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 Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]

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MessageSujet: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptySam 3 Nov - 4:06

Rêves & Désillusions x Heda & BeronIl y a ce moment entre le rêve et l'éveil, cet instant incertain où l'on flotte encore entre les eaux du sommeil mais où on perçoit le sable de la plage sous notre dos, le rayon de soleil qui filtre entre nos paupières. On ouvre les yeux et on se demande si on rêve encore ou si c'est bel et bien la réalité. Parfois elle est pire que le rêve, parfois elle est mieux que notre cauchemar. Parfois elle est les deux à la fois.


J'avais payé cher notre rencontre avec les loups dans les bois de Pierremoutier. Sale morsure au bras, deux côtes brisées. J'étais resté une semaine dans une sorte de brouillard fiévreux. En vérité, je n'avais guère envie d'en émerger. La dispute tragique avec Mère et la perte de mon fidèle Shine me plantaient comme deux pieux dans le corps et je me sentais comme ces papillons que les gamins épinglent sur une brindille sèche pour les observer crever. J'avais pas mal déliré selon les dires du Mestre qui m'avait aussi rassuré sur la convalescence de maman. Bientôt en route pour l'Ouest. Et moi, en route pour quoi ? Le royaume des morts et qu'on en finisse. Fini ce sale gamin encombrant et ingrat qui ne sert à rien. J'étais écuyer avant, par la volonté de mon oncle Yoren. Voilà que j'avais perdu ma monture. Un écuyer sans cheval, voyez-vous ça ? Même plus un écuyer. Rien, plus rien. Suspendu entre deux eaux à une éventuelle noyade.

J'étais aussi amer que les potions que le Mestre me forçait à ingurgiter. Avant d'émerger, je rêvais que j'étais avec la petite louve blanche et ses bébés. Chaque fois, je les recomptais et je lui disais, "tu vois tu en as cinq. Une portée de cinq, comme nous, les derniers Hoare. Il faut en prendre soin. Ce sont les derniers..."  Mon oncle Yoren, mon Roi, était passé plusieurs fois à mon chevet. Une fois, il m'avait glissé avec un clin d’œil plein de malice "tu as tué trois loups, Beron ! Trois loups ! J'ai confié leur fourrure au tanneur. Un pour toi, un pour ta Mère et un pour tu sais qui" J'avais hoché la tête en souriant mais autre chose me tourmentait. Quelque chose que je n'osais pas demander. Puis j'avais sombré à nouveau dans les ténèbres.

Ce furent les jappements d'un chien qui me tirèrent de mon sommeil cette fois-ci. L'air chargé de camphre, de cire et de graisse, ce parfum de soins et de sagesse mêlés. L'odeur que le Mestre portait sur lui. J'entrouvris les yeux et retint mon souffle. Ne pas bouger, ne pas tousser. Mes côtes cassées m'avaient fait cracher du sang. Non surtout ne pas me faire remarquer. Elle était là. Dans l'embrasure de la porte, en train de parler au Mestre qui se tenait au chevet d'un autre blessé. Un des membres de la Garde qui nous avait sans doute sauvé la vie à Yoren et à moi. Le Mestre tentait de la rassurer.

- Il va s'en remettre, Heda. C'est un Fer-né, un dur à cuire.

Elle devait le connaître de près parce qu'elle paraissait émue et c'était très rare de voir Heda émue. Le soleil derrière elle, dessinait sa silhouette en contre-jour, donnant à ses cheveux des reflets auburn. Elle tourna la tête pour regarder vers l'extérieur et je pus détailler son profil fier et gracieux, son menton plein de défi, ses lèvres boudeuses et ses longs cils de biche. Le blessé grogna tandis que le Mestre lui changeait son pansement et elle tourna à nouveau son regard vers l’intérieur de la pièce. Son regard qui tenait tout à distance. J'y lus pourtant une grande souffrance, comme un voile de désespoir fugace. Mon cœur se serra parce que je perçus à ce court instant toute la tristesse qui était en elle et j'étais presque certain que l'homme blessé n'en était pas la raison.

Un courant d'air fit bouger un voile de lit qui séparait les malades et son regard se tourna dans ma direction. Immédiatement la transfiguration s'opéra et le regard redevint dur et un rien dédaigneux, peut-être moqueur mais je pouvais me tromper. Je fixai d'un air vague le plafond de la pièce tout essayant de calmer les battements de mon cœur. Je venais de prendre conscience que j'étais en tricot de corps et dessous de pantes. Je sentais la sueur de mes fièvres en plus. Le cheveu en bataille et pas très frais, je tenais plus du gardien de cochons que du Prince. D'un geste sec je tirai la couverture sur mon corps. Le geste me tira un cri de douleur qui fit se retourner le Mestre.

- Ahhh mais les Hoare ! A croire que vous voulez rencontrer le Dieu des Morts avant tout le monde. Je t'ai dit que si tu voulais tenir l'épée de ton père un jour, tu ne devais pas bouger ce fichu bras! Je vais finir par te l'attacher au lit. Tu veux finir manchot, c'est ça ? Tu ne veux pas que je sauve ton bras ?



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MessageSujet: Re: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptySam 3 Nov - 21:48

Rêves et Désillusions

Nous étions arrivés à Pierremoutier depuis quelques semaines tout au plus. J'avais une nouvelle fois remis Yoren entre les mains du mestre de la citadelle, et celui-ci avait fourni tous les soins nécessaires à ses nouvelles blessures. Mon ami devait garder le lit quelques jours tandis que j'allais et venais entre la forteresse et le campement. Seule aux commandes, je menais les hommes d'une main de fer.
Me voilà maintenant, dans l'embrasure de la porte, discutant avec le mestre sur l'état de santé de mon meilleur ami. L'air de la pièce était lourd, un peu trop pour moi. J'étais actuellement la seule au chevet de mon ami, Helena n'était pas présente, surement ailleurs dans le château. J'évitais toujours de me trouver dans la salle en même temps qu'elle, la vue de Yoren et de sa promise m'arrachait les tripes. C'était un véritable crève-coeur pour moi, je me sentais impuissante. Rien ne pouvait empêcher ce qui s'annonçait, Yoren avait pris une décision. Le royaume passait avant tout.

Tout les jours, je faisais tout mon possible pour jongler entre les deux lieux, car mon devoir de Conseillère du roi m'incombait de tenir Yoren au courant. Les paroles du mestre étaient rassurantes, je ne pouvais que lui faire confiance. Après tout, je n'étais pas meilleure que lui, vraiment pas. Je regardais un instant vers l'extérieur, observant la position du soleil. Mon temps était compté. L'instant d'après j'observais le mestre changer les pansements du blessé qui grognait. Un courant d'air fit bouger le voile de lit séparant Yoren, de... Beron ? Mon regard se tournait dans sa direction, et par instinct, je cachais toutes les émotions qui me traversaient. Personne ne devait voir ma souffrance.

Le garçon qui semblait jusque-la m'épier, fixait le plafond d'un air vague. Ses cheveux étaient en bataille, et il avait l'air d'avoir passé des heures difficiles. Il attira l'attention du mestre, tandis que je me rappelais la raison de la présence ici du jeune Hoare. J'avais entendu quelques rumeurs, mais j'étais trop occupée avec mes propres soucis. Le jeune Hoare n'était pas sous ma responsabilité, mais sous celle de son oncle, Yoren.

- "Comment t'es-tu retrouvé ici Beron Hoare ? Tu n'étais pas blessé aux dernières nouvelles."

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MessageSujet: Re: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptySam 10 Nov - 19:46

Rêves & Désillusions x Heda & BeronUn peu dépité de me faire sermonner par le mestre en présence d'Heda et finalement traiter comme le gamin que j'étais sans doute à ses yeux, je pris un air grave et dur à mon tour pour répondre à notre dévoué soigneur. Je me redressai assis sur le lit et pivotai de sorte à trouver le sol de mes pieds.

- C'est bon, Mestre. Je me sens tout à fait bien désormais. En effet, je suis un Hoare, comme vous le dites et il en faut plus que quelques côtes cassées et une morsure de loup pour me tenir couché longtemps. Je dois reprendre mon service d'écuyer auprès de notre Roi!

Le vieil homme me foudroya du regard et soupira parce que je ne lui facilitais guère la tache.

- Certes vous êtes un Hoare, mais votre blessure au bras n'est pas à prendre à la légère pour autant. Si la plaie s'ouvre à nouveau, les muscles ne guériront pas et la gangrène s'y mettra, quel que soit votre nom ! Je suis responsable de votre guérison et si vous êtes amputé, je devrais en rendre compte à d'autres Hoare. Au moins, tenez votre bras en écharpe et préservez-le des miasmes des écuries !
ajouta-t-il en fixant une bande de tissu sur mon épaule.

Je hochai la tête en signe d'assentiment, secrètement plus terrifié de perdre toute crédibilité face à la fer-née que le bras droit. Pourtant cela pouvait être préjudiciable pour guerroyer car un guerrier a besoin de ses deux bras. Le droit était celui me permettant de tenir les rênes au combat. Certes, je me servais beaucoup des aides de jambes, comme ma mère et Banot me l'avaient enseigné mais la main était irremplaçable pour retenir la monture. Je laissai docilement le mestre immobiliser mon bras.

La voix d'Heda se fit entendre et mon cœur reprit la chamade de plus belle. Que venait-elle faire ici ? Certainement pas prendre des nouvelles d'un merdeux aussi insignifiant que moi.

- Le Roi et son escorte ont croisé le chemins des loups dans la forêt de Pierremoutier. Une meute entière et affamée. Nous les avons décimés. Mais nous avons eu aussi des blessés. J'en fait partie, quoi que légèrement atteint.
Répondis-je à la fière guerrier qui me faisait perdre mes moyens. Et vous, Heda, quelle raison vous mène auprès du mestre alors que votre temps est requis pour seconder mon oncle ? Point de blessure ou de maladie, j'espère ?

Mon esprit était encore confus au sujet des événements qui avaient suivi notre retour de la forêt. Si je me souvenais parfaitement de la bataille contre les loups et du Noirmarées m'accompagnant chez le mestre sur l'ordre de mon oncle, la suite était comme voilée de brume et je m'en étonnai auprès du mestre.

-Mestre, quelle drogue m'avez-vous donc donné ? J'ai l'esprit aussi embrumé que le lendemain d'une beuverie. Puis m'adressant à Heda, je poursuivis Comment se porte Yoren ? Je regrette tellement de l'avoir obligé à s'exposer ainsi alors que son temps et sa vie sont précieux tout comme les vôtres.

Le visage de la belle fer-née demeurait impénétrable alors que j'avais surpris une souffrance fugace dans ses yeux quelques minutes auparavant mais celui du mestre devint sévère.

- Ce n'était pas, en effet, la meilleure idée d'aller se promener en forêt avec une escorte réduite alors que l'hiver est à nos portes. Mais toute bataille porte ses enseignements, je suppose, et si notre Roi y a consenti, c'est qu'il avait ses raisons. Je vous ai administré des remèdes pour vous soigner, jeune Hoare, car vous étiez aussi intenable qu'un chien des enfers, à croire que le loup qui vous a mordu vous avait transmis sa rage. La réparation de votre muscle et de vos chairs fut longue et nous pouvons louer le Noyé qu'aucune attache tendineuse n'ait été touchée. Quant à votre oncle, ses blessures sont légères mais il a besoin de repos et d'un suivi de ses blessures plus anciennes, dont les plaies ont été malmenées durant votre rencontre avec ces créatures de l'enfer.


Je baissai la tête, honteux sous les reproches que le mestre me faisait à mots couverts. Un écuyer doit protéger son Roi et non l'exposer dans une bataille inutile. Heda m'en voudrait certainement, rien que pour ça maintenant qu'elle savait. Elle m'en voudrait simplement d'exister même. D'être un poids inutile, un gamin dans les jambes de son Roi.

- J'en suis tellement honteux et désolé ... je dois le lui dire et me présenter devant lui. Il est venu à mon chevet, n'est-ce pas ? J'ai le souvenir de son visage penché au dessus de moi, quand je délirai ... Je vais le rejoindre...Je ferai amende honorable et je vais trouver un moyen d'être utile et de servir notre cause. Heda, voudriez-vous m'escorter auprès de lui ?

La pensée  me vint que je serai plus utile en mourant qu'en vivant. Encore fallait-il trouver un moyen de mourir de façon honorable. La seule chose que je savais faire bien était selon moi de m'occuper des chevaux et de l'équipement de guerrier du Roi. Et j'avais même échoué à préserver ma propre monture. Dans mes derniers souvenirs du combat avec les lupins, Shine était en mauvaise posture.

Tout à mes pensées, je m'étais fermé quelques secondes à ce qui m'entourait et lorsque je repris contact avec le moment présent, je surpris un échange de regards entre Heda et le Mestre. Ce dernier hésita puis me répondit

- Le Roi va bien, encore une fois. Ses blessures sont légères et les plus anciennes sont en voie de guérison, même celles qui se sont ravivées lors de la bataille des loups. Il a juste besoin de prendre un peu de repos et d'un suivi de soins, ce qu'il répugne à faire ... C'est pourquoi je lui ai administré une forte dose de lait de pavot. Un petit somme ne saurait lui nuire. Heda a bien fait de me l'amener après cette mauvaise rencontre. A présent, il reprend des forces et sera sur pied dès demain.



Conscient de ma responsabilité dans cette situation, je me tournai alors vers Heda.

- Merci Heda de l'avoir amené. Je suis certain qu'il n'a pas du se laissé convaincre facilement. Alors, à présent il se repose dans ses appartements de la tour ? C'est bien ça ? Je le verrai demain dans ce cas, ou le jour d'après ?

Le Mestre fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais se ravisa. Quant à Heda, elle m'observait toujours de son air impénétrable et fier. Cette façade que j'avais vu se fissurer quelques secondes pour laisser paraître une souffrance profonde. Lui ajouter encore un souci avec l'état de mon oncle, état dont j'étais en partie responsable, me rendait honteux. Elle était sa conseillère et en tant que telle, elle devait avoir à cœur le moindre de ses ennuis. J'étais l'incarnation du dernier ennui que Yoren avait enduré.

- Heda, je vous demande pardon ... Pour tout ça... On s'est bien battus tous les deux, vous savez ... Lui et moi, contre les loups ...


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MessageSujet: Re: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptySam 1 Déc - 15:54

Rêves et Désillusions

J'observais Beron du coin de l'oeil, jaugeant le jeune garçon. À mes yeux, il était bien un Hoare, imprudent. C'était sans aucun doute dans leur sang, ce besoin viscéral d'être à la hauteur de leur propre orgueil. Pourquoi diable aucun d'eux ne voulait rester sagement au lit pour guérir ? Était-ce si terrible de devoir avouer qu'ils ne sont pas indestructibles ? Par le dieu noyé. Je pris la parole pour interpeller le jeune Hoare, sortant ainsi de mon silence.

- "Je viens pour quelqu'un d'autre." dis-je simplement.

Je levais presque les yeux au ciel en entendant l’adolescent évoquer son esprit embrumé, le comparant au lendemain d'une beuverie. Qui diable avait lancé cet enfant dans les méandres de l'alcool ? Les Hoare souhaitaient-ils voir leurs membres sombrer un à un dans l'alcoolisme ? C'était également un grave trait de famille. J'écoutais les paroles du mestre au sujet de l'état de santé des deux imprudents. J'étais pour le moins exaspérée d'être entourée d'autant de fer-nés stupides, incapables de se ménager. Seul le mestre ici  possédait assez de raison et de patience pour gérer les deux cas particuliers.

- "Si Yoren s'est mis en danger, c'est uniquement sa faute. D'ailleurs, tu aurais pu être encore plus gravement blessé, tu ne devrais pas t'excuser. C'est à lui de veiller sur toi, et non l'inverse."

Beron ne semblait pas avoir été informé du bon état de santé de Yoren, cet alcoolique était plutôt solide. L'adolescent était étrangement mûre pour son âge, sans doute dû aux responsabilités qui lui étaient destinées. J'étais quelque peu désolée pour lui, comme moi, il avait à sa manière perdue son enfance. Il était un jeune garçon obligé de grandir, ne pouvant pas se forger à son rythme, mais contraint par son entourage.

- "Cesse de t'inquiéter à ce propos. Le seul danger qui existe pour Yoren dans les parages, c'est lui-même. S'il avait suivi les consignes du mestre jusqu'à présent, il aurait été en forme contre les loups. Mais il n'en fait qu'à sa tête. Cette petite escapade a au moins eu le mérite de le forcer à prendre du repos."

D'un mouvement de la main, je désignais la couchette la plus proche, afin de renseigner le jeune Hoare sur la position du Hoare précédemment nommé, soigneusement installé dans les couvertures.

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MessageSujet: Re: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptyDim 9 Déc - 16:09

Rêves & Désillusions x Heda & BeronJe passai une main dans ma tignasse ébouriffée qui, tout comme ma barbe et mes poils, ne poussait pourtant pas assez vite à mon goût. J'avais hâte de pouvoir porter une longue tresse et me raser les côtés du crâne comme nombre de guerriers fer-nés.

- Vous venez pour quelqu'un d'autre ? J'espère que son état s'améliore. Répondis-je avec sincérité.

J'avais lu dans le regard d'Heda une véritable souffrance et je me demandais encore si c'était en lien avec ce blessé qu'elle venait visiter. Je secouai la tête négativement lorsqu'elle incrimina mon oncle pour mes blessures.

- Même s'il est plus âgé que moi et que je suis sous sa responsabilité, c'était mon idée de faire une promenade à cheval. Je crois qu'il y a cédé afin de me faire plaisir et aussi pour voir de quoi j'étais capable. Mais je l'ai mis en danger ainsi que toute la Garde qui nous accompagnait. Et si nous n'étions pas sortis, il ne serait pas blessé à nouveau.

Je cherchai du regard mes vêtements et je rêvais secrètement d'un bon bain. Le souvenir d'Heda prenant le sien dans la rivière me revint en mémoire et je me sentis rougir sans rien y pouvoir faire. Cela me rendit furieux intérieurement. Les fer-nés savaient masquer leurs émotions et leurs sentiments. Elle en était la parfaite illustration, même si j'avais entrevu qu'elle n'en était pas dénuée quelques minutes auparavant. J'ajoutai en tentant un peu d'humour pour masquer mon embarras:

- Seriez-vous un tout petit peu inquiète de mes blessures, Heda ? Il faut bien que je m'endurcisse pour me montrer digne de faire partie de la grande armée des Fleuves et du Crépuscule, digne du Sel et du Roc aussi.

Mais les propos de la Fer-née au sujet de mon oncle me laissèrent songeur.

- Vous êtes bien sévère avec notre Roi. Si je ne connaissais votre maîtrise légendaire, je pourrais penser que vous êtes en colère contre lui. Je sens comme une rancœur inexprimée ...

Son geste m'indiqua, à ma grande surprise, que l'objet de notre conversation était ce guerrier que le Mestre soignait quelques minutes auparavant. Elle était venue pour lui. Je fronçais les sourcils et un pli marqua mon front, signe que je venais de saisir quelque chose qui m'échappait jusque là. Depuis que je côtoyais Heda et les Fer-nés de Pierremoutier, j'avais toujours pensé que la belle et indomptable Heda avait des vues sur un guerrier fier et puissant nommé Euron, comme l'un de mes frères. Mais soudain, les pièces d'un puzzle incomplet commençaient à s'imbriquer. Ce n'était pas à lui que le cœur de la belle appartenait, même s'ils jouaient à se provoquer et partageaient une complicité évidente. Je peinais à cacher une moue de dépit et de tristesse.

Bien sûr Yoren avait été son compagnon d'armes depuis fort longtemps, alors même qu'il portait encore le nom de Pyke. Peut-être même avaient-ils grandis ensemble ou du moins étaient devenus adultes ensemble au fil des combats. Elle était devenue sa conseillère, son bras droit, bien avant que Mère et moi entrions dans le tableau. Mon oncle était un homme doté d'un charisme auquel nul ne pouvait rester insensible. Un meneur d'hommes qui savait galvaniser les troupes, tirer le meilleur des guerriers ralliés à sa bannière, mais aussi séduire le cœur des femmes comme nul autre. Je voyais bien comme toutes, elles le regardaient. Et Heda était à la fois guerrière et femme. Sa loyauté envers notre Roi allait bien au delà des armes et de l'amitié. Et c'était une autre qui avait séduit son cœur. C'était à une autre qu'il était promis. Si je voyais juste, je pouvais prendre alors la mesure de ce qu'endurait Heda.

Je me mordis la langue pour ne pas prononcer les mots qui me brûlaient le cœur. Heda ne devait pas savoir que j'avais compris. Pas encore. Sa fierté la ferait s'éloigner et se défier de moi plus encore que l'indifférence qu'elle éprouvait actuellement à mon égard. Tout ce que je pouvais faire pour l'instant, c'est tenter de devenir un ami, un fidèle confident. C'était déjà un défi compliqué à relever. Tous les Fer-nés avaient une défiance naturelle envers les enfants de Myria et Joren Hoare. Et quand bien même Yoren manifestait des marques d'affection et de la considération pour moi, je n'étais pour l'heure qu'un enfant aux yeux de tous ses partisans. Heda me voyait ainsi pour l'instant. Mais le temps changerait peut-être les choses. Les batailles également, pour peu que j'arrive à y exprimer ma vaillance. Je grandirai et un jour je deviendrai un homme, si le Dieu Noyé m'accordait l'honneur de vivre en m'illustrant au combat. Un jour viendrait où elle me regarderait peut-être autrement. Sinon avec amour, du moins avec amitié et respect. Mais je me fis la promesse que jamais je ne serai la raison de cette douleur, de cette tristesse que j'avais lues dans ses yeux.

J'interpellai le Mestre qui préparait sa besace en l'emplissant de potions. Je savais qu'il devait rendre visite au quartier des guerriers pour leur administrer quelques médecines contre les épidémies qui menaçaient toujours les campements militaires. Nous le voyions souvent arpenter les sentiers boueux d'une tente à l'autre pour administrer ses soins à la troupe. Je lui fis signe d'approcher et murmurai à son oreille:

- Mestre, avant que Yoren consente à se reposer et se faire soigner ici, il est d'abord passé par ici pour venir à mon chevet, n'est- ce pas ?


- Oui, en effet. Je l'ai supplié de rester pour recevoir des soins lui-même, mais il a refusé. Fort heureusement sa conseillère a été plus persuasive que moi et me l'a ramené.

- Quand il est venu, il m'a parlé de trois loups que j'ai tués. Sauriez-vous où sont gardées leurs peaux ?

- Eh bien, je suppose qu'elles ont été confiées au tanneur. Mais leur préparation prendra plusieurs semaines. Pourquoi cette question, Beron ? Tu ne penses quand même pas te lever et aller voir le tanneur dans ton état ?


La voix du Mestre s'était élevée de trop alors que je voulais garder notre échange discret. Pire, à mon plus grand désespoir, il s'adressa à Heda en demandant son aide.

- Je dois faire ma tournée auprès de nos troupes et je compte sur vous pour persuader ce jeune fou qu'il ne doit pas bouger de son lit avant la fin de la semaine. Apparemment, vous avez un don que je n'ai pas pour convaincre les Hoare. Notre Roi s'est montré très clair: il veut que ce garçon guérisse.

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MessageSujet: Re: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptySam 15 Déc - 20:01

Rêves et Désillusions

Le jeune Hoare me répondait comme s'il souhaitait faire preuve de soutiens. D'une certaine façon, sa sincérité était agréable à voir et à entendre. Pourtant, je ne pouvais cautionner que ce jeune garçon s'accable de la faute qu’incombait à Yoren d'avoir été imprudent, une fois de plus. Je soupirais devant les paroles du garçon, perdant au fur et à mesure la motivation de lui faire changer d'avis.

Alors que la discussion tournait lentement, le jeune Hoare sembla chercher quelque chose du regard avant d'avoir un léger comportement étrange. Les traits de son visage évoquèrent rapidement une pensée qui semblait désagréable. Beron reprit la parole avec une sorte de trait d'humour qui ne me plaisait guère. Durant un instant, je perçus le même type d'humour que Yoren exerçait sur moi depuis plusieurs années, même si le siens était bien plus taquin et mordant. Combien de fois avais-je été approchée par Yoren prononçant ses belles paroles taquines formulées avec la ferme intention de me voir gênée et embarrassée ? Bien trop de fois.

- "Inquiète ? Pas vraiment, le mestre s'occupe bien de toi, et tu sembles en relativement bon état. Il est dans l'intérêt de tous que tu écoutes le mestre." dis-je d'un ton voulant éloigner le trait d'humour rappelant celui de Yoren.

Le jeune Beron continua de prononcer des paroles dangereuses. Cette fois, le jeune Hoare cherchait à décrypter mes émotions, appuyant de manière inexpérimenté sur des zones sensibles. D'un regard, j'exprimais à l'adolescent mon ressentis le plus maîtrisé vis-à-vis de ses propos. S'il n'avait point été un hérité présomptif et un membre de la maison Hoare, il aurait certainement passer un moment mauvais après avoir ouvert la bouche.

D'un geste fluide, j'avais indiqué la position de Yoren, dans le lit juste à côté. L'héritier Hoare sembla prendre quelques secondes pour comprendre l'information qui lui avait fait défaut jusqu'ici. Pourtant, son visage semblait indiquer bien plus que la découverte de la présence de Yoren. J'étais bien incapable de comprendre ce qui pouvait bien passer par la tête du garçon à cet instant précis. Je laissais de côté Beron pour me reconcentrer sur le corps endormi de Yoren.  Il était là, devant moi, blessé mais déterminer à combattre. D'une certaine façon, j'avais du mal à accepter la situation.

Alors que mon attention était détournée, j'entendis des paroles prononcées à voix basses. Je tournais lentement ma tête vers la source du murmure, essayant de comprendre les mots. Beron murmurait quelque chose au mestre en évoquant Yoren, tandis que le mestre m'évoquait en réponse. La discussion tourna ensuite autour de peaux de loups, la réponse du mestre fut plus simple à comprendre car celui-ci éleva légèrement la voix. Le vieil homme se tourna alors vers moi dans l'espoir que je persuade Beron de ne pas bouger de son lit.

- "Tu as entendu le mestre Beron ? Tu dois guérir, c'est la volonté de ton Roi." dis-je d'une voix presque lasse.

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MessageSujet: Re: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptySam 22 Déc - 20:23

Rêves & Désillusions x Heda & Beron Le Mestre s'était dirigé vers la sortie de la tente après avoir délivré ses dernières recommandations à Heda et me laissa seul et désemparé face à la belle et redoutable guerrière qui hantait mes rêves les plus secrets. Je soupirai et repris la parole en chuchotant pour ne pas être entendu de Yoren, allongé à quelques pas de moi, bien que je sus que la dose de lait de pavot qu'il avait absorbé l'avait plongé dans une sommeil profond et réparateur. Yoren était une force de la nature et qui pouvait être sûr de son degré de conscience alors même qu'il paraissait endormi.

Je demeurai assis sur le bord de ma couche. Il m'était interdit de me lever bien que j'eus préféré pouvoir le faire pour continuer cette conversation à l'extérieur en me promenant en compagnie d'Heda.

- Il est bien dommage que je ne puisse aller et vaquer à mes occupations, car j'ai beaucoup à faire, malgré les apparences.


J'avais noté un certain recul de la guerrière à mon trait d'humour et si j'avais simplement voulu masquer mon trouble en plaisantant, cette tentative lui avait visiblement déplu. Peut-être était-elle lassée de ce genre de dérobade trop coutumière des fer-nés face à la mort qui était leur quotidien. Les pensées se bousculaient dans ma tête tandis que je tentai d'aborder un terrain plus neutre sur le plan personnel, mais pas forcément moins glissant.

- Quelles sont les nouvelles au sujet de nos ennemis et de nos possibles alliés, Heda ? Que pensez-vous de notre situation actuelle ? Le choix d'attendre la fin de l'hiver pour ouvrir les hostilités est-il une bonne solution ? Ne devrions-nous pas tenter de rallier les Hoare sous une même bannière ?

Tout en hasardant ces questions, je songeais aux loups que j'avais tués, mais aussi à ceux que j'avais voulu sauver. Qu'en était-il d'eux ? Comment leur sort avait-il été scellé finalement ? Je n'arrivais pas à me souvenir de l'issue de la confrontation d'opinions dont ils avaient fait l'objet entre mon oncle et moi. Les fièvres et les potions imposées par mes blessures avaient effacé dans mon esprit le souvenir de la fin de cette épopée. Quant à la destination que je faisais des peaux de mes victimes, il était trop tôt pour en faire l'aveu à Heda, puisque selon le Mestre, leur tannage était loin d'être achevé. La sincérité était la seule arme que je possédais pour gagner un peu d'estime aux yeux d'Heda.

- Vous devez le savoir, Heda, Yoren a toute ma loyauté. Je sais que bien des fers-nés ne voient en moi que le fils de traîtres. Mais je suis loyal aux Fer-nés et aussi aux Riverains qui ont refusé de rejoindre la bannière de l'Empire.

Je baissai les yeux et pris une profonde inspiration en m'efforçant de ne pas rougir, avant de poursuivre dans un murmure:

- Et j'aimerai que vous soyez assurée, également, de ma loyauté envers vous... J'ai beaucoup d'admiration pour vous... Votre courage et votre force sont très inspirantes pour moi... Je serai honoré de m'entraîner au combat avec vous si vous aviez un peu de temps à m'accorder ...



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MessageSujet: Re: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptyDim 20 Jan - 14:32

Rêves et Désillusions

Le mestre se dirigea vers la sortie de la tente avoir m'avoir délivré ses dernières recommandations. Alors que je regardais le mettre sortir de la tente, j'entendis Beron soupirer et reprendre la parole en chuchotant, afin de ne pas troubler le repos de Yoren. L'adolescent était assis sur le bord de sa couche tandis qu'il me parlait. Je haussais un sourcil en l'entendant dire qu'il avait beaucoup à faire malgré les apparences. J'étais bien curieuse de savoir ce qui pouvait bien occuper le jeune Beron Hoare durant les jours de paix, et malgré ses blessures. Cependant, je ne répondis rien à sa phrase.

Beron aborda un sujet moins sensible, plus politique malgré qu'il quérait mes pensées et opinions sur le sujet. Je réfléchis quelques instant à ses questions avant de prendre la parole.

- "Le Conflans Libre bloque toutes les issues vers son territoire, difficile de tenter une entrée clandestine. Le Bief nous soutient, en tout cas, à Dorne. Je pense que nous avons peu de chances de reconquérir les territoires perdus, et que nous aurons besoin de plus que les troupes du Bief pour nous soutenir contre l'Empire. Tout les Hoare sont sous la même bannière. Même si Eren est reine du Bief, elle reste opposée à l'Empire."

J'écoutais la nouvelle prise de parole de Beron. Sa soudaine phase d’honnête et d'ouverte me surprenait, mais j'attendais la fin pour comprendre ce qu'il voulait dire. Je me sentais prise au dépourvu, les paroles me Beron me faisaient très plaisir malgré la gêne que je ressentais. À vraie dire, jamais qui que ce soit ne m'avait autant fait d'éloges. Je ne pouvais m'empêcher de trouver soudainement l'adolescent plus attachant, et je lui offrais un petit sourire réconfortant.

- "Je t'avoue que tu me surprends Beron Hoare, mais sache que je ne te vois pas comme les autres fer-nés, je te vois davantage comme une sorte de jeune Yoren, avec une touche de Myria. J'espère me montrer à la hauteur de ton admiration, et avoir une meilleure influence sur toi que Yoren. Je serais ravie de m'entraîner avec toi."

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MessageSujet: Re: Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé]   Rêves et Désillusions [Tour VI - Terminé] EmptyDim 20 Jan - 18:21

Beron Hoare a écrit:
Rêves & Désillusions x Heda & Beron L'avis d'Heda était doublement important à mes yeux. Il l'était d'abord parce qu'elle était l'autre conseillère de Yoren, une sorte de pendant à Myria, ma mère. Deux conseillères pour un seul Roi et même une troisième si on considérait que la Reine ne devait pas se priver de donner le sien à son époux. Cela me fit sourire en y songeant. Il n'était pas rare dans les autres royaumes que les femmes soient conseillères des têtes couronnées. Mais il fallait avouer que mon oncle avait fait fort en s'entourant de plus de conseils féminins que masculins, sans doute une volonté de casser l'ordre établi, une volonté qui semblait la seconde nature de Yoren. A moins que son goût prononcé pour les belles dames, pour les femmes, appelons un chat un chat, n'ai influencé son choix quant à  savoir où il devait puiser des avis éclairés. Bien sûr le Conseil était constitué d'une majorité d'hommes, mais en dernier recours, les conseillères étaient sans doute les plus écoutées par l'oreille royale, j'en étais certain.

La seconde raison pour laquelle je tenais en haute estime l'avis d'Heda, était qu'elle semblait pétrie d'une loyauté inaltérable pour mon oncle mais ne se privait pas pour autant de porter un jugement sévère sur ses débordements. Ce franc-parler me plaisait au plus haut point. Il me semblait précieux pour un Roi et même pour un jeune apprenant comme moi, d'avoir une telle interlocutrice. Les cours royales étaient bien trop encombrées de flagorneurs qui ne disaient jamais que ce qui pouvait servir leurs propres intérêts ou pissaient dans leur froc à l'idée de déplaire à leur souverain. Heda n'était ni l'un ni l'autre. Elle était toute en franchise et si son caractère abrupt pouvait déplaire ou déstabiliser plus d'un, il me plaisait beaucoup, à moi. Deux raisons donc d'écouter attentivement ce qu'elle avait à dire sur notre situation... Et de peser mes mots dans le commentaire que j'allais y apporter.

- Bien entendu, aucune action d'envergure n'est possible actuellement, mais quelques incursions pour harceler les troupes ennemies cantonnées à nos frontières pourraient entretenir le moral de nos troupes et mettre à mal celui de nos adversaires. Cela aurait aussi le mérite de maintenir la forme de nos guerriers . L'entraînement, c'est bien, mais c'est loin d'être satisfaisant pour étancher leur soif d'en découdre.

Je réfléchissais au sujet des observations concernant le Bief et Eren, ma tante. J'étais loin de penser que compter sur son soutien était suffisant. J'étais convaincu qu'il fallait se rendre sur place pour se l'assurer. Non qu'Eren puisse s'allier à l'Empire, car tous ses intérêts s'y opposaient, et elle ne souffrirait jamais une telle alliance, en son âme et conscience de fer-née, mais elle pourrait choisir, influencée par son époux, le Roi du Bief, de faire cavalier seul avec la flotte fer-née. Surtout si elle pensait que Yoren la battait froid ou prenait son allégeance comme acquise. Même si la situation du Bief et des Iles de Fer était nettement meilleure que la nôtre, coincés et isolés à Pierremoutier, il y avait peu de chance qu'elle parvienne à sortir victorieuse d'un affrontement contre l'Empire sans le soutien de son frère. J'en étais convaincu et je songeais que l'isolement, le manque d'alliés, avaient déjà coûté la vie à mon père aussi sûrement que son aveuglement et son manque de diplomatie. L'Histoire ne devait pas se répéter. Quant au Conflans libre, cette appelation me tira une sourire amer.

- Le Conflans Libre ? Ne trouvez-vous pas qu'il y a là un abus de langage pour parler du Conflans fédéré ? En quoi le peuple qui a été pris en otage par les choix de ses seigneurs est-il libre sous la bannière impériale ?  En quoi un ralliement imposé par la terreur est-il un choix, une libération ? A ce sujet, le Bief ne défendra jamais que ses intérêts et n'a cure des populations qui subissent le joug du Nordien et de sa dragonne, j'en ai bien peur. Je n'ai qu'une confiance limitée à l'égard de Manfred Hightower. Pourquoi se soucierait-il du sort de quelques milliers de fer-nés et riverains retranchés dans une forteresse ? Quelques gueux, sans doute, à ses yeux, qui n'ont selon lui qu'un seul intérêt, celui d'aller piquer le cul du Braenarion assez pour l'agacer et lui faire oublier un moment la résistance du Bief non fédéré. Le Conflans a perdu sa capitale, été réduit à sa part congrue et aux yeux de Manfred il n'a plus rien d'un Royaume respectable, je le crains. L'union de ma tante avec le Bief a toujours plus apporté à l'époux qu'à nous, jusqu'à présent, et je ne suis pas certain que la tendance s'inverse. Nous ne sommes que des pouilleux rustres pour ces danseurs de menuet et buveurs de vin. Souvenez-vous que le premier promis d'Eren a même pris la fuite à la perspective de l'épouser. Quant au second, tout raffiné et sophistiqué qu'il paraisse, les rumeurs sont devenues certitudes, il a élevé la cruauté au rang de perversion. Si je ne savais ma tante de taille à se défendre contre un tel malade, je craindrais même pour sa vie et celle de mon frère.


Il était rare que je m'enflamme au sujet d'une personne que je ne connaissais pas, mais les abominations que j'avais ouï dire par de vieux loups de mer fer-nés au sujet du Hightower m'avaient glacé le sang, et même ces guerriers prompts à la cruauté ne narraient pas ce qu'ils avaient vu de leurs yeux sans une certaine terreur dans le regard.

- Il semblerait que sa cruauté soit au delà de la raison humaine la plus barbare. Il éviscère des prisonniers de sang froid et les fait accrocher à la proue de ses navires pour se délecter du spectacle des requins qui dévorent ces pauvres bougres encore vivants. Croyez bien, Heda que je suis horrifié à la pensée de mon frère servant sous les ordres de ce monstre. Interrogez-vos hommes, vous verrez... Je sais que nous sommes nous-mêmes cruels et sans pitié, brutaux et sanguinaires dans les batailles, mais il y a une différence entre l'emportement au combat et le choix délibéré de faire souffrir un homme ligoté pour le simple plaisir...


Mon regard ombrageux balayait le sol de la tente, tandis que mon esprit ressassait de bien sombres pensées. Mon grand père m'avait expliqué que dans les alliances politiques et stratégiques, il ne fallait pas jauger la valeur de l'allié à sa moralité mais au nombres de soldats et de navires qu'il apportait dans l'escarcelle. Je peinais à trouver acceptable un tel enseignement. Faudrait-il combattre aux côtés d'un monstre pour en vaincre un autre ? Sans doute, mais il me fallait parvenir à l'accepter. Quant à imaginer ma tante dans les bras d'une tel monstre et lui donnant un héritier, c'était au dessus de mes forces. Mais c'était pourtant la réalité. Rien que pour m'assurer de sa bonne santé et de celle de mon frère, le dessein que je nourrissais avait toute raison d'être mais j'espérais au delà, le rendre utile à mon Royaume, à mon Roi et surtout à mon peuple.

- Merci Heda, j'aurai grand besoin d'apprendre auprès de vous, pour progresser dans le maniement de l'épée et de la lance. Cela vous étonne ? Vraiment ? Que je puisse avoir une opinion sur les gens qui m'entourent et sur les événements qui se déroulent dans notre monde ? Vous savez, il n'est pas aisé de grandir dans l'ombre de personnes telles qu'Harren le Noir, Joren Hoare, Myria Hoare, tant de personnalités pétries de puissance et de grandeur, d'arrogance aussi, tellement qu'ils n'ont même pas conscience qu'à l'ombre de leur grandeur, une petite brindille a poussé devenant un jeune arbre, et qu'elle est vivante, douée de libre arbitre et de ses propres pensées. Des géants qui piétineraient presque leur progéniture sans en avoir conscience, tout affairés à leurs jeux de pouvoir. Oui,aussi curieux que cela puisse paraître, j'ai des opinions, Heda, et des sentiments aussi ...

Ma main se tendit vers la guerrière et je répondis au premier vrai sourire qu'elle m'adressait.

- Merci Heda, d'avoir pris le temps de m'écouter. Je ne vais pas abuser de votre temps alors que tant de responsabilités vous réclament. Nous nous retrouverons prochainement à l'entraînement... Je vais achever de reprendre des forces dans cette perspective.  

Trop conscient que j'étais à deux doigts d'avouer mes intentions de voyage tout autant que mes sentiments à la belle guerrière, je m'allongeai sur mon lit et fermai les yeux en soupirant pour faire retomber la tension qui m'animait et lui signifier que j'avais encore besoin de repos.



©️ CRIMSOM DAY

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