Pál Forrest
L'orgueil est ingrat: il hait qui lui pardonne.

Salut moi c'est Marie :v. J'ai connu BC via une recherche intensive sur Google. Le grand plus de BC, c'est à mon avis le background et l'exigence qui s'en dégage, et de ce fait des annexes passionnantes regorgeantes de détails qui donnent un lustre particulièrement réaliste au contexte    . Par contre je ne suis pas fan de des Bieffois :v y a vraiment que ces saligauds pour s'acharner sur une belle dame en détresse comme Dorne. Si 7/7 signifie que je peux passer tous les jours, je pense que ma présence sera au minimum de x4/7. Si 7/7 signifie que je peux rp tous les jours, mon activité sera au minimum de x1/7. J'ai un mot à rajouter et c'est Vive le couscous-Tajine \:v/. Enfin, j'ai bien lu le règlement parce le code est

La guerre commence à toucher la totalité des royaumes... Etes-vous partisan de l'unification de Westeros par l'Empire ou les Puissances Centrales, ou plutôt attaché à l'indépendance de votre Royaume? Pourquoi?

Chercher un protecteur n’est pas dans la nature des hommes de la Tombe-du-Roy. Car comment jamais s’abaisser à un tel usage alors que l’on se souvient encore qu’un jour, on fut roi. Mais ce jour désormais lointain s’effacera-t-il jamais des mémoires? Les récents événements prouvent que ce ne sera pas pour tout de suite.
Aussitôt la première bataille déclenchée, aussitôt l’apparente fragilité du règne immature de la jeune Princesse soupçonnée, que les Forrest trouvent à appuyer franchement sur cette faiblesse, ainsi qu’ils l’ont toujours fait au cours des siècles. Remiser les Martell à leur rang véritable, pointer leurs erreurs aux yeux de tous lorsqu’ils ne s’en délectent pas en silence, tolérer seulement une domination qu’on leur a imposé à coups d’épées lors de la conquète des Rhoynars. Cela et rien d’autre. Rien d’autre qu’un instinct de survie qui les poussa autrefois à se taire, à encaisser, pour aujourd’hui se relever et parler enfin, avec fougue, mais aussi avec maladresse.

Pál, témoin de l’investissement sommes toutes inconstant mais surtout insuffisant des Princes en la défense de la frontière, est évidemment parmi les premiers à soutenir et à alimenter la tentative d’insurrection dirigée par son frère -en vain. La population, encore acquise par l’affection à défaut de confiance à la cause des Martell de Lancehélion a refusé la trahison, préférant visiblement attendre un miracle dont ils pensent encore leurs Princes capables plutôt que de céder trop tôt à l’urgence de leurs maîtres.

Il est donc capable d’arrogance mais sans jamais perdre de vue un sens profond de ses responsabilités. Sa première préoccupation, cependant, n’a d’autre origine que celle de l’influence toujours grandissante de la foi, de ses croisades orchestrées à l’ombre de la Grande Tour de Villevieille. Ce pouvoir, qui ne semble connaitre de frontière et qui efface si habilement les rancunes de l’Histoire pour transformer des ennemis en frères de sang, mais aussi sa proximité avec la Citadelle dont il se défie, l’effraie et l’inquiète. Seul un souverain suffisament puissant, craint et respecté pourrait, selon lui, étouffer l’épanouissement dangereux des Septons dans la politique guerrière et diplomatique de Westeros. C’est donc orgueilleux et amer que Pál, suivant l’exemple de son ainé et Lord, se tourne désormais lui aussi vers la possibilité - sinon la nécessité- d’une alliance véritable.
Mais avec Dorne éparpillée entre peur et vengeance, bataille et angoisse, comment unir seulement ce territoire, que nombre jugent prochainement vaincu, vers un allié commun?
Déria Martell a pris le parti d'exciter le patriotisme de son peuple et de ses amis, mais le lustre noble de la résistance qu’il faudra inévitablement exercer n’efface pas l’exigence qu’elle demande à un pays bien mal pourvu pour l'héroïsme.

Les dorniens dit-on, doivent être fous. Rien de plus dangereux qu’un dornien raisonnable. C’est pourtant ce que sont les Forrest -dans une mesure toute de feu et de flammes. Raisonnables et fiers. Ils sont de cette race d’hommes implacables qui ne jugent que par les faits,  prêts à reconnaître leur défaite tout comme ils sont incapables de taire la faiblesse que la hardiesse des enfants du désert préfererait étouffer.
Toujours est-il que Pál doute de la constance de la loyauté des autres Maisons des Montagnes Rouges après tant de fléaux...Il sait la force du lien qui unit les fils des Météores, ou encore Ferboys au Soleil de Dorne, et s’il le remet en question, c’est moins par mépris que par souci quant à l'avenir de ces hommes qu’il admire.

Pour remplacer nos sanglantes querelles,
Un souffle peut encore tirer des étincelles
Du feu qui vit sans cesse au sein de ces climats,
Et qu'ont nourri trente ans de haine et de combats.

Voilà donc, me disais-je en le suivant vaguement des yeux, ce que c’est que Pál Forrest! Un visage à la douceur bonne à faire pâlir les bourgeoises! Un gamin à l’oeil malade, incapable de lire sans loupe! Tant et si peu! C’était lui qui devait donc être mon écuyer, l’aventure -comme tu le devines- ne tenait pas de l’enchantement. Mais j’acceptais pour l’amitié de sa mère, pour le prestige de sa lignée et dans l’espoir - que je sais désormais vain- de tirer de lui quelque miracle. [...]

Par un jeu hasardeux des Dieux, et sans doute par le travail auquel je l’ai soumis, il sera cependant chevalier, je te l’assure. Tu ne me crois pas? Je ne t’en voudrais pas si tel était le fond de ta pensée. Il existe en effet d'innombrables archers dont l' art donnerait un hâle d'amateurisme à sa pratique fâde, voire ordinaire. Mais si l'excellence, ou même seulement la maîtrise pleine et entière, est hors de sa portée, l'entraînement suivi lui garantit à ce jour de pouvoir, lui aussi, défendre un jour honorablement son foyer à défaut de  jamais pouvoir arracher la victoire à coups de prodiges; si seulement on ne craignait pas d’être victime plutôt qu’allié! J’en rirais comme tu le feras sans doute à la lecture de ces dernières lignes, si je n’en étais pas aussi amer.  Car aux tares sont venus s’opposer des talents, des plus incongrus pour certains. Très tôt il me fallut reconnaître chez cet enfant qui ne brillait jusque là que par un éclat étrange, que ce que ses yeux lui refusaient en manuscrits, son instinct, instrument bravache et implacable de l'esprit, le lui rendaient au centuple. De lui mentir, je m’en trouvais incapable et il dénichait dès l’enfance par je ne sais quel flair la bonté sous la méchanceté la plus aigrie, et le mauvais sang sous l’apparente séduction d’une gentillesse trop aisément et habilement donnée.
Mais à quel fin pourrai-je complimenter son père à ce rapport, lui qui voulut que j’en fasse un guerrier et non un garçon de salon! Il sera exaucé, pourtant; mais c’est un si mince succès…[...]








L’on donna à l’occasion d’un improbable rassemblement d’invités à Wyl, un tournoi improvisé aux jeunes écuyers pour les divertir d'un repas qui s’éternisait. Il y eut un instant de grâce où un garçon à la chevelure sombre défendit sa victoire avec tant de force qu’on sortit de table pour être témoin de ce qui forçait chez les adolescents un silence soudain, profond et vibrant. Autour de lui, tous les regards étaient fixes, toutes les bouches ouvertes et, en effet, tandis qu’il virevoltait, dansant comme les flammes, piquant comme un frelon du bout de sa lance, il était une créature surnaturelle. Parmi les visages que sa lueur teignait d’un écarlate envieux, il y en avait un qui semblait, plus encore que tous les autres, absorbés par la contemplation du combat. C’était Pál. Il n’était à cet instant qu’une figure d’homme, austère, calme et sombre. Mais dans ses yeux à peine plissés éclataient une jeunesse extraordinaire, une vie ardente, une passion profonde. Il les tenait sans cesse attachés sur le combattant, et tandis que ce dernier voltigeait au plaisir de tous, sa rêverie, à lui, semblait devenir de plus en plus sombre. De temps en temps un sourire et un soupir se rencontraient sur ses lèvres, mais le sourire était plus douloureux que le soupir. En cet après-midi d’été, il n’y eut pas d’âme plus fière que la sienne lorsque l’adversaire de son frère demanda grâce.









Il est maladroit à s’en tuer de honte. Son épée seule le sauve honorablement de la médiocrité. Mais gare, oui, gare à qui veut le désarçonner! Une fois à cheval il devient indémontable, et toutes les hésitations qui le brident à terre, disparaissent à hauteur de son coursier.


[...] Je ne sais si la mesure dans ses gestes, la lenteur de son pas -pourtant régulièrement ponctué de sursauts discrets lorsqu’il manque de trébucher par un obstacle infime- sont la clé qui lui donna la confiance des bêtes, auprès desquels il exerce une autorité naturelle. Les Sept me gardèrent d’en avertir le Lord Forrest, ou le garçon aurait fini aux écuries, ce dont, pourtant, je le soupçonnerais d’en être comblé, si je ne savais pas avec quelle force il aspirait à épouser la gloire naissante de son frère. S'il éprouva à maintes reprises ses talents dans l'élevage des coursiers, la seule nichée de volatiles qu'il eût jamais subtilisée au mestre fut irrémédiablement gâchée par son affection. Les oiseaux trop domestiqués n’ont jamais quitté les environs du Fief.









Dans le chuchotement familier des couloirs, la silhouette sombre du dornien s'avançait d'un pas sûr et à la cadence contenue. Son habit austère et ceinturé flottait contre ses jambes comme une ombre qui apparaissait et disparaissait au grès de sa marche. Portant sa main à son visage, il frotta ses yeux pour en chasser les dernières traces de fatigue, finissant son geste dans le réajustement de son turban.
“ Ser   Pál!  “ Le jeune homme se tourna à peine vers le vieillard qui venait d'apparaître, ainsi qu’il en avait l’habitude, au détour d’un couloir, à point nommé pour harponner celui à qui il entendait parler, vaille que vaille. D’une inclinaison  discrète du menton, le brun salua le Disciple de la Citadelle.
“Je me réjouis de vous revoir dans le château, vous savez combien vos escapades dans les montagnes sont pénibles à l’affection que je vous porte! Et ces orages qui ont frappé les sommets alors que vous chevauchiez par la crête! Heureusement, j’ai appris que vous étiez accompagné, et cela a  quelque peu atténué  mon inquiétude…”déclara-t-il en posant sa main épaisse sur le bras du brun.
Solennel et froid, l’attitude du chevalier ne laissa transparaître aucun trouble, si ce n'était la lueur amusée teintée d'amertume qui vint éclairer ses yeux lorsqu'il avisa la note  sournoise  alourdisant les paroles du Mestre -qui se voulait pourtant prévenant. “Aussi…” reprit le vieil érudit, après quelques minces secondes d’un silence suspendu,  sur un ton faussement léger qui camouflait mal le fait qu’il allait justement délivrer les questionnements qui, jusque là, lui brûlaient la langue: ”J’ai aussi entendu que vous avez porté à la beauté de ce territoire une attention toute particulière,  très particulière pour des jeunes gens en pleine possession de leur liberté. Certains diraient que vous auriez mieux à faire avec vos camarades à courir les tournois et les assemblées plutôt que d’enfouir  votre jeunesse dans l’établissement de cartes qui ne montrent rien d’autre que des sentiers de chèvres et des  parodies de  routes, trop dangereuses pour être empruntées…”
Le Mestre avait resserré ses doigts sur le bras du jeune homme, dans l’espoir d’obtenir la réponse qu’il ne parvenait pas à provoquer. Mais de l'enfant trébuchant était né un homme taiseux, qui n'avait gardé de l'enfance que l'énigmatique sourire patient et fin qui étirait constamment ses lèvres.
Silencieux de nature, il ne gaspillait pas ses mots, parlait peut et par sentence, et seulement lorsqu’il estimait que, se faisant, il ne gâcherait pas son souffle en futilités. Un mutisme opportun auquel le mestre s’était tant de fois confronté lors de leurs leçons. Cependant, les deux hommes n'avaient jamais été tant séparés que par le regard fataliste et discipliné, presque condescendant malgré sa douceur que le jeune homme posait devant lui, sans jamais sembler vouloir croiser celui de son interlocuteur lorsque ce dernier parla de nouveau.
“Bien évidemment une telle ambition n’étonne personne de la part de votre frère, mais qu’il vous pousse à le suivre dans un tel dessein pourrait paraître insensé, voire -sans vouloir vous offenser- risible, étant donné votre condition.”
Quiconque aurait observé la scène aurait pu témoigner de l’empathie toute paternelle dont le Mestre grisonnant tentait de couver son jeune protéger. Et si tous les évènements qui les avaient jamais liés ne pouvaient qu’encourager Pál à répondre positivement à ses intentions, un muscle crispé au fond de son âme l’en avait toujours retenu.
Depuis qu’Aaron avait reconnu dans ses difficultés de lecture la même affection de la vue qui avait autrefois éprouvé sa grand-mère, le chevalier était affligé d'une défiance aiguë envers les mestres et vivait depuis son adolescence dans la crainte constante d'être manipulé par eux. Leur savoir ne lui étant accessible que par la parole, l'exercice exigeait de lui une dévotion qu'il refusait d'éprouver, et tout son ombrage ressurgissait sans crier gare, crevant la chape noble de silence dont il se couvrait d'ordinaire, par une pluie de questions, sinon de contestations, jusqu’à refuser parfois en bloc des pans de l’Histoire qu’il soupçonnait d’être biaisés par la naissance Orageoise du Mestre qui les lui lisait. Souvent puni pour son audace, il s’était demandé alors combien de Lords avant lui avaient dû dépendre de ces hommes, et de leur savoir si férocement gardé. Rien au monde ne lui inspirait autant d'aigreur que la Citadelle et ses milliers de livres. Il était, selon Mestre Aaron, ‘ l'enfant le plus sceptique de toute la principauté, sinon du continent; et il n'était pas un mot qu'on put lui affirmer sans que l'on ne vit poindre dans son regard froid l'ombre bleue de la résistance.’
Toute cette répugnance, mêlée à l’irritation que provoquait chez lui le moindre soupçon renouvelé du Mestre quant à la dégradation inéluctable et progressive de sa vue, le hérissait dès lors que la voix suave du vieil homme parvenait à son oreille. Sa rage froide, dissimulée par des sourires affables, alimentait une aspiration à la grandeur ainsi qu’un désir ardent de bien faire, soigneusement drapé de la nonchalance propre à ceux qui ne refusaient pas la fatalité sans pour autant chercher à la vaincre outre mesure.
“C’était en effet l’idée de Belyar. J’ai énormément appris sur nos terres ces trois dernières années; et j’espère que l’on recommencera un jour prochain pour approfondir nos recherches et perfectionner la cartographie. Peut-être nous accompagnerez-vous alors? Nous n’aurions que trop besoin de votre science dans ces terres accidentées.  “lâcha-t-il soudain d’une voix plate” Je crois que cela vous plairait. Rôder constamment dans les couloirs de la forteresse doit vous être devenu ennuyeux après toutes ces années.” acheva-t-il sur un sourire léger, se délestant  ensuite habilement de la compagnie du vieux mestre, se gardant bien de préciser à ce dernier qu’il était lui-même incapable de lire les cartes auxquelles il avait consacré  près de trois ans de sa vie.








Le silence s’était fait sur la vallée, qui, bien que reconnue en tant que telle par ses rares habitants, n’avait rien de l’apparence ni du relief d’une combe et ne prévalait de ce nom que par un chemin un peu plus large que ceux que l’on rencontrait d’ordinaire dans la région. C’était l’heure où l’aube tirait ses premières flèches roses dans le ciel du matin gris , l’heure à laquelle la gent, armée ou paysanne, retrouvait la charge qu’elle avait abandonné la veille au soir. Perdue au coeur de la montagne endormie, seule la lueur d’une fenêtre perçait l’ombre paresseuse des rochers. Dans l’encadrement, quelques silhouettes occupées se détachaient au coeur de la pénombre sans paraître bouger; frémissant à peine, elles semblaient immobiles. L’une d’elles, en tout-cas, l’était. Droit et patient, le berger tenait ses bras croisés sur sa poitrine frêle, plongeant son regard âpre et doux quelque part entre la réalité qui se tenait sous ses yeux et un monde qui n’appartenait qu’à lui.  Les deux autres silhouettes étaient assises de part et d’autre d’une table basse, installées sur des tapis de crins posés à même le sol terreux, penchées sur leur nourriture; Des hommes forts, mais amoindris par un important voyage, dévorant un repas dont ils s’étaient apparemment languis. Leurs épaules protégées de cuir et d’acier revêtaient les reflets rougeâtres des murs lorsqu’elles n’arrachaient pas des éclats de lumière à la seule bougie qui éclairait la pièce austère. A l’ombre d’une porte, des marmots agglutinés observaient les étrangers dont leur père s’était fait l’hôte dans la nuit.  Aucun mot ne traversait les souffles. Pourtant, lové dans les prunelles noires du fermier, le demi-jour révélait la préoccupation qui habitait ces pensées profondes qu’il taisait, son esprit humble bridé par le respect. Seul son front aurait révélé à quelque observateur attentif son tourment car, candide et serein jusque-là, il s’était soudain troublé par sa pensée; comme un miroir sous une haleine.
Le Lord était mort. On l’avait retrouvé pendu. Son corps, disait-on, était, lorsqu’on l’avait décroché, perclu de sévices, autant de preuves que l’on avait continué à rechercher sa souffrance bien après qu’il eut succombé à ses blessures premières. De la barbarie née du pire des fléaux que l’homme put s’infliger à lui-même: celui de la peur et de la suspicion. C’était un serment de haine vieux de plusieurs siècles qui sévissait de part et d’autre de la frontière, et qui avait scellé le sort du seigneur, abattu par les bieffois.

'Les Morts sont vivants' se répétait tristement le vieil homme, dans une litanie résignée, en triturant le lin épais qui ceinturait sa tunique. Mors Forrest...Avait-il seulement combattu, ou était-il mort dans des exclamations de détresse et de rage, égorgé par la meute assoiffée de sang? Mors n’avaient jamais retenu sa langue lorsqu’il s’agissait de promettre leur juste sort à ses ennemis, mais, s’il en jugeait par ce que l’on rapportait, le fermier pouvait deviner que les hommes de Hautjardin non plus n’avaient jamais oublié comment le règne des Forrest avaient été baptisé. Emportés par leur morgue, nobliaux et paysans s’étaient aussitôt mêlés en groupes clandestins pour répondre au sang par le sang. 'Fichues razzias', jura-t-il dans sa barbe éparse. Le visage fermé, le dos raide, ce dernier subissait la présence de ses hôtes sans se cacher de la peine qu'il avait à la supporter. Il ne semblait rien exprimer  si ce n'était la plus vive antipathie. Aucune peur, aucune colère, mais le simple désir impérieux d'être seul; d'être tranquille et que ces hommes de bataille s’éloignèrent le plus vite possible de son  si vulnérable foyer. Cependant, aucun homme, aussi petit ou insignifiant fut-il, ne comprenait la vengeance comme un dornien. Ainsi souffrait-il en silence cette épreuve, pour cette même fierté dont son jugement fiévreux accusait ses invités. 'La guerre, bientôt la guerre.' Pensait-il, fataliste.' Offenseurs, offensés, innocents...Bientôt la guerre, rien que la guerre. Les Morts sont vivants.'
Le peuple n’avait pas droit au chapitre dans la politique entière et rancunière des Lords de la Tombe-du-Roy, toujours est-il qu’en regardant les cavaliers finir leur pitance, le vieux fermier ne pouvait se retenir de penser sombrement à l’avenir. Dans son esprit soucieux se dessinaient les silhouettes de deux hommes, ces fils que son Lord et maître avait abandonné au monde portaient-ils eux aussi en leurs coeurs abrupts l’amertume propre à ceux dont le sang fut un jour privé de sa couronne?  Discipliné et appliqué, ses yeux se fermèrent doucement tandis que ses lèvres commençaient à esquisser les prières qu'il ne ferait que murmurer, oubliant sciemment le temps d’un repas béni des Dieux le crime dont les deux soldats s’étaient rendus coupables pour venger leur patrie. Le chant de quelques oiseaux nichés sur les corniches des hautes falaises qui embrassaient la gorge de pierre fusa soudain dans l'air. Léger et subtil, le son éclata en écho contre les murs, résonnant dans le creux froid de la voûte éclairée de lumière.