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 Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]

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MessageSujet: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyMar 21 Aoû - 0:58

Là où les rituels s'installent vite, il semble possible de les voir se déliter tout aussi promptement, si ce n'est même plus rapidement. D'ordinaire, une petite foule de servantes ne manquait jamais de s'affairer pour prendre soin de Megara dès le réveil, en lui versant un bon bain chaud, en l'aidant à s'habiller, en la coiffant, en la maquillant, et en s'assurant qu'il ne lui manquait rien dès le réveil. Avant leur intervention à toutes, il y avait eu une fille de cuisine, pour monter le petit déjeuner de la jeune femme, encore chaud et bien fumant. Mais Megara avait tourné le dos à tout ceci, ou presque. Le premier matin ... Le premier matin après que Lyman soit venu lui annoncer la terrible nouvelle et qu'elle se soit effondrée en pleurs intarissables dans ses bras, non sans lui avoir labourer le torse à coups de poings, personne n'était venu la réveiller. Du moins aucun membre du personnel domestique n'était venue s'occuper d'elle, et cela avait été aussi bien comme cela. Le second matin, c'était Gareth qui s'était chargé lui-même d'éconduire la fille de cuisine venue leur porter leur petit-déjeuner. Ou tout du moins Megara pensait-elle qu'il en était ainsi, car elle avait souffert d'une légère fière due à son chagrin immense, de quoi brouiller son esprit et sa lucidité pour quelques minutes après son réveil. Et depuis ... Depuis, c'était Intrépide qui bondissait du lit pour feuler sur la première personne qui s'aventurerait à vouloir pénétrer dans la chambre. On leur laissait tout ce dont ils avaient besoin à disposition dans l'anti-chambre de leurs appartements, et seule Enorya recevait parfois l'autorisation de venir épauler Megara. Enorya Crakehall, cousine de Jordane, que cette dernière avait expressément faite venir de leur fief natal à toutes deux pour servir auprès de la jeune femme en tant que Dame de Compagnie.

Megara était capable de se coiffer seule, bien qu'elle allait moins dans la sophistication qu'à l'accoutumée, sans nul doute. La coiffure n'était pas son métier, et il semblait toujours plus compliqué de se coiffer seule plutôt que de s'en remettre à des mains externes, surtout quand ces dernières étaient bien plus expertes que les vôtres en la matière. Mais cela ne faisait rien. La jeune femme n'avait nullement envie de marcher dans les pas de ce qui lui était habituel, car sa vie était bien trop bouleversée pour qu'elle feigne que tout allait bien, que rien n'avait absolument pas changé pour elle. Pour enfiler ses vêtements, en revanche, c'était bien plus compliqué, et c'était le pauvre Gareth qui devait l'épauler, lorsque Enorya n'était pas là. Dans tous les cas, la jeune femme savait, et de loin, que, si elle s'écoutait, elle ne quitterait pas son lit. Qu'elle laisserait ses cheveux s'emmêler encore et encore, et qu'elle n'accepterait d'ôter sa chemise de nuit qu'une fois celle-ci en mesure de tenir debout toute seule par la crasse et les larmes. Mais elle ne pouvait se laisser aller de la sorte. Sa mère ne le permettrait pas. Loren en aurait le cœur brisé. Lyman ne verrait là qu'une raison de plus de s'enfoncer dans sa culpabilité, quant à Gareth ... Gareth continuait de lui faire livrer des fleurs, tous les matins, l'un des seuls rituels qui n'avaient pas failli sous le coup du deuil et de la tragédie. Gareth ...

Présentement, c'était comme si son miroir était devenu tout à la fois son meilleur ami et l'un de ses pires cauchemars. Face à lui, elle ne pouvait que mirer sa tristesse et son chagrin, le désespoir dans son regard. Elle ne pouvait pas passer à côté de ses traits tirés, après avoir encore passé une nuit mouvementée. Une nuit au sein de laquelle elle avait encore cauchemardé, rêvant de Nymeria, riant aux larmes dans ses songes, et éclatant en sanglots en se réveillant brusquement, alors que le rire mutin et presque enfantin de sa sœur résonnait encore à ses oreilles, en écho à ce rêve qu'elle venait de faire, ce rêve où sa cadette était en vie, et révélait que tout ceci n'était qu'une mauvaise farce mise en place par Sharra Arryn pour duper l'Empire, le Tigre, et elle ne savait encore trop quel belligérant. Mais cela n'arriverais jamais, car Nymeria n'était plus. En parallèle, la jeune femme se doutait qu'elle avait dû perdre un peu de poids, son visage s'étant quelque peu aminci. Mais, malgré tout, oui, son miroir demeurait un ami de taille. Car lorsqu'elle pleurait, il ne riait jamais. Ne lui adressait pas ses sincères condoléances, ne la prenait pas en pitié, ne prétendait pas être exagérément éprouvé. Gareth non plus ne riait pas. Et il ne parlait pas, ou si peu. Cessant un instant de tresser ses cheveux, la jeune femme argua un regard en direction de son époux, avant de poser sur sa coiffeuse les quelques épingles qu'elle tenait dans ses mains. Le bruit du siège qui frotte sur le tapis fut presque imperceptible, pas de quoi réveiller Intrépide, qui menait la garde depuis le nouveau quartier général qu'il avait négocié, au pied du lit. En prenant appui d'une main sur le dossier, Megara se leva, supportant de l'autre main le poids de son ventre, avant de s'avancer en direction du balcon, faisant face aux flots de la Mer du Crépuscule, appuyée contre l'embrasure de l'une des portes. Une légère brise venait se glisser dans ses cheveux, tout en rabattant par endroit le tissu de sa chemise tenue tout contre sa peau. C'était qu'elle n'était point encore habillée. Et les températures ne cessaient de diminuer, créant quelques phénomènes météorologies peu habituels dans les Terres de l'Ouest, comme ce lever de soleil, dont les couleurs étaient comme distordues, à travers la brume. Nymeria aurait adoré cette vue. ...

    ❧ J'ai encore rêvé d'elle, cette nuit, mais tu t'en doutes sûrement. Après tout, je me suis réveillée cramponnée à toi. ❧ Elle ne se retournait pas pour le regarder, et ne hausser pas plus que cela la voix. ❧ C'est à croire qu'elle n'est plus là où elle était, mais qu'elle est partout là où je suis. ❧ Elle ignorait s'il l'entendait, et ne savait même pas si, dans le fond, elle ne cherchait pas à se parler à elle-même. Cependant, visiblement, cela ne l'empêchait pas d'enchaîner, malgré tout. ❧ Je voudrais être en colère, tu sais, si cela me permettait de ... D'aller de l'avant. ❧ Elle marqua un temps d'arrêt, respirant un bon coup, avant de reprendre. ❧ Je voudrais être en colère. Contre la Mère, pour ne point l'avoir épargnée. Contre le Val, pour ne point l'avoir protégée. Contre mes parents, pour l'avoir mariée si jeune. Contre Lyman, pour m'avoir tant faite souffrir en m'annonçant cette terrible nouvelle. Contre toi, aussi ... ❧ Cette fois-ci, elle se tourne de trois quart vers lui, cette main toujours posée sous son ventre, en renfort. Et elle le voit, le regarde, sans chercher un point fixe au-dessus de l'une de ses épaules, pour s'y perdre. Cela aurait sans doute pourtant été tellement plus facile ... ❧ Contre toi, parce que tu ne me confie rien de ce que tu as sur le cœur ... Nous avons pris des engagements devant les Sept lors de notre mariage. En tant que mari et femme, nous nous sommes promis d'être honnête l'un envers l'autre, de ne point nous mentir et de ne point craindre de s'ouvrir de ses peines et de ses craintes. Mais tu ne veux rien me confier, ces derniers jours. J'en viens à déraisonner, à me demander si elle te manque vraiment, à toi aussi ... Je voudrais être en colère contre toi, contre tout le monde, contre quelqu'un, mais je ne peux pas ... Je n'y arrive pas. ❧ Un frisson la parcourut, à mettre sur le compte de la fraîcheur autant que de l'émotion qui la transperçait, sans doute. ❧ Je voudrais être en colère. Je voudrais être en colère, parce que c'est la troisième phase, la dernière phase, dans cette valse à trois temps, vieille comme le monde, dans cette danse de ceux qui restent, celle du deuil. Mais, non, je n'y arrive pas. La sidération est passée, et je ne parviens pas à me défaire de la culpabilité. Parce que ... Parce qu'à cause de moi, tu es obligé de rester à mon chevet. Et parce que, initialement, c'est moi qui aurait dû épouser Ronnel. Et donc moi qui aurait dû périr. ❧


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Megara Lannister
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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyMar 21 Aoû - 19:14

Quand j’étais enfant, je trouvais que le temps ne passait jamais assez vite. J’étais toujours trop jeune pour faire ceci, il me fallait attendre une journée pour faire cela. C’était agaçant. Vraiment. En grandissant, j’ai parfois eu le sentiment que le temps m’échappait, que je n’arrivais pas à faire tout ce que je voulais. Et maintenant ? Le temps semble avoir perdu toute importance. La seule chose qui semble prouver que les jours passent sont les ventres de plus en plus arrondis des femmes qui m’entourent. Et le visage de plus en plus aminci de mon épouse, qui ne goûte guère les plats qu’on lui apporte. Elle essaie pourtant de manger, je le sais bien, je le vois bien. Mais elle se force. Comme pour tout le reste. Peut-être qu’à force de faire mine de vivre tous les jours, nous recommencerons comme avant. J’essaie de m’intéresser aux affaires de la Cour, même si celle-ci semble tout aussi en suspens que le reste de la famille Lannister.

Comme si le temps n’avait plus aucune prise sur nous. Comme si la mort de Nyméria avait fait s’arrêter chacune des pendules du château et que nous ne pourrons jamais atteindre la minute suivante. Depuis que c’est arrivé, j’ai le sentiment de fonctionner comme une marionnette. Les fils s’agitent, me donnant juste ce qu’il faut de mouvement pour avoir l’impression d’être en vie. Mais je ne souris plus vraiment. Le masque que j’arbore devant les autres est d’une neutralité déconcertante qui vaudrait presque la froideur et la distance de Meg. Qu’elle ne fait tomber qu’en ma présence, quand elle est trop épuisée pour continuer. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû la serrer dans mes bras parce qu’elle pleurait, où j’ai dû fredonner je ne sais quelle ballade pour qu’elle arrive à retrouver le sommeil. J’ai même appris à l’habiller, pour qu’elle n’ait pas trop à supporter la présence de regards apitoyés sur elle.

Au moins, je n’ai pas à me focaliser sur mon propre chagrin. Je l’ignore soigneusement depuis que Lyman me l’a dit, j’essaie de ne pas penser à elle, à ce qu’elle a pu être pour moi. Enfin, j’ai réussi à le faire jusqu’à hier, jusqu’à ce que je croise Jeyne. Et là, tout semble s’être comme fissuré d’un coup. Peut-être parce qu’elle est touchée moins directement parce qui arrive, parce qu’elle me connaît un peu trop bien. Peu importe dans le fond. Je sais juste que j’ai commencé à lâcher prise et que je ne suis pas sûr d’être de nouveau à même de faire comme si je tenais bon. Pourtant, j’essaie, depuis des jours, pour Meg. Parce que son chagrin est déjà trop lourd à porter pour elle, je n’ai pas le droit de lui rajouter le mien. Parce qu’elle est déjà perdue et que je ne veux pas la perdre davantage. Peut-être parce que j’ai peur qu’elle n’aime pas me voir aussi faible, je ne sais pas.

Le jour se lève à peine alors que je sens qu’elle quitte le lit. J’ai un froncement de sourcils, entrouvrant les yeux alors qu’elle s’éloigne et s’arrête à l’embrasure de la porte, en direction du balcon. Je me redresse à peine, frissonnant alors que je repousse la couverture et je la fixe, arrivant à trouver un peu de réconfort alors que j’ai sous les yeux sa silhouette qui se dessine à contre-jour. Son ventre s’arrondit de plus en plus et j’ai la chance d’être là pour le voir. Même si ça ne fait que m’effrayer encore plus quand je repense à sa sœur. Mais elle et là et tout va bien. Pour le moment. Tout à l’heure, on frappera à la porte. Avec ses fleurs quotidiennes et de quoi manger. Elle va picorer dans le plat, plus pour me faire plaisir qu’autre chose et elle se fera une tresse sans grande conviction. Et nous continuerons, un jour de plus. Jusqu’à ce que ça aille mieux. Je suppose.

Je sursaute quand elle finit par rompre le silence, grimaçant à ses paroles. Elle s’est effectivement réfugiée dans mes bras en pleurs au beau milieu de la nuit, comme à l’accoutumée. Je l’ai gardée contre moi sans rien dire, attendant qu’elle se rendorme, effleurant doucement ses cheveux pour la calmer. J’ai un sourire triste sans même m’en rendre compte alors qu’elle met les mots sur ce que je ressens quant à la présence de sa sœur. Mais, au reste de ses propos, je me fige, incapable de dire ou de faire quoi que ce soit pour l’interrompre. Et je baisse les yeux, fixant mes mains alors que chacun de ses mots me touche, bien plus que je ne suis prêt à le reconnaître. Mais je finis par relever la tête vers elle quand elle finit, soufflant un « non... » à peine audible. Pas ça, surtout pas ça. Pas elle. Je me redresse et j’attrape un pantalon que j’enfile rapidement pour me rapprocher d’elle, torse nu et complètement échevelé. Pourtant, je m’arrête juste à portée de main. Il me suffirait de tendre le bras pour effleurer sa joue, même si je reste immobile, sans prêter attention au froid. « Ne dis pas ça. Ne dis jamais que tu aurais dû périr. C’est… ne le redis pas. Je t’en prie. » Je me suis fait plus sec que je le voudrais mais cette idée me fait paniquer. Et je me frotte le visage à deux mains avant de reprendre. « Je ne suis pas obligé d’être à ton chevet. Je… c’est probablement la seule chose de bien que je fais ces derniers temps... » Je soupire, avant de laisser filer un silence et de m’avancer un peu plus vers le balcon. Et je souffle, dans un murmure. « Elle me portait constamment sur les nerfs. A me questionner sans cesse sur tout et n’importe quoi. A vouloir tout comprendre, même quand je n’avais aucune explication. Je ne me souviens plus du nombre d’histoires que j’ai dû inventer pour la satisfaire. Parce qu’elle me regardait avec le menton relevé et les bras croisés, avec cette même mine que tu as parfois quand tu es agacée, en attendant que je m’exécute. Quand j’étais loin et que j’oubliais de lui écrire, elle m’envoyait un corbeau pour me demander si on m’avait coupé les mains. Je... » Ma voix s’éteint d’elle-même alors que je fixe l’horizon, les bras croisés. Je déglutis tant bien que mal avant de reprendre, d’un ton plus haché. « Tu as le droit d’être en colère contre moi. Mais c’est… trop dur. Je n’ai pas envie de dire que j’ai perdu une sœur. Je ne veux pas que ce soit réel. Et je n’ai pas le droit de penser à ma peine… je dois penser à vous d’abord. C’est… mon rôle. Si je ne le remplis pas, qu’est-ce que je deviens ?» Je ne me rends même pas compte que je tremble, mais ça doit être uniquement parce que j’ai froid non ?

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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyMer 22 Aoû - 0:38

Megara n'avait jamais fait montre d'une faiblesse pour la mélancolie et les émotions négatives. Elle était d'ailleurs celle à l'humeur la plus égale dans le positivisme et la naïveté, parmi sa fratrie. Une fratrie aujourd'hui bien réduite, là où il ne lui restait donc plus que son frère aîné, Lyman. Lorsqu'ils étaient plus jeunes, il était assez régulier que Lyman se renfrogne quelque peu face à certaines attentes que l'on faisait reposer sur ses épaules. Nymeria, quand à elle ... Oh, Nymeria ... Nymeria se serait sûrement bien plus satisfaite de conditions plus modernes et égalitaires pour les femmes, mais que l'époque et l'environnement dans lesquels elles vivaient n'avaient jamais permis à la jeune femme d'accéder à ce qu'elle désirait. Megara, en tant que la plus paisible et la plus docile, ne s'était donc jamais laissée réellement aller à des extrémités boudeuses, et au sein de sa Lignée, tout un chacun savait bien qu'elle pouvait faire montre d'un peu trop de naïveté et de crédulité. C'est pourquoi, aujourd'hui, elle n'était sans doute plus vraiment égale à elle-même. En temps normal, les dernières semaines d'une grossesse étaient connues pour être parmi les plus éprouvantes, à ce que le Mestre lui en avait dit. Mais là ... Elle passait beaucoup de temps à dormir, mais tout ceci était très peu réparateur, car ses songes étaient tortueux, noirs, tristes, mélancoliques et éprouvants. Elle revivait encore et encore des moments de bonheur, du temps de l'enfance, pour se réveiller et réaliser que tout ceci appartenait au passé et ne pourrait plus jamais se reproduire, et plus jamais être partagé avec sa cadette. Elle cauchemardait sur le trépas de sa sœur, dont on lui avait épargné les détails, alors que son esprit cherchait tout de même visiblement à boucher les trous et les zones d'incertitude et de méconnaissance. Elle délirait de futurs qui étaient redoutables et terribles, se voyait même parfois elle-même subir le même sort que Nymeria.

Elle ne s'étalait pas vraiment sur le contenu de ses rêves et gardait tout ça pour elle, même auprès de Gareth. Ce dernier n'avait de toute façon sans doute pas besoin qu'elle dise quoi que ce soit pour comprendre qu'elle était terrorisée et éprouvée par ses songes. Elle se réveillait souvent, se blottissait tout contre lui, enfonçait parfois ses ongles jusque dans sa peau comme pour s'assurer qu'il était bel et bien là, et qu'il n'irait nulle part. Elle trempait son torse et sa chemise à force de pleurer. Et lorsqu'elle s'endormait enfin d'épuisement, elle se réveillait parfois avec une fièvre tenace, des pensées troublées et un mal de dos dû à une position contraignante qu'elle avait dû prendre dans son sommeil, sans s'en rendre compte, pour apaiser son futur enfant et lui agréer. Elle voulait remonter la pente, elle savait également qu'elle le devait, mais présentement, cela lui semblait impossible, et c'était comme trop lui en demander. Elle ne manquait pas à ses obligations princières quand elle le devait, et n'avait point déçu la Couronne à ce propos. Alors, ce qu'elle faisait en privé, ou plutôt ce qu'elle était encore incapable de faire une fois dans ses appartements, et bien cela la regardait, et personne n'était venu l'importuner à ce sujet, malgré quelques petits conseils bienveillants. Elle savait qu'elle devrait plus s'alimenter. Mais elle n'en avait plus le goût, pas plus pour la nourriture que pour les arts. Et une profonde tristesse qui l'envahissait alors qu'elle s'adressait à son époux autant qu'à elle-même. Pour l'une des premières fois sans doute, elle avait en partie mis des mots sur ce qu'elle ressentait, et, visiblement, cela ne laissait point tant Gareth de glace, bien qu'elle n'avait absolument pas voulu provoquer une telle réaction de sa part, alors que c'était sans doute l'une des premières fois qu'il s'adressait à elle sur un tel ton.
    ❧ Pourquoi ? Parce que je n'aurais pas mérité ça ? Nymeria non plus n'a pas mérité ce qui lui est arrivé. Mais les Dieux ... Nymeria a pris ma place au Val, et, quoi, les Sept ont choisi de me punir pour ça ? Ils ont vu que tu me rendais heureuse, et Ils ont voulu se rappeler à mon souvenir ? ❧
Elle l'observait, sans le juger sur son apparence quelque peu échevelée, et loin de celle que l'on pourrait attendre du mari d'une princesse. Mais ici, en ces appartements, dans cette chambre, ils étaient entre eux, et rien qu'entre eux. Et ils avaient convenu il y avait déjà plusieurs mois de cela qu'ils n'avaient pas à tant respecter les règles et les conventions des titres et des obligations honorifiques dès lors qu'ils franchissaient les portes de cet espace qui leur appartenait et constituait, sans doute, leur refuge, leur havre de paix. Mais, dans le même temps, contrairement à son habitude, Megara ne chercha pas à remettre un peu d'ordre dans la chevelure de son époux, et ce malgré le fait qu'elle y voyait encore ce fameux épi habituel. Finalement, et de loin, elle préfère l'observer sans s'attarder sur le manque de bienséance qu'il pourrait présentement avoir. De toute façon, sans doute n'est-elle pas en reste elle non plus ... Tout comme le fait que, elle aussi, elle était en mesure d'évoquer l'un de ses propres souvenirs avec Nymeria, cette disparue qui leur manquait déjà temps, et dont le trépas avait faire naître une peine immense dans leurs cœurs à tous deux.
    ❧ Oh, cette mine, oui ... Tu sais qu'elle me l'a empruntée, comme elle disait, en prétextant qu'elle en ferait un bien meilleur usage que moi ? ... J'ai mis du temps à réaliser à quel point elle pouvait agir par mimétisme avec moi aussi. Je m'étais toujours dis que j'étais bien trop calme, docile et raisonnable pour qu'elle prenne modèle sur moi pour certaines choses. ❧ Elles s'étaient toujours bien entendues, c'était indéniable. Et avec le temps, alors que la différence des années séparant leurs naissances respectives était devenue de moins en moins visible physiquement, leur propre grand-mère, la Reine Douairière Arcissia, s'était mise en dire qu'elles étaient les deux pendants d'une même pièce, telles un seul être qui se serait scindé en deux entités différentes mais complémentaires. ❧ Nous étions censées nous revoir, une fois que la situation géopolitique continentale serait redevenue plus stable. Elle m'avait fait promettre que, s'ils le demandaient, notre enfant et le sien pourraient dormir dans la même chambre, comme nous le faisions parfois nous-même toutes deux, persuadées que nos parents n'en sauraient rien. Nous étions censées nous extasier sur leur énergie, et leur tendance à nous causer bien des tourments, afin que nous puissions pleinement réaliser les déboires que nous avions, en notre temps, pu faire connaître et subir à nos propres parents. Enfin, surtout elle ... ❧
Un instant, la jeune femme croit voir en Gareth un jeune homme qui commence quelque peu à fendre l'armure. C'était un peu comme ... Un peu comme placer son regard sur un mur, et commencer à entrapercevoir un rayon de soleil transparaître par une petite faille. Et, oh que oui, elle voulait tant gratter, s'abimer les yeux à force de chercher à désolidariser deux pierres afin d'agrandir la faille, mais encore fallait-il en avoir la force, justement. Dans le même temps, elle se refusait à imposer quoi que ce soit à son époux, car lui forcer la main ferait naître encore plus de culpabilité en elle. Elle voulait que cela vienne de lui, pour égoïstement être assurée qu'il tenait ses engagements, et qu'il se comportait naturellement, et avec franchise, et non pas par obligation, en enfilant un rôle, rien que pour lui plaire, lui convenir et l'apaiser. Était-ce trop demandé ? Était-ce là un désir égoïste, narcissique et autocentré ? Faisant un pas dans sa direction, un instant, cette main qui soutient son ventre s'aventure dans les airs, mais n'ose se poser sur l'une des épaules de Gareth, retombant alors avec douceur, et poussant la jeune femme à la refermer, en serrant quelque peu le poing. Elle lui impose déjà tant de contacts physiques, dans leur couche, quand elle a besoin de le savoir tout près d'elle après une terreur nocturne ...
    ❧ Je n'y arriverai pas ... A être en colère contre toi, parce que ... Parce que tu l'as perdu, toi aussi. ❧ Une larme solitaire, lourde et brûlante, glisse alors doucement le long de sa joue, sans que la jeune femme ne cherche à la faire disparaitre. La vérité était si cruelle à admettre, et encore plus cruelle lorsqu'elle se trouvait être formulée à voix haute. ❧ Ton rôle ... Plus que jamais, il nous faut assurer nos rôles, n'est-ce pas ? Faire honneur à la Couronne, être à la hauteur de nos responsabilités, c'est ça ? ❧ Un coup au ventre, suivi de son écho, la fait grimacer, avant qu'elle ne ferme les yeux un instant pour ensuite observer elle aussi de nouveau l'horizon. ❧ Tu es bien plus fort que moi, parce que ... Je n'arrête pas de penser à ma peine, et c'est comme remplir un verre qui déborde déjà. Et je n'arrive même plus à ... Je n'arrive même plus à suivre correctement toutes les recommandations du Mestre, et j'ai tellement peur de mettre en danger notre bébé, mais ... Mais j'ai si mal. Au cœur, à l'âme, et ... Et je ne sais même pas ce que j'attends de toi ! Je veux dire ... Tu es là, tu ne me fuis pas, tu ne ... Tu ne m'intoxiques pas par des remontrances, tu ne me secoues pas pour que la raison me reprenne, tu ... Tu es là, mais dans le même temps, tu n'es pas vraiment là ... Et j'ignore ce qui adviendrait de toi si tu t'autorisais à vivre toi aussi pleinement la perte de notre Nymeria, mais je sais que ... Je sais que tu n'es présentement pas le Gareth que je connais, et sans doute encore moins celui qu'elle aimait tant. Et j'ai l'impression que tu te fermes peu à peu, sans t'en rendre compte, en t'enfermant dans des automatismes, et ... ❧ De nouvelles larmes viennent perler sur son visage, alors qu'à l'intérieur, elle affronte, pendant plusieurs secondes, une démonstration de coups, la faisant serrer la mâchoires un instant. ❧ Et si ... Et si, finalement, j'arrivais à être en colère, à passer au stade suivant, pour découvrir que c'est à elle que j'en veux plus que tout, parce qu'elle n'avait pas le droit de me laisser ?! Ce n'est pas normal, je suis la plus âgée de nous deux, j'aurais dû ... C'est elle qui aurait dû me perdre, quand nous aurions toutes deux été les aïeules de dizaines d'arrières-petits-enfants. Elle aurait dû pouvoir se moquer de mes petits cheveux blancs, ou se réjouir du fait que nos enfants tiennent plutôt leur caractère de toi. Elle aurait dû être celle de nos deux qui marque l'Histoire, et qui traverse les âges dans les mémoires ... ❧


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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyDim 26 Aoû - 0:03

Quand mes parents sont morts, ils ont tous été compatissants. J’ai partagé une peine difficile à définir avec ma cadette, ayant perdu des personnes que j’avais aimées mais avec qui je n’avais jamais vraiment vécu. Je me souviens m’être senti coupable d’avoir été si distant avec ma famille de sang mais j’avais été incapable de faire autrement. Et aujourd’hui ? Une part de moi se sent coupable d’être infiniment triste d’avoir perdu Nyméria, bien plus que pour mes parents. Et l’autre se contente d’avoir envie de hurler, de détruire ce qu’elle peut pour passer mes nerfs, pour me donner l’impression de ne plus être enfermé entre quatre murs. Je n’arrive pas à me défaire de cette sensation et me retrouver confronté à Meg n’arrange en rien les choses.

Parce que les premières paroles qu’elle prononce me font mal. Elles me font peur et, l’espace d’une seconde, je me surprends à craindre les prochaines semaines, à appréhender une naissance qui, jusque-là me laissait plus curieux et impatient qu’autre chose. Je me fais plus sec, un peu trop peut-être, mais j’ai du mal à m’exprimer autrement sur le sujet. « Ce n’est pas parce qu’elle ne l’a pas mérité non plus qu’il doit t’arriver quelque chose. En quoi les Sept auraient décidé de te punir ? Tu n’as rien demandé bon sang ! Tu n’as pas à subir quoi que ce soit. Et encore moins à le payer de ta vie. » J’ai prononcé ces derniers mots dans un murmure, comme si le dire trop fort risquait de nous porter malheur.

Mais le souvenir de Nyméria se fait trop présent, trop cruel pour continuer de l’ignorer. Même si la douleur est là, je ne peux m’empêcher de sourire à ce qu’elle évoque. « Elle t’adorait. Elle voulait être une princesse comme toi, même si elle ne l’a reconnu que tout récemment. Pour être à la hauteur du rôle qui l’attendait. » C’est encore pire de le dire à haute voix, de songer à cet avenir dont elle rêvait et qu’elle n’a fait qu’effleurer. Je soupire alors que Meg continue, mon regard se perdant un instant à regarder l’horizon avant que je ne finisse par froncer les sourcils. « J’aurais adoré ça. Nos enfants partageant une chambre et discutant jusqu’à ce que le jour se lève. Ils auraient joué ensemble pendant que vous vous seriez rappelé les mésaventures de notre enfance et que je me serais contenté de sourire en vous écoutant. » J’avais songé plus d’une fois que nous pourrions aller rendre visite à Nyméria dans le Val. Plus tard. Quand tout serait calmé. Et maintenant ? J’en viens à me demander si les choses se calmeraient un jour. Tout en réalisant qu’en cet instant précis, je m’en moque totalement.

Et la fissure qui a commencé à se creuser en moi se fait un plus large. Mais je ne sais pas si je suis prêt à ce qu’elle me voit comme ça, si je me sens capable d’affronter la situation sans cet espèce de mur que je m’efforce de tenir à bout de bras. Je vois qu’elle tend la main vers moi et quand elle retombe, je sens une pointe de regret m’envahir. J’aurais aimé qu’elle me touche, pouvoir me raccrocher à elle et laisser enfin tout cela s’écrouler. Au lieu de cela, j’inspire longuement, essayant de ne pas me laisser submerger alors qu’elle reprend la parole. Et je hoche la tête, incapable de lui répondre. Moi aussi je l’ai perdue. Ma petite sœur de coeur, que j’ai vu grandir, que j’ai taquiné, que j’ai été heureux de voir partir parce qu’elle allait vivre le rêve de sa vie.

Mais, quand elle continue, jJe secoue la tête, le regard perdu dans le vide. « Non… tu ne.. ce n’est pas que tu ne comprends pas. C’est… Je me moque de mon rôle à la Cour. C’est mon rôle auprès de vous. Je suis un homme de l’ombre Meg, je veille sur vous depuis toujours. Je dois… oublier ce qui me touche directement pour m’occuper de vous. » Je n’avais encore jamais abordé aussi directement ce sujet avec elle. Et pourtant, c’est une évidence non ? Depuis que je suis enfant, suis cantonné à suivre Lyman, à le seconder, à le conseiller. Mais jamais à être dans la lumière. Et je m’en suis toujours moqué en vérité, je n’aime pas cela. Pour autant, c’est un sujet que l’on aborde jamais vraiment. Je laisse filer un silence quand elle reprend, laissant filer un rire sans joie à ses propos. « Je ne suis pas fort. Je n’arrive plus à m’intéresser à rien, je n’arrive même pas à m’occuper de toi correctement alors que je lui avais promis de le faire... » Et je déglutis, incapable de répondre au reste. Elle a probablement raison, je suis là sans vraiment l’être. Parce que je ne m’autorise pas à être triste, que je considère que je n’ai pas le droit. Pas encore. Quand elle ira mieux, peut-être. Mais pas maintenant. Je souffle alors, dans un murmure, sans la regarder en face. « Je ne veux pas… m’éloigner de toi. Ce serait détruire encore plus de choses alors que tout est déjà... » Et je secoue la tête, me décidant à poser enfin mon regard sur elle, tendant la main par réflexe pour essuyer ses mains du bout du pouce.

« Je déteste tellement te voir pleurer. Et ne rien pouvoir faire ou dire pour que ces larmes tarissent enfin. La seule chose que j’arrive à faire c’est réussir à entretenir l’illusion, conserver ces maudits automatismes en espérant qu’ils t’aident à tenir le temps que la tempête se calme. Mais je ne suis même pas sûr d’y arriver. » Et je sens mes propres mâchoires qui se crispent quand elle reprend. « Elle m’avait promis de revenir me botter les fesses si je ne m’occupais pas bien de toi. J’ai envie de lui en vouloir de ne jamais être à même de tenir sa promesse alors que je n’arrive même pas à t’empêcher de pleurer. J’ai envie de lui en vouloir de ne pas te permettre de réaliser tout cela. J’ai envie de lui en vouloir de ne jamais tenir nos enfants dans ses bras et de se moquer de l’épi que ne manquera pas d’avoir un de nos fils. Je... » Je me rends compte que je parle trop vite et je finis par lâcher, dans un murmure à peine audible. « Elle me manque Meg. Elle me manque tellement. Elle n’avait pas le droit de disparaître comme ça. »

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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyMar 28 Aoû - 21:04

Bien des choses avaient changé pour Megara à l'instant même où, pour la première fois, ces maux s'étaient manifestés. A l'instant même où, pour la première fois, les Sept avaient décidé de faire s'abattre sur eux tout leur courroux et toute leur omnipotence. Son destin s'en était entièrement trouvé bouleversé. Et, tout à la fois, elle en avait tout et rien saisi à la fois. Sa perception des choses ne lui avait pas permise, du haut de son jeune âge, de bien saisir toute l'ampleur de la situation. Une chose à côté de laquelle sa mère, elle, n'était sans doute sûrement pas passée. Elle avait fait le ménage, Jordane. Et elle avait également dû prendre les dispositions nécessaires pour que le fatal secret ne s'évente point. Et c'était sans doute cela qui avait alors entièrement bouleversé les choses pour Megara autant que pour l'Ouest. Nymeria avait épousé Ronnel là où, initialement, c'était la main de son aînée que l'on avait promise au Roi du Val et de la Montagne. Megara, elle, avait fini par épouser Gareth, et ce afin d'endiguer le fléau et de tuer au mieux dans l’œuf la connaissance de ce terrible secret. La jeune femme n'avait jamais parlé de tout ceci à sa cadette, et pourtant, celle-ci était sa confidente, sa meilleure amie, la personne qu'elle considérait comme étant sa plus proche alliée. Celle auprès de laquelle elle avait traversé toutes ces années, celle auprès de laquelle elle avait grandi, celle qui lui avait tant de fois fait lever les yeux au ciel ou qui l'avait obligée à se mordre les lèvres pour ne point éclater de rire face à l'une de ses péripéties. Elles avaient toutes deux tant partagé ensembles, alors, le départ de sa cadette pour le Val avait énormément peiné Megara. Mais elle savait que c'était pour le mieux, et que, là-bas, un preux jeune Roi l'attendait pour l'aimer et la chérir. Elles s'étaient promises de s'écrire, ce qu'elles avaient fait, particulièrement durant l'absence de Gareth. Avec le départ de leur père, par la suite, et le fait que leur mère avait plus ou moins dû rester alitée, la Forteresse avait paru bien vide à la jeune Princesse, et, dès lors, la moindre des missives qu'elle avait reçu de la part de sa sœur n'avait que pu la remplir de joie et de bien être. Et aujourd'hui, tout s'était effondré. Nymeria n'était plus seulement au loin, elle n'était plus là. Plus là du tout. Et, désormais, il n'était donc plus question de lieues les séparant l'une de l'autre. Nymeria avait franchi la frontière entre le monde des vivants et celui des morts, s'en allant en des contrées où jamais Megara ne pourrait la retrouver, à moins de périr à son tour. Et ce alors qu'en dépit de tout, la jeune femme ne pouvait se résoudre à précipiter elle-même les choses pour qu'il en soit ainsi. Elle n'en avait ni la force ni le courage, sans doute. Ce qui ne l'empêchait pas pour autant de voir des pensées négatives emplir son esprit.
    ❧ J'ignore en quoi j'ai pu offenser les Sept, mais le fait est que je sens le poids de leur courroux sur mes épaules. ❧ Un instant, elle argue un regard en direction de Gareth, comme quelque peu touchée au cœur par la dureté et l’apprêté de son ton autant que de ses paroles. Se faire sermonner n'a jamais réellement été dans ses habitudes, et elle n'a jamais apprécié l'expérience. ❧ Ils m'ont affublée de ce mal pugnace auquel je ne parviens jamais totalement à me soustraire, et ... Nymeria a dû prendre ma place au Val, pour que je ne puisse entacher plus encore ma réputation et celle de l'Ouest. Peut-être n'était-ce point ce que désiraient les Sept. Peut-être voulaient-ils voir le Roc trembler, et n'ayant point obtenu cela, Ils ... ❧ Posant une main sur son front, comme pour apaiser une migraine naissante, elle soupire, avant de reprendre. ❧ Sans doute mes propos sont irraisonnés et dénués de cohérence, mais dernièrement, rien ne me semble faire sens. ❧
Nymeria et elle avaient toujours été très proches, sans pour autant s'asphyxier l'une l'autre. Jamais elles n'étaient réellement entrées frontalement en concurrence l'une avec l'autre, et jamais Megara ne s'était sentie handicapée d'avoir une sœur telle que Nymeria. Elles étaient si différentes l'une de l'autre qu'elles se complétaient, ce qui, de facto, annihilait sans aucun doute bon nombre de terrains de rivalités et de compétition. Pourtant ... Pourtant, présentement, à entendre les propos de Gareth, c'était comme si la jeune femme réalisait que, malgré tout, il avait existé des zones d'ombre et de non-dits entre elles, laissant libre cours à l'existence de secret. Mais était-ce finalement si surprenant que cela ? Après tout, il aurait été très malvenu de la part de Megara de s'offusquer d'une telle réalité, elle qui n'avait jamais rien confié à sa sœur des maux terribles qui la touchaient. Cette dernière était ainsi partie se marier à Ronnel, dans le Val, en pensant sans doute qu'une telle décision matrimoniale avait en partie été impulsée et motivée par une volonté de ses parents de lui offrir une union basée sur l'amour, alors qu'en premier lieu, les intérêts avaient été politiques et diplomatiques. Et qu'il avait été hors de question pour l'Ouest de laisser un autre royaume, une autre puissance étrangère se glisser dans l'interstice de ces brèves tractations avortées concernant l'union de Megara et du Roi valois. Gareth, lui, avait tout autant connu Nymeria que Megara, et sans doute avait-elle pu lui présenter, à lui et pas à elle, certaines facettes de sa personnalité, tout en s'épanchant quelque peu, auprès de lui, de certaines choses qu'elle n'était point parvenue à partager avec son aînée.
    ❧ Elle m'a toujours vue plus parfaite que je n'étais ... Une fois, il lui a fallu plusieurs heures avant d'accepter le fait que j'avais réellement dérobé un gâteau au chocolat dans le plateau de pâtisserie destiné à notre mère. Je lui avais pourtant avoué ma responsabilité, mais c'était comme si ... Comme si cela ne cadrait pas avec l'impeccable image qu'elle avait de moi. ❧ Un instant, face à la confession que lui avait livré son époux quant au fait qu'il aurait voulu pouvoir sourire face aux méfaits et mésaventures de leur enfance, elle se demanda si, tout comme Nymeria, il allait avoir des difficultés à croire en sa culpabilité. ❧ Je crois qu'elle a fini par me dire qu'elle me croyait uniquement pour me faire plaisir. ... Gareth, j'avais vraiment volé ce petit gâteau. ❧
Elle aimerait qu'il la regarde. Elle aimerait pouvoir croiser son regard, même si, sans doute, cela l'obligerait, elle, à le fuir, de peur de ... De peur de lui inspirer bien trop de pitié, de peur de le contraindre et de le forcer à la rassurer, à la consoler. Certes, elle se doutait bien qu'il agirait par pur instinct, et par réelle inclinaison, mais présentement, elle ne voulait point que leur relation se résume à cela. Qu'elle soit éternellement la jeune princesse en détresse et lui le preux chevalier venu la protéger et la secourir du terrible tourment dans lequel elle était plongée. Elle ne voulait point que leur relation se cantonne à cela, qu'elle sombre dans les clichés. Ces clichés qu'elle avait pourtant maintes et maintes fois apprécié, et face auxquels elle s'était presque pâmée d'émoi, quand elle était encore enfant et qu'elle lisait l'un de ces innombrables romans d'amour courtois. Elle avait grandi, et mûri, même si elle conservait encore, peut-être, une part de naïveté, de crédulité et d'innocence. Elle se sentait comme ... Comme à la frontière de bien des chemins, de bien des détours. Elle était encore jeune mariée, et pourtant, ses noces dataient de plusieurs mois, maintenant. Gareth et elle avaient simplement passé plus de temps séparés l'un de l'autre qu'ensembles, depuis le mariage. Dans le même temps, elle était enceinte et s'apprêtait à devenir mère, mais elle ne l'était pas encore. Et puis ... Et puis, la mort de Nymeria lui avait provoqué un terrible coup au cœur, comme jamais auparavant, ce qui la plaçait dans l'incapacité de jauger et de doser ses réactions et ses ressentis, incapable de comparer avec toute autre situation antérieure.
    ❧ Mais qui va s'occuper de toi ? Qui veillera sur toi ? ❧ Qui gardera ce Gardien qu'il voulait s'évertuer à être ? Sans doute son ton était-il chargé d'émotion et d'une certaine candeur, mais Megara se souciait réellement de cela. On lui avait toujours appris que la plus belle, ambitieuse et entreprenante des constructions ne pourrait jamais se maintenir à flots si elle se trouvait ériger sur des bases tremblantes, fissurées et instables. Loin d'elle l'idée de voir en son époux un homme instable, lui qui était empreint d'une certaine morale et d'un réel code de l'honneur, mais ... Mais tout de même. ❧ Tu n'es pas comme tous ces gardes et ces soldats qui patrouillent à Castral Roc pour toujours s'assurer que nous demeurions sains et saufs. Tu es mon époux. J'ai beaucoup plus de considération et de préoccupation pour toi que pour eux. ❧
Et puis, elle fronce quelque peu les sourcils face au petit rire sans joie qu'il laisse fuser. Il lui était en effet déplaisant de le voir dans un tel état, mais encore plus de l'entendre lui confier de telles choses. Mais dans le même temps, n'était-ce pas elle qui lui avait implicitement demandé de s'ouvrir, de ne plus se terrer dans le silence ? On récoltait ce que l'on semait, et, parfois, il s'avérait que la moisson pouvait être déplaisante. Quoi qu'il en soit, elle était prête à tout endurer venant de lui plutôt que de le voir continuer à s'enfoncer dans le silence et à le voir continuer à se protéger, encore et encore, derrière un masque impénétrable et distant. Pas qu'il soit vraiment distant avec elle, mais ... Mais il n'était en effet plus le jeune homme qu'elle avait épousé, ni même celui qui lui était revenu, après tant de mois de séparation. Cependant, était-il réellement possible de s'attendre à ce que tout soit demeuré à l'identique, pour lui, après ce qui était advenu ? Gareth avait un cœur, et il aimait Nymeria. De cela, Megara n'avait jamais douté et n'en viendrait jamais à douter, sans doute. Il ne pouvait rester insensible, et ... Peut-être était-ce juste là la preuve que tous ne vivaient pas leur deuil de la même façon, et que chacun avait sa propre façon de faire face aux choses. Certains tournaient le dos à tout ceci, et d'autres se prenaient tout de plein fouet. Et au milieu de ça, il y avait des êtres qui, comme elle et lui, ne savaient trop dans quelle direction progresser, sans doute. Alors, quand il la regarde enfin, elle sent bien des émotions l'envahir. Un flot continu, face auquel elle ne sait trop comment réagir. Ce qui la pousse à laisser l'instinct agir, et à incliner légèrement la tête en direction de ces doigts qui se posent délicatement sur ses joues pour en chasser les larmes.
    ❧ Je suis désolée de t'exposer à une telle situation Gareth ... Je ne veux pas pleurer, je veux que cela cesse, parce que je suis censée être forte, sans me laisser guider par mes sentiments. La raison ... La raison voudrait que je réalise que je suis bel et bien encore en vie, moi, et que mon devoir en ce monde n'est point fini, mais ... Mais c'est trop dur. ❧ L'horizon lui paraissait incertain, et ce de façon toute à la fois réelle et métaphorique. Car le temps changeait. Le Mestre l'avait confirmé, cette phase de températures agréables et de cieux dégagés touchait à sa fin, et les nuages allaient s’amonceler progressivement. Sans doute n'y avait-il de toute façon pas besoin d'avoir fait des études à la Citadelle, comme Mestre Aethon. Cela se sentait, surtout quand, comme Megara présentement, on se tenait debout sur un balcon sans autre vêtement qu'une chemise de nuit. Elle qui appréciait de laisser s'échapper ses angoisses en observant le splendide panorama sous ses fenêtres, et bien, actuellement, elle était plus que desservie, même si cette brume et cette luminosité quelque peu inhabituelles avaient sans doute un certain charme. Seulement, elle n'avait point l'âme à s'y laisser aller, ni même à s'en inspirer pour ses passes temps artistiques et créatifs. ❧ Même le temps semble entrer dans une phase de deuil, sans rien faire pour réagir. Sans doute les Nordiens ont-ils raison. L'hiver vient, et cela semble être un cycle contre lequel on ne peut rien, au diapason de ce que nous pouvons bien ressentir. ❧ Nymeria se serait sans doute extasiée devant un tel changement de temps, elle qui détestait l'immobilisme et qui adorait par-dessus tout les changements et les imprévus. Et Megara se disait qu'il y avait fort à parier que si elle avait entendu parler de tous ces changements climatiques, elle aurait été du genre à lui réclamer qu'elle lui en présente une représentation picturale. Et Nymeria savait toujours obtenir de son aînée ce qu'elle désirait ... Ce qui rendait sa disparition encore une fois plus tétanisante, brutale et crève-cœur. Et ce alors que les paroles de son époux tirent quelque peu la jeune femme de ses pensées. De quoi la bouleverser encore plus, alors qu'elle sent comme une longue plainte lancinante prendre vie dans son thorax, tout en parvenant à la maintenir étouffée. Certains diraient que les Lannister savaient rugir, et qu'ils ne manquaient pas de le faire. Mais, présentement, c'était comme si Megara avait assez de contenance encore pour ne point y succomber. Cependant, son regard devait fortement parler de lui-même, alors qu'elle se sentait toute tremblante et frémissante, là où sa tenue et la température devaient renforcer l'effet, en ne laissant alors aucun doute sur la moindre des formes de la jeune femme. ❧ Non, elle n'avait pas le droit. Parce qu'elle était jeune, en bonne santé, et que ... Et que sa disparition ne peut que prouver que cela n'y suffit pas, que ... Que la Mère omet parfois de protéger certaines futures mères, sans distinction de rang ... ❧ Elle déglutit alors avec difficulté, alors que, doucement, ses mains, tremblantes, viennent se saisir de l'une de celles de Gareth, avant de la poser sur son ventre, comme pour s'assurer que lui aussi, il sent leur enfant plein de vie s'y mouvoir sans réelle délicatesse. Comme pour s'assurer qu'elle ne rêve point, qu'elle ne se leurre pas. ❧ Je ne veux pas vous perdre ... ❧


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Megara Lannister
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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyMer 19 Sep - 14:51

Je suis persuadé que certains doivent pointer le Roc du doigt et se gausser de voir que nous sommes en deuil, qu’ils se disent que ce n’est qu’un maigre prix à payer face à l’attitude que l’Ouest peut avoir des derniers mois. Et je sais que j’y penserais plus tard, lorsque je me soucierais de nouveau de l’avenir de mon pays. Dans l’immédiat, j’ai du mal à ne serait-ce que faire semblant. Tout ce qui me semblait facile, évident, est devenu impossible. Et plus rien ne semble avoir d’importance. Alors que le monde continue d’avancer, sans nous. Pourtant, il aurait dû s’arrêter non ? Au moins un minimum, une fraction de secondes, le temps d’un battement de cils. C’est ce qui est arrivé ici, entre ces murs.

Et le pire ? C’est que j’ai l’impression que cela m’éloigne de Meg. Parce que je suis incapable de lui dire ce que je ressens, que j’essaie d’être fort pour elle, que je veux la soutenir dans cette épreuve et ne pas être un poids supplémentaire. Mais il aurait été idiot de croire qu’elle ne verrait rien. Elle commence à me connaitre, bien mieux que je l’aurais cru possible. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de me faire un peu trop sec, parce que l’idée-même de la perdre m’est inconcevable. « Tu dois déjà sans cesse te battre contre ce mal dont tu souffres. Ne crois-tu pas que les Dieux t’ont assez punie ? Que c’est juste… un horrible concours de circonstances ? » Je ne peux pas maudire des Dieux dont je n’ai jamais rien attendu en vérité. Mais je peux comprendre son désarroi, quand bien même rien ne semble effectivement faire sens en cet instant.

Je laisse filer un silence alors qu’elle parle de ce gâteau qu’elle aurait dérobé des années auparavant. Et je la fixe longuement avant de souffler, songeur. « Pourquoi est-ce que tu l’avais pris ? » Elle sait pourtant, qu’elle a toujours été la parfaite petite princesse aux yeux de tout le monde, des miens y compris, jusqu’à ce que je sache la vérité. Parfois je me demande combien elle a pu en souffrir, sans jamais avoir osé lui poser la question, me contentant de la prendre dans mes bras, comme pour m’excuser d’avoir pensé cela. Mais elle a raison, rien de ce qu’elle aurait pu dire ou faire qui n’aurait pas cadré avec cette image que nous avions tous d’elle aurait plu à Nymeria. Elle idéalisait bien trop sa sœur pour cela.

Mon regard se perd pourtant, sans que j’arrive à m’en empêcher, sans que je puisse retenir ces pensées et ces paroles que j’essaie de garder pour moi depuis le début. Je darde tout de même un regard vers elle à sa question et j’ai un sourire triste pour toute réponse. Avant de me décider à souffler, dans un murmure. « Oh Meg. Tu sais très bien que ce n’est pas prévu. Mon rôle est de veiller sur vous, pas de trouver quelqu’un pour s’occuper de moi. Je ne suis peut-être pas un de ces gardiens de la forteresse du Roc mais ce sur quoi je veille est beaucoup trop précieux pour que j’arrête de le faire. » Elle est bien trop précieuse pour que je vacille, quand bien même ses propos me touchent.

Et même si j’ai mal, si je n’ai pas envie de parler, je commence à me livrer. Pour ne pas la perdre, pour ne pas avoir l’impression qu’un fossé se crée entre nous. J’ose à peine effleurer sa joue alors que je n’ai qu’une envie, c’est de la prendre dans mes bras et d’oublier tout ce qui peut nous entourer. « Tu n’as pas à t’excuser. Tu n’as pas à être forte. Tu as perdu ta sœur, tu as le droit de le pleurer autant qu’il le faudra. » Parce que oui, c’est dur, bien plus que je ne l’aurais cru possible. Et je ne suis pas prêt à accepter cette douleur, je n’y arrive pas, même après avoir parlé à Jeyne. Je hoche la tête quand elle évoque le temps et ce qu’il peut symboliser avant de souffler, sans même m’en rendre compte. « Nous allons beaucoup perdre cet hiver. Nous avons déjà commencé. » Et ça ne fera qu’empirer, j’en ai bien peur. Et je parle vite. Trop vite. J’ai l’impression que mes propos sont embrouillés, que je n’arrive pas à tout laisser sortir de façon incompréhensible. Pourtant, elle m’écoute, elle me parle. Elle me regarde aussi. « C’est injuste… tellement injuste… »

Je fronce les sourcils quand elle prend ma main, sans bien comprendre ce qu’elle veut faire. Avant de me figer à sentir les coups de notre enfant. J’ai un sourire incrédule, sans même m’en rendre compte, quand bien même la douleur est toujours aussi vivace, aussi présente. Et mes doigts s’entremêlent aux siens alors que je laisse une main posée sur ce ventre arrondi. « Je suis là Meg. Je … je suis désolé de… » D’avoir du mal à lui dire ce que je ressens ? De ne pas savoir comment exprimer ma douleur ? Probablement. Certainement même. Mon autre main passe autour de ses épaules pour la ramener contre moi et j’enfouis mon visage dans ses cheveux, essayant de ne pas trop trembler, alors que je réalise pleinement à quel point elle est devenue importante pour moi.  

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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyDim 23 Sep - 1:34

La curiosité était un vilain défaut pour certains. Pour Megara, il s'agissait là de l'un de ses traits de caractère, d'une chose innée chez elle. Mais également d'une facette méconnue de sa personne, sans doute, pour quiconque ne la connaissait qu'en tant que Princesse. Elle avait toujours eu soif d'apprendre, consciente des privilèges qui étaient les siens en tant que fille de Roi. Elle avait accès à tant de sources d'information, elle pouvait parcourir librement les grandes étagères de la bibliothèque royale, elle n'avait pas à s'inquiéter de devoir travailler toute la journée pour se nourrir et rester protégée sous un toit sûr. Elle ne frissonnait pas des froides températures, elle ne succombait pas sous l'harassante chaleur de l'été. Ses journées entières pouvaient aisément être consacrées à un gain d'instruction et à de nombreux apprentissages. Cela était ainsi depuis toujours, et elle en avait comme éternellement eu conscience. Elle se savait plaisante à l’œil, et ce n'était absolument pas faute de se l'être entendue dire. En même temps, n'était-ce pas plutôt attendu, compte tenu du fait que ses deux parents présentaient très bien et étaient tous deux pourvus d'une grande beauté ? Quoi qu'il en était, c'était comme si, toute petite, elle avait eu conscience de la nécessité pour elle de ne pas se laisser enfermer dans un unique carcan uniquement basé sur sa beauté. Elle était naïve pour bien des choses, crédule, même, mais sans doute pas pour ça. En avoir dans le crâne était comme une volonté ambitieuse pour elle, comme une fierté d'avoir obtenu tout ceci à la force de sa volonté, et ce bien qu'elle bénéficiait de grandes aides en tous sens. Car il ne s'agissait pas toujours de vouloir, encore fallait-il pouvoir. Et, elle, elle avait pu. Elle voulait comprendre, pour ne pas rester muette et les yeux dans le vide quand on abordait certains sujets. Mais, irrémédiablement, elle restait interdite face au manque de réponses flagrantes à ses nombreuses interrogations qui portaient sur les raisons pouvant bien expliquer pourquoi les Sept avaient choisi d'abattre leur ire sur ses épaules. Elle n'était pas de ces êtres qui leur crachaient au visage. Elle n'était jamais entrée armée ou dotée de mauvaises intentions dans l'un des lieux où on leur vouait un culte. Elle n'avait jamais prié les Anciens Dieux. Elle n'avait jamais commis le moindre acte répressible en leur nom. Alors, pourquoi ? Mais n'était-ce pas là l'éternelle question, « pourquoi » ?
    ❧ Les voies des Sept sont impénétrables ... Je ne sais que croire, Gareth, parce que je n'ai jamais rien compris à tout ceci, pour commencer. Pourquoi moi ? Qu'ai-je fait ? A partir de là, rien ne m'apparait être logique, rationnel et suffisant à leurs yeux. ❧ Nymeria n'avait jamais été aussi croyante que pouvait l'être Megara, et encore moins depuis ces dernières années, quand l'aînée des deux sœurs avait redoublé de piété, comme pour absoudre ses péchés et se vouloir repentante de tout ce que les Sept pouvaient lui reprocher. Mais la jeune femme refusait de se dire que le blâme pouvait reposer sur les épaules de sa cadette. Car Nymeria n'avait jamais été dotée de mauvaise malice, et qu'à défaut d'être emplie de piété, elle avait au moins toujours été respectueuse. Peut-être Gareth avait-il raison. Peut-être n'y avait-il aucune culpabilité à chercher. Mais alors, encore une fois, la question du pourquoi ne pouvait que ressurgir, lancinante, et mutique, si mutique dans ses réponses. Silencieuse, en tout cas, Megara ne pouvait le rester, et elle se refusait de l'être. Elle avait besoin de parler, sans doute. D'extérioriser, aussi. De ne pas laisser les choses dériver alors qu'il était sans doute encore temps d'agir et de réagir. Alors, concernant cette fameuse histoire de pâtisserie au chocolat dérobée, bien que les faits remontaient déjà à tant d'années, la jeune femme était capable de répondre à son époux. ❧ Je voulais que Lyman puisse en profiter, lui aussi, et je trouvais injuste que ce ne soit pas le cas. Mère ou Père, je ne sais plus trop, avait décidé que mon frère devait passé l'après-midi avec le Maître d'Armes, pour se perfectionner, et cela lui faisait alors manquer l'heure du goûter. Si tu savais combien j'ai frémi à l'idée d'être démasquée, à l'époque, en allant à l'encontre d'une décision parentale ... Je crois que Nymeria était persuadée que j'avais plutôt donner ma part à notre frère, plutôt que d'avoir dérobé un gâteau pour lui. ❧
Dans toute cette histoire, elle ne savait même pas si Lyman était parvenu à déguster la fameuse collation chocolatée. Déjà si rougissante de son forfait, elle n'était pas restée dans la Cour d'entraînement après avoir déposé le fruit de son vol près des habits de rechange de son aîné. Et Lyman ne lui en avait jamais rien dit. Aujourd'hui, elle n'avait même pas besoin d'y réfléchir à deux fois pour se trouver si naïve et pour qualifier ce geste d'insignifiant. Mais elle avait eu si peur d'être démasquée, à l'époque, tout en étant persuadée d'avoir fait ce qu'il fallait. Et ce alors que tout ceci entrait en contradiction avec ce qu'on lui avait enseigné, non sans engendrer un paradoxe. Le vol était répréhensible, mais être juste et équitable étaient des vertus à poursuivre. Peut-être avait-elle compris, ce jour là, que tout ces preux desseins ne pouvaient pas être tous comblés sans parfois faire un pas de côté. Et que les jolies théories rencontraient certains accros quand on voulait les mettre en pratique. Peut-être en allait-il de même avec l'attitude que voulait adopter Gareth, aujourd'hui. Il voulait les protéger, et veiller sur eux, mais dans le même temps, cela ne l'amenait-il pas à quelque peu se distancer physiquement et émotionnellement d'elle ? Elle ne réfutait absolument pas qu'il était sans nul doute doté de bonnes intentions, mais présentement, c'était comme si elle se sentait frustrée par tout ceci, comme si ce n'était pas ce qu'elle voulait, comme s'il poursuivait un but similaire à celui qu'elle voulait le voir suivre, tout en n'étant pas dans la droite ligne qu'elle, elle désirait. Elle se sentait comme égoïste de vouloir qu'il fasse comme elle le voulait, elle, alors qu'il n'était en rien un pantin manipulable. Il ne s'agissait pas d'être la Princesse avec lui, et de lui donner des ordres, mais c'était plus fort qu'elle, sans doute parce qu'elle avait toujours été titrée, par droit du sang et droit de naissance, et que cela faisait partie d'elle que de vouloir être entendue et écoutée.
    ❧ Je ne supporterais pas de voir qui que ce soit d'autre que toi veiller sur moi présentement. Et je ne te demande pas d'arrêter, c'est juste que ... Je t'en prie, essaie de trouver du sens à mes incohérences ... ❧ Fermant les yeux, elle essayait de se concentrer, et de faire sens, mais tout ce qu'il lui vint furent les paroles prononcés par le Septon, lors de leur mariage, à Gareth et à elle. Une seule chair, un seul cœur, une seule âme, à présent et pour jamais, et maudit soit qui se mettrait entre eux ... Rouvrant les yeux, elle tentait de trouver de la force en observant la silhouette de son époux, quitte à s'y accrocher avec une certaine détresse. ❧ Cela me fait souffrir de te voir ainsi, et je souffrirais encore plus de te voir te murer dans ton rôle auprès de nous. Je n'ai pas besoin d'un Protecteur, j'ai besoin de mon mari, parce qu'il est bien plus important pour moi, et parce qu'il remplit ce rôle que tu veux tant continuer de tenir, et bien d'autres choses à la fois. ❧
Est-ce que cela avait du sens ? Est-ce que c'était même logique ? Est-ce qu'elle s'exprimait comme il le fallait ? Gareth était un grand garçon, capable de prendre ses propres décisions, mais elle ne souhaitait pas le contraindre à quoi que ce soit, en appuyant sur la corde de l'affect et du devoir. Elle voulait réellement qu'il se sente concerné par tout ceci, de sa propre volonté, et non pas pour qu'elle sèche ses larmes et se sente rassurée. Comme bien des couples, ils avaient été unis l'un à l'autre pour des questions de diplomatie et d'arrangement, aussi étrange cela pouvait-il paraître quand on connaissait tout de la situation. Mais, oui, c'était là un mouvement diplomatique que de justement marier Megara au fils d'une famille noble de l'Ouest, plutôt qu'à un monarque ou à l'héritier d'une grande famille étrangère. Le feu était cantonné là où ses flammes pouvaient être contrôlées et, dans la mesure du possible, endiguées. Megara était parfaitement consciente de tout ceci, et si les raisons initiales d'une telle décision lui étaient cruelles au cœur, pointant une fois de plus ses péchés et ses blâmes, elle savait qu'aucune réelle union n'était basée sur les élans du cœur. De ce point de vue là, Nymeria était l'une des rares exceptions à la règle, ce qui ne faisait que rendre son trépas encore plus cruel. Quoi qu'il en était, la jeune femme savait que la majorité des unions ne créait qu'une certaine cordialité entre les deux époux, et que, plus souvent qu'on ne le croyait, la mésentente existait. Elle voulait quelque chose de différent, égoïstement, et pour ne pas être comme tout le monde, et ... Et c'était plus dur qu'elle ne le pensait, car elle n'avait pas de modèle sous les yeux, et qu'il ne s'agissait pas uniquement d'elle.
    ❧ Le Peuple a besoin que je sois forte. Il vient de perdre l'une de ses Princesses ... Et notre enfant a lui aussi besoin que je sois forte, parce que je dois lui montrer l'exemple. Le seul compromis auquel je suis pour l'instant parvenu me scinde en deux, entre la Princesse qui reste droite et fière en public, et la jeune femme qui s'effondre en privé. Alors que je voudrais tant n'être ni l'une ni l'autre. ❧ Et son cœur se serrait face à cette constatation commune. L'Hiver ne faisait que de pointer le bout de son nez, et déjà, pour eux, les pertes étaient cruelles. Et elle se sentait également des difficultés à bien respirer alors que Gareth en venait à la même constatation qu'elle concernant le sort qu'avait connu Nymeria, ce trépas injuste et immérité. Elle a mal, Megara. Elle a mal au cœur, et tout son être est comme pétri de douleur. Elle sait que cela ait dû à son chagrin, qui l'épuise, mais aussi aux mauvaises phases de sommeil qu'elle traverse, de par sa détresse et sa grossesse. Sans parler de ce poids de plus en plus incommensurable qui lui tire sur le dos, et de ce centre de gravité qui ne cesse de la fuir, alors que ses jambes la laissent parfois tremblantes, quand ce ne sont pas des étourdissements qui la prennent quand elle se relève trop tôt. Et, évidemment, il y a l'enfant, plein de vie, qui semble apprécier de le faire savoir, et ce sans ménagement. Des constats sans doute clairement visibles pour Gareth, mais ce n'est tout de même pas comme s'il pouvait lui aussi tout en ressentir à l'identique. Alors, quand enfin, il la serre dans ses bras, là, tout contre lui, si le flot de ses larmes reprend quelque peu, les raisons en sont différentes, et la jeune femme se laisse aller à cette douce chaleur et à ce réconfort qui l'envahissent. Mais la peur frappe et tambourine dans son esprit. ❧ Ne me laisse pas ... Si ... Si tu n'y arrives pas ... ❧ Elle se tait, une boule lui entravant brutalement la gorge, avant qu'elle ne déglutisse et ne reprenne, en fermant les yeux. ❧ Agis, en tant qu'époux. Parce que ... Parce que j'ai vraiment besoin de mon mari. Parce que ... ❧ Serrant les dents, elle sert aussi très fort la main de Gareth, liée dans les siennes, alors que l'une d'entre elles ne se libère pour attraper l'habit du jeune homme au niveau de son poitrail, d'une prise ferme, mais tremblante. ❧ Parce que j'ai peur Gareth ... ❧ Peur d'être à son tour cueillie dans la fleur de l'âge, et enceinte, car la Mère se serait détournée d'elle. Peur de connaître le triste sort de toutes ces jeunes femmes qui payaient de leur vie la possibilité pour leur enfant de pousser leur premier cri et tant d'autres encore. ❧ Si jamais ... ❧ Les mots se bloquaient, alors qu'elle imaginait le pire.


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Megara Lannister
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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyDim 14 Oct - 19:37

Difficile de savoir à quoi Meg peut bien penser en cet instant. Je ne sais pas si elle est en colère contre moi, contre elle-même ou tout autre chose. Ou alors, c’est mes propres pensées, mes propres sentiments que j’imagine en cet instant, quand bien même je ne pourrais jamais lui en vouloir. Mais m’en vouloir à moi-même c’est tout autre chose. Et, comme à chaque fois que je pense à tout ce qui vient de se passer, aux incidences sur nos vies, j’ai le sentiment que tout s’embrouille. Parce que je n’arrive pas à penser à tout cela de façon posée, rationnelle, contrairement à mon habitude. J’arrive en général à avoir du recul face aux évènements. Mais celui-là me touche de plein fouet et je suis incapable d’y penser sans sentir mon coeur se serrer. Alors, je préfère me retrancher derrière ce rôle que je brandis à bout de bras.

Pourtant, quand Meg se met à évoquer une punition divine et qu’elle pourrait en être responsable, je ne peux m’empêcher de sentir une colère me gagner. Et, j’avoue, être fâché est plus bien plus simple à gérer que la tristesse. Je refuse qu’elle puisse penser de la sorte, qu’elle puisse se croire coupable de quoi que ce soit mais, clairement, l’idée semble bien ancrée dans son esprit. J’ai un soupir alors que je secoue la tête et que je souffle, à mi-voix. « Tu sais très bien qu’il n’y aura pas de réponses à ces pourquoi. Tu n’as rien fait pour mériter cela, tu es l’une des personnes les plus pieuses, les plus charitables et les plus douces que je connaisse. » Et pourtant, cela n’a rien empêché et ce mal continue de la ronger, quoi que l’on puisse faire. J’essaie de ne pas y penser en temps normal mais, en cet instant, difficile de faire comme si de rien était, même si le fait qu’elle en parle semble lui faire du bien. Un peu en tout cas. Et je ne peux m’empêcher de sourire quand elle évoque cette histoire de pâtisserie volée, quand bien même je sens toute la peine du monde peser sur les épaules de mon épouse. Alors je souffle, comme pour essayer d’alléger la situation. « Si ça se trouve, c’est moi qui lui ai chipé le gâteau pendant l’entraînement. Tu m’auras peut-être nourri à ton insu. » Après tout, si Lyman s’entraînait avec le maître d’armes, je ne devais probablement pas être bien loin. Et j’étais loin d’être aussi raisonnable que lui.

Ce bref interlude, si l’on peut le qualifier comme tel, s’efface pour laisser place à la distance que j’ai involontairement instaurée avec elle. Je sens mes mâchoires se contracter, même si je réponds, à mi-voix. « Je ne veux laisser personne d’autre que moi veiller sur toi Meg. J’en ai besoin, sinon je ne sais plus à quoi me raccrocher. » Je me fige quand elle évoque nos vœux, sentant mon coeur se serrer alors que, sans même m’en rendre compte, je répète avec elle les derniers mots. « Je ne pensais pas… que ça te toucherait autant. Je voulais éviter de rajouter le poids de ma peine à la tienne. Tu souffres assez, sans que... » Et je soupire, réalisant que c’était probablement stupide de penser ainsi, surtout à voir sa réaction. Mais je ne pense pas que j’aurais agi autrement. J’ai tellement envie de la protéger, besoin même, que je ne me vois guère vaciller, quand bien même, à mesure que passent les secondes, je réalise que c’est exactement ce qui est en train d’arriver. Je l’écoute en silence, quand elle reprend et qu’elle évoque ces deux facettes d’elle-même qu’elle ne voudrait pas être. Et je murmure, mon regard rivé sur elle, d’un ton à peine audible. « Et pourtant, c’est cette femme-là qui fait de toi cette personne si attachante. Celle capable de s’effondrer en privé et qui pourtant continue de tenir son rôle en public. Cette femme si forte et qui accepte d’être faillible. Je remercie les dieux que tu sois ces deux personnes Meg, c’est ce qui me donne envie d’être à tes côtés, bien plus que les vœux que j’ai prononcés devant le Septon. »

Et je finis par la prendre dans mes bras. Parce que c’est probablement ce qu’il y a de mieux à faire. Parce que j’ai besoin de sentir sa chaleur et de sentir la présence de notre enfant qui se manifeste sans le moindre scrupule, comme pour nous rassurer. Cela ne semble guère fonctionner pour Meg, dont les larmes commencent à couler de nouveau. Alors, sans réfléchir, je la serre un peu plus fort contre moi et je murmure, non sans l’embrasser sur le front. « Je ne te laisserais pas Meg. Jamais. » Et pas simplement parce que c’est mon devoir en tant que mari, même si je ne suis pas sûr qu’elle en ait réellement conscience. Et je continue, toujours sur le même ton à peine audible. « Est-ce que tu réalises à quel point tu es importante pour moi ? A quel point j’ai moi aussi besoin de toi ? » Je sens sa main agripper mon habit et mes doigts quittent son ventre arrondi pour effleurer son visage, mon pouce chassant ces larmes qui continuent de couler. « Je ne peux pas te promettre que les choses se passeront bien parce que je n’en sais rien. Et j’ai peur de te perdre, plus que j’ai jamais eu peur de quoi que ce soit. Mais je suis là et on affrontera tout ce qui se présentera ensemble. » Je ne veux pas imaginer que je pourrais la perdre elle, pas alors que je réalise à peine la profondeur des sentiments que j’ai pu développer à son égard, pas alors que je me rends compte à quel point elle est devenue importante pour moi.

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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyJeu 25 Oct - 19:27

Les Sept existaient bien avant elle, et Ils seraient encore là bien après elle. De cela, Megara ne pouvait pas douter. Elle était certes née Princesse, mais cela ne l'avait pas pour autant privée d'une certaine modestie, en tout cas suffisante pour ne point lui faire trop tourner la tête. Elle ne s'était jamais entièrement laissée saisir par les vapeurs de la gloire, de la puissance et de la richesse. Ces effluves là ne lui avaient jamais suffisamment tourner la tête pour qu'elle en perde entièrement la raison et le sens commun de la réalité. Être Princesse enfermée dans une tour d'airain ne lui avait jamais paru un sort enviable ou capable de lui sied. C'était sans doute pour ça qu'elle avait développé une certaine empathie, ou en tout cas nombre de faiblesses de l'âme et des sentiments, comme en témoignaient les quelques patronages qui pouvaient être les siens depuis qu'elle était en âge de gérer partiellement la cassette lui étant allouée. Même si elle avait parfaitement conscience qu'elle ne pouvait pas tout savoir, tout comprendre, et que, malgré toute sa bonne volonté, elle resterait éternellement Princesse, et que tous les tourments connus par le peuple ne lui apparaitrait jamais guère plus que via des paroles et des observations, là où la réalité ne lui en mordrait jamais réellement les chairs. Quoi qu'il en était, son caractère ne l'avait sans doute ni bien préparée ni grandement aidée quand il avait fallu faire face aux maux dont l'avaient affublée les Sept. Cela ne cadrait pas avec celle qu'elle était intimement, profondément, et ce pas plus hier qu'aujourd'hui. Ce qui rendait les choses encore plus douloureuses et difficiles à gérer pour elle. Elle ne se reconnaissait jamais, quand elle croisait son regard dans le miroir, après avoir connu l'une de ses crises. La jeune femme qu'elle voyait et qui semblait comme pouvoir enfin réémerger à la surface était toujours désemparée, désespérée, et elle se haïssait tant et tant pour ça. L'une de ses seules échappatoires était de savoir que les rares personnes informées de tout ceci ne semblaient pas réellement vouloir la juger. Sa mère ne lui administrait pas d'éternelles remontrances, sans doute parfaitement à même de comprendre que c'était plus fort que Megara, et que si la jeune femme le pouvait, elle arrêterait tout. Il y avait Gareth, également, et ce bien qu'ils n'évoquaient presque jamais ce sujet là. C'était comme si ni l'un ni l'autre ne voulait briser ce qui les liait l'un à l'autre. Ils avaient tout bâti de leurs mains, et pour une fois, leur rang respectif ou leur place en cette Cour n'avait eu aucune réelle emprise. Ils avaient été mari et femme, l'un face à l'autre. Un homme et son épouse. Des êtres humains dénudés de toute spécificité artificielle. Et elle se réconfortait en voyant que cela semblait plus ou moins fonctionné, pour le moment. Mais l'existence lui rappelait déjà que rien n'était jamais entièrement gagné. Voir Gareth se murer ainsi derrière quelque forteresse qu'il érigeait entre le monde et lui était pénible à voir, mais Megara ne pouvait point entièrement le juger. Elle était elle-même bien trop partie prenante dans tout ceci, sans parler du fait qu'elle aussi, elle était touchée de plein fouet par des changements drastiques dans son attitude et sa vie de tous les jours.
    ❧ Et pourtant, ça ne suffit pas ... Je connais tant et tant de personnes qui mériteraient tout ceci bien plus que moi, mais je ne peux me résoudre à leur souhaiter pareille humiliation. Je ne suis pas de ces êtres qui se nourrissent du malheur des autres et qui ont le cœur suffisamment noirci pour souhaiter le pire à qui que ce soit. ❧ Elle l'observait, un peu à la dérobée, Gareth. Parce que si elle n'était pas la plus loquace de sa fratrie, loin de là, sans doute avait-elle toujours été la plus observatrice. Ou en tout cas celle qui prenait le plus le temps et la peine de prêter attention à ce qui se disait et se faisait autour d'elle. Elle écoutait, elle ouvrait grand les yeux, elle restait attentive, en évitant au mieux de se laisser déborder. Mais elle était tout de même loin d'être infaillible, la perfection n'étant point de ce monde terrestre. Dès lors, elle était bien incapable d'avoir su, à l'époque, le sort final qui avait été réservé à cette pâtisserie qu'elle avait dérobée. En grande partie parce que, sans pour autant prendre ses jambes à son cou une fois l'objet déposé, elle n'avait pas fait long feu dans les environs et s'était empressée de rejoindre sa cadette. Sans regarder derrière elle, préférant observer droit devant pour éviter de se prendre les pieds dans le moindre tapis ou de bousculer toute personne qu'elle croiserait. Sans parler du fait qu'elle avait tout fait pour œuvrer à n'attirer la suspicion de personne. ❧ On te nourrissait si mal à l'époque que tu étais obligé de grappiller sur la part de mon frère ? Si je comprends bien, ta propension à parfois grignoter ce qui se trouve dans ma propre assiette ne date donc pas d'aujourd'hui ... ❧
Pour ainsi dire ... Pour ainsi dire, à plus d'une reprise, Megara n'avait tout simplement pas touché à son assiette, ces derniers jours. Sauf quand Gareth la tenait suffisamment à l’œil, sans doute. Elle ne voulait point l'inquiéter, et elle savait qu'il ne s'agissait pas uniquement d'assouvir ses propres envies. Elle attendait un enfant, un enfant qui ne pouvait jamais se sustenter que grâce à elle, tant qu'il n'était pas né. Mais elle ne se sentait guère trop avoir faim, ces derniers temps. C'était plus fort qu'elle. Le goût semblait fuir son palais, et elle n'avait jamais apprécié faire quoi que ce soit dans lequel elle ne prendrait pas un peu de plaisir. Sans doute était-ce là un luxe qu'elle avait développé dès toute petite, en tant que Princesse. Elle pouvait se permettre de dédaigner certaines activités juste parce qu'elle ne lui plaisait pas, tout comme elle pouvait ne pas consommer certains plats si elle n'en appréciait pas le goût. Les jeunes paysannes de son âge étaient absolument loin d'avoir les mêmes possibilités, et Megara s'en doutait bien. Même si, évidemment, elle ne passait pas son temps à raisonner ainsi. Fort heureusement, ils n'en n'étaient pas encore rendus à ce que Gareth soit obligé d'enfourner lui-même la fourchette dans la bouche de son épouse. Mais il n'en demeurait pas moins que la principale concernée avait parfois toutes les peines du monde à se faire à l'idée que, déjà, il était encore une fois temps de manger. Boire lui était plus facile, pour s'hydrater, se désaltérer, et parce que, de toute façon, quitte à devoir régulièrement avoir envie d'uriner, autant avoir une bonne raison de le faire. Le bébé appuyait de plus en plus sur sa vessie, ce qui n'était jamais très agréable. Voilà donc un tourment supplémentaire qui était épargné à Gareth, et ce alors même qu'il avait autant de responsabilités de Megara dans tout ceci. Mais la jeune femme n'en était pas rendue à être de mauvaise foi. Elle savait que son époux n'y était pour rien. Tout comme elle voyait bien qu'il continuait encore malgré tout de faire tout son possible pour l'aider et pour la soulager au mieux. Peut-être y avait-il un soupçon de possessivité dans les dernières paroles du jeune homme, d'ailleurs, à moins qu'il ne s'agisse plutôt d'orgueil. Quoi qu'il en était, Megara ne s'en plaindrait pas, car ils allaient dans le même sens : il était hors de question que qui que ce soit assume les responsabilités de Gareth à la place de ce dernier.
    ❧ Gareth ... ❧ Elle l'observa, un instant, comme figée par ce qu'elle venait d'entendre, alors qu'elle déglutissait avec peine, et que son regard commençait sans doute à quelque peu vaciller derrière un certain voile embué. ❧ Bien sûr que cela me touche et me peine ... Tu l'as dis toi-même, je suis l'une des personnes les plus douces que tu connaisses. Et Mère m'a suffisamment quelque peu sermonnée d'être trop sentimentale et d'être trop peu à même de rationaliser pour que je sache très bien que j'ai tendance à être plus aisément touchée et peinée intérieurement par ce qui se passe autour de moi. Avec toi, il n'est pas question d'intérioriser, et je m'y refuse, alors ... Bien sûr que je souffre, mais je préfère le faire dans le climat le plus pur et serein qui soit, sans avoir à me questionner et à douter sur ce que tu ressens réellement toi ... Tant que tu es là pour me retenir si je tombe, je peux encore en encaisser, je suppose ... ❧
Elle ne peut lui en vouloir de la faire rougir, par la suite, du moins, pas vraiment sans doute ... Après tout, elle lui demande de s'ouvrir, de ne point se cacher derrière quelque masque que ce soit, en sa présence. Dès lors, elle doit accepter de se retrouver de nouveau face à un homme tout à fait capable de la toucher en plein cœur, d'une bonne façon. Et ce même si cela la confronte une fois de plus face à cette difficulté qui est la sienne de rester impassible face à certaines des paroles de son époux. Encore une fois, en sa présence, et surtout au sein de ces appartements, de leurs appartements, elle ne veut être que Megara, le plus possible. Cette jeune femme qui baisse la garde, qui se défait de ses atours princiers et de toute l'armature qui allait avec. Quoi qu'il en soit, les paroles de Gareth la touche, mais elle ne peut pas réellement se cacher le visage entre les mains pour dissimuler le rosissement de ses joues, n'est-ce pas ? Elle a bien trop besoin de ses mains pour garder l'équilibre, ou bien encore soulager son ventre, ou bien aussi pour ne point donner à Gareth l'impression qu'elle se ferme. Ou qu'elle fuit sa présence, sa proximité, son contact. Sans parler du fait que, oui, encore une fois, il était plus aisé de réfréner un tournis, une perte d'équilibre ou un début d'évanouissement en pouvant se raccrocher à la première surface venue plutôt qu'à son propre visage ... En l'occurrence, le sentir la prendre dans ses bras lui offre la certitude qu'il sera là pour la rattraper, si jamais elle en venait à faire face à l'une des péripéties précédemment énoncées. Il a les épaules solides, Gareth, et même s'il y a la question de cette jambe qui fut blessée, et que Megara avait pris du poids à mesure de sa grossesse, la jeune femme ne doutait point que son époux était encore largement en mesure de ne pas la laisser choir. Alors, elle ferme les yeux, prise par l'émotion, et également quelque peu entravée par la peur. La peur d'avoir à faire face à la même fin que Nymeria. La peur, aussi, de causer beaucoup de peine aux siens, et surtout à son époux. Et à leur enfant, si les Sept l'épargnaient lui, mais pas elle. Commencer sa vie en perdant sa mère n'était certainement pas des meilleurs auspices.
    ❧ Promets le moi ... ❧ C'était sans doute puéril et stupide. Parce qu'elle n'avait jamais douté de la parole de Gareth depuis leurs noces. Il lui avait promis de lui revenir, lorsqu'il avait accompagné la délégation de l'Ouest en direction de celui qui se disait Empereur. Et il avait tenu parole, en dépit de cette blessure à la jambe et des grands risques qu'il avait encouru et rencontré. Il lui avait promis de toujours lui faire livrer des fleurs, au petit matin, et elle avait toujours eu droit à son bouquet. Il lui avait promis de ne pas lui voler la couverture la nuit, aussi. Elle sent comme un coup au cœur la prendre en entendant la suite des paroles du jeune homme. Est-ce qu'elle le réalisait ? Peut-être. Mais la perspective l'effrayait tant, comme si ... Comme si y croire l'exposait à un retour de bâton. Comme si c'était trop escompter, compte tenu des circonstances et de cette tare qui lui collait à la peau. Elle resta alors silencieuse, non sans espérer très fort que son époux ne prenne pas ça comme une réaction négative ou réfractaire. Alors, instinctivement, elle frotte le bout de son nez tout contre lui, en fermant les yeux un court instant. Avant de plonger son regard dans le sien, quand il lui assure qu'il sera là, qu'elle ne sera pas seule, qu'ils affronteront ensemble ce à quoi ils pourront bien faire face. Et le fait de ... Le fait de l'entendre lui dire que lui aussi avait peur, et donc qu'elle n'était pas seule à ressentir de telles craintes, c'était ... C'était comme une porte qui s'ouvrait de nouveau entre eux, comme une éclaircie, en dépit de la teneur des propos, qui venait réchauffer le corps et le cœur de la jeune femme. Alors sa prise sur les habits de son époux ne s'adoucit pas, jusqu'à l'attirer tout contre elle avant de l'embrasser dans une certaine collision. Elle en avait besoin, parce que ... Parce que tout ceci est réel, qu'elle veut cependant s'en assurer, et qu'elle a besoin de lui, besoin de sentir qu'ils sont encore tous deux vivants, et qu'ils peuvent le faire. Mais ils ne sont point seuls dans toute cette histoire, et un certain être choisit de le lui rappeler, alors qu'à regret, elle doit reculer quelque peu son visage pour serrer les dents. Et prendre une grande respiration, non sans poser l'une de ses mains sur son ventre, en laissant passer quelques secondes. ❧ Je ne sais jamais quoi penser de tout ceci, en revanche ... Il a l'air déterminé ... ❧ "Il" ... Sans doute les clichés ont-ils la vie dure, mais dans son esprit, Megara ne parvient pas à se dire qu'une petite fille pourrait être aussi active, têtue et agitée. ❧ Gareth ... ❧


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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyLun 19 Nov - 11:21

Ça ne suffit pas. Megara a raison, ça ne suffit jamais, ne serait-ce que pour essayer de comprendre, de répondre à toutes ces interrogations qui nous rongent depuis l’annonce de la mort de Nymeria. Aucune explication, aucune parole ne semble suffisante pour arriver à accepter l’inacceptable. Et encore moins une quelconque intervention divine. Si je n’ai jamais été très pieux jusqu’à aujourd’hui, autant dire que cela ne risque guère de changer. « Je sais Meg… tout comme je sais que tu ne seras jamais assez mauvaise pour souhaiter ce mal à qui que ce soit. Je n’ai pas d’explication cohérente, de réponse qui tomberait du ciel pour essayer de t’éclairer. Je sais juste que je suis là pour toi, quoi qu’il arrive. » Même si je me demande si ce sera suffisant, si je serais à la hauteur ou si, à cause de moi, elle ne fera que se perdre davantage.

Si je soupire longuement, je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire au reste de ses propos. Et je souffle, à mi-voix. « J’ai toujours été gourmand. Et j’avais toujours faim. Mais grignoter ce qu’il a dans ton assiette est surtout lié au plaisir de voir ta mine offusquée quand je le fais, surtout quand nous ne sommes que tous les deux. Ta façon de froncer les sourcils est fort charmante et je ne peux pas m’empêcher de tout faire pour que ça arrive. » Même si cela n’est pas arrivé depuis plusieurs jours. Et que je ne chipe rien dans son assiette, trop occupé à m’assurer qu’elle mange un peu. Et je laisse filer un silence quand elle me répond, esquissant un sourire triste. « Je serais toujours là pour te retenir Meg, même si c’est difficile pour moi de te voir vaciller, même si je déteste ça. Tu n’es pas trop sentimentale, c’est même ce qui fait ta force d’une certaine façon, qui te permet de passer certaines épreuves. » Je ne veux pas qu’elle intériorise, même si c’est douloureux pour elle. Parce que cela la rend terriblement humaine et tellement attachante que je ne voudrais pas voir cela s’arrêter un jour.

Et je vois bien que mes paroles la font rougir. Pour autant, cette fois, ce n’est vraiment pas à dessein. Elle me demande d’être honnête, de dire ce que je ressens vraiment et cette façade que je me suis imposé depuis quelques jours s’effrite à mesure que je parle et que je réalise que je peux tout lui dire ou peu s’en faut. Je la ramène contre moi et, à sa question, je souffle, dans un murmure. « Je te le promets. Je ne te laisserai pas. Je ne pourrais pas de toute façon, tu comptes bien trop pour moi maintenant. » Elle ne réalise pas vraiment l’importance qu’elle a dans ma vie maintenant, encore plus depuis mon retour. Si je savais m’être attaché à elle avant mon départ, les choses ont quelque peu changé et je sais parfaitement en quoi cet attachement est en train de se transformer. Même si je ne m’y attendais pas vraiment, pas aussi vite, pas comme ça. Et je continue de parler, de m’ouvrir à elle, inspirant longuement quand elle frotte son nez contre moi, profitant de ce moment de tendresse, de cette proximité qui m’étonne et me charme à chaque fois.

Je lui rends son baiser, avec un mélange de douceur et de passion que j’éprouve toujours en sa présence et je la serre un peu plus fort contre moi avant de tousser un rire à sentir notre enfant s’agiter. « Déterminé oui. Il tient ça de qui à ton avis ? » J’effleure l’arrondi de son ventre avec tendresse avant de froncer les sourcils quand elle prononce mon nom. Je la fixe un instant, hésitant, avant que mes lèvres n’aillent de nouveau chercher les siennes. Avant de murmurer, d’un ton si bas que je ne sais même pas si elle pourrait vraiment m’entendre. « Je t’aime Megara. Je ne pensais pas que je pourrais éprouver quelque chose d’aussi fort pour toi mais… » Difficile de finir ma phrase mais, en cet instant, je me rends compte que j’avais besoin de lui dire, que j’avais besoin de lui faire vraiment comprendre ce que je ressens. Et je l’embrasse avec précaution, espérant ne pas la braquer.

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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyMar 11 Déc - 0:25

Il était impossible pour elle d'imaginer ce que cela aurait été que d'être seule, entièrement seule, désespérément seule, pour affronter la perte de Nymeria. Plus que jamais, sans doute, elle ressentait la nécessité que cela était d'avoir une famille, d'être membre d'une Lignée forte, puissante et nombreuse. De pouvoir compter sur sa très proche famille pour ne pas se sentir entièrement perdue, pour ne pas avoir la sensation non plus d'avoir une réaction démesurée, d'éprouver des sentiments bien trop exagérés et exacerbés. Tous souffraient, mais chacun avait sans doute sa propre façon de gérer les choses. Il était donc sans doute bien plus attendu de ses parents qu'ils gardent le cap et ne se laissent pas engloutir, parce qu'ils étaient adultes, plus âgés, qu'ils avaient déjà connus des épreuves, et que, par dessus tout, ils étaient souverains et monarques, et qu'ils avaient donc pléthores de responsabilités à continuer d'assumer pour le Royaume et vis à vis de lui. Ce qui ne diminuait sans doute en rien leur deuil. Megara, elle ... Megara, elle, n'occupait que le rang de Princesse. Et elle était encore jeune, née pendant ce si long été, en des temps pacifiques, comme le lui avait maintes et maintes fois fait remarquer sa mère. Sans parler du fait qu'elle était enceinte. Là où ses nerfs et ses émotions étaient donc mis à rude épreuve, et où le fait que sa cadette était morte en étant elle-même enceinte n'arrangeait rien à la situation. Alors sans doute, en privé au moins, pouvait-elle se laisser aller. De toute façon, elle se sentait si épuisée une fois les portes closes et l'intimité retrouvée, qu'elle ne parvenait le plus souvent à rien faire d'autre qu'à s'effondrer, physiquement comme mentalement. Alors, oui, il était important pour elle que Gareth soit là. Qu'il ne la lâche pas, qu'il ne la laisse pas non plus se laisser piégée dans un cercle vicieux ne pouvant que l'entrainer vers les abysses. Peut-être qu'ils devaient tous deux être un peu secoués, qu'ils devaient sentir le fond se rapprocher, afin de pouvoir réagir, mais Megara ne souhaitait pas que, l'un comme l'autre, ils puissent atteindre une telle extrémité. L'entendre lui dire qu'il était là, le voir comme enfin réellement réagir, c'était ... C'était comme une bouffée d'espoir qui ressurgissait des tréfonds. L'entendre plaisanter, quelque peu, ne pouvait là aussi n'être qu'un signe positif, de renouveau, de demains qui chanteraient de nouveau, n'est-ce pas ?
    ❧ Je n'y peux rien. On m'a élevée dans le respect des bonnes manières, moi. Dans la mesure et le refus de me laisser aller aux menus larcins. Il me faudra donc prier pour que notre enfant ne tienne pas de toi sa gourmandise, au risque de ne plus rien avoir dans mon assiette ! ❧ Un instant, elle esquisse un faux froncement de sourcil, alors que, sans doute, le bout de son nez se fronce, avant qu'elle ne laisse paraître un petit sourire. Mais il n'est pas possible de pouvoir envoyer dans l'ombre et le passé toutes ces difficultés et ces peines qui leur incombent et leur pèsent encore présentement. Le soleil rejaillira de derrière les nuages, il le faut, mais l'obscurité reste encore présente, tout comme les insécurités et les craintes que Megara pouvaient bien ressentir. Alors, elle baisse la tête, après s'être saisie de son courage et s'être livrée à cœur ouvert à son époux. Bien qu'elle sache qu'il n'utilisera jamais ce qu'elle pouvait bien lui avouer pour le retourner contre elle et la peiner, il n'en demeurait pas moins que cela n'avait tout de même rien d'évident que d'avouer avec besoin de lui, d'être à la peine quant à savoir rester debout rien que par elle-même. Même si une certaine chaleur l'enveloppa un instant, comme issue d'une fierté et d'un orgueil qui rejaillissaient face aux dernières paroles de Gareth. ❧ Je sais que c'est sans doute égoïste de te demander de surmonter ta peine et tes difficultés, mais ... J'ai vraiment besoin de toi, plus que tout autre, en ce moment. Parce qu'avec toi, il n'est plus question de protocole, et que ... Que tu te moques bien que je puisse simplement vouloir être Megara, en ce moment, sans m'en blâmer. Je saurais t'être reconnaissante, que les Sept en soient témoins. ❧
Megara n'était pas connue pour mentir, du moins, pas sciemment. Et si elle ne promettait jamais incessamment, elle tenait sa parole et faisait en sorte de ne point décevoir. Le plus souvent, compte tenu de sa position dans la hiérarchie de la Couronne, et sans parler des moyens dont elle disposait, cela prenait peu de temps. Mais parfois, certains obstacles se présentaient, et cela retardait l'échéance, car elle refusait l'approximation et la précipitation. En l'instant même, elle ignorait encore comment elle s'y prendrait pour être reconnaissante envers son époux, mais elle savait qu'elle œuvrerait, d'une façon ou d'une autre, pour que jamais il ne regrette avoir fait un pas vers elle, malgré la douleur que cela pouvait représenter de par le contexte environnant et de par ses propres sentiments bien mis à l'épreuve par la mort tragique de Nymeria. Mais, présentement, elle ne voulait pas immédiatement songer à tout cela, persuadée qu'il y avait un temps pour tout, et que celui-ci n'était pas encore venu. Alors elle préférait, une nouvelle fois, faire promettre à Gareth d'être là, de ne pas la laisser choir, de lui tenir la main, au sens propre comme au sens figuré. Tout en se laissant aller à ce qu'elle ressentait à l'instant même. Ce mélange de force, de chaleur et d'espoir, combiné au tambourinement si fort de son cœur dans sa poitrine et à l'aura née de cette proximité entre leurs corps à tous deux. Ce bien-être, soudain, qui la pousse à franchir le pas et à l'embrasser. Sans doute n'a-t-elle pas à en rougir, surtout parce que Gareth ne semble rien trouver à y redire, bien au contraire. Et ce jusqu'à ce que leur enfant souhaite leur rappeler qu'il est là, bel et bien présent. Ce qui semble bien amuser le futur père, même si Megara, elle, n'apprécie pas forcément autant que lui, sans doute parce que les coups, c'est elle qui les ressent directement, en dedans.
    ❧ Sache que sur ce point, je suis tout à fait partante pour te laisser endosser l'entière responsabilité. Quoi que Mère m'a toujours dis que j'étais des plus actives quand elle m'attendait, avant de me révéler être la plus douce des nouveaux-nés. ❧ Quoi qu'il en soit, visiblement, l'agitation s'apaise quelque peu rien qu'au contact de la main de Gareth contre le ventre si arrondi. Une capacité d'apaisement que Megara lui envie, sans toutefois le lui dire. C'est une bonne chose, d'une certaine façon, que Gareth puisse se sentir investi de ce pouvoir là, lui, quand Megara est bien plus à même de contrôler certaines autres choses, ou du moins de les ressentir. Sans parler du fait qu'elle apprécie ces instants de partage entre eux, et ce contact physique si beau et si puissant, tout en étant pourtant si simple. Et visiblement, son époux ressent la même chose, alors que c'est à son tour à lui de l'embrasser en se saisissant de ses lèvres. Et cette fois-ci, leur enfant à venir ne semble rien avoir à y redire. Ainsi est-il en accord avec sa mère ... Une future mère qui reste bien pantoise et silencieuse face aux ultimes paroles de son époux. Ce n'est pas comme si cela survenait de nulle part, car après tout, ils partagent la même intimité et le même lit depuis plusieurs mois. Ils ne sont pas deux parfaits inconnus l'un pour l'autre, et ils occupent toutes deux une place à part et spéciale dans la vie l'un de l'autre. Mais ... Mais jusqu'à maintenant, elle avait toujours pensé qu'il existait ce fait, entre eux. Ce fait qui faisait que leur mariage avait été décidé et organisé pour dissimuler ce si lourd secret qui la concernait elle. Et que, donc, leur union n'était en rien basée sur quelque sentiment amoureux initial entre eux. Elle se savait fortement attachée à lui, et elle le pensait suffisamment mauvais comédien pour ne tout de même pas pouvoir feindre lui accorder de l'attention et de l'affection alors qu'il n'en était rien. Mais, là ... Gareth n'avait sans doute aucun intérêt de lui avouer ce genre de choses sans réellement le penser. Il n'avait rien à y gagner, puisqu'elle était déjà son épouse, qu'elle ne lui avait pas fermé sa couche ni ses appartements sous prétexte d'être déjà enceinte, et qu'il n'existait aucun conflit entre eux. Alors tout ceci la perdait quelque peu dans un amoncellement de sensations et d'émotions. Elle se sentait presque étouffée, prise à la gorge par une bouffée de chaleur et de sentiments. Elle se sent de nouveau sur le point de pleurer, et ne fait absolument rien pour empêcher les larmes de couler, cette fois-ci. Non sans mettre son cœur dans ce nouveau baiser qu'il lui offre. Et elle espère, si fortement, qu'il comprendra, à son attitude et à sa participation active, que ses larmes ne doivent en rien l'affoler, bien au contraire. Même si elle préfère tout de même glisser quelques mots entre deux baisers. ❧ Oh, Gareth ... ❧ Leur enfant s'agite de nouveau, mais Megara est sans doute bien trop à ce que lui font ressentir les derniers mots de son mari pour s'y attarder réellement. ❧ Je crois bien que je t'aime moi aussi ... ❧ Elle se doute bien qu'il ne lui a pas avoué son amour pour qu'elle lui rende la pareille, mais elle refuse de le laisser sans réponse, en proie à bien des questionnements. L'incertitude est une ennemie, et il y a déjà tant de difficultés qui s'érigent autour d'eux pour qu'elle laisse quoi que ce soit s'immiscer entre eux si elle peut y faire quelque chose.


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Megara Lannister
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MessageSujet: Re: Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé]   Le deuil est le prix que nous payons pour l’amour ❧ [Tour VI - Terminé] EmptyJeu 20 Déc - 9:06

Je ne pensais pas finir par partager autant de choses avec Meg. Que ce soit ces souvenirs qui ont émaillés notre enfance, même si nous n’étions pas vraiment proches, ou ce que nous vivons aujourd’hui en tant que couple. Elle n’a de cesse de me surprendre, surtout lorsque nous sommes tous les deux et encore plus dans une situation comme celle-là, où je réalise que c’est de moi dont elle a besoin, qu’elle a appris à m’apprécier suffisamment pour que je sois l’épaule sur laquelle elle a envie de pleurer et que, surtout, elle veut que je partage ma peine avec elle. Si j’ai beaucoup de mal à me faire à cette idée, parce que j’ai peur de ne pas être à même de me relever si je me laisse tomber, même un instant, impossible de ne pas me sentir touché par ce qu’elle dit. Et par la façon dont elle le dit. Il se dégage encore d’elle une telle innocence que j’aimerais la protéger de tous les maux du monde, quand bien même je sais que c’est impossible.

Et même si la douleur est là, lancinante, que je sais qu’elle ne nous quittera pas avant longtemps, probablement jamais en vérité, partager ce moment me soulage plus que je l’aurais cru possible. Nous arrivons même à nous taquiner un peu, à plaisanter à l’évocation de certains souvenirs bien moins douloureux que d’autres. « On a essayé de m’élever dans le respect des bonnes manières. Là est toute la différence entre nous. Et je te le redirais quand tu essaieras de chiper la couverture. » Et, quand elle parle de notre enfant, je ne peux m’empêcher d’avoir un sourire plus doux. « Il faudra bien qu’il ait quelques-uns de mes travers. » Et j’effleure les sourcils qu’elle fronce, non sans me faire plus songeur. Au reste de ses propos, je laisse filer un silence avant de murmurer à son attention. « Ce n’est pas égoïste. Surtout quand je réalise que j’ai besoin que tu aies besoin de moi. Que tu saches que tu peux compter sur moi, que je suis important dans ta vie. Et jamais je ne te blâmerai pour être toi-même. Parce que c’est cette personne qui compte pour moi, bien plus que la Princesse sur laquelle je dois veiller. »

La serrer dans mes bras, sentir sa présence me soulage tout autant que de lui avoir parlé de Nymeria. Même si je sens encore les sanglots dans ma gorge qui ne voudront probablement jamais sortir, au moins Meg sait à quel point sa sœur était importante pour moi. A quel point elle va me manquer et que rien ne pourra remplacer cette petite sœur de cœur. Je ne sais pas pourquoi je lui dis que je l’aime. Enfin si, je le sais bien, parce que c’est ce que j’éprouve, que j’ai découvert ce sentiment depuis quelques semaines, quelques mois peut-être, qu’il était là sans que j’y prête attention et que je le cultive avec un mélange de crainte et de joie. Le moment n’est probablement pas idéal pour lui pourtant, d’autant que je n’ai pas la moindre idée de sa réaction. Et, en vérité, si son silence m’effraie, la façon dont elle a de prononcer mon le fait encore davantage. Comme si elle allait me dire qu’elle était désolée ou quelque chose dans le genre. Dans le fond, je me dirais que ce n’est pas grave. Je n’ai pas dit ça dans l’espoir qu’elle partage mes sentiments, même si je sais qu’elle s’est attachée à moi, mais parce que je veux qu’elle comprenne ce qui la rend si précieuse à mes yeux, ce qui a pu changer au cours de ces derniers mois alors que j’apprenais la vie à ses côtés.

Je fronce les sourcils en voyant les larmes perler au bord de ses yeux, me demandant quelle tempête j’ai bien pu provoquer sans le vouloir. Mais, quand elle reprend la parole, je me fige et je la fixe, incrédule. « Oh… » Et je la regarde, à court de mots, les yeux brillants. Avant d’effleurer doucement ses lèvres des miennes et de reprendre, toujours dans un murmure, comme pour m’assurer qu’elle sera la seule à entendre, quand bien même nous sommes seuls. « Tu crois bien ? A moi de faire en sorte que ça devienne une certitude alors. Et à nous de cultiver ça. Ensemble. Si tu le veux bien. » Sans vraiment lui laisser le temps de répondre, je scelle mes propos d’un nouveau baiser, la ramenant contre moi dans un geste protecteur, bien décidé à veiller sur celle qui partage ma vie et qui a trouvé comment toucher mon cœur.

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