si elle ne va pas quitter la pièce, ce qui serait probablement pire que tout. Mais je me fige en la voyant descendre le verre de vin d’une traite, chose que je n’ai pas souvenir de l’avoir vue faire depuis que nous sommes mariés. « Alysanne, tu… »
Je n’ai pas le temps d’ajouter quoi que ce soit qu’elle s’installe sur mes genoux, m’arrachant un profond soupir de soulagement alors que je la ramène contre moi sans la moindre hésitation. Je ferme les yeux quand ses mains effleurent ma peau et je déglutis, incapable de dire quoi que ce soit de plus en cet instant, m’efforçant de lui rendre son baiser en gardant un peu de retenue, ce qui est bien plus difficile que je l’aurais imaginé. « Je te promets que tu ne le regretteras pas. Je ferais tout ce qu’il faut pour cela. Mais j’ai besoin de toi. Sans toi, sans ton soutien, je n’y arriverais pas mon amour. J’ai besoin que tu y crois toi aussi et pas seulement pour moi. » Je me rends bien compte que l’ardeur de ses baisers est tout autant due à cette absence qui nous a rongés tous les deux qu’à la colère qui continue de l’animer. Mais elle continue malgré tout d’avoir autant d’effet sur moi qu’au premier jour où je l’ai rencontrée. J’ai beau connaître le goût de ses lèvres par cœur, jamais je ne me lasse de les redécouvrir. Et si je garde un peu de retenue dans un premier temps, je la perds bien vite à sentir ses caresses plus pressantes.
Je finis par inspirer longuement contre ses lèvres, alors que ma main glisse dans son dos et s’affaire déjà à délacer sa robe sans même que je ne m’en rende vraiment compte. « Tu m’as manqué. A un point que tu n’imagines même pas. » Chaque séparation se faisant plus difficile que la précédente à mesure que passe le temps. On ne s’habitue pas à ce genre de choses. Jamais. D’autant que je murmure, d’un ton à peine audible, entre deux baisers. « Quand je pense que j’aurais pu te perdre… » Et mon autre main remonte le long de sa cuisse, entraînant avec elle le tissu de ses jupes et jupons jusqu’à pouvoir effleurer sa peau du bout des doigts. Avant que je me fige, mon regard accrochant le sien et que je ne finisse par avoir un sourire incertain, comme si j’attendais sa permission, comme au tout début, comme si c’était la première fois que nous étions tous les deux.
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Mer 20 Fév - 23:37
Notre relation est à un tournant de son existence, je le sens parfaitement, dans la tension qui électrise l'air et donne sur ma langue un goût de fer, dans le tremblement de mes muscles animés par l'émotion intense qui m'assaille et ne me laisse aucun répit. C'est comme si nous nous trouvions au bord d'un précipice profond, atrocement sombre et assurément mortel. Le moindre geste déplacé, la moindre parole dépassant les bornes nous feraient immanquablement plonger au sein de l'abîme sans espoir d'y survivre. J'étais celle qui avait provoquer notre confrontation, mais je n'étais pas la responsable de notre présence au bord de ce précipice. Je lui en voulais pour ça, j'avais envie de le blâmer, de rejeter égoïstement la faute, mais je n'étais pas non plus l'innocente de l'histoire. Je n'avais pu contenir mon trouble, museler ma fureur pour avoir une discussion constructive qui nous aurait bien moins épuisée et aurait certainement permis des retrouvailles plus joyeuses et apaisées. Néanmoins je n'avais jamais su faire semblant correctement avec lui, je ne savais pas revêtir un masque et dissimuler mes sentiments, c'était tout simplement au-dessus de mes forces. De plus j'estimais que c'était une grande atteinte à la confiance que je pouvais porter à mon époux, je lui devais d'être honnête avec lui, même si ce que j'avais à lui dire ne lui plaisait pas. Nous n'étions qu'une seule âme, nos serments de mariage nous liaient à jamais, dans toutes les situations possibles et surtout en tant qu'entité unique. Nous avions toujours pris soin de tout partager, de ne rien dissimuler au regard de l'autre sur ce qui pouvait nous causer souffrance ou émoi. Je n'avais pas eu la force de rompre nos serments.
Peut être aurait-il fallut cependant. C'était la question que je me posais lorsque j'observais son attitude devant ma colère et mon scepticisme. Il surenchérit à mes propres, malgré sa parfaite conscience du combustible que cela pouvait ajouter à ma rage envers lui et ses choix. Sa morgue m'agace, cette attitude de détachement et de résignation qu'il affiche a le don de me mettre hors de moi et c'est par de gros efforts que je parviens à museler tous les propos acerbes qui me viennent à l'esprit. Se laisser glisser sur la pente du ressentiment trop longtemps ne serait pas du tout productif, de plus je risquais de délivrer des paroles que je ne pensais pas vraiment, dans le simple but de le faire souffrir un tant soit peu autant que moi, pour lui rendre de façon imbécile la monnaie de sa pièce. Je préfère sceller mes lèvres quant à son pic en ma direction. J'ai presque l'impression d'avoir en face de moi un enfant blessé dans son égo plutôt qu'un roi réfléchit pesant réellement dans la balance de ses choix mes opinions et ma fraîcheur à approuver ses décisions. J'ai bien conscience que mon attitude le blesse, le déçoit et le désarçonne presque mais cela n'excuse en rien une réaction aussi puérile. Il est bien trop sec avec moi pour que je lui pardonne quoique ce soit, il ne fait montre d'aucune critique sur ses propres choix, me renvoyant toujours plus à la figure l'incohérence de mon comportement, l'égoïsme de ma colère et tout cela avec un cynisme subtile.
Je lui expose mes craintes et surtout j'essaie de lui démontrer toute la dualité de la situation, notamment dans les motivations du couple impérial. Malheureusement il ne semble pas s'y arrêter un instant, balayant mes arguments d'un revers de main avec sécheresse et presque impatience. Je sens bien que je l'agace, qu'il n'est pas du tout disposé à se justifier devant moi. De quel droit d'ailleurs lui demandais-je des explications ? N'avais je pas gagné ce droit en étant sa plus fidèle alliée, son soutien le plus indéfectible ? Son manque de compréhension à mon égard nourrit la colère sourde qui emmure mon cœur. Tout ceci fait naître une certaine déception que j'espère éphémère. Jamais il n'avait ainsi déconsidéré mon point de vue et encore plus dénigré mes envies de dialogue. Malgré tout cela l'amour profond que je ressens pour lui s'en mêle, aidée par mon esprit rationnelle qui ne peut qu'accueillir ses arguments, je ne peux donc que fléchir dans mon stoïcisme.
« Le mal est pour nous si tu prêtes à ces dirigeants de nobles intentions qui ne le sont que partiellement. Ne perd jamais de vue que c'est en premier lieu vers leurs intérêts que leurs décisions penchent en premier lieu. C'est une chose dont tu dois avoir conscience, qu'il ne faut pas oublier, car une raisonnable méfiance est toujours salutaire. Malgré tout je reconnais que ton argument a du poids, peut être sera t-il moins pesant d'être maître de notre destin plutôt que le subir»
Les deux positions ne me semblent guère enviables, aucune ne l'emporte sur l'autre car elles recèlent chacune leur fardeau éprouvant et presque insoutenable. Je soupire, estimant que notre échange ne mènerait tout simplement à rien de bénéfique pour l'heure. Nous n'étions peut être tout simplement pas disposés à nous écouter l'un et l'autre sur ce terrain et ma froide logique qui réussissait à s'exprimer derrière le ressentiment m'intimait de laisser là ce sujet. Je pourrais le reprendre plus tard, mais pour le moment continuer dans cette voie ne ferait qu'aggraver la fracture qui ébranlait notre couple, au risque de le briser définitivement. Malgré toute la colère qui parcourait mes veines ce n'était pas quelque chose que je souhaitais, je m'étais trop attachée à l'affection et à la passion de cet homme pour risquer de la perdre. Pendant un instant la peur remplace le reste et ébranle tout mon corps. Est-ce déjà trop tard ? M'a t-il retiré toute affection en voyant ma défection ? Je ne voulais pas penser à cette éventualité que j'avais peut être provoqué par mon inconséquence. Cachant du mieux que je le pouvais les tremblements qui m'assaillaient je tâchais de reprendre contenance et surtout de ne pas lui laisser clairement percevoir toutes les émotions contradictoires qu'il déclenchait en mon sein.
Mes réponses à ses questions rhétoriques ne semblent pas le toucher un instant, elles glissent sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard et je ne sais pas si cela me remplit de haine autant que de tristesse. Son rire forcé me glace le sang et je ne peux que darder sur lui un regard courroucé qui s'adoucit avec ses paroles. Lyham avait toujours eu bien trop de cœur pour être un chef de guerre, il n'avait pas cette proportion à ne satisfaire que ses propres désirs au détriment des autres. Il pouvait se battre avec une ardeur presque surnaturelle pour ce qu'il pensait être juste, il pouvait donner plus que sa vie pour ceux en qui il croit. Je le sais, je le connais presque par cœur après toutes ces années, mais sa réponse génère une indicible tristesse, presque comme le sentiment d'un gâchis que je ne sais identifier. Je me demandais alors s'il ne nous sacrifierais pas à ses idéaux, s'il n'avait pas tout simplement un désir si ardent de croire à de doux rêve au prix bien trop élevé qu'il en oubliait toute prudence élémentaire. Mais la question restait en finalité la même, avais-je le choix dans toute cette inextricable situation ? Pas la moindre et c'était peut être cela qui me faisait le plus mal, ce que j'avais le plus de mal à accepter et à digérer. C'était sa plus grande trahison, au-delà de celle à son suzerain que j'avais aisément balayée et oubliée. Ne sachant que répondre à sa diatribe je me contentais de quelque chose de simple, d'une voix plus détachée et douce que je ne l'aurais voulu.
« C'est une volonté farouche que je partage. Mon cœur de mère me tend en permanence à me méfier du monde, pour les maintenir en vie. La question du prix se posera, demain comme peut être un jour lointain tu le sais. C'est à présent sur tout un peuple qu'il nous faudra veiller comme s'il s'agissait de notre progéniture. »
Je laisse cette phrase en suspend tant elle m'effraie bien que j'ai pu la prononcer avec une indifférence presque dérangeante. Je ne voulais pas jouer les oiseaux de mauvaise augure, ou me montrer défaitiste, mais la tâche à accomplir me semblait bien trop colossale. Ce fardeau se couplait de plus de perspectives de dangers bien plus effrayantes que ce que j'avais pu estimé jusqu'alors car il plaçait toute notre famille au centre des représailles. C'est pour évacuer toutes mes émotions négatives et les angoisses naissantes que je m'étais abreuvée peut être trop rapidement de ce verre d'alcool. L'oubli était à présent tout ce que je désirais, tout ce que je recherchais, j'étais donc venue le chercher dans les bras de mon époux. Il y avait au moins une chose qui n'avait pas changé, c'était le désir que je ressentais pour lui.
Je baisse finalement les armes, me rangeant à son choix, abandonnant pour quelques instants le ressentiment, la déception et la tristesse pour ne trouver que le réconfort de sa présence. Je savourais ce contact si simple mais que j'avais ardemment fantasmé pendant toutes ses absences. Sa peau gardait le même grain que dans mon souvenir, et en m'enivrant de son parfum je goûtais ses lèvres pour qu'il ne puisse plus me blesser. Pendant un court instant je me mis à craindre qu'il me repousse, qu'il ne m'estime plus digne de lui et qu'il reste froidement vexé de mes humeurs. Heureusement il n'en fut rien et je fus transportée de joie de le voir répondre à mes pressentes sollicitations. J'abandonnais pour lui toute retenue, toute dignité ou chaste pudeur. Je canalisais des émotions non totalement exprimées dans l'ardeur de mes baisers et de mes caresses. L'absence n'a fait que renforcé mon amour à son égard, et rien au monde ne me ferait me détourner de lui, je le sens bien au plus profond de mon être mais ma fierté bafouée m'avait retenue de le lui avouer plus tôt. Goûtant la chaleur de sa peau et la douceur de ses lèvres je répugnais à m'en détacher même une seconde, je buvais cette savoureuse sensation comme un assoiffé une source claire et fraîche. Ses derniers mots emballent mon cœur, chassant pour un temps les derniers scrupules quant à mon revirement.
« Je t'offrirais tout ce que tu pourras exiger, mon roi, ne doute jamais de mon implication à tes côtés. Je peux émettre des réserves quant à tes décisions sans que cela te retire mon soutien. Je serais toujours là pour t'épauler, j'en ai fait le vœux sacré. »
Chaque mot est prononcé comme hachuré, entre deux baisers, et presque avec réticence tant je souhaiterais ne plus avoir à parler. Il y a eut assez de mots, assez de paroles blessantes et finalement bien peu utiles. L'essentiel de notre échange avait été non verbal, nous nous étions parfaitement compris dès qu'il avait franchi la porte pour me rejoindre. J'avais clairement pu percevoir sa détresse, sa déception et son abattement, tout comme il avait pu comprendre ma méfiance, ma réticence et mes craintes. Le reste n'était que superflus. A présent ce que je voulais lui montrer c'était que cette décision ne changeait rien sur d'autres plans, celui de l'attachement que je lui porte et quant à l'attirance qu'il exerce toujours sur ma personne. Mon cœur s'accélère en le sentant répondre à mes sollicitations, mes mains glissent sur son torse alors que je sens les siennes dans mon dos et la pression de ma robe sur mon corps diminuer. Même après toutes ces années, alors que l'acte pourrait sembler un rituel bien rodé je me sens encore sur un petit nuage mêlé de bonheur et d'excitation. Il sait éveiller chaque sens et toucher les parties les plus sensibles de mon anatomie pour me faire fondre. Alors qu'il m'exprime combien j'avais pu lui manquer un sourire illumine enfin mes traits, égayant certainement une expression jusqu'alors dominée par la contrariété.
« Je peux peut-être le deviner tant cela fait écho à ce que j'ai pu éprouver. »
Nous n'étions pas si différent, avec les années nous avons évolués ensemble, dans des directions similaires et sur le même chemin, notre relation s'était construite étroitement entremêlée de nos caractères si vifs et sur l'essentiel nous nous sommes toujours retrouvés. Alors qu'il évoque la possibilité de me perdre je revois le dragon et la menace armée et mon corps tressaille. Toutes mes pensées en me croyant perdue n'avait été que pour lui. La chair de poule commence à apparaître sur mes avant-bras et je ne sais si c'est en réaction à cette possibilité destructrice ou au doux courant électrique que ses caresses engendrent. Il a la possibilité de me rendre folle et je passe sous ses mains par tout le prisme des émotions, chose plus qu'éreintante mais que je n'échangerais pour rien au monde. Soudainement alors qu'il se faisait de plus en plus entreprenant il se fige, et je marque également un temps d'arrêt en écho au sien. Un instant je crois qu'il attend une réponse à ses dernières paroles, mais je réalise alors qu'il souhaite surtout me laisser l'ultime décision de ce qui se déroulera ensuite. Cela donne une réminiscence de nos premiers ébats, alors que nous nous découvrions pour la première fois et que j'étais alors plus moins entreprenante et bien plus intimidée. Il avait su me mettre à l'aise et surtout me donner cette sensation rassurante de contrôle, cette certitude que quoi qu'il puisse se passer il ne ferait jamais rien sans être sûr que c'était ce que je désirais et que j'y prenne plaisir.
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé] Ven 1 Mar - 13:43
A la voir aussi touchée, blessée par ce qui s’est passé, je me demande à quel point j’aurais du agir autrement. Pourtant, outre le fait que c’est impossible, je ne vois pas ce que j’aurais pu faire pour atténuer les choses. Je reste sûr de ma décision, de cette route que je souhaite désormais suivre, quel que soit le prix à payer pour cela. Et je réalise qu’à vouloir penser à tout ce peuple qui saigne depuis des décennies, j’en ai presque oublié à quel point ma propre famille risque de souffrir de tout cela. Quand bien même c’est à eux que j’ai pensé en premier en prenant cette décision.
J’ai un profond soupir, partagé entre la lassitude et l’agacement face à Alysanne. Deux sentiments que je n’avais encore jamais associé à sa présence, encore moins après plusieurs mois sans la voir. Je sais au moins qu’elle est honnête avec moi, comme toujours. Même si c’est douloureux, même si j’aimerais l’entendre dire autre chose, au moins je sais que ses objections sont sincères. Et, si je prenais vraiment le temps d’y penser, je pourrais aussi voir qu’elles sont fondées. Mais je ne peux pas. Pas alors que je suis en train de tout faire pour la convaincre que mon choix est le bon.Si je vacille maintenant, comment pourrais-je plus tard me montrer sûr de moi, hors de cette pièce ?
Alors, forcément, je me fais plus sec que d’habitude, plus désagréable même. Mais la situation est nouvelle, inédite et j’ai du mal à savoir comment lui faire comprendre les choses. Je garde le silence alors qu’elle reprend, les mâchoires contractées et le regard brillant. « Peu importe si leurs intentions ne sont que partiellement identiques aux miennes. Ce sera déjà bien plus que ce que nous avons pu vivre sous le joug Hoare. Ce sont nos intérêts que j’ai à coeur et ils convergent avec les leurs. » J’ai un temps avant de souffler, essayant de me faire moins amer que je ne le suis vraiment. « Je gage que tu sauras faire preuve de méfiance pour nous deux de toute façon. Mais nous avons passé toute notre vie ou presque à subir les décisions des autres. C’était facile oui, de ne pas avoir à réfléchir aux conséquences de nos choix, je le sais. Je ne sais pas si ce sera moins pesant d’être maître de notre destin Alysanne. Je sais par contre que, quitte à porter un fardeau sur les épaules, autant faire en sorte de choisir lequel et de savoir enfin dans quelle direction l’emmener. »
Nos échanges continuent, se faisant toujours tendus alors que je ne fais rien pour calmer le jeu. Je me sens encore plus buté que d’ordinaire. Probablement parce que si je n’arrive pas à la convaincre elle, je me dis que je n’arriverais à convaincre personne. Et, au reste de ses propos, je lève les yeux vers elle, cillant alors que le poids des mots pèse sur moi plus que je l’aurais cru possible. « … je sais Alysanne. Je sais que nous en paierons le prix tôt ou tard. Et je ferais tout pour que vous ayez à en subir les conséquences le moins possible. Ce peuple a besoin que l’on veille sur lui. Il n’a connu que guerres et horreurs depuis si longtemps qu’il a besoin de parents pour l’aider à se relever. » Je sais que je lui en demande beaucoup, même si je ne le réalise que pleinement en voyant son regard ancré dans le mien.
Mais, heureusement, elle décide de se ranger à mes côtés. Provisoirement tout du moins. Enfin, en tout cas, elle abandonne l’idée de me faire plier ce soir. Et la retrouver dans mes bras est une soulagement que je ne pensais même pas possible. J’inspire longuement, profitant de sa chaleur, de ses baisers alors que j’arrive encore à murmurer quelques paroles à son attention. « Merci. Ton soutien est ce qui m’a toujours permis d’avancer, quels que soient les obstacles. Avec lui, je sais que je suis capable de tout pour notre famille. » Et le poids de tout ce qui vient de se passer semble comme s’envoler à chacune de ses caresses. Je cille alors qu’un sourire finit enfin par illuminer ses traits et j’effleure ses lèvres du bout des doigts, avec une certaine hésitation. Avant de murmurer, mon regard ancré dans le sien, incapable de ne pas lui rendre son sourire. « On nous a menti. Tu te souviens, tout le monde disait que le temps atténuait la douleur de la distance. Qu’on finissait pas d’habituer. C’est faux. C’est tellement faux. » Et mes lèvres vont de nouveau chercher les siennes, avant que je ne finisse par attendre un signe de sa part. Comme avant, il y a bien des années.
Invité
Invité
Sujet: Re: Just you and me... | Alysanne [Tour IV - Terminé]