Sujet: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Ven 1 Juin - 14:06
Huit mois.
Huit longs mois sans voir la silhouette familière de sa chère Lancehélion. Il fit halte, le temps de quelques minutes, pour observer la capitale, illuminée par les feux nocturnes. Il était tard. Beaucoup trop. Il aurait du faire halte bien plus tôt, pour parvenir au palais dans la matinée, mais plus il se rapprochait, moins il parvenait à contenir son impatience. Il était fourbu et son cheval n'était pas loin de l'épuisement non plus. C'était folie que de continuer envers et contre tout, mais il avait fait tard les soldats qui l'accompagnaient rapidement. Il démonta tranquillement, laissant à son étalon un peu de repos. Cela ne se faisait pas vraiment de débarquer au palais au milieu de la nuit mais... Il avait laissé entendre à sa sœur qu'il serait là le lendemain seulement, avant de se raviser et de tenter d'arriver un peu plus tôt, pour lui faire la surprise. Il avait bien des choses à dire à Deria. Trois semaines qu'il était parti, rappelé par elle pour venir la soutenir alors que les plans de Dorne changeaient. Il avait eu vent des défaites que la Principauté avait essuyé. Il en avait même été le témoin, notamment aux Météores, presque 4 mois auparavant. Il avait bien cru sa dernière heure arrivée et pourtant... Il s'en était sorti. Tous n'avaient pas eu cette chance. Il le devait au génie militaire de Robb, des Santagar, aux troupes de Roward.
Penser à son frère lui pinça le cœur. Il l'avait quitté déprimé. Il avait été blessé, mais les blessures physiques n'étaient rien comparées aux nombreuses fêlures dans son âme. Il était malheureux dans l'Orage, son mariage était une catastrophe. Et il n'avait plus lieu d'être de toutes façons. Là encore, il avait eu vent de rumeurs, mais certaines étaient bien contradictoires. Sans doute que Deria saurait lui faire un état des lieux plus sûr. Ce qu'il savait, en revanche, c'était qu'elle avait fait appel au Tigre. Donnant ainsi à un étranger assoiffé de conquête, le moyen légitime de poser un pied à Westeros, après avoir fait régner la terreur en Essos. Mais Dorne avait besoin d'inspirer la terreur également. Restait à faire en sorte que le Tigre demeure un allié et soit un homme d'honneur qui honorait ses traités. Sinon...
Il préférait ne pas y songer. Tranquillement, il entra dans la capitale endormie, annonçant son identité aux différents gardes, avant de se faire ouvrir les portes du palais, en toute discrétion. Le prince bâtard était connu, son visage familier, même après 8 mois sur les routes, mâtinés de batailles et d'appréhension. Ces épreuves lui avaient ôté une certaine forme d'insouciance et même de jeunesse, alors qu'il avait parfois l'impression d'être un vétéran. Deria devait dormir. En vérité, tous les nobles devaient dormir. Il avait intimé aux soldats d'être discrets, de ne point annoncer son retour et de laisser la princesse dormir, lui laissant ainsi le loisir de se détendre dans ses appartements, inhabités depuis 8 mois. Il retira le plus gros de la poussière du chemin, se lava visage et mains en soupirant, et contempla son reflet à la lueur tremblante des bougies. Il avait l'air épuisé. Et las. Soucieux également. Une légère barbe courait sur son menton. Il était tenté de prendre un bain, malgré l'heure tardive, pour se détendre et se décrasser. Oui, c'était une bonne idée. On frappa à la porte à ce moment précis. Parfait. Il se tourna pour dire d'entrer, mais n'en eut pas le loisir alors qu'une femme entrait sans attendre, le prenant au dépourvu.
« Deria... » Quand il l'avait quittée, elle était enceinte, mais c'était tout récent et elle était aussi mince qu'une jeune fille. Maintenant, sa grossesse pesait sur sa silhouette, le frappant par l’imminence du terme. Et il serait probablement présent ce jour là. Il pourrait voir son neveu ou sa nièce. Elle était toujours aussi belle malgré l'embonpoint, mais semblait tellement épuisée... Elle avait cet enfant qui grandissait en elle et les hommes savaient que c'était éprouvant pour les futures parturientes, et avait en plus, les soucis d'un royaume qui s'effondrait à gérer... Et elle était seule. Si seule. Même si Ariane la secondait, elle était la seule à régner, pour le moment. Il n'osait imaginer la profondeur de sa solitude. De sa détresse. « Je ne voulais pas troubler un repos dont tu as grandement besoin. » Il grimaça, encore habillé des vêtements du voyage, poussiéreux, usés. Il se sentait emprunté, malgré sa joie de la voir. Quand bien même tout n'avait pas été rose entre eux, ils s'aimaient et leur dernière discussion demeurait vivace dans son esprit. Elle l'avait envoyé combattre, elle lui avait fait confiance. Il avait fait ses preuves et avait sa petite gloire de combattant. Mais il n'avait pas su sauver Dorne...
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Mar 12 Juin - 21:00
Les nouvelles continuent d’affluer, toujours de la même teneur, toujours aussi sombres. A force, sans doute, ne devraient-elles plus autant me perturber et me dévaster, mais c’est loin d’être le cas. À chacune d’entre elles, à chaque nouveau drame, à chaque nouvelle peine, mon cœur se serre et j’ai l’impression de me perdre un peu davantage. Certes, la situation avance et sans doute s’améliorera-t-elle dans les semaines à venir avec l’arrivée de l’Hiver et celle du Tigre… De toute manière, peut-on faire pire ?… Certes oui, ne bravons pas les Dieux, certains nobles sont encore loyaux et… Je soupire en me frottant les yeux avant de ranger les parchemins en secouant la tête. Malgré l’arrivée de ce nouvel allié, ou du moins l’est-il pour le moment, je vais devoir accepter l’offre de Hightower, et rien que d’y penser, j’ai le cœur qui se soulève. Nous pourrons regagner nos terres, nous pourrons les repousser… plus tard. Un jour. Quand ? Je n’en ai pas la moindre idée. Et mes nobles ? Et mon peuple ? Que ce soit ceux qui ont déjà rejoint l’ennemi, ceux qui préparent un nouvel soulèvement sans doute mieux réussi, ou encore ceux qui continuent de croire au nom des Martell, comment pourrais-je leur expliquer les précédents refus si j’accepte cette paix blanche ? Comment soigner leurs blessures et leur permettre de prier leurs morts sans leur offrir de revanche et de compensation ? Seront-ils convaincus de futures représailles, quand nous serons renforcés des hommes du Tigre, quand les miens seront remis de leurs blessures et de leurs défaites ? Je ne saurais laisser mes terres à cet homme sans foi ni honneur, cet homme qui a su convaincre sa faible sœur de lui laisser sa couronne. Quelle sotte. Ma mâchoire se crispe. Tant que Dorne retrouve son intégrité, tant que j’ai à terme la tête de ce roi de pacotille, le Tigre pourra bien s’amuser avec les royaumes voisins, peu m’importe maintenant. Qu’ils brûlent tous, tant les traîtres qui ont changé les cartes en cours de route, que ceux qui nous ont refusés leur aide. Je brûlerai le Bief de mes propres mains si je le pouvais, et cette satanée flotte de Fer avec… Quitte à certainement mourir en le faisant. Peu importe ce que le Diadoque exige en vérité, tant que ma Principauté survit et se remet. À terme… je sais bien ce qu’il adviendra, mais tant qu’à être annexée, autant y gagner quelque chose… ne serait-ce qu’en retrouvant ce que cette maudite année nous a pris. M’a pris. Ce que j’ai perdu. Non, je sais. Je ne suis pas responsable, pas totalement, mais de là à réussir à me dire que ce serait arrivé sous le règne de grand-mère… J’ai été stupide, stupide et naïve. Je ne le serais plus. Du moins, je l’espère.
Je me lève et me dirige vers le balcon, pour observer cette ville qui m’est chère par-dessus tout. Et elle est encore plus belle à la lueur de la lune, alors que seules quelques lanternes l’éclaire. Les mains caressant mon ventre inconsciemment, j’esquisse un sourire à l’idée qu’Anders sera bientôt là, même si j’aurais aimé avoir Roward près de moi. Cela fait tellement longtemps que je ne l’ai vu ! Et si je sais qu’il a été blessé, qu’il s’en remettra, cette fois-ci, j’ignore comment il se porte réellement. Il me manque. Anders aussi évidemment, même si notre relation n’a jamais été aussi simple… Et je sais bien que je ne devrais me sentir si seule, je sais que je ne devrais même songer à tout cela. Je suis princesse avant toute chose et ma principauté a besoin de moi, même maintenant, surtout maintenant. Je soupire. Mais ne puis-je quelques instants reposer cette couronne et m’affoler de l’imminence de l’accouchement ? Et si je ne puis me complaire dans ce sentiment d’abandon, puis-je au moins m’assombrir de l’éloignement d’Arianne ? Elle plus que tout autre devrait être là, pourtant, je la sens toujours distante, comme si elle ne parvenait à se pardonner ou… Elle est là, elle prend soin de moi et m’écoute, mais il y a cet isolement que je ne parviens à franchir… et je n’ai malheureusement guère le temps de vraiment la mettre au pied du mur.
Je ne sais combien de temps je reste ainsi, appuyée contre la rambarde. Suffisamment pour commencer à avoir froid. s’il fait frais ici, je n’ose imaginer plus au nord, quand bien même je n’en ai cure… je sursaute presque alors qu’on frappe plus que discrètement à la porte. Je fronce les sourcils alors qu’Elios entre, faisant arrêter mon cœur une seconde avant qu’il ne prenne la parole. Tout va bien. Anders. Déjà ? J’ai un sourire et attrape un châle en passant, avant de me diriger vers ses appartements. Je sais, je devrais sans doute lui laisser du temps, mais tant pis. Je frappe et entre sans attendre, comme souvent, avant de m’arrêter à peine entrée. Je le fixe, le détaille alors qu’il fait de même, s’attardant sur mon ventre qui me donne un air d’éléphante. Oui, cela fait tellement longtemps…
« Tu as l’air épuisé… Tu as dû faire aller ta monture au-delà du raisonnable pour être déjà ici. » Je fais quelques pas vers lui en haussant les épaules. « Je ne dormais pas. A dire vrai, je n’ai pas mangé non plus. Tu as faim ? Je meurs de faim… J’ai demandé à Elios de nous faire amener de quoi nourrir l’être affamé que je suis, et toi peut-être si tu le désires... » J’ai à mon tour une grimace en regardant mon ventre, puis de nouveau lui. « As-tu peur de ne pouvoir faire le tour de mon ventre avec tes bras ? »
… Ou peut-être ne le désire-t-il pas.
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Mar 3 Juil - 10:50
Elle le connaissait bien son jeune et impétueux cadet. Il se fendit d'un demi-sourire alors qu'elle faisait une remarque pertinente sur son retour hâtif. Il n'avait pas été raisonnable, mais comment l'être quand il était si prêt de rentrer chez lui ? Pendant longtemps, l'enfant bâtard ne s'était pas senti à sa place à Lancehélion, parce que beaucoup de dorniens lui rappelaient sans cesse qu'il n'était là que par la générosité de Nymor Martel et qu'il ne valait rien. Mais les choses avaient changé. Deria avait fait de lui un Martel. Et il s'était illustré durant ces longs mois de conflit, gagnant en notoriété. Gagnant le respect du peuple. Et c'était important pour lui. Donc, Lancehélion était bien sa maison désormais. Même si Roward n'y était plus. Même s'il ne savait comment se comporter avec Arianne alors qu'ils avaient toujours été forts ensemble. Même si les choses n'avaient jamais été simples avec Deria. Mais elle lui avait fait confiance, elle lui avait donné des responsabilités et pour cela, il lui était reconnaissant. Au delà des mots. « J'ai le droit de ne pas répondre à cette affirmation ? » Même fatigué, une lueur malicieuse éclairait ses traits. « Je souhaitais dormir chez moi cette nuit. Et vous faire la surprise. »
Deria s'approcha un peu, avant d'avouer qu'elle ne dormait pas et ne s'était pas non plus sustentée, faisant froncer les sourcils au jeune homme. Elle était enceinte, proche du terme, elle devait se ménager et prendre soin d'elle, même si c'était mission impossible avec un royaume au bord du gouffre et peu d'aide pour gérer... « C'est que tu manges pour deux, il faut bien que cet enfant grandisse et se fortifie. Ce sera avec plaisir, je n'ai guère mangé ce soir. » Trop pressé d'arriver. Trop fatigué aussi. Mais il trouvait un regain d'énergie à être ici. Et pourtant, il demeurait étonnamment sur la réserve avec sa sœur. Sans doute parce que leur relation était tumultueuse. Même si jamais il n'aurait essuyé une rebuffade de sa part s'il la prenait dans ses bras. Mais cela avait toujours été le privilège de Roward, son petit frère adoré.
Pourtant quand elle lui fit la réflexion avec humour, il se détendit, répondant avec espièglerie : « J'étais en train de calculer justement. » Il lui adressa un clin d’œil, avant de faire les quelques pas qui le séparaient encore de Deria. « Je suis encore couvert de la poussière de la route. » Il eut un petit air contrit, alors qu'il allait probablement salir les somptueux vêtements de la princesse de Dorne, avant de se laisser aller à sa demande, et à son envie et la prendre dans ses bras. Elle qui était si fine autrefois, elle en imposait bien plus, mais la grossesse lui allait plutôt bien, rendant ses formes pleines et épanouies. Dommage qu'elle ne puisse pas en profiter pleinement et que tant de soucis viennent gâcher ce moment qui aurait du être formidable. La conjoncture faisait que Deria se retrouvait à vivre sa grossesse seule... Pas de père pour l'épauler, qu'importe que ce soit Robb ou Orys... Après l'avoir prise dans ses bras, il s'écarta légèrement et prit son menton entre ses doigts pour l'observer. « Je ne suis pas le seul à avoir l'air épuisé, mais moi, j'ai voyagé. » Alors qu'elle, elle était dans son palais, dans le confort. Mais sa fatigue était d'ordre morale. Et c'était probablement la pire. « Tu as été seule trop longtemps pour affronter tout ça. » Mais il était là maintenant. Il y avait Arianne, bien sûr, mais elle n'avait pas le même rôle que lui. Lui, il était un homme, lui, il pouvait gagner le cœur des hommes. Il allait épauler Deria maintenant. Malgré ses choix controversés, son alliance avec un étranger qui pouvait bien les envahir et tout annihiler, aussi sûrement que l'auraient fait la dragonne ou Harren. « Et si on s'asseyait pour discuter un peu ? »
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Mar 17 Juil - 20:49
Les relations dans une fratrie sont bien souvent compliquées, je le sais bien. Même si de mon côté, ça n’avait été le cas ni avec Roward, ni avec Arianne, du moins jusqu’à présent, avec Anders c’était tout autre chose, cela avait toujours été bien différent et laborieux. Pourtant, je suis plus qu’heureuse de le voir, entier face à moi. Et il m’a manqué. Cette évidence me surprend presque alors que je l’observe et que son regard pétillant fait de même. Son insolence et sa légèreté m’ont manqué, même si je sais mieux que quiconque en vérité qu’il est bien loin de ne se résumer qu’à cela. Je lui souris doucement et hoche la tête.
« Elle ne demandait pas de réponse. Et je comprends. Bienvenue chez toi Anders. »
Je m’avance un peu, parvenant à me défaire un peu de mon rôle de tête couronnée pour retrouver celui, à la fois bien plus facile et plus difficile, de grande sœur. J’ignore ostensiblement son froncement de sourcils, je sais encore fort bien prendre soin de moi, et j’ai déjà assez du mestre et d’autres pour s’inquiéter pour moi et ce petit à naître. Cela n’avait jamais été son rôle à lui, bien au contraire même, petit monstre effronté et orgueilleux qu’il avait toujours été. Mais nous nous ressemblons malgré tout sur bien des points, même s’il ne m’est guère facile de le reconnaître, et j’aurais sans aucun doute fait comme lui, à vouloir arriver avant de songer à me reposer ou me nourrir. Et si je grimace en plaisantant sur mon tour de taille plus que conséquent, je plisse les yeux alors qu’il en rajoute. Mes sourcils se haussent quand il mentionne la poussière.
« La poussière ? Est-ce là tout ce que tu as trouvé comme ultime excuse ? » Je secoue la tête, avant de le serrer à mon tour contre moi quand il me prend dans ses bras. « Bien, je suis rassurée, je peux encore être enlacée, il est toujours bon de le savoir. » Je le relâche et lui rend son regard, fronçant un peu les sourcils. « Je sais que tu n’as guère de tact, mais il me semblait pourtant que tu savais y faire avec les dames. Et même à sa sœur, il n’est guère recommandé d’indiquer qu’elle n’est point éblouissante alors qu’on ne l’a pas revu depuis des mois… D’autant quand cette dernière est enceinte et donc censée être resplendissante. Elle pourrait se vexer. » J’esquisse un sourire et mon cœur se serre un peu quand il poursuit. Seule ? Je ne le suis pas pourtant, je le sais bien, je suis bien entourée. Et comme le disait grand-mère, être au pouvoir implique néanmoins bien souvent de l’être quoiqu’on en dise ou fasse… Si cela ne me pesait pas tant, si cela ne m’effrayait pas tant, je pourrais m’amuser qu’il soit le premier à le penser, ou du moins, à me le dire. Je me force à lui sourire. « Mais maintenant tout ira mieux, car tu es là ?… J’aimerais que ce soit si simple tu sais, mais c’est loin d’être le cas. » Je retiens un soupir et acquiesce, allant m’installer sur la méridienne près de la fenêtre, comme pour garder un œil sur ce que je peux encore protéger. « Ton voyage s’est bien passé ?… Tu as dû croiser beaucoup de réfugiés, n’est-ce pas ?… Comment allaient les hommes quand tu es parti ? Et Roward ? » Et Robb ? Il y a tant de questions, de doutes, et de peurs qui se bousculent, que j’ai la sensation d’être revenue des mois en arrière, des années même, quand tout me semblait incertain et instable… Et le fait est que ça l’est, mais je ne suis plus aussi hésitante, ou naïve que je l’étais alors. Pas sur tout du moins.
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Mar 31 Juil - 11:30
Qu'il était doux ce bienvenue. Qu'il avait attendu ce moment longtemps. Celui d'être quelque part chez lui. Légitimement. Cela pouvait sembler étrange pour beaucoup, mais pour un bâtard à qui on avait rabâché que sa place n'était pas ici, c'était précieux. Comme le fait d'être devenu un Martell. Et ça, il le devait bien à Deria, malgré leurs différents. Il n'oubliait pas. Si leurs rapports étaient compliqués, il comprenait qu'elle voyait tout de même leurs liens de sang. Et qu'elle l'appréciait quand même un peu. Pas au point de Roward ou d'Arianne, mais quand même. Et il s'en contentait. Même s'il aurait probablement aimé davantage. C'était aussi à cause de leurs disputes passées qu'il se montrait un peu plus réservé avec elle. Il aurait facilement donné l'accolade à Roward. Et autrefois, il aurait pris Arianne dans ses bras en la faisant tournoyer. Désormais... Il avait tout gâché avec elle. Il n'aurait jamais du lui dire ce qu'il ressentait pour elle. Jamais. Cela aurait facilité les choses. Et elle ne l'aurait pas embrassé avant qu'il n'aille à la mort, le laissant fantasmer là dessus. Il y avait une gêne entre eux, malgré leurs explications afin de clarifier les choses. Et il était heureux de ne pas être tombé sur elle au détour d'un couloir.
Il se rattrapa cependant quand elle lui reprocha avec humour de ne pas l'étreindre. Et fidèle à lui-même, il renchérit, s'attirant ainsi un regard un peu noir de la princesse de Dorne. « Je n'ai pas besoin d'excuses. » Ou peut-être que si. Mais comment lui avouer qu'il se sentait un peu gauche avec elle, ne sachant pas toujours sur quel pied danser ? Cependant, son cœur se serra à la suite. Parce qu'il comprit que Deria n'était plus enlacée depuis un bout de temps... Si belle, si désirable et si seule... Le père de son enfant n'était qu'un lointain souvenir, cette union prometteuse étant finalement un échec par les caprices d'une dragonne hautaine et arrogante. Et maintenant, c'était vers le Tigre que Deria se tournait. Sa réputation suffisait à faire frémir. Serait-il un époux convenable ? Une brute ? Qu'il était difficile d'être une femme, même à la tête d'un royaume. Il ne releva cependant pas, se contenter de rire à ses reproches sur sa franchise un peu trop brutale. « Oh mille excuses, je ne savais pas que tu préférais des compliments vides de sens à l'honnêteté. Je saurai m'en rappeler à l'avenir. Tu es donc éblouissante, épanouie, avec le teint d'une jeune fille pas encore éclose. Mieux ? » Il se moquait gentiment. Si Deria attendait de son frère de l'hypocrisie courtisane, elle risquait d'être un brin déçue. Il reprit avec plus de sérieux : « Je remarquais juste que tu portes tout le poids d'un royaume sur tes épaules. Je ne voudrais pas que tu t'effondres. »
Parce qu'elle était seule à assurer cette charge. Elle ne partageait le pouvoir avec personne. Elle pouvait bien écouter ses conseillers, c'était elle qui décidait. Sur elle que retombaient les conséquences et elle qui subissait l'avis du peuple. « Non, je ne pense pas que tout ira mieux par ma simple présence. Mais tu as un soutien de plus à tes côtés. Même s'il ne passera pas son temps à te dire que tu es resplendissante. » Il lui adressa un petit clin d’œil, malgré la gravité de la situation. L'opinion publique n'était pas favorable. Mais au moins, le Martell avait-il gagné une solide réputation guerrière et c'était un atout pour sa sœur. Il suivit Deria, prenant place près d'elle, prêt à discuter un peu de la situation. « Dans l'ensemble, il s'est bien passé. Il y a effectivement beaucoup de gens sur les routes... Le moral est aussi bon que possible au vu de la situation. Ton peuple est fier Deria. Et la plupart préfèrent mourir que de se rendre. Tu peux lui faire confiance à ce sujet. Il suffit de savoir trouver les mots pour chasser le désespoir et réveiller le patriotisme. » Il esquissa un sourire à la mention de son frère, mais son regard était inquiet. « Physiquement, il va bien. Psychologiquement... Sa situation dans l'Orage l'éprouve énormément. Il est étouffé, castré. Marié à une femme qui n'a aucun honneur et aucune fierté. » Il marqua une pause. Il aurait pu mentir, mais à quoi bon ? Il ne souhaitait pas que Deria culpabilise, mais encore une fois, il était honnête. « j'ai entendu bon nombre de rumeurs sur la route, Deria. Je suis rentré aussi vite que possible et n'ai donc pas vraiment eu l'occasion de démêler le vrai du faux. Quelle est notre situation ? Qui sont nos alliés et nos ennemis ? Que devient l'Orage ?»
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Ven 24 Aoû - 20:18
Trop de difficultés, de bouleversements et de tensions m’entouraient depuis plusieurs mois pour que je parvienne à m’en défaire totalement ne serait-ce que quelques instants. Comment le pourrais-je de toute manière ? Alors évidemment, quand une bonne nouvelle arrive, je me dis que cela ne va pas durer et qu’il vaut mieux en profiter. D’autant plus lorsque cela concerne les miens. Et depuis le temps que je ne l’ai vu, je dois avouer qu’il m’a manqué, quand bien même je ne sais pas toujours comment réagir et parler avec lui. Dans l’immédiat, tout cela est facile, naturel, et me fait plus de bien que je ne saurais le dire. Je perds mon air revêche, ne parvenant pas à retenir le sourire qui me vient en l’entendant rire.
« Ne suis-je pas une princesse ? Être frivole et changeante s’il en est ? Et tes compliments me vont droit au cœur cher petit frère, je suis ravie d’être toujours aussi séduisante. » Je le fixe un instant, mes sourcils se levant, et je redresse la tête sans y penser. « J’ai été élevée pour cela Anders, je ne suis pas si fragile. N’oublie que je suis la petite-fille de Meria Martell et qu’elle m’a élevé. Je ne m’effondrerais pas si facilement. Et cela réjouirait trop de monde qui plus est. »
J’ai beau le dire avec désinvolture, je ne suis pas vraiment loin de la vérité. Même si, d’un autre côté, cela ressouderait sans aucun doute toute la principauté, redonnant à chacun une volonté sans faille… Même si certains, ou beaucoup, remettait en cause mes décisions et la souveraineté de ma famille, la disparition d’un monarque avait souvent pour conséquence de faire oublier ces broutilles au profit d’une coalition contre un ennemi commun… comme à la mort de nos parents donc… oui, a posteriori, j’attaquerai le Bief sans plus réfléchir, mais à l’époque… Je retiens un soupir, et esquisse un sourire en le regardant.
« Quel dommage, moi qui espérais avoir un flagorneur supplémentaire, je vais devoir me contenter d’un soutien trop franc ? Cela risque d’être difficile, mais je suis forte, je ferais avec. » Je l’entraîne avec moi, essayant de respecter les demandes du mestre et de ne point trop forcer. Je hoche la tête en l’écoutant. Le moral bon, un peuple fier… Peut-être a-t-il raison. Peut-être a-t-il certains sons de cloche en tant que frère de la princesse. « Certains se sont rendus, pour épargner leur terre et leur gens, dans l’espoir qu’une miséricorde soit accordée… Il n’y a eu aucune grâce. Cet homme, cet Hightower, n’a aucune décence ni honneur. Tu as appris pour Lord Mormont n’est-ce pas ? Je sais que les nôtres sont fiers et qu’ils continueront à se battre pour Dorne. Encore faut-il qu’ils en aient les moyens. » Et si je vois son sourire, c’est son regard que je retiens. Ma mâchoire se crispe et j’inspire lentement, le laissant poursuivre, le laissant poser ses questions. Questions qui amènent un sourire sans joie sur mon visage, alors que mon regard se porte sur ma cité. « Le royaume de l’Arrogant a plié le genou. Sa chère fille a courbé l’échine devant l’Empire des Braenaryon. Aucun honneur ni fierté n’est-ce pas ? Ils ont rompu tous les accords et alliances pré-existantes, ils ont rejeté les alliés qui refusaient de se soumettre. Nous en l’occurrence. J’ai fait le nécessaire pour… rompre les alliances restantes. » Je pose les mains sur mon ventre dans un geste protecteur et inconscient. « Que ce soit l’alliance de Roward et de cette harpie, ou la mienne. Il n’aura plus à y retourner, ni à la subir. Il s’en remettra. » J’adore Roward, mais je sais qu’il est immature et fragile sur bien des points. Pourtant, il ne peut pas plus se laisser aller que moi. Ce n’est ni une obligation, ni une exigence. C’est une nécessité et une évidence. Je secoue la tête et dévisage Anders de nouveau. « Nous sommes isolés. L’empire Braenaryon regroupe le Nord, Peyredragon, leur Conflans et l’Orage. Le Val et l’Ouest sont censés être neutre, mais l’Ouest ne cesse de jouer trouble-jeu depuis le début… Et des navires composant la Flotte nous assiégeant portent leur drapeau. Ces lions sont courageux mais guère téméraires, ils ont choisi. Cela ne plaira pas davantage aux Loups qu’à nous, mais qu’importe. » Je hausse les épaules, me tournant de nouveau vers l’horizon alors que ma voix se voile. « Je… J’ai fait nombre de mauvais choix. Je n’ai pas été à la hauteur. Mima serait tellement déçue… J’aurais dû… Nous sommes en train de perdre Anders. Trop de cités sont tombées, trop de soldats sont morts et trop de nobles grondent. J’ouvre la cage, sans même savoir si le fauve sera suffisant pour nous sauver. Nous seront sans doute avalés avec les autres, mais je ferais ce qu’il faut pour que nous en soyons à la tête et que Dorne soit toujours… Dorne. Et ils brûleront. Tous. Même les Dragons. »
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Mar 28 Aoû - 22:32
« Comment pourrais-tu en douter ? » Il se fit un peu plus sérieux, tandis qu'il poursuivait : « Tu seras toujours séduisante. Ce n'est pas la grossesse qui te l'enlèvera. » Et il ne put s'empêcher de reprendre d'un ton taquin : « La vieillesse, par contre, je ne garantis rien. » Mais elle avait largement le temps de voir venir. Même si Deria n'était plus une toute jeune fille, c'était une femme superbe, aux traits fins et racés, au corps voluptueux. Bien des hommes seraient ravis de pouvoir entrer dans sa couche et pas simplement de par son statut de souveraine. Doutait-elle de ses charmes ? La maternité lui causait-elle quelques doutes ? A moins que ce ne soit la situation de Dorne, complexe, sans parler de son mariage désastreux ? Il lui fit une remarque à ce sujet et elle se redressa, machinalement, dans son attitude de princesse. Par orgueil, par habitude, par fierté, il n'aurait su dire exactement. « Ce n'était pas ce que je voulais dire. » Il n'avait pas voulu la blesser ou remettre en doute sa force de caractère. Bien sûr qu'elle était la digne héritière de sa grand-mère. Mais même Meria avait besoin d'être entourée. Soutenue. Même elle avait du flancher parfois. Il ne voulait pas que Deria se braque et qu'elle ne pense qu'il la croit incapable de mener à bien sa mission de princesse... même si, en l'état actuel des choses, Dorne était très mal engagée. La faute à de mauvais choix et surtout, un terrible concours de circonstances. Mais cette remise en place discrète de Deria envers son frère, était-elle vraiment destinée à lui ? Ou une manière de se rassurer elle-même ?
« Et oui, navrée de te décevoir. » Deria accepterait-elle longtemps son franc parler, quitte à être blessée dans son orgueil ? Il n'y était jamais allé avec le dos de la cuillère avec elle. Ils s'étaient disputés souvent et s'étaient déjà dit des horreurs. Mais ils avaient été sincères, bien que parfois, les mots avaient dépassé la pensée, naturellement. Quand elle lui demanda comment était le moral des troupes, il répondit brièvement. Et écouta alors sa sœur gravement. « Au moins, cela dissuadera quiconque de se rendre et ne donnera que plus de rage au cœur de défendre ce qui est nôtre. » C'était une bonne chose que le Hightower soit un félon. Les dorniens qui oseraient espérer une quelconque clémence en se rendant sauraient que cela ne servait à rien, sinon mourir sans se battre.
En revanche, quand il fut question de parler de Roward... Il se montra moins optimiste, même s'il tenta d'amoindrir l'état déplorable dans lequel il avait trouvé son frère. Il hocha la tête quand elle assura avoir rompu les accords entre Dorne et l'Orage. « Cette traînée aurait fait n'importe quoi pour ne rien céder à Dorne. J'imagine que ses relations avec sa mère doivent être compliquées étant donné sa haine et son mépris pour nous... Quoiqu'il en soit, c'est heureux que tu ai libéré Roward de ses engagements avec cette garce. » Il n'avait aucune mesure dés lors qu'on parlait de cette femme qui n'avait aucun honneur. On pouvait bien taxer les dorniens d'être fourbes, de vendre Westeros, mais leurs alliés n'étaient que des hypocrites qui avaient tôt fait de ses désengager dés que Dorne avait refusé de plier. Il espérait qu'ils s'en mordraient les doigts. Il espérait qu'ils mourraient tous sous les crocs du tigre. Son regard accrocha le geste instinctif de Deria sur son enfant alors qu'elle avait également rompu avec Orys. Dommage... Le bâtard de Peyredragon n'était en aucun cas fautif et il avait tout fait pour que cette alliance, et ce mariage, fonctionnent. Mais cela n'avait pas été suffisant. « Il s'en remettra oui. » Il hocha la tête avec conviction. Cela risquait de prendre du temps, cette harpie ayant réussi un formidable travail de sape auprès de son jeune frère.
Deria lui fit ensuite une rapport de la situation, peu reluisante. « Deria. » Il posa sa main sur celle de sa sœur. « Mima a été victime de la lâcheté de nos ennemis, dissimulés. Roward... Il m'a dit que l'Orage n'y était d'ailleurs pas étranger. Ils paieront. Nous offrons au Tigre un pied en Westeros. C'est un conquérant. Un guerrier. Avec des moyens conséquents. Il n'a aucune raison de se retourner contre nous tant que nous lui offrons des proies à sa mesure. » Il tendit son autre main, afin d'englober celle de sa sœur. « Peut-être allons nous tous périr dans cette entreprise. Mais Dorne ne tombera pas tant qu'il restera un dornien en vie. Je leur souhaite à tous bien du courage pour nous débusquer si nous nous retranchons dans le désert. Qu'importent leurs armures, leurs flottes. Dorne ne sera jamais à aucun étranger. »
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Mar 11 Sep - 21:22
La vieillesse… Aurais-je le temps et la possibilité de le devenir, vieille ? Au rythme où vont les choses, rien n’est moins sûr, mais j’avoue que c’est, et de loin, ma dernière préoccupation. Toujours est-il que je lève les yeux au ciel à sa remarque, sans m’appesantir sur le sujet. J’ai déjà bien assez à réfléchir pour ne pas rajouter d’autres questionnements vains, comme je le démontre bien rapidement, me vexant presque inconsciemment lorsqu’il mentionne Dorne et ce que je peux ou non supporter. Je me rends bien compte qu’il n’a été ni insultant, ni méprisant, que je n’ai aucune raison de le prendre mal ou de m’en offusquer, même un peu. Mais ce n’est malheureusement ni aussi facile, ni aussi évident tant tout cela est sensible et bien trop fragile à mes yeux. Je lui souris néanmoins, saisissant sa main pour la serrer doucement, comme pour lui prouver que je sais fort bien que ce n’était pas son intention.
Je grimace et secoue la tête alors que nous enchaînons sur le moral des troupes et les exactions du nouveau roi du Bief.
« Je n’en suis pas si sûre. Les nobles de l’ouest de la Principauté non jamais été les plus grands courtisans de la famille, ils sont bien plus… bruts et revêches que ceux de l’est, et cette guerre les touche bien plus durement que quiconque. S’ils voient malgré tout un espoir de préserver leur place, leurs terres, leur peuple, ils réussiront à se convaincre qu’il y avait une raison, d’autant qu’ils ne s’apprécient pas forcément davantage en eux… d’autant que le roi du Bief pourrait leur promettre monts et merveilles… »
Je soupire et secoue la tête. Et qu’importe ce qu’ils disent ou pensent, ou même les agissements de certains pour le moment. Ils sont dorniens, leur peuple est mien, leurs terres sont miennes, je me dois de les protéger… ce que je n’ai réussi à faire jusqu’à présent. Concernant Roward, mon petit frère sans doute trop protégé jusque-là, j’ai fait ce que j’ai pu, pour lui, comme pour moi. Je fronce les sourcils et pose un regard sévère sur Anders.
« Mesure malgré tout tes paroles. Nous ne sommes qu’à deux, et je comprends bien que tu ne te le permets que pour cette raison, mais quoi que tu penses d’elle, elle reste reine. » Je soupire. « Même si tu as sans doute raison concernant tous ces points. Elle a préféré se tourner vers des alliés volatiles et dédaigneux plutôt que de préserver la moitié de son héritage, voire son héritage tout entier en offrant ainsi son royaume… »
Une partie de moi la comprenait néanmoins, à agir ainsi, elle avait préservé une grande partie de son peuple et ses terres… sauf qu’elle ne l’avait pas fait pour ces raisons, elle avait pris cette décision bien avant, elle avait ployé le genou devant Rhaenys parce qu’elle était bien trop sotte et crédule, malgré tout ses discours et son attitude bien trop orgueilleuse. Tout comme les autres, elle nous avait tourné le dos, nous laissant seule face à l’adversité, malgré notre aide et notre soutien. Je ne souhaite aucunement voir encore des morts et des régions brûler, pourtant… oui, ma colère et mon ressentiment ne seront assouvis que lorsque leur royaume s’enflammeront comme le mien… Je fixe Anders, alors que ses mains enserrent la mienne, et j’esquisse un sourire en l’entendant, attendant que la servante reparte après avoir disposé quelques plats sur la table et nous avoir servi un verre de vin.
« C’est pourtant une étrangère venue d’au-delà des mers qui l’a conquis il y a bien longtemps de cela. » Je hoche la tête, serrant à mon tour sa main, avant de laisser échapper une grimace. « Concernant le possible concours de l’Orage dans l’assassinat des nôtres, nous n’avons trouvé aucune preuve malgré toutes nos recherches. Je ne peux uniquement me baser sur quelques doutes et suppositions… Ou tout du moins, je ne le pouvais guère. Cela n’a plus trop d’importance maintenant, puisque, comme tu le dis si bien, le Tigre arrive. Je lui offre tout Westeros s’il le souhaite, je n’ai pas tant de revendications que cela… Même si je sais qu’il me faudra attendre pour les obtenir… Et nous n’en avons pas forcément du temps. » J’ai un sourire désabusé. « Mais cela ne peut être guère pire qu’actuellement. Quoique je devrais éviter de défier les Dieux. Qu’importent les moyens, nous nous en sortirons, les dorniens sont bien plus coriaces et résistants qu’ils ne se l’imaginent effectivement. »
J’inspire profondément et lui souris, plus sincèrement, bien que fatiguée.
« Je suis heureuse que tu sois là Anders. »
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Jeu 20 Sep - 13:24
Deria n'avait pas tort. Effectivement, la noblesse proche de la frontière avait tendance à être bien moins attachée à la famille régnante que les autres. Difficile de leur en vouloir de chercher un échappatoire quand leurs terres étaient ravagées par la guerre, sans guère d'espoir de victoire ou de conquête. Mais de là à s'allier au Bief ? A trahir ainsi leurs origines, leur peuple, leur nation ? A croire les boniments de ce roi qui se retrouvait à la tête du royaume par manigances et supercheries ? Il était indigne de confiance. Mern n'était déjà pas vraiment un homme d'honneur, mais Manfred Hightower était bien pire. Et sans pitié. Malheureusement, Anders ne trouvait rien à répliquer à cela. A quoi bon nier cette possibilité ? Sa sœur avait raison d'y songer.
Il se raidit cependant alors qu'elle le tançait pour ses propos injurieux envers Argella Durandon. Mais Deria n'avait pas vu le désespoir de Roward. tout juste en avait-elle peut-être eu un aperçu via quelques missives. Son regard s'obscurcit sous le coup de la colère et de la vexation alors qu'il détestait se faire réprimander comme un gamin. Il avait toujours parlé librement à Deria et ne cesserait pas de si tôt. Tant pis si ses propos la choquaient. ils étaient seuls. Il pouvait bien insulter cette garce de l'Orage comme bon lui semblait. "Ce n'est pas son rang qui lui apporte la Majesté. Et elle n'en possède aucune." Il avait répondu avec raideur, faisant ainsi écho à son attitude, avant d'incliner légèrement la tête. "Mais soit, j'éviterai donc de dire ce que je pense des têtes couronnées dorénavant." Puisque cela ne lui plaisait pas... C'était dans ces moments là que Roward lui manquait terriblement. Il ne pouvait partager ce genre de choses avec les femmes, plus mesurées que lui. Plus discrètes. Ses frères d'armes lui manquaient également. Deria se sentait seule au pouvoir. Et il ne pouvait que comprendre ce sentiment de solitude. Il lui avait promis d'être à ses côtés et de l'épauler quoiqu'il arrive, mais en serait-il seulement capable ? En avait-il le droit ?
Sa colère retomba face au rapport de la situation. Même s'il n'était pas à la hauteur de la tâche qu'il s'était fixé, il ne pouvait rester muet face aux doutes de sa princesse. Il lui parla avec conviction, sans même avoir besoin de faire semblant. Il haussa une épaule à l'évocation des dieux. "Nous sommes déjà considérés impies alors... Les Dieux n'ont que faire des affaires des hommes." En plus d'avoir des ennemis avides de pouvoir, ils avaient des fanatiques. Et ces ennemis là étaient bien pires. Pour les avoir affronté, Anders en savait quelque chose alors qu'ils semblaient increvables, mourant pour leurs convictions. Doucement, il appuya son front contre celui de Deria à son aveu. "Merci. Ce sont là des choses que j'ai besoin d'entendre." Aveu d'une enfance tumultueuse à chercher sa place et à vouloir avidement une quelconque reconnaissance. Il s'éloigna quelque peu, glissant du banc pour mettre un genou à terre, conservant une main de Deria dans la sienne, tandis qu'il murmurait d'une voix grave et solennelle : "J'ignore si je saurais t'aider comme tu le mérites, mais je m'y efforcerai. Dis-moi comment je peux t'être utile, et je m'exécuterai." D'un point de vue diplomatique, cela risquait d'être compliqué. Il ne faisait pas souvent preuve de tact. Même si il était bien sûr capable de comprendre la politique et ses enjeux et de tenir sa langue quand il le fallait. Il était davantage doué pour les armes. Mais il doutait que Deria ai besoin de son aide à ce niveau. Avec le Tigre peut-être ? Pour coordonner les troupes et réfléchir aux plans d'action ?
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Jeu 11 Oct - 20:33
J’essaie, à défaut de prendre les bonnes décisions ou de réussir à faire avancer convenablement les choses, d’être au moins objective et de réfléchir sereinement, aussi calmement que possible, aux possibilités et aux dilemmes possibles, que ce soit des ennemis, des alliés comme des nobles en général. Et je les comprends, ceux qui hésitent et se tournent vers d’autres, ceux qui veulent faire cesser tout cela. Les mêmes pensées tournent en boucle dans ma tête, même si je sais que jamais je n’aurais accepté l’offre de l’Empire Braenaryon. Ils nous avaient tourné le dos, reniant tout ce qui existé déjà, balayant le reste. Non, cela, je ne le regrettais pas, malgré la situation dans laquelle je me trouvais à cause de cette décision. Quant à la tentative de paix du Hightower, ses propositions et demandes étaient tout bonnement inacceptables à l’époque… Maintenant serait-ce différent ?… Non, je n’accepterais pas davantage maintenant, il est trop tard, les soldats, les nobles, le peuple ont trop perdu pour que j’envisage de plier devant cet homme. Peut-être aurais-je dû accepter dès le départ… Mais c’était trop. Et avant tout cela, aucun dornien n’aurait consenti à ses requêtes…
Je le vois se raidir malgré tout quand je le reprends concernant la reine de l’Orage. Pourtant, je comprends son ressentiment et sa colère. Je sais qu’il ne se le permettrait pas devant autrui, mais si je ne lui dis pas de prendre garde, combien de temps le fera-t-il ? Je soutiens son regard, arquant un sourcil en voyant cette colère, qui m’est adressée, sans l’être vraiment, et qui me rappelle le gamin insolent qu’il était… ou qu’il est encore. Je laisse échapper un soupir.
« Anders… Je ne t’empêche pas de t’exprimer. De toute manière, personne n’y est jamais parvenu, pas même notre grand-mère. Je te demande de mesurer tes paroles ou, au minimum, d’y prendre garde, même si je sais fort bien que tu le fais la plupart du temps. Mais si tu ne fais attention avec moi, cela risque par finir par t’échapper avec d’autres… ce qui serait bien plus délicat. »
Tant de susceptibilité… Soit, je me rends compte que je ne suis pas forcément mieux que lui, concernant certains sujets, mais qu’il rechigne ainsi pour quelques remarques qui ne sont même pas réellement des remontrances… Néanmoins, toutes ces sottises s’effacent alors que l’on enchaîne sur un sujet autrement plus sérieux et important. Comment rester de marbre quand on parle de l’avenir de ses terres et des siens ? Anders a beau avoir bien des défauts, il est comme moi, comme tous les Martell. La principauté prime sur tout le reste, toujours. Et comment ne pas lui être reconnaissante alors qu’il cherche ainsi à me rassurer ? Je grimace malgré tout en l’entendant.
« Ne parle pas ainsi. Les têtes couronnées sont une chose, les Dieux en sont une autre. Peu importe comment les autres nous voient, cela ne définit pas ce que nous sommes. N’offense pas les Dieux, qu’ils s’occupent ou non des mortels que nous sommes… »
J’esquisse un sourire, soulagée qu’il soit là, de pouvoir en discuter avec lui, d’avoir récupéré un membre supplémentaire de ma famille à mes côtés. Je le fixe sans bouger, avant d’esquisser un sourire. Je pourrais lui dire que tel a toujours été le cas, mais notre relation est tellement compliquée, que ce ne serait pas totalement vrai. De nouveau, mes sourcils se lèvent en le voyant mettre un genou à terre, comme s’il s’apprêtait à prêter serment. Ce qui est le cas, en quelque sorte. Je le dévisage longuement, lui et son sérieux presque déroutant, et j’incline lentement la tête.
« Merci. Ton aide et ton soutien sont plus que bienvenus. » Je le toise encore un instant avant de reprendre. « Les hommes te font confiance, confiance que tu as amplement mérité au fil des mois. Ils ont besoin d’être guidés, rassurés, menés. Et je le fais tant que possible, mais je reste une étrangère à leur monde, quand bien même ils se battront pour Dorne, et pour moi… J’ai des hommes capables, de confiance, des capitaines qui dirigent et commandent au front. Mais ici, en dehors de mon Conseil, il n’y a plus guère de monde. Mais toi, tu pourrais. Tu saurais être ce meneur, tu en es capable. J’ai besoin de quelqu’un qui fasse la liaison avec l’armée du Tigre, qui connaisse nos hommes et notre territoire autant que l’ennemi… Tu ne serais pas seul, le Conseil est là pour réfléchir et trouver des stratégies, et je serais également présente. Mais tu pourrais nous représenter et être le lien du point de vue militaire… Si tu le désires. »
Evidemment qu’il acceptera…. N’attend-il pas des possibilités du genre depuis toujours ou presque ? Et puis, il s’agit de Dorne au-delà du reste… Et s’il refuse, je trouverais bien autre chose.
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Mar 30 Oct - 10:01
Même si il était un adulte, il y avait encore des traits de caractères assez puérils. Il comprit que Deria se faisait la même réflexion alors qu'elle haussait un sourcil délicat. Il ne connaissait que trop cette expression sur son joli visage et cela le renvoyait des années en arrière. Une vague de nostalgie le saisit. Ce n'était pas forcément la période la plus heureuse de sa vie, mais la plus insouciante, très probablement. Alors, il était entouré de Roward, de Deria, d'Arianne. Ils étaient tous les quatre, séparés par leurs différences, mais unis par le sang. La guerre semblait loin. Dorne était forte, libre, indépendante. Aujourd'hui... Il posa un regard sombre sur Deria, enceinte jusqu'aux yeux d'un homme sur lequel elle ne pouvait pas compter alors qu'elle était aux abois. Arianne avait changé durant les dernières années, depuis son enlèvement par le bâtard Hoare, depuis qu'Anders lui avait fait part de ses sentiments, si bien qu'il n'était plus aussi proche d'elle qu'avant. Et Roward était loin, en royaume devenu ennemi, malheureux et désœuvré. Petit, Anders avait pensé qu'ils étaient invincibles, qu'ils pouvaient tout affronter parce qu'ils étaient unis. La réalité avait balayé cette utopie naïve... Malgré tout, il eut un sourire à la remontrance de Deria, tandis qu'elle évoquait leur grand-mère et la langue trop bien pendue du bâtard contre laquelle personne n'avait jamais su rien faire. "Rassure-toi, cela n'arrivera pas. Je suis emporté et impulsif mais pas dénué de bon sens. Même si tu as des difficultés à t'en apercevoir." Il ne pouvait pas vraiment la blâmer pour cela. Il avait apprit la mesure avec les années, même si cela ne serait jamais assez au vu de son statut actuel. Mais il savait se mordre l'intérieur de la joue très fortement pour ne pas dire tout ce qui lui passait par la tête.
Pourtant, ses propos heurtaient sa sœur. Il n'avait que faire des Dieux à l'heure actuelle. Il avait vu trop d'horreurs sur le champs de bataille commises en leurs noms pour avoir encore une foi aveugle. Deria était plus craintive. Mais même si elle supportait le poids d'un royaume, elle n'avait pas vu ce qu'il avait vu. Elle ne pouvait que se l'imaginer par des rapports froids et des chiffres. Elle n'était pas dénuée d'empathie, bien au contraire, et il était sans doute préférable qu'elle ne voit jamais ce que son peuple subissait réellement, au risque qu'elle se laisse déborder par les remords. Une faiblesse impensable pour une dirigeante. "Nous tolérons plusieurs cultes, plusieurs croyances... Soit nous sommes bénis de tous ces dieux, soit maudits par eux pour notre tolérance. Au vu de la conjoncture actuelle, j'aurais tendance à pencher pour la seconde option. Ou bien, ils ne se préoccupent pas de nous et nous ne sommes que victimes de la folie des hommes. Je préfère croire en cela, Deria." Qu'il n'y a nulle justice divine, nul châtiment de leur part. Que personne n'est aidé par des forces supérieures. Que Dorne ne paie pas son laxisme.
Après cette brève tension, revint l'accalmie, alors qu'il était là avant tout pour sa sœur. Et pour Dorne. Qu'il l'assurait de son soutien. Qu'il la remerciait de ses paroles simples mais sincères. Pour ponctuer la solennité du moment, il mit un genou en terre, renouvelant son serment de fidélité et de loyauté envers elle. Pas simplement en tant que frère, mais aussi comme sujet. S'il devait être un outil pour Deria, il le serait. Et son cœur se gonfla de joie, de fierté et d'espoir aux paroles de sa sœur. La tâche était gigantesque, délicate... Durant un bref instant, il ressentit de l'angoisse face à l'ampleur de cette mission, doutant de lui, mais comme si Deria l'avait su ou deviné, elle mentionna les vétérans, le conseil, qui seraient un soutien. Il ne devait pas faillir. S'il n'était pas la tête pensante de l'armée, il pouvait en être la figure de proue. Un Martel, qui n'hésitait pas à combattre auprès des dorniens, à se mettre en danger, déjà auréolé de plusieurs faits d'armes, si bien qu'il avait gagné sa réputation auprès des soldats. Et leur respect. Il hocha la tête, fort de ces réflexions, souriant en coin, ce sourire insolent qui donnait envie de le gifler et le rendait pourtant irrésistible. "Et comment !" Cela lui avait échappé, le petit frère avide de gloire et de bataille qui s'était exprimé. Puis, il se reprit, toussotant et ajouta : "Ce sera un honneur." Promesse d'un fidèle sujet à sa princesse. Cette nuit, quelque chose avait changé au sein de la famille princière alors que la princesse et le bâtard venaient de nouer des liens indéfectibles, enterrant le passé pour mieux s'occuper de l'avenir.
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Sujet: Re: Tu n'es plus seule [Tour VI - Terminé] Lun 12 Nov - 21:47
Et comme pour me conforter dans mon impression de me retrouver face au gamin qu’il était, j’ai le droit à un sourire arrogant alors que je le semonce. Je le dévisage et finis par lentement acquiescer.
« J’ai du mal à m’en apercevoir, car tu ne le montres que rarement. Tu as bien plus tendance à t’emporter et réfléchir après que le contraire, tout comme Roward. » Bien qu’en vérité, ce dernier doit être pire… ce qui est dramatique quand on songe que c’est lui le prince de Dorne… J’esquisse un sourire. « Mais je suis ravie d’entendre que tu as appris à te montrer plus réservé… »
Du moins, avec les autres, pas avec moi. Sans doute suis-je reconnaissante que ce ne soit pas le cas, qu’il continue de se comporter de la même manière, sans prendre garde à ma couronne ou ma situation. C’est toujours agréable, et indispensable je pense, de se rendre compte que vos proches n’ont pas changé de comportement avec vous, qu’ils seront toujours là pour être sincères et naturels. Quand bien même puis-je trouver cela horripilant parfois. J’inspire lentement en l’écoutant, préférant ne pas trop m’appesantir sur des pensées telles que la colère ou non des Dieux.
« Je pense en effet que les hommes n’ont pas besoin des Dieux pour se montrer aussi destructeurs et insensés. Et je préfère également, il est plus aisé de se dire que l’on combat la cupidité et la stupidité de ces derniers que la colère de nos Dieux… même si la tâche semble aussi ardue et est tout autant meurtrière. »
Les hommes sont faillibles, tandis que les dieux… Mais nous changeons de nouveau de sujet, alors qu’il se fait pus sérieux encore, plus solennel aussi. Et même s’il n’en avait nul besoin, cela me touche plus que je ne saurais le dire. Ou justement parce qu’il n’en a nul besoin et que sa déclaration est on ne peut plus simple et sincère. J’ai abordé l’idée en Conseil, ne parvenant pas à obtenir de réelle unanimité, mais qu’importe. La majorité d’entre eux est d’accord avec moi, mettre un Martell à la tête des troupes est plus que nécessaire, et Anders a amplement prouvé sa valeur. Et je vois les diverses pensées et sentiments qui m’ont également traversé se dessiner sur son visage alors qu’il intègre et comprend ma demande. J’ai un sourire en l’entendant toussoter et je serre sa main, me penchant pour l’embrasser sur le front, réponse de la grande sœur au petit frère, avant de le fixer, de nouveau sérieuse.
« Honneur dont tu seras à la hauteur n’aie crainte. Même s’il te faudra redoubler de patience, de volonté et de compréhension je le crains. » Je lui souris avant de me lever. « J’aurais d’autres sujets à aborder avec toi, mais il est bien trop tard pour cela et tu dois être épuisé… Je le suis moi quoi qu’il en soit. » Je le serre une nouvelle fois contre moi. « Repose-toi Anders, profite de cette accalmie qui ne saurait durer. »
Il le sait aussi bien que moi, quand bien même ne se doute -t-il pas du nombre d’autres sujets plus qu’importants à aborder. Mais plus tard, cette soirée a déjà bien assez été chargée et nous méritons tous deux un peu de repos. Et c’est le cœur bien plus léger que depuis longtemps, malgré tout le reste, que je lui souris à nouveau. Tout ira bien… d’une façon ou d’une autre.