Cette nuit, je suis tienne | [Tour II - Terminé]

Je me sentais idiote.

Idiote, angoissée, apeurée. J'avais perdu toute ma superbe et là, je me retrouvais seule dans la chambre prêtée à Lyman durant son séjour à Winterfell, attendant mon seigneur et époux pour accomplir mon devoir conjugal. La chance que j'avais était d'être du Nord et donc, de voir la cérémonie du coucher beaucoup moins suivie que dans les autres royaumes de Westeros. On m'avait au moins épargné le fait de me déshabiller tout en me lançant des remarques grivoises pour venir trouver Lyman tout aussi nu... J'aurais détesté. J'étais déjà tétanisée en étant en chemise de nuit, alors toute nue... Lyman m'avait déjà vue ainsi, mais la chemise d'alors était différente. Celle-ci était conçue spécialement pour cette nuit de noce, délicatement ouvragée, finie, soyeuse. Heureusement qu'un grand feu avait été allumé pour chauffer la pièce où j'aurais été transie de froid. Je ne le craignais pas en temps normal, mais le froid était intérieur cette fois.

Mon regard se porta sur le lit immense. Je tremblais, m'entourant de mes bras pour essayer de me réchauffer. La journée était passée à une vitesse folle, de même que la soirée. Nous avions bien mangé, bien bu, dansé... Je m'étais amusée, oubliant presque ce qui m'attendait au bout. Mais la lueur dans les yeux clairs de Lyman me montraient que lui, il n'avait pas oublié... Nous avions déjà abordé ce sujet et je savais qu'il me désirait... Et qu'il pourrait enfin assouvir son désir cette nuit. Et le mien. Je connaissais le désir et la frustration. Pas la plénitude. Mais j'avais entendu tant de rumeurs, de confidences à ce sujet, que j'ignorais à quoi m'attendre. Il paraissait que c'était douloureux. Pénible. Une horreur pour certaines. Un délice pour d'autres. Cela dépendant de la femme, si elle était ouverte ou pas, de l'homme également, s'il était doux et patient, ou sauvage et brutal. Rien de mieux pour traumatiser une jeune vierge. Mais beaucoup ne s'en souciaient pas, ne voyaient que leur propre plaisir et ignoraient la patience.

Je pensais Lyman plutôt... pondéré. Il m'avait prouvé qu'il avait une grande capacité à se contrôler. Qu'il tenait aux convenances. Mais une fois la porte de cette chambre refermée, peut-être perdrait-il enfin son fameux contrôle. Après tout, j'étais à lui désormais... Pas besoin de s'encombrer de prévenance. J'allais devenir folle à réfléchir autant. Je n'avais pas mangé beaucoup, mon estomac n'acceptant pas grand chose. J'avais bu, un peu plus que d'habitude, pour calmer ma nervosité, mais pas suffisamment pour être saoule, naturellement. Et là, j'étais totalement dégrisée.

Elle avait fière allure la princesse du Nord... De l'Ouest plutôt. Je n'étais plus espiègle, bravache. J'étais terrorisée. Je me rapprochais du feu, m'asseyant devant l'âtre, essayant de trouver un peu de courage et de chaleur. J'avais la tête farcie de conseils, tous différents, si bien que je n'en tirais pas grand chose. Je me disais qu'il valait mieux ne pas réfléchir, être moi-même... j'avais ressenti un feu intérieur violent dans les jardins de Goeville et il me semblait qu'il me suffisait de me retrouver dans cette situation pour que Lyman fasse ce qu'il voulait de moi. Voilà, je n'avais qu'à faire ainsi. Ne pas réfléchir, juste ressentir et... lui faire confiance pour me guider.

Malheureusement, toutes mes belles résolutions s'envolèrent quand j'entendis la porte grincer. Je me raidis malgré moi, fermais les yeux et pris une inspiration, avant de me retourner lentement vers mon époux. Mes cheveux étaient détachés. J'étais terriblement vulnérable en cet instant et je détestais ce sentiment. Il ne m'avait sans doute jamais vue aussi démunie. Je détestais être faible...

Une marée humaine. Oui, c'était cela, une vraie marée humaine constituée des mâles de la soirée. Le vin aidant, ils me poussèrent, m'arrachèrent mon pourpoint, certain oustiens visaient déjà mes culottes mais je réussis à m'esquiver au milieu des plaisanteries et des encouragements. Le Nord n'était pas habitué à ça et je doutais franchement que ma femme m'accueille avec joie si j'arrivais nu comme un ver ! Dans le tumulte, je réussis a cacher une bouteille de vin dans ma culotte, on penserait que j'étais en joie...et deux brocs de bois sous ma chemise ! J'évitais une chute malencontreuse, poussé, aspiré par la foule ambiante et je reconnu la main de Gareth qui me poussa avec joie en direction de la chambre nuptiale. Encore un peu et je m'étalais le nez contre le bois ! Foutu Kenning !

Le battant ne contint pas longtemps la foule et je déboulais avec la grace d'un pachyderme dans la pièce qui se referma aussitôt derrière moi. Et bien, j'avais fière allure ! Ma chemise a moitié défaite de mes culottes, les cheveux en bataille et pieds nus...Mes yeux se posèrent sur mon épouse.

Bien, il aurait fallu être aveugle pour ne pas se rendre compte qu'elle était morte d'angoisse. Je m'y étais attendu bien évidemment, j'avais même subit un léger sermon de ma mère à ce sujet. Très gênant. Je savais tout de même être patient ! Lui avais je rétorqué. Je souris, légèrement essoufflé :

« Je crois que j'ai laissé mon pourpoint dans la bataille mais ! »

Je fourrais une main dans ceinture pour en sortir la bouteille chipée plus tôt, suivie des deux brocs dissimulés dans ma chemise :

« Mais le plus important est sauf. »

Je m'approchais pour m'installer à côté d'elle, lui tendant un broc, l'oeil pétillant avant de reprendre avec une tendresse certaine dans les yeux :

« Vous réfléchissez trop Jeyne. Contentons nous pour l'instant de profiter du calme après la tempête. »

Non je n'étais pas un soudard qu'on se le dise et même si je brûlais de désir pour ma femme, je savais encore faire preuve de retenue. Mais je n'étais pas sûr de pouvoir détourner les pensées de Jeyne. Tendant l'oreille, j'entendais sans peine les rumeurs de la fête qui se déroulait désormais sans nous :

« Soufflons un peu en dégustant le fruit de mon larcin, ce fut une longue journée. »

repris je en lui versant un peu de vin avant de faire de même avec mon propre brocs. Je n'avais pas pour objectif de la soûler bien évidemment, mais elle était tellement tendue que je craignais qu'elle ne s'échappe si j'osais ne serait ce que poser un doigt sur sa main. Ce n'était pas grave, nous avions toute la nuit.

A ce que je pouvais constater, Lyman avait été pas mal chahuté par les hommes avant d'arriver jusqu'ici. Il n'avait pas été entièrement déshabillé, mais il était passablement débraillé. Il n'y avait plus guère d'obstacles à sa nudité, si ce n'était une chemise déjà bien entrouverte et ses hauts de chausse. Je rougis malgré moi, surtout en remarquant un renflement anormal au niveau de son entrejambe. Bon sang Jeyne, mais à quoi penses-tu ? Cependant, je compris vite qu'en réalité, c'était là une bouteille. Je souris malgré moi, soulagée et amusée qu'il pense à cela ce soir. Il avait même prévu les brocs. Il commença donc sur une note légère en disant que le plus important était sauf. Un peu moins angoissée, je répondis avec une note d'humour.

« Hum, je dirais que votre dignité ne peut pas en dire autant. »

Je le taquinais, l'observant avec une lueur rieuse dans les yeux. J'étais un peu rassurée, parce qu'apparemment, il avait prévu de me détendre avant d'exiger de moi mon devoir. C'était sans doute la meilleure façon de procéder, je ne pouvais pas dire le contraire. Il vint s'asseoir à côté de moi et je pus observer son visage fin à la lueur des flammes qui projetaient de l'or dans ses cheveux blonds. Je soupirais quand il me fit remarquer que je réfléchissais trop en me tendant mon broc.

« Sans doute. Vous avez donc trouver judicieux de me saouler pour que je cesse de penser. C'est une méthode comme une autre. Cela dit, j'ai déjà essayé plus tôt au banquet, mais cela n'a pas l'air de bien fonctionner ce soir. »

Je portais le broc à mes lèvres, fermant les yeux un instant en savourant le vin. Oui, souffler un peu. Une bien longue journée en effet.

« Je me demande si je dois m'inquiéter de l'opinion que vous avez de moi alors que vous me proposez de l'alcool à chaque fois que nous nous retrouvons seuls au creux de la nuit. »

Je souris, pour indiquer que ce n'était là que plaisanterie, même si au fond, il y avait un peu de vrai là dedans... Une première fois dans les cuisines de Goeville, une seconde dans ma cabine sur le navire nous emmenant au Nord et la troisième... ce soir, alors qu'il ne devait avoir qu'une envie : me faire enfin sienne. A moins qu'au contraire, il retarde aussi ce moment pour une raison qui m'échappait ? Ah je réfléchissais trop et me torturait à essayer de deviner ses intentions. Mieux vaudrait que je m'occupe déjà de mes propres sentiments.

« J'ai donc l'air si nerveux ? »

Bien sûr que je l'étais et qu'il devait le sentir. Tout le monde avait du le sentir. Je bus de nouveau, songeuse, malgré ce qu'il m'avait enjoint de faire.

« Je suppose que je dois louer votre patience à mon égard... Beaucoup ne feraient pas grand cas des angoisses de leur épouse... »

J'essayais de sourire. J'appréciais réellement des efforts pour me détendre. Peut-être y parviendrait-il. Je souhaitais qu'il rallume le brasier qui s'était emparé de moi dans les jardins à Goeville...

Un sourire amusé sur le visage, je m'inclinais légèrement à la remarque de ma femme :

« Ma fierté et elle ont décidés que je n'étais pas digne d'elles ce soir, elles m'ont donc lâchement abandonné. Cruelles choses n'est ce pas ? »

Certes, mon butin n'était pas de diamant et d'or mais quelque chose me disait que Jeyne avait besoin de se détendre. Avec du vin ou de l'eau,j'avais juste chipé la première bouteille venue. Assis a ses côtés, je ris légèrement à sa remarque :

« Je doute d'arriver à vous enivrer si vous tenez de votre père. C'est un puits sans fond, je finirais sous la table bien avant vous. »

Ce qui n'était pas tout à fait faux. Je ne buvais que rarement et avec parcimonie. Une choppe pouvait prendre une heure ou deux a se vider lorsqu'elle se trouvait entre mes mains. Quoique ce soir, je n'avais pu échapper aux multiples hommages mais cela allait encore, j'avais pris garde a conserver toute ma tête.

Je n'osais imaginer les multiples pensées qui devaient agiter la psyché de la jeune femme, après tout, nous, hommes, n'avions pas ce genre de tergiversations. Du moins, je ne me souviens pas avoir été tant angoissé a l'idée de passer ma première nuit entre les bras d'une femme. Excité, curieux, oui, mais angoissé, j'avais un doute. Mais pour une femme c'était bien différent. Je haussais un sourcil amusé lorsqu'elle évoqua mon jugement la concernant :

« Nulle inquiétude à avoir à ce sujet, et puis il serait dommage de laisser ce vin se perdre au milieu des convives un peu trop saouls pour l'apprécier non ? »

Je goûtais le vin, pour souligner mes propos avant de laisser fleurir un sourire en coin. D'un mouvement souple, déposant mon brocs a mes côtés, je me glissais dans son dos, posant mes paumes sur ses épaules crispées et l'entourant de mes cuisses.

« Le contraire aurait été sans doute perturbant, mais oui, c'est flagrant »

J'entrepris donc de lui délier les muscles de la nuque avec des mouvements lents du pouce. J'émis un petit rire discret lorsqu'elle loua ma patience. Certes, certes, je ne me jetterais pas sur elle tel un soudard des Iles mais cela ne voulait pas dire que j'étais serein, ce n'était pas le cas d'ailleurs, mais j'arrivais encore assez bien à freiner mes propres élans :

« Je vous serais reconnaissant de le faire même! Mais je vous l'ai déjà dit, il n'est pas dans mon intérêt ou même dans mes intentions d'abuser de votre innocence avec la dernière des insultes et j'aime a penser dominer mes instincts ...Bien que cette robe de nuit mette ma volonté a rude épreuve. »

Qu'elle ne songe pas que je ne la trouvais pas désirable, c'était loin d'être le cas.

Un sourire flotta sur mes lèvres alors que Lyman badinait. Il devait sentir mon angoisse et essayait de me détendre. Finalement, pour le moment, les choses étaient les mêmes que lors de nos précédentes rencontres en tête à tête... Sauf que j'avais trop en tête la façon dont la nuit se terminerait et que cela me paralysait de peur. J'essayais pourtant de ne plus y penser, de laisser les choses aller... Il me semblait que... si les choses se passaient comme quand nous étions seuls à chaque fois, il ne me serait pas trop difficile de désirer qu'il me fasse sienne pour éteindre le brasier qui m'animait. Le fait qu'il amène de l'alcool pour boire ensemble m'amusait, même si cela m'inquiétait légèrement quant à l'image qu'il pouvait avoir de moi. J'en plaisantais d'ailleurs, pour en apprendre davantage à ce sujet et fis la moue quand il me rétorqua qu'il ne risquait pas de me saouler si je ressemblais à mon père.

« Je ne suis pas certaine de prendre cela comme un compliment, Lyman. »

Je penchais la tête, un peu réprobatrice. Une femme qui tenait mieux l'alcool que son époux, c'était... dérangeant, non ? Pas très féminin. Et j'avais envie de provoquer le désir chez lui, pas la... camaraderie. Je hochais cependant la tête quand il me répondit qu'il serait dommage de donner ce vin fin à des saoulards qui étaient déjà tellement chargés d'alcool qu'ils ne pouvaient plus apprécier la finesse de ce vin.

« Si fait. »

Il but un peu et je fis de même, avant de m'interrompre en voyant son sourire qui me fit comprendre qu'il avait une idée en tête. Et j'avais raison alors qu'il posait son broc au sol et changeait de place pour se glisser dans mon dos. Je me raidis malgré moi, surprise, alors que ses jambes s'étendaient de chaque côté de mon bassin et que je me retrouvais dos à son torse. Il n'était pas collé à moi pourtant, pas encore, mais je n'osais bouger, me demandant ce qu'il avait en tête. Il souffla dans mon dos qu'il aurait été perturbant que je sois détendue à la perspective de passer une nuit avec un homme... Avec mon mari. Évidemment, j'étais vierge et ne connaissais rien de ces choses là... Je sentis alors ses mains sur mon cou et je me raidis, avant de frissonner tandis qu'il pétrissait doucement la peau de mes épaules. Je me laissais davantage aller aux sensations que je ressentais plutôt qu'aux milliers de pensées et de doutes qui s'entrechoquaient dans mon esprit. Pourtant, je devais reconnaître qu'il était doux, prévenant et patient. Je pouvais m'en estimer heureuse. Je hochais la tête à sa réponse.

« C'est vrai, mais j'ai cru comprendre que, bien souvent, les hommes ne se montrent plus très réfléchi dés lors qu'il est question de... enfin, de ces choses là. »

Du moins, c'était l'impression que j'avais eu en entendant les hommes converser entre eux, ou même les femmes, ou quand je les observais, quand j'observais les petits manèges entre soldats et servantes. Je tournais la tête vers Lyman pour lui jeter un regard en coin alors qu'il m'avouait que ma chemise de nuit lui faisait de l'effet. Je sentis mes joues chauffer légèrement, mais je m'armais de courage et souris en coin, ajoutant avec un petit air malicieux :

« Il me semble qu'elle a été créée à cet effet... Elle a été conçue spécialement pour l'occasion... Je n'en ai jamais porté d'aussi fine, ni de délicate au toucher. Elle n'est pas vraiment adaptée au rude climat du Nord. Dois-je en conclure qu'elle est à votre goût ? »

Je souris plus largement devant l’air réprobateur de ma femme. Evidemment elle pouvait le prendre mal, mais il était assez flagrant que la plaisanterie était de mise. Je ne prenais pas mon épouse pour une soularde, fort heureusement d’ailleurs, je ne suis pas sûr que j’aurais apprécié devoir la coucher tous les soirs pour cause d’abus d’alcool. Je fini par rire légèrement, dégustant le vin mais plus encore, le calme et la tranquillité. En bas, la fête continuait sans nous. Remarquant a quel point, elle pouvait être tendue, j’entrepris de la calmer par un savant massage sur ses épaules. Apparemment je n’eus pas le succès escompté puisque ses muscles se tendirent sous mes doigts. Je penchais un peu la tête sur le côté lorsqu’elle poussa sa réflexion :

« Hélas, les hommes ne sont pas toujours les plus délicats dans l’amour, c’est un fait, de même il peut arriver que la passion soit bien trop forte pour permettre une once de patience. »

Répondis-je en m’appliquant sur sa peau, dénouant un à un les muscles. Evidemment, j’entendais par là des femmes d’expérience, je n’imaginais pas réellement Jeyne outrager ma pudeur de manière séductrice en cette nuit. Elle ne savait pas ce qui l’attendait contrairement à moi. Cela dit je n’allais certainement pas évoquer mes aventures passées, ce serait du plus mauvais gout. Cependant, même si je mettais un frein à mes élans, je ne voulais pas non plus qu’elle songe être indésirable à mes yeux. Ce n’était absolument pas le cas. Et je fus récompensé par une rougeur s’étalant sur les joues de ma femme ainsi que par une réponse taquine. Me penchant légèrement, j’entrepris de céder à l’envie qui me tenaillait de l’embrasser, mais je le fis par petite touche, le long de mâchoire :

« Par contre, elle est tout à fait adapté pour le climat de l’Ouest. Je vous conseille fortement de la garder à porter de vos nuits futures. »

Je relevais la tête, lui souriant avec tendresse avant de glisser une main sur son ventre, délicatement et de l’attirer contre moi. Baisant sa tempe, je repris dans un murmure :

« Chassez vos doutes, Jeyne. Tout se passera bien, je veillerais à ce que rien ne vous blesse. »

Du moins, autant que je le pouvais, mais je ne me leurrais pas, la première nuit était toujours douloureuse pour une femme, il m’incombait qu’elle ne souffre pas plus que nécessaire pour l’ouvrir au plaisir que l’on pouvait ressentir entre les bras d’un homme.

Je hochais la tête à sa réponse... mais pouvait-on seulement parler d'amour ? La plupart des unions ne se faisaient pas vraiment par amour. Alors comment s'étonner que les hommes se comportent avec brusquerie, simplement pour satisfaire leurs bas instincts, sans vraiment d'égard pour les femmes ?

« Je pense que le terme amour n'est pas adéquat... »

Mais je frissonnais quand il parla de la passion qui supportait mal la patience... Je n'avais pas encore vécu cela mais... il me semblait comprendre cette impatience, quand il avait si bien su m'échauffer les sangs dans le jardin... J'aurais voulu qu'il éteigne ce brasier. Mon corps avait semblé se tendre vers lui, l'appeler pour la délivrance. C'était... instinctif, incontrôlable, irraisonné. Peut-être devrais-je moins me poser de questions et laisser mon instinct aux commandes, mais je ne savais si je pouvais m'y fier. Et Lyman me fit comprendre qu'il n'était absolument pas indifférent, en parlant de ma chemise de nuit, qu'il semblait trouver fort à son goût. J'en profitais pour faire un peu d'humour, pour me montrer un peu plus brave. Je détestais être cette petite chose apeurée et tremblante. Je n'avais jamais été ainsi avec lui. Avec personne en réalité.

J'étais une louve, la princesse Jeyne Stark, devenue Lannister et le lion n'était pas moins brave que le loup.

Mais il mit ma résolution à rude épreuve quand ses lèvres parsemèrent ma mâchoire de petits baisers délicats, alors que les poils de sa barbe effleuraient de façon agréable la peau douce de mon visage. Je tremblais doucement, mais pas vraiment de peur cette fois. Je hochais la tête quand il me conseilla de garder cette chemise pour nos nuits dans l'Ouest.

« Un conseil fort avisé je gage. »

Il m'enveloppait de sa tendresse et je sentis la chaleur se diffuser dans mon corps alors qu'il me rapprochait de lui, embrassait ma tempe doucement. De nouveau j’acquiesçais, avant de me retourner pour lui faire face, agenouillée entre ses jambes. J'ancrais mon regard sombre au sien, azuré.

« Je sais. Je sais que vous ferez tout pour que cela se passe au mieux. Je... vous fais confiance. »

Pour cela en tous les cas. Je souris légèrement, un sourire un peu tremblant, mais mon regard n'était plus apeuré. Il était plutôt, déterminé. Je ne subirais pas cette nuit. J'y jouerais mon rôle. Parce que Lyman me le permettrait. Parce qu'il ne voulait pas d'un épouse tremblante. Un homme devait tirer du plaisir de ces choses là, non ? Et parfois, la femme y parvenait aussi. Ma main glissa sous son menton et j'embrassais ses lèvres. Je ne savais trop que faire, mais cela, je savais faire. Le baiser était moins fougueux que lors de notre union, mais plus... profond. Je soupirais alors contre sa bouche :

« Montrez-moi... »

« On dirait bien. Et pas simplement dans ce domaine. »

Après tout, c'étaient les hommes qui avaient le pouvoir, c'étaient eux qui faisaient les lois, qui régnaient sur le monde. Les femmes n'avaient pas tant de droit, mais bien davantage de devoirs. Oui, c'était un monde d'hommes et souvent je m'étais prise à penser que j'aurais mieux fait de naître homme. Quel fils aurais-je été finalement ? J'avais parfois l'impression que père regrettait justement que je ne sois pas son héritière, mais peut-être était-ce là un tour de mon esprit qui aimait se flatter. Je me confiais alors à Lyman, le faisant rire, comme souvent d'ailleurs quand je lui parlais de choses que je ne connaissais pas et qui suscitaient des interrogations naïves de ma part. Il m'apprit alors qu'il était assuré de toujours trouver du plaisir et je le regardais un instant, les yeux écarquillés de surprise, avant de hocher la tête.

« Une de plus. »

Il m'embrassa doucement, tandis que je continuais de parler. Je n'aimais pas garder les choses pour moi, les ressasser et m'en rendre malade. J'aimais m'exprimer, quitte à ce que cela dégénère ensuite, c'était plus sain que la rancœur des paroles informulées. Je souris, satisfaite des paroles de mon époux, notant ce soudain rapprochement entre nous maintenant que je m'étais donnée à lui. Effectivement, le mariage pouvait être agréable. Je ne pouvais être sûre de cela. Une seule étreinte ne représentait pas vraiment une valeur sûre, mais, cela était encourageant et je gardais en tête certains conseils afin de garder mon époux dans mon lit.

« Il n'y a pas d'excuse à me formuler. Ce n'est pas comme si c'était quelque chose que vous... tu pouvais m'éviter. »

Je me fendis d'un sourire malicieux.

« Tant mieux. Même si cette douleur ne rend même pas ce que nous avons fait pénible... Alors sans... Je crois que je pourrais vite y prendre goût. »

Est-ce que je dépassais les bornes en parlant ainsi ? C'était sans doute quelque chose qu'une jeune fille bien née ne devait pas dire mais... Je n'avais pas souvent fait les choses comme je l'aurais du et Lyman m'avait accepté ainsi, non ? Je ris quand il m'avoua que je lui ferais des enfants magnifiques.

« Je le crois aussi. Il va falloir multiplier les chances d'en avoir, mon prince. »

Je baisais la ligne de sa mâchoire, d'humeur joueuse. Le moment que je redoutais tant était passé et finalement, je m'étais vraiment angoisser pour peu de choses. Désormais rassurée et sachant de quoi il en retournait, j'avais très envie d'explorer de nouvelles possibilités...

Cette nuit, nous ne dormirions pas et Lyman et moi nous employâmes à concevoir un héritier avec ardeur, nous laissant totalement épuisés au petit matin...