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 La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]

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MessageSujet: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMer 28 Déc - 1:10

La famille est sans nul doute un élément important pour bien des Maisons. Il n'y a pas besoin de porter le patronyme des Tully pour savoir faire montre de respect et d'affection pour les siens. La famille se devait de représenter votre base, l'environnement au sein duquel vous étiez amener à grandir, le plus souvent. Quoi qu'on en dise, quoi qu'on en fasse, quoi qu'on en pense, on ne pouvait que partir de ce noyau familial pour grandir, mûrir et se développer dans la vie. Qu'on se construise dans la droite lignée des siens ou qu'on cherche absolument et par tous les moyens à se distancier, à se différencier et à s'opposer à sa famille, il n'en demeure pas moins qu'à la base, tout tourne autour de la famille, malgré tout. Ce n'était donc pas pour rien que le choix d'un époux ou d'une épouse n'était jamais laissé au hasard au sein des familles nobles. Plus le titre porté était grand, plus le domaine sur lequel on gouvernait était conséquent, plus la lignée était prestigieuse, et plus un grand soin était apporté à tout ceci. A Dorne, les femmes pouvaient hériter si elles se trouvaient être l'aînée de leur fratrie, et ce peu important le nombre de frères cadets, d'oncles ou de cousins mâles qu'elles pouvaient avoir. Les règles étaient ainsi faîtes, la tradition et les usages respectés, depuis des générations et des générations. Dès lors, il devenait évidemment que choix d'époux et d'épouse était équitablement important, sans prédominance aucune, et cela le respect du rang porté, futur ou présent.

On avait laissé Cally participer au choix de son futur époux, la première fois qu'elle avait contracté des fiançailles. Le promis était beau, jeune, quoi que plus âgé qu'elle, d'une prestigieuse famille dornienne, frère cadet d'un fils héritier. Et puis, les conflits belliqueux et guerriers contre l'Orage étaient passés par là, et de promis, il n'y eut finalement plus, alors que Cally put directement constater, avec effroi et douleur, à quel point se faire piétiner par plusieurs chevaux fait de votre cadavre une vision d'horreur. Finalement, on lui avait forcé la main, en la contraignant à rapidement contracter de nouvelles fiançailles. Cela avait été la première et unique fois, jusqu'à maintenant, où son père n'avait pas cédé face à sa demande, la seule fois où il était resté campé sur ses positions en refusant d'y entendre quoi que ce soit. Cela faisait à présent bien des années qu'elle était mariée et que tout ceci était de l'histoire ancienne. Lyvan et elle formaient un couple des plus particuliers. Chacun éprouvait estime, respect et affection pour l'autre, sans posséder quelque grand et puissant amour de contes pour enfants. Leur couple avait des allures de forteresse et de muraille, et si vous vous en preniez à l'un, vous vous en preniez aussi à l'autre, par ricochet. Mais tout n'était-il pas quelque peu particulier chez Cally ? Jamais elle n'avait délibérément cherché à se faire différente des autres jeunes femmes de son âge, mais le fait était que, dès sa naissance, de par les origines de sa mère et les circonstances du mariage de ses parents, puis des premières années de la vie conjugale de ces derniers, Cally évoluait dans un univers quelque peu bicéphale, ou tout du moins pas uniquement dornien. Mais n'était-ce pas l'une des raisons qui attiraient parfois à elle des amitiés et des connections qui ne se seraient pas forcément créées de la même façon si elle avait eu tout de la typique héritière dornienne ? Pour preuve, elle avait eu l'insigne privilège d'obtenir l'autorisation de la Princesse Meria d'accoucher de son fils au sein des murs du Palais Princier de Lancehélion.

Dans les faits, la Princesse ne s'était pas faite aimable, mais plutôt inflexible. Elle avait tout bonnement refusé que Cally puisse repartir au Tor pour y accoucher. Elle avait été intraitable sur le sujet, et dans le fond, sans doute son cœur de mère et de grand-mère avait-il pris le pas sur les conventions princières. Cally y avait gagné quelques répit, épuisée qu'elle était par cette troisième grossesse, sur les dernières semaines précédant l'accouchement. Fort heureusement pour elle ... Fort heureusement pour elle, la Princesse Meria n'avait pas ordonné qu'on la cantonne aux appartements qu'on lui avait fourni, et Cally avait pu faire plus amples connaissances avec certains habitants du Palais, quand elle n'avait tout bonnement pas acquis de nouvelles relations. Si Arianne était un bon exemple de ces faits, elle était surtout la meilleure des choses qui étaient arrivées à Cally au seuil de la naissance de son fils Dastan. Sa compagnie et les conversations qu'elles avaient pu avoir lui avaient changé les idées, et pendant de longues minutes, il lui était arrivé de cesser de songer à la fatigue, aux mouvements contraignants et répétés de cet enfant qu'elle portait encore et qui, visiblement, avait déjà la fougue de son père !

Entre cet instant là et ceux d'aujourd'hui, bien des choses avaient changé. Arianne avait été légitimée, et cela n'était pas rien. Pour Cally, cela n'y changeait rien. Elle n'avait jamais vu en elle une bâtarde, un enfant utérin. Sans doute parce qu'elle-même avait eu une demi-sœur née de l'amante de cœur de son père, et que cela n'avait jamais créé quelques distances entre elles. Et puis, à voix basse, cachée et mesquine, certains n'avaient-ils pas qualifié sa mère de "sorcière de Lys", ce qui ne faisait certes pas de Cally une bâtarde, mais ce qui écorchait tout de même sa naissance, pour certains. Elle, elle n'avait cure de tout ça. Preuve en était, son amitié avec Arianne n'avait jamais cessé, ni même changé d'un iota, depuis ses 9 dernières années. Et lorsque son amie avait été légitimée, elle n'avait pas hésité un seul instant à lui demander de prendre sa fille aînée, Elynor, auprès d'elle, en tant que demoiselle de compagnie. D'ailleurs, aujourd'hui, si c'était sa fille qu'elle était venue voir, ce fut finalement en présence d'Arianne qu'elle choisit de demeurer, laissant sa fille discuter, rire et plaisanter avec d'autres jeunes filles de son âge, elles aussi nées de nobles familles. Les temps étaient bien trop tragiques pour qu'on chasse violemment ces instants comme hors des drames et des tourments.

    ❧ Arianne ! Je ne t'interromps pas j'espère ? Puis-je me joindre à toi ? ❧

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMer 18 Jan - 19:22

Arianne avait longtemps cru que l’amitié et la bâtardise étaient incompatibles. Elle aimait ses frères et sœur, admirait son frère, mais tout se limitait à eux, et à Robb. Cela avait changé, malgré tout. Quand ? Elle n’aurait su le dire. Enfant naturel du Prince de Dorne, son statut avait cela de particulier que les gens pouvaient voir un pion en elle, ou une erreur de leur Prince. Elle avait appris bien plus tard que l’infidélité, si consentie par tout le couple, était acceptée en Dorne, mais le rejet de sa belle-mère prouvait qu’Anders et elle n’étaient pas issus d’un tel arrangement. Elle l’avait du moins toujours cru. Difficile, dans ces conditions là, de ne pas être raillés et rejetés par les autres enfants de la Cour dornienne, et de ne pas en souffrir cruellement. Elle puisait du réconfort dans les bras de son frère, qui défendait farouchement Arianne face à ces médisances, la plupart du temps, peu désireuse d’ouvrir les yeux de Roward et Deria sur cela.

Il lui avait fallu du temps, pour se laisser aller à être naturelle, en compagnie de Cally Jordayne. Cette dernière n’avait jamais fait preuve de dédain ou de méchanceté envers la bâtarde Martell, mais il lui était difficile de passer outre la douleur qu’elle avait ressentie, mordante et croissante, à chaque attaque concernant celle qu’elle était. Elle ne savait pas encore ce qui avait poussé son amie à dépasser tout cela, pour l’apprivoiser et apprendre à la connaître. Elle s’est longtemps demandée si sa grossesse avait affaibli son jugement, avant de se raviser. Cally Jordayne n’était pas une femme faible, se soumettant à des humeurs de femmes, comme beaucoup les appelaient avec mépris, et si elle avait regretté sa décision, elle y aurait mis fin. Arianne avait fini par comprendre cela, et elle n’en chérissait que plus cette relation, qui n’était pas teintée par les faux semblants.

Elle était à vrai dire très précieuse à ses yeux, et Arianne était prête à faire bien des choses, pour Cally. Tant que cela ne nuisait pas à Dorne – mais la fidélité des Jordayne envers les Martell et la principauté n’était plus à prouver, elle non plus. Considérant les tensions qui bouleversaient ces terres qu’elle chérissait tant, toute loyauté indéfectible était bonne à prendre. Et toute amitié, davantage encore. C’était une de ces amitiés, que l’honnêteté n’entravait pas, et Cally n’hésiterait pas à remettre les choses au clair, si Arianne déviait du droit chemin – ou si Deria le faisait, peut-être, même si elle était persuadée que son amie agirait avec plus de délicatesse, en ce second cas.

Elle discutait avec Elynor, venue s’enquérir des besoins qu’elle avait de sa présence à ses côtés pour la journée, quand un serviteur s’effaça pour annoncer Cally. Son enfant embrassa délicatement la joue de sa mère avant de partir rejoindre les autres jeunes filles nobles, les laissant en tête à tête. C’était toujours un réel plaisir que de passer du temps en compagnie de Cally, et elle était ravie la savoir à proximité, en ces temps difficiles. Elle ne lui avait pas confié les tourments qui l’assaillaient, depuis son enlèvement, depuis le Bief… Difficile de confier de telles pensées par papier, et plus encore de les énoncer à voix haute, après l’accueil qu’elles avaient reçues auprès de sa famille. Elle sourit pourtant, malgré ces sombres pensées, à cette amie à qui elle sait pourtant pouvoir tout confier, mais rien n’est aussi simple.

« Tu sais que tu n’as pas à me poser cette question. Tu seras toujours la bienvenue auprès de moi, quelle que soit mon humeur. Fusse-t-elle teintée de désagrément, troublée, ou simplement heureuse, je n’ai rien à te cacher. Mais comment vas-tu ? Elynor n’a pas l’air excessivement troublé par ces attaques que nous subissons. Tu dois assurément te le demander. Elle s’en sort admirablement bien, au sein de la Cour, et bien que son esprit doive se questionner sur la guerre qui couve, elle garde la tête hors de l’eau. » Bien plus qu’Arianne elle-même, à vrai dire.

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMar 31 Jan - 22:31

Cally elle-même en convenait, elle n'était pas des plus faciles à vivre. Sans être dure, âpre, froide ou inaccessible, elle avait tout de même un haut niveau d'exigence. Une doctrine qu'elle appliquait sans cesse, celle de toujours se dépasser, pour ne jamais pouvoir nourrir le moindre regret. La nécessité, également, de ne jamais faire les choses à moitié, de ne jamais se montrer hésitant, frileux. De ne jamais blâmer autrui lorsque l'on était seul responsable. De ne jamais prétendre être ce que l'on n'était pas. De ne jamais avoir honte d'être, a contrario, celui que l'on était. Elle était exigeante, ça, oui. Marchez lui sur les pieds une fois, et la prochaine fois que vous voudriez retenter l'expérience, pas sûr que vous ne vous retrouviez pas avec une javeline, réelle ou de fortune, plantée dans le pied. Cally était du genre à en arriver à de telles extrémités quand vous aviez auparavant chercher à la déstabiliser, à vous en prendre à elle, ou même pire, à l'un des siens, à l'un de ses proches. Elle était rancunière, mais une fois qu'on le savait, il suffisait juste de se garder de s'aventurer en de telles périlleuses contrées, avec elle ! Cependant ... Ce degré d'exigence, elle y était encore plus à cheval la concernant que concernant les autres. Sans doute parce qu'elle avait pris pleinement conscience, très jeune, des responsabilités qui viendraient un jour à lui incomber. Elle se devait donc d'être un modèle, de ne pas laisser entendre qu'elle ne saurait pas assumer sa position, qu'elle ne saurait pas continuer de faire resplendir le nom des Jordayne.

C'était épuisant, parfois, que d'être elle. Parce qu'elle prenait souvent sur ses épaules bien plus qu'on en attendrait d'elle, bien plus qu'il ne lui en incombait directement. Mais elle se savait forte et bâtie pour ça. Bâtie pour un jour être à la tête de l'une des Maisons les plus puissantes de toute la Principauté de Dorne. Bâtie pour rester debout même lorsqu'elle était blessée. Bâtie pour ne pas se laisser faire et ne jamais se laisser défaillir. Elle avait accouché seule de sa première fille, sans réelle aide, parce qu'elle en était presque arrivée à ostraciser son époux et le père de sa fille, mais surtout parce que sa fille, Elynor, avait pointé le bout de son nez plus tôt que prévu, et que ce jour là, Cally était en balade à cheval sur le domaine familial. Il avait été hors de question que les quelques hommes d'armes l'accompagnant assistent à l'accouchement, et si l'un d'eux avait bien cavalé jusqu'au Tor pour prévenir qui il fallait, lorsque la cavalerie était arrivée, comme on dit, Elynor était déjà ivre de lait maternel. Elle prenait sur elle, Cally. Alors, évidemment, il était parfois compliqué de savoir ce qu'elle pensait réellement, ou pire, de comprendre ce qu'elle pouvait bien ressentir. Il y avait toutes ces épaisseurs, toutes ces couches, sur elle, qu'il fallait effeuiller une à une pour réellement parvenir à mettre à nue la jeune femme. Et pourtant, elle ne semblait jamais rien cacher de ses ambitions, de ses désirs, de ses pensées. C'était comme si on la percevait sans cesse nue, alors qu'au final ... Peut-être qu'au final, l'important, c'est que l'on ne doute jamais ni de sa franchise, ni de sa loyauté, ni même de sa force de caractère. Des qualités qu'elle souhaitait du plus profond de son être transmettre à ses trois enfants, si ce n'était déjà fait. En tout, les choses lui apparaissaient comme en bonne voie avec son aînée, Elynor, sa future héritière. C'était peut-être ça, ce tout, qui avait semble-t-il permis à Arianne de savoir qu'elle n'avait nullement à percer à jour Cally, car cette dernière était toute entière devant elle, sans chercher à la manipuler, à obtenir quelque chose d'elle ou à simplement l'utiliser comme distraction quand elle n'avait personne d'autre à qui parler. Et le fait que leur relation amicale datait d'avant la légitimation de la damoiselle, cela devait aussi jouer pour beaucoup. Mais, enfin bon, Cally ne songeait pas à tout ceci en cet instant, du moins pas à certaines de ces choses. L'essentiel, pour elle, présentement, était d'être en compagnie de son amie.
    Et il en ira également toujours de même me concernant : qu'on perçoive l'orage dans mon regard, ou la fureur, ou bien même des envies répréhensibles, tout ceci ne sera jamais dirigé à ton encontre, et tu seras toujours une présence bienfaisante à mes côtés. Elle lui sourit, tout en plissant les yeux de façon quelque peu mutine et complice. Oui, il n'y avait pas d'âge pour de tels jeux de regards ! Posant les yeux sur sa fille, à l'évocation de celle-ci dans la bouche d'Arianne, Cally soupira. Non pas de lassitude, mais parce qu'il était vrai que sa fille se portait bien, compte tenu des circonstances. Et elle le devait à sa mère, à Cally. Ce qui était plus épuisant et éprouvant qu'on ne pouvait le percevoir, à en regarder les traits de la principale intéressée. D'où ce soupir qui ressemblait dès lors bien plus à une expiration quelque peu prisonnière de ses poumons jusque là. Tu as raison. Elynor va bien, compte tenu des circonstances. J'essaie de m'en assurer dès que nous nous voyons, en faisant le plus possible tampon entre la dureté du monde et elle. Je ne souhaite pas qu'elle en ignore tout, mais je suis sa mère, il est de mon devoir d'encaisser les premiers coups, ceux qui sont les plus douloureux, pour que les échos qui l'atteignent, les échos de ces heurts et de cette violence, soient quelque peu amoindris et moins conséquents. Ma mère n'a pas toujours su agir ainsi avec moi, ce fut parfois de cruelles leçons. Quant à moi ... Je ne te cache pas que c'est dur, et éprouvant. Mais je n'en ai rien à t'apprendre, concernant tout ceci ... Une nouvelle fois, Cally soupira, très légèrement, alors que son regard s'ancrait sur les traits de son interlocutrice, comme pour chercher à la sonder au point de parvenir à faire se détacher d'elle toute onde négative et toute douleur trop conséquente. Mais de telles prouesses psychiques étaient impossibles, n'est-ce pas ? Que c'était regrettable ... Prenant l'une des mains d'Arianne dans les siennes, elle lui sourit. La question est ... Comment vas-tu, toi ? Tu me sembles quelque peu éprouvée, toi aussi ...

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMar 7 Fév - 21:42

L’amie d’Arianne lui semblait épuisée, autant qu’elle-même à vrai dire. Les temps n’étaient faciles pour personne, Cally donnait pourtant très bien le change, en se présentant aux côtés de la Martell. Une véritable aubaine, pour celles dont les idées noires n’avaient pour égal que les complications qui heurtaient Lancehélion et, par elle, Dorne. Elle ne pouvait ignorer les difficultés auxquelles la principauté était confrontée, quand bien même elle l’aurait voulu, et les distractions se faisaient rares, fort rares. Peut-être Cally aurait-elle ce bénéfice que d’apaiser la dornienne. Arianne était en tout cas ravie de la voir, et parfaitement sincère en faisant part de l’enthousiasme certain qu’elle ressentait à cette idée.

« Je ne te remercierai jamais de m’avoir gratifié de cette amitié, il y a plusieurs années, car peu sont aussi précieuses pour moi, et aussi sincères. »

Car une chose était certaine, celle-ci était scellée à tout jamais. Elle n’était peut-être pas immuable, mais elle était forte et résisterait à bien des choses, avant d’être amenée à se briser. Sans doute le reflet de la force de caractère des deux jeunes femmes qui, unies, pourraient faire beaucoup. Elle devait se reposer davantage sur Cally, au lieu de se laisser ronger par tout ce qui la hantait depuis plusieurs mois. Ça avait toujours été un exercice ardu pour Arianne, de se laisser aller à la confession et à s’épancher. Il ne faisait pas bon de le faire, lorsqu’on n’était qu’une bâtarde, et les habitudes avaient la vie dure, même si elle tentait de se laisser aller un peu plus. Elle n’avait rien à craindre de lady Jordayne, en tous les cas.

« Je ne l’abandonne pas, et essaye moi aussi de la préserver auntant que faire se peut, tu le sais. Et tu as mon serment que je continuerai, aussi longtemps que ce sera nécessaire. Elynor grandit, et de manière délicieuse, mais elle est encore quelque peu impressionnable. Ça ne durera pas, elle finira tôt à ou tard par t’égaler et devoir se tourner vers d’autres adversaires, mais c’est une sage mesure que de la garder à proximité de toi. Nos gardes la protègeront, mais je sais que tu ne seras pas contre t’en occuper, toi aussi. Et je suis là, pour t’aider à encaisser les coups et à l’en préserver. Nos fardeaux sont conséquents, déjà maintenant,  mais nous les affronterons ensemble. Aussi dure que soit la période dans laquelle nous nous trouvons. Dorne redressera la tête, tu iras mieux, et moi aussi. »

Arianne ne détournait pas le regard de celui de son amie, bien que mal à l’aise. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle grimaça, espérant que Cally ne se méprenne pas sur ses propos à venir. « Au mieux, compte tenu des circonstances. Oh, Cally, c’est difficile… Elle s’approcha pour que la conversation ne puisse être entendue. Je n’ai jamais eu confiance en ces misérables des mers, mais l’un de leur capitaine s’est montré… plus mesuré. Sa présence a Lancehélion m’est inconnue, mais s’il était là… Si le capitaine qui m’a séquestrée était là… Me penses(tu idiote ou naïve, Cally ? »

|HJ| Je suis ultra fatiguée, j'ai écrit 5 fois n'importe quoi dans la fin du RP, normalement tout corrigé, si y'a le moindre problème, dis moi La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] 7894706

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMar 14 Fév - 23:51

La vie, le destin et les dieux mettent sur votre chemin une flopée de personnes qui vous étaient jusqu'alors inconnues. Ou alors le nom vous était connu, mais pas le visage. Quant à la réputation, et bien il fallait bien reconnaître que l'on ne pouvait pas réellement se fier à ce critère, ou qu'il était au moins impossible de se faire un jugement en ne tenant compte que de cet élément, partiel et biaisé. Face à une telle situation, vous aviez le choix de passer votre chemin, de ne rien dire, de ne rien faire, de n'initier aucune approche, aucune conversation polie de présentation. Ou alors, vous faisiez un pas en avant, quand on n'avait pas déjà pris l'initiative à votre place. Vous faisiez un pas en avant, vous sourissiez, vous vous pressentiez, et s'enclenchait alors ou non le début d'une relation, amicale, officielle, ou plus si affinités. Et le plus si affinités, sans que cela ne la conduise dans les bras d'Arianne ou entre les draps de celle-ci, Cally, avec l'aînée des enfants de Nymor Martell, et bien elle l'avait bien eu ! Et elle ne le regrettait absolument pas, pas plus hier qu'aujourd'hui, tout en voyant difficilement ce qui pourrait bien être en mesure de changer la donne dans le futur.
    Tu sais, à mes yeux, je n'ai rien fait de particulier, mais je sais que cela a représenté beaucoup pour toi ... Je n'avais aucune idée derrière la tête, pas plus à l'époque qu'aujourd'hui. Quoi que ... A l'époque ... A l'époque, tu étais la première personne, après feue la Princesse Meria, à ne pas me traiter comme si j'étais en porcelaine, et à ne pas chercher à me donner de conseils bateaux, uniquement destinés à prétendre s'intéresser à moi et savoir ce que je vivais ... Pendant tout le temps que duraient nos rencontres, j'étais heureuse. Heureuse, et avec la sensation d'être bien plus sujette aux coups de pieds de Dastan !
C'était compliqué que d'être mère. Il y avait toujours tant de sujets d'inquiétude, tant de menaces de nuages et d'orages au-dessus de la tête de vos enfants. Et même lorsque votre progéniture était encore en vous, vous ne manquiez pas de vous inquiéter, de craindre qu'il arrive malheur, que vous vous révéliez incapable de mener cette grossesse à terme ou de donner naissance à un nourrisson viable, qui saura respirer, et qui ne se fera pas emporter par la première maladie infantile venue. Que vous soyez noble ou paysan, la mortalité infantile était une chose à laquelle vous ne pouviez pas couper, parfois, et contre lequel votre statut social ne pouvait pas toujours grand chose. Parfois, même les meilleurs médecins ne peuvent faire de miracle et maintenir en vie un petit être déjà condamné. Et même lorsque vos enfants passaient le seuil critique, grandissaient, devenaient des jeunes gens, vous ne manquiez pas de continuer à vous inquiéter. Son père lui avait un jour confié que cela ne s'arrêtait guère que lorsque vous perdiez la vie, pas avant. Vous continuez à vous en faire pour votre progéniture, quel que soit l'âge de vos enfants, parce que c'était ainsi, que c'était l'ordre des choses, la logique de la vie. Mais il fallait tout de même avoir la fibre parentale, pour ça, ce qui poussait Cally à avoir la quasi certitude que certains géniteurs étaient à l'abri de tout cela. Sa propre mère n'avait jamais dû autant s'en faire pour elle que ne l'avait fait Maxence, surtout lorsque Cally avait vécu à Lys, loin de sa famille paternelle, loin de Dorne, dans une fuite perpétuelle engendrée par sa mère qui, pour le coup, s'était plus souciée de se venger de son époux que d'assurer stabilité et bonheur à sa fille ... Et parfois ... Parfois, vous en veniez à vous en faire pour des êtres qui n'étaient pas vos enfants, parce que votre instinct maternel était assez conséquent pour cela, ou que votre cœur était assez grand et généreux. Bien évidemment, ni Cally ni Elynora ne considéraient Arianne comme la seconde mère de l'aînée des enfants de l'héritière du Tor, mais Cally ne craignait pas un seul instant qu'il arrive quoi que ce soit à sa fille auprès de son amie. Ou du moins ne craignait-elle pas plus pour la sécurité d'Elynor ici, à Lancehélion, que là-bas, au Tor.
    Je n'aurais jamais demandé à ce qu'Elynor devienne l'une de tes demoiselles d'atour si je n'avais pas confiance en toi Arianne, sois en assurée. Je sais qu'elle est entre de bonnes mains avec toi. Mais cela ne m'empêchera jamais de m'inquiéter, et tu comprends sûrement pourquoi. On s'inquiète toujours pour nos proches, quoi qu'il arrive, et quelle que soit la situation, c'est comme ça ... Mais tu as toute ma confiance. Elle lui adressa un sourire franc et honnête, qui ne laissait transparaître aucune zone de doute quant à la véracité de ses propos. J'aimerai ne jamais la voir grandir, mais il le faut, pour autant. Elle sera elle aussi l'avenir du Tor, celle qui représentera notre maison quand les enfants de ta sœur régneront. Mais elle me paraît encore si jeune ... A son âge, j'étais déjà mariée, et en passe d'être mère, mais la situation était différente. Bien que nous étions déjà quelque peu en guerre ...
On ne peut comparer les choses, les événements, les expériences. Car tout est différent, ne serait-ce que via un simple détail, aussi infime puisse être celui-ci. De toute façon, les comparaisons ne conduisent jamais à grand chose de bon. On en vient à nourrir des complexes, ou bien alors à être trop assuré de soi-même, de ses capacités, de la teneur du futur. On se dit que si les nôtres ont réussi jusque là, alors il n'y a pas à s'en faire, et que l'on ne doit rien changer à ses habitudes, alors que si. Alors que si, car il faut toujours rester prudent et mesuré. Toujours prêt à agir, à réagir, à faire un choix et à savoir discerner le moindre signe avant coureur de toute catastrophe ou de tout grand bouleversement, positif comme négatif. On ne peut pas non plus prétendre pouvoir se mettre à la place des autres, car chaque expérience est différente, tout comme chaque être l'est. Seulement ... Seulement, cela ne doit pas pour autant nous empêcher de compatir, de chercher à rassurer, à préserver, à protéger. Car l'un n'empêche pas l'autre, fort heureusement. Sinon ... Sinon, on ne pourrait jamais vivre que dans une éternité de solitude, isolés les uns des autres, partant à la dérive sans jamais entrer en contact. Cally avait parfaitement consciente de cela. Et fort heureusement. Fort heureusement tant pour elle que pour ses proches, et, présentement, pour Arianne.
    Je ne les apprécie pas plus que toi, crois-moi, et si par mes simples prières, j'étais en mesure de tous les faire couler par le fond, tu me verrais acharnée à prier jour et nuit ! Mais cela ne m'empêche pas de continuer d'espérer et de prier que pareille fin leur soit réservée. Et je sais que je ne devrais sans doute pas penser ainsi, que cela n'est pas convenable pour une Dornienne, surtout pour une héritière, mais il m'arrive de plus en plus souvent d'espérer que leur trépas pourra aussi intervenir par l'intercession de certains de mes cousins Saan ... Et puis ... Et puis Cally marqua une pause, parce qu'il ne s'agissait pas pour elle de se précipiter à rassurer Arianne par de fausses paroles, ou du moins par des mots tout à fait clichés, attendus, politiquement corrects, réflexes et sans portée aucune, sans honnêteté aucune, sans attention aucune. Je ne te pense ni idiote ni naïve, mais je n'irais pas non plus jusqu'à t'encourager dans de telles pensées ... C'est un Fer-Né, ne l'oublie pas. Je sais bien que l'on ne peut pas uniquement juger un homme à sa patrie, ou tomber dans les généralités, mais ... Son Roi est vil et belliqueux, et sa politique diplomatique ne vise en rien un quelconque rapprochement avec Dorne, alors il n'encouragera en rien le moindre de ces sujets à quelques complaisances avec l'un d'entre nous. Sans parler du fait que les capitaines se font et se défont, chez les Fer-Nés, et que la moindre faille doit bien être exploitée. Je ne veux pas te perdre à nouveau, ni même te voir devenir un instrument d'insubordination dans des affaires qui nous sont étrangères. Tu m'es trop précieuse pour cela.

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyDim 19 Fév - 19:36

La sincérité de Cally était tout ce qui faisait la force de leur relation. Quand beaucoup estimaient que la bâtarde aurait mieux fait de retourner dans son bordel et pensaient qu’elle allait vouloir évincer ses frère et sœur légitimes, elle seule lui avait tendu la main, sans arrière-pensée. C’était inestimable et d’une valeur sans égale et c’est aussi pour cela que jamais Arianne ne douterait de la sincérité ou de la loyauté de son amie. Pour cela qu’elle saurait pouvoir s’adresser à elle, si elle était tourmentée, et de faire de même sans contrepartie aucune.

« Surement parce que j’ai vu des femmes faire bien plus, enceintes, que d’autres bien mieux loties dans leur condition, alors qu’elles devaient travailler malgré tout, et que j’ai pu constater qu’elles n’étaient pas prêtes à se casser, au moindre mouvement. »

Pas que Cally ait qui que ce soit à voir avec sa mère ou ses compagnes de travail, loin de là, mais elle était elle aussi dotée d’une vraie force d’âme. Elle était de ceux qui ne ployaient pas devant les aléas, qui ne baissaient pas les bras. Elle le prouvait, en cet instant, en faisant face à ses inquiétudes, sans faiblir. En se montrant forte pour ses enfants, pour ses proches. Même face à elle, si elle s’autorisait à admettre qu’elle cultivait de nombreuses craintes, elle restait digne, ne cédait pas à ses craintes. Elle était un vrai parangon de force, aux yeux d’Arianne, que peu égalaient.

« Il faudrait que je sois bien hypocrite, pour te trouver autre chose qu’aimante et concernée, alors que tu t’inquiètes pour les tiens. Je le fais et n’aurai de cesse de le faire pour mes frères, pour ma sœur, pour toi aussi et bien d’autres, jamais je ne te reprocherais pas cette inquiétude similaire que tu ressens pour ta fille. Mais elle sera digne de celle que tu es, fier soutien de Dorne, et dotée d’une grande intelligence. C’est déjà le cas, à vrai dire, et j’espère qu’elle pourra être proche de mon neveu ou ma nièce, comme tu l’es de moi. Comme tu l’es de Deria. Même si elle ne suit pas le même chemin que toi, pour le moment. Comment le pourrait-elle ? Les temps ne s’y prêtent pas, et tu ne voudrais pas l’envoyer au loin se marier, n’est-ce pas ? Elle pourrait prendre époux à Lancehélion, tu sais. Nombre de nobles, de chevaliers, en seraient ravis. Elle est douce, élégante, intelligente, et un très bon parti. Même si je sais que tu ne veux pas l’y propulser plus vite que nécessaire. Tu aurais notre soutien, le mien du moins, pour lui trouver le meilleur. »

Ce n’était sûrement pas ce que Cally désirait entendre mais malgré la position des femmes en Erebor, malgré leur liberté plus importante, elles restaient soumises au mariage, comme toute jeune femme. Elles devaient s’y plier, malgré tout. Tout comme elles devaient se plier et s’adapter à ce qui survenait en Dorne, au plus grand déplaisir d’Arianne. Les malheurs s’enchainaient, et elle doutait avoir les épaules pour les surmonter.

« Ce sont nos… ennemis, et si leur trépas pouvait survenir, quelle qu’en soit la façon, alors en quoi cela ne serait pas digne de toi ? As-tu envisagé de parler à Deria de solliciter leur aide ? Cela ne serait pas sans coût, mais… Elle se tut, un bref instant. Cally n’était pas idiote, elle savait la position délicate dans laquelle se trouvait Dorne. Tous les moyens sont bons. Oui, et on avait parfois pas le choix de ses alliés. Bien souvent. Je ne l’oublie pas. Et je ne le pense pas… juste, ou bon. Loin de là. Il est cruel, carnassier, ne vaut pas mieux que les autres. Mais j’ai commis des erreurs ; de trop nombreuses erreurs. J’ai… oh, j’ai trahi Dorne, Cally. Comment puis-je être sûre de ne pas recommencer ? De ne pas me fourvoyer, concernant ses intentions ? De ne pas dissimuler des informations à son sujet, par honte ? Je… Je le hais, mais j’y suis attachée. »

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMer 1 Mar - 1:22

Les qualités d'Arianne nécessiteraient plus que les deux seules mains de Cally pour les dénombrer toutes à l'aide de ses doigts. Mais sans doute était-elle loin d'être suffisamment impartiale pour pouvoir se prononcer sur le sujet. Bien sûr, à ses yeux, son amie n'était pas dénuée de défauts, car nul n'est parfait, et qu'il y a des limites à l'aveuglement et aux dérives que peuvent entraîner l'affection et l'amitié, tout de même. Et puis, ce sont les défauts qui font le sel, le piquant et les épices de la vie, s'ils sont bien équilibrés avec les qualités, qu'ils ne viennent pas amoindrir ces dernières, voire même, pire que tout, les entacher de quelque opprobre. Une personne sans défaut se révèle être des plus lisses, sans aspérité, sans point d'accroche et sans pierre d'achoppement. En somme, vous vous ennuyez en leur présence et vos rencontres se ternissent très vite d'un goût amer de "n'y revenons jamais" ! Et puis, ne sont-ce pas les défauts qui font d'autant plus rejaillir et briller les qualités ? Dans tout les cas, Cally ne pouvait que reconnaître à Arianne des capacités de déduction, de jugement et de raisonnement que l'on retrouvait peu chez les autres nobles. Sans doute parce que, sans vouloir la dénigrer, son amie n'était pas exactement issue du même milieu, initialement, et que l'origine sociale d'extraction pouvait clairement peser dans la balance en terme d'éducation et d'expériences personnelles acquises. Dès lors, Cally abondait dans le sens de son amie quant à la fragilité et la douilletterie de certaines femmes enceintes, et particulièrement de celles nées dans des draps de soie avec une petite cuillère en minerais précieux dans la bouche !
    Tu as parfaitement raison ! On ne se connaissait pas encore à l'époque, mais quand j'ai accouché d'Elynor, les circonstances de sa naissance ont quelque peu pu faire jaser. Comprends donc, accoucher en pleine nature, à peine descendue de cheval ou presque, mais c'était tellement peu noble de ma part ! Et puis, sérieusement, j'aurais dû savoir que dès la grossesse révélée, il faut absolument rester alitée et non pas aller se promener à cheval comme une pure inconsciente !
De façon volontairement fausse et outrageuse, Cally écarquilla grand les yeux, une moue à la fois empli de dédain et de répulsion sur le visage, alors que l'une de ses mains venait se porter juste sur la base de son cou. Comme une parfaite mimique de ce dont avait pu être témoin sa petite sœur, ou plutôt sa cadette de demi-sœur, Maylie, alors que les gens ne prêtaient pas attention à cette petite bâtarde, du haut de ses 8 ans. Bien évidemment, cette dernière n'avait pu s'empêcher d'aller tout rapporter à Cally, et les deux Jordayne avaient ri de bon cœur, bien vite rejointes par leur frère, Tywan. Dont le premier réflexe fut, pour sa part, de menacer d'un poing rageur de faire taire la prochaine langue de vipère qui persiflerait au sujet de l'une de ses sœurs ! Charmant portrait, déjà à l'époque ! Mais les choses avaient toujours été ainsi, pour eux trois, à partir du moment où ils avaient été réunis. Malgré les circonstances de la vie, ces claudications quelque peu originales, même pour une Maison de Dorne, ils avaient toujours eu cette forte complicité, et un fort instinct familial et protecteur. Quoi que celui-ci ait pu se révéler et se développer de façon différente chez chacun d'entre eux, aboutissant quand même à une certaine harmonie, et à une complémentarité indéniable. Dès lors, à partir du moment où Cally s'était sue enceinte, nul, parmi les siens, n'avait un seul instant douté du fait qu'elle aurait un instinct maternel des plus puissants. Et qu'elle saurait s'y prendre avec un nouveau-né à l'âge où bien d'autres jeunes demoiselles nobles, de son âge voire même plus âgées, n'étaient même pas encore mariées et donc encore moins en passe d'avoir un enfant. Celles-là même qui étaient encore bien trop occupées à continuer de se gausser et de rougir au passage de jeunes garçons pour qui, elles en étaient sûres, elles étaient d'ores et déjà le centre du monde alors qu'ils ne leur avaient adressées qu'un très léger regard. Mais, malgré tout, malgré les bonnes paroles de son amie et la forte confiance et connivence qu'elle sentait émaner d'elle à son égard, Cally n'en restait pas moins une mère, qui ne se sentait jamais entièrement convaincue d'elle-même plus que de ce qu'en disaient les autres. Et par les autres, il fallait comprendre ceux qui appartenaient au cercle de ses proches. Tous ceux qui s'en trouvaient exclus avaient alors bien peu d'intérêt pour elle, et elle ne prêtait ni caution ni attention à leurs avis et leurs conseils.
    Fort heureusement pour moi, Lyvan n'est pas là ! Si tu savais à quel point il essaie si régulièrement de me mettre dans la tête qu'un tel jour viendra, un jour où il nous faudra lui trouver un époux, et la laisser s'envoler de ses propres ailes ! Je sais qu'il est nécessaire que cela arrive, un jour, mais ... Mais parfois, je me dis que le plus tard sera le mieux, même si, évidemment, je ne veux pas assister à son mariage la chevelure emplie de reflets poivre et sel, avec des articulations qui grincent et des yeux qui n'y voient plus grand chose ! Ma consolation est qu'en tout cas, elle restera une Jordayne, de par son droit d'aînesse. Une consolation, certes, dont Cally ne parvenait cependant pas encore à sentir le coup sucré, l'acidité ayant encore prévalence. En tout cas, je te remercie. D'ores et déjà posséder ton soutien est rassurant, quoi que, pour ne pas te mentir, ton amitié et tes conseils lui ont préséance.
Parfois ... Parfois, en des circonstances comme celles-ci, Cally en viendrait presque à oublier qu'elle avait quelques étés de plus qu'Arianne. Car en ces moments là, l'héritière de Tor se sentait pousser des envies de redevenir enfant, pour mieux pouvoir se blottir dans les bras de son amie et se laisser submergée par sa force, sa bonté, sa protection, tout en s'enivrant de sa chaleur et de son parfum. Des penchants bien dissimulés, dès lors, qui s'en douterait ? Sans doute la principale concernée n'aurait-elle rien contre, cependant, Cally se gardait bien de lui en parler. Non par honte, mais parce que ce n'était pas exactement le lieu, pas plus que ce n'était le moment. Et puis, si jamais Elynor relevait les yeux vers elles, qu'en penserait-elle ? Cally perdrait quelque peu de son autorité sur sa fille, car connaissant celle-ci, Elynor n'hésiterait pas à la taquiner sur ce point, avec talent et détermination bien placés. De toute façon, les rapports d'aînesse n'avaient pas toujours lieu d'être. On pouvait être assez vieux pour avoir connu feue la Princesse Meria en bas-âge et n'avoir ni jugeote, ni intelligence, ni vivacité d'esprit, pour avoir toujours vécu son existence loin des réalités des choses et des perturbations de la vie, dans une tour d'airain. A côté de ça, l'enfant des rues a parfois un esprit et une logique des plus affûtés, pour avoir été formé dans le dur, et vaille que vaille, à l'école de la vie, de ses droites en pleine figure et de ses coups de pieds en plein plexus solaire. Alors, Cally considérait qu'avec Arianne, elles se parlaient d'égale à égale, leurs différences d'expériences et de parcours s'équilibrant plus ou moins. Et c'était très bien ainsi !
    On m'a souvent reprochée mon ascendance lysienne, et certaines langues continuent de cracher leur venin à ce sujet. Je suis née à Lys, et si ma mère est certes née Celtigar, d'une union légitime, il n'en demeure pas moins que sa mère est née Rogare, d'une mère Saan ! Pour une Jordayne, aux yeux de certains, il serait si peu digne de ma part de faire bien plus confiance à mes pirates de cousins plutôt qu'à notre propre force armée pour nous débarrasser de ces maudits Fer-Nés ! A la loterie génétique, les origines lysiennes de Cally ne transparaissaient pas forcément de la plus flagrante des manières, mais il n'en demeurait pas moins que nul ne pouvait ignorer le fait que ses ascendances n'étaient pas entièrement dorniennes. Quoi qu'elle puisse partager des similitudes avec bon nombre de représentants de la Maison Dayne. Mais ses deux iris aux couleurs différentes, son teint moins hâlés que celui de son père et ses cheveux châtains tirant sur le blond à mesure qu'elle prenait le soleil parlaient tout de même d'eux-même ! Mais là n'était pas vraiment le sujet. Mais ce n'est pas pour ça que j'ai écarté cette idée. En réalité, ta sœur n'en est qu'au tout début de son règne, et en règle générale, les premiers actes pris par un tout nouveau souverain peuvent être perçus comme définissant les grandes lignes de ce que sera son règne, de ce à quoi il ressemblera. La piraterie ravage les côtes dorniennes depuis des générations, sans parler des bateaux coulés en mer, des cargaisons marchandes détournées et des marins condamnés à la noyade ou à des sorts parfois dits bien plus tortueux. Je crains donc fort que cela serait perçu comme un faux pas de la part de la Princesse Deria que de faire appel à des alliés de fortune, qui n'agissent que par profit dans la très grande majorité des cas. Je ne me leurre pas sur qui sont les Saans : ce que tu leur offres aujourd'hui de bon cœur ou au sein d'un accord, ils te le déroberont demain, en dehors de toute alliance ! Oui, la trahison était un sujet sérieux, et à bien des égards, sans doute à plus forte raison à Dorne ... Dès lors, Cally ne pouvait que comprendre les inquiétudes de son amie. Ces extrémistes religieux de tout bord te diraient de prier, de prier à genoux et de ramper jusqu'à t'en écorcher jusqu'aux os. Je sais que c'est dur. Que les sentiments et les émotions prennent parfois le pas sur la raison et le devoir, mais ... N'oublie pas qui tu es. Et qui tu n'es pas. Tu n'es pas une taupe qui saborde sa propre Principauté, sa propre sœur. Et tu n'es pas non plus une traître, une femme sans cœur et sans état d'âme. Je dirais même que, parfois, tu en as trop, des états d'âme. Ce qui n'est pas forcément entièrement une mauvaise chose. Je ... Je ne me suis personnellement jamais retrouvée dans une telle situation, même si, techniquement, j'ai tout de même été trahie par nul autre que mon époux durant la première année de nos noces. Mais n'avais-je pas déjà moi-même donné un coup de couteau à nos fiançailles ? ... La solution la plus simple serait d'éviter de te retrouver en sa présence, de le fuir, de ne jamais être seule avec lui, peut-être, aussi, de ne pas perdre pied avec ta conscience et avec la réalité. Il parait que de serrer les poings jusqu'au sang peut aider à revenir les pieds sur terre, mais cela ressemble plus à un palliatif qu'à autre chose ...

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyJeu 9 Mar - 15:54

Arianne n’était pas l’amie de Cally, à l’époque, mais elle avait souvent entendu cette histoire, malgré tout, et elle ne cessait de s’en amuser. Comment aurait-il pu en être autrement, alors que son amie le racontait avec tant de légèreté, tant de dédain ? Bien sûr, monter à cheval n’était réellement pas la meilleure chose à faire, enceinte, mais quel ennui, que de se cantonner à la Cour et à ses divertissements qui étaient tout sauf divertissants, justement. Elle ne pouvait que comprendre que son amie n’ait pas pu tenir en place. Agirait-elle de la même façon, quand elle serait enceinte ? Le serait-elle seulement ? Elle n’avait jamais eu le moindre signe d’enfant qu’elle aurait porté, suite à sa captivité, et elle doutait être seulement capable d’en avoir. Crainte qu’elle n’avait jamais exprimée, et ne confierait surement à personne.

« Je suis seulement outrée que tu n’aies pas profité de ta condition pour te faire conduire à tout endroit, portée par de vaillants dorniens, accompagnée de toute une horde d’autruches désirant te distraire et s’attirer tes bonnes grâces. Cela me semble tout à fait être le genre de choses que tu goutterais, pourtant. »

Elle adressa un clin d’œil à la dornienne, riant de bon cœur en voyant la grimace déformer ses traits de façon peu agréable, mais néanmoins très réaliste. Combien de fois Arianne avait-elle eu le loisir d’observer une telle chose, souvent dirigé envers Anders ou elle ? Son visage se ferma légèrement, mais elle continua à sourire à son amie – elle n’y était pour rien, et elle ne comptait pas ternir sa bonne humeur.

La bâtarde prit la main de son amie, alors qu’elle confiait ses inquiétudes et son manque d’envie que sa fille lui soit enlevée. Il était normal que son époux désire la marier, mais… était-ce réellement le moment ? Elle en doutait. Même si les tensions agitant la principauté et tout Westeros favorisait un certain empressement… Elynor était malgré tout protégée, plus que bien des gens, et il était peu probable qu’elle soit touchée. « Vous avez tout ça, et plus encore, de ma part, tu le sais. Ne crains pas que cela vous soit enlevé, les liens entre ma famille et la tienne, entre toi et moi, sont indestructibles. Et ils s’étendent à tes enfants. Quant au fait d’être une Jordayne… Si elle n’en gardait pas le nom, elle en aurait le caractère, sois en sûre. »

Même si Elynor devait encore s’affirmer, trouver sa place et réellement devenir celle qu’elle était amenée à être, si elle était encore balbutiante, elle suivrait les traces de sa mère, c’était une certitude. Avec des différences, mais il aurait été inquiétant que ça ne soit pas le cas. Arianne adressait un sourire taquin, mais doux, à Cally : elle comprendrait très bien qu’elle faisait allusion à l’intensité de son caractère à elle, qui pouvait parfois en surprendre plus d’un. La Martell y était habituée, mais il n’avait de cesse de l’amuser, par moment. Elle était habituée à tant d’excentricité, ou d’extravagance, ses frères n’étant pas les plus mesurés, mais cela ne voulait pas dire qu’elle y était indifférente. Contrairement à ce qu’elle ressentait quant aux origines de son amie. Cela changeait-il réellement quoi que ce soit ? Pas à ses yeux. Elle était dornienne de la tête aux pieds, plus entière et sincère que bien d’autres.

« Tu as tellement plus ta place auprès de Deria pour la conseiller que moi… Ne prends pas ça pour de l’envie ou de la jalousie, ça n’est qu’une simple constatation. Là où je voudrais l’aider, je crains de n’agir que stupidement. Alors que tu envisages tout ce qui peut découler de chaque décision, les avantages, les retours de bâton déplaisants… Tu es intelligente et sage, Cally. »

Arianne ne put que tressaillir, en entendant ses propos sur la trahison, se remémorant ses propres actes, ce qu’elle a fait. Ses manquements, envers Dorne, ses erreurs de jugement, sa propre félonie.

« Demande à ma sœur, à mes frères, si je ne suis rien de tout ça… À Anders, particulièrement. J’ai agi inconsciemment, comment ne pas croire que j’ai nui à Dorne, que j’ai réellement trahi ces terres qui m’ont tant apporté ? J’ai… J’ai utilisé le prétexte de ce sceau que j’ai fait faire pour Anders, qu’il m’avait dérobé, pour justifier ce temps passé avec lui, à Goeville. Je n’ai pas eu la présence d’esprit de dénoncer sa présence dans l’Orage, quand je l’y ai vu. Comment peux-tu dire que ça n’est pas de la trahison ? Je ne sais qu’agir stupidement. Je ne peux avoir en permanence quelqu’un à mes côtés, pour éviter cela. Je ne peux enchaîner personne, infliger un tel sort à qui que ce soit à cause de ma faiblesse… »

Sa voix se faisait plus basse, presque brisée, alors qu’elle se confiait.

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyVen 17 Mar - 22:40

Cally ne faisait pas vraiment les choses comme tout le monde. Sans doute parce que, d'une certaine façon, elle n'était pas comme tout le monde ou que, tout du moins, elle avait biologiquement autant en commun avec Rhaenys Targaryen qu'avec Deria Martell. Si l'on tombait dans les raccourcis pressés et faciles. Etre différent, chez certains, cela s'entretenait, et le trait en était même souvent forcé. Pas chez Cally. Elle n'agissait et ne réagissait jamais dans l'optique de se différencier, de se mettre en opposition avec le courant dominant. Elle suivait simplement son instinct, ainsi que les leçons de vie qu'avaient bien pu lui enseigner ses deux parents. Car il était effectivement arrivé à sa nomade et si peu maternelle de mère de lui transmettre quelques préceptes qu'elle avait elle-même reçu des siens, alors qu'elle vivait encore à Lys. Cally ne se laissait pas marcher sur les pieds, et refusait d'être systématiquement entravée dans ses décisions et ses mouvements par le simple prétexte qu'elle était née femme et non homme. Elle se fichait bien de savoir si tous ces clichés sur les femmes avaient un fond de vrai ou pas, parce que, justement, c'est ce qu'ils étaient à ses yeux : des clichés, de simples clichés. Certains lui avaient conseillé de rester alitée sitôt que sa grossesse avait été annoncée, mais elle n'en avait rien fait. Elle n'en avait rien fait car, rester enfermée, et à plus forte raison, rester allongée, cela se serait avérer semblables aux Sept Enfers, à ses yeux ! Il était si difficile pour un Jordayne de rester en place, en situation normale, alors, imaginez ce qu'il en avait été pour elle, jeune femme enceinte bourrée d'hormones, de sautes d'humeur, et d'ores et déjà engagée dans une forte opposition contre son propre époux ! Les choses avaient changé, depuis, depuis, certaines d'entre elles. Fort heureusement, pas toutes !
    Oh, Arianne, tu me connais si bien ! Elle feignit l'approbation, avant de secouer la tête en riant. Oui, à Dorne aussi, des petites prétentieuses qui usaient et abusaient de leur titre et de leur situation, il y en avait. Ce qui donnait encore plus envie à Cally de les piquer au vif et de les tourner en ridicule. Sans doute parce qu'elle estimait qu'en tant que Dorniennes, elles se devaient d'être différentes de toutes ces pimbêches et petites natures que l'on disait peupler les autres royaumes du continent. Peut-être Cally en attendait-elle sans cesse toujours trop, de la part de tout le monde. Mais ses ambitions et ses aspirations étaient conséquentes, parce qu'elle refusait de voir la Principauté à laquelle elle appartenait sombrer dans le chaos, l'auto-suffisance ou l'auto-cannibalisme, si l'on pouvait dire cela comme ça. Les grandes Maisons devaient se soutenir, et n'avoir de cesse de chercher à se dépasser les unes les autres en prestige et en gloire, en honneur et en loyauté, sans se reposer sur ce qu'elles possédaient déjà et ce qui leur était déjà acquis. Un peu comme une saine émulation, en quelque sorte, destinée à toujours rester vif, aux aguets, en accord avec les évolutions du temps et de la géopolitique. Le marasme, la stagnation et la petite guerilla avaient toujours leurs limites. Alors, en public comme en privé, Cally rongeait si souvent son frein en étant témoin de quelque comportement qui la révulsait. Mais se montrait cependant encore plus exigeante envers elle-même et les siens qu'envers les autres. Mais sans doute surtout envers elle-même. Pouvoir compter sur des proches tels qu'Arianne pour lui remettre les idées en place, ou bien encore la rassurer, était donc vital, essentiel et très appréciable pour elle. Tu ne m'as jamais menti, et n'a jamais cherché à me dire ce qu'il me plairait d'entendre ... Cela compte beaucoup pour moi, tout comme notre amitié et ce qu'elle engendre. Et puis ... On ne me quitte pas, moi. Cela ne se fait pas.
Une petite boutade, et deux mains qui se refermaient sur celle de son amie, et voilà que Cally prouvait tout à la fois la véracité de ses émotions et de son ressenti tout autant qu'elle tentait de ne pas sombrer dans le pathos ou le trop sérieux. Il ne fallait pas sombrer dans un sérieux de tout instant, au risque de n'avoir de cesse de faire une tête d'enterrement, de devenir ennuyeux comme la pluie et de soudainement faire trois fois plus que son âge réel. Il fallait laisser jeunesse se faire, disait-on, dans une certaine mesure, évidemment, mais l'une des clefs de la légèreté des choses se trouvait tout de même bel et bien là. Il fallait apprendre à créer quelque rapport d'équilibre des poids, dans la balance. Savoir se faire sérieux mais ne jamais soudainement se prendre pour un être que l'on n'était pas. Savoir se faire sérieux sans jamais oublier de rester les deux pieds sur terre et de ne pas se comporter comme un vieil ermite qui aurait déjà vu s'écouler de trop nombreux étés et hivers. Et puis ... Et puis, connaître quelque peu l'art oratoire permettait parfois de pouvoir se jouer de ses interlocuteurs sans que ceux-ci ne sachent réellement à quel degré prendre vos paroles. Au sens propre ? Au sens figuré ? Un peu des deux ? Bien sûr, présentement, Cally ne cherchait nullement à déboussoler Arianne quant à ses propos, pas plus qu'elle ne cherchait à prendre l'ascendant sur elle. Il lui était juste essentiel de ne pas demeurer dans un sérieux trop extrême. Elles ne se mettraient pas soudainement à pleurer sur tout ceci, mais il fallait reconnaître que, sans doute, cette petite taquinerie pouvait s'avérer une petite bouffée d'air frais pour toutes les deux. Mais dans le fond, cependant, il y avait du vrai dans les paroles de Cally. On ne la quittait pas, parce qu'elle s'accrochait, ne se laissait pas faire, et se refusait à perdre quelqu'un de cher et de précieux à son cœur. Et Arianne faisait partie, sans nul conteste, de ces rares privilégiés qu'elle se refusait à perdre, pour une raison ou pour une autre. Bien sûr, si cela devait arriver, elle s'en remettrait, mais non sans amertume, difficulté et douleur. Il lui était donc aussi essentiel de ne pas laisser Arianne se méprendre sur quoi que ce soit.
    Tes compliments me vont droit au cœur, tout comme ta certitude en ma loyauté à la Principauté et à ta sœur. Cependant ... Arianne, je ne suis certes pas née héritière du Tor, mais je le suis rapidement devenue, à la mort de ma grand-mère paternelle. Alors ... Peut-être y a-t-il une part d'inné dans tout ceci, chez moi, mais j'ai surtout été éduquée et élevée pour un jour prendre la tête de la Maison Jordayne et pour gouverner sur le Tor au nom de la Maison Martell. On m'a appris la stratégie, la géopolitique, la mesure des risques et des conséquences. J'essaie alors simplement de mettre tout ceci en application, du mieux possible, à l'avantage de nous autres, Dorniens, par la voix principale de ta sœur, aujourd'hui. Mais il m'est déjà arrivé de me dire que, peu importe les conséquences pour demain, mieux valait tout de même agir aujourd'hui, afin qu'il y ait justement un demain ... Mais ce serait reporter les conséquences sur les épaules de la Princesse Deria tout autant que les miennes. Ce qui serait insensé et traître de ma part.
La traîtrise, justement, semblait être au centre des préoccupations d'Arianne, et visiblement, par ses paroles, Cally n'était pas encore parvenue à rassurer son amie sur ce point. Ce n'était pas que cette dernière n'écoutait rien, ou qu'elle tournait en boucle, c'était juste que ... Juste que ceci était très important pour elle, présentement, et qu'elle n'était pas en mesure de repousser tout ceci au loin comme s'il s'agissait de trois fois rien. Et il lui était visiblement tout autant impossible de désamorcer la situation ... Mais, après tout, la situation touchait au personnel, à l'intime, et, dès lors, sans doute ne pouvait-elle être que compliquée ... Compliquée et complexe.
    Arianne, ne sous-estime pas la part conséquente du ressenti personnel et intime de tes frères et de ta sœur. Il leur est sans doute simplement impossible de réagir en se détachant de toute partialité due à vos liens du sang. Ils ont entre autres dû réagir ainsi parce qu'ils t'aiment, que tu comptes pour eux. Et qu'ils ont eu très peur pour toi. Mais il leur est impossible, tout comme cela l'est pour moi, de se mettre à ta place. Et sans doute aussi de pouvoir observer la situation avec du recul et en oubliant qui tu es pour eux. Je ne te mentirai pas en te disant qu'à mes yeux, tu n'as rien fait de mal. Tu as commis une erreur, si ce n'est plusieurs. Mais tu n'as nullement fait cela dans l'optique de nuire à Dorne, ou à ta sœur. Si cela annule tout ? Si cela pardonne tout ? Non. Mais cela atténue tout de mêmes les tords. Du moins est-ce ainsi que je vois la chose. Elle prit un temps, serra fort la main de son amie dans les siennes, avant de reprendre. Nul ne t'empêche de te rattraper à présent, de prouver que tu as certes chuté, mais que tu sais te relever et que l'on peut continuer à s'appuyer sur toi. Moi, j'ai confiance en toi. Elynor a confiance en toi. Je sais que cela ne t'ai sans doute pas entièrement suffisant, mais ne doutes cependant jamais de tout cela. Chacun, nous faisons des erreurs. J'en ai moins même un certain nombre à mon palmarès. J'ai perdu ma virginité avec Barristan Dayne alors que j'étais déjà fiancée à Lyvan. Et je l'ai fais volontairement, dans l'optique de me venger, alors que pas plus que moi Lyvan n'avait décidé de notre mariage si peu de temps après la mort de celui que j'aimais et qui m'était juste là promis. J'ai délibérément perdu ma vertu avec un autre que mon futur mari afin de décider moi-même de tout cela, de lui arracher ce prétendu droit. Me vois-tu comme une traînée ?

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMar 11 Avr - 19:49

Il était agréable pour Arianne de se laisser aller à rire, sans penser un instant à tout ce qui avait agité Dorne, toutes ces contrariétés qui étaient les siennes depuis plusieurs mois, et qu’importe que cela se fasse en se gaussant des certaines dorniennes ? La pièce était assez grande pour qu’elle sache qu’il n’y avait que Cally en sa compagnie, et que nul ne pouvait les épier. Quand bien même ce serait le cas, leurs voix ne pourraient leur parvenir distinctement, et il était évident que la sœur de la princesse ne tolèrerait aucune interruption, à moins qu’elle ne vienne de Deria elle-même. « Tu peux compter sur moi pour toujours te rappeler ces vérités, sur celle que tu es. C’est ainsi que doit agir une réelle amie, n’est-ce pas ? » Elle disait plus cela pour elle-même, que pour qualifier l’amitié qu’elle ressentait pour Cally. Elle savait qu’elle n’y mettrait jamais fin – on ne quittait pas une Cally Jordayne, comme elle le disait justement. Elle espérait seulement que la réciproque soit vraie, et que si ses errances venaient à être découvertes par son amie, alors elle aurait la force de la pardonner, et de l’aider à revenir dans le droit chemin. Car qui aurait pu lui apporter une telle chose ? Aucun de ses frères et sœur, elle le craignait. Parce qu’elle n’oserait jamais réellement leur demander leur aide, après tant de manquements.

Elle ne put que grimacer, en entendant son amie évoquer ce qu’elle était rapidement devenue, cette éducation qui avait été la sienne. Avait-elle seulement conscience qu’Arianne, elle aussi, avait eu droit à une éducation similaire ? Elle ne pouvait la comparer à celle de Cally, la savait être moindre que celle de Deria, mais elle n’était pas dépourvue de ces enseignements… Elle n’avait pas su les utiliser, faire usage d’eux avec sagesse, en revanche, et cela, personne n’aurait pu le lui inculquer, n’est-ce pas ? Elle ne cessait de penser que, peut-être, ses origines la rattrapaient. Peut-être devrait-elle retourner aux Météores, à l’endroit où elle avait commencé sa vie, et y rester. Au moins ne risquait-elle pas de grandes erreurs…

« J’ai suivi quelques enseignements de Deria et de Roward, peut-être guère aussi approfondis, mais je ne suis pas censée être ignorante à ce sujet. Je n’ai pourtant pas l’impression d’avoir appris quoi que ce soit, ou même d’avoir été en mesure de mettre à profit ces savoirs que l’on m’a inculqués. »

Comprenait-elle seulement ce que la Dornienne qui lui faisait face voulait lui dire, en supposant qu’elle sous-entendait qu’elles n’avaient pas eu la même éducation, et qu’elle ne pouvait donc qu’essayer d’agir au mieux, elle-même ? Probablement pas, mais elle était incapable de faire abstraction de son inquiétude à son propre sujet, et à ses yeux Cally faisait au mieux et était l’excellence nécessaire à Deria. Elle grimaça toutefois, alors qu’elle affirmait que Roward, Anders et Deria prenaient cela personnellement, car elle leur était liée, et qu’ils étaient attachés à elle. Qu’ils étaient donc incapables de l’écarter de leur vie, mais que leur affection guidait leurs réactions, et que cela ne les aidait pas à faire abstraction ou à la pardonner. Ou peut-être comprenait-elle à nouveau de travers.

Elle se crispa, sous les paroles de Cally, malgré son honnêteté, ou à cause d’elle peut-être car elle n’était pas plaisante à entendre, bien qu’elle ne veuille que cela de sa part. Elle savait qu’elle avait raison, et elle appréciait d’entendre quelqu’un dire posément, sans le lui reprocher ou sans faire preuve de détresse, qu’elle avait fauté. Il était tout aussi réconfortant de l’entendre dire qu’elle avait mal agi, mais que ça n’était pas irrévocable. La chaleur de ses mains, plus que tout, l’apaisait. « Puis-je compter sur toi pour me guider ? Puis-je croire que tu m’aideras à réparer mes fautes ? Je crois ne pouvoir compter que sur toi, pour cela… Et tu n’as rien à te reprocher quant à Barristan, Cally. Tu n’appartiens pas à Lyvan, et tu ne lui appartenais pas quand votre mariage a été annoncé. Même si les raisons qui t’ont motivée n’étaient pas les bonnes… Cela fait de toi quelqu’un de fidèle à ses convictions et à ses pensées, rien d’autre. As-tu… entretenu tes relations avec Barristan ? » Ce n’était pas de la curiosité, mais bien un moyen de se tenir au courant des potentielles alliances qui pouvaient naître, dans la Principauté. Elle savait que Cally ne trahirait jamais Deria, était presque certaine que Barristan serait toujours fidèle à Dorne, aux Martell et à sa sœur, mais l’on devait toujours rester sur ses gardes. N’en était-elle pas la preuve à elle seule ?

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMer 19 Avr - 2:49

Cally n'avait jamais appris à se refermer sur elle-même, à faire preuve de xénophobie et de discrimination. Cela aurait sans doute été malvenu, compte tenu de ses origines maternelles, mais après tout, parfois, il s'avère que certaines personnes ne sont pas à une contradiction près, bien au contraire ! Fort heureusement, les Jordayne étaient de ces Maisons aux mœurs et aux esprits modernes, en accord avec leur temps, quand ils ne se montraient parfois pas en avance sur leurs contemporains dans certains domaines. Devait-on y voir un quelconque rapport avec la position géographique de leur siège du Tor ? La navigation était dans leur apanage, et des marins doublés d'aventuriers, dans leurs ancêtres, il y en avait tout de même eu quelques uns. Mais l'explication s'effondrait vite d'elle-même, car à Dorne, les Jordayne n'étaient absolument pas les seuls dont les terres jouxtaient une mer ! Mais peut-être n'y avait-il pas d'explication à chercher. Peut-être fallait-il accepter la chose telle qu'elle était et se mettre dans la tête que l'ouverture d'esprit et la modernité étaient des graines pouvant germer et s'épanouir sans heurts, violences ni reproches. Dès lors, si le concept de la famille était très important pour les Jordayne, cela ne les avait jamais empêchés d'également porter dans leur cœur des êtres avec lesquels ils ne partageaient pas forcément de lien du sang. Leurs amitiés ainsi que leurs alliances s'étendaient donc hors des frontières de leur simple Maison, et Cally ne faisait pas exception à la règle, preuve en était son amitié avec Arianne !

    ❧ Tu as parfaitement raison ! Je serais de toute façon bien incapable de me lier d'amitié avec quelqu'un de bien trop hypocrite, mielleux ou manipulateur, ce n'est pas dans mon caractère, et cela m'hérisse au plus haut point ! ❧
Qui se ressemble s'assemble. Ou du moins était-ce là l'un des proverbes qui pouvaient bien circuler de ci de là jusqu'à entrer dans les conventions. Cependant, comme bien souvent, la maxime n'était pas absolument vraie et infaillible. Avec le temps, Cally avait constaté qu'elle avait eu tendance à pouvoir nouer des liens avec des personnes possédant des qualités qu'elle n'avait pas, et étant exempts de défauts qu'elle pouvait elle-même avoir. Sans doute parce qu'elle n'avait jamais eu l'ambition ou l'intention de se trouver un double parfait, et qu'elle ne s'était jamais autant ennuyée que lorsqu'on ne lui avait jamais opposé la moindre résistance, quand elle ne se trouvait pas contredite et que tout allait absolument dans son sens. Peut-être avait-elle besoin de quelque stimulation, d'être testée, mise à l'épreuve, d'être obligée de réfléchir et de sortir de sa zone de confort, sans non plus trop s'en éloigner. Sans parler du fait d'être vexée et contrariée, car, de temps à autre, cela ne faisait jamais de mal ! D'autant plus qu'à ses yeux, cela ne pouvait que d'autant plus vous faire apprécier la force de vos amitiés. Le moins que l'on pouvait dire, en tout cas, c'était que, présentement, la conversation qui se tenait entre Arianne et Cally n'avaient rien de celles qui sont sans fond et sans portée. Il s'agissait de sujets sérieux, et si l'humour y avait sa place, par petites touches, il n'en demeurait pas moins que la gravité restait de mise.
    ❧ Tu es bien dure avec toi-même, je trouve, d'autant plus que tu minimises certaines choses pour en appesantir d'autres, du moins, c'est ce que j'en pense sur l'instant ... Quelqu'un qui n'a rien appris, ou n'a rien retenu du tout ne se verrait pas en plein cas de conscience, présentement. Cela lui passerait au-dessus, ou bien alors cela ne lui effleurerait même pas l'esprit. Toi, tu te questionnes. C'est bien différent. ❧
Il n'était pas forcément aisé de rassurer Arianne, car celle-ci semblait bien décidée à se laisser un peu trop torturée par nombre de pensées qui ne manquaient sûrement pas de tourbillonner dans son esprit. Et puis, Cally cherchait tout de même à la ménager, parfaitement consciente qu'Arianna avait certes besoin de franchise, mais pas de brusquerie. Pourtant, si Cally s'était trouvée face à Tywan plutôt qu'à la jolie brune, il n'y avait rien à perdre que de parier qu'elle l'aurait déjà saisi par les épaules pour qu'il se ressaisisse, ou bien encore qu'elle lui aurait collé une claque pour lui réveiller les idées ! Mais Tywan était une tête de mule, alors que Cally se montrait un peu trop inquiète à son sujet, surtout depuis ces récents derniers mois. Mais certes, malgré tout, la Dornienne comprenait parfaitement que ce qu'elle avait à dire n'était pas forcément plaisant ou facile à entendre, et encore plus à assimiler. Cela faisait beaucoup, surtout pour quelqu'un qui se blâmait et ne savait trop comment reprendre pied au plus vite, visiblement.
    ❧ Tu pourras toujours compter sur moi Arianne, n'en doute jamais, s'il te plait ... Et si te soutenir et t'épauler prend plus de temps que tu ne le voudrais, et bien tant pis ! Je n'ai l'intention d'aller nulle part, et ma loyauté va à Dorne, ainsi qu'aux tiens, et notre amitié m'est très précieuse. Je suis persistante, et déterminée, entre autres choses. Il le faut, quand on est une Jordayne, et une héritière, au milieu de ce monde si machiste et misogyne ! ... Je serais là Arianne, tout au long du chemin. Pour que tu reprennes confiance en toi, et que tu t'épanouisses au mieux, malgré tout. ❧ Son regard se fait franc, déterminé, insistant, car malgré le petit trait d'humour, Cally entend bien être comprise par Arianne. Tout comme elle entend bien que celle-ci ne doute jamais de son amitié et de sa loyauté. Les rangs et les classes sociales et hiérarchiques étaient certes importantes, mais pas au point d'annihiler tout le reste. Et Cally n'avait que peu de cas de conscience à côtoyer des êtres que d'autres auraient laissés à leur sort depuis longtemps. On ne lui avait pas appris à abandonner, pas plus qu'à rebrousser chemin. Il fallait aller au bout des choses, ou alors s'abstenir dès le début ! ❧ Je me le reproche un peu malgré tout, tu sais, parce que je réalise aujourd'hui que j'ai réagi de façon quelque peu puérile. Comme une enfant boudeuse et capricieuse, vengeresse, aussi. Comme une enfant, oui, alors que je n'en étais déjà plus une. Mais je ne le regrette pas. J'ai agis avec mon corps comme je l'entendais, en en restant maîtresse. Et puis, j'avoue que cela m'a bien plu que de lire de la déception dans le regard de Lyvan, quand il a découvert des draps intacts. Sa fierté et son orgueils tous masculins s'en sont retrouvés froissés ! ❧ Un léger sourire s'arque sur ses lèvres, à ce simple souvenir, avant qu'elle ne reprenne. ❧ Barristan et moi sommes restés proches, mais nous n'avons plus jamais eu la moindre relation charnelle. C'est un homme intelligent, qui a compris ma requête, à l'époque, et ne s'en ait depuis jamais servi contre moi. C'est un homme sur lequel on peut compter. ❧

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyMar 2 Mai - 23:40

Arianne était douce, mais elle ne dissimulait que rarement la vérité… qu’elle soit une très piètre menteuse jouait beaucoup sur cela. Et c’était en quelque sorte heureux, car Cally l’avait découverte sincère, pleine et entière, malgré ses remarques pas toujours mesurées ou justifiées. Elle lui sourit, en entendant sa diatribe envers les gens malhonnête. Elle l’appréciait parce qu’elle lui ressemblait, à ce sujet. Et c’était bien pour cela qu’elle pouvait se confier sur ce sujet qui la tracassait plus que tout, hantait ses jours et ses nuits, l’empêchait de se tranquilliser et de trouver le sommeil. C’est aussi parce qu’elle lui dirait la vérité, aussi dure soit-elle, parce qu’elle ne négligerait ni ses fautes, ni ses mérites. Elle avait cette capacité de ne pas être aveuglée par les gens qu’elle aimait, et d’amener malgré tout les choses en douceur. Arianne le percevait du moins comme cela.

Mais Cally était-elle, elle, consciente de ce qui traversait l’esprit d’Arianne ? Était-ce seulement suffisant, de repenser à ce qu’elle avait fait, et de vouloir agir différemment ? N’était-ce pas trop tard, pour réparer ses torts, et préserver Dorne ? N’avait-elle, par sottise, précipité le conflit entre Dorne et le Bief, tenue au silence à cause de ses mensonges, de sa honte, quant au fer-né ? Elle soupira, grimaçant bien malgré elle, incertaine quant au fait que ses questions trouveraient une réponse. Elle ne les formula pas à haute voix, malgré tout – son amie devait bien se douter de ce qu’elle ressentait, avec ce qu’elle lui avait confié. Elle la connaissait suffisamment bien pour cela. Mais en discuter inlassablement n’y changerait rien, d’après Arianne.

« Je ne doute pas de toi, mais de moi. Jamais je ne remettrais en cause ton amitié et ta loyauté, même si mes manquements peuvent y nuire. Et surtout, je sais que tu as bien plus important à faire, en ces temps troublés, et je m’en voudrais de me mettre dans ton chemin, de t’empêcher de permettre à Dorne de conserver la grandeur qui est la sienne, pour des incertitudes qui ne doivent pas s’interposer avec la sauvegarde de notre Principauté. Elle savait que ce n’était pas ce que Cally voulait entendre, mais c’était la vérité. Elle lui sourit doucement, toutefois. Mais je ne serais pas revêche et ne t’empêcherais pas d’agir ainsi, tu en as ma parole. Jusqu’à ce que tu estimes que je suis aussi épanouie et confiante que je puisse l’être. » Jusqu’à ce qu’elle ait réparé ses torts.

Et elle serait là pour Cally elle aussi, face aux épreuves qui les attendaient. « Et il est heureux que nous soyons entourés de gens comme Barristan et toi. De familles fidèles à la Principauté, à ma Sœur, qui veillent à préserver ce qui a été construit par les Martell qui nous ont précédés. Et peu importe, que tu aies agi d’une manière que tu estimes puérile, l’important, c’est cette satisfaction qui a été la tienne, qui fait que tu ne regrettes pas, n’est-ce pas ? » Oui, Arianne devait y croire. Malgré les répercussions négatives pour quelques personnes. Car peut-être devrait-elle agir ainsi, et se satisfaire d’agir pour le bien de Dorne, malgré le mal qu’elle pourrait causer, à l’avenir.

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MessageSujet: Re: La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé]   La seule amitié qui vaille est celle qui naît sans raison [Tour III - Terminé] EmptyDim 14 Mai - 18:11

Bien évidemment, le caractère des gens ne dépendait pas entièrement de leur lieu de vie, et encore moins de leur lieu de naissance. Du moins, de l'avis même de Cally. Il lui était difficile de se dire que l'on pouvait instinctivement naître avec la fureur encrée au corps. Et pourtant, parfois, on pourrait sans doute toutefois se demander si ce n'était pas bel et bien le cas. Mais peut-être l'esprit se laissait-il alors suffisamment duper pour faire abstraction de toutes les données alentours : l'éducation que l'on recevait était après tout primordial pour se forger un caractère, et le profil de la Maison dont on était issu pouvait également grandement influé. Que l'on se positionne dans une droite ligne ou qu'on joue la carte de l'opposition frontale, dans les deux cas, on réagissait face à quelque chose d'existant, ou face à une voie que l'on voudrait vous voir emprunter. Et puis ... Et puis, concernant les premiers instants de votre vie, vous ne pouviez jamais que prendre informations auprès de ceux qui, adultes, vous avaient connus à l'époque, puisque vous, personnellement, vous étiez bien trop jeune pour avoir souvenir de quoi que ce soit. Et avec le temps, on peut modifier les choses, altérer la vérité pour qu'elle épouse quelque grande idée que l'on voudrait défendre. Alors, peut-être que tout pouvait être remis en question, ou en tout cas placé dans la case du doute raisonnable. Mais dans tous les cas, dans tous les cas, ce qui importait réellement, c'était sans la doute la personne que l'on était maintenant, que l'on est toujours été cette personne ou qu'on le soit devenu. Et ce qui importait, plus largement, c'était l'instant présent, que l'on devait déjà manier pour les jours à venir, pour les lendemains qui ne devaient pas déchanter.
    ❧ Mais de quoi parles-tu ? J'aurais toujours tant à faire, mais cela ne me fait pas peur ! Je ne m'effraie pas facilement, et puis, je crois que si je me retrouvais dans une position de repos, je finirais par tourner en rond. Lors de mon repos forcé alors que j'étais enceinte de Dastan, cela a été la croix et la bannière, mais fort heureusement, tu étais là, et les tiens avaient été formidables pour moi. Sans ça, peut-être aurais-je pu envoyer quelqu'un voler par la fenêtre la plus proche ! ❧ Cally partit quelque peu dans un éclat de rire, autant pour détendre l'atmosphère que parce que la chose la faisait réellement rire. Et puis, face aux paroles suivantes d'Arianne, elle lui adressa un grand sourire avant de lui baiser le front. ❧ Alors l'affaire est entendue. Et peu importe le temps que cela prendra ! ❧
Dorne traversait en effet des temps troubles. Mais cela n'était pas uniquement typique de Dorne, car tout le continent semblait en émoi et en mouvement. Ce qui était tout autant rassurant que perturbant. Peut-être y avait-il quelque chose dans l'air, à moins qu'il ne s'agisse de l'une de ces phases qui revenaient tous les millénaires ou presque. Une ère de mouvements, de changements, une épreuve des autorités en puissance, aussi. Un test grandeur nature, éprouvant et enrichissant. Il ne fallait ni baisser les bras ni baisser les armes, c'était essentiel. Les meilleurs esprits du temps devaient créer entre eux une saine émulation pour que Dorne en ressorte le plus grandi possible, ou, à défaut, le moins amoindri possible. C'était une question vitale, une question d'ego et d'orgueil, aussi. Une question de survie, peut-être. Et il n'était pas temps de se replier sur soi ou de défendre ses propres intérêts, car, aux yeux de Cally, si la Maison Martell et Dorne étaient ébranlés, c'étaient tous les Dorniens qui suivraient alors le même chemin. Et elle s'y refusait, purement et simplement.
    ❧ Nous étions là lorsque vous étiez déjà là, et il est impensable que vous nous surviviez ! ... Plus sérieusement, Dorne a su tenir, depuis tout ce temps, face à la moindre menace, et sans doute ici plus qu'ailleurs, nous savons résister. Nous sommes des guerriers tout autant que des gens cultivés. Et il est hors de question qu'un étranger nous impose quoi que ce soit que nous ne désirerions pas. ... Je ne regrette effectivement pas. Et, finalement, le temps a su faire son oeuvre entre Lyvan et moi. Je suis heureuse, bien qu'inquiète, présentement, le concernant. Mais il saura quoi faire, et si malheur devait advenir ... Au moins ne pourrais-je là non plus nourrir le moindre regret, ni la moindre honte. ... Profitons de ces instants présents, Arianne. Le futur est si ... Si redoutable. ❧ Passant un bras autour de l'une de ses épaules, elle attirait la silhouette de son amie contre la sienne, avant de regarder au loin, laissant ses pensées vagabonder par monts et par vaux.

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