Sujet: Survivors - [Tour V - Terminé] Lun 30 Oct - 22:34
Sa tête le lançait douloureusement, encore une fois, alors que le soleil ne paraissait pas daigner vouloir faiblir, n’arrangeant en rien ses migraines quasiment permanentes. Robb se mordit les dents, espérant que la souffrance provoquée ainsi permettrait à son front de moins lui peser. Ce dernier était toujours enturbanné dans un fatras de bandages qui lui donnait l’air d’un pirate du Détroit, les bateaux en moins et l’odeur du crottin en plus. Au moins, la plaie ne suppurait pas, et les points que la mère d’Arianne avait appliqué avec l’aide d’un rebouteux enfui depuis Haut-Hermitage ne paraissaient pas vouloir s’infecter. Il était probable que la cicatrice lui reste, cependant, là était bien le cadet de ses soucis. Et puis, les femmes raffolaient des héros de guerre ! L’essentiel était plutôt de faire passer ces fichus élancements qui lui donnaient une nausée atroce par moment, ce qui devenait vraiment malaisant pour chevaucher. Pour autant, le jeune homme s’accrochait, conscient qu’il était impensable de ralentir la marche de l’armée. Alors il prenait sur lui, dormant autant que possible, se reposant comme il le pouvait, allant parfois à s’attacher sur sa selle pour sommeiller plus ou moins. Il avait même accepté de boire les abominables décoctions de leur homme de science, ce qui témoignait de sa détermination à faire bonne figure, car dans d’autres circonstances, jamais il n’aurait porté à ses lèvres cet immonde jus verdâtre obtenu avec il ne savait trop quelles herbacées rampantes des Montagnes. Le pire ? La mixture avait le mérite de soulager temporairement ses douleurs … en les remplaçant par d’affreuses crampes d’estomac. On ne pouvait pas tout avoir.
Après plusieurs heures de chevauchée, la colonne s’arrêta. Tant mieux. Pâle, le garçon démonta, aidant comme il le pouvait à monter le camp, avant de se rendre vers le petit cercle qui servait plus ou moins d’hospice improvisée, où il réquisitionna à un soldat qui passait une outre de vin qu’il vida d’un trait. La boisson était, à son regret, une piquette atroce, de ces crûs tirés à peine les raisins pressés dont raffolaient la plèbe dornienne et qui aurait suffi à retourner les entrailles de n’importe quelle personne censée. Mais l’aigreur avait le mérite de lui remettre les idées en place. Il se laissa tomber au sol et attendit, comme tous les soirs, que le rebouteux vienne vérifier ses bandages et les changer le cas échéant. Le vieil homme clopinait jusqu’à lui et se mit à sa besogne en silence, ce que le Dayne appréciait. Il n’avait pas pu en tirer grand-chose, hormis un récit rapide de ce qui était arrivé à l’autre forteresse de sa famille, témoignage corroboré par celui de tous les survivants qui avaient rallié leur armée. Y penser fit monter une bouffée de haine en lui, qu’il réprima comme il put, conscient que bouger reviendrait à rendre la tâche plus difficile encore pour le pauvre bougre. La sauvagerie des bieffois le sidérait. Et dire que ces fils de chienne parlaient d’honneur, de foi, de chevalerie … Que la peste les emporte ! Ils n’étaient rien d’autres que des putains, assoiffées non pas de vîts et de monnaie mais du sang des enfants de Dorne. Que leur importait ces pauvres hères ? Ils avaient massacré les civils, femmes et enfants compris. Ah, elle avait bon dos, la Croisade ! Tu parles ! Le Grand Dindon n’était rien d’autre que l’énième hypocrite à prêter ses salamalecs à la cause bieffoise, et à permettre à ces catins vérolées de fouler le sol de Dorne. Oh, ils s’en repentiraient, tous. Jamais la Principauté n’oublierait le mépris des uns et les atrocités des tous. Qu’ils crèvent tous, la Dragonne, le Hightower, le vieux croûton confi dans ses homélies sanglantes et même sa nièce. Ils payeraient tous. En acculant les dorniens de la sorte, ils risquaient tous le pire des retours de bâton, car il n’y avait de plus terrible qu’un ennemi désespéré. Parfois, Robb en venait même à haïr les Sept, lui qui avait pourtant maintenu sa foi tout au long de sa vie, même s’il n’était ni le plus dévot, ni le plus respectueux des enseignements des septons. Mais il aimait sa religion, qui était celle de ses ancêtres après tout. Et maintenant ? Il lui venait des envies d’apostasie, car quitte à mourir, autant le faire en étant conforme à ce qu’on leur reprochait, non ? La folie dans les yeux des croisés le hantait encore. Comment ces hommes pouvaient-ils être fanatisés à ce point ? Croire à ce ramassis de sornettes, alors que … Ils étaient semblables. Eux plus que quiconque, qui vivaient dans les Montagnes, dont le sang était celui des Andals et des Premiers hommes ? Il n’arrivait pas à comprendre.
Ses soins finis, le jeune homme remercia son bienfaiteur, avant de se relever et de se rapprocher du cercle des commandants. Il y avait là Lord Forrest, les frères Martell, les frères Santagar aussi, puisque Sarzir les avait rejointes quelques jours auparavant, gonflant leur armée en lambeaux de nouvelles recrues, avec sur ses talons une horde de soldats défaits de leurs fortins, ou bien des civils ayant tout perdus et décidés à aider, d’une manière ou d’une autre. Autant dire que leur troupe n’avait pas belle allure, surtout que le moral n’était guère au beau fixe. Quoi de plus normal, après cette défaite à l’arrachée ? Et pourtant, ils n’avaient pas à rougir : leur résistance avait été héroïque. Silencieux, Robb se glissa entre Anders et les frères Santagar, agrippant une miche de pain devant lui qu’il entama avec appétit, sans vraiment se mêler aux conversations. Lui n’avait pas son frère avec lui, et pour cause : il l’avait abandonné derrière lui. Oh, bien sûr, c’était sa décision, et à vrai dire, il n’était pas en état de rester … Et pourtant, le sentiment âcre de sa lâcheté l’envahissait avec douleur. Il n’était vraiment qu’un paltoquet, une sordide imitation ratée d’Epée du Matin. Sa gorge se serra, alors qu’il mordait son quignon avec rage, déchiquetant cette malheureuse victime aisément tuable, elle. Finalement, il soupira, avant de se lever, appuyé sur Aube comme un vieillard sur sa canne, avant de souffler :
« Quelques minutes d’attention, tous. »
Les têtes tournées vers lui, il déclara :
« Nous n’avançons pas assez vite, compte tenu de la vitesse à laquelle nous pourrions aller. Les hommes rechignent, traînent la patte, le moral est au plus bas … Je crois qu’il va falloir remotiver nos troupes … Ce qui implique de savoir un peu où nous allons, et comment. »
Se tournant vers les Princes, il leur demanda :
« Roward, Anders, des nouvelles de la Princesse ? Ou de ta femme ? Où en sommes-nous, exactement ? »
Fatigué rien que d’y penser, il ajouta :
« Il faudrait organiser un peu d’entraînement pour les recrues bleues qui nous ont rallié … Et veiller à ce que les anciens ne se perdent pas dans les Montagnes, si vous voyez tous ce que je veux dire. Il est urgent de ramener l’ordre, et dans l’immédiat, outre une victoire, je ne vois que deux solutions : resserrer la discipline, ou bien les galvaniser. En appeler à leur amour de leur terre, à la haine contre ceux qui ont massacré tous nos gens à Haut-Hermitage ... »
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Sujet: Re: Survivors - [Tour V - Terminé] Mar 31 Oct - 9:31
Nous avions fini par nous réunir, ensemble, reculant pour unifier nos troupes sans pour autant savoir ou aller. Que faire, comment avancer dans ses conditions ? Je n'en avais pas la moindre idée. La blessure qui avait marqué à nouveau mon épaule me faisant bien plus souffrir que je ne l'aurais cru, je perdais une grande partie de mon énergie à garder la tête haute, à ne pas flancher à la douleur. Je me savais faible, toujours pâle, secoué par des températures pouvant en faire s'écrouler plus d'un. Je ne faisais plus le fier. Je savais ce qui pouvait se dessiner au loin si je ne respecter pas les consignes des Mestres. Mais comment garder le repos lorsque vos hommes perdent chaque jour un peu plus la motivation d'avancer. Je ne considérais pas cela comme une défaite, mais le peu de victoire que nous avions à en tiré avait un gout terriblement amère. Mettant pied à terre lorsque notre avancé fut arrêté, j'aidais à quelques taches avant de rejoindre les Santagar. J'avais été rassuré de l'état de Robb, j'aurais pensé à bien pire et le savoir vivant me soulageait. Nous aurions pu rester bien silencieux si Robb n'avait pas brisé le silence. Nous n'avancions pas assez vite, notre morale chuté, il fallait se ressaisir et définir d'un point d'action. Accrochant son regard lorsqu'il se tourna vers moi, je détournais légèrement le regard lorsqu'il évoqua Deria, je n'en savais rien. Si l'avenir et le sort d'Argella n'avait que très peu d'importance à mes yeux, il n'en était pas de même pour ma sœur. La suite de ses propositions me semblèrent cohérente, même lorsqu'il fut question de limiter la désertification. Soupirant finalement, je relevais les yeux pour répondre à ses questions, « Je n'ai pas eu de nouvelle de la Princesse depuis le début des hostilités. Concernant la Reine, aux dernières nouvelles l'armée Bieffoise menacé de percer leurs défenses, depuis, je n'ai plus eu de nouvelle . », elle n'avait visiblement pas prit le temps de faire face à ses responsabilités, en quoi étais-je étonné. Mais je ne craignais pas pour sa vie, j'aurais eu bien plus de nouvelle de sa mort que de sa vie d'ailleurs.
« Sans vouloir présumer de quoi que ce soit, je pense Sarzir et ses hommes serait le plus à même de couper toute envie d'égarement . », quand au reste des recrues, Anders était celui qui avait le moins souffert dans le fond. Il serait sans doute plus à même de gérer tout ça sans souffrir. Je ne pourrais aider qu'à la dague, l'épée réclamant plus de force dans les bras que je ne pouvais en avoir à l'heure actuelle. Le soucis pour ma part venant sans doute du fait que je n'avais plus la rage de me battre pour le moment. Non pas que je ne voulais pas protéger Dorne, mais simplement que mon retour à l'Orage serait alors imminent.
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Sujet: Re: Survivors - [Tour V - Terminé] Mar 31 Oct - 21:37
« Beaucoup sont morts. Trop. Mais plus mourrons Dared. Car c'est ainsi qu'est la guerre. Tant qu'ils vous suivent, tant qu'ils tiennent leurs épées, alors rien n'est perdu. Ne pense plus. N'hésite plus. Et avance, car il est trop tard pour reculer. C'est un ordre du Seigneur de Bois-Moucheté. »
Dared fit une pause dans sa lecture et jeta le morceau de papier au sol non loin de son chevet. Il grogna un peu.
« Signé, Lord Borys Santagar. »
Il n'avait ni sourire, ni expression montrant ses intentions. Les météores furent une défaite cinglante pour les Dorniens. D'aucun dirait qu'ils ont combattu avec plus de bravoure qu'il n'en faut. Peut-être. Mais les Météores allaient tomber. L'héritier de Bois-Moucheté alternait entre haine et désespoir au fond de sa tente. Son regard se leva vers son frère à ses côtés.
« Voilà les ordres venus du seigneur de la maison Santagar. »
Il hésita un instant. Puis secoua la tête de gauche à droite. Pourquoi hésitait-il ? Avait-il vraiment songé à renoncer un moment ? Sans-doute. Quelle stupidité. Le Santagar serra fermement ses mains, contenant un dégoût certain après les événements de cette guerre. Il se redressa, attrapa un morceau de papier sur sa table et quitta sa tente, rejoignant une assemblée des commandants de l'armée non loin de là. Même chez eux le moral ne volait pas bien haut.
Toujours entre haine et désespoir Dared s'incrusta sans un mot, le regard planté dans le sol et les pensées perdues entre le sang et les larmes. Comment, comment les sept pouvaient laisser cela arriver ? Soutenaient-ils vraiment cette vague de barbarie venue des pays soi-disant croyant ? Dared avait toujours cru en les dieux, mais comment garder la foi lorsqu'ils se refusent à aider ceux qui se battent pour une cause juste ? Cette question resta en suspens dans son esprit, le jeune chevalier de la maison Dayne intervint, prenant la parole.
Il tenta de faire le point, pointant la même chose que chacun savait, le moral était au plus bas. Mais Robert avait raison. Il fallait remonter le moral des troupes. Après avoir questionner les Martell le Dayne recula, Roward répondit. Il n'avait pas la tête bien haute et sa blessure le faisait toujours souffrir. Il poursuivit sur les propositions de Robert, avançant que Sarzir devait être le plus à même de motiver. Peut-être, l'héritier laisserait son frère répondre. Mais avant... Dared fit un pas en avant, son regard toujours planté sur le sol. Il hésita un instant puis releva la tête. Il colla d'un geste brusque le morceau de papier qu'il tenait en main sur la table. La haine prenait le dessus.
« J'ai reçu ça. Un corbeau d'un fou à l'abri dans sa tour d'ivoire. Nous avons pire à penser que simplement le moral de nos hommes. Le chien galeux à la tête des troupes ennemies, le ministre de la guerre n'ayant jamais tenu une épée tente de nous faire plier bagage. »
Dared s'arrêta. Sa colère et son dégoût transparaissait dans chacun de ses mots.Tout autant que dans son attitude, sa main se refusait à quitter le pommeau de son arme qu'elle écrasait presque de fureur.
« Manfred Hightower est prêt à nous promettre monts et merveilles si nous acceptons de déserter. S'il demande aux commandants de quitter l'armée, qui sait ce qu'il pourrait tenter auprès des soldats ? »
Plus que d'en parler Dared en grogner, il faisait ressurgir sa colère plus qu'autre chose, sans plus attendre il continua.
« Nos soldats n'ont pas le moral, comment les blâmer de la chose ? Par tous les pourris que certains appellent dieux, le Bief massacre nos enfants, viole nos femmes et souhaite que l'on vienne leur lécher le cul après. Et pire, après une grande bataille nous nous trouvons en situation de faiblesse. Une victoire, une bonne victoire. Une nouvelle, une bonne nouvelle. Voilà qui pourrait déjà faire bouger les choses. En tout cas, soyons certains d'une chose. On ne peut pas continuer à leur promettre gloire et vengeance sans agir, le meilleur moyen de boucler ça est simple : chaque Bieffois mort nous arrachera un sourire de plus dans l'armée. »
De nouveau il fit une pause. Puis reprit la parole en martelant son envie d'en découdre et d'en faire baver aux Bieffois.
« Allons massacrer ces fils de chiens, qu'ils soient dix, cent, mille ou dix-milles, ça en fera toujours moins sur notre bonne terre. On ne peut pas attendre qu'ils viennent à nous, le temps joue en leur faveur. Si nous voulons que nos hommes bougent et n'abandonne pas, alors avançons vers un objectif simple : une horde de chiens galeux à massacrer. Qu'ils paient le prix pour haut-hermitage. »
Dared n'avait jamais été un très bon stratège, mais la colère et le dégoût n'aidaient pas à lui donner des idées bien claires dans l'instant présent.
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Sujet: Re: Survivors - [Tour V - Terminé] Dim 5 Nov - 18:03
Sarzir se tapota le menton, pensif. De bien belles paroles que son frère venait de prononcer, des paroles dignes d'un seigneur revanchard qui souhaitait réussir à surpasser un ennemi plus puissant à l'aide de mots. Mais aussi insensé que ça puisse paraître, il avait raison. Une guerre longue et difficile comme la leur ne saurait être gagnée si l'on continuait de perdre et de reculer. Bien des hommes avaient déjà le moral brisé, d'ailleurs ; ce que le cadet pouvait comprendre. La plupart n'avait pas le tempérament suffisant pour tenir plus de quelques batailles ; et tôt ou tard, même les plus vétérans se brisaient.
Il lui sembla toutefois important de rappeler un point, que son frère, dans son ardeur de motivation, semblait avoir oublié.
« Une victoire : c'est ce qu'il nous faudrait. Oui, une victoire nous aiderait. Mais résoudrait-elle nos problèmes ? Non. Pas si elle est difficile, arrachée à un ennemi qui nous balaye et nous force à reculer. Pas si Manfred Hightower, malgré notre victoire, aurait raison de dire que nous sommes faibles. Nous avons besoin d'une victoire, comme le dit mon frère, mais nous avons surtout besoin de leur infliger un revers cinglant. »
Il fit un geste du bras pour tous les englober, sa voix à peine plus élevée que le murmure du vent ; et pourtant parfaitement audible et claire.
« Manfred Hightower est un lâche ; nous sommes tous d'accord sur ça. Mais nos hommes aussi le deviennent, maintenant que nous perdons. Tous ici, nous le savons : le moral de nos homme baisse, beaucoup craquent déjà. Je peux, si tel est votre souhait, tenter de les discipliner davantage, ces recrues volontaires. Mais je ne saurais en faire des soldats en si peu de temps. Alors, me direz-vous, comment peut-on gagner ? Comment peut-on rester insoumis, invaincus, intacts?Grâce au temps. »
Il indiqua la missive du Hightower, avec un sourire.
« Et ce temps, nous avons moyen de le gagner. Vous voulez une armée capable d'affronter les croisés et les Bieffois, capable de faire peur au plus hardi des chevaliers?Donnez-moi le temps nécessaire pour cela. Nous sommes des Dorniens ; jamais nous ne nous rendrons, et jamais nous n'agirons comme eux, pour des gens comme les croisés. Nous sommes des sauvages sournois : qu'il en soit ainsi ! Soyons ce que l'ennemi redoute tant ! Usons de tous les moyens, du plus simple au plus élaboré, du plus passif au plus vicieux, et ralentissons, épuisons leur armée. Leurs commandants : tuons-les dans leur sommeil. Les soldats : faisons-les chier jusqu'à ce qu'ils en meurent. Quant à ce fils de catin, ce lâche incapable de venir commander ses propres hommes : réservons-lui le sort des racailles de son espèce : une dague dans la nuit. »
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Sujet: Re: Survivors - [Tour V - Terminé] Sam 25 Nov - 19:57
« Soit. Au moins, cela signifie que l’Orage occupe un peu l’ennemi. Pas assez à mon goût. Leur Empire peinerait-il donc ? Ou bien ma nièce est-elle trop occupée à tâter du bieffois dans un lit pendant que son mari guerroie malgré ses blessures ? »
La pique était inutile, mais avait tendance à soulager bassement Robb, qui devait avouer que les derniers événements avaient opéré chez lui un retournement radical quant à ses sentiments envers cette belle-famille qu’il avait le plus grand mal à ne pas mépriser. Argella avait trahi Dorne, il n’y avait pas d’autres mots. Elle avait profité des soldats dorniens pour sauver ses misérables fesses, tout en se vendant à d’autres, plus profitables à ses yeux. Jamais le Dayne ne pourrait lui pardonner pareille félonie. Jamais il n’oublierait le temps qu’il avait passé à tenter gentiment de l’aider, de la convaincre, pour prendre une telle baffe en retour. Décidément, qu’il avait été sot, d’imaginer que sa nièce tellement bornée et aigrie puisse avoir un tant soit peu d’honneur. Et puis, ces rumeurs sur le Gardener ! Elle bafouait ses vœux à la vue de tous, et les orageois, si prompts à juger les dorniens, n’y voyaient rien à redire ? Mais Westeros marchait-il donc sur la tête ? Ah ça, des dorniens, quelle horreur, ces gens qui osent prendre des amants et maîtresses ! Sauf que quand c’est notre reine, avec un félon, le frère de l’ennemi, alors là, tout va bien, les choses sont différentes ! Il en aurait vomi … Hypocrites, tous, voilà ce qu’ils étaient. Et peu à peu, la liste des griefs dorniens s’allongeaient. Un jour viendrait où tous regretteraient de les avoir regardés de haut, l’Epée du Matin se le promettait. Oui … Un jour, tous, ils rendraient gorge. D’une manière ou d’une autre. En attendant, une guerre atroce était en cours, et leur ennemi progressait trop. Tant pis. La rancœur accumulée armerait son bras.
Manfred Higthower était le sujet de toutes les insultes. A vrai dire, Robb ne s’était même pas encore donné la peine de lui répondre … S’il le faisait à un moment ou un autre. D’une part, seul Barristan avait le pouvoir de concéder la défaite aux Météores … Et connaissant le bougre de mulet qui lui servait d’aîné, nul doute qu’il préférerait que toute la garnison crève plutôt que de se rendre. Surtout qu’au vu des déprédations menées contre leurs terres, autant dire que les promesses du bieffois revenaient selon lui à pisser dans une viole. Il adorait ces hommes qui se donnaient des airs de grands seigneurs, armés d’une plume bien au chaud le cul dans un château, en professant l’humanité tout en lâchant des fanatiques furieux sur un peuple tout entier, n’hésitant pas à massacrer des civils … Pardi, il aurait pu déféquer sur sa lettre et la lui renvoyer telle quelle ! Cela dit, de son point de vue, l’affreux était hors de portée. Il consulta tout de même le corbeau envoyé à l’aîné des Santagar, avant de lui répondre tout en lui rendant son bien :
« J’en ai reçu une similaire. Au moins, nous pouvons en conclure que sous ses grands airs, notre Ministre de la guerre n’est rien d’autres qu’un chien galeux comme les autres. La preuve : il ne sait même pas que les Santagar ont toujours eu une position sans équivoque sur la guerre, là où mon frère a toujours été plus prudent, par exemple. Autant dire qu’il ne cherche qu’à obtenir les Montagnes, sous des prétextes totalement fallacieux. C’est gentil de sa part de le confirmer. »
La fin avait été dite avec une ironie mordante, le reste avec une neutralité parfaite. Il ne s’agissait pas d’accuser qui que ce soit, simplement de pointer les failles du renseignement adverse, qui n’était donc pas tout-puissant.
« Conclusion : le Bief ne comprend rien à la politique dornienne … Et envoie donc ses corbeaux au petit bonheur la chance. »
Au moins, c’était plutôt encourageant, en un sens. Hightower n’avait pas encore les cartes en main pour les diviser, puisqu’il était incapable de faire les bonnes propositions aux bonnes personnes.
« Quant à nos hommes, laissons les survivants de Haut-Hermitage leur rappeler ce que le Bief réserve à des femmes et des enfants. Nul doute que les bouffeurs de fleurs seront particulièrement doux envers des déserteurs hérétiques …
Enfin, il n’est jamais inutile de pointer la chose du doigt … »
Manifestement, ce soir-là, les Santagar seraient les plus virulents, et si Robb comprenait leur ressentiment, il n’était pas sûr que foncer au-devant de l’ennemi dans leur état actuel soit choisi. Aussi il regarda les deux frères avant de souffler doucement :
« Paix mes amis. La colère n’est pas forcément la meilleure conseillère … J’en sais quelque chose. Autant le dire d’emblée : Higthower est pour le moment hors de notre portée. Et je ne suis pas particulièrement friand de foncer sur le premier contingent bieffois venu, sans préparation et en potentielle infériorité numérique. Non, nous devons … Nous offrir une victoire facile. Quelque chose qui cimentera définitivement le moral, que nous allons essayer de maintenir à flot. »
Se tournant vers Sarzir, il lui déclara :
« N’en fais pas des soldats. Débrouille-toi pour en faire des hommes qui mourront pour leur pays. C’est tout ce qui compte. On peut s’organiser le soir à ce propos. Et … avant de passer à l’ennemi, je ferais en sorte que le plus courageux des fantassins pisse dans ses chausses à l’idée que la Panthère de Dorne lui déchiquètera le cou si elle le trouve à vagabonder en dehors de son unité … »
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Sujet: Re: Survivors - [Tour V - Terminé] Mer 29 Nov - 18:36
Robert tentait de positiver, en chaque nouvelle il essayait de trouver un côté positif. Dared ne commenta pas, il n'y pensa même pas. Le Santagar cherchait plus à retrouver son calme qu'à réfléchir, il cherchait à comprendre, pourquoi les dieux agissaient-ils ainsi ? Pourquoi soutenaient-ils ceux qui ne souhaite que brûler et détruire ? Pourquoi ? La question tournait dans son esprit. Mais petit à petit une réponse s'imposait d'elle-même.
Ils avaient peur. Peur de perdre du soutien. Les dieux n'étaient rien de plus qu'une bande de lâche avide de pouvoir, en cela ils étaient si proche des hommes. La rancoeur du chevalier grandissait lorsqu'il tentait de la calmer. Robb lui rendit la lettre, affirmant avoir reçu la même de Lord Hightower. Bien sur. Ce lâche cherchait par tous les moyens à gagner sa guerre sans avoir à mettre un pied sur le champ de bataille.
Dared lâcha la lettre du ministre de la guerre au sol, puis s'en retourna au près de son frère qui prenait la parole, ne manquant pas de piétiner le morceau de papier qui se teintait de noir. Sarzir était presque plus modéré que Dared, mais il proposait également d'agir violemment. Rapidement il fut plus ou moins décidé que la Panthère de Dorne se chargerait d'assurer la loyauté des hommes, avec l'aide des survivants de Haut-Ermitage. Dared acquiesça, il fallait bien quelqu'un pour faire le sale boulot et Sarzir le faisait mieux que n'importe qui d'autre.
A nouveau le Dayne prit la parole, les paroles qui vinrent de lui surprient un instant le Santagar, lui rappelant qu'il devrait être celui modérant son frère. Il s'emportait malgré lui, sa rage de tuer du Bieffois le portait trop loin, si bien qu'il perdait l'essence même de cette réunion : trouver un moyen de gagner cette guerre perdue d'avance. Aux mots de Robb l'héritier de Bois-Moucheté acquiesça. Lorsqu'il s'adressa à Sarzir, Dared fit signe de la tête à son cadet, appuyant les dires du chevalier des Météores.
Le fils aîné de la maison Santagar prit une profonde inspiration, calmant son envie de vengeance et ses appels à la violence, pour tenter de retrouver un peu de contenance face à ces autres commandants. Ils avaient trop sur les épaules pour céder à la voie facile qu'était la vengeance. Malgré la défaite, malgré la guerre, ils avaient toujours un devoir à faire. Dared grimaça. Chacun doit faire son devoir, qu'importe sa nature. Main sur la garde de son arme le Santagar fit un nouveau pas, puis prit la parole.
« Une victoire facile nous offrirait du moral, comme nous le savons nous en manquons cruellement, mais ce n'est pas la seule chose dont nous manquons cruellement. Ils ont le temps dans leur camp, et l'initiative, il nous fait récupérer les deux.
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Sujet: Re: Survivors - [Tour V - Terminé] Jeu 30 Nov - 15:19
Sarzir se leva, posant une main apaisante sur l'épaule de son frère. Pour l'inciter au calme. Pour croiser son regard, lequel lui disait clairement que tout allait bien se passer, et qu'il se chargeait de tout. Rares avaient été les fois où, enfants, ils avaient échangé un tel regard, mais le cadet sentait qu'il était de son devoir d'agir ainsi. Ce qu'il s'apprêtait à dire était la preuve ultime qu'il avait beau être un salopard, il était tout de même un Dornien. Un vrai. Et qu'il ferait ce qu'il fallait, là où les autres ne pouvaient le faire.
Il se mit à faire le tour de la pièce. Lentement, les mains croisées derrière le dos, lequel était droit comme un i. A chaque fois, ses yeux sombres se posaient sur ceux des autres.
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Sujet: Re: Survivors - [Tour V - Terminé] Ven 5 Jan - 17:00