L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé]
Sujet: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Ven 11 Mar - 11:45
Je suis debout depuis de longues heures déjà, avant même le lever du soleil et, depuis que j’ai posé un pied au sol, je tourne en rond, comme un animal en cage, mes pensées s’entrechoquant alors que je réfléchis à chacune des possibilités qui s’offrent à nous. Je ne sais pas encore si la déclaration de guerre a été officiellement annoncée mais cet idiot de Joren s’est empressé d’y répondre. Et Père l’a laissé faire. Voilà qui m’a désagréablement surprise, autant le dire tout de suite et, depuis ce moment, je me demande à quel point Joren a pris l’ascendant sur lui et quelle est la place qu’il me réserve dans toute cette histoire. Il sait que je ne suis pas qu’une pouliche à marier pour sceller l’une ou l’autre de ses alliances et j’ose espérer qu’il continue de le prendre en compte. Il me déplairait tellement d’avoir à me défier de mon propre frère, même si c’est une option que je ne peux mettre de coté.
J’ai fini par me résoudre à m’habiller et par porter une énième robe que je ne qualifie même pas d’horrible tant le mot me semble en deçà de la réalité. Et pourtant, il semblerait que je sois… comment déjà ? Ah oui, aussi charmante que la rosée du matin. J’en connais un qui serait probablement mort étouffé de rire s’il avait été là pour entendre les compliments débité par ce vieillard imbécile hier à peine. Et il ne sait pas la chance qu’il a eu que je ne sois pas armée ou que faire couler du sang lors qu’un diner en compagnie du couple royal soit quelque peu à l’encontre du peu de notions de diplomatie que j’ai réussi à intégrer.
Je sursaute quand j’entends que l’on frappe à la porte et je plisse des yeux, jetant un regard mauvais dans sa direction, comme si je pouvais faire disparaitre la personne dernière. Ca ne fonctionne pas évidemment, et je dois donc lui dire d’entrer.
"Nous vous avons préparé une collation dans les jardins, pour que vous puissiez profiter de ce temps magnifique votre Altesse."
Je manque de m’étouffer en écoutant la façon dont elle me nomme mais je garde un visage aussi impassible que possible. Aller manger des fruits dans un jardin empli de fleurs, sérieusement ?
"Vous pouvez disposer."
Je me retiens de lui feuler dessus à grand peine et je prends une profonde inspiration avant de me diriger dans les fameux jardins. Que le Dieu Noyé soit loué, il n’y a personne d’autre pour assister à cette scène totalement incongrue. J’aurais été obligée de couper quelques langues sinon. Rien qu’à l’idée du tableau que je dois représenter, installée dans ce charmant décor bucolique avec cette robe qui me coupe la respiration et me donne envie de hurler, j’en ai la nausée.
Bien évidemment, ça ne dure pas, c’eut été trop beau. Et je vois une silhouette se rapprocher d’un bon pas. Il connait les lieux à l’évidence et, l’espace d’un instant, je me demande s’il me cherche ou si ce n’est qu’une coïncidence.
Je fronce les sourcils, essayant de me rappeler à qui j’ai à faire. J’ai souvenir de l’avoir croisé brièvement lors de mon arrivée à Hautjardin mais, autant être honnête, je ne me rappelle que des gens qui pourraient avoir un réel intérêt pour moi. Et je ne suis guère portée sur les discussions de couloir qui évoque telle ou telle personne. Je n’ai jamais eu le temps pour ce genre de fadaises et j’ai du mal à concevoir que cela puisse réellement intéresser qui que ce soit.
Et pourtant, il m’est vaguement familier. Et, d’un coup, je me souviens pourquoi. Il s’est illustré à la bataille… contre qui déjà ? Peu importe. Il a su montrer de quoi il était capable sur un navire et semble avoir les faveurs du Roi. Voilà qui sera suffisamment pour m’intéresser un minimum. Pas au point de me montrer avenante, outre le fait que je n’en ai pas envie, je n’en suis de toute façon pas capable et je préfère laisser ça aux donzelles qui n’ont rien d’autre à faire que pérorer toute la journée.
Je le voix alors se rapprocher et, avant même qu’il ait le temps de dire quoi que ce soit, je désigne le siège vide devant moi.
"Lord Hightower c’est bien ça ? Seriez-vous assez aimable pour me tenir un peu compagnie et m’éviter ainsi de devoir tuer quelques fleurs pour tromper mon ennui ? Je ne suis pas sûre que ce soit une activité qui plairait à nos hôtes."
Et encore, si ce n’est que quelques fleurs, ils pourront s’estimer heureux. Un peu de sang, une bonne guerre à leurs portes, voilà qui ne pourrait leur faire que du bien et les secouerait vraiment. Peut-être songeraient-ils alors au peu d’utilité de faire pousser des fleurs dans un jardin et se concentreraient-ils sur les choses vraiment importantes.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Sam 19 Mar - 18:50
Je n'étais pas rentré de guerre depuis bien longtemps, que j'étais déjà agacé par la lenteur et la lourdeur des relations avec la cour du Roi. Hautjardin avait une atmosphère assez étouffante, ces derniers temps, et je ne voulais pas que nous nous retrouvions de nouveau à tergiverser sur la marche à suivre. Dorne lambinait, l'Orage se dévoilait, le Conflans attendait et l'Ouest restait l'arme au pied. Il y avait quantité d'opportunités à considérer dans un tel chaos mais nous ne bougions toujours pas. La guerre n'était pas mon activité favorite, je lui préférais la quiétude de mon laboratoire personnel dans mes appartements, et quelque douce compagnie pour chauffer ma couche et apaiser mes démons. Cela ne changeait rien au fait que nous serions bien fous de devoir attendre encore et encore qu'il arrive quelque chose. A ne rien faire, nous nous étions pris deux attaques, déjà, qu'il avait fallu essuyer dans le sang. Nous attendions plusieurs délégations, de ce que j'avais appris. Le Bief ayant le plus grand réservoir de troupes disponibles en Westeros et l'une de ses meilleures flottes, tous comptaient ou sur notre intervention en leur faveur, ou à tout le moins notre neutralité. Mon beau-frère, faible et attentiste, n'y voyait pas le moyen d'en faire la grandeur du Bief et ma sœur avait du mal à entrevoir la satisfaction d'ambitions à notre portée. Je ruminais donc en silence, évacuant ma frustration dans le vin et entre les cuisses des putains de cette ville. Jusqu'à mon remariage qui traînait, ma sœur m'ayant indiqué avoir besoin de moi pour cimenter des alliances, mais sans que celles-ci ne présentent le bout de leur nez.
Je me réveille donc ce matin avec une gueule de bois horrible, les tripes en vrac, la queue en feu et des courbatures dans tout le corps. Je quémande rapidement un pichet de vin pour me faire passer le premier de ces maux, laissant le second passer tout seul et le troisième passera avec un bon bain chaud, que je demande en même temps. L'eau bouillante me fait du bien et je sirote mon vin en me délassant dans le baquet, avant d'en sortir un bon moiment après pour revêtir une tenue sobre, noire, et de ceindre mon épée. Je me trimballais rarement avec jadis, mais depuis la bataille de la Baie j'étais perçu par la cour comme un général, pas au même titre que Kevan Gardener, mais comme le chef de la flotte. Pour entretenir cette image martiale qui servait grandement mon prestige et ma légitimité à la cour, je la gardais donc. Cet acier valyrien qui plus est, me rassurait. Il ne fallait pas oublier que la cité avait été attaquée de l'intérieur, voici seulement quelques semaines. Je sors dans les jardins, en quête de quelque chose à faire, je l'espère de ma sœur que j'essaierais d'influencer puisque son époux ne compte pas engager le Bief.
Je vois non loin, dans un belvédère une jeune femme en robe. Sa silhouette me dit quelque chose, et il me faut un petit moment pour comprendre que j'ai face à moi la terrible chef de la flotte de Fer, une fer-née, une Hoare. D'après la rumeur, il n'y a personne de plus dangereux à la cour de mon beau-frère à l'heure actuelle. Elle n'a pas l'air si impressionnante que ça, en robe. Assez petite, assez menue, mais un regard à vous faire tomber les couilles. Je me rapproche d'un pas vif, on dirait que la journée va devenir plus intéressante. Je m'arrête devant la fer-née alors que celle-ci m'invite d'un ton acerbe à lui tenir compagnie. Je me saisis de sa main et avec un sourire large, y dépose un courtois baiser.
| Vous me faites trop honneur, Dame Hoare, de me convier à votre... pique-nique. Je me vois obligé de vous complimenter pour votre beauté et votre hm, fraîcheur. Vous semblez dans votre élément, au milieu de ces magnifiques jardins. |
Oui je me fiche d'elle, mais pas ouvertement. Pas fou, mais ravi de pouvoir m'amuser, comme un gamin devant un cadeau bien avenant. Je m'assis donc.
| En effet, ma sœur serait fort attristée de voir ces jardins abîmés. Ce serait comme nous accueillir sur votre navire et que l'on mette le feu aux voiles car leur couleur ne nous plairait pas. Vous plaisez-vous à Hautjardin, ma dame? |
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Manfred Hightower
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Sam 26 Mar - 17:58
Je déteste la diplomatie. Enfin, voilà bien une chose qui ne surprendra personne, j'en suis sure. Mais, depuis mon arrivée à Hautjardin, si j'avais besoin de me conforter dans ce ressentiment que j'ai pour ce genre d'exercice, j'ai été plus que servie. Je ne saurais dire ce qui m'agace le plus, ces sourires que les gens s'efforcent d'avoir en ma présence alors qu'ils sont soit effrayés par ma petite personne soit gagnés par l'envie de me planter un couteau dans le dos pour se débarrasser de l'un de ces foutus Hoare, ou encore ces diners interminables qui ne débouchent de toute façon sur rien du tout. Oh, les Gardener sont des hôtes particulièrement accueillants, un peu trop pour la fer-née que je suis et qui n'est pas habituée à tant de luxe et d'opulence, mais il apparait évident qu'ils sont bien plus frileux que ne le laissaient supposer leurs missives.
Cette pensée m'agace. Chaque jour passé ici est une perte de temps, surtout avec tout ce qui commence à se tramer et les velléités fraternelles qui ne sont pas pour me rassurer. Mais je dois ronger mon frein, pour le moment en tout cas, en attendant de savoir si nous pouvons qualifier le Bief d'allié, de soutien ou d'ennemi, comme le reste de toute cette foutue ile ou presque. Il ne m'en faudrait guère plus pour aller m'exiler dans nos iles de fer et pour le laisser le paternel et le frère à leur petite guerre qui commence sérieusement à me porter sur les nerfs. Surtout que je ne vois pas vraiment quelle place le frère compte me laisser dans tout cela, vu qu'il semble particulièrement peu enclin à me raconter ce qu'il projette. Tout comme sa charmante épouse soit-dit en passant. L'espace d'un instant, je me demande s'ils ne sont pas en train de comploter quelque chose contre moi et si oui, à quoi je dois m'attendre. Mais, là encore, je ne peux pas faire grand-chose, surtout dans ces jardins et avec cette fichue robe.
S'approche une distraction que j'imagine bienvenue, au premier abord en tout cas. De toute façon, tout serait mieux que de rester en tête à tête avec ces fleurs. Mais, dès sa première réplique, j'arque un sourcil, un rien décontenancée. C'est moi ou il est en train de se moquer, dès nos premiers échanges ? Voilà qui est intéressant.
Je fais claquer ma langue sur mon palais alors que je réprime une grimace à son baisemain. Voilà bien encore une chose à laquelle je ne suis pas prête de m'habituer. Ai-je réellement la même mine que ces donzelles effarouchées prêtes à glousser quand des lèvres effleurent leurs doigts ? Ou alors, peut-être que certains s'attendent à ce que je rougisse, ce qui serait pire encore. Mais, au vu du regard que me jette lord Hightower, je me dis qu'il sait très bien ce qu'il fait et que ses mots ont l'air particulièrement bien choisis.
"Vous n'étiez vraiment pas obligés de me complimenter de la sorte. Mais vraiment pas. Et inutile de préciser que vous le saviez déjà n'est ce pas ?"
Dans mon élément… il ne pouvait vraiment pas trouver pire qualificatif, enfin c'est en tout cas la première impression que j'ai à ce propos. Et, j'avoue, je suis partagée entre la curiosité de voir s'il est capable de pire ou l'envie de lui jeter mon thé brûlant au visage, ne serait-ce que pour lui apprendre la vie avec les peu de moyens que j'ai en ma possession. Mais il faut que je reste civilisée, autant que possible en tout cas. Alors je rétorque, l'observant sans m'en cacher tandis qu'il s'installe face à moi.
"Et nous savons tous qu'il serait fort malheureux d'attrister votre sœur. Ces jardins sont à la hauteur de leur réputation, quand bien même je ne goûte guère à toute cette… verdure, qui ne ressemble pas vraiment à mes chères iles."
J'arque un sourcil, esquissant un sourire au reste de ses propos avant de reprendre, non sans cacher un certain amusement.
"A dire vrai, si un homme avait le cran de mettre le feu à mes voiles parce qu'il ne les apprécie pas alors que je viens de l'accueillir sur mon navire, je serais particulièrement curieuse de le rencontrer. Il faut être fou, suicidaire ou faire preuve d'une sacré assurance pour se permettre de faire ça, vous ne croyez pas ?"
Et disposer donc d'une sacré paire de… De toute façon, il faudrait au moins ça pour monter sur mon navire. Nous sommes bien loin de ces fleurs ridicules tout de même.
"A votre avis messire Hightower, est-ce que je me plais à Hautjardin ? Pour vous donner un premier indice… souhaitez-vous un peu de thé ? Mais peut-être pouvez-vous me dire tout ce qu'il y a de merveilleux à Hautjardin, bien évidemment."
Avant qu'on ne retrouve une pauvre servante égorgée dans un coin lorsque j'aurais définitivement perdu patience.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Lun 28 Mar - 17:39
Il n'y a rien de plus frustrant que l'attente. Je ne sais trop comment les choses vont tourner. Pas bien pour nous, si nous continuons à attendre le cul sur nos épées que le temps passe. Vigilance avait soif de sang. La bataille de la Baie ne m'avait pas révélé comme grand guerrier, mais elle avait au moins eu le mérite de me révéler comme bon stratège. Je n'étais pas pédant. Je savais bien que d'autres, nombreux, étaient plus talentueux que moi. Finalement, beaucoup de chefs de guerre étaient nés de cette période troublée. Les plus évidents dans notre royaume étaient les Lord Tarly et Kevan Gardener, mais il n'y avait pas qu'eux. Gardener avait su raccourcir quelques dorniens, ce qui était une bonne chose. A l'étranger, Loren Lannister passait pour un souverain guerrier, bien qu'il n'eut jamais participé qu'à un seul conflit, rapide et brutal, contre nous. Argilac Durrandon passait pour un meneur-né. Comme ce Lord Sombrelyn qui avait su préserver une partie des effectifs de la Néra au maître de tous les stratèges, Harren le Noir en personne. Durrandon avait réformé une armée féodale pour en faire une machine de guerre efficace et dévouée. Torrhen Stark et feus ses frères ne passaient pas non plus pour des manches, même si sa réputation allait plus sur sa bravoure et son implication sur le champ de bataille que par le brio de ses stratégies. Rhaenys Targaryen elle-même commençait à avoir sa petite réputation. Après tout, à la tête d'une armée de taille ridicule, elle avait privé en quelques mouvements de la suzeraineté d'Harren sur la Néra. Sans même qu'il ne s'y oppose. Ce qui m'avait paru compréhensible dans un premier temps mais plus aujourd'hui. Pourquoi le Noir attendait il que ses ennemis ne viennent tous à lui ? Bientôt il affronterait le Nord, l'Orage et probablement Dorne avant même d'avoir écrasé le dragon, alors qu'on le dit plus nombreux à plus de huit contre un au début de la guerre. Je ne comprenais pas. Cette désinvolture me paraissait dangereuse. Une guerre sans bataille n'est jamais une bonne idée, j'en étais convaincu. Pourquoi ne pas marcher aujourd'hui sur la Néra, en finir une bonne fois pour toutes ? Même avec la moitié de ses forces, Harren est encore deux fois plus nombreux que son ennemi. On dit les fer-nés redoutables à pied et les riverains, redoutables dans leurs charges. Pourquoi attendre ? Je ne comprends pas.
Voilà pourquoi la situation actuelle du Bief ne m'inspire aucune confiance. Les dorniens ont volé et violé imlpunément sur la frontière. S'il n'y avait eu le Connétable sur leur route, il y aurait eu plus encore de familles brisées, de villages rasés, de marchandises volées et de femmes violées. Je le tenais d'un sergent présent à la bataille de Hautes-Terres, des dorniens avaient été abattus sur leur cheval, tenant encore couchée sur leur selle des femmes qu'ils comptaient emmener comme captives. Les fontes pleines d'or et d'argent, d'objets volés. Ces chiens pouilleux nous avaient foulé du pied et notre devoir était de répliquer. J'avais compris que la noblesse pouvait écraser le peuple sous sa botte, uniquement si sa domination était perçue comme légitime. Cela voulait dire protection, une protection que nous n'avions été capables de donner au peuple du Bief que trop tardivement. La Foi avait été mêlée à l'affaire et la situation risquer d'échapper à notre contrôle à tout instant. Je suis donc d'autant plus curieux, vis à vis de la « princesse » que j'ai sous les yeux. Issue d'un peuple honni, et pourtant présente, fière.
Je lui offre mon plus beau sourire.
| C'est quand il n'y a aucune obligation que la courtoisie est la plus douce, vous ne trouvez pas? |
Bien sûr qu'elle ne trouverait pas. Il n'empêchait qu'il irradiait une grande force d'elle. Pas une grande beauté, pas une grande prestance. Mais je la sentais plus dangereuse que tous ces pouilleux qui avaient cherché à m'étriper sur ma galère, quelques semaines plus tôt. J'ai l'impression que la princesse se met quelque peu en colère ; son regard brille en tous cas intensément. Elle dévie la conversation sur ses îles, qui en effet je l'imagine très bien, doivent être particulièrement différentes de ces jardins dans lesquels nous nous trouvions à l'heure actuelle.
| Oui, ici c'est la suavité incarnée, de toute évidence. Or, on dit de vos îles qu'elles sont froides, battues par la pluie, les vents, les tempêtes. On dit que c'est un lieu dur pour des hommes durs. Des femmes aussi, visiblement. |
Je ris de bon cœur à ses paroles, à propos de ses voiles et du reste.
| C'est vrai qu'un tel homme doit probablement être inconscient, vos navires n'ont pas très bonne réputation sous ces latitudes, votre Altesse. Quant au reste, il y a vous, déjà, si vous me pardonnez ma franchise. Nous n'avons pas l'habitude de voir en ces lieux une dame de votre... Qualité. |
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Mer 30 Mar - 21:25
Je me demande à quoi joue le Bief. Au moins, avec le Nord ou les dragons, les choses ont le mérite d'être claires. Ils veulent voir nos têtes sur des piques et je ne serais vraiment pas contre l'idée de leur rendre la pareille. Voilà une relation saine et claire, qui nous permet de savoir à qui ne pas tourner le dos. Et ici, c'est tout le contraire. Entre sourire doucereux dont j'ignore les intentions et les paroles en l'air, je ne sais sur quel pied danser. Pour une fois, j'espère que Myria s'en sort mieux que moi et que quelque chose de tangible finira par sortir de tout ça.
Ou alors, je vais encore devoir jouer le rôle de la méchante de l'histoire. Pas que l'idée me déplaise, loin de là, mais je n'aime pas m'y prêter si l'on m'y oblige. Alors, en attendant, je guette, j'observe, je ronge mon frein alors que je suis face à l'un de ces hommes que l'on dit important à la cour. Après tout, il s'agit du frère de la Reine, ce n'est pas non plus le premier pouilleux venu. Et, quand il m'offre son plus beau sourire après ce compliment qui pour moi est loin d'en être un, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire à mon tour, un peu à contre cœur.
"Je n'ai jamais trouvé que la courtoisie soit particulièrement douce. Je trouve qu'elle permet surtout de mieux faire avaler certaines couleuvres. Mais je note tout de même que vous ne vous êtes senti obligé de rien."
Et les convenances voudraient que j'apprécie le geste. J'avoue apprécier mon statut de sauvage fer-née pour ne pas avoir à trop m'y contraindre. Et, au vu du sourire qu'il arbore, je pourrais presque parier qu'il n'attendrait que ça.
"Ce que l'on dit sur mes iles est vrai. Elles créent des hommes et des femmes qui la méritent, qui seraient prêts à tout pour elles. Chaque journée est une lutte, pour trouver de quoi manger, pour vaincre les éléments. Alors oui, nous sommes probablement bien loin de cette… comment dites-vous ? Ah oui, cette suavité propre au Bief. Mais sans cela, nous n'y survivrions pas."
Je me surprends moi-même à lui répondre de la sorte. Probablement parce que je suis engoncée dans ce maudit corset, que je suis obligée de rester bien plus calme et posée que d'ordinaire. Voilà qui en ferait rire plus d'un, à n'en pas douter. Cette pensée m'arrache un claquement de langue un rien agacé mais je garde tout de même un semblant de mine affable. Non, autant être honnête, je n'ai pas une mine affable, je ne songe même pas à essayer, j'aurais probablement l'air ridicule si je me prêtais à l'exercice. Mais pour une fois, je dis presque ce que je pense.
"J'aime les hommes, ou les femmes d'ailleurs, qui savent faire preuve de ce que vous appelez de l'inconscience. C'est parfois ce qui manque à bien des gens. Quand bien même c'est le genre de choses qui peut mener droit dans le mur."
Certains doivent pourtant se dire que je devrais justement transformer mes paroles en actes et que je n'ai rien à faire là, bien cachée dans les jardins du Bief alors que les grandes batailles se dessinent. Mais, je saurais quelle est ma place le moment venu. Et j'ose espérer ne pas avoir à moisir ici trop longtemps, ne goûtant guère cette ambiance bien trop paisible pour moi. Je me demande comment de vrais hommes peuvent en sortir et, l'espace d'un instant, je me demande s'il y en a qui remplissent nos critères fer-nés.
"Et bien, je serais curieuse d'entendre quelqu'un oser dire à haute voix qu'elle est la réputation de mes navires. Quant au fait de croiser des dames de ma qualité, oserais-je vous demander ce que sous-entendez avant de m'imaginer tout et n'importe ou dois-je menacer d'écraser quelques fleurs supplémentaires ?"
Non, vraiment, je ne peux pas toucher la servante n'est ce pas ? Celle qui me regarde là-bas, avec cette mine effarée, probablement étonnée que je sache aligner plus de deux mots sans sauter à la gorge de mon interlocuteur ou quelque chose dans le même acabit. Alors, je la fixe longuement, lui accordant un sourire mauvais qui la fait disparaitre aussi sec de mon champ de vision. Je reporte mon attention sur lord Hightower, non sans cacher ma satisfaction, attendant ce qu'il va dire, un rien curieuse. Après tout, je suis là pour me faire des alliés non ? Au moins, j'essaie de paraitre un rien civilisée, j'espère qu'ils auront reconnaitre l'effort.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Sam 9 Avr - 11:22
Les plaisanteries sur les qualités des fer-nés étaient courantes dans le Bief. Si je savais d'expérience que nos populations côtières étaient plus circonspectes du fait d'un passif historique beaucoup plus lourd, les citadins de notre royaume aimaient se gausser de ces êtres frustres et barbares, qui n'avaient finalement de passes temps plus élaborer qu'aller éventrer la moitié du continent. Pour être moi-même marin de formation, comme tout bon Hightower, je savais que les fer-nés étaient parmi les meilleurs du monde. Ils étaient effectivement tels qu'on les dépeignait ; voleurs, violeurs, assassins. Capables de s'étriper entre eux faute d'ennemis, et il était de notoriété commune que leurs jeunes mousses étaient assez souvent pris pour proies sexuelles de la part de leurs aînés. Il n'en restait pas moins que mésestimer un ennemi pour ses mœurs barbares revenait à se fourrer violemment le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, ce qui ne pouvait qu'être douloureux et dénué de sens. Autant rester sur ses gardes, vous pouvez me croire... Quoiqu'il en soit, je suis presque prêt à rire de la déconvenue de la princesse d'Harrenhal, qui semble comme emballée par ses riches atours plus que véritablement mise en valeur par eux. Je souris, le regard pétillant.
| Oh, vous avez raison. Mais certaines couleuvres peuvent à terme s'avérer succulentes. |
Je l'écoute me parler de ses îles, quelques rochers épars où en dehors de minerai on ne trouve rien. On ne cultive ni on n'élève. Un lieu dur pour des gens durs, mais un lieu pauvre pour un royaume qui seul, le serait tout autant. Cela dit je savais que la beauté forçait le trait. Les eaux sont poissoneuses dans les mers du Crépuscules et à défaut de vastes latifundias agricoles, je savais qu'on y trouvait quantité de pasteurs qui avaient quelques ovins et bovins à faire paître sur leurs îles principales. Se nourrir de poisson pour bonne part ne pouvait pas pour autant améliorer l'humeur de ces gens, plus encore sans avoir accès aux meilleures des épices. Quant on a du fer et de la volonté, on peut toujours se tourner vers la guerre. Ce que ce peuple avait logiquement décidé. Je sentais son dédain pour mon peuple, qu'elle considérait comme faible. Je souris. Elle avait raison mais elle avait tord, aussi.
| Oh, je suis sûr que votre Altesse survivrait bien à quelques suavités. |
Lui lançais je d'un ton de confidence. J'aimais me jouer d'elle, plus encore alors que je l'imaginais sans mal plus à l'aise couverte de mailles que richement vêtue comme à présent. Son air revêche me fait penser à l'un de ces fauves d'Essos, maintenu en captivité et qui donnerait tout pour voir le sang couler. Heureusement qu'il y a peu de temps j'en ai vu par flots entiers dans les Mers du Sud, autrement je serais déjà en train de me lécher les babines, affamé par tant de désir de violence. Je prends un fruit et tire le couteau à l'opposé de mon épée sur ma ceinture, commençant à le couper en quartiers, jouissant des douces températures des jardins.
| Ces imprudences font naître les opportunités. Comme dans l'Orage, la Néra ou le Conflans, ces derniers temps. N'êtes vous pas d'accord? |
Là, le jeu devint plus sérieux, plus politique. Il était temps de faire autre chose que de me moquer d'une guerrière attifée en princesse. Alors qu'elle lance un défi, je ne peux m'empêcher de relever mon habituel regard rieur dans ses yeux. Je sens sa faim, sa soif de violences. La jeune femme est pire qu'un fauve, en fait. Est-elle sujette au même démon que moi ? Celui-ci se love autour de mon cœur, l'enserre dans une étreinte fatale. Je me rends compte que l'appétit vient justement en mangeant.
| Si c'est du courage que vous désirez, je peux à tout le moins vous proposer de l'honnêteté. Vos navires ont la réputation de celle des meilleurs pillards du monde. De bons bagarreurs, des marins intrépides, des soldats peu disposés à la bataille rangée, témoin de l'honneur du guerrier. On dit aussi vos ponts peuplés de sodomites, de femmes et de bâtards, et quoiqu'il en soit, de bien frustres mais efficaces combattants. Quant au reste, si écraser quelques fleurs peut aider à illuminer votre humeur, pourrais-je me proposer à votre grandeur ? Cela me paraît bien maigre sacrifice à faire au nom des bonnes relations entre nos royaumes... |
Manfred Hightower
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Jeu 14 Avr - 15:26
Depuis mon arrivée ici j'ai l'impression d'être regardé comme un de ces animaux exotique que l'on parque dans les ménageries et que l'on pointe du doigt. Personne n'ose réellement m'approcher ou, si quelqu'un le fait, il se précipite vers son compagnon pour raconter l'exploit. Je n'ose même pas imaginer comme les pauvres servantes à mon service ont été choisies. Je n'en voulais pas jusqu'à me rappeler qu'il m'était impossible désormais de m'habiller toute seule. Détail dont Myria s'était bien gardée de me parler, étonnamment. Je suppute qu'elle doit se délecter à m'imaginer tous les matins en train de pester contre celles qui ont le malheur de m'habiller. Au moins, l'homme qui me fait face ne semble faire partie d'aucune de ces catégories. Ou alors il est en train de s'amuser grandement à l'idée d'avoir côtoyer l'animal exotique plus longtemps que les autres et racontera probablement son aventure à ses petits camarades quand il aura quitté les lieux.
A son sourire, je fais claquer ma langue sur mon palais avant de répondre, un rien pensive.
"Vraiment ? Et bien je serais curieuse de voir ça. Succulentes ou non, elles restent des couleuvres que l'on essaie de faire gober aux autres, l'enrobage ne change guère le contenu. Personnellement, je préfère savoir au moins à quoi j'ai à faire, pas vous ?"
Le tableau que je dresse ensuite des Iles de Fer est un peu caricatural mais il représente parfaitement l'âme, l'état d'esprit de ce peuple qui est le mien. Et lord Hightower semble à première vue posséder assez de subtilité pour saisir le message sans s'arrêter à la première image que je peux donner. Ce qui peut s'avérer pour le moins intéressant.
"Oh je pense être à même de survivre à tout messire. Ca ne veut pas pour autant dire que je trouverais ça agréable. Et j'ai du mal à imaginer que de subir trop de suavités soit réellement un plaisir. Mais vous êtes toujours en vie alors qu'en tant que Bieffois vous devez avoir votre lot de suavités au quotidien, je me trompe ? Je devrais donc pouvoir tenir quelques temps. Ou alors, je ferais honneur à ma réputation et je me conduirais comme une sauvage, arrachant quelques tapisseries et mordant le fessier du premier serviteur venu dans un accès de rage. C'est ce que tout le monde attend de moi non ?"
J'ai un sourire en coin alors que je jette un regard dépité à cette nourriture fade qu'on a déposé sur le plateau. Ai-je réellement une tête à me nourrir uniquement de fruits ? Pas étonnant que les femmes soient si fluettes et possèdent si peu de forces si elles n'ont rien d'autre à se mettre sous la dent. Enfin, avec ce maudit corset, je ne pourrais de toute façon rien boire ou manger sans avoir l'impression que je vais exploser. Je prends une profonde inspiration pour me calmer, en tout cas j'essaie avant de me sentir comprimée à nouveau et je laisse échapper un grondement sourd d'agacement, à peine audible mais que je ne peux retenir.
Plutôt que de me focaliser sur ma propre situation, j'observe le Bieffois qui semble particulièrement à son aise alors qu'il pioche allègrement dans ce ridicule plateau de fruits. Mon dépit bien visible sur mes traits, j'attrape l'un des quartiers qu'il vient de découper sans lui demander avant de pencher la tête sur le coté à ses propos, brusquement aux aguets. Et bien, voilà qui a le mérite d'être direct.
"Et bien disons que je préfère de loin saisir des opportunités ou voir les autres faire de même, quitte à en payer le prix fort, plutôt que de constater que certains hésitent encore et toujours à se jeter dans une mêlée qui de toute façon n'échappera à personne. L'on finit toujours par être aculé, d'une façon ou d'une autre, le tout est d'être en mesure de choisir comment et de pouvoir se battre jusqu'au bout. Mais j'ai comme l'impression que le Bief n'aime guère se montrer imprudent non ?"
Je le fixe quelques instants avant de le questionner sur notre réputation, me demandant ce qu'il va oser répondre. J'ai un sourire satisfait alors qu'il décrit ce qui se dit sur les fer-nés avant qu'il ne se fasse un rien plus carnassier, sans que j'arrive à m'en empêcher. A dire vrai, je n'essaie pas vraiment de le faire, c'est même tout le contraire.
"Lord Hightower, vous êtes admirablement courageux ou totalement stupide de parler de la sorte. Vous avez surtout de la chance que je ne puisse pas bouger, engoncée comme je suis dans cette fichue tenue. Sinon j'aurais probablement tenté de vous égorger ou quelque chose dans le même acabit, ce qui aurait particulièrement mal vu, j'en conviens."
Je ne pense pas vraiment ce que je dis, ou alors pas totalement. Mais cela importe peu. Après tout, nous discutons de manière tout à fait civilisée non ?
"Mais vous êtes étonnamment proche de la réalité. Même si nous n'avons probablement pas la même notion de l'honneur, il m'est impossible de nier le reste, surtout en ce qui concerne les combats… et le coté frustre. Comme quoi, pour une fois, les rumeurs sont fondées. Pensez-vous qu'il en est de même pour tous les peuples ?"
Au reste de ses propos, je laisse filer un silence, tapotant du bout des ongles sur la table, me rappelant que je suis sensée être encore et toujours suffisamment civilisée pour continuer à entretenir une discussion comme celle-là. C'est bien pour ça que je suis là non ?
"Etes-vous en train de sous-entendre que vous êtes une délicate fleur du Bief messire ? Voilà qui est une façon pour le moins originale de vanter ses mérites, surtout lorsque l'on sait ce que j'ai envie de faire d'elles."
Pour un peu, il me ferait presque oublier mon envie d'aller effacer le sourire de la petite servante de façon définitive. Lord Hightower a pour l'heure le mérite de me divertir et surtout, de se montrer un interlocuteur intelligent et perspicace. Voilà qui a le mérite de capter mon attention.
"Mais je constate donc que vous êtes prêt à bien des choses pour illuminer mon humeur. Et surtout que semblez vouloir entretenir les bonnes relations entre nos royaumes. Est-ce donc purement désintéressé ?"
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Jeu 5 Mai - 19:14
Je donnais dans l'ironie tout en feintant la serviabilité. Les Hightower de Villevieille n'étaient pas des serviteurs, même pas des Gardener de Hautjardin. Nous avions été des rois, jadis, lorsque le Bief n'était pas encore unifié, pas même un petit peu. Nous avions régné sur tout le sud de la Mander, nous avions défendu la Foi et l'avions aidée à prospérer. Je n'étais pas un petit noble de province, et ma manière de me comporter découlait directement de cet état de fait. Je me rendais compte que la Princesse était de son côté assez peu coutumière de vivre à la cour. Elle savait comment se comporter mais n'y était pas des plus habituées. J'imaginais que les rumeurs qui couraient sur elle étaient vraies, au moins en partie. Elle avait tué son ancien mari, selon les racontards. Et elle avait aussi été capitaine bien avant de devoir se comporter en princesse. Ce genre de femme devait être habitué à obtenir tout ce qu'elle désirait, ce qui impliquait de mon côté un comportement bien défini auquel je ne comptais pas déroger, de toute manière. Je trouvais tout cela follement amusant, et je ne comptais pas non plus m'arrêter en si bon chemin. Je souris en donnant mon assentiment.
| Si, bien sûr. |
La Hoare semble vouloir conserver cette image de dure. Je ris de son total manque de retenue sémantique, alors qu'elle parle en vraie tigresse Je lui offre un regard pétillant, intense. J'avais envie d'en apprendre plus et de voir justement jusqu'où il y avait de la vérité dans cette image peu flatteuse. La pousser dans ses retranchements pouvait toutefois s'avérer dangereux, voire totalement contre-productif.
| Ce serait si divertissant ; dois-je appeler un serviteur pour vous voir imprimer pareille image à tout jamais dans mon esprit? |
La Princesse prend sans demander de permission un des quartiers de fruit que je viens de découper. J'y vois un signe supplémentaire de cet espèce de jeu auquel nous jouons ; créer une proximité artificielle pour mieux voir jusqu'où l'autre est capable d'aller, de vérifier si le jeu en vaut réellement la chandelle. Ce qu'elle dit ensuite est frontal et direct, mais pas forcément mensonger pour autant. Je pense que c'est l'approche typique de quelqu'un qui est pragmatique, mais aussi de quelqu'un qui est habitué à régler ses problèmes à coup d'épée. Ou de hache, comme le veut la tradition fer-née. Je me demandais de quoi cette femme devait avoir l'air, hirsute et tout en cuirs et mailles, peintures de guerre et hache de bataille en main, vociférant quelque cri de guerre barbare de ses frustres contrées d'origines. Elle me cherche, tâte le terrain en quête d'une ouverture probable. J'attrape cette perche qui est tendue devant moi. Je choisis mes mots avec soin, mais j'ai l'habitude de manier le verbe.
| Sa Majesté mon beau-frère préfère la paix à la guerre, et la paix se nourrit d'infiniment moins d'opportunités que les conflits. Ma sœur aspire quant à elle à perpétuer la lignée de son époux. Le Royaume est dans une posture quelque peu alambiquée dernièrement, et pas sans problèmes. |
Le sourire de la jeune femme se fait large et franc. Elle est amusée et satisfaite de ma réponse sur la réputation de sa patrie et des gens qui l'habitent. Elle me menace directement et je sens un léger frisson courir le long de ma nuque. Cette femme là est du genre à vous peler vif si vous l'indisposez, et étonnamment cela m'excitait assez. Je n'avais encore jamais rencontré de femme qui soit aussi naturellement encline à une forme de violence aussi directe. Ma femme elle-même avait dû être initiée à la douleur et à ses bienfaits, et elle n'avait jamais fait qu'effleurer les opportunités de pareilles attentions. Je souris tout aussi largement à la princesse d'Harrenhal.
| Je préfère me dire que je suis courageux et que cela me vaut votre admiration, ma Dame. La stupidité m'insupporte, quel triste sort que celui qui se targue de son intelligence s'il se rend compte finalement qu'il est idiot. |
Je souris plus encore, accroche son regard. Le jeu que nous poursuivons se fait plus subtil, et il s'oriente vers quelque chose que je n'aurais pas imaginé à l'origine. Je m'avance vers elle, réduisant la distance qui nous sépare en me penchant sur le rebord de la table, lui soufflant du ton de la confidence, ouvertement amusé de la situation.
| Bien sûr que non. Vous et moi ne faisons pas grand chose de désintéressé il me semble. |
J'inspire et termine mon fruit avant de me tourner à nouveau vers elle.
| Peut-être pourrions-nous poursuivre cette discussion dans un endroit moins ouvert, Votre Altesse, Hautjardin est connu pour la beauté de ses parterres et de ses massifs, mais c'est aussi un repère à oreilles indiscrètes. Qui plus est, dorniens et peyredragoniens ont déjà été pris et pendus à écouter ainsi aux portes. |
En me relevant et en m'inclinant, je souffle près de son oreille.
| Et si vous me laissez parler jusqu'au bout de mes idées et que vous me promettez de les prendre en considération, peut-être vous laisserais-je passer votre fort méchante humeur en me mordant les fesses, plutôt que de vous en prendre à un quelconque serviteur. |
Je m'incline plus bas et me retire, coin des lèvres redressé dans un sourire satisfait. Et impatient.
We Light the Way
Through dark and light I fight to be / So close / Shadows and lies mask you from me / So close / Bath my skin the darkness within / So close / The war of our lives no one can win / Running After My Fate(c)codage - Kanala - texte (c)So Close, Olafur Arnalds
Manfred Hightower
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Lun 9 Mai - 18:37
Je ne sais pas à quoi joue l'homme qui me fait face. En ce qui me concerne, il s'agit davantage de me changer les idées, d'oublier cette position inconfortable qui est la mienne depuis mon arrivée ici mais je n'arrive pas à saisir les ambitions du Hightower. Peut-être cherche-t-il juste à passer le temps lui aussi, ou à essayer de voir si je suis aussi sauvage que le disent les rumeurs. Je ne saurais dire si ma réaction le déçoit ou pas mais en tout cas, il a vraiment le don de me distraire, même temporairement. Et, à sa réaction, je secoue brièvement la tête, non sans sourire à mon tour avant de souffler, plissant légèrement les yeux.
"Vraiment ? Mais cela doit rendre les couleuvres plus compliquées à faire avaler non ?"
Je continue de grossir le trait me concernant, comme si me montrer sous mon plus mauvais jour pourrait être utile. A dire vrai, certains pourraient dire que je n'ai pas vraiment de bon jour mais peu importe. La réaction du bieffois sera plus intéressante si je me parodie moi-même que si je tente d'être diplomate, ce que je ne suis de toute façon pas. Je laisse filer un rire à sa réaction et je hausse les épaules, après un bref regard aux alentours, comme si je cherchais le dit serveur.
"Ce ne serait pas plus convenable de dire que ça ne se fait pas et que votre royale belle-sœur n'apprécierait guère qu'un de ses serviteurs ait la marque de mes dents sur son pauvre fessier ? Mais inutile de l'appeler, si l'envie m'en prends, je vous ferais chercher en urgence avant de succomber à mon accès de rage. Cela vous convient ?"
Il ne dit rien quand je pioche dans son assiette mais je sens à son regard que les non-dits et la façon dont nous nous comportons a tout autant d'importance que le reste. Je ne sais où nous mène ce petit jeu mais je suis curieuse pour une fois et peu encline à me saisir d'une épée pour en finir. Voilà qui est assez inhabituel pour être souligné. Mais je n'irais pas jusqu'à dire que je m'adoucis ou quelque chose de tout aussi stupide. Mettons que le bieffois se montre suffisamment intéressant pour que j'arrive à me comporter plus ou moins normalement, même s'il est peu probable que d'autres femmes de haute lignée aient le même type de discours que moi.
Si je suis brusque dans mes propos, il est évident qu'il mesure bien plus ses paroles que moi. Et cela m'amuse évidemment, tout autant que cette inertie m'agace. Je tapote du bout des doigts sur la table, seul signe réellement palpable de cette impatience qui me gagne avant de souffler, non sans sarcasme.
"Il est vrai qu'œuvrer pour la paix quand un continent entier s'embrase n'est ni illusoire ni impossible. Et que songer à pondre un héritier quand on ne sait même pas si son royaume va réussir à tenir ses frontières est probablement une priorité. Je ne saurais dire si la position du Royaume est alambiquée mais il va falloir qu'il prenne position à un moment ou à un autre."
C'est franc, peut-être un peu trop. Mais au moins personne ne pourra dire que j'ai caché mes intentions en venant ici. Il serait hypocrite de prétendre que le Conflans n'est pas venu ici pour se chercher un allié assumé et, s'il m'arrive de mentir plus que nécessaire, je n'en vois guère l'intérêt en cet instant.
Si je souris déjà largement, je lui jette un regard pétillant alors que j'attrape un autre quartier qu'il vient de découper, le jaugeant avant de croquer dedans.
"Admettons donc que vous êtes courageux. Je saurais rapidement si c'est réellement le cas je suppose. Et je pourrais vous sauter à la gorge à ce moment-là. Mais je suis d'accord avec vous, il n'y a qu'une seule chose pire que la stupidité, c'est le stupide qui se croit intelligent. Même si j'ai tout de même le sentiment que vous n'en faites pas partie."
Quand son regard accroche le mien, je retrouve un peu mon sérieux alors qu'il se rapproche un peu plus de moi. Il joue à un jeu dangereux et je retiens tout de même difficilement un feulement, même si je ne peux m'empêcher de gronder légèrement, de façon à peine audible, me sentant tout de même un rien acculée. Mais, à ses propos, je penche la tête sur le coté, esquissant de nouveau un sourire.
"Je n'ai jamais compris les gens qui oeuvraient de façon désintéressée. Ils n'arrivent jamais à leurs fins et perdent tout le temps. Et je n'aime pas perdre. En tout cas, pas si j'ai pu entrevoir la possibilité de gagner. Et vous non plus, n'est ce pas ?"
Au reste de ses propos, j'arque un sourcil, intriguée avant de répondre, d'un ton neutre qui ne reflète pas vraiment l'intérêt soudain qu'il a su provoquer en quelques mots.
"Voilà une idée pour le moins intéressante. Il est vrai que ces jardins peuvent être peuplés d'oreilles indiscrètes que je n'aimerais pas avoir à couper. Et il semblerait que vous ayez réussi à éveiller mon intérêt, surtout au vu du traitement que vous réservez aux espions surpris à vos portes."
Et, aux paroles qu'il me murmure à l'oreille, je ne peux m'empêcher de lui jeter un regard curieux.
"Je peux vous promettre de vous écouter messire, vous semblez savoir vous y prendre pour capter mon attention. Quand à votre noble fessier, gageons que ce serait une façon amusante de passer le temps. Je vous laisse me retrouver dans mes appartements. J'ose espérer que vous en trouverez le chemin très rapidement."
Quand il s'éloigne, je me relève à mon tour, époussetant ma robe et ignorant royalement la jeune servante qui se précipite pour ranger la collation au plus vite, le regard baissé, de peur de subir mon courroux. Je toussote avant de souffler, d'un ton sec.
"Apporte-moi dans mes appartements de quoi boire et de la vraie nourriture, quelque chose qui ne s'apparente pas à un diner de lapin. Et vite."
Nous verrons bien ce que me réserve lord Hightower. Au moins, je n'ai pas le sentiment d'avoir perdu ma journée. En espérant que cela dure.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Ven 13 Mai - 18:30
Je ne sais si c'est dans son caractère ou si simplement la conversation la stimule, mais Eren Hoare aime bien aller jusqu'au bout des sujets. Alors que j'acquiesce à ses paroles, elle rebondit en me demandant si cela ne rend pas les couleuvres plus compliquées encore à faire avaler. Je lui souris, fendant ma barbe impeccablement taillée de deux belles rangées de dents, sourire aussi bien avenant qu'il pouvait sembler quelque peu carnassier. La jeune femme ne ressemble à aucune autre représentante de la gente féminine que j'ai pu rencontrer dans mon existence, tous au tempérament plus doux, plus poli, aux angles plus arrondis. Ses angles à elle étaient tout en arrêtes et en tranchants ; j'étais à peu près sûr qu'y frotter de plus près ne ferait que provoquer égratignures et écorchures. Je lui lance un regard entendu, changeant de sujet en marquant mon assentiment de ce regard échangé et de mon sourire presque permanent en sa compagnie, maintenant. Je ris de bon cœur à sa proposition de m'appeler si elle devait s'avérer enragée. Je me demandais vraiment jusqu'où pouvaient aller ses colères et ses promesses.
| Cela me convient très bien. Votre serviteur, Altesse. ]
concluais-je en inclinant la tête, comme si j'étais particulièrement honoré de sa décision d'être finalement son « souffre-douleur ». La jeune femme continue d'entrer dans ce jeu en sautant à pieds joints, comme si il n'y avait rien qui puisse provoquer encore plus d'engouement que s'amuser autant au verbe qu'au défi en ma compagnie. Tout était implicite, et j'étais ravi de constater que ces salopards de fer-nés n'étaient pas uniquement des brutes, mais capables comme les autres de faire de l'esprit. Cela dit, nous nous attachons maintenant à un sujet plus sérieux et je sens qu'il préoccupe la princesse du Sel et du Roc, ne serait ce que par sa petite manie de taper des doigts sur la table. Elle me confirme son caractère belliqueux et son ambition de régler les problèmes de Westeros par la force. Comme les paysans disent, maintenant que le lait est tiré, il faut le boire. Elle me confirme également que le Sel et le Roc ne se satisfera pas ad vitam aeternam de la position de neutralité du Bief. Et j'avais déjà compris qu'il valait mieux avoir les Martel que les Hoare comme ennemis ; il suffisait de comparer le tableau de chasse de chacun pour voir que les seconds étaient particulièrement dangereux, de véritables requins.
| Je suis d'accord. Encore qu'en dehors des arguments dorniens d'armer nos femmes et de voler nos mestres ne m'a pas convaincu à adhérer à leur alliance, alors qu'ils savent infliger à notre royaume plus de dégâts encore que vous. |
Je lui faisais comprendre par là même que je n'étais pas du genre à choisir bêtement un camp... Ou l'autre. Je n'étais pas une girouette et ne pas aimer un adversaire ne me faisait pas apprécier son ennemi. Pas automatiquement en tous cas ; j'attendais d'être convaincu. Appelez cela arrogance si vous le désirez, il n'en restait pas moins que j'étais un Hightower. Pas n'importe quel Cuy ou que sais je encore. Je coulais une oeillade pleine de défi vers la princesse quand elle m'aguichait du regard et du vrai-faux compliment sur mon intelligence.
| Votre altesse est trop bonne. |
Là, en usant d'ironie et de doubles sens, je prenais plus de risques mais qu'importe, je me sentais tout à fait prêt à les assumer. Je voulais vraiment m'approcher au plus près de la ligne rouge, ce qui me permettrait aussi bien de la jauger pour de bon que de préparer la suite des événements. Maintenant, je n'attendais plus que cette conversation soit bêtement gratuite ; j'attendais des résultats très précis de cette entrevue, désormais. Je m'en voudrais que la jeune femme déçoive ce haut niveau d'attentes après autant de promesses... Elle me confirme en tous cas ne pas « travailler » gratuitement. Jamais.
| En effet. Je considère que je pèse toujours les avantages et inconvénients de mes actions, de mes mots... Je ne me vois pas pour autant comme un parieur mais j'imagine que c'est le cas de tous ceux qui font leurs calculs, n'est-ce pas? |
Je souris lorsque la princesse m'invite pour de bon dans ses appartements privés. Je m'éloigne en lui jetant un dernier coup d'oeil évocateur, mais je m'éloignais pour de bon. J'avais quelque chose à envoyer à ma chère sœur, et je ne prenais pas plus de temps que nécessaire pour le faire. Eren Hoare était une personnalité particulière, qui m'avait rendu impatient. Les jeux de l'esprit comme du verbe sont trop rares à une cour que l'on considère pourtant le plus souvent comme sophistiquée. Je me présente environ une heure plus tard devant la porte des appartements de la princesse, porte que les gardes Hoare m'ouvrent, ayant visiblement leurs directives. Je ne voyais personne, mais ces appartements étaient très vastes ?
| Princesse...? | appelais je, l'impatience se lisant dans mon timbre de voix
Manfred Hightower
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Lun 16 Mai - 14:07
Discuter avec le bieffois a le don de me faire sortir de cette espèce de léthargie qui est la mienne depuis mon arrivée ici. Enfin, je ne saurais dire si je dois vraiment qualifier mon état de la sorte ou plutôt dire que j'ai l'impression d'être comme un animal en cage. Les deux pourraient convenir dans tous les cas mais, au moins, j'ai enfin l'impression de pouvoir être un peu moi-même alors que je converse avec le frère de la Reine. Il semble tellement différent d'elle que j'ai tout de même du mal à faire le lien entre eux deux. Et j'avoue que le voir rebondir à chacune de mes paroles a quelque chose de plaisant. Je ne m'attendais guère à croiser un caractère de la sorte et je m'étonne moi-même à entrer dans cet espèce de petit jeu qui s'est instauré entre nous.
A son rire, quand je parle de l'utiliser comme souffre-douleur si l'atmosphère finit par réveiller ma véritable nature, j'ai un sourire satisfait et je me penche vers lui, soufflant, la mine presque complice.
"J'espère tout de même que vous ne serez pas aussi docile si l'envie me prend de passer mes nerfs sur vous. Ce serait ennuyeux."
Même si je ne sais toujours pas où va nous mener ce petit tête à tête, voire s'il nous mènera quelque part, tout simplement, je prends un plaisir non dissimulé à le suivre et à faire preuve d'une subtilité que je n'emploie que rarement. Il faut dire que la plupart des gens s'attendent tellement à me voir agir comme la barbare que je suis, que je ne me fatigue guère à vouloir leur démontrer le contraire. Kyeran fait partie des rares exceptions d'ailleurs et je m'étonne de constater que j'agis de même avec le bieffois. Non pas que les enjeux ou les intérêts soient les mêmes, loin de là, mais le fait qu'il semble chercher à voir ce qu'il y a derrière cette image de brutes m'intrigue.
La discussion se fait un rien plus sérieuse alors que nous évoquons la position du Bief. Je ne mâche pas mes mots, c'est un fait, mais il ne semble pas s'en offusquer, au contraire. Et, à sa réponse, je penche la tête sur le coté alors que je souffle, avec un sourire en coin.
"Il serait présomptueux de vous infliger des dégâts juste avant de venir négocier une alliance non ? Pour ne pas dire qu'il serait particulièrement stupide d'agir de la sorte. Nous vous souhaitons comme alliés depuis longtemps, je ne vois pas pourquoi nous irions infliger des pertes à ceux que nous voulons à nos cotés."
Je me penche légèrement en avant de continuer, me faisant un rien plus sérieuse.
"Mais si ce n'est que ça, je me ferais un plaisir de vous démontrer à quel point une fer-née seule peut faire encore plus dégâts que n'importe quelle dornienne."
Je sais pertinemment que les choses ne se feront pas en un clin d'œil et l'homme qui me fait face semble faire preuve d'un recul et d'une analyse de la situation pour le moins intéressant. Evidemment, je préfèrerais de loin trancher quelques gorges mais il semblerait que cette guerre doive aussi se mener de cette façon aussi, à mon grand dam.
A son œillade alors que je me fais plus provocante je souffle, après un claquement de langue sur mon palais.
"Je le suis encore plus que vous ne pouvez l'imaginer."
Qu'il en déduise ce qu'il a envie, je suis même curieuse de savoir ce qu'il en tirera et l'image qu'il est en train de se façonner de moi. Je me demande si je suis comme les rumeurs le disent même si, dans le fond, je m'en moque complètement. Au reste de ses propos, j'ai un bref hochement de tête avant de rétorquer, non sans ironie.
"N'oubliez pas que vous parlez à une bête fer-née qui se contente de foncer tête baissée sur le premier ennemi venu. Mais, imaginons que je sois du type à calculer mes actes, il est vrai qu'il me parait plus opportun de réfléchir aux multiples conséquences de chacun de nos mouvements. Comme, par exemple, envoyer les deux princesses du Conflans dans le Bief afin de montrer à quel point certains liens nous importent. Mais c'est un exemple totalement pris au hasard, évidemment."
Il semble soudain faire preuve d'un regain, sans que je ne saisisse réellement pourquoi. Alors, plutôt que de tergiverser, je me décide à clairement l'inviter dans mes appartements. Voilà qui aura de quoi alimenter certaines rumeurs mais je n'en ai cure. Ce qui m'importe réellement c'est de savoir ce qui peut faire briller ce regard des plus calculateurs.
J'attends donc patiemment, avisant à peine la jeune servante qui pose enfin un plateau contenant de la véritable nourriture. J'y pioche quelques bouchées avant de m'installer près du balcon, appuyée à une table alors que j'attrape Vorace et je la fixe longuement, poussant un soupir avant de la sortir de son étui et d'attraper un chiffon. Voilà qui me permet de me concentrer sur quelque chose de concret, de ne pas avoir à songer à nouveau à cet immobilisme qui est le notre depuis notre arrivée ici.
L'on frappe alors à la porte mais je ne bouge pas, toujours concentrée sur ma nouvelle occupation. Et quand j'entends la voix du bieffois, je me contente de lâcher un "par ici messire", sans bouger.
Quand il se rapproche, je lève un regard dans sa direction et je me fends d'un sourire pensif alors que je continue de frotter la lame avec application. Je ne voudrais pas qu'elle s'abîme parce que je n'ai pas eu l'occasion de m'en servir et l'idée de sortir une lame qui ne soit pas dans un état parfait a le don de me hérisser.
"Dites-moi lord Higthower, que pensez-vous réellement des femmes qui combattent ? Qui sont prêtes à attaquer et à se défendre bec et ongles, jusqu'à la mort s'il le faut. Voilà quelque chose qui semble encore plus déranger les bieffois que de voir des fer-nés hanter les murs de votre capitale."
Je laisse filer un bref silence alors que du bout du pouce j'effleure la tranche de l'épée. Voir le sang affluer sur la pulpe me fait esquisser un sourire de satisfaction avant que je ne porte le doigt à ma bouche et que je ne reprenne, toujours sur le même ton.
"Je n'aime pas que l'on décide pour moi. Et je ne suis guère diplomate. Alors prendre les armes me semble être la meilleure option."
Je finis par me décider et par la reposer sur la table avant de fixer à nouveau le bieffois. "Bien. Il semblerait que nous ayons des choses intéressantes à nous dire. Je me trompe ?"
Et peut-être à faire. S'il se montre toujours aussi intéressant.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Mer 18 Mai - 21:51
La fer-née avait réussi à capter mon attention. Ca n'arrivait pas tous les jours. Les personnes réellement intéressantes n'étaient quand même pas légion à Hautjardin ou même dans le monde de manière plus générale. Je l'avais quittée au moment où nous jeu en arrivait à un cycle paroxysmique. Je savais bien que les choses pouvaient dégénérer à tout moment, mais surtout que je pouvais tirer profit de l'entrevue. Alors je coupais court à tout ce qu'il se passait pour remettre les choses en place, dans leur ordre naturel. Je ne prendrais aucun risque de plus, pas avant en tous cas d'avoir pu souffler un peu pour faire le point. Je n'allais pas foncer tête baissée. Me rafraîchir un peu les idées et faire rebaisser toute cette tension ne ferait aucun mal, vous pouvez me croire. J'étais certes un homme réfléchi et tempéré, mais là j'avais eu du mal à me contenir, à tenir à distance cet irrépressible désir de mettre mes démons en exécution. Je l'avais vu dans ses yeux, Eren Hoare était une des incarnations du mal. Oh, je me doutais bien que ses propres démons n'étaient pas tout à fait du même acabit des miens. Elle donnait sans doute plus dans le sonore et le sanguinaire, mais qu'importe. J'avais vu dans ses ténèbres et j'avais eu envie de m'y plonger plus avant. Lorsque j'entre dans les appartements qui ont été réservés à la princesse, je suis toutefois assez circonspect ; je n'arrive pas à me dire que je suis dans la « demeure » somme toute provisoire de cette altesse royale. J'entends une voix qui me guide plus loin dans la pièce. Je m'approche, excité mais prudent. On ne se refait pas.
Je ne sais si je dois être insulté ou plus encore excité par le travail de la jeune femme. Elle semble si concentrée sur ses gestes, qui apparaissent pourtant nonchalants dans un paradoxe parfait à cause de la seule force de l'habitude. Son sourire est étrange. J'ai rarement vu pareil sourire chez une femme, comme si elle seule avait la compréhension intime d'une plaisanterie qu'elle serait la seule à comprendre. Elle me pose une question. Un nouveau test. Je souris avec franchise, bien conscient que je n'ai pas le choix, ni le mensonge ni la fuite ne sont des options acceptables.
| Je pense que de toute évidence elles sont toutes aussi capables que les hommes dans le domaine du meurtre et de l'horreur. Je crains pourtant de me rallier à l'avis de Sa Sainteté le Grand Septon, dont je suis le protecteur en titre. Si les femmes sont quand je vous regarde sans aucun doute aussi douées pour la mort que les hommes, ce n'est pourtant pas leur place dans la société que de pratiquer l'art nauséabond de la boucherie. L'ordre social n'est pas intangible, mais il est néanmoins guidé par sa propre force d'inertie. La société fonctionne mieux si on la cloisonne, si on se partage les tâches. Les Sept ont décidé que les femmes, par la biologie de leur corps, devaient enfanter. Cela ne rend pas leur combat pour la vie moins glorieux que celui des hommes. Chacun a son sang à verser, et il n'est pas dévalorisant de porter les germes du futur quand bien des hommes passent l'essentiel de leur vie à les enterrer. |
Je savais que cela allait l'agacer, l'énerver même, sans doute. Je comptais là dessus. Je l'ai dit, je ne fais jamais rien sans cacher quelque dessein. J'avais opté pour la vérité, mais une vérité orientée. Il n'en restait pas moins que je n'avais rien contre les femmes, ni contre la perspective qu'elles étaient dangereuses. Quiconque passe son temps à explorer les secrets du corps humain et se montre en quête de matériel biologique de première fraîcheur apprend vite à ses dépends que l'être humain, quelle que soit sa forme, se battra toujours becs et ongles pour la survie. La belle s'égratigne et je comprends le message, l'implicite comme l'évident. Je m'assois sans invitations en face de la fer-née.
| Oui. Seriez-vous en train de conclure quelque accord secret avec ma chère sœur aux humeurs si changeantes, en m'ôtant par là même tout profit de mon intercession auprès d'elle? |
Je n'étais pas contre des manœuvres diplomatiques avec quiconque ; j'aurais vendu la moitié du Bief à Dorne si les Martell m'avaient fait une proposition directe, plutôt que de vendre des chimères à ma sœur en pensant que cela suffirait. Je sentais la situation m'échapper et je ne comptais pas laisser la gloire militaire d'une victoire m'échapper.
Manfred Hightower
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Sam 21 Mai - 16:15
J'avoue, je suis curieuse de ce que va donner la suite de ce petit tête à tête. Le Bieffois a fait preuve d'un humour et d'une intelligence qui ont réussi à me capter et surtout, à ne pas me donner envie de lui sauter immédiatement à la gorge. Ce qui est un exploit compte tenu de mon état de nerfs actuel. De là à dire que j'apprécie sa compagnie, il ne faut pas exagérer, d'autant que je ne viens de passer que quelques minutes avec lui. Mais il me donne envie d'en savoir plus, sans que je n'ai à lui tirer les vers du nez par la force. Pas encore en tout cas.
Quand il se présente à la porte de mes appartements, je ne prends pas la peine de me lever pour l'accueillir. Notre petit jeu continue et je ne compte pas le laisser prendre l'ascendant, de quelque façon que ce soit. M'occuper de Vorace me détend qui plus est, et je n'ai pas envie de lui donner l'impression d'être encore plus ce fauve en cage incapable de me contenir. Ou alors, si c'est le cas, au moins aurais-je une arme à portée pour bien le faire. Quand j'ouvre la bouche, c'est pour évoquer un sujet qui, normalement, ne m'importe pas du tout. Mais je suis curieuse de sa réaction.
Je penche la tête sur le coté alors que je l'écoute avec une attention non feinte. Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attends en lui demandant cela, j'y voyais plus une petite provocation gratuite qu'autre chose. Et, s'il semble avoir fait preuve d'une certaine franchise jusque là, rien ne me prouve qu'il ne se fera pas hypocrite afin de me mettre de bonne humeur afin de me faire entendre ce qu'il veut.
Mais ce n'est pas le coin. Loin de là. Oh, bien sûr, il cherche ses mots pour enrober les choses et j'ai un mince sourire alors que chacun de ses mot, savamment choisi, fait mouche.
"Et bien, voilà donc un bel exemple de couleuvre bien enrobée. Et je confirme qu'elles sont pour le moins délicates à avaler. C'est votre société qui fonctionne de la sorte, pas celle d'où je viens. Chez moi, c'est le mérite qui importe avant le reste, quel que soit le sexe. Si une femme est compétente, je ne vois pas pourquoi elle resterait à attendre que son cher époux rentre à la maison, les cuisses savamment écartées pour qu'il la besogne quand il en a l'envie avant d'engendrer une marmaille aussi bruyante qu'insupportable."
Je baisse les yeux sur mon pouce ensanglanté et je le fixe avec curiosité avant de continuer, sur un ton que j'essaie de garder neutre mais qui ne l'est pas du tout. Il a réussi à m'échauffer en quelques paroles et cela m'agace, bien évidemment.
"Donc, le sang que je dois verser pour défendre les miens doit uniquement être au moment où je vais mettre bas ? Et il faudra que je compte sur la bonne volonté d'un homme pour venir me soigner en plus je suppose. Ou ça au moins, vous voulez bien nous accorder un certain mérite à le faire nous-mêmes et…"
Je me rends compte que j'ai tout de même haussé un peu le ton. Pour autant, je ne suis pas du genre à m'attarder sur le fait que les gens ne me pensent pas à ma place parce que je suis une femme. Au contraire, j'en joue souvent et surtout, je n'ai jamais eu à me justifier. Je le fixe alors, un sourire se dessinant doucement sur mes lèvres et que je lève ma main pour tracer sur sa joue un trait ensanglanté du bout du pouce.
"Un point pour vous messire. Je ne sais pas ce que vous cherchiez comme réaction chez moi en répondant de la sorte mais je suis sure que vous allez me le dire."
Et je me réinstalle correctement, tapotant mon épée un instant avant de la pousser de coté pour de bon cette fois, plissant des yeux alors qu'il m'interroge. Enfin, si on peut appeler ça comme ça. Sa façon de faire est pour le moins mais j'apprécie, bien plus que les jeux de diplomatie que je dois supporter depuis mon arrivée ici.
"Si c'était le cas, que voudriez-vous y faire ? Vous pensez vraiment que votre chère sœur, toute reine qu'elle est, est d'humeur à comploter avec moi. Je ne sais même pas ce qu'elle attend de nous et, pour être honnête, elle n'a pas l'air de le savoir non plus. La question que je me pose c'est, est ce que vous, vous avez une idée ? Et puis… que devrions-nous faire pour que vous songiez à intercéder en notre faveur ? Dans la mesure où je pourrais en avoir envie, évidemment."
Le sang s'est arrêté de couler et j'ai une grimace de dépit d'ailleurs avant de reporter mon attention sur le bieffois. Dois-je lui rappeler que je suis prête à tout ? Que notre situation, si nous avons remporté des batailles, reste tout de même bien précaire et qu'un allié est ce que nous sommes venus chercher. Je suis venue me vendre pour ça, enfin mon père a décidé de me vendre au plus offrant. Pour mon plus grand plaisir soit dit en passant. Et si cet homme arrive à faire pencher la balance, à décider sa cruche de sœur ou à réussir à me faire patienter assez longtemps pour qu'elle se décide d'elle-même, j'avoue, je suis prête à l'écouter avec la plus grand attention.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Sam 28 Mai - 9:02
En aucun cas je ne désire être assimilé à une brute épaisse, froidement misogyne et bêtement suprémaciste social, alors que je considérais simplement, non par égo mais par répartition des tâches, une société rodée où chacun à sa place. Regardez les Cités Libres et leur grand bordel ambiant. Tout cela parce qu'elles étaient dépourvues de leaders incarnés par la noblesse et l'aristocratie terrienne, qui certes avait des désavantages, mais avait un fort rôle de coercition sociale et de maintien de la paix. Pareil pour la mestrise, et pis encore pour leurs dieux. Là où il n'en régnait que sept chez nous du même pantheon, il y en avait chez eux une incroyable multitude, dont certains particulièrement voraces. Du Grand Etalon Dothraki en passant par le Dieu Rouge, il y avait toute une multitude de déités plus ou moins respectées, mais toutes incroyablement sanguinaires en comparaison de notre propre religion de l'ouest. Quoiqu'il en soit, je ne me laisse nullement intimider par cette princesse ; je suis déjà habitué au danger semi-permanent de sa présence et elle peut difficilement faire pis que certaines de ses menaces indirectes. Y aller frontalement ne ferait que clarifier les choses et j'ai bien peur que cela ne m'émeut pas plus. Après, nous verrons bien quels trésors de langage me réserve la princesse.
La jeune femme sourit devant mon éloquence ; elle n'est pas dupe. Et elle reprend notre plaisanterie récurrente. Je ne pus m'empêcher cette fois, d'arborer un sourire quelque peu insolent, où le sarcasme était devenu plus franc, plus évident, en un mot plus assumé.
| Oh, je suis sûr que votre réflexe de déglutition est assez développé pour vous le permettre malgré tout, votre altesse. Toutefois, j'ai une question. En quoi l'accouchement d'une femme ou l'ascètisme d'un prêtre sont moins méritants qu'une noblesse d'épée ou que quelque boucher sanguinaire ? Après le carnage, les deux premiers seront la majeure partie du temps toujours présents pour assurer la survie du corps social. Ce qui n'est pas le cas du dernier. |
Au delà des mots, j'avais l'intime conviction désormais, que le fond de vérité derrière le trépas de feu son époux était probablement la vérité pure. Son point de vue sur l'enfantement et sur l'union semblait assez violent ; je ne savais d'où il venait et je m'en fichais, mais c'était bien la première fois de ma vie que je rencontrais une Dame si haut placée dans la société qui refuse en bloc, et avec véhémence, son rôle d'alliance avec une autre maison.
| Cela dit, lorsque les cuisses sont savamment écartées, la situation est loin d'être insupportable la majeure partie du temps. |
Elle usait de ce langage sans vergogne, alors moi aussi.Elle s'énerve, elle s'agace, elle s'impatiente. Mon sourire reste bien présent. Ainsi, son point de rupture n'est plus très loin dans cette direction ? Parfait. C'était tout ce que j'avais besoin de savoir. Et là, la belle fait quelque chose qui change tout, qui bouleverse la conversation. Je ne l'entends plus que de très loin, alros qu'elle trace un trait carmin sur ma joue. Mes pupilles se dilatent doucement, ma respiration s'accélère. Je sens l'odeur de son sang. Mon cœur bat la chamade. J'en veux plus. Du sang. Mais ce n'est pas le moment. Ma conscience hurle de penser à autre chose. Penses à tes potions Manfred, pense à ta sœur, qui a beaucoup sacrifié pour masquer ton anormalité, ta monstruosité. Pense à ton nom, à ton avenir. Tu ne peux pas jeter tout ça aux orties en t'en prenant à la princesse Hoare. Quel maelstrom de destructions cela provoquerait... ! Mais j'ai bien du mal à tenir. A me concentrer.
| Je... Je... |
Je déglutis, détourne péniblement le regard. Je me contrôle tout juste ; je suis à deux doigts de me jeter sur elle, d'écarter son épée pour ensuite la mettre en pièces. Ses derniers mots me tirent de mon combat, je coule un regard vers elle, un regard affamé, un regard de prédateur. Je ne la vois plus que comme un bout de viande, mais elle a prononcé un mot magique dans ce genre de situation.
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Manfred Hightower
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Jeu 2 Juin - 20:11
J'arque un sourcil à ses propos qui se veulent, je m'en rends bien compte, sciemment provocateurs. Et je fais claquer ma langue sur mon palais avant de lâcher, d'un ton se.
"Evitez de faire de trop grands suppositions pour mes capacités de déglutition messire. Quelles que soient mes capacités, ce n'est pas pour autant que cela rend l'exercice appréciable."
Difficile de ne pas voir son sourire insolent et je ne saurais dire si j'en suis amusée ou agacée. Au moins, il ne me laisse pas indifférente, c'est toujours ça de pris et à sa question, je me mordille la lèvre, pensive.
"Je n'ai jamais dit que l'un ou l'autre avait moins de mérite. Je trouve juste simplement réducteur de cantonner l'un ou l'autre a tel rôle alors qu'il pourrait s'accomplir autrement. Qu'il pourrait s'élever comme il l'entend au lieu de rester à pondre des enfants ou à prier ou que sais-je encore."
Je ne sais même pas si je suis claire, s'il attend vraiment une réponse ou s'il ne guette tout simplement pas la réaction que je peux avoir à sa question. Dans tous les cas, c'est pour le moins intéressant. Agaçant mais c'est un exercice pour le moins instructif auquel je ne m'étais encore jamais vraiment confrontée.
Je bats des cils et je laisse filer un rire au reste ses propos. Je suppose que c'est là qu'une dame de haut rang, comme celle que je suis supposée être, devrait s'offusquer. Mais nous n'en sommes plus, si nous l'avons vraiment été. Je ne vois guère l'intérêt de jouer à ce petit jeu avec lui, il m'a rapidement cernée et je n'ai pas chercher à me cacher dès le départ. Alors, autant continuer. C'est pour cela que je souffle, non sans ironie.
"Et bien, vous semblez vous y connaitre pour ce qui est d'écarter les cuisses de la meilleure des façons. Cela vous arrive-t-il donc si souvent ? Reste à savoir de quel coté vous vous placez."
Je daigne même lui accorder une œillade amusée même si, au reste de ses propos, j'ai tout de même tendance à m'énerver. Oh, il sait parfaitement à quoi il joue mais il me faut un certain temps avant de m'en rendre compte. A cet instant, je ne saurais dire vraiment pourquoi, je me calme et je dessine un sillon ensanglanté sur sa joue. Sa réaction dépasse mes espérances même s'il garde un calme presque décevant. Je souffle pourtant, à mi-voix.
"J'ai toujours été convaincue que chaque homme n'avait qu'un vernis de civilisation pour cacher sa véritable nature. Chez les fer-nés, ce vernis est quasi inexistant. Ici, il est particulièrement épais. Mais je suis heureusement de voir qu'il semble tout de même n'être qu'une façade. Et que vous vous montrez des plus intéressants."
Je lui adresse un sourire alors qu'il se reprend, tant bien que mal. Je connais ce regard, je l'ai vu chez bien des hommes mais j'avoue être particulièrement étonnée que les yeux du bieffois se soient illuminés de la sorte. Pourtant, ce réveil a attisé mon intérêt et je soutiens son regard sans ciller, mon sourire flottant toujours sur mon visage alors qu'il reprend la parole.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Jeu 2 Juin - 21:34
La jeune femme flaire bien le piège mais sa nature fonceuse et prédatrice l'empêche d'anticiper une autre solution que de continuer envers et contre tout. Essuyer la tempête en même temps que les coups. C'était sans aucun doute une attitude aussi bonne que les autres. Surtout dans ce genre de circonstances. Elle continue son petit tic de claquer sa langue contre son palais, et de me rétorquer avec beaucoup plus de sécheresse que prévu. Ah, le point de rupture était là, si tangible que je pouvais presque le toucher. Amusant, vraiment.
| J'imagine que cela dépend pour qui, votre altesse. |
Flirter avec la limite, ne jamais rien faire de plus. Il ne fallait en aucun cas que j'aille plus loin, un mot de trop, une phrase de travers, et je serais le premier victime d'une guerre entre le Bief et le Conflans. Cette altesse princière ci ne se comporte pas du tout comme une dame de qualité, se machouillant la lèvre comme si elle était la dernière des souillonnes, ce qui lui donnait l'air paradoxalement plus impressionnant. Cette dame ci se fichait bien des faux semblants et de tout le reste, ça ne comptait pas. Je haussais un sourcil, pour la première fois profondément stupéfait de ce que sous tendait la jeune femme dans ses propos.
| Depuis quand l'individu a-t-il le choix ? Il existe un ordre social en Westeros, Princesse. Les puissants et les faibles, les nobles et les gueux, vous autres fer-nés en imposez un de la sorte au reste du royaume et chez vous autant que chez nous, un pêcheur ne vivra jamais dans un palais. |
J'aurais bien ajouté que c'était la volonté des Sept, mais d'un autre côté je n'étais vraiment pas certain d'y croire moi même, en tous cas. Je hausse les épaules aux paroles de la Hoare, quand elle m'interroge sur mes pratiques. Parler d'écarter des cuisses affole un peu plus mon rythme cardiaque et ma respiration. Je lui offre un sourire quelque peu canaille, presque effronté. Flirtant toujours avec la limite, comme d'habitude.
| Mais voyons, des deux côtés selon ce que le plaisir commande, ma dame. |
Un partout la balle au centre. Je la renvoyais dans ses vingt deux mètres. Je ne l'évitais ni n'esquivais, mais uniquement parce que je savais que cela ne ferait qu'accroître la frustration qui, grondante, se réveillait en moi avec tout le venin du pire des poisons. Comme si elle me découvrait à la suite du sang, la jeune femme philosophe sur l'âme humaine, et je sais aussi que cela lui donne du pouvoir sur moi, ce qu'elle vient de lire au fond de mes yeux. Je fermais une seconde les yeux, inspirant profondément. Cruel aveu mais je devais me reprendre, et je me rappelais les leçons du mestre, celles de ma mère et celles de ma sœur. Me calmer. Ce n'était pas le moment de refaire la décoration de la chambre aux couleurs de l'intérieur humain d'Eren Hoare. Mais alors, pas le moment du tout.
| Votre altesse me flatte. | lâchais je avec difficulté, dents serrées.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Dim 5 Juin - 12:15
Je ne sais pas ce que le paternel attend vraiment de moi dans cette mission diplomatique, si l'on appeler cette supercherie de la sorte. Il ne fait jamais rien au hasard, je le sais bien mais, pour l'heure, à part essayer de me faire perdre le peu de raison qu'il me reste encore, j'avoue avoir du mal à cerner les tenants et les aboutissants d'une telle mascarade.
Et puis, alors que je discute avec lord Hightower, que j'entraperçois les nombreuses failles de mon fonctionnement, cette manie que j'ai de vouloir tout régler par le sang sans même chercher plus loin, peut-être que je commence à deviner ce qu'il souhaite vraiment. Oh je resterais la barbare sanguinaire que tout le monde connait bien, à n'en pas douter. J'aime beaucoup trop cette sensation grisante de la chair entrant en contact avec la lame de mon épée pour songer à ne plus y avoir recours. Mais j'apprends à repousser ce point de rupture, à prendre quelque peu sur moi pour ne pas alimenter cette image que l'on a de moi.
Alors nous jouons avec les mots au lieu de jouer avec des armes. Ma foi, il parait que cela peut être tout aussi destructeur, même si, dans le fond, je trouve ça bien plus frustrant. Je ne saurais dire s'il pense la même chose ou s'il s'amuse de me voir piocher dans mes maigres réserves pour ne pas m'énerver à la moindre provocation et dans le fond, cela importe peu. Je lui darde un regard mi-amusé, mi-exaspéré, avant de souffler, de ce ton sec qui me vient naturellement, sans que je sois capable de me retenir.
"Oh et je suppose que pour vous, c'est fort divertissant. Je me trompe ?"
Je secoue brièvement la tête, avant qu'il ne réussisse à me titiller une fois de plus. Il me faut une profonde inspiration pour continuer à jouer à ce jeu de dupes, profondément agacée de ne pas savoir où cela pourrait bien nous mener, si ce n'est l'amusement qu'a le bieffois à attendre que je sorte de mes gonds. Et puis, pour la première fois, j'ai l'impression de réellement le surprendre. J'imagine qu'il se doute bien que je me moque des convenances mais je vais peut-être un peu loin. A dire vrai, je ne me suis jamais posé ce genre de questions, je n'ai cure de remuer l'ordre des choses. Chacun doit savoir ce qu'il a à faire, non pas parce que c'est ainsi que l'ordre est fait mais parce que c'est ainsi qu'il est le plus efficace mais, visiblement, nous ne partagerons vraiment pas le même point de vue. Je lui accorde un sourire avant de hausser brièvement les épaules.
"Il est vrai. L'ordre social de Westeros existe. Et, très franchement, je me moque de ce que peuvent faire les gueux et les puissants, s'ils ne m'apportent rien. Mais je ne peux être totalement d'accord avec vous. Un pêcheur peut devenir un grand soldat, une simple gueuse peut faire tomber un noble dans ses filets et le manipuler si elle en a les capacités, et une femme peut devenir commandante de la plus grande flotte de Westeros si elle s'en montre compétente, oubliant que son nom lui a plus desservi qu'autre chose."
Et voilà qu'il continue dans la provocation. Certes, je reprends la balle au vol à chaque fois ou presque, agacée mais à la fois curieuse de ce qu'il va pouvoir répondre. A son sourire canaille, je lève les yeux au ciel et je me contente de souffler, avec un bref sourire en coin.
"Commander, voilà qui est un plaisir messire. Mais je note que vous semblez ouvert à différentes possibilités, c'est intéressant."
Et, ce que je lis en lui, lorsque je m'amuse avec cette goutte de sang, lui déplait tout autant que cela m'intéresse. Il joue avec moi depuis le début mais, cette fois, la tendance s'inverse, un peu. Je devine quelque chose de bien plus sombre même si je suis incapable de soupçonner ce que cela pourrait être. Et à sa remarque, je réponds, d'un ton étrangement calme qui ne m'est pas habituel.
"Vraiment ? J'aurais pourtant juré qu'en cet instant précis, vous ne m'appréciez guère."
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Mer 8 Juin - 22:57
Par je ne savais quel miracle, j'étais parvenu à garder mon calme, à garder le contrôle. Je me féliciterais plus tard. La partie n'était pas finie et elle était plus ardue à chaque mauvaise nouvelle et opportunité manquée. Ma sœur avait sans doute pris un peu trop vite à cœur mes conseils et mes réserves en matière de son rapprochement avec ceux qui avaient violé notre pays. J'avais pensé pouvoir me positionner comme conseiller le plus proche, comme grand amiral à titre définitif et tout un tas de perspectives aussi positives que réjouissantes. Mais voilà que ma sœur s'est passée de mon aide, et a apparemment tout autant court-circuité son royal époux. Les nouvelles semblent bonnes pour le royaume ; nous allons avoir la force de tenir face aux périls extérieurs mais la politique intérieure ne s'en sortirait pas plus mal.
Et moi dans tout ça, j'étais bloqué ici comme un cul-de-jatte, incapable de pouvoir avancer. L'herbe coupée sous le pied. Où avais-je commis des erreurs ? Je m'étais pourtant montré mesuré avec ma sœur, rejetant toute forme d'accord avec qui que ce soit avant que les démons internes du Bief ne soient sous contrôle. Autant dire que j'avais mésestimé la passion de Tricia pour son pays, son couple, et chose intéressante, pour le pouvoir. Maintenant qu'elle était directement menacée par la foi, elle agissait. Trop vite. Et trop dans mon sens. Pis, j'avais déjà fait part publiquement de certains conseils. Me ménager d'autres ouvertures aujourd'hui risquerait d'être contre-productif. Il était pourtant hors de question de rentrer à Villevieille sans avoir gravi quelques marches de plus vers le sommet. Je n'allais pas me laisser avoir par des arrivistes bien plus mal nés que moi. Je pinçais mes lèvres.
| Tout dépend de la perspective dans laquelle on se place. |
La jeune femme ne comprenait pas ce que je disais. La méritocratie dont elle me parlait n'était qu'illusoire dans quantité de systèmes sociaux. Cela ne voulait pas dire qu'elle n'existait pas, simplement qu'elle était autrement plus difficile à atteindre que ce qu'on pourrait imaginer de prime abord. Je pensais en sus qu'elle avait faux. Une femme pouvait se montrer compétente dans bien des domaines. Pourtant quantité de grands capitaines fer-nés s'étaient illustrés. Je pensais que ce qu'elle avait vécu dans la flotte, selon la légende qui était la sienne... Etait justement destiné à alimenter ces mythes. Calcul avisé mais dangereux de la part du père, si c 'était le cas. Je souriais poliment et inclinais la tête, indiquant mon accord à ce qu'elle venait de dire, mais il ne s'agissait que de politesse. Ce débat-là n'était pas le cœur de cette entrevue. Et nous deux étions sans aucun doute trop conditionnés par les revendications de nos sexes, de nos familles, de tout le reste. Je lui offre un sourire malicieux quand elle m'indique l'intérêt que je lui présente, mais mon ton perd quelque chaleur quand elle parle des conséquences de ce qu'elle vient de voir en moi.
| Illusion trompeuse, votre altesse. | rétorquais je plus fraîchement.
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Lun 20 Juin - 20:07
Il est étrange de voir que je me sentirais presque autant menacée par l'homme qui me fait face que je pourrais l'être en plein combat. Et, à la réflexion, ce serait même pire tant cette sensation est diffuse, tant je me sens acculée sans vraiment réussi à saisir exactement de quelle façon. Voilà une chose à laquelle je ne suis pas habituée, qui pour un peu serait des plus déstabilisants. Mais au moins, m'obliger à me tenir sur mes gardes ou encore cette personnalité que je ne fais qu'entrapercevoir sont bien plus stimulants que les simulacres de négociations auxquelles j'ai pu assister ces dernières semaines. Je ne saurais dire si le royal couple bieffois est prêt ou non à basculer dans notre camps ou si nous sommes encore loin du compte mais j'ai comme un sérieux doute quant à ma capacité à garder un semblant de patience, même si le Hightower se montre des plus intéressants. Ou inquiétant, c'est selon.
Je penche la tête sur le coté à sa réplique, plissant des yeux alors que je vois la mine pincée qu'il arbore. Décidément, nous n'évoluons pas dans les mêmes sphères et j'en viens à me demander si je serais capable de trouver un semblant de terrain d'entente avec un de ces foutus bieffois. Je me contente de souffler, à mi-voix, alors que bien d'autres pensées me viennent à l'esprit.
"C'est possible. Mais je n'aime guère avoir à changer de perspective, surtout lorsque je suis sûre de moi."
Voilà, ma garce de belle-sœur ne pourra pas m'accuser de manquer de tact ou de diplomatie non ? Même si je joue avec les limites et pas qu'un peu. Il faut dire que sa réaction à la vue de quelques gouttes de sang me fait frissonner d'un plaisir malsain mais que j'apprécie bien davantage que les sous-entendus qui filent entre nous depuis le début de cette discussion.
Je ne sais pas ce qu'il attend quand il me parle des différences sociales ou s'il cherche juste à jauger mes réactions. Peu importe à dire vrai. Le principal est qu'il ne semble pas vouloir insister et je préfère ça, n'ayant pas envie de montrer les dents pour si peu. Et s'il sourit quand je lui souffle mon intérêt, la mine qu'il arbore au reste de mes propos me parait bien plus sincère. Et paradoxalement intéressante. Alors je souffle, avec un sourire en coin.
"L'illusion… encore une histoire de perspective non ?"
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Dim 3 Juil - 22:26
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Dim 31 Juil - 12:14
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Sujet: Re: L'acier velouté sera ma seule réponse [Tour III - Terminé] Ven 5 Aoû - 22:03
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