Discussion au clair de lune [Tour V - Terminé]

Je refermais la porte derrière moi, et me massai la nuque. Bon ! Une de couchée ! Ça c’était fait. Mais je ne pouvais toujours pas m’asseoir ni aller me reposer malgré mes jambes douloureuses de rester debout des heures durant. Je passais une main sur mon ventre, encore caché, mais pour combien de temps ? , où le petit dormait. Encore une chance il ne bougeait pas trop pour l’instant. Pour l’instant. Dans six lunes, je ne pourrais plus rien faire. Si je ne perdais pas le bébé avant. Dans un geste machinal je portais ma main à mon corsage, là où aurait dû se trouver la fleur de mon fiancé. Mes doigts ne rencontrèrent que le vide, et son absence me glaça une nouvelle fois le sang dans les veines et le picotement des larmes me vient. Je secouais la tête en m’appuyant sur un mur pour essuyer les premières larmes qui coulaient sur mes joues. Je ne devais pas craquer. Pas maintenant. Je repris une profonde respiration, plusieurs fois, avant de me redresser. Allez Wylla ! Bientôt tu pourras manger et te coucher. Encore juste une dame à s’occuper.

Je passai une main fatiguée sur mon visage, encore heureux, la dame que j’allais servir n’était pas aussi capricieuse et compliquée qu’Eren. Puis c’était une préparation pour le couché … c’était plus simple et moins long. Surtout moins long. La reine Tricia … Voilà un moment que je ne l’avais pas servie … J’étais contente de la revoir un peu. Même si ce n’était que pour une heure. Allez … deux au maximum ! Et après je pourrais me poser, discuter avec les autres servantes, et surtout dormir. Car demain le travail m’attendait encore. Je caressais une nouvelle fois mon ventre avant de faire craquer ma nuque. Je rêvais de m’étendre et de dormir, pour savourer quelques heures d’oublies … Y avait-on le droit en tant que servante ? Ah oui … non. J’oubliais, le travail avant tout. Parfois je me demandais si la vie à la Ferme n’était pas plus simple et plus paisible … Pas vraiment non, mais au moins … Au moins rien du tout …

Je regardais la porte en face de moi, elle était gardée, rien d’anormal jusque là. Je frappais et attendis l’autorisation pour entrer dans la chambre royale. Je fis une profonde révérence face à la grande lady blonde dont je connaissais les habitudes avant de me redresser et d’incliner de nouveau la tête face à elle.

« Votre majesté, je suis prête à vous servir »

J’étais habituée au luxe lié au statue des grandes dames, des rois et des reines, mais comme toujours je trouvais cela trop. Encore une chance que je ne sois pas celle qui décide des décorations. Je relevais les yeux vers le visage gracieux de la reine du Bief. Elle était l’une des seule avec qui je m’autorisais à ne plus vraiment regarder en permanence mes pieds. Mais malgré tout, elle restait impressionnante. J’eus un léger sourire avant de, de nouveau, regarder mes pieds.

Solfoyer,

An 1, Mois 1.

Discussion au clair de lune

Je retirais lentement les barrettes maintenant ma coiffure en place. J'étais soulagée de voir la journée se terminer afin de pouvoir prendre bientôt un peu de repos. La nuit était pour moi un moment de paix, où tous les problèmes de la journée cessaient d'exister durant quelques heures. Une fois mes cheveux délivrés, je m'avançais sur le balcon, admirant la beauté de la nuit. La lune brillait dans un ciel d'un bleu sombre, et rien ne semblait porter atteinte à sa paix. J'enviais l'astre lunaire, toujours accompagné chaque nuit par ses semblables.

Pour ma part, j'avais l'impression d'être un astre en déclin. Les mots de Manfred m'avaient blessé plus que je ne l'aurais cru. Il avait mis des mots clairs et officiels sur le déclin que je subissais. Manfred était toujours fort occupé, et je ne pouvais pas le blâmer de ne pas réfléchir à mon futur. Alors, pour lui, et surtout pour moi, j'avais pensé à mon futur. Mon rôle était bientôt terminé, le temps était compté. Alors j'avais affronté mon frère afin d'obtenir ce que je désirais... Une nouvelle vie. Continuer d'avancer et laisser derrière moi mon aimé décédé. Le meilleur remède à la peine est de commencer à prendre en main son avenir.

J'entendais frapper à la porte, et je donnais sans attendre l'autorisation d'entrée. Il me fallut quelques secondes pour reconnaître les mouvements familiers de la révérence. Je pus ensuite voir le visage de la jeune femme, il s'agissait de la servante Wylla. Cela fessait un long moment depuis que notre dernière rencontre. J'avais ouï dire qu'elle avait été placé avec Eren. J'imaginais sans mal le drastique changement pour la jeune servante.

- "Wylla, quel plaisir de vous revoir. J'ai entendu dire que vous avez été placé au service de la Princesse Eren ?"

Pendant que j'engageais la discussion j'allais m'asseoir devant la coiffeuse. Je retirais lentement les bijoux pour les placer dans un coffret. Puis je plaçais ma brosse sur le côté, à portée de la servante. Je lui fis signe de déplacer un tabouret derrière moi, afin qu'elle puise s'occuper de ma chevelure.

Je souris plus largement en voyant que la reine se souvenait de moi. Je l’avais servie un moment, mais parfois les noms étaient comme des oiseaux : ils s’envolaient. Ah … oui … mon service avec Eren. Je redressais la tête encore un peu sans répondre tout de suite pour m’approcher de la reine. Je retiens un soupire de soulagement en la voyant m’autoriser à m’asseoir pour m’occuper de ses cheveux de blés. Je m’assis avec lenteur et pris la brosse. Je répétais des gestes que j’avais fais des milliers de fois : passer une main dans ses cheveux pour en défaire quelques nœuds lentement et profiter de leur douceur, les rassembler dans son dos et après avoir une nouvelle fois passer mes mains dedans, je retirais d’ailleurs une barrette oubliée , je répondis enfin à sa question :

« Oui majesté, je suis maintenant au service de la princesse Eren. Seulement depuis quelques jours. C’est … très différent d’avec vous. »

Et le mot était faible, c’était le jour et la nuit. Si la reine avait toujours été aimable ce n’était pas le cas d’Eren qui avait dû mal à devenir une vraie lady. Mais … on s’y habituait. C’était comme tout. Je préférais la servir elle que son époux. Je sentis un petit frisson me parcourir l’échine à la pensée de Manfred. Je commençais à brosser la belle chevelure de la reine. Je restais pensive un moment en regardant mes doigts habiles jouer avec les nœuds que je trouvais. C’était comme une danse. Je m’arrêtais un instant pour me frotter les yeux. J’étais épuisée, bien plus que d’habitude, maudite grossesse … Je repris la brosse pour reprendre mon travail. Mon regard croisa celui de la reine dans le miroir et je détournai les yeux. Je me sentais presque coupable de servir Eren … Même si ce n’était pas de ma faute ! Après tout je ne suivais que les ordres ! Mais … Je ne savais pas, il y avait quelque chose d’étrange. Je posai un instant la brosse pour glisser mes mains dans les cheveux de la reine et remonter jusqu’à son crâne pour lui masser. Avant je le faisais à chaque fois. Eren n’y avait par contre pas encore eut le droit.

« Allez-vous bien Majesté ? Vous avez l’air épuisée … »

À nous deux nous pouvions concourir pour celle qui avait les plus grands cernes. Nous avions de bonne chances de gagner si un tel concoure existait … Je descendis mes mains pour lui masser la nuque.

Solfoyer,

An 1, Mois 1.

Discussion au clair de lune

Je profitait des soins que Wylla apportais à ma chevelure pour me détendre doucement. J'avais toujours aimé sa délicatesse, sa discrétion et l'aura qui émanait d'elle. C'était quelque chose de doux qui me berçait.

- "La Princesse Eren est... atypique. Si elle vous mène la vie dure, n'hésitez pas à revenir à mon service. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi vous avez été deplacé."

J'étouffais une pensée mesquine qui effleurait mon esprit. Celle-ci me disant qu'Eren me prenait non seulement le trône du Bief, mais également mes propres serviteurs. Le souvenir de la pique blessante qu'Eren m'avait lancée à la fin de notre discussion me revenait en mémoire. J'avais ce jour-là entrevu ce qui se cachait sous la première couche de la carapace de cette femme de fer, et j'étais encore sous le choc. Je m'obligeais à sortir de ces pensées négatives, et je regardais Wylla défaire les nœuds de mes cheveux. Je remarquais sans difficultés son attention qui se perdait dans son activité. Mais celle-ci se reprit rapidement, et comme si elle pouvait lire mes pensées, elle commença à masser mon crâne. J'avais toujours adoré ses massages, c'était mon péché mignon. Ce genre de délicatesse m'avait terriblement manqué depuis le départ de Wylla, et celui de Mern. Si peut de choses avaient pu m'offrir du répit. Seules les quelques lettres que je gardais précieusement avec moi parvenaient à me consoler, et à m'offrir de l'espoir.

- "J'ai quelques soucis, comme toujours depuis que Mern est mort. J'ai bien du mal à les résoudre. Mais je me dois d'avancer, et de me montrer forte. Je me suis heurté à Manfred, et ce fût très difficile pour nous deux. S'il le pouvait il m’enfermerait dans une tour d'ivoire loin du monde, et m'y garderait à l'abri de tout jusqu'à la fin de mes jours."

Je regardais Wylla plus attentivement. J'avais l'impression que quelque chose était différent en elle. Notamment l'absence de fleur cachée près du lacet de son corset. Il m'était souvent arrivé de remarquer la présence d'une fleur toujours différente, placée en sécurité à cet endroit. Elle avait plus de cernes qu'avant, et son visage semblait plus tiré. Le langage de son corps était également plus distant, et plus rigide.

- "Vous semblez avoir vos problèmes aussi. Est-ce grave ? "

« La princesse Eren est un peu brusque … Mais je pense que de se retrouver loin des siens dans un environnement inconnu ne doit pas aider son caractère … Je vous remercie de vous inquiétez majesté, mais je pense qu’elle s’habitue à moi … Je ne sais pas non plus … Je ne pose pas de questions, j’obéis. »

Elle était déjà un peu moins brusque, et surtout j’apprenais vite ses habitudes pour éviter des erreurs typiques. Une seule erreur de corset, mais pas deux. Une seule erreur, mais pas deux. C’était ainsi que j’avais été élevé. Je continuais mon massage sans rien dire, l’écoutant. Je savais où elle aimait que je la masse, je descendis un peu mes mains pour lui masser les épaules et la nuque avant de remonter et retourner masser son crâne. Je l’écoutais avec attention se confier un peu à moi. Un petit frisson me parcouru et mes mains se crispèrent très légèrement au nom de Manfred, mais je ne laissais rien paraître, préférant jeter un regard vers la fenêtre comme-ci c’était sa faute à elle. Je restais toujours surprise que lady Tricia ne me tutoies pas mais me vouvoie, tout les autres nobles me tutoyé. Je relevais les yeux lorsqu’elle me retourna la question avant de les baisser de nouveau.

Devais-je vraiment pleurer sur l’épaule d’une reine ? En avais-je le droit ? Elle m’avait ouvert son cœur … Je pouvais bien faire de même non ? Rien qu’un peu ? Un tout petit peu … pas grand-chose. Dans un réflexe que je n’avais pas perdu, mes doigts cherchèrent la fleur que je portais normalement à mon corsage, mais ils ne touchèrent que du tissu.

« … J’ai quelques problèmes … Mon fiancé est mort il y a quelques temps et je suis enceinte depuis quelques temps … »

Pourvu qu’elle croit que le père soit mon fiancé, qu’elle ne pose pas de question. Je haussais les épaules en refoulant une vague de douleurs au fond de moi, je n’avais pas le droit de pleurer. Je m’arrêtais un instant pour repousser en arrière les mèches qui échappaient à mon chignon. Il faudrait que je le refasse. Mais plus tard, j’avais le crâne de la reine à masser. Et ses cheveux dorés à coiffer, je me frottais de nouveau les yeux avant de reprendre. Je n’aurais pas volé ma nuit de sommeil. Ça non !

Solfoyer,

An 1, Mois 1.

Discussion au clair de lune

J'aimais la sensation d'avoir une oreille de confiance à qui parler. Mais j'étais également déçue à l'idée de devoir d'ici peu me séparer à nouveau de ma servante. Il était certain que j'écrirais une missive à la personne ayant décidé de ne pas me consulter vis-à-vis de l'affectation de Wylla.

- "La Princesse a un caractère de cochon. C'est à peine si elle parvient à se contrôler de mutiler ses interlocuteurs. Savoir que d'ici quelques semaines, ou moins, elle sera la nouvelle reine des fleurs... me glace le sang. "

J'observais le visage de Wylla pendant qu'elle réfléchissait. Je pouvais presque voir les rouages derrière ses yeux. Elle semblait se demander si elle devait ou non se confier à moi. Je comprenais sa réticence à se confier à sa reine. Bien peu de dames nouaient des liens avec leurs servantes. Les servantes sont pourtant des humains à ne pas négliger. Elles peuvent être des plus loyales, ou inversement. Wylla semblait finalement se décider. Elle me confiait sa situation pour le moins difficile.

- "Je suis navrée pour votre perte. Mais une part de votre aimée survie à travers votre enfant. J'aurais aimé en donnés à Mern, ils auraient comblé son absence. Cet enfant est votre futur."

Je souris tendrement à Wylla, j'espérais qu'elle puisse voir le bonheur que lui apportera cet enfant, même né en dehors d'un mariage. Cependant, une inquiétude émergeait. Avait-elle prévu ses supérieurs ? Ou même Eren ? Wylla ne pouvait pas continuer toutes ses tâches dans sa condition. Et je n'imaginais même pas la pauvre fille dans quelques mois, subir l'humeur de la femme de fer. Eren serait une source de stress. Je regardais Wylla dans le miroir, et prenais doucement l'une de ses mains dans la mienne.

- "Avez-vous averti Eren ? Vous ne pourrez plus la suivre d'ici quelques mois. Les bateaux ne sont pas conseillés pour les femmes enceintes. Et Eren aura besoin de s'organiser pour former une servante pour vous remplacer. "

Je me tus juste après avoir parlé pour essuyer le plus rapidement possible l’un de mes yeux qui menace de faire couler une larme traîtresse. Ce n’était pas le moment. Même sa remarque sur la princesse Eren et le fait qu’elle la remplacera bientôt, ce qui me fis lever la tête, ne parvient à me faire rire. Ainsi … elle allait partir et Eren deviendrait princesse. Je baissais mon regard sur mon ventre et y posais une main. Une part de mon fiancé ? La bonne blague ! Ce n’était pas son enfant ! Jamais je n’aurais un souvenir de mon fiancé ! Je n’avais même plus la moindre de ses fleurs, la dernière était partie en lambeaux. Je pris une bouffée d’air pour chasser les sanglots dans ma gorge et la bouffée d’angoisse. Personne ne saurait jamais de qui est vraiment l’enfant, je me l’étais jurée. Quand à mon futur … Il vivra chez mon oncle, loin de moi.

« Je ne pourrais pas souvent le voir Majesté, je ne pourrais pas en prendre soin si je travaille. Je le confirais à mon oncle, il a une grande ferme, et contre un peu d’argent il en prendra grand soin. J’ai passé quelques années là bas, et mon frère y est. »

Et jamais je ne le ferais revenir près de moi. C’est moi qui irait le voir. Je ne voulais pas le voir près de la cours du roi. Je passais de nouveau une main dans la chevelure de la reine pensive. Je relevais les yeux lorsqu’elle me prit la main, je croisais son regard dans le miroir et m’y accrochai. Effectivement … Je n’avais même pas pensé au présent. Uniquement au futur. Un futur bien lointain. Rien ne disait que je survivrais à l’accouchement, ou que l’enfant survivrait lui … Quand à une servante pour me remplacer … Je voulais bien voir ça ! Je ne pensais pas qu’elle supporterais une autre servante que moi. Mais sur les navires elle n’avait pas besoin de servantes, elle y allait pour se battre !

« Non majesté, La princesse tout comme votre frère ou l’intendant l’ignorent, vous êtes l’une des premières à le savoir. Je ne pensais pas de base accompagner la princesse sur ses navires puisqu’elle y va combattre et que je n’y serais d’aucune utilité … Il faudra oui que je forme une autre servante pour me remplacer. Mais si je ne travaille pas je n’ai pas mon salaire pour mon oncle et mon enfant … Hors j’en ai besoin. »

Je repris la brosse pour lustrer la belle chevelure que j’avais devant moi. Quelque part je sentais une pointe de colère. Lady Tricia ne comprenait pas à quel point j’avais besoin d’argent et que le moindre sous que je pouvais économiser était important pour mon futur. Les nobles n’ont jamais de soucis d’argent … Pour eux acheter une robe n’est pas important, pour moi, c’est une énorme dépense, alors j’usais la moindre de mes robes jusqu’à la trame, du moins, autant que c’était possible, je ne devais pas non plus avoir l’air d’une pauvresse.

« Et puis … pour revenir à la Princesse Eren … j'ai eu pire une ou deux fois. Au moins elle ne lève pas la main sur moi. »

Ce qui était vrai. J'avais plusieurs dames qui m'avaient giflé avec ou sans raison. Eren n'avait jamais levé la main sur moi. Et j'en étais heureuse, au vu de ses mains ...

Solfoyer,

An 1, Mois 1.

Discussion au clair de lune

Je pouvais remarquer le désarroi de la jeune servante. Je ne savais pas comment consoler son chagrin. Wylla semblait savoir quoi faire au sujet de son enfant. Je l'enviais. Malgré la perte de son fiancé, elle avait cet enfant. Je n'avais pas cette chance. Mais je trouvais malchanceux qu'elle ne puisse point profité de son enfant auprès d'elle.

- "Il est malheureux que vous ne pouviez pas profiter de votre enfant en le gardant à vos côtés. Je ne peux que prier pour son bonheur."

La situation de Wylla était difficile, et cela me fessait de la peine. Pourtant, je ne pouvais pas interférer avec les problèmes de ma servante. Que pouvais-je faire pour elle ? Peut-être l'aider à mettre un peu plus d'argent de côté ? Cette solution était certainement la plus envisageable pour elle.

- "Vous êtes une fidèle et dévouée servante du royaume. Si cela peut vous aider, je demanderai une augmentation de votre salaire, ainsi qu'une indemnité durant votre temps de congé. C'est le mieux que je puisse faire pour vous aider un peu."

J'étais tout de même soulagé de savoir qu'Eren ne frappait pas les servantes que nous lui confions. Ainsi, je savais Wylla en sécurité pour les mois à venir. Je n'aimerai pas voir une servante marquée par la guerrière Fer-né.

Je continuais à coiffer la reine sans rien dire, prier pour mon bonheure ? Elle aurait dû le faire avant … Si les Sept avaient épargné mon père je n’aurais jamais eut besoin de faire ce que j’avais fais, et l’enfant serait réellement de mon fiancé. Et pas de Manfred. Mais il ne fallait pas que cela se sache. Jamais ! Autant me couper la langue, ça serait bien mieux. Je ne savais pas réellement écrire, je ne pourrais pas affirmer quelque chose. Mais je ne dis rien dis, passant une partie de la chevelure de la reine sur une de ses épaule avant de saisir une petite bouteil ciselé rempli d’une huile parfumé, j’avais l’habitude d’en enduire un peu les cheveux de la reine pour qu’ils ne s’abiment pas. Je repris la brosse pour continuer mon travail.

Je relevais les yeux vers la reine en croisant son regard dans le miroir. Un congé ? Qu’était-ce donc ? Une augmentation de salaire … Si un homme avait proposé la même chose j’aurais dis non. Mais si c’était la reine ? N’aurais-je pas plus de tranquillité ? Surtout que l’on savait que je l’avais servis un petit moment … Mmmh … Cela permettrait également que je me prive un peu moins ? Je plissais les yeux. Si on ôtait le fait que je ne comprenais pas pourquoi elle parlait de congés, vu que je n’en avais pas, je ne travaillerais pas que le jour de l’accouchement et le temps d’aller porter l’enfant à mon oncle. Si nous survivions tous les deux. D’ailleurs je me demandais de quel sexe serait l’enfant. J’espérais une fille. Au moins je serais tranquille, un garçon ne m’apporterait que des ennuies.

“ Je n’ai pas de congés majesté, si j’arrive à terme, je ne demanderais simplement qu’une semaine pour porter l’enfant à mon oncle.Je travaillerais jusqu’au bout. Mais je vous remercie pour l’augmentation … ça me sera très utile je vous remercie ... “

Je saisis l’autre moitié des cheveux de la reine pour la coiffer également avant de perdre un instant mes doigts dans ses longues mèches blès. Cela me manquait terriblement de ne plus les coiffer. Eren avait une fine chevelure corbeau, je préférais la blondeur de ma reine. Même si je ne l’avouerais jamais à Eren. Je me souvenais bien lorsque je la coiffais le matin, les première fois j’avais dû m’y reprendre à trois fois. Voyons si je me souvenais … Je me remis debout et mes doigts devenues agile par les années de pratique, saisir habilement les mèches blondes et commencèrent à les coiffer à toute vitesse. Je me souvenais avec exactitude de sa coiffure favorite. Celle qu’elle m’avait également demandé le premier jour où j’avais travaillé pour elle. Je lui souris dans le miroir

“ C’était la coiffure que vous m’aviez demandé le premier jour où je suis venue vous servir. “

Je relachais la masse blonde après quelques secondes et me rassis sans plus rien dire pour de nouveau venir lui masser le crâne et la nuque.

Solfoyer,

An 1, Mois 1.

Discussion au clair de lune

J'étais surprise d'entendre que la jeune Wylla ne comptait pas prendre de congé à la suite de son accouchement. Je m'étais par le passé informer sur tout ce qui touchait aux naissance, et je trouvais sa détermination dangereuse.

J'attendis que Wylla termine d'enduire ma chevelure avec mon huile parfumée favorite. La senteur des fleurs plaisait énormément à Mern. Mern aimait caresser mes cheveux, et profiter de l'odeur de l'huile. Mais tout cela remonte à longtemps. Mern ne venait plus me visiter la nuit bien avant sa disparition.

- "Prenez au moins deux semaines Wylla, la naissance et le voyage seront très éprouvant pour votre corps. L'indemnité couvrira votre absence, vous serez payé sans devoir travailler. Ainsi vous pourrez vous reposer, car il serait malheureux que vous tombiez malade."

A mes yeux, Wylla était bien trop sérieuse dans son travail. J'aimerai l'aider autant que possible afin qu'elle puise passer quelques jours avec son enfant, et profiter d'un peu de repos. Après tout, les femmes doivent faire preuve de solidarité entre-elles.
J'observais tranquillement Wylla terminer de brosser ma chevelure, pour ensuite commencer à la coiffer pour la nuit. La dextérité de ses doigts m'avais toujours impressionnée. J'aperçus le sourire de la jeune femme dans le miroir, et je ne manquais pas de le lui rendre.

- " Vous avez une bonne mémoire. J'ai toujours aimé cette coiffure. Vous avez des doigts de fée, votre présence me manque souvent."

Plus la soirée avancé, plus je regrettais la mutation de ma servante. J'aurais aimé la reprendre à mon service, mais je ne voulais pas l'obliger contre son-gré.
Lorsqu'elle me massait ainsi la nuque, je rêvais que ces moments durent jusqu'à la fin de mes vieux jours. Les soucis s'évanouissaient de nouveau, et ne laissaient place qu'à mes espoirs d'avenir.

- "Si vous fatiguez, allez dormir. Vous avez eu une longue journée, et je ne voudrais pas vous retenir trop longtemps."

Je secouais doucement la tête, elle ne comprenait pas réellement. Quand comme moi on avait été habitués à travailler depuis ses six ans, il était impossible de pouvoir se poser quelques jours à ne rien faire. Une semaine serait déjà largement assez pour me reposer. Avec deux je deviendrais folle à ne plus savoir quoi faire de mes dix doigts. Mais je me reposerais, je me débrouillerais pour laisser quelques corvées aux autres servantes. On trouverait bien un arrangement, il y avait toujours moyen de s’arranger avec les autres et surtout entre servante. Je répondis doucement

« Je travaille depuis que j’ai six ans majesté, une semaine suffira, je ne saurais que faire de deux semaines de repos. Je m’arrangerais avec les autres servantes le temps que je me repose un peu. »

Je souris un peu plus largement lorsqu’elle évoqua mes doigts, je baissai les yeux dessus ainsi que sur ce que j’étais entrain de coiffer. Je n’avais pas spécialement des doigts de fée plus que d’autres. Pas mal de servantes étaient plus douées que moi. Mais pour la mémoire, c’était vrai que je me débrouillais pas trop mal ! Je la faisais toujours travailler. Je finis tranquillement de nouer les cheveux de la reine avec douceur. La dernière fois que je l’avais coiffé, j’avais glissé des parures dans ses cheveux dorés pour la rendre plus belle qu’elle ne l’était déjà. Mais c’était gentil de sa part de dire que je lui manquais, j’étais quelque part sur qu’elle disait ça juste pour me faire plaisir.

« Je vous en pris majesté, toute les servantes sont capables de vous coiffer comme moi. Et certaines bien mieux que moi. Vous me manquez aussi majesté »

Oh ? Elle voulait m’envoyer dormir ? C’était bon. J’étais assise, je n’étais plus debout je pouvais profiter. Je réfléchis une minute. C’était vrai que j’étais fatiguée, mais voilà un bon moment que je n’avais pas pus profiter de la présence de la reine, c’était des moments comme ça auquel je tenais. Je lui souris dans le miroir une nouvelle fois avant de répondre :

« Ça va aller majesté, voilà longtemps que nous n’avions pas pus discuter ensemble, il est encore tôt. Je n’ai pas certes beaucoup de culture, mais je connais toujours les derniers ragots. »

Je lui souris dans le miroir et la massant toujours délicatement sa nuque et ses épaules. C’était vrai, les servantes connaissaient bien souvent les derniers ragots et le linge sale de la Cours. Et c’était très drôle. Les bruits de la Cours, c’était les servantes qui les faisaient, tout le monde le savait ! Sauf ceux qui se faisaient attraper !

Solfoyer,

An 1, Mois 1.

Discussion au clair de lune

J'étais quelque peu peinée des paroles de Wylla. Comment une jeune femme pouvait-elle travailler depuis si jeune ? Qui avait accepté une enfant à son service ? Avait-elle été bien traitée ? Et si ce n'était pas le cas ? Elle ne me semblait pas profondément affecté par son passé. J'espérais que rien de fâcheux ne soit arrivé.

- "C'est comme vous désirez Wylla. J'espère vous les autres servantes seront compréhensives."

Je souris à Wylla en voyant sa réaction à mon compliment. J'étais heureuse de pouvoir dire des compliments à quelqu'un, surtout une personne méritante. J'avais besoin de douceur, et de m'éloigner de tout mes problèmes. Guerres, décès, mariages, trônes, complots... Tout cela était devenu lourd à porter. Je voulais enfin faire ce que je désirais.

- "J'ai toujours aimé les ragots, je suis surement trop curieuse... Vous savez, je n'ai pas grand monde à qui parler, surtout en ce moment. J'ai quelques amies comme Myria Hoare et Johanna Reyne, mais elles sont si loin. Je n'ai pas l'occasion de discuter de vivre voix avec elles. J'aurai aimé avoir plus souvent leur soutient sur mes décisions personnelles."

J'avais confiance en la discrétion de Wylla concernant nos discussion tardives. J'avais le sentiment que je pouvais lui confier toutes mes pensées. Notamment celles que mon cher Manfred n'avait pas comprises.

Je souris à la jeune femme dans la glace. Je me demandais furtivement combien d’années nous avions d’écarts, j’étais incapable de le dire. Je savais que j’avais vingt et un ans … Mais elle ? Je me demandais furtivement si elle avait la moindre idée de ce qu’était la vie de serviteur. Je chassais ces pensées, elle n’avait pas à le savoir, elle m’avait toujours bien traité, et pas que moi, mais les serviteurs en général. Ce n’était pas son frère, c’était déjà ça. Je ris tout doucement, tout les seigneurs étaient les mêmes : avides de ragots. Je fis attention quand même, je ne souhaitais pas mettre des seigneurs dans l’embarras mais si je pouvais glisser quelques informations à la reine.

Je discutai encore un peu avec elle, rapportant quelques rumeurs, et des secrets de cuisine. C’était innocent, rien d’anormal. Je m’interrompis une fois n’ayant plus rien à dire. Je me frottais les yeux du dos de la main. J’étais très fatiguée, et je ne voulais pas faire des bêtises. Je jetais un œil à al bougie, la cire avait coulé. Même pour la reine il était l’heure d’aller dormir. Je me levais et m’approchais du lit, qui semblait mortellement confortable de la reine, pour lui ouvrir, sans départir de mon sourire

« Je crois qu’il est temps pour vous comme pour moi d’aller dormir majesté. »

Autant je n’avais que sur ma propre carcasse à veiller, ou presque, elle elle avait le royaume à diriger et à prévenir de tout les danger. La reine du bief, il fallait bien quelqu’un pour veiller sur la reine du bief pour qu’elle prenne soin d’elle. Ce soir encore je serais cette personne, mais demain cela serait une autre servante. Et moi je profiterais de mon lit, j'en avais très envie actuellement, mais d'abord la reine.

Solfoyer,

An 1, Mois 1.

Discussion au clair de lune

J e trouvais agréable de discuter avec Wylla de sujets variés. J'écoutais attentivement ses paroles. Elle me rapportait quelques rumeurs, et des secrets de cuisine. Des banalités en soit. Mais j'étais ravie d'entendre des paroles si vraies, si proches d'une vie plus simple.

Je pouvais remarquer qu'elle montrait des signes de fatigue, parfois elle se frottait les yeux avec le dos de sa main. Lorsque je regardais la ciel, je pouvais voir la nuit habillé d'une robe bleu très sombre, et coiffée de nombreuses étoiles luisantes. La lune brillait telle une reine surplombant son royaume au repos.

- "Il se fait tard effectivement. Dans ce cas, je vous remercie d'avoir passé du temps en ma compagnie, je vous vous souhaite une bonne nuit Wylla. Puisse les dieux veiller sur nous tous."

J'observais Wylla se lever pour m'ouvrir mon lit. Je me levais à mon tour pour venir m'installer dans ma confortable et rassurante couche. Je remontais les couvertures sur mon corps afin de me couvrir jusqu'aux épaules. Depuis quelques temps j'étais devenu plus sensible aux courants d'air froids. Je laissais ensuite Wylla prendre le soin d'éteindre les dernières bougies, et de terminer son tour avant qu'elle ne puise prendre congé.

Cette nuit-là, je m'endormis rapidement, allégée de mes royaux et récurrents soucis. Rêvant d'un avenir doux et paisible au bras de mon soupirant aux yeux si bleus.

Sujet: Re: Discussion au clair de lune [Tour V - Terminé]

» Au clair de la lune [Tour III - Terminé]
» Rencontre au clair de lune auprès d'un soleil mort ! [Tour II - Terminé]
» Au clair de lune [Flashback - Terminé]
» Discussion animée [Tour X - Terminé]
» Pleine Lune [Tour X - Terminé]